Au cours des années 70 et 80, une série de restrictions, tant quantitatives que tarifaires, ont été appliquées aux échanges pour protéger les secteurs de substitution aux importations aux Fidji. Le premier pas a consisté a démanteler le système introduit en 1989, lorsque les contrôles sur les licences dimportation ont été supprimés sur 34 produits alimentaires. Lors de leur accession à lOMC en 1996, les Fidji ont préféré opter pour des consolidations à des niveaux plafonds plutôt que pour une tarification. Elles ont choisi un taux consolidé à 40 pour cent pour tous les produits agricoles, à lexception du riz et du lait en poudre (consolidé à 60 pour cent - et pour lequel il est prévu une réduction à 46 pour cent, dici 2005).
Dici 1994, toutes les licences sur les produits agricoles ont été supprimées et remplacées par des droits de douane. À cette époque, la plupart des protections non tarifaires étaient établies à 10 pour cent et la plupart des droits de protection à 20 pour cent. Le riz blanc était une exception, avec un droit de protection de 40 pour cent. Ces tarifs élevés, devaient fournir aux agriculteurs une protection constante et pour protéger le secteur de lusinage du riz complet. Parallèlement, il a été permis à tous les intrants agricoles de pénétrer dans le pays, en franchise de droits, ou avec seulement 10 pour cent de droits.
La structure tarifaire a été simplifiée et réduite dans les budgets nationaux qui ont suivi. En 1999, le droit de douane ad valorem maximum, était de 27 pour cent (par exemple, pour le lait entier). Le nombre des tranches tarifaires a également diminué, passant de 7 à 4 dans le budget de 1999 (0 percent, 3 percent, 10 percent et 27 percent). Depuis 1992, toutes les importations ont été soumises à une taxe sur la valeur ajoutée de 10 pour cent.
Ces dernières années, on a assisté à un certain recul du niveau des droits, en réaction à la pression des fabricants locaux. Dans le budget de 1998, les droits de protection sur de nombreux produits fabriqués dans le pays ont augmenté de 35 pour cent. Le niveau général actuel des droits était de 27 pour cent, la plupart des produits agricoles étant établis à 15 pour cent. Les droits de certains produits laitiers étaient établis à 27 pour cent. Dans le budget de 2002, les droits sur les produits carnés ont grimpé de 10 à 27 pour cent. Toutefois, tous les droits effectivement appliqués sur les produits agricoles et vivriers sont bien contenus dans les taux consolidés des Fidji. Les taux de droits actuels des produits agricoles figurent au tableau 2.
Tableau 2. Droits effectivement appliqués aux produits agricoles (en pourcentage)
Code du SH |
Description |
Moyenne |
Minimum |
Maximum |
02 |
Viande et abats comestibles des animaux de lespèce bovine |
27 |
27 |
27 |
03 |
Viandes et abats comestibles des volailles |
27 |
27 |
27 |
04 |
Lait et produits de la laiterie |
9,97 |
0 |
27 |
07 |
Légumes, plantes racines et tubercules alimentaires |
3,69 |
3 |
27 |
08 |
Fruits comestibles |
3 |
3 |
3 |
09 |
Café, thé et épices |
4,6 |
3 |
10 |
10 |
Céréales |
3,5 |
0 |
10 |
11 |
Produits de minoterie; malt; amidons; inuline; gluten de froment |
3,69 |
3 |
15 |
12 |
Graines et fruits oléagineux |
3 |
3 |
3 |
15 |
Graisses et huiles animales ou végétales |
9,85 |
0 |
20 |
17 |
Sucre et sucreries |
27 |
27 |
27 |
18 |
Cacao et ses préparations |
6 |
0 |
10 |
On a également assisté à un certain retour en arrière pour ce qui est des licences. Le gouvernement travailliste a imposé à nouveau des licences pour le riz complet dans son budget de lan 2000, mais elles ont été à nouveau supprimées par lAdministration intérimaire. Les licences ont aussi été utilisées comme moyen de favoriser la participation des entreprises fidjiennes, comme cela a été le cas pour limportation de poulet en provenance des États-Unis en 1995. Un contingent dimportation de 1 600 tonnes a été établi pour le poulet des États-Unis les licences dimportation étant octroyées seulement aux Fidjiens. Cette mesure discriminatoire nétait pas compatible avec les engagements pris par les Fidji à lOMC. (para 2 de larticle 4 de lAccord sur lagriculture). Le gouvernement en place a indiqué que les licences pourraient être utilisées dans son programme Action positive
Les Fidji bénéficient dun accès en exemption de droits pour toutes les exportations agricoles destinées aux principaux marchés dexportation, à savoir lAustralie et la Nouvelle-Zélande. Avant le Cycle dUruguay, les Fidji nétaient pas soumises à des contingents restrictifs sur les exportations agricoles, bien que le volume des exportations de sucre vers lUnion européenne à des taux préférentiels soit fixé. Aucune modification relative aux accords sur le sucre nest intervenus avec le Cycle dUruguay.
Les Fidji nont pris aucun engagement de soutien interne dans leurs listes, au titre des engagements relatifs à lAccord sur lagriculture. Elles doivent donc, à lavenir, limiter leur soutien aux mesures de la «catégorie verte» et aux niveaux de minimis. Les niveaux de soutien interne sont actuellement très faibles aux Fidji (subvention agricole), bien au-dessous du taux de 10 pour cent de minimis de la MGS. Au cours des années 70 et 80, les Fidji disposaient dun choix de subventions sur les intrants pour encourager la production de riz, de cacao, de coprah et de produits laitiers. La plupart de ces subventions ont été supprimées en 1992. Tous les soutiens nayant pas deffet de distorsion sur les prix, sont notifiés au titre de la procédure de la «catégorie verte» (Kunatuba, 1998, p. 4).
Bien que le retour à un développement agricole «conduit par les pouvoirs publics» au titre du Programme cadre de développement pour les produits et du Plan daide au secteur agricole reste très controversé, il est très peu probable quils soient contraires aux engagements des Fidji au titre de lAccord sur lagriculture, car les conditions requises pour les mesures de la «catégorie verte» sont respectées. Ces programmes de soutien des agriculteurs ont porté sur des transferts de revenus destinés surtout aux producteurs villageois sans lien avec la production. Ces programmes ne tiennent pas compte des prix courants et des autres facteurs de production. Laccroissement de la production, qui était considéré lun des objectifs de ces programmes, na pas été atteint dans lensemble.
Le programme actuel du Ministère de lagriculture pour la recherche, la vulgarisation et la quarantaine ne comporte aucun engagement de réduction. Malheureusement, depuis 1997, on a enregistré une réduction de ces services essentiels, car les ressources du ministère ont été consacrées au Programme cadre de développement pour les produits et au Plan daide au secteur agricole.
À la fin de la campagne de 1998, le secteur du sucre a été frappé par la sécheresse «la plus forte des cent dernières années». Un programme de réhabilitation de 43 millions de dollars E.-U., a été engagé, dont 23,7 millions de dollars E.-U., sous forme de subventions publiques. Laide en cas de catastrophe est autorisée dans le cadre des dispositions de la «catégorie verte» (la production avait diminué dau moins 30 pour cent par rapport à la moyenne des trois années précédentes).
Les dispositions de la «catégorie verte» prévoient des programmes daide régionale. Des versements peuvent être effectués pour surmonter les difficultés auxquelles sont confrontés les producteurs des zones désavantagées. Le Programme cadre de développement pour les produits et le Plan daide au secteur agricole ont surtout comme tâche de venir en aide aux agriculteurs villageois qui sont un groupe défavorisé. Le Plan daide au secteur agricole est maintenant inscrit dans la politique d«Action positive» des pouvoirs publics.
Les Fidji nauront pas de grosses difficultés, même dans le cadre du Programme cadre de développement pour les produits et du Plan daide au secteur agricole à respecter les engagements pris pour la MGS. Les dispositions établies par lOMC ne font pas obstacle aux objectifs de la politique agricole. Toutefois, il existe des difficultés de mise en place, qui pourraient à lavenir devenir des entraves importantes. Les membres de lOMC doivent chaque année informer le Comité de lagriculture de limportance de leur soutien interne (mesures de la «catégorie verte», du traitement spécial et différencié, et leur niveau de soutien des minimis). Les Fidji nont encore fait aucune notification depuis leur accession à lOMC en 1996, faute surtout des capacités techniques nécessaires pour entreprendre cette tâche complexe. Il est important que les Fidji réalisent quil sagit dun point stratégique prioritaire, si elles ne veulent pas assister à la réduction de leurs options, dans les négociations en cours.
Les Fidji nont jamais utilisé les subventions aux exportations comme instrument politique mais elles nont jamais pris dengagement pour réduire ces subventions. Le Fiji Islands Trade and Investment Board (FITB) a offert, depuis le début des années 90, des incitations fiscales internes aux entreprises axées vers les exportations. Dans le budget de 1996, les entreprises produisant des produits agricoles primaires, destinés à lexportation, pourront bénéficier dincitations aux exportations pendant 13 ans, période qui pourra être encore prolongée de cinq ans. En janvier 2002, le FITB a publié une nouvelle série dincitations pour investir aux Fidji, prévoyant que les entreprises orientées vers les exportations pourraient bénéficier de déductions fiscales. Pour linstant les investisseurs du secteur agricole qui ont fait appel à ces incitations sont rares et ceux qui ont fait avancer les projets pour lesquels les incitations ont été accordées, ont été encore moins nombreux.
Aux Fidji, la plupart des marchés dexportation horticoles ont été fermés, avec la suppression de lEDB comme traitement de quarantaine autorisé, en 1990. Fidji a réagi de manière exemplaire à cette contrainte technologique. Un projet ambitieux visant à doter le pays des techniques HTFA de traitement de quarantaine a été engagé avec laide de lUSAID. Aujourdhui Fidji dispose dun système de traitement de quarantaine efficace et dun secteur prospère dexportation des fruits susceptibles dabriter la mouche des fruits. Malheureusement, linitiative des Fidji de se doter des technologies nécessaires en vue de faciliter les exportations na pas été accompagné dune volonté similaires de la part des pays importateurs.
On sattendait que les dispositions dharmonisation (article 3) et déquivalence (article 4) de lAccord sur lapplication des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) se traduirait par louverture de nouveaux marchés pour les produits susceptibles darbitrer la mouche du fruit. On prévoyait notamment que lAccord SPS sappliquerait à deux domaines.
Ladoption globale de la méthodologie néo-zélandaise pour déterminer si un produit abrite ou non la mouche du fruit;
Lacceptation du traitement de quarantaine HTFA par lAustralie et les Etats-Unis.
Malheureusement cette attente ne sest pas encore concrétisée.
Avec la méthodologie non-hèbergée de la Nouvelle-Zélande qui repose sur une procédure expérimentale, il nest pas nécessaire de tester un grand nombre de fruits. Les conditions exigées pour les tests afin de respecter les normes des autres pays importateurs, sont exorbitantes à petite échelle. La méthodologie néo-zélandaise, a permis de démontrer quun certain nombre de fruits ne sont pas attaqués par la mouche aux Fidji. De ce fait les accords bilatéraux de quarantaine ont été négociés pour les exportations de piments et de cucurbitacés vers la Nouvelle-Zélande sans traitement de quarantaine. Fidji et dautres Pays insulaires du Pacifique, sont très favorables à la reconnaissance de cette méthode néo-zélandaise. La Nouvelle-Zélande na pas de mouche du fruit, et lhorticulture est le principal secteur dexportation. Il faudrait toutefois savoir si ces petits pays sont capables, compte tenu de leur expérience et de leurs ressources, de bien utiliser cette méthode.
Après le redémarrage des exportations de papayes vers la Nouvelle-Zélande en 1996, on pensait que les exportations vers lAustralie suivraient rapidement. Le marché australien des papayes est quatre fois supérieur à celui de la Nouvelle-Zélande et représente une base pour développer une diversification substantielle des exportations, diversification des exportations. LAustralie na pas encore approuvé le traitement HTFA effectué par les Fidji, sur les papayes, bien que cela soit vraisemblablement une violation des Accords SPS (harmonisation et équivalents). Fidji na pas lexpérience ou les ressources pour mettre en cause lAustralie à lOMC et lemporter. En outre, depuis mai 2000, Fidji se trouve dans une position politique affaiblie. Fort heureusement, la question semble devoir se régler de manière satisfaisante sans avoir à recourir au droit international. En 2001, un fonctionnaire de lAustralia Quarantine Inspection Service (AQIS) sest enfin rendu aux Fidji pour inspecter les installations de traitement à air pulsé à haute température et le système de culture et de commercialisation des papayes. Un projet de protocole a été préparé et doit être soumis aux parties prenantes pour observations.
Le Département de lagriculture des États-Unis, curieusement, na pas encore accepté le traitement HTFA pour les fruits transitant, via les Hawaï, vers le Canada. LHTFA est une technologie américaine, mise au point à lorigine pour les papayes, qui a été transférée aux Fidji, dans le cadre au titre dun programme de lUSAID. En juin 1999, le United States Department of Agriculture Animal et le Plant Health Inspection Service a envoyé une équipe à Fidji pour inspecter les installations HTFA. Lapprobation na ps encore été communiquée.
Les problèmes daccès aux marchés avec lAustralie et la Nouvelle-Zélande, au cours des dernières années, ont encore été compliqués par ladoption dune nouvelle évaluation des risques que présentent les ravageurs et de nouvelles procédures de consultation. Dans le cas de lAustralie, cet accès a été rendu encore plus difficile par le manqué de directives claires relatives aux conditions requises.
La Nouvelle-Zélande a aussi introduit de nouvelles procédures plus complexes dévaluation des risques que présentent les ravageurs. Des listes complètes et mises à jour sont maintenant requises pour un produit, avant quun accord bilatéral de quarantaine puisse être négocié. Le coût dune liste complète de nuisibles, conforme aux conditions de la Nouvelle-Zélande pose un gros problème pour les produits dimportance mineure (notamment les orchidées dendrodium, sous forme de fleurs coupées, qui ne comportent pas de risques évidents de quarantaine pour la Nouvelle-Zélande). Le Plan stratégique du Conseil de la floriculture aux Fidji illustre ce problème. Il souligne la vulnérabilité des petits secteurs dexportation vis-à-vis des aléas des procédures de quarantaine des pays importateurs plus importants, aggravés par un service interne de quarantaine laissant à désirer.
Les restrictions de quarantaine de lAustralie nont pas seulement eu des répercussions sur le matériel pour la mouche du fruit. Par exemple, lAustralie du Sud est un créneau potentiel pour le gingembre de Fidji. Toutefois, ces importations ne sont pas autorisées du fait de la quarantaine. Ces restrictions sont difficiles à comprendre, compte tenu du fait que les Fidji exportent du gingembre frais vers les Hawaï, qui à leur tour, distribuent de grosses quantités de gingembre dans toute lAmérique du Nord.
Le Service de quarantaine des Fidji a rencontré des difficultés a respecter les conditions plus strictes de lAccord SPS. LAgricultural Sector Review (BAD) de 1996 avait prévu ce qui allait se passer:
Fidji est devenu signataire de lOMC, qui exige une justification scientifique pour les mesures phytosanitaires. Il est difficile de répondre de manière satisfaisante aux conditions requises, comme on la relevé avec les problèmes rencontrés actuellement par les expéditions daubergines vers la Nouvelle Zélande et de piments et de mangues vers lAustralie. Un nombre croissant daccords bilatéraux sur la quarantaine, devront être négociés et mis en place, et un contrôle réglementaire des opérations des installations HTFA sera nécessaire. Il faudra aussi élaborer et mettre en place des règles de quarantaine qui réduisant les risques mais facilitant les échanges et permettant aux agriculteurs davoir accès aux semences améliorées. Il importera aussi daccroître la sensibilisation du public à la nécessité de développer la quarantaine (p. 13).
Dans lensemble, les règles de quarantaine nont pas réussi à relever ce défi. Les principaux points critiques concernent lélaboration des protocoles dexportation en temps voulu, et la mise au point de mécanismes dévaluation des risques que présentent les ravageurs pour le matériel de plantation importé. Une étude récente des installations de HTFA a relevé que:
Un retard de plus de cinq ans pour lapprobation des papayes ayant subi un traitement à air pulsé à haute température, peut être imputé au Service australien de quarantaine et dinspection (AQIS). Les services de quarantaine des Fidji ont également une part de responsabilité car ils ont été incapables de réagir vis-à-vis de lAQIS et de fournir les données en temps voulu. Les données sur les aubergines nont pas encore été envoyées à lAQIS pour enclencher au moins le long processus dapprobation. Une campagne entière dexportation de fruits de larbre à pain a été perdue en attendant que les services compétents trouvent une solution. (p. 21).
Seulement les semences provenant de Nouvelle-Zélande et dAustralie ont un accès direct aux Fidji. Le service de quarantaine a continué a sappuyer sur les capacités techniques de ces pays pour évaluer la sécurité phytosanitaire du matériel de plantation importé. Ainsi, les maraîchers nont pas bénéficié de laccès direct aux semences améliorées provenant de fournisseurs comme Taïwan. Lincapacité des services de quarantaine de Fidji qui nont pas su entreprendre une évaluation documentée des risques que présentent les ravageurs, a aussi empêché le secteur émergeant des exportations de fleurs et dherbes aromatiques davoir directement accès aux meilleurs fournisseurs. Le Fidji Floriculture Council indique les contraintes subies.
On a relevé dimportantes incohérences dans les conditions requises pour la quarantaine et dans les procédures relatives à limportation commerciale de matériel de plantation pour la floriculture. Par exemple, en 1997 société de Fidji a reçu une autorisation pour importer des plants danthuriums provenant du principal fournisseur mondial, basé en Hollande. Le protocole complexe et très strict permettant limportation des plantes a nécessité près de 2 ans de négociations. Par ailleurs des plants danthuriums en provenance dAustralie peuvent être importées aux Fidji, pratiquement sans aucune restriction. Or il est généralement admis aux Fidji, dans le secteur de la floriculture, que les risques de maladies sont bien supérieurs pour les importations provenant des principales pépinières hollandaises. (Floriculture Council of Fiji, 2000, p. 23)
On peut donc pour conclure relever que le processus extrêmement long dapprobation de la quarantaine, pour les produits de Fidji, sexpliquent en partie du fait quil sagit de produits peu importants provenant dun petit pays politiquement faible. Ils bénéficient dune faible priorité, lorsquil sagit dattribuer de faibles ressources à lévaluation des risques que présentent les ravageurs. Les Fidji toutefois nont pas été suffisamment actives pour faire avancer la procédure dans les pays importateurs. Les intéressés déplorent les lenteurs du Ministère de lagriculture, des forêts et des pêches de Fidji (MAFF) pour fournir les données requises par les pays importateurs, et le non respect des modalités de présentation requises. Le processus de quarantaine du Ministère de lagriculture aurait pu bénéficier dune aide technique pour aider à la préparation des dossiers à présenter aux autorités de quarantaine des pays importateurs. Les engagements contenus dans lAccord SPS, ont été adoptés aux Fidji mais nont pas été accompagnés dun soutien nécessaire de la part des institutions. Une aide technique importante, et un programme de formation simposent si lon veut parvenir aux changements nécessaires. Les modifications structurelles requises devront saccompagner dun engagement politique de la part des pouvoirs publics.
Le secrétaire permanent de lagriculture résume les difficultés rencontrées par les petits pays comme Fidji en appliquant lAccord de SPS:
LOMC demande à tous les pays membres de fournir une justification scientifique à lappui des mesures sanitaires et phytosanitaires freinant les échanges, dans le cadre de lAccord sur lapplication des mesures sanitaires et phytosanitaires. Il est très difficile de prouver que les restrictions de quarantaine sont réellement utilisées comme obstacle aux échanges. Les Fidji nont pas encore eu recours aux procédures de règlement des différents de lOMC, même sil apparaît quelles en ont tous les motifs. Les Fidji demandent actuellement une aide technique aux autorités néo-zélandaises ainsi quun financement à divers donateurs. Pour parvenir à des accords de quarantaine satisfaisants toutes les parties concernées doivent faire preuve de bonne volonté et de coopération. Lexpérience des Fidji montre que, malheureusement, cela nest pas toujours le cas. (Kunatuba, 1998, p. 9)
Fidji a opté pour des plafonds consolidés et de ce fait ne peut pas avoir recours aux clauses de sauvegarde spéciale (SGS). De même, les SGS dautres pays ne peuvent pas avoir une incidence sur les exportations agricoles des Fidji.
Les mesures générales de sauvegarde (anti-dumping, subventions et mesures compensatoires, sauvegarde de urgence, etc.) sont nécessaires, compte tenu de la grande variabilité des échanges agricoles dans les petits pays en développement comme les Fidji. Toutefois, du fait dune procédure complexe et très développée ces mesures sont difficiles à appliquer. Les Fidji doivent encore introduire dans leur législation nationale des règles anti-dumping, conformes à lAccord du Cycle dUruguay sur lagriculture, faute de capacités techniques et de ressources. Kunatuba relève que «La mise en place de ces procédures sera difficile pour les Fidji dont les compétences juridiques sont limitées et qui ne disposent pas de représentant permanent à Genève» (p. 10).
Le Codex Alimentarius établit des normes qualitatives pour lalimentation. La plupart des grosses entreprises de transformation alimentaire suivent ces normes, mais certaines opérations de transformation alimentaire et de manipulation mineures ne le font pas encore. Les Fidji ne disposent pas des ressources financières et techniques permettant de faire appliquer le Codex, dans ces secteurs. Cette application seulement partielle du Codex empêche les Fidji de mettre en place des normes du Codex sur les importations, et rend possible lintroduction daliments de mauvaise qualité dans le pays.
Les contraintes liées au Codex Alimentarius pour permettre aux Fidji de régler de manière efficace les questions liées à la qualité des importations alimentaires, apparaît clairement avec les produits carnés, notamment la viande de mouton en provenance de Nouvelle-Zélande. Les Pays insulaires du Pacifique représentent un marché de 30 millions de dollars E.-U. pour les bas morceaux. Cette viande présente un risque élevé pour la santé car elle est très grasse. Le gouvernement travailliste, préoccupé par les conséquences sanitaires des importations de viande de mouton de mauvaise qualité, a interdit limportation de palettes de mouton dans le budget de lan 2000. Les exportateurs de Nouvelle-Zélande ont contesté ces interdictions au vu quelles sont illégales dans le cadre de lOMC. Si cela savérait exact, lapplication de lAccord sur lagriculture aurait de graves répercussions pour les couches les plus démunies de la population. Le Fidji Times décrit ainsi la situation:
Limportation de bas morceaux très gras dagneau et de mouton, aux Fidji, a suscité hier une certaine inquiétude. Un communiqué de lAFP, en provenance dAuckland, indique que linterdiction de ces produits a été supprimée, après la prise de pouvoir de mai 2000. Selon cet article, la Nouvelle-Zélande exporte depuis des années les meilleurs morceaux vers lEurope ou les réserve à son propre marché alors que les morceaux bas de gamme (essentiellement des os et de la graisse) sont destinés aux îles du Pacifique. Le communiqué souligne que la consommation courante de ces produits commence à avoir de graves conséquences graves et des répercussions diplomatiques dans la région. Daprès le Ministre de la santé, Pita Nacuva, cette interdiction est encore en vigueur, notamment pour les palettes dagneau et de mouton. «Si cette interdiction avait été supprimée, je serai vraiment inquiet» a-t-il déclaré «Ces produits sont nocifs pour la santé et favorisent de nombreuses maladies à Fidji» (Fiji Times, 25 mars 2002)
Aux Fidji, lADPIC sapplique à lutilisation commerciale des produits traditionnels. On peut citer notamment, lexploitation commerciale de produits traditionnels comme le kava (Piper methysticum) et le kura (Morinda citrifolia) par les entreprises pharmaceutiques multinationales. Il nexiste pas encore aux Fidji, une législation sur les droits de propriété intellectuelle. Le Secrétaire permanent de lagriculture relève «il sagit là dun autre secteur dans lequel les Fiji doivent rattraper le retard accumulé et faire le point avant de poursuivre les réformes commerciales» (Kunatuba, 1999, p. 10). Les Fidji doivent non seulement rédiger et dobtenir une approbation parlementaire pour une législation conforme aux dispositions à lAccord ADPIC, mais prendre en considération dautres questions. Les Fidji ont également besoin de développer leurs compétences juridiques et dobtenir des ressources pour modifier, développer et mettre en place une nouvelle législation dans divers domaines. Au cours des douze derniers mois, les Fidji ont dû régler des priorités plus pressantes, dordre constitutionnel et juridique.