Dans toutes les études de cas impliquant des coopératives dexploitants, il est clair que la prime de prix du commerce équitable nest quune partie, et souvent seulement une petite partie, des bénéfices tirés du système du commerce équitable. Les réussites en termes dauto-organisation paraissent beaucoup plus importantes, permettant dêtre en meilleure position dans les négociations, de profiter dune plus grande solvabilité et de réaliser des économies déchelle. Le système du commerce équitable contribue à ces succès organisationnels par le renforcement institutionnel, la garantie dun marché initial, des liens avec le marché international et lapprentissage de lexportation par la pratique. En outre, comme pour les études de cas biologiques, le commerce équitable a contribué aux améliorations de qualité.
Dans lanalyse, il faudrait idéalement distinguer la contribution du système de commercialisation équitable de la contribution dautres activités daide au développement. Si les bénéfices résultent essentiellement du système de commercialisation, il faudrait accroître la part de marché des produits du commerce équitable pour avoir le même succès avec dautres groupes dexploitants. Inversement, si les bénéfices résultent essentiellement des autres activités daide, on pourrait reproduire lapproche adoptée par ces activités sans quun marché du commerce équitable ne soit nécessaire. Cependant, il semble que les deux types dactivités se soient soutenus mutuellement et soient fortement liés.
Une préoccupation relative au développement futur du commerce équitable est le manque global de connaissances du commerce équitable dont il est fait état du côté des membres individuels des grandes coopératives. Le doute est permis quant à la «démocratie effective» des grandes coopératives, et lémergence dune nouvelle «classe de direction» peut être suspectée. Ce dernier point nest pas un inconvénient en soi, car tout organisme ne peut que bénéficier dune direction professionnelle, tant quelle est effectivement et démocratiquement contrôlée par les membres.
Ce qui est peut-être important pour le développement à long terme est la perception par de nombreux consommateurs quun prix plus élevé améliore directement les revenus des exploitants. Comme on peut le conclure de ces études de cas, cela nest pas toujours vrai. Il faudrait convaincre ces consommateurs que le développement de la capacité organisationnelle des groupes dexploitants et les projets de crédit et denseignement financés par la prime contribuent à lamélioration à long terme des conditions de vie.
Comme mentionné plus haut dans le chapitre 5, loffre de producteurs certifiés FLO est bien supérieure à la demande. Cela est une des raisons pour lesquelles la prime du commerce équitable naméliore pas toujours directement les revenus des exploitants. Souvent, un faible pourcentage de la production totale est vendu sur le marché du commerce équitable, par exemple dans les cas du café de Tanzanie et du cacao du Ghana. Une part de marché plus élevée est nécessaire pour avoir un impact plus direct sur les revenus.
Les choses sont différentes dans le cas du commerce équitable biologique. En raison de contrôles de certification plus individuels, les exploitants sont beaucoup plus sensibilisés à la «labellisation» et les primes du commerce équitable biologique sont significatives. LUCIRI et ISMAM ont également réussi à vendre une grande part de leurs produits sous leurs propres labels, et ainsi limpact est direct sur les revenus des exploitants.
Pour les situations dembauche de travailleurs, le cas de VREL est le seul exemple ici, mais il ne doit pas être considéré comme un cas typique duquel des conclusions peuvent être généralisées. Sans commerce équitable, VREL naurait pas obtenu les licences dimportation UE; le commerce équitable a donc sauvé VREL. Un tel impact est certainement difficile à reproduire.