3 COMMERCE DES PRODUITS ALIMENTAIRES ET AGRICOLES

3.1 Contexte macroéconomique

La politique du Pérou, au cours des années 90, était d’utiliser un taux de change libre et flottant (le taux de change est exprimé en NS/dollar E.-U.). Les tendances relatives aux taux d’échange nominaux et les indices des prix au Pérou et aux États-Unis (principal partenaire commercial) sont présentées au tableau 9. Le taux de change réel calculé à partir de ces chiffres est aussi indiqué.

Tableau 9. Taux de change nominal et taux de change réel au Pérou
1991-2000

Source: FMI 2002. Les indices des prix sont les déflateurs du PIB.

Le taux de change nominal a augmenté progressivement, de 1991 à 2000 (350 pour cent de croissance totale) à un rythme plus élevé que l’inflation interne (plus 321 pour cent). Compte tenu du faible taux de hausse des prix internationaux, dans les années 90 (19 pour cent de hausse), le taux de change réel a augmenté, au moins de manière continue, au cours de la période 1991-2000, avec une croissance globale de 27,7 pour cent.

Pour ce qui est des taux d’intérêts, la politique du Pérou dans les années 90, a été de permettre une libre détermination du marché, exprimée à la fois en devise nationale et en devise étrangère (dollars E.-U.). Ainsi, le taux interne en sols devrait refléter le taux de l’inflation dans le pays et le taux interne en dollars devrait traduire les taux internationaux plus une majoration pour le risque-pays. Les tendances des taux d’intérêt nominaux et l’indice des prix au Pérou figurent au tableau 10. Le taux d’intérêt réel a augmenté presque constamment de 1992 à 1999, le taux annuel passant de -7,8 pour cent à 16,3 pour cent. En l’an 2000, le taux réel a quelque peu diminué (10 pour cent par an) suivant les tendances des marchés internationaux. On peut donc conclure qu’il ne devrait pas y avoir, au Pérou, de distorsions sur les flux d’échanges, dus aux taux d’intérêt.

Tableau 10. Taux d’intérêt nominal et aux d’intérêt réel, au Pérou
(1991-2000) (monnaie nationale)

Source: FMI 2002. La formule pour le taux d’intérêt réel (r) est (1 + r) = (1 + i)/(1 + p), où i est le taux nominal, et p est le taux d’inflation. Le taux nominal variable est le taux d’escompte à la fin de la période.

3.2 Évolution des échanges agricoles

Les sections suivantes fournissent les données et les analyses relatives à l’expérience sur les échanges de produits agricoles et de denrées alimentaires au cours de la période antérieure et postérieure au Cycle d’Uruguay. Le données relatives aux séries temporelles, de 1991 à 1995 (période précédente) et de 1996 à 2000 sont utilisées. Au Pérou, la période 1985-1990 a été instable pour les échanges et ne figurera pas dans l’analyse. L’importance des denrées alimentaires tant pour les exportations que pour les importations est soulignée.

Dans l’ensemble, l’évolution des exportations et des importations de produits agricoles, pour la période 1991-2000, est présentée au tableau 11. La valeur des exportations a augmenté de 67 pour cent, de 1994 à 1997, et a ensuite diminué de 18 pour cent, de 1997 à l’an 2000. Le taux global de croissance des exportations au cours des années 90 est de 8,5 pour cent par an^[88]. La valeur des importations a augmenté progressivement, de 1991 à 1998, de 126 pour cent et a ensuite diminué de 39 pour cent entre 1998 et l’an 2000. Le taux global de croissance des importations, au cours des années 90 est seulement de 3,6 pour cent par an. Les tendances des deux variables (exportations et importations), traduisent semble-t-il, le ralentissement de l’économie, qui a commencé avec la crise asiatique de 1997. Au cours de la période récente, l’évolution macroéconomique semble être une variable pour expliquer les échanges commerciaux que la libéralisation des échanges, entreprise du fait du Cycle d’Uruguay.

Tableau 11. Exportations et importations agricoles
(millions de dollars E.-U.)

Source: FAOSTAT. Les produits halieutiques ne figurent pas dans les exportations. Le estimations des valeurs pour l’an 2000 ont été effectuées par l’auteur à partir de l’ouvrage de Webb et Fernandez-Baca (2001).

La description précédente du déficit commercial agricole endémique change nettement si l’on tient compte des exportations des produits de la pêche (tableau 12). Dans ce cas, le fort déficit des années 90 disparaît au profit d’une balance des échanges de produits alimentaires, fortement excédentaire.

Tableau 12. Pérou: Exportations des produits halieutiques
(millions de dollars E.-U.)

Source: Webb et Fernandez-Baca (2001).

Pour ce qui est des résultats d’exportation, il convient de relever que l’on a assisté à une diversification substantielle des exportations de produits agricoles au cours des années 90. Les données sur les exportations agricoles totales (vers tous les marchés) indiquent que les exportations «non-traditionnelles» ont augmenté plus rapidement que les exportations «traditionnelles» (café, coton, sucre) qui ont en effet baissé en volume et en valeur au cours de la dernière partie de la période. Depuis 1996, la valeur des exportations agricoles non-traditionnelles est plus élevée que celle des exportations traditionnelles, et leur part est en augmentation (tableau 13). Le pays doit faire face à des modifications importantes des préférences des consommateurs, sur les marchés d’exportation. Les consommateurs américains sont en train de modifier leurs préférences en faveur de produits naturels et d’aliments sains, au détriment des produits à contenu élevé en graisses et de la viande. Cela se traduit sur les exportations par l’expansion du marché des produits naturels et de certains aliments bons pour la santé (fruits). Cela explique le dynamisme des exportations non-traditionnelles (asperges, mangues, raisins, soucis,, cochenille).

Tableau 13. Exportations agricoles traditionnelles et non traditionnelles
(millions de dollars E.-U.)

Source: Webb et Fernandez-Baca (2001). Les exportations ne tiennent pas compte des produits halieutiques. Les chiffres relatifs aux exportations ne différent que légèrement des valeurs de FAOSTAT.

Les données sur les importations agricoles totales indiquent une progression de la valeur des importations au cours des années 90, culminant en 1997-98. Ces résultats s’expliquent par le phénomène météorologique El Niño, qui a créé une pénurie alimentaire et un accroissement correspondant de la demande d’importations.

Le tableau 14 présente des données sur les importations agricoles pour les produits les plus importants répartis en deux périodes 1991-95 et 1996-2000. La première représentant la période préalable à l’Uruguay Round et la deuxième celle successive. Au Pérou, les dépenses totales pour les importations alimentaires ont nettement augmenté, après l’Accord de Marrakech. La valeur totale des importations a augmenté de 37 pour cent de 1991-1995 à 1996-2000. Toutefois, il semble difficile d’attribuer cette progression à la mise en place des engagements du Cycle d’Uruguay. Il semble plus sensé d’invoquer 1) la tendance naturelle à la croissance des importations alimentaires du fait de la croissance démographique et de la hausse des revenus au Pérou et 2) les répercussions du phénomène El Nino, en 1997-1998, qui ont provoqué un recul de la production vivrière nationale et un élargissement correspondant de la demande des importations.

Tableau 14. Évolution de la valeur, du volume et de la valeur unitaire des importations agricoles

Source: Webb et Fernandez-Baca (2001).

L’étape successive consiste à comparer l’évolution des importations agricoles en termes de volume. Le tableau 14 présente aussi les données sur le volume des importations des produits les plus importants au cours des périodes 1991-1995 et 1996-2000. Le volume total des importations a augmenté de 36 pour cent de 1991-1995 à 1996-2000. Le volume total a augmenté de 14,8 millions au cours de la première période à 20 millions de tonnes au cours de la suivante. On en déduit que l’accroissement du volume est parallèle à l’accroissement de la valeur des importations vivrières, ce qui indique que les prix des importations agricoles, au cours de la période successive au Cycle d’Uruguay, sont plus ou moins similaires à ceux de la période précédente. Les prix d’importation unitaires peuvent être calculés pour les 12 produits inclus. Ils sont similaires pour les deux périodes, sauf pour les fruits (23 pour cent de baisse) et pour la farine de blé (23 pour cent de hausse). En effet, si l’on voulait calculer l’indice des prix de Laspeyres on déboucherait sur un résultat égal à 99 pour cent, au cours de la période 1996-2000 (100 au cours de la première période). Ces prix sont exprimés en termes nominaux, et représentent un recul en termes réels, entre les deux périodes.

3.3 Direction des échanges^[89]

Exportations

Les données utilisées dans la présente étude fournissent des informations sur l’orientation et les fluctuations des exportations agricoles et alimentaires. Ces données sont représentées pour chaque produit d’exportation important, au cours de la période 1991-2000. Pour tenir compte de l’évolution des échanges, les données sont présentées pour les principaux produits d’exportation importants destinés aux trois marchés importants du Pérou: États-Unis, Union européenne et CAN.

Le tableau 15 présente un échantillon des principales exportations agricoles vers les pays du Groupe andin. Les cinq principaux articles d’exportation de la période 1991-2000 sont: les farines de poisson (23012010), les autres préparations et conserves de poisson (16042000), les sardines (16041300), les filets de poisson (03042000) et les tissus de coton dits «denim» (52094200). Il s’agit surtout de produits à base de poisson. La valeur totale des exportations a augmenté passant de 21,4 millions à 41,6 millions au cours de la période 1991-2000, qui représente un pourcentage de 7,3 pour cent du taux moyen de croissance. Un pic a été atteint en 1997 (4 millions de dollars EEU) ce qui s’explique par des ventes plus élevées de farine de poisson, de préparations à base de poisson et de tissu de coton.

Tableau 15. Exportations du Pérou vers les pays de la Communauté andine
(milliers de dollars E.-U.)

Source: Secrétariat de la Communauté andine.

Le tableau 16 donne un exemple des principales exportations agricoles, à destination des États-Unis, qui sont l’un des principaux partenaires commerciaux du Pérou. Les cinq principaux articles d’exportations au cours de la période 1991-2000 sont le café, moulu (09011100), les filets de poisson (03060000), le sucre (17011190), les asperges (07092000) et la farine de poisson (23012010). La valeur totale des exportations a augmenté de 121 millions de dollars E.-U. au cours de la période 1991-2000 à 210 millions de dollars E.-U. (15,9 pour cent de taux moyen de croissance). Un pic, égal à 321 millions de dollars E.-U. a été atteint en 1997, ce qui s’explique en grande partie du fait des cours plus élevés du café. Il convient aussi de noter la forte croissance des exportations d’asperges vers le marché des États-Unis, au cours de toute la période.

Tableau 16. Exportations du Pérou vers les États-Unis
(milliers de dollars E.-U.)

Source: Secrétariat de la Communauté andine.

Le tableau 17 donne un exemple des principales exportations agricoles vers l’Union européenne (deuxième partenaire, par ordre d’importance du Pérou). Les cinq principaux articles d’exportation de la période 1991-2000 sont les farines de poisson (23012010), le café moulu (09011100), les asperges (07092000), les filets de poisson (03042000) et l’huile de poisson (15042010). La valeur totale des exportations a augmenté de 199 millions de dollars E.-U. à 606 millions de dollars E.-U. au cours de la période 1991-1997 (21,4 pour cent de taux moyen de croissance) et a ensuite reculé à 460 millions de dollars E.-U. en l’an 2000. Le pic de 1997 s’explique par les cours plus élevés du café, et par des ventes plus importants de farines et d’huile de poisson.

Afin de replacer ces échanges dans leur contexte, le tableau 18 indique l’orientation des échanges avec les principaux partenaires commerciaux du Pérou. Le tableau présente des données sur les principaux produits répartis en deux périodes 1991-1995 et 1996-2000 (avant et après le Cycle d’Uruguay). Il ressort que les échanges ont augmenté plus fortement pour le marché de l’Union européenne (58 pour cent de croissance entre les périodes) et le marché des États-Unis (56 pour cent de hausse entre les périodes) favorisé par un accès amélioré en franchise de droits aux deux marchés, au cours de cette période. De ce fait le marché du groupe andin est devenu moins important pour ces produits agricoles.

Tableau 17. Exportations du Pérou vers l’Union européenne
(milliers de dollars E.-U.)

Source: Secrétariat de la Communauté andine.

Tableau 18. Exportations du Pérou vers les principaux marchés
(milliers de dollars)

Source: Estimations à partir des tables précédentes.

Importations

L’orientation des importations est indiquée par les données relatives aux principales sources d’importation du Pérou: États-Unis, Union européenne et Communauté andine.

Le tableau 19 présente un échantillonnage des principales importations agricoles des pays du Groupe andin. Les cinq principaux produits d’importation au cours de la période 1991-2000 sont: le sucre et les sucreries (17019900, 17041010, 17049010), les tourteaux de soja (23040000), le coton non cardé ni peigné (52010000), l’huile de soja (15079000), la farine de soja (12081000). La valeur totale des importations a augmenté de 69 millions de dollars E.-U. pour la période 1991-1997 (17,8 pour cent de taux de croissance moyen) mais a diminué ensuite à 65 millions de dollars E.-U. au cours de l’an 2000. Le pic des importations de 1997 s’explique par des achats plus importants de sucre, de coton et d’aliments pour le bétail.

Tableau 19. Importations du Pérou en provenance du Groupe andin
(milliers de dollars E.-U.)

Source: Secrétariat de la Communauté andine.

Le tableau 20 présente un échantillon des principales importations agricoles des États-Unis, principale source des importations du Pérou. Les cinq principaux produits de la période 1991-2000 sont: le blé (10011090), le maïs (10059011); le riz (10063000, 10062000); les tourteau de soja (23040000) et les engrais (31053000). La valeur totale des importations a augmenté de 58 millions de dollars E.-U. à 313 millions de dollars E.-U. au cours de la période 1991-1999 (20,4 pour cent de taux de croissance moyen) mais a ensuite régressé à 173 millions de dollars E.-U. en l’an 2000. Le pic des importations de 1999 s’explique par des achats plus importants de céréales et d’aliments pour le bétail.

Tableau 20. Importations du Pérou en provenance des États-Unis
(milliers de dollars E.-U.)

Source: Secrétariat de la Communauté andine.

Le tableau 21 présente un échantillonnage des principales importations agricoles en provenance des États-Unis. Les quatre produits principaux, au cours de la période 1991-2000 sont: le lait en poudre (04021090, 04022119), les boissons alcoolisées (22083000), l’orge (10030090) et d’autres préparations alimentaires (21069090). La valeur totale des importations a augmenté de 15 millions de dollars E.-U. à 39 millions de dollars E.-U. au cours de la période 1991-1998 (13,5 pour cent du taux de croissance moyen) mais a ensuite diminué à 29 millions de dollars E.-U. en l’an 2000. Le pic des importations de 1998 s’explique par des achats plus importants de lait et de céréales.

Tableau 21. Importations du Pérou de l’Union européenne
(milliers de dollars E.-U.)

Source: Secrétariat de la Communauté andine

Pour ce qui est des exportations, nous présentons une table générale des importations, qui indique l’orientation des échanges du Pérou avec les principaux partenaires, dans le temps. Le tableau 22 présente les valeurs des importations pour les principaux produits, au cours des périodes 1991-1995 et 1996-2000 (soit avant et après le Cycle d’Uruguay). L’origine des importations est fortement diversifiée, les trois partenaires fournissant des produits différents. Les échanges se développent plus fortement avec les États-Unis (109 pour cent de hausse entre les périodes). Les importations provenant de pays du Groupe andin (36 pour cent de croissance entre les périodes) et l’Union européenne (28 pour cent de croissance entre les périodes).

Tableau 22. Importations du Pérou en provenance de pays importants
(milliers de dollars E.-U.)

Source: Estimations