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Appendix 5. ESTIMATION DE LA BIOMASSE DE M. MERLUCCIUS ENTRE LE CAP SPARTER (36° N) ET LE CAP JUBY (28°N) D’APRES LES CAMPAGNES DU CHALUTIER SCIENTIFIQUE “EL IDRISSI”

par

J.C. Brêthes
Institut scientifique des pêches maritimes
Casablanca, Maroc

1. INTRODUCTION

Au cours du Projet PNUD/FAO/MOR 71531, des campagnes de chalutage exploratoire ont été effectuées par le C/R “EL IDRISSI”.

Le but original était de donner le plus grand nombre de coups de chalut entre le cap Spartel et le cap Juby afin:

- d’avoir une idée des richesses relatives en poisson démersal;
- de rechercher de nouvelles zones de pêches.
Par la suite sont venues se greffer a ce programme des simulations de pêche commerciale où le poisson capturé était destine à la vente.

Les engins utilises étaient variables:

- chalut de fond de type CRANTON
- chalut de fond de type ESPAGNOL
- chalut de fond de type CALYPSO
- chalut de fond a grande ouverture verticale de type HENGEL.
La durée de trait avait été standardisée à une heure mais ceci n’a pas toujours été réalisé dans les faits.

Pour permettre des comparaisons, les rendements ont été ramenés à une heure en supposant le remplissage de la poche proportionnel à la durée du trait, ce qui a certainement introduit un biais dans les estimations.

Le programme de prospection prévoyait des carrés statistiques d’égale surface: ce système n’a jamais été appliqué.

Plus simplement, le côte a été divisée en trois grandes zones:

- zone nord:

du cap Spartel au cap Blanc

- zone centrale:

du cap Blanc au cap Ghir

- zone sud:

du cap Ghir au cap Juby.


Au total, pour les années 1973 à 1976, 248 traits de chalut ont été effectués (dont 25 nuls pour cause d’incidents tels que croche, envasement ...).

- 130 pour la zone nord;
- 17 pour la zone centrale;
- 101 pour la zone sud.
Les rendements obtenus ont été corriges pour le merlu, pour se ramener au filet le plus pêchant (filet hengel de jour). Il s’agit donc de rendements “optimisés”. Le coefficient correcteur a été déterminé plus par l’expérience des différents engins que par des comparaisons systématiques; mais les résultats obtenus par cette méthode semblent cohérents.

Les positions des traits ont été portées sur des cartes et des sous-zones de rendements comparables ont été délimitées:

- rendement élevé:

plus de 50 pour cent des traits ont donné 100 kg/h et plus;


plus de 75 pour cent des traits ont donné 50 kg/h et plus;

- rendement moyen:

plus de 75 pour cent des traits ont donné 10 kg/h et plus;


plus de 75 pour cent des traits ont donné moins de 10 kg/h.


Les cartes de rendement présentées ne tiennent pas compte des zones chalutables, leur délimitation étant très imprécise: aussi il faudrait considérer l’ensemble des résultats présentés comme des indices d’abondance plus que comme des valeurs absolues, étant donné le grand nombre de biais non réductibles résultant de ce système de travail utilisé.

2. ESTIMATION DE LA BIOMASSE DE M. MERLUCCIUS

Le principe employé est classique: estimation de la surface balayée par un chalut (s) pour une aire de surface S.; connaissant la quantité x de poisson pêché par le chalut, la quantité totale estimée est: = x S/s = x.p.

Comme il y a eu plusieurs traits sur S (soient n traits) on obtient une moyenne d’abondance dans les traits . La biomasse estimée devient: = .p.

sa variance sera estimée, par la relation: Variance =

où s2 est la variance de x.

Cette méthode a dû être adaptée à nos chalutages, en effet:

- les traits n’ont pas été véritablement standardisés, c’est-à-dire que nous avons des durées variables, des heures différentes (variations jour/nuit), et quatre types de chalut.

- beaucoup de positions de traits ne sont pas aléatoires, ce qui a été notamment le cas dans les campagnes de simulation de pêche coommerciale (les plus nombreuses).

Pour tourner ces biais il a fallu introduire un certain nombre de facteurs de correction, et ce, de façon plus ou moins empirique, faute de données plus précises. De ce fait, il convient de considérer le résultat obtenu avec prudence.

Facteurs de correction

Durée des traits

Tous les traits ont été ramenés à une heure (biais sur ce procédé qui suppose un remplissage de la poche proportionnel à la durée du trait).

Correction entre engins

On a ramené les prises à celles qu’aurait effectué un chalut à grande ouverture de type “ENGEL” (notre engin le plus “pêchant”) ayant travaille de jour.

Les facteurs de correction présentés dans le tableau ci-dessous ont été établis à partir de quelques observations et, surtout, à partir de données plutôt subjectives.

Filet

Multiplicateur

jour/nuit

engin

ENGEL

1,25

1,00

CALYPSO

1,50

1,25

ESPAGNOL

2,00

1,50

GRANTON




Réaction du poisson

Elles sont de deux types: évitement et échappement.

L’échappement est fonction de la sélectivité de l’engin. Une seule étude de sélectivité a été effectuée au Maroc (Belvèze 1975) et avec un engin non utilisé dans ces campagnes, Néanmoins, considérant que le maillage de la poche était le même (45 mm), on peut définir approximativement un facteur d’échappement; ce facteur a été estimé par tranches de profondeur en considérant les répartitions de taille. L’évitement est une réaction du poisson à l’approche du filet. Il est déjà en partie corrigé par le facteur “engin” et le facteur jour/nuit. Néanmoins une partie du poisson peut ne pas être prise et ce, en fonction de sa taille (le poisson plus gros est en général considéré comme plus vif) et de la vitesse de trait. Ici le facteur choisi est extrêmement arbitraire.

Facteur de correction selon la réaction du poisson:

- échappement:

25 pour cent pour les profondeurs inférieures à 150 m;


15 pour cent pour les profondeurs entre 150 et 200 m;


0 pour cent pour les profondeurs supérieures à 300 m.

- évitement:

5 pour cent pour les profondeurs inférieures à 300 m;


15 pour cent au-delà.


(étant donné l’extrême imprécision de ces facteurs, les estimations de la biomasse seront effectuées une fois en tenant compte de ces facteurs et une deuxième fois sans en tenir compte).

Surface balayée par l’engin

Il a été considéré que le chalut attrape les poissons qui passent entre les deux pointes d’ailes, sans tenir compte donc de l’effet rabatteur de l’ensemble bras-entremise qu’il est impossible d’estimer avec les données disponibles. La distance entre les pointes d’aile d’un chalut de type ENGEL a été estimée à 15 mètres; la vitesse de trait était de 3,5 mille/heure; la surface balayée est donc sensiblement égale à 0,03 mille2.

Les zones et sous-zones

Pour chaque zone de la cote marocaine (zone Spartel-Blanc, zone Blanc-Ghir, zone Ghir-Juby), les traits de chalut ont été portés sur des cartes.

Des régions où les rendements semblaient comparables ont été délimitées à main levée, et l’on supposera que la position des traits était aléatoire dans ces régions (voir cartes 1 et 2).

RESULTATS

1. Sans tenir compte de l’évitement et de l’échappement

N.B. Les aires indiquées sont celles portées sur les cartes

Zone nord (cap Spartel - cap Blanc)

Aire

Surface (milles2)

Rendement moyen (kg/h)

Ecart-type rendement

Biomasse (tonnes)

Ecart-type biomasse

n

A

493,5

104

69,5

1 711

178,3

41

B

1 429,9

30

21,41

1 430

255,1

16

C

1 060,2

28

17,62

989

160,8

15

C’

1 318,0

33

25,39

1 450

298,0

14

D

843,9

4,6

2,62

141

26,0

8

D’

773,5

6,3

2,52

129

37,5

3

E

2 043,8

3,7

3,16

239

68,2

10

Biomasse totale pour la zone nord: 6100 tonnes

(écart-type = 467,4 tonnes)

Zone centrale (cap Blanc - cap Ghir)

Peu de traits ont été effectués dans cette zone. En outre, la position des stations est ici sensiblement aléatoire. On considérera donc la zone complète, entre 0 et 500 m.

Surface = 3720,6 milles2
Rendement moyen = 25 kg/h (écart-type = 25,40 kg/h)
Nombre de traits = 12
Biomasse = 3100 tonnes (écart-type = 909 tonnes)
Zone sud (cap Ghir - cap Juby)

Aire

Surface (milles2)

Rendement moyen (kg/h)

Ecart-type rendement

Biomasse (tonnes)

Ecart-type biomasse

n

A

997,0

21,0

30,42

699

210,77

23

B

1 311,6

14,2

10,52

620,8

145,4

10

B’

1 152

39,2

32,90

1 505

306,36

17

C

5 424

2,2

3,18

405

125,33

21

D

214

12,60

13,20

90

33,27

8

Biomasse totale pour la zone sud = 3320 tonnes

(écart-type = 419,80 tonnes)

Biomasse totale toutes zones = 12520 tonnes

(écart-type = 1104,9)

2. En tenant compte de l’évitement et de l’échappement

Zone nord

Aire

Evit. %

Echap. %

Total %

Rendement moyen corrige

Ecart-type rendement

Biomasse corrigée (tonnes)

Ecart-type biomasse

A

5

20

25

130

86,97

2139

223,14

B

5

25

30

40

27,84

1907

331,67

C

5

20

25

35

22,48

1225

205,11

C’

5

20

25

41

31,73

1812

372,64

D

0

25

25

5,8

3,27

163

32,51

D’

5

20

25

7,9

3,15

204

46,8

E

15

0

15

4,6

3,64

248

78,38


Biomasse corrigée totale = 7700 tonnes

(écart-type = 591,6 tonnes)

Zone centrale

Correction évitement = 15 pour cent
Correction échappement = 5 pour cent

)
)

Correction générale = 20 pour cent


Rendement moyen corrigé = 30,00 kg/h (écart-type = 30,47 kg)
Biomasse corrigée = 3721 tonnes (écart-type = 1090,96 tonnes)

Zone sud

Aire

Evit. %

Echap. %

Total %

Rendement moyen corrige

Ecart-type rendement

Biomasse corrigée (tonnes)

Ecart-type biomasse

A

5

25

30

27,4

39,55

911

273,98

B

10

15

25

17,75

13,15

776

181,74

B’

10

15

25

48,97

41,13

1880

382,95

C

5

25

30

2,91

4,13

526

162,92

D

0

30

30

16,41

17,16

117

43,24


Biomasse zone sud = 4207 tonnes

(écart-type 532,13 tonnes)

Biomasse corrigée totale = 15,628 tonnes

(écart-type = 1 132 tonnes)

Figure 1: RENDEMENTS MOYENS EN M. MERLUCCIUS, PAR SOUS-ZONE HOMOGENE (ZONE NORD-MAROC)

Zone cap Spartel - cap Blanc du Nord (El Jadida)

profondeur
m

0-49

50-99

100-149

150-199

200-299

300-399

400-499

500-599

600 +

Rendement moyen

19,0

31,4

23,8

86,7

72,9

64,3

60,2

32,6

9,4

s

19,85

30,22

18,39

57,18

51,46

63,93

98,50

29,58

17,03

n

5

18

9

15

27

13

17

9

14

Rendement moyen de la zone =50,6 kg/h (s= 58,50 kg)
Figure 2: RENDEMENTS EN MERLU (M. MERLUCCIUS) ZONE CAP GHIR - CAP JUBY
Rendement en M. merluccius, par profondeur (en kg/h)
Zone cap Ghir - cap Juby

profondeur
m

0-49

50-99

100-149

150-199

200-299

300-399

400-499

500-599

600 +

rendement moyen

13,3

13,3

8,2

16,7

6,30

14,20

25,5

15,5

38,7

écart-type (s)

21,66

33,29

7.37

20,82

6,13

15,90

29,44

15,77

37,00

n

12

15

16

7

4

5

11

6

10

Rendement moyen de la zone = 17,0 kg/h (s = 25,45 kg).


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