Les cours mondiaux du sucre ont connu un déclin régulier tout au long du premier semestre de la campagne 1999/2000 (octobre/septembre), à mesure que la poursuite de la croissance de la production et la faiblesse de la demande entraînaient une accumulation de stocks excédentaires. Le prix quotidien de l'Accord international sur le sucre est tombé à son niveau le plus bas depuis 14 ans, soit 4,70 cents E.-U. la livre, fin février 2000. Les cours du sucre ont amorcé une reprise en avril et, fin mai, ils avaient augmenté de plus de 30 cents par rapport à la moyenne de mars. Ce redressement a été dû principalement au raffermissement de la demande d'importations sur plusieurs marchés importants tels que la Fédération de Russie, le Bangladesh, le Pakistan et l'Indonésie, conjugué à des prévisions initiales faisant état d'un risque de réduction de la production sucrière en 2000/2001.
Selon l'estimation de la FAO, la production mondiale de sucre s'établirait, en 1999/2000, à 134,3 millions de tonnes (valeur brute), soit une augmentation de plus de 2 pour cent sur 1998/99, due principalement à
une expansion de 5 pour cent de la production dans les pays développés. Les récoltes en progression de la Communauté européenne (CE) et des États-Unis ont contribué de façon marquée à cette croissance. Dans les pays développés, la production est estimée à 44,2 millions de tonnes, tandis que celle des pays en développement devrait augmenter légèrement (moins de 1 pour cent) pour atteindre 90,2 millions de tonnes.
Selon les prévisions, la production de l'Amérique latine et des Caraïbes s'établirait à 40,1 millions de tonnes, soit 1 million de tonnes de plus qu'en 1998/99 en raison, notamment, de l'accroissement de la production au Brésil et à Cuba. Au Brésil, la déréglementation du complexe sucre/alcool, qui a été amorcée à la fin des années 80 et s'est achevée en 1999 par la libération des prix, a entraîné un regroupement marqué des industries et accentué l'utilisation de la canne à sucre pour la transformation, la plus grosse partie de la production étant dirigée vers les marchés d'exportation à des prix extrêmement compétitifs. On prévoit que la production du Brésil augmentera de 300 000 tonnes, pour atteindre 19,8 millions de tonnes. À Cuba, grâce à une meilleure productivité des usines, la production devrait atteindre 4 millions de tonnes, soit 400 000 tonnes de plus que l'année précédente. La production de sucre du Mexique devrait, selon les estimations, rester stable à 5,1 millions de tonnes, malgré les conditions météorologiques moins bonnes que prévu et un retard à l'étape du broyage dû à une grève des ouvriers de l'industrie du sucre.
Production | Consommation | |||
1998/99 | 1999/2000 | 1999 | 2000 | |
(. . millions de tonnes, équivalent sucre brut . .) | ||||
MONDE | 131.4 | 134.3 | 126.1 | 128.6 |
Pays en développement | 89.5 | 90.2 | 80.4 | 82.8 |
Amérique | ||||
latine et | 39.1 | 40.1 | 23.0 | 23.5 |
Caraïbes | ||||
Afrique | 4.6 | 4.7 | 6.7 | 6.9 |
Proche- | ||||
Orient | 5.7 | 5.2 | 9.7 | 10.0 |
Extrême | ||||
Orient | 39.8 | 39.7 | 40.9 | 42.2 |
Océanie | 0.4 | 0.5 | 0.1 | 0.1 |
Pays déve- | ||||
loppés | 41.9 | 44.2 | 45.7 | 45.9 |
Europe | 21.9 | 23.1 | 19.7 | 19.7 |
dont: CE | (17.5) | (19.1) | (14.4) | (14.4) |
Amérique du Nord | 7.6 | 8.3 | 10.4 | 10.6 |
CEI | 3.9 | 3.9 | 10.0 | 10.0 |
Océanie | 5.0 | 5.5 | 1.2 | 1.2 |
Autres pays | 3.5 | 3.4 | 4.3 | 4.3 |
En Afrique, la production pour 1999/2000, à l'exclusion du Proche-Orient situé en Afrique, est estimée à 4,7 millions de tonnes, soit près de 100 000 tonnes de plus que le volume atteint en 1998/99, bien que l'on ait signalé des baisses de production chez plusieurs des principaux producteurs de sucre. L'augmentation la plus marquée devrait se produire au Kenya, avec une progression de 28 pour cent de la production, qui s'établirait ainsi à 600 000 tonnes. En Afrique du Sud, principal pays producteur d'Afrique, la production devrait accuser un léger déclin de 70 000 tonnes, pour s'établir à 2,5 millions de tonnes. Par ailleurs, on prévoit que les mauvaises conditions météorologiques nuiront à la production de l'île Maurice, entraînant un déclin de 27 pour cent qui ferait tomber la production à 500 000 tonnes. De ce fait, le pays devrait avoir du mal à honorer son quota d'exportation vers la CE en 1999/2000.
Au Proche-Orient, la production devrait baisser de 9 pour cent pour s'établir à 5,2 millions de tonnes, par suite, principalement, d'une réduction de 600 000 tonnes de la production en Turquie, où des quotas de production ont été instaurés dans le but de réduire les stocks nationaux. De plus, une politique des prix basée sur la qualité a été mise en _uvre afin d'améliorer la productivité agricole et l'efficacité d'extraction. En Égypte, on prévoit que la production connaîtra une expansion de 11 pour cent, principalement attribuable à une augmentation des superficies ensemencées en betterave à sucre. La production à base de canne à sucre continue de dominer, avec un volume estimatif de 1,1 million de tonnes, tandis que la production à base de betterave sucrière devrait atteindre 250 000 tonnes.
Dans l'Extrême-Orient, les dernières estimations concernant la production de sucre pour 1999/2000 donnent un volume de 39,7 millions de tonnes, soit une révision à la baisse de 1 million de tonnes par rapport aux premières estimations de la FAO, publiées en novembre 1999. Cette révision découle d'une réduction supplémentaire de la production escomptée pour la Chine, par suite des vagues de gel qui ont touché les plantations de canne à sucre du sud du pays en décembre 1999. La production devrait donc baisser de 13 pour cent et s'établir à 7,9 millions de tonnes. Un autre facteur a contribué à cette révision à la baisse: la chute de 22 pour cent de la production de sucre prévue au Pakistan. La baisse des rendements résultant de l'insuffisance des pluies durant la mousson, ainsi que le retard des paiements gouvernementaux aux cultivateurs de canne à sucre, ont encouragé le passage à d'autres cultures.
Les prévisions de la FAO concernant la consommation mondiale de sucre pour 2000 s'établissent à 128,6 millions de tonnes, soit une augmentation de près de 2 pour cent par rapport à l'année précédente. La consommation de sucre dans les pays en développement devrait s'établir à 82,8 millions de tonnes, tandis que la consommation des pays développés augmenterait légèrement, pour atteindre 45,9 millions de tonnes. On prévoit que les niveaux de consommation demeureront stables dans la CE, tandis qu'ils augmenteront légèrement aux États-Unis.
Selon les prévisions, la consommation de sucre sera de 42,2 millions de tonnes en Extrême-Orient pour l'année 2000, soit un taux de croissance annuel de 3,3 pour cent, supérieur à celui du Proche-Orient comme à celui de l'Afrique, à savoir 3,1 et 3 pour cent respectivement. On prévoit que les taux de croissance négatifs de la consommation enregistrés en 1998/99 se renverseront dans plusieurs pays, y compris la Malaisie et la République de Corée, où l'amélioration de la croissance économique devrait sous-tendre une demande industrielle plus vigoureuse. S'agissant de la Chine, la consommation de sucre pour 1999/2000 est estimée à 9,1 millions de tonnes, volume légèrement supérieur aux 8,9 millions de tonnes consommées en 1998/99, tandis qu'en Inde, la consommation est estimée à 17,1 millions de tonnes, soit 700 000 tonnes de moins que la production prévue, ce qui aggravera encore le déséquilibre du ratio stocks-consommation.
Les exportations de sucre du Brésil continuent de dominer le marché mondial, grâce à la faiblesse des coûts de production et à la dévaluation du real, qui a amélioré la compétitivité des prix d'exportation. Les importations de la Fédération de Russie, premier importateur mondial de sucre, ont dépassé les prévisions, contribuant à absorber une partie des stocks mondiaux et apportant un précieux soutien au marché tout au long de l'année 1998/99. De nombreux gouvernements, confrontés à la faiblesse persistante des cours mondiaux du sucre et aux niveaux élevé des stocks, ont commencé à prendre des mesures visant à protéger leurs industries nationales contre les importations de sucre.