Au Zimbabwe, la sécurité alimentaire, exprimée par la disponibilité de maïs (produit alimentaire de base) reste une question essentielle du fait de laccroissement du phénomène de la faim, provoqué par la sécheresse. Pendant un certain temps, les importations de produits agricoles vivriers ont représenté une partie importante des échanges commerciaux. La situation de la sécurité alimentaire a été gravement menacée par la production accrue de cultures commerciales qui sont devenues plus rentables du fait de lAccord sur lagriculture. La baisse des recettes des cultures vivrières, a conduit les agriculteurs à intensifier les cultures commerciales non alimentaires, qui sont normalement cultivées dans les grandes exploitations. Les petits agriculteurs ont opté pour les cultures vivrières de subsistance et ils écoulent les excédents. En tant que telle, la superficie affectée aux cultures alimentaires a progressé, mais dans une moindre mesure que pour les cultures commerciales. (Mangoyana et Meda, 2001).
Loffre de céréales au Zimbabwe, dépend en grande partie de la production interne, surtout lorsque le régime des pluies est irrégulier. La figure 10 montre que les hausses soudaines dimportations de céréales, ont eu lieu en 1992-1993, du fait de la sécheresse. Dans le cas du Zimbabwe, la hausse des importations, au cours du Cycle dUruguay, peut être attribué aux mesures prises par les pouvoirs publics (en réponse aux pénuries alimentaires) et non à un engagement vis-à-vis de lOMC.
Figure 10. Part de la production et des importations dans les disponibilités en céréales, au Zimbabwe
Source: FAO
Au Zimbabwe, les politiques agricoles postérieures à lindépendance (1980) ont été axées sur lobtention dun niveau élevé de sécurité alimentaire, par le biais de la production, tout en améliorant les conditions de vie des populations rurales, longtemps marginalisées. Les pouvoirs publics ont stimulé la production agricole par des politiques et des mesures directes relatives aux terres, à leau, aux infrastructures, au crédit et à la technologie. Ces mesures concernent le développement de lirrigation, le soutien des intrants, les fournitures nécessaires aux labours, loctroi de crédits et le renforcement de la recherche. Elles ont aussi créé des points de dépôts et de ramassage, et fixé des prix garantis et des marchés. Les stimulations indirectes, sous la forme de subventions et de politiques des revenus, ont été employées pour stimuler la production et la demande. Au cours de la même période, linsécurité alimentaire, tant au niveau des ménages que du pays a reculé.
Avec lintroduction du Programme économique dajustement structurel et la mise en place des Accords du Cycle dUruguay, on a assisté à une modification des politiques de sécurité alimentaire. La réduction de la portée des opérations par lOffice de commercialisation des céréales et la fermeture de plusieurs points de ramassage est envisagée. Il convient aussi de noter que la libéralisation a entraîné un accroissement chronique insoutenable du prix des aliments, au cours du Programme économique dajustement structurel (1991-1996). En 1995, les autorités ont fixé le plafond (936 000 tonnes) et le plancher (500 000 tonnes) des stocks de maïs.
Des études ont démontré que linsécurité alimentaire des ménages sest détériorée au cours de la libéralisation. Dans lensemble, le Zimbabwe est considéré comme un pays dans lequel la sécurité alimentaire est assurée pour les besoins nationaux, mais la faim existe encore dans les ménages puisque 30 pour cent des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique (SAPRI, 2001). La consommation énergétique moyenne a baissé de 2 233 kcal par habitant/jour en 1980 à 2 000 kcal par habitant/jour en 1993. La situation devrait encore se détériorer dici 2010 (FAO, 1997 Meda et Mangoyana). Au cours de la période 1970-1997, lapport énergétique quotidien a reculé de 2 225 kcal (niveau supérieur à la moyenne de la SADC qui était de 2 173 kcal en 1970) à 2 145 kcal en 1997 (au-dessous de la moyenne de la SADC de 2 224 kcal), soit un recul de 14 pour cent. En outre, lapport quotidien par habitant de matières grasses na progressé que de 6,8 pour cent pour au Zimbabwe, contre une moyenne régionale de 16,9 pour cent, ce qui indique un accroissement de linsécurité alimentaire dans le pays, au fil des ans (Rapport sur le développement humain de la SADC, 2000). Actuellement, linsécurité alimentaire dans le pays est très forte dans les couches les plus démunies de la population dans les villes et dans de nombreux ménages des zones méridionales et orientales du pays. Laide alimentaire bilatérale devrait être prise en considération pour couvrir une partie des besoins dimportation, selon le Rapport de la veille mondiale de la FAO (2001). Les rapports tendus entre les autorités du Zimbabwe et les donneurs potentiels sont encore plus préoccupantes.
De ce fait, les pouvoirs publics ont eu recours à des politiques dintervention, pour parvenir à la sécurité alimentaire. Par exemple le Règlement 350 (1993) pris au titre du Control of Goods Act, exige un permis pour limportation et lexportation de céréales. Ces contrôles des importations et des exportations ont été imposés et supprimés à plusieurs reprises. Les contrôles sur les importations de blé ont été levés en 1996, ceux sur les exportations en 1997. La pénurie actuelle de céréales a obligé les pouvoirs publics à renoncer aux exportations de céréales et à en renforcer les importations.
En vue daccroître la sécurité alimentaire, le Ministère de lagriculture a mis en place des incitations, dans le cadre dun programme de crédits pour les intrants, afin daider les petits agriculteurs, au début de lan 2000. Il a également entrepris de modifier les prix à la production. Ces mesures devraient faire progresser la production denviron 2,5 millions de tonnes, au cours de la prochaine campagne pour parvenir ensuite à 3,1 millions de tonnes par an. Cela devrait permettre de couvrir entièrement les besoins nationaux de maïs, de maintenir une réserve stratégique, et de développer les exportations. Toutefois, pour linstant, le pays doit faire face à une pénurie de céréales généralisée, due à une mauvaise gestion des céréales par les autorités.