FRANK H. KAUFERT
FRANK H. KAUFERT est Directeur de l'Ecole forestière de l'Université de Minnesota, St. Paul, Minnesota, Etats-Unis. Ce document a été présenté à la deuxième session du Comité consultatif de l'enseignement forestier de la FAO.
Influence des nouveaux développements scientifiques
LE DÉVELOPPEMENT rapide et à l'échelle mondiale de la science et de la technologie a donné lieu à des changements et à des progrès considérables dans presque tous les domaines de l'effort humain. On admet généralement que ces changements et ces progrès sont en grande partie le résultat d'un certain type de recherche ou d'étude.
Cependant la recherche elle-même - qu'il s'agisse de la recherche pure ou de la recherche appliquée ou en vue du développement est fondée sur la formation universitaire. Nous devons donc envisager une véritable relation réciproque de cause à effet lorsque nous abordons le problème des répercussions des plus récents progrès scientifiques sur la formation universitaire et la recherche dans le domaine forestier. Cette étroite corrélation entre la formation universitaire, la recherche et le progrès scientifique est tellement évidente qu'elle n'a plus besoin d'être soulignée. Le progrès scientifique est dans une très large mesure le résultat d'un effort de recherche. D'autre part la qualification requise par la recherche et les résultats de celle-ci sont dans une mesure tout aussi large les produits de la formation universitaire.
Il apparut évident à l'auteur du présent document - dès le début de la préparation de celui-ci - qu'un examen approfondi et définitif de cette question aurait pu fournir une excellente occasion à l'intérêt d'un certain nombre d'éminentes personnalités dans chaque secteur du domaine forestier. Des difficultés de langage et l'insuffisante accessibilité des références posent de sérieux obstacles. On a relativement peu traité cette question ou les problèmes connexes et les comptes rendus sur les situations existantes et sur les progrès réalisés sont largement insuffisants, même dans les pays où la formation universitaire et la recherche dans le domaine forestier représentent des efforts considérables. Auger (2), Shirley (10) et Speer (11) ont abordé la question des répercussions des développements dans la recherche sur les activités forestières mondiales, mais leur champ d'observation n'en demeure pas moins limité.
En tenant compte de la situation générale, nous avons largement basé le présent document sur des situations particulières, sur des expériences et des exemples illustrant l'influence des développements scientifiques sur la formation universitaire et la recherche dans le domaine forestier aux Etats-Unis. Nous reconnaissons qu'un grand nombre de pays européens et asiatiques possèdent une expérience beaucoup plus longue en ce qui concerne la formation universitaire et la recherche dans le domaine forestier et avaient envisagé bien avant les Américains l'étroite corrélation entre le progrès scientifique et les efforts de recherche et de formation. Cependant c'est à la FAO OU à l'Union internationale des instituts de recherches forestières (IUFRO) qu'incombe la tâche de promouvoir ou d'entreprendre l'étude et la synthèse à l'échelle mondiale de cette matière dont le besoin se fait particulièrement sentir à l'heure actuelle.
Avant d'aborder la discussion de quelques-uns parmi les développements scientifiques généraux ou spécifiques influençant la formation universitaire et la recherche dans le domaine forestier, il serait opportun de donner un bref aperçu des questions d'arrière-plan et de fond nécessaires à l'inclusion de cette étude dans le présent programme. Il nous faut également souligner les raisons pour lesquelles ce sujet mérite d'être abordé d'une manière beaucoup plus approfondie que ne pourrait le faire une seule personne dans un document comme celui-ci.
TYPES DE RECHERCHE
Dans toute recherche nous distinguons plusieurs types d'effort: recherche en vue du développement ou appliquée; recherche pure ou fondamentale. Il n'existe cependant pas de distinctions bien nettes ou de frontières de séparation entre ces types de recherche, qui d'ailleurs ne s'excluent pas réciproquement. Ces deux types de recherche sont également essentiels pour le progrès de l'effort de recherche en général. Par recherche pure on entend généralement celle qui fournit la « matière première » ou les bases à la recherche ultérieure, à savoir la recherche en vue du développement ou celle tendant à la solution de problèmes immédiats. Il n'en est pas moins vrai qu'une grande partie des applications immédiates possibles peut être le résultat - ou l'est effectivement de l'activité de recherche pure. L'inverse vaut également pour la recherche appliquée, en vue du développement, ou tendant à la solution de problèmes spécifiques. Ce dernier type de recherche peut conduire et conduit effectivement à la formulation de principes fondamentaux, bien que généralement ce ne soit pas là son objectif immédiat.
En général, la recherche pure se développe à partir de la recherche appliquée ou de la recherche en vue du développement. Normalement, c'est à la recherche tendant à la solution de problèmes immédiats que l'on donne la priorité dans les pays en voie de développement et dans ceux qui doivent affronter de nouveaux problèmes. Cependant, au fur et à mesure que l'applicabilité se précise, :la nécessité devient évidente d'entreprendre une recherche pure ou de base si l'on veut fournir les matériaux techniques indispensables à tous progrès ultérieurs dans le domaine pratique. Aussi la séparation entre la recherche pure ou de base, d'une part, et la recherche appliquée ou en vue du développement, de l'autre, est elle difficile à tracer. Par conséquent nous ne les traiterons pas séparément au cours de la présente discussion.
DIFFÉRENTS TYPES DE FORMATION UNIVERSITAIRE
Il devient de plus en plus évident que la formation universitaire dans le domaine forestier, comme dans tous les autres, subit une évolution analogue à celle de la recherche. AU début, l'objectif à atteindre est la préparation à la solution de problèmes déterminés. La nécessité de résoudre les problèmes innombrables et complexes qui s'opposent au progrès dans tous les domaines a atteint son point critique dans tous les pays, y compris ceux qui bénéficient des technologies les plus avancées et des ressources les mieux exploitées. Cependant la formation universitaire tendant à la solution de ces problèmes a pris une importance considérable dans les pays en voie de développement du monde entier et il est probable qu'elle restera très importante au cours des prochaines années. Dans ces pays, les ressources financières disponibles pour la formation universitaire peuvent être investies très avantageusement partout où les besoins immédiats sont les plus importants. Heureusement, à quelques exceptions près, c'est ce critère qui a été adopté par la plupart des pays en voie de développement qui financent la formation universitaire de leurs représentants aussi bien dans le domaine forestier que dans les autres domaines de l'exploitation des ressources naturelles.
La formation universitaire considérée comme correspondant ou équivalant à celle de la recherche pure ou de base peut également être donnée dans l'institution - voire, dans certains cas, par le même professeur - spécialisés dans la recherche appliquée. Ce type de formation universitaire comporte un enseignement et une connaissance plus approfondis des matières fondamentales, à savoir mathématiques, physique, chimie, biologie, etc. Il exige également la capacité d'appliquer au domaine forestier les résultats des progrès obtenus dans d'autres domaines. Ceux qui possèdent la préparation et l'intérêt nécessaires et souhaitables susceptibles de les conduire à la formation universitaire aboutissant à la recherche pure ou de base chercheront et recevront sans doute la plus grande partie de leur formation universitaire dans le secteur des matières fondamentales et dans une moindre mesure dans celui des enseignements spécialisés (agriculture, forêts, génie forestier, etc.).
De même qu'il ne faut pas considérer la recherche de base et la recherche appliquée comme s'excluant réciproquement, on ne saurait non plus considérer de la sorte les deux types de formation universitaire correspondants. Ceux qui reçoivent la formation à la recherche appliquée, c'est-à-dire à la solution de problèmes spécifiques, devraient connaître les instruments et les techniques qui seront mis à leur disposition et comment les utiliser le plus avantageusement. Il est moins important pour eux qu'ils connaissent le processus de mise au point de ces instruments et de ces techniques, mais ils doivent savoir comment et quand ils devront les utiliser efficacement. Ils pourront donc recevoir la plus grande part de leur formation dans des écoles agricoles, forestières et d'ingénieurs.
AMPLEUR DE L'EFFORT DE RECHERCHE FORESTIÈRE
Les renseignements disponibles sur l'effort mondial de recherche entrepris dans le domaine forestier et dans les secteurs connexes sont relativement peu nombreux. Aux Etats-Unis, des comptes rendus périodiques sont publiés sur les dépenses ou les investissements dans le domaine forestier et dans les secteurs de recherche connexes (7, 9, 13). Ces renseignements, de même que les estimations de l'auteur quant aux dépenses ou investissements effectués en 1965, sont résumés ci-dessous.
TABLEAU 1. - INVESTISSEMENTS APPROXIMATIFS DANS LA RECHERCHE FORESTIÈRE ET LES SECTEURS CONNEXES AUX ETATS-UNIS
Groupe ou service |
Investissements |
|||
1953 |
1960 |
1962 |
1965 |
|
En milliers de dollars U.S. |
||||
Industries des produits forestiers |
28 100 |
62 026 |
68 000 |
75 000 |
Services fédéraux¹ |
9 700 |
17 247 |
23 400 |
35 000 |
Ecoles supérieures ou universités |
4 400 |
6 521 |
8 000 |
12 000 |
Autres |
3 200 |
2 105 |
2 300 |
3 000 |
|
45 400 |
87 899 |
101 700 |
125 000 |
¹ En particulier, U.S. Forest Service.
Cet aperçu fait ressortir que l'effort de recherche forestière aux Etats-Unis a connu un développement considérable au cours de ces derniers dix ans. Cependant, si on le compare à l'effort entrepris dans des domaines tels que l'agriculture, la chimie, la métallurgie et l'électronique, les investissements destinés à la recherche forestière apparaissent très limités.
Aux Etats-Unis, les investissements pour la recherche sont habituellement exprimés en termes de valeur du produit. En 1965, la valeur brute des produits forestiers se rapprochait de 30 milliards de dollars, ce qui signifie que les investissements dans la recherche forestière représentaient environ de 0,4 à 1 pour cent de cette valeur. Au cours de la même année, les investissements totaux dans tous les domaines de la recherche effectués par tous les services se montaient à environ 20 milliards de dollars, soit à peu près 3 pour cent du produit national brut, qui était de 670 milliards de dollars. La recherche spatiale, la recherche dans le cadre de la défense nationale et la recherche industrielle dans tous les secteurs représentaient la plus grande part de ces investissements. Certaines industries, telles que l'industrie chimique et l'industrie métallurgique, avaient investi de 3 à 5 pour cent de la valeur du produit dans la recherche et les applications.
Les investissements pour la recherche forestière apparaissent encore plus insuffisants si l'on considère tous les bénéfices, non mesurables, mais très importants, que l'on tire des sols forestiers (eau, faune sauvage, loisirs et lutte contre l'érosion), sans compter les produits du bois.
Les investissements américains dans la recherche forestière et secteurs connexes, tels qu'ils apparaissent au tableau 1, perdent de l'importance si on les considère dans le cadre général des nombreux projets de recherche actuellement à l'étude. W. H. Commings, du Cooperative State Research Service (U.S. Department of Agriculture), a récemment résumé d'une façon à la fois intéressante et utile, les projets forestiers et connexes établis en 1964 par le personnel des services gouvernementaux, notamment par les fonctionnaires de l'U.S. Forest Service, les écoles forestières et les stations expérimentales agricoles des différents Etats. Cet aperçu figure au tableau 2.
Les projets de recherche indiqués au tableau 2 sont financés avec les investissements de recherche effectués par les services gouvernementaux indiqués au tableau 1. Il est aisé de constater qu'une petite partie seulement de la recherche est financée dans la mesure considérée actuellement comme souhaitable et nécessaire dans la plupart des domaines de la recherche.
Le nombre et la variété des projets de recherche établis par les industries des produits forestiers et qui ont reçu près des deux tiers du total des investissements destinés à la recherche dans ce domaine (tableau 1) ne peuvent être évalués par approximation à partir des renseignements disponibles. Si les données relatives aux investissements pour la recherche peuvent indiquer une dépense plus importante par projet, on peut se demander si une comparaison avec des projets analogues de recherche appliquée dans d'autres domaines serait aussi favorable au secteur industriel.
On a dûment apprécié le fait d'avoir inclus dans ces tableaux des projets de recherche de toutes sortes et qualités, depuis l'activité individuelle partielle jusqu'à la recherche d'équipe de vaste envergure. Quoiqu'il en soit, ces données offrent un aperçu de la recherche entreprise et de l'effort financier qu'elle a nécessité
Quelques renseignements sur la formation universitaire forestière synthétisant sa disponibilité dans le' différents pays et selon les différentes institutions, ont paru dans le World directory of forestry schools, publié en 1960 par la Society of American Foresters avec la collaboration de la FAO. Cependant des données sur le nombre d'étudiants qui suivent ou ont suivi les cours dans les écoles forestières du monde entier son actuellement aussi introuvables que les données analogues sur la recherche. En donnant les renseignement du tableau .3 sur l'ampleur et l'évolution de la formation universitaire forestière aux Etats-Unis, on doit rappeler qu'il ne s'agit que d'un secteur seulement de la situation mondiale dans ce domaine. Dans les pays européens et au Japon, la formation universitaire préparant à la recherche forestière a des origines beaucoup plus anciennes et, si elle était synthétisée d'une manière analogue, minimiserait l'effort des Etats-Unis.
TABLEAU 2. - PROJETS DE RECHERCHE FORESTIÈRE COMMUNIQUÉS A L'U.S. DEPARTMENT OF AGRICULTURE ET VENTILÉS PAR PROGRAMME
|
McIntire Stennis¹ |
Hatch¹ |
Non fédéraux¹ |
Agricultural Research Service² |
Forest Service² |
P.L. 480³ | |
BIOLOGIE FORESTIÈRE |
|
|
|
|
|
| |
|
Sol, engrais |
11 |
10 |
19 |
- |
3 |
4 |
|
Physiologie |
17 |
13 |
16 |
- |
3 |
24 |
|
Biologie, météorologie |
7 |
6 |
11 |
- |
1 |
3 |
GÉNÉTIQUE FORESTIÈRE |
|
|
|
|
|
| |
|
Sélection, variation |
11 |
21 |
11 |
- |
- |
2 |
|
Elevage, héritabilité |
6 |
8 |
10 |
- |
7 |
6 |
SYLVICULTURE |
|
|
|
- |
|
| |
|
Pratique selon le type, régénération |
3 |
20 |
33 |
- |
51 |
1 |
|
Soins culturaux, éclaircies |
1 |
10 |
25 |
2 |
1 |
- |
|
Spécialité |
4 |
11 |
7 |
15 |
1 |
2 |
|
Dendrologie, plantation spéciale |
4 |
7 |
14 |
3 |
3 |
6 |
PROTECTION DES FORÊTS |
|
|
|
|
|
| |
|
Incendie |
- |
- |
1 |
- |
27 |
1 |
|
Pathologie |
12 |
23 |
31 |
4 |
30 |
13 |
|
Entomologie |
12 |
24 |
24 |
3 |
32 |
17 |
AMÉNAGEMENT DES FORÊTS |
|
|
|
|
|
| |
|
Accroissement du bois |
3 |
14 |
17 |
- |
1 |
- |
|
Dendrométrie |
9 |
7 |
9 |
- |
9 |
- |
|
Site |
5 |
10 |
4 |
- |
- |
- |
|
Prospection aérienne |
3 |
1 |
4 |
1 |
11 |
2 |
|
Tourisme et loisirs |
12 |
3 |
3 |
- |
11 |
|
|
Faune sauvage |
6 |
8 |
18 |
- |
10 |
- |
|
Parcours |
5 |
1 |
4 |
4 |
17 |
- |
|
Bassins versants |
5 |
4 |
4 |
1 |
36 |
- |
|
Usages multiples |
7 |
2 |
9 |
5 |
8 |
- |
UTILISATION DES FORÊTS |
|
|
|
|
|
| |
|
Débardage, génie forestier, classement |
1 |
1 |
1 |
- |
10 |
- |
|
Bois, propriétés |
24 |
2 |
13 |
1 |
17 |
1 |
|
Industrie, projet, utilisation |
7 |
12 |
5 |
3 |
22 |
1 |
|
Conservation, séchage |
2 |
8 |
15 |
- |
6 |
3 |
|
Pâte, produits divers |
4 |
2 |
3 |
1 |
6 |
1 |
ECONOMIE FORESTIÈRE |
|
|
|
|
|
| |
|
Critères |
9 |
- |
12 |
4 |
13 |
1 |
|
Commercialisation des produits forestiers |
5 |
34 |
4 |
- |
11 |
- |
|
Total |
195 |
262 |
327 |
47 |
347 |
88 |
¹ Recherche effectuée par les écoles forestières et les stations agricoles expérimentales.
² Recherche effectuée par l'Agricultural Research and Forest Service (U.S. Department of Agriculture). ³ Recherche effectuée par les experts forestiers de différents pays grâce aux fonds P. L. 480.
TABLEAU 3. - AMPLEUR ET ÉVOLUTION DE LA FORMATION UNIVERSITAIRE FORESTIÈRE AUX ETATS-UNIS
DipIômes |
Nombre d'étudiants inscrits |
Nombre de diplômes | ||||
|
1952 |
1958 |
1964 |
1952 |
1958 |
1964 |
Master's degree |
281 |
537 |
988 |
226 |
224 |
347 |
Ph. D. ou doctorat |
130 |
207 |
443 |
25 |
42 |
86 |
SOURCE: Gordon D. Marckworth. Statistics from School Of Forestry for 1964. Journal of Forestry 63 (3): 189-195, 1965.
Le tableau 3 met en évidence l'essor considérable de la formation universitaire forestière aux Etats-Unis, aussi bien en nombre d'étudiants qu'en diplômes décernés. Cependant tout porte à croire qu'un développement comparable à celui qui a caractérisé les derniers douze ans demeurera insuffisant. Le United States Forest Service a estimé - en ce qui concerne son effort de recherche en expansion rapide - que si l'on veut atteindre les objectifs du programme décennal National Forestry Research Program, on devra augmenter considérablement le personnel travaillant à la recherche, en doublant presque le nombre des personnes employées en l964. Le Forest Service a dressé un tableau - réparti par spécialités - quant au nombre d'experts forestiers qu'il faudra recruter si l'on veut confier la réalisation du programme d'expansion à un personnel de recherche compétent (tableau 4).
TABLEAU 4. - NOMBRE D'EXPERTS EN RECHERCHE FORESTIÈRE A RECRUTER AVANT 1972
|
Nombre d'experts |
Produits forestiers et leur utilisation |
239 |
Recherche en dehors des facultés |
157 |
Economie |
68 |
Incendies |
66 |
Maladies |
62 |
Insectes |
58 |
Génie forestier |
57 |
Faune sauvage |
55 |
Bassins versants |
55 |
Loisirs et tourisme |
51 |
Parcours |
39 |
Génétique |
32 |
Sylviculture |
20 |
Bois d'uvre, coupes connexes |
19 |
Commercialisation des produits forestiers |
14 |
Dendrométrie |
9 |
Augmentation totale |
1001 |
Prospection forestière (en moins) . |
8 |
Augmentation nette requise |
993 |
A ce total il faut ajouter un nombre considérable d'experts forestiers requis par les institutions de formation professionnelle et les industries de produits forestiers ainsi que les experts forestiers passés à d'autres secteurs professionnels. Bien que l'on puisse mettre en doute certaines hypothèses et certains critères qui ont servi de base à ces estimations, celles-ci pourraient s'avérer trop optimistes dans l'avenir. On a estimé qu'il faudra au moins tripler la cadence à laquelle sont formés les experts de la recherche (tableau 3), si l'on veut être à même de satisfaire aux nécessités qui pourraient se présenter prématurément.
Des situations analogues, voire plus critiques, existent dans la plupart des pays développés. Dans ceux en voie de développement, les besoins sont peut-être plus grands proportionnellement, sinon d'une manière absolue.
La recherche forestière n'a pas connu les progrès scientifiques qui ont caractérisé la chimie et la physique. Les énormes investissements pour la recherche effectués dans des domaines tels que la chimie, la physique, l'électronique, l'espace, etc., ont eu pour résultat une véritable profusion de progrès scientifiques. Ces progrès ont à leur tour influencé la formation universitaire dans ces secteurs dans une mesure beaucoup plus considérable qu'ils ne l'ont fait dans le secteur forestier.
Le rythme auquel se manifestent les nouveaux progrès scientifiques dans de nombreux secteurs et les effets de ces progrès sur la formation universitaire du personnel de recherche ont été mis en lumière d'une manière précise et en connaissance de cause par Aldrich:
« Pour employer un terme approprié à notre époque nucléaire, on a estimé que la « demi-vie » d'une nouvelle technologie s'est désormais réduite à cinq ans. Cinq ans après l'application des principes fondamentaux au domaine pratique, elle s'achemine déjà vers la désuétude. La portée de cette réduction de la « demi-vie » de la connaissance scientifique est évidente pour tous ceux qui s'occupent de la formation et de la recherche. Ils sont entraînés dans une véritable course à la découverte de nouvelles connaissances et à la sélection de celles qui les intéressent à partir d'une masse de résultats de recherches d'une ampleur mondiale. Leur adversaire dans cette course est le risque d'enseigner des connaissances périmées ou d'établir un programme de recherche sur des bases surannées et croulantes. »
Les récents progrès scientifiques produits par la recherche forestière ou connexe sont importants, même si leur quantité reste inférieure à celle des résultats obtenus dans d'autres secteurs. Quelques-uns de ces progrès forestiers sont le résultat de l'application ou de la modification de progrès réalisés dans d'autres domaines; d'autres proviennent directement de la recherche forestière. Certains de ces progrès forestiers sont de nature telle qu'ils peuvent largement intéresser et conditionner tous les aspects de la formation universitaire et de la recherche forestières. D'autres intéressent spécifiquement certains secteurs.
Comme nous l'avons déjà fait remarquer, il nous serait impossible même d'essayer de citer et de décrire, dans un document comme celui-ci, tous les nouveaux progrès scientifiques réalisés dans le domaine forestier et les secteurs connexes qui, d'une manière ou d'une autre, influencent la formation universitaire et la recherche forestières. Nous nous bornerons par conséquent à présenter un choix des plus importants parmi les récents progrès. De même, à quelques exceptions près, aucune attribution ne sera faite aux auteurs et aux pays. L'attribution du mérite d'importants progrès scientifiques est une matière réservée aux spécialistes et devra par conséquent être laissée à quelque institution ou comité international qui prendrait l'initiative de dresser un tableau plus détaillé et définitif.
PROGRÈS INFLUENÇANT TOUS LES SECTEURS
Ces nouveaux progrès scientifiques ont été pour la plupart le résultat d'un vaste et intense effort de recherche dans d'autres domaines. Quelques-uns de ces développements ont été ou sont adoptés en vue de leur application aux recherches forestières et connexes.
Systèmes de documentation par ordinateur
Une amélioration du système de documentation est essentielle au développement de la formation universitaire de la recherche forestières. La documentation forestière n'est pas aussi massive que celle des autres domaines scientifiques. Cependant, au fur et à mesure que la recherche forestière s'intensifie et que les pays en voie de développement apportent leur contribution, de meilleurs systèmes de documentation par ordinateur sont nécessaires. On souhaite que de tels systèmes améliorés puissent s'appliquer à une échelle mondiale et qu'ils soient accessibles à tous les pays sans exception.
Il est heureux que des secteurs tels que la médecine, la chimie et d'autres, dont l'effort de recherche et de documentation a été beaucoup plus important que celui entrepris dans le secteur forestier, aient réalisé des progrès dans la mise au point des systèmes de documentation par ordinateur. Un exemple dans ce sens vient d'être décrit par le Dr Arnold Lazarow, doyen de l'école d'anatomie de l'Université de Minnesota, une autorité en matière de diabète:
« L'une des plus sérieuses difficultés qui entravent la recherche est la localisation des articles et le prélèvement des données utiles qu'ils contiennent. Il s'agit d'un travail qui peut prendre des mois, voire des années, dans les conditions actuelles. En utilisant le système de documentation par ordinateur, quelques heures probablement suffiront pour localiser les articles et le travail serait surtout effectué par l'opérateur, plutôt que par le chercheur. Le système de documentation par ordinateur, tel qu'il a été conçu pour les recherches sur le diabète, travaillerait à trois niveaux de complexité. Le premier niveau, qui est déjà opérationnel, comporte un classement général de tous les articles intéressant les différents groupes de spécialités. Le second niveau de documentation ajoute au premier un élément d'analyse critique. On prépare une analyse du contenu de chaque article, y compris des détails tels que le type de données, ce qui aidera le chercheur à juger de l'importance de l'article. Le troisième niveau du système de documentation par ordinateur est conçu en vue de satisfaire aux besoins spécifiques de chaque chercheur ou de chaque équipe réduite de recherche. Ce niveau ajoute des détails supplémentaires. Le texte tout entier de l'article est alors inséré dans le calculateur. Cela permettra au chercheur de repérer les articles relatifs à une question donnée. C'est ce niveau qui est essentiel, mais sa mise au point vient à peine de commencer. »
On pourrait ajouter que dans le monde scientifique « unifié,> d'aujourd'hui, où les résultats et les bénéfices de la recherche devraient pouvoir s'étendre à tous les pays, la documentation par ordinateur devrait affronter l'obstacle créé par les différences de langage et trouver les moyens de mettre à la disposition des savants de tous les pays les résultats de la recherche et du développement. Les progrès vers cet objectif sont encore dans leur enfance, mais une activité intense dans cette direction est déjà déployée par les principales bibliothèques forestières. Il s'agit là sans aucun doute d'un secteur du progrès forestier auquel des groupes forestiers internationaux pourraient apporter une contribution précieuse et dans lequel des résultats tangibles pourraient avoir un effet très stimulant sur le développement et l'amélioration de la formation universitaire et de la recherche forestières.
Analyse des systèmes
Toute une famille de sciences systématiques a été mise au point. La théorie générale des systèmes s'efforce de fournir une perspective globale, mais le but à atteindre pose d'innombrables problèmes et le secteur reste encore très indéterminé. Les branches principales de celui-ci sont les suivantes: la cybernétique, ou science du contrôle et de la communication dans les systèmes organisés; la théorie de l'information, considérant l'information comme une quantité mesurable; la recherche opérationnelle; la programmation linéaire et dynamique; la théorie décisionnelle; la théorie des jeux et d'autres. Un événement particulièrement significatif et intéressant a été la récente application par Galoux (5) de la cybernétique en vue d'obtenir une meilleure connaissance des écosystèmes forestiers.
On peut affirmer que si la statistique s'occupe de la complexité non organisée, l'analyse des systèmes porte sur la complexité organisée. Plusieurs branches des mathématiques entrent en jeu et l'on constate une tendance vers le développement de certains types de mathématiques en mesure d'affronter des situations particulières, tels que le calcul biologique. Un grand nombre de techniques de calcul ont été appliquées et adaptées à l'analyse des systèmes. C'est peut-être dans les secteurs de l'aménagement et de l'économie forestiers qu'a été réalisé le développement le plus rapide dans l'application de l'analyse des systèmes, à l'aide d'une documentation générale largement empruntée aux sciences générales de l'économie et de l'exploitation. Bien que le développement de l'analyse des systèmes n'ait pas progressé dans le secteur forestier aussi rapidement que dans les autres secteurs, il reste très prometteur pour l'avenir.
Construction et utilisation des modèles
La construction des modèles est devenue un instrument précieux de la recherche. Rosenblueth et Wiener (8) ont souligné comme suit l'importance des modèles pour la science:
« Aucune partie substantielle de l'univers ne saurait être comprise sans l'abstraction. L'abstraction consiste à remplacer la partie de l'univers considérée par un modèle d'une structure analogue mais simplifiée. »
Bakuzis et Brown (3) soulignent l'importance et le rôle des modèles dans la recherche forestière:
«Les modèles font partie du langage symbolique de la science et ont pour but de saisir les relations basées sur des règles spécifiques de transformation. Les critères de comparaison de l'efficacité des modèles sont l'applicabilité, la prédiction exacte et la simplicité. Lorsque les prédictions ne peuvent être vérifiées, on change de modèle. Les experts forestiers ont mis au point un certain nombre d'importants modèles, tels que ceux pour les forêts normales, les tables de rendement, les systèmes d'aménagement en sylviculture, l'analyse de la tige et bien d'autres. Ils ont également emprunté un grand nombre de modèles à d'autres branches de la science. »
L'un des emplois les plus efficaces du système des modèles en vue d'exposer et d'expliquer des corrélations complexes a été réalisé en écologie forestière. Des modèles d'écosystèmes basés sur les coordonnées triangulaires ont été largement développés par d'éminents spécialistes d'écologie de plusieurs pays.
Il est certain que la construction et l'utilisation des modèles sont appelées à jouer un rôle de plus en plus important dans la recherche forestière, au fur et à mesure que les problèmes à affronter deviennent plus complexes et que l'on s'efforce de déterminer les effets des variables multiples. Cet emploi et cette adaptation à la recherche forestière exigeront une considération plus attentive de cet instrument dans la formation universitaire forestière.
Exploitation des données
Tous les secteurs de la science et de la formation ont ressenti le contrecoup du développement de l'exploitation et de l'analyse des données. La disponibilité de calculateurs électroniques plus grands, plus rapides et plus complexes a permis de réduire considérablement le travail ingrat requis par le calcul et la synthèse des données. Grâce aux calculateurs électroniques on peut résoudre des problèmes beaucoup plus complexes, notamment un grand nombre de variables, sans être débordé par la masse des données.
Les calculateurs électroniques ont également permis de mettre en évidence - dans la recherche et la formation à la recherche - l'importance d'une parfaite planification du rassemblement et de l'analyse des données. Cependant l'efficacité de ces instruments électroniques reste fonction de la capacité des chercheurs de les utiliser.
Avec le développement de l'exploitation électronique des données, les techniques de simulation déjà utilisées dans le secteur commercial jouent un rôle de plus en plus important dans le domaine forestier. Elles sont utilisées pour étudier la valeur des différentes unités d'échantillonnage et des techniques d'exploitation.
Jeffers (6) a souligné l'importance des calculateurs numériques électroniques dans le domaine forestier. Il a également rappelé que la connaissance et l'emploi de ces calculateurs et d'autres formes d'exploitation des données sont aussi critiques, sinon plus critiques et plus importants, dans les pays en voie de développement; que dans ceux caractérisés par une économie en plein développement. Jeffers met également l'accent sur l'opportunité de créer et de développer une bibliothèque internationale des programmes forestiers, avec un code commun pour différentes machines. Il remarque que si Fortran aux Etats-Unis et Algol en Europe représentent des tentatives et des perspectives dans ce sens, aucun de ces deux systèmes, dans sa phase actuelle de développement, n'est en mesure de fournir les services requis par les pays en voie de développement du monde entier.
Mécanisation
Les énormes progrès réalisés dans la mécanisation du calcul ou de l'enregistrement des données de La recherche dans tous les domaines, notamment en biologie forestière et dans la science du bois, ont permis de soulager le rassemblement des données d'une certaine quantité de travail routinier et de détail. Sous certains aspects, le développement de la mécanisation a fait pour le rassemblement des données ce que les calculateurs ont fait pour leur traitement et leur synthèse. Bien que la plupart de ces développements soient nés dans d'autres domaines, leur application a été un important progrès et un réel succès.
La formation universitaire se doit de profiter des progrès réalisés dans la mécanisation des opérations de rassemblement des données et de les faire connaître aux étudiants. Les experts forestiers et du bois en profiteront largement et les adapteront à leurs besoins, étant donné l'énorme concentration de recherche dans ce secteur et les contributions apportées par les physiciens, les chimistes, les savants de l'espace, etc. Cependant, ces développements en vue de l'adaptation de la mécanisation pourront être aussi importants pour la recherche et la formation universitaire forestières que les autres instruments de recherche.
Echantillonnage
Bien que les forestiers aient été à l'avant-garde du développement des systèmes et des procédés d'échantillonnage dans le rassemblement des données de la recherche forestière, notamment dans des secteurs tels que la dendrométrie, l'inventaire et la prospection des forêts, l'échantillonnage forestier a largement profité des progrès réalisés dans d'autres domaines, tels que l'économie et le génie civil. Au fur et à mesure que les projets de recherche forestière et connexes deviennent plus complexes et compliqués, comportant un nombre toujours croissant de variables, d'autres procédures d'échantillonnage développées en vue de résoudre des problèmes particulièrement difficiles par les sociologues, les économistes et les savants de l'espace voient également augmenter leurs possibilités d'application.
Les forestiers ont de plus en plus affaire à d'autres modes d'utilisation des terres forestières: protection de la faune sauvage, rôle régulateur des eaux, tourisme et loisirs, lutte l'érosion, protection du paysage. Il importe de mesurer les valeurs représentées par ces modes d'utilisation des terres forestières en vue de les comparer aux valeurs de la forêt en tant que production de bois. Des économistes, des sociologues et des spécialistes de l'utilisation des terres ont amorcé une mise au point des techniques et des procédés d'évaluation forestière.
DÉVELOPPEMENTS DANS DES SECTEURS SPÉCIFIQUES
On trouve des exemples de nouveaux développements scientifiques dans tous les secteurs de la science forestière. Comme pour les développements de caractère général, quelques-uns sont le résultat de l'application ou de l'adaptation aux problèmes forestiers de recherches effectuées précédemment dans d'autres domaines. Quelques-uns de ces développements appartiennent exclusivement à la science forestière. Cependant tous demeurent importants pour la recherche forestière et doivent être pris en considération par les responsables de la formation universitaire. Les exemples que nous citons ci-après ne sont qu'un choix personnel. D'autres auteurs pourraient faire un choix d'exemples très différent.
Biologie forestière
Les secteurs de recherche que comprend la biologie forestière sont l'écologie, la physiologie, la génétique et la science du sol. La pathologie et l'entomologie forestières appartiennent à la protection des forêts.
Ecologie. L'idée générale d'écosystème a été adaptée et appliquée aux écosystèmes forestiers. Les rapports réciproques des organismes vivants et de leur milieu naturel, les processus dynamiques qu'ils comportent et les courants d'énergie traversant les écosystèmes ont fait l'objet d'études qui ont abouti à une meilleure connaissance de ces rapports complexes et des processus du cycle des éléments nutritifs.
Les idées de bilan d'énergie impliquant le rapport étroit qui le lie au bilan d'énergie de la végétation et au bilan hydrique, ont été développées.
C'est également dans ce cadre qu'il faut considérer les progrès réalisés dans les études des biomasses des écosystèmes forestiers.
Parmi les secteurs forestiers, c'est en écologie forestière que l'on a probablement développé le plus grand nombre de modèles.
Le développement des radio-isotopes est aussi important en écologie forestière qu'en physiologie forestière, de même que celui des herbicides sélectifs, des substances favorisant la croissance, des effets ou des réactions photopériodiques et de l'efficience photosynthétique des différentes plantes.
Un grand nombre d'études écologiques, comportant notamment l'étude des insectes, des maladies forestières et de la faune sauvage forestière, rentrent dans le cadre précédent et peuvent donc être citées ici.
Physiologie. Les physiologistes ont amélioré la connaissance des besoins nutritionnels d'un grand nombre parmi nos grandes forêts et nos essences d'abri (12). Des progrès ont été également réalisés en d'autres secteurs de la physiologie forestière, par exemple la démonstration de l'importance de certains éléments secondaires tels que le borax pour la croissance des arbres sur certains sols, la détermination des symptômes de déficience nutritionnelle et l'ampleur de la réaction de croissance à l'amendement du sol.
La disponibilité et l'emploi des radio-isotopes ont fourni aux physiologistes un instrument précieux pour l'étude du cycle des éléments nutritifs, de la nutrition, du mouvement des eaux, etc.
Une gamme très vaste et très différenciée de substances chimiques empêchant ou affectant la croissance a été développée, et d'autres substances font actuellement l'objet d'études. Les herbicides ou fongicides, dans toute leur variété, spécificité et haute efficacité en petites doses, sont bien connus des forestiers. Cependant les industries, les universités et d'autres institutions ne cessent de développer de nouvelles substances et des modifications de méthodes d'application existantes. On a développé ou on est en train de développer des substances chimiques stimulant la fleuraison, provoquant la dormance ou la supprimant, pour le contrôle de la chute des feuilles, des antitranspirants, des inhibiteurs de la croissance, des stimulants de la reproduction végétative et d'autres produits influençant d'autres processus physiologiques.
L'importance du microclimat pour la croissance, la fleuraison et le développement des maladies a été démontrée et sera sans doute utile à l'écologiste, au généticien, au pathologiste et à l'entomologiste en vue de l'explication de quelques-unes des variations que l'on rencontre fréquemment au cours de la recherche biologique forestière.
Génétique. Un progrès notable dans ce secteur est l'importance accrue que l'on attribue aux études analytiques des types de variation naturelle chez les populations des arbres forestiers. Les études actuelles de la variation ne sont plus basées presque exclusivement sur l'observation ou la description, mais comportent également le transfert de différents types génétiques dans des plantations répétées d'une manière adéquate dans différents habitats ainsi que l'hybridation artificielle de différentes essences, complétée par des études cytologiques et génétiques sur les hybrides F1 et leur descendance.
L'application de la génétique à l'amélioration des arbres forestiers a donné, au cours de ces dernières années, des résultats excellents et très utiles en ce qui concerne la recherche sur la source ou l'origine des semences. Ces résultats se sont traduits par une attention accrue de la part des forestiers pour les sources naturelles des semences, et par une plus grande importance attribuée aux essais sur la descendance d'un seul ou de deux parents et sa transformation en vergers à graines susceptibles d'être ultérieurement améliorés par un programme de sélection périodique.
Des démonstrations effectuées par des généticiens forestiers travaillant de concert avec des technologistes du bois sur la vaste gamme de qualités que présentent les différentes espèces, prouvant également que ces caractéristiques sont héréditaires, devraient pouvoir servir de stimulants pour des progrès ultérieurs dans ce secteur.
Les preuves toujours plus évidentes et plus fréquentes de l'importance de la variation et de l'adaptation écotypique ont exercé une influence considérable sur la sélection des sources de semences et ont contribué à l'explication des échecs initiaux dans le mouvement latitudinal des essences d'arbres.
Science du sol. Un grand nombre parmi les développements qui ont eu lieu dans d'autres secteurs de la biologie forestière et que nous avons décrits, avaient été réalisés par la science du sol, notamment les développements concernant la nutrition, les oligo-éléments et l'emploi des radio-isotopes.
La détermination de la teneur en eau du sol au moyen de sondes nucléaires a désormais fait ses preuves.
Les recherches sur l'amendement ont fait des progrès considérables et l'on a mieux déterminé les limites de cette pratique. L'emploi des engrais est encore limité à des situations où la culture forestière la plus intensive est pratiquée, mais d'autres applications, notamment l'amendement correctif, sont envisagées.
Protection des forets
La protection des forêts comprend la prévention des dommages causés par les agents destructifs les plus fréquents, à savoir le feu, les insectes, les champignons et bactéries les animaux et le vent. Ce sont le feu, les insectes et les maladies qui font surtout l'objet des activités de protection forestière ainsi que de la recherche dans ce secteur.
Incendie. La détection des incendies de forêts au moyen de caméras de télévision, le développement des mélanges chimiques retardant la propagation des incendies ou réduisant la combustibilité des arbres, le perfectionnement des moyens de prédiction des dangers ou des risques d'incendie, l'ensemencement des nuages pour la prévention des éclairs et d'autres importants développements ont été le résultat d'une intensification de l'effort de recherche dans ce secteur.
Les critères d'emplacement des feux réglementés en tant qu'instrument de l'aménagement forestier et de la sylviculture ont été ultérieurement précisés par la recherche, notamment dans les pays nord-européens et dans certaines régions des Etats-Unis.
La recherche psychologique et économico-sociale sur l'attitude de l'homme en ce qui concerne les dangers d'incendie, en forêt s'est limitée jusqu'à présent à laisser entrevoir des perspectives d'études plus définitives et plus prometteuses. Les pays en voie de développement du monde entier, qui ont souvent affaire aux pratiques de la culture sur brûlis, du milpah ou du kiaingin devraient porter une attention particulière sur ces recherches.
Insectes. :Le développement d'insecticides chimiques très efficaces, tels que le DDT, la dieldrine et les organophosphates ainsi que leur emploi dans la lutte contre les insectes des forêts, a été sensationnel. Cependant ces développements ont donné lieu à des effets secondaires indésirables. Rappelons à ce propos la très vaste réaction du public sur l'emploi de ces produits par suite de la démonstration de leur toxicité pour l'homme et la faune sauvage. Cependant nous sommes redevables à cet effet indésirable du fait que des investissements considérables ont été effectués dans des recherches en vue de mettre au point des insecticides chimiques fores tiers plus inoffensifs ou moins toxiques et plus spécifiques.
Les mesures de contrôle biologique, notamment contre les bactéries, offrent de bonnes perspectives à la lutte contre un certain nombre d'insectes particulièrement nuisibles des forêts.
Les entomologistes forestiers, grâce à leurs recherches sur l'écologie des insectes, la dynamique des populations d'insectes et la sensibilité des plantes aux insectes, ont fourni un grand nombre de nouveaux et précieux renseignements sur le développement et la prévention des infestations.
Maladies. Parmi les exemples illustrant les développements dans ce secteur, citons l'acquisition de nouvelles connaissances sur les facteurs complexes qui entrent en jeu dans les maladies des racines de conifères, telles que la xyloporose et la pourriture des racines de Fomes annosus, ainsi que la preuve de l'existence d'un antagonisme entre les organismes habitant le sol commun et ceux qui provoquent les maladies des racines.
Bien que les résultats obtenus avec les antibiotiques et les insecticides systématiques dans la lutte contre les maladies des arbres aient été décourageants, la recherche dans ce secteur a permis d'acquérir des connaissances susceptibles de contribuer à de futurs progrès.
Particulièrement intéressants ont été les résultats de la recherche sur des maladies telles que la rouille vésiculaire du pin blanc et ses rapports avec les conditions microclimatiques ou locales. Cette démonstration de l'importance du microclimat dans le développement et l'intensité de la maladie pourrait trouver un grand nombre d'applications également à la lutte contre d'autres maladies des arbres.
Mesurage des forêts
Il comprend la dendrométrie, la photogrammétrie et la prospection ou inventaire aériens. Dans tous ces secteurs d'importants progrès ont été réalisés.
Les dendrométristes ont été à l'avant-garde dans l'adoption et l'application des calculateurs à la recherche forestière.
Les projets de prospection et d'inventaire forestiers sont devenus beaucoup plus complexes et la précision du travail s'est considérablement accrue.
La « recherche opérationnelle » ou le critère des « systèmes » pour la solution des problèmes dendrométriques sont en train de modifier le type de données requis, le poids ayant tendance à remplacer le volume.
Les spécialistes de la photogrammétrie aérienne ont adapté quelques développements réalisés pour les films en couleur, ainsi que d'autres méthodes mises au point par les spécialistes militaires, à la cartographie forestière, aux inventaires et aux prospections forestières ainsi qu'au débardage (4).
Economie forestière
Les économistes forestiers ont développé des techniques améliorées pour les prévisions de la demande en bois d'uvre, susceptibles d'application locale, nationale et mondiale.
Ils portent de plus en plus leur effort de recherche économique et sociale sur des problèmes complexes tels développement des techniques de stabilisation et la mise au point de moyens susceptibles d'augmenter l'imbibition du bois.
(...).