Le présent manuel est consacré principalement aux cas dinvasion de péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) dans un pays ou une région dun pays précédemment considéré comme indemne de la maladie. Si une telle situation durgence se déclarait, toutes les initiatives seraient vouées à maîtriser rapidement la maladie dans le foyer primaire ou dans la zone dinfection et à léradiquer dans les plus brefs délais afin déviter sa diffusion et son éventuelle évolution vers la forme endémique.
Toutefois ces mêmes principes de lutte et déradication sont aussi très adaptés pour faire face aux situations où la PPCB sévit déjà à létat endémique dans une partie ou dans tout le pays.
Il existe un grand nombre de facteurs épidémiologiques ou autres - certains favorables, dautres défavorables - qui doivent être pris en compte lors de la conception des stratégies déradication de la PPCB, à savoir:
aucune autre espèce de bétail domestique, en dehors des bovins et des buffles domestiques (et des yaks que lon rencontre dans des régions circonscrites) est sensible à la PPCB; les humains ny sont pas sensibles;
il nexiste pas de réservoir sauvage dinfection;
le MmmSC (mycoide Small Colony) est extrêmement proche dautres mycoplasmes du «groupe des mycoplasmes», ce qui rend son identification difficile;
la PPCB est transmise par un contact direct rapproché entre les animaux, le mouvement du bétail infecté et le rassemblement des animaux sont donc les facteurs clés de sa diffusion;
lagent causal survit difficilement dans lenvironnement, par conséquent la diffusion indirecte de linfection, par exemple par portage, nest pas importante;
les épidémies dans de nouvelles zones évoluent parfois lentement, rendant la détection précoce difficile;
les bovins qui survivent à une infection de PPCB deviendront probablement des porteurs chroniques présentant des lésions séquestrées dans leurs poumons. Un certain nombre sont séronégatifs. Les séquestres peuvent éclater, surtout quand les bovins sont stressés, et ces animaux deviennent à nouveau des diffuseurs actifs de linfection;
les vaccins disponibles sont loin dêtre parfaits. Néanmoins, les campagnes de vaccination, si elles sont pratiquées de manière globale et constante représentent une composante valable des campagnes de lutte et déradication; et
lutilisation des antibiotiques, même si elle améliore les signes cliniques dans les cas aigus, peut compliquer les programmes déradication en favorisant la création de porteurs chroniques de la maladie.
Certains de ces facteurs, en particulier la présence de porteurs chroniques et les problèmes de surveillance de la maladie, font de la PPCB lune des maladies animales transfrontalières les plus difficiles à éradiquer. Néanmoins, elle a été éradiquée souvent dans des conditions difficiles. Par exemple, elle a été éradiquée dAustralie par des campagnes de vaccination globales, un zonage, des contrôles des mouvements et un abattage systématique final. Elle a été éradiquée du Botswana beaucoup plus rapidement par un abattage systématique.
Compte tenu des facteurs épidémiologiques et autres facteurs susmentionnés, trois stratégies générales de lutte et déradication de la PPCB ont été retenues, à savoir:
la réduction du nombre danimaux infectés et potentiellement infectés chez les populations de bovins par le biais de campagnes dabattage systématique;
la réduction du taux de contact direct entre les bovins infectés et les bovins sensibles par le biais de programmes de surveillance, le zonage, la mise en quarantaine et les contrôles stricts des mouvements; et
la réduction du nombre danimaux sensibles dans les populations cibles par le biais de campagnes de vaccination globales.
Labattage systématique est certainement la méthode la plus rapide et la plus efficace pour lutter contre la PPCB (de même que pour beaucoup dautres maladies animales transfrontalières) et, si labattage systématique est réalisé, la reconnaissance du statut indemne de maladie peut être retrouvée plus rapidement dans la perspective dexporter (voir lAnnexe 3). Cest aussi certainement la meilleure solution pour gérer les foyers isolés dans les pays développés. Toutefois, cest rarement une option praticable ou économiquement viable pour les pays en développement. Font exception les cas suivants:
lorsque, dans un pays ou une région précédemment indemne, un foyer de PPCB peut être détecté rapidement alors quil est encore circonscrit et que la zone infectée peut être correctement identifiée et mise en interdit; et
lors des étapes finales de nettoiement dune campagne déradication, quand il nexiste plus que quelques cas isolés de la maladie.
Les campagnes de vaccination globales seront probablement partie intégrante de la plupart des programmes de lutte et déradication de la PPCB. Elles sont importantes pour réduire lincidence de la maladie à un niveau très faible, de sorte que dautres options de lutte et déradication deviennent davantage viables. Cependant, la vaccination seule nassurera pas léradication et peut se révéler très coûteuse à long terme.
La planification stratégique pour la lutte et léradication progressive de la PPCB, quil sagisse de la préparation à lurgence dans un pays indemne de la maladie ou bien de son éradication dans un pays où elle sévit déjà, consiste le plus souvent en une démarche structurée qui englobe les trois grandes stratégies de lutte et déradication décrites précédemment.
Cette démarche structurée exige lapplication progressive des mesures suivantes:
un zonage immédiat du pays pour répertorier les régions où la maladie est reconnue et suspectée;
instaurer la mise en quarantaine et les contrôles des mouvements des bovins afin de limiter la diffusion de linfection et dempêcher sa propagation au-delà de la zone déclarée infectée;
promouvoir un programme global de surveillance de la PPCB dans tout le pays - avec un ajustement des zones infectées, des zones de contrôle et des zones indemnes en fonction des résultats;
décider sil faut ou non pratiquer un programme dabattage systématique, à partir de lanalyse des données épidémiologiques, socioéconomiques et des ressources disponibles;
si labattage systématique nest pas retenu, entreprendre un programme global de vaccination dune durée minimale de trois ans, voire même cinq ans. Dans le cas des pays où la PPCB sévit à létat endémique, le programme de vaccination devra probablement sétendre à tout le pays;
cesser la vaccination lorsque lincidence de la maladie a décliné à un niveau suffisamment bas pour être acceptable;
promouvoir un programme de surveillance de la maladie qui conduira progressivement, dune déclaration du statut provisoirement indemne de la maladie, à un statut indemne de PPCB clinique et enfin au statut indemne de PPCB (voir Annexe 3); et
disposer de plans de préparation à lurgence pour répondre très rapidement à toute détérioration du statut de la maladie, en procédant soit à labattage (de préférence) soit à une vaccination ciblée et à des contrôles des mouvements.
La nature épidémiologique de la PPCB, à savoir lorsque linfection persiste et que la maladie se transmet (souvent sur de longues distances) par les cas subaigus et chroniques, impose que, pour réussir, les programmes de lutte et déradication doivent être à la fois généraux et constants pendant un certain nombre dannées.
De la même manière, une démarche au coup par coup pour la lutte et léradication de la PPCB est presque certainement vouée à léchec. Elle condamnera les pays à une situation dendémicité de PPCB, découragera les responsables de santé animale ainsi que les éleveurs et rendra une éradication éventuelle à la fois difficile et coûteuse.
Dans de nombreuses régions où la PPCB sévit actuellement ou qui présentent un haut risque de maladie, létendue épidémiologique naturelle potentielle couvre un territoire qui peut englober plusieurs pays. Cela peut arriver là où traditionnellement les échanges de bovins, les rassemblements, le nomadisme ou la transhumance sont pratiqués sur une vaste région. On peut en trouver des exemples dans les régions écologiques largement reconnues infectées, en Afrique de lOuest et du Centre, en Afrique orientale et en Afrique australe.
Dans ces régions écologiques, il sera possible dobtenir des progrès significatifs vers léradication de la PPCB uniquement à travers une forte coopération entre pays voisins pour lélaboration et la mise en uvre de programmes de prévention, de préparation à lurgence et de lutte et éradication de la PPCB, coordonnés au niveau régional.
Alors que la pénicilline et ses analogues sont inefficaces, un grand nombre dantibiotiques à large spectre sont efficaces contre les mycoplasmes. De tels antibiotiques peuvent améliorer les signes cliniques de la PPCB. Cependant, ils néliminent pas forcément linfection chez les animaux traités. Cela rend la lutte et léradication de la maladie plus difficiles dans les zones endémiques et accroît les risques de diffusion de la maladie à de nouvelles régions. Comme la plupart des éleveurs traitent de toute façon leurs bovins infectés par le MmmSC avec des antibiotiques, une étude scientifique structurée portant sur les effets des différents types de traitements antibiotiques sur lévolution de la maladie est nécessaire. Elle servira de base scientifique pour lutilisation rationnelle - ou non - des antibiotiques dans la lutte contre la PPCB.
Lorsque la PPCB est détectée dans un pays ou une région dun pays précédemment indemne, la première mesure à prendre est de mettre immédiatement en quarantaine les fermes reconnues infectées afin dempêcher le mouvement des bovins potentiellement infectés de ces fermes. Une enquête épidémiologique durgence est alors réalisée en vue dobtenir une première estimation de lampleur probable de la diffusion de linfection. Celle-ci sappuiera non seulement sur les zones où sont apparus les cas connus de la maladie, mais aussi sur les mouvements des bovins vers et en provenance de ces zones et sur les occasions de contact entre les bovins infectés et les bovins sensibles.
Sur la base de cette première enquête, trois types de zones seront déclarées: les zones infectées, les zones de surveillance et les zones indemnes de PPCB.
La zone infectée comprend la zone entourant immédiatement une ou plusieurs fermes, bâtiments ou villages infectés. Même si leur étendue et configuration peuvent varier en fonction des caractéristiques topographiques, des barrières physiques, des frontières administratives et des considérations épidémiologiques, lOffice international des épizooties (OIE) recommande en général que les zones infectées sétendent sur un rayon dau moins 10 km autour des foyers de la maladie dans les régions délevage intensif et de 50 km dans les régions où est pratiqué lélevage extensif.
Dans les phases initiales dun foyer, lorsque son étendue nest pas bien connue, il serait plus prudent de déclarer infectées des zones plus larges pour ensuite réduire progressivement leur taille à mesure que la surveillance active de la maladie révèle la réelle ampleur du foyer.
Linterdiction totale du mouvement des animaux hors de la zone infectée devrait être décrétée et rigoureusement appliquée.
La stratégie adoptée de lutte contre la maladie, quil sagisse de labattage, de la vaccination ou dune combinaison des deux, est alors mise en place.
Cette zone est beaucoup plus étendue et englobe une ou plusieurs zones infectées. Elle peut couvrir toute une province ou une région administrative et, dans de nombreux cas, le pays entier. Dans cette zone, une surveillance de la maladie très intensive est menée. Les bovins ne devraient pas pouvoir sortir de cette zone sauf sous contrôle lorsquils vont à labattoir pour y être abattus, ou lorsque des tests attestent quils sont indemnes de linfection.
Elle comprend le reste du pays. Toutefois, du fait de la large dissémination possible de la PPCB, il nest ni prudent de laisser toutes les parties dun pays en proie à un nouveau foyer ni utile de le maintenir à un niveau élevé de surveillance. Dans les zones indemnes, laccent devrait être mis sur des mesures de quarantaine strictes, afin déviter lintroduction de la maladie en provenance des zones infectées, couplées à une surveillance continue pour attester en permanence de labsence de la maladie. Ces zones devraient être soumises au même degré de diffusion de linformation que les zones dans lesquelles se trouve le foyer. Cela devrait sétendre jusquaux pays voisins grâce à une communication rapide et efficace.
Des programmes généraux de surveillance de la maladie devraient être mis en place dans tout le pays, et les zones devraient être progressivement harmonisées en fonction des résultats obtenus.
Un programme dabattage systématique pour la PPCB implique la destruction de tous les bovins infectés et potentiellement infectés dans des zones infectées bien définies, associée à des contrôles des mouvements très stricts garantissant que les bovins ne peuvent pas quitter les zones cibles.
Avant de décider de sengager dans une campagne dabattage systématique, une analyse minutieuse des facteurs socioéconomiques et des ressources disponibles doit être menée. Comme cela a déjà été signalé, labattage systématique ne sera une solution viable que sous certaines conditions, à savoir:
lorsque la maladie est détectée aussitôt après son introduction dans un pays ou dans une zone précédemment indemne, et lorsquelle est encore circonscrite à des zones géographiques et des populations de bovins relativement restreintes et bien délimitées;
durant les étapes finales de nettoiement dun programme de lutte et déradication concernant des foyers de la maladie petits et isolés; ou
lorsque la nécessité de réétablir les marchés dexportation implique le recours de labattage systématique pour que le pays regagne plus rapidement la reconnaissance de son statut indemne de la maladie et donc son accès aux marchés.
Une campagne dabattage systématique ne devrait être entreprise que si les conditions essentielles requises sont remplies (voir encadré 1).
Il faudra décider rapidement sil faut abattre tous les bovins dans la (les) zone(s) déclarée(s) infectée(s) ou uniquement ceux des fermes où la maladie est détectée, soit daprès les signes cliniques observés, soit par dautres procédures de surveillance (y compris les tests sérologiques). Du fait des difficultés à maintenir un niveau de surveillance suffisamment élevé et empêcher le mélange des animaux entre les fermes, loption habituellement adoptée est dabattre tous les bovins de la zone déclarée infectée.
Les bovins sont normalement éliminés dun coup de fusil, soit avec une arme à feu, soit des pistolets dabattage. Elle est décrite plus en détail dans le Manual on Procedures for Disease Eradication by Stamping Out (Manuel de santé animale de la FAO, n°12).
Comme lagent causal, MmmSC, ne se transmet pas par la viande, on peut proposer de préserver la viande en permettant que les bovins cliniquement sains soient transportés pour un abattage immédiat en abattoir, à condition que cela se produise dans des abattoirs contrôlés par des mécanismes dinspection des viandes et à lintérieur de la zone infectée.
ENCADRÉ 1
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Il nest pas nécessaire déliminer les carcasses des bovins abattus dans des fosses profondes ou de les incinérer en vue déviter la transmission future de la PPCB (comme ce serait le cas pour des maladies comme la fièvre aphteuse), même si certaines dispositions peuvent être préférables dun point de vue environnemental, de santé publique ou esthétique. A lexception de ce qui précède, il nest pas nécessaire de nettoyer et de désinfecter les propriétés infectées après lélimination, comme ce serait le cas pour dautres maladies transfrontalières des animaux (TAD) dont lagent survit plus longtemps dans lenvironnement et lorsque la maladie est transmise par portage.
Le repeuplement ne devrait pas commencer avant quil ne soit certain que tous les bovins infectés et potentiellement infectés de la zone cible ont bien été abattus. Dans les régions caractérisées par un faible contrôle des bovins ou un terrain difficile, il peut être nécessaire de compléter les recherches de terrain par des relevés aériens et, pour éliminer les bovins des zones inaccessibles, de les exécuter depuis les hélicoptères. Dans certains cas, des subventions ont été octroyées pour repérer les bovins en phase finale de nettoiement et ont permis de localiser et déliminer ceux qui avaient été oubliés lors de la phase de destruction initiale.
Il est de pratique courante de ne pas repeupler les zones avant une période de trois à six mois (selon les circonstances), pour plus de sécurité. Le repeuplement doit se faire avec des bovins reconnus indemnes de PPCB, de préférence provenant dune zone indemne. Lidéal serait de pratiquer des tests sérologiques [test de fixation du complément (TFC) et test ELISA «de compétition» (c-ELISA)] pour confirmer quils sont bien indemnes. Cest aussi loccasion de procéder à une amélioration génétique.
Les programmes de vaccination dans le cadre dune campagne déradication de la PPCB doivent être menés de façon générale et constante jusquà ce que la surveillance sanitaire prouve que les signes apparents de la maladie ont disparu ou que, pour le moins, son incidence a chuté à un niveau extrêmement faible. Les zones de vaccination cibles devraient inclure toutes les zones autres que celles qui ont été déclarées indemnes de PPCB. Dans les zones endémiques, il faut en général pratiquer des programmes à léchelle nationale.
Contre la PPCB, on utilise des vaccins vivants atténués. Ceux-ci peuvent déboucher sur un certain compromis entre linnocuité et limmunogénicité. Les souches de vaccin couramment utilisées sont T1-44 et T1-SR. Actuellement, la plupart des pays optent pour le vaccin T1-44, même si certains pays lui reprochent de provoquer des réactions locales excessives chez les animaux vaccinés.
ENCADRÉ 2 Il est très important que les éleveurs et les autres personnes dont les bovins ont été abattus soient indemnisés équitablement en fonction de la valeur des animaux sur le marché au moment considéré. Cette indemnisation devrait être versée sans délai. Lestimation de lindemnisation devrait être réalisée par des experts spécialistes et indépendants, faute de quoi des estimations globales pourraient être concordées par catégorie spécifique de bovins. Il faudrait rembourser au moins la valeur des bovins sur le marché. Dans certaines conditions, le remplacement du cheptel peut être proposé comme alternative à lindemnisation financière. Le défaut dun paiement juste et ponctuel de lindemnisation compromettrait sérieusement les campagnes déradication de la PPCB, générant du ressentiment au sein des communautés ainsi quun manque de coopération, et encouragerait labattage illégal et la vente clandestine des bovins hors des zones infectées pour éviter les pertes. |
Il est essentiel que les vaccins soient fournis par des fabricants fiables (cest-à-dire avec une certification dassurance qualité) qui appliquent les normes internationales de bonne pratique de fabrication et dassurance qualité à la gestion des souches de vaccins, au titre des mycoplasmes viables, à la pureté, la sécurité et lefficacité. Ces normes figurent au chapitre 2.1.6 du Manuel des normes sur les tests de diagnostic et les vaccins, de lOIE (voir www.oie.int).
On utilise en général des vaccins lyophilisés. Cependant, les équipements de maintien de la chaîne du froid doivent impérativement être disponibles, depuis les lieux de stockage des vaccins aux niveaux central et local jusquaux lieux dinjection sur le terrain.
Il faudrait reconnaître les limites des vaccins actuels. La première immunisation est bien loin de protéger la totalité de la population vaccinée et limmunité chez de nombreux bovins dure moins dune année. En outre, la vaccination néliminera pas forcément linfection chez les animaux déjà infectés, en particulier chez les animaux porteurs. La couverture immunitaire de même que la durée de limmunité augmentent sensiblement avec les vaccinations suivantes. Malgré ces limites, la vaccination pratiquée systématiquement sur des populations de bovins cibles avec une couverture la plus proche possible de 100 pour cent pendant plusieurs années aura des effets considérables sur la réduction de lincidence de la maladie à des niveaux très faibles dans les zones infectées.
Au cours des étapes initiales (première ou deuxième année) dune campagne de vaccination globale, les bovins devraient être vaccinés à intervalles réguliers de quatre à six mois. Par la suite, une vaccination par année est en général suffisante. Le programme de vaccination doit être maintenu pendant au moins trois à cinq ans, ou jusquà ce que la maladie ne puisse plus être détectée par la surveillance (clinique, en abattoir, sérologique).
Les réactions secondaires à la vaccination ont plus de risque de se manifester chez les races Bos taurus que chez les Bos indicus. Elles peuvent prendre la forme de graves réactions locales, de réactions systémiques - bien que très rarement - et même provoquer la mort. Les réactions indésirables peuvent être limitées en prenant soin de modifier la technique de vaccination. Les vaccins contre la PPCB doivent être injectés par voie sous-cutanée (et non par voie intra-musculaire, intradermique ou dans les fascia). Lendroit le plus approprié est le cou même si la vaccination sur la queue est aussi pratiquée.
ENCADRÉ 3
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Les équipes de vaccination, que ce soit dans les secteurs public ou privé, doivent être formées aux méthodes appropriées de conservation et manipulation des vaccins contre la PPCB ainsi quà des techniques adéquates de vaccination. En outre, il faut fournir du matériel pour la contention des bovins lors de la vaccination. Les bovins qui ont été vaccinés devraient être identifiés comme tels. Il faut doter le pays dun système didentification efficace et permanent des animaux vaccinés. Lidentification devrait indiquer à quelle fréquence et de préférence également la date à laquelle les bovins ont été vaccinés. Un système de marquage ou dencoche à loreille peut être adapté à ces fins.
Cest souvent la phase la plus critique dune campagne déradication. Elle intervient lorsque la maladie clinique a apparemment disparu. Si des mesures erronées sont prises à ce stade et que des poches dinfection persistent, nombre des avantages acquis par la campagne déradication peuvent éventuellement être perdus.
A ce stade, il est possible que les gouvernements adoptent lune des deux décisions erronées à moins quils ne soient correctement conseillés.
La première est de décider que, la maladie clinique ayant diminué ou disparu et les pertes socioéconomiques terminées, les rares ressources financières et autres qui y ont été consacrées seraient mieux employées ailleurs. Si les activités de lutte contre la maladie cessent prématurément, omettant de linfection non détectée, la maladie se déclarera probablement dans dultérieurs foyers importants à mesure que les niveaux dimmunité chez les populations danimaux déclineront.
A lopposé, la seconde décision possible du gouvernement, est que les programmes de vaccination de routine devraient être maintenus indéfiniment par crainte des conséquences politiques en cas dexistence dun nouveau foyer au moment de la cessation de la vaccination. Un tel cas représenterait une charge économique permanente de par les coûts du contrôle.
Dans les deux cas, les exportations pouvant dériver dun statut international indemne de la maladie ne seront pas réalisables.
Lorsque la maladie clinique semble avoir disparu dune région dun pays ou de tout un pays, il est temps de faire le point sur la situation et de réaliser une estimation épidémiologique et économique approfondie des futures options.
Elle peut démontrer clairement quil est souhaitable de maintenir une vaccination stratégique dans les zones à haut risque sil existe toujours une très forte menace dune nouvelle introduction de la maladie, dun pays voisin par exemple. En même temps, il est très avantageux dans de nombreux cas de changer complètement de cap en interrompant simultanément tous les programmes de vaccination et en adoptant une politique de recherche-destruction de la maladie. Cela ne signifie pas forcément que les ressources consacrées à la lutte contre la maladie seront moindres à court terme. Elles seront plutôt détournées de la vaccination de routine pour sorienter davantage vers des activités concentrées sur la détection précoce et la réponse rapide. Une forte volonté de renforcer les activités de surveillance active de la maladie et de maintenir un haut niveau de préparation à lurgence en cas de maladie est nécessaire pour détecter et éliminer rapidement toute incursion de la maladie.
Il devrait alors être possible de poursuivre sur la voie qui mène à la déclaration de létat provisoirement indemne de la maladie jusquà létape finale du statut indemne de PPCB. Le niveau de surveillance de la maladie requis pour les étapes finales déradication et pour les déclarations auprès de lOIE figure à lAnnexe 3.
Si des cas sont détectés lors du stade final de la campagne déradication, la maladie devrait de préférence être éliminée par abattage systématique. Il est donc fondamental que la détection de la maladie soit précoce. Si ce nest pas le cas, on pourra envisager labattage de tous les animaux malades cliniquement et de ceux qui résultent positifs au test de la maladie, associé à une campagne de vaccination intensive pour les troupeaux de bovins environnants, avec une mise en quarantaine stricte et des contrôles des mouvements.