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I.7. CONCLUSION

La zone éco-géographique sahélienne et Nord-soudanienne identifiée par ce document regroupe 21 pays25 totalisant une superficie de plus de 12 millions de km2 avec une population de 365 millions d’habitants26. Elle rassemble à la fois les pays sahéliens de l’Afrique de l’Ouest, les pays de la zone sèche de l’Afrique de l’Est et ceux appartenant à la zone sèche bordant le golfe de Guinée. La pluviométrie de la zone considérée varie approximativement entre 300 et 1 000 mm et trois principaux domaines phytogéographiques y sont représentés: le domaine sahélien, le domaine Nord-soudanien et le domaine oriental.

25 Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Djibouti*, Erythrée, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Somalie*, Soudan, Tchad et Togo.

* Djibouti et la Somalie n’ont pas fourni de rapport national.

26 Source: Situation des forêts du monde. FAO, 1999. Voir annexe 4.

Les populations, en majorité rurale, vivent essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. L’industrialisation est limitée, consistant surtout en des unités de première transformation. La part du combustible dans le bois récolté et consommé avoisine 90 pour cent. Les populations rurales et urbaines restent très tributaires des produits et services fournis par les forêts, arbres et arbustes à usages multiples. La surexploitation des ressources forestières due à l’accroissement de la population et des activités humaines incontrôlées (récolte de bois et de produits non ligneux, pâturage, défrichements, feux de brousse) constitue une sérieuse menace pour le maintien et le développement durable des ressources génétiques forestières. Les risques de disparition d’espèces ou de populations d’arbres sont amplifiés par les épisodes récurrents de sécheresse climatique.

La prise de conscience progressive des pressions excessives exercées sur l’environnement et les ressources naturelles a mené plusieurs pays de la région à revoir, ou à envisager la révision, des textes législatifs et réglementaires concernant les arbres et forêts. Les nouvelles politiques forestières tendent vers une meilleure protection indirecte des ressources génétiques forestières. Néanmoins, les politiques, y compris les nouvelles, ne sont pas toujours mises en place de manière efficace.

Les plantations forestières installées dans le cadre de la lutte contre la désertification, bien que leur succès ait été variable, ont motivé la production et la manipulation de graines forestières et dans certains pays la création de centres nationaux de semences forestières. L’attention et les efforts se sont récemment déplacés vers les espèces locales, principalement utilisées dans le cadre de plantations par les communautés rurales. Même si l’essentiel de la variabilité génétique des espèces ligneuses est trouvé dans les forêts et autres formations non gérées, les parcs naturels, les réserves et les forêts classées constituent également des réservoirs importants.

La formation supérieure en matière de génétique forestière est dispensée dans la sous-région par des établissements nationaux (Ecoles et Universités). Beaucoup de travaux de recherche étaient auparavant orientés vers la sélection et l’amélioration génétique en vue de fournir du matériel de reproduction pour les plantations. Désormais, l’accent est davantage mis sur la connaissance des formations naturelles.

Malgré les efforts déployés par les pays, la gestion des ressources génétiques forestières reste globalement insuffisante dans la sous-région, les raisons invoquées par les pays sont les suivantes:

- Les lois et les règlements couvrent un large champ (ressources forestières ou diversité biologique) et ne ciblent pas spécialement les ressources génétiques. De plus, nombre de ces textes ne tiennent pas suffisamment compte du contexte socio-économique des pays et leur application est imparfaite;

- La démographie largement excédentaire et les effets des politiques macro-économiques ont induit un changement de mode de vie de certains groupes ruraux, désormais sédentaires et en compétition avec d’autres groupes pour l’accès aux ressources et l’utilisation du sol;

- la formation des agents, techniciens, ingénieurs et cadres spécialisés dans les ressources génétiques forestières reste insuffisante et les capacités de la plupart des pays sont limitées;

- Peu de connaissances existent sur les espèces locales et leur variabilité;

- L’information scientifique et technique est limitée, circule peu et la vulgarisation des résultats de la recherche reste ponctuelle;

- Les institutions nationales manquent de moyens financiers pour concourir activement à la conservation et à la gestion durable des ressources génétiques forestières.

Les nouvelles approches qui apparaissent dans la gestion des ressources, au niveau local, national et mondial, ainsi que les expériences mises en place dans certains pays conduisent toutefois à un certain optimisme quant aux possibilités de diminuer les pressions exercées sur les ressources génétiques forestières27.

27 Voir aussi Clément J. 1997.

Les rédacteurs des rapports nationaux ont évalué la situation des ressources génétiques forestières dans leur pays et formulé un certain nombre de recommandations dont les principales portent sur des actions de base nécessaires en vue de:

- Sensibiliser les populations locales et toutes les parties intéressées à l’importance de la conservation et de l’utilisation durable des ressources génétiques des espèces forestières ainsi qu’à la compatibilité des ces deux thèmes;

- Proposer des politiques et des législations claires et adaptées, conformes aux obligations des Etats vis-à-vis de la Convention sur la diversité biologique;

- Faciliter le dialogue et les actions concertées et coordonnées entre toutes les parties intéressées par les ressources génétiques forestières au niveau national;

- Faciliter la préparation de plans d’aménagement et de conservation des ressources génétiques forestières et promouvoir la mise en œuvre effective de ceux-ci;

- Identifier les priorités et les activités susceptibles d’être traitées de manière coordonnée au niveau régional, en appui aux efforts nationaux.

Ces recommandations ont été discutées, complétées, ciblées et structurées par les participants à l’atelier sur la conservation, la gestion, l’utilisation durable et la mise en valeur des ressources génétiques forestières qui s’est tenu à Ouagadougou du 22 au 26 septembre 1998. Les experts en ressources génétiques envoyés par 15 pays de la région ont d’une part examiné le plan du rapport de synthèse sous-régional et, d’autre part, envisagé de manière concrète les grandes lignes d’un Plan d’action sous-régional centré sur les ressources génétiques forestières. Les détails concernant ce plan d’action font l’objet de la deuxième partie de ce document.


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