En pratique, un certain nombre d'approches différentes sont mises en oeuvre par les services publics pour récolter des données sur les statistiques de pêche:
(a) des éléments d'information occasionnels sont collectés et mis en fichiers au gré des possibilités;
(b) un système de suivi continu est appliqué pour quantifier les aspects d'un certain nombre de composants, de manière à déterminer leurs variations dans le temps, qui sont supposées être représentatives de l'ensemble des paramètres;
(c) des enquêtes périodiques (mensuelles, trimestrielles, annuelles, biennales ou même à de plus grands intervalles) sont menées en mettant en jeu une importante main-d'oeuvre et durant une ou plusieurs courtes périodes de temps;
(d) on essaie de récolter des informations sur tous les éléments, en continu.
Ces approches ont toutes leurs inconvénients. Par exemple:
L'approche (a) permet rarement d'aboutir à des conclusions fiables sur l'ensemble du secteur.
L'approche (b) peut souvent fournir d'utiles indications de tendances dans le secteur, mais ne permet pas d'estimations fiables de grande amplitude.
L'approche idéale est la (c) mais elle repose sur la disponibilité d'un nombre important de techniciens.
L'approche (d) est l'une de celles qui sont adoptées par la plupart des départements des pêches, cependant elle est non seulement plus chère (même que c) mais elle risque presque à coup sûr d'aboutir à des sous-estimations des principaux paramètres. Une variation de cette approche qui peut s'avérer utile est toutefois brièvement décrite dans l'annexe 1.
Une autre tentative souhaitable qui est rarement mise en oeuvre peut être signalée ici, et peut être appliquée dans les cas où la main-d'oeuvre qualifiée est rare:
(e) il s'agit d'une combinaison de (b) et de (c) dans laquelle l'emploi du temps des enquêtes menées par quelques fonctionnaires durant l'année est incorporé au schéma d'échantillonnage sous forme de sondages qui permettent de fournir des conclusions statistiques de ce type.
Dans ce cas une main-d'oeuvre conséquente déploie des efforts extensifs durant une période relativement courte pour obtenir une image précise mais “instantanée” de l'état de la pêcherie à intervalles réguliers ou non (pour la théorie, voir Bazigos, 1975; Sahney, 1983).
Comme on l'a déjà vu, trois composantes principales se trouvent ici, à savoir:
(1) Une enquête-cadre est utilisée pour établir une liste complète des caractéristiques de la pêcherie pour servir de base à l'élaboration d'un programme d'échantillonnage statistique. Les principaux ports, lieux de débarquement, tailles et types de flottilles, et le détail des opérations des flottilles sont recensés. Les voies de transport du poisson et les transferts entre grossistes et détaillants, les transbordements, les voies d'importation et d'exportation sont identifiés et les communautés de pêcheurs ainsi que les principaux moyens d'existence des pêcheurs et de leurs familles sont décrits sous l'aspect socio-économique. (Cet élément est nécessaire pour toutes les approches statistiques qui visent à tirer des conclusions de l'ensemble du système étudié.)
(2) L'enquête en vue de l'évaluation des captures de la pêcherie est menée idéalement par un nombre d'enquêteurs avertis (collecteurs de statistiques) qui échantillonnent dans l'espace et dans le temps. Ces enquêteurs visitent un certain nombre, tiré au hasard, des points de débarquement, marchés ou ports identifiés durant l'enquête-cadre et échantillonnent un nombre donné d'unités de pêche lors de périodes et de jours préablablement définis. L'enquête est menée plusieurs fois de suite (mensuellement, trimestriellement, etc.) et fournit des estimations des paramètres enquêtés, à l'intérieur des périodes de référence.
(3) L'enquête de contrôle de qualité est employée pour établir la fiabilité de (2) et pour réduire les biais des évaluations, si nécessaire.
Il faut souligner que ce type d'enquête rigoureusement programmée dans le temps est nécessaire si l'on souhaite obtenir une mesure de la précision des évaluations des apports. Toutefois, elle pose quelques problèmes aux pays qui disposent d'équipes restreintes car il y est souvent difficile de trouver le personnel qualifié pour une telle action. Il est aussi nécessaire d'avoir du personnel qualifié pour établir les projets d'enquêtes. Deux autres approches moins rigoureuses peuvent cependant être employées pour récolter des données. La première est une approche standard pour suivre les débarquements, les tailles des flottilles, la composition des captures, les coûts et bénéfices, etc., à partir d'une fraction connue de la pêcherie. La seconde, qui est la plus satisfaisante du point de vue de la validité statistique consiste à modifier l'échantillonnage classique pour permettre à deux ou trois enquêteurs d'accomplir au cours d'une certaine période ce qui l'aurait été par une équipe plus importante durant un temps plus court. Ce type d'approche est décrit plus en détail dans l'annexe 1.
Il existe un certain nombre de moyens de s'assurer que les données sur les points les plus importants sont régulièrement collectées sans que les statisticiens aient à le faire eux-mêmes. Cependant, pour réaliser ce type de contrôle, le statisticien doit dédier une partie de son temps au contrôle périodique de la validité des informations sur les sites enquêtês. Il doit aussi passer du temps à vérifier quelle peut être la valeur de ces données pour décrire des tendances dans d'autres secteurs où elles ne sont pas disponibles.
On trouvera ci-dessous une liste de diverses sources d'information où les données sur les pêcheries sont souvent récoltées et conservées:
(a) les officiers des douanes et les directeurs de ports conservent souvent des relevés sur les transbordements d'import-export et les dates et heures de départ et d'arrivée des bateaux de pêche dans le port;
(b) les départements de l'emploi ou du développement rural conservent souvent des relevés sur les emplois, ceux des pêcheurs enrôlés par exemple;
(c) les départements de la santé et de la qualité de la vie enregistrent souvent les résultats d'enquêtes sur la vie familiale, qui peuvent comprendre la consommation de poisson;
(d) les départements des pêches peuvent fournir des relevés des crédits pour achats de navires et du nombre de pêcheurs enrôlés.
Des réunions informelles et régulières de fonctionnaires gouvernementaux concernés directement ou non par les problèmes des pêcheries (ou parfois un comité interdépartemental pour discuter de la qualité de la vie des pêcheurs) peuvent être utiles pour aider à la coordination des efforts de l'Etat dans le secteur des pêches, économiser de la main-d'oeuvre précieuse et éviter les redondances.
(e) Certains éléments stratégiques du secteur privé comme les mareyeurs, les expéditeurs, les compagnies aériennes (par l'intermédiaire desquelles des poissons et coquillages de haute qualité peuvent quitter le pays) peuvent souvent être incités à recueillir des informations. Il est important de respecter alors la confidentialité de ces données. Si des statistiques sont fournies (elles devraient l'être) les informations individuelles doivent être combinées avec les autres de manière à protéger les sources.
(f) Si on leur rétribue ce service, les pêcheurs, les vendeurs ou les acheteurs peuvent établir des relevés des quantités, types, catégories de tailles et prix des poissons qui sont vendus chaque jour, cette rétribution ne leur étant fournie que si le fonctionnaire des pêcheries juge le résultat fiable.
L'obligation légale pour les acheteurs de déclarer leurs achats sur des formulaires est une approche fréquemment employée par de nombreux pays pour appuyer le contrôle continu des statistiques. Dans ce cas, la condition pour recevoir des données correctes est d'en faire dépendre la délivrance de licences d'acheteur ou de mareyeur (d'autres conditions pouvant être le maintien de la bonne qualité du poisson, etc.). Une description d'un tel schéma qui peut aussi inclure des pêcheurs industriels est donnée dans l'annexe 3. Pour des raisons pratiques, il serait contre indiqué de demander à des petits pêcheurs artisanaux de remplir de telles déclarations; dans ce secteur il faut utiliser les approches par enquêtes sur le terrain.
En résumé, ce type de contrôle est l'un de ceux qui peuvent rapporter une grande quantité d'information avec une main-d'oeuvre relativement restreinte, s'il est réalisé avec soin. Toutefois, le résultat ne fournira pas nécessairement des images correctes de l'ensemble des débarquements sans qu'une bonne quantité de travail supplémentaire ne soit effectuée par le statisticien, pour identifier les lacunes dans les statistiques, par exemple, pour évaluer la proportion de poisson qui ne passe pas par les marchés ou par les grossistes et pour palier á ces lacunes par des observations directes ou des enquêtes de contrôle de qualité.
En théorie, il est possible de réaliser une enquête de ce type avec une petite équipe d'un ou deux fonctionnaires à plein temps qui visitent une séquence de ports sur une base annuelle régulière et échantillonnent un nombre aléatoire de navires dans chaque port. Il s'agit probablement là, en fait, d'un moyen raisonnable de programmer l'emploi du temps d'un fonctionnaire des statistiques. Bien entendu, il aura dans son bureau une carte des principaux points d'échantillonnage (une enquête-cadre est évidemment toujours nécessaire, laquelle doit être régulièrement actualisée) et son emploi du temps journalier aura été organisé préalablement à la saison de pêche en répartissant les horaires et les dates de visites de chaque port, point de débarquement ou marché sur la base d'une stratification aléatoire. (Les ports les plus vastes, avec beaucoup de débarquements et une grande diversité de navires ou de types de captures doivent être groupés en strates prioritaires (pondérées) et visites plus souvent que les petits ports qui doivent être eux aussi tirés au hasard). Il faut que le fonctionnaire suive son emploi du temps en n'intervertissant qu'au minimum les ports et les dates d'échantillonnage. De temps en temps, un contrôl de qualité par le chef de fournir des relevés divinatoires ou télépathiques sur les points les plus difficiles à échantillonner soit détectée et réprimée avec sévérité.
Il s'agit là probablement d'une approche raisonnable qui pourrait être mise en oeuvre par les petits départments des pêches (voir annexe 1). I1 faudrait la compléter par le contrôle de routine régulier d'un certain nombre de lieux, comme on l'a suggéré dans le chapitre précédent(voir aussi annexe 3). Une grande variété de types de données est nécessaire,
