I. RESUME
Dans la zone cotonnière du Mali, la culture des céréales sintensifie rapidement. En raison de la faible productivité des variétés locales, les agriculteurs se tournent vers le maïs qui valorise mieux les intrants. Cette culture est devenue récemment la céréale dominante au sud de la zone cotonnière. Son développement concurrence fortement les céréales traditionnelles. Pour enrayer la disparition des céréales locales, le défi à relever consiste à remonter leur productivité pour en faire une alternative plausible dans un système de culture intensifié.
Notre étude se situe dans la zone de Koutiala à la limite nord de laire dextension du maïs (900 mm de pluviométrie annuelle). Pour limiter le risque hydrique important sur maïs, la stratégie adoptée par les paysans consiste à semer celui-ci sur les terres les plus profondes du bas glacis (meilleure fertilité et meilleure réserve hydrique). De plus, la saturation de lespace agricole limite les nouvelles défriches aux zones difficiles à mettre en valeur par lagriculture et où seuls le mil et le sorgho offrent une espérance de rendement. Le sorgho est alors marginalisé sur les moins bonnes terres du fait de sa rusticité.
La recherche dune rente immédiate via le maïs et le coton fait oublier la rentabilité incertaine de ces cultures. Il faut donc reconsidérer lopportunité de chaque culture pour concevoir un système de production agricole optimisé et durable. Cela revient à se poser la question: faut-il opter pour une productivité faible mais stable dans le temps (avec les céréales traditionnelles) ou pour une productivité forte avec un risque non géré par toutes les exploitations agricoles (avec le maïs)?
Notre discussion est centrée sur le lien entre la dégradation des terres (baisse de fertilité) et la baisse de productivité agricole. Lanalyse spatiale montre que cette dernière peut simplement être le reflet dune mise en valeur de terres de plus en plus impropres à lagriculture. La dispersion/stabilité des rendements, pour le maïs et pour le sorgho, est analysée en termes de coût dopportunité des céréales. La diversité des écotypes de sorgho présente alors un avantage comparatif sur le maïs pour mettre en valeur les différents écosystèmes de lexploitation agricole.
II. INTRODUCTION
Le Mali est un pays largement agricole (80 % de sa population). Lagriculture sexerce dans des conditions climatiques aléatoires avec des risques de sécheresse importants et parfois catastrophiques (1972-1973 et 1983-1984). La pluviométrie diminue du sud vers le nord, si bien que lagriculture pluviale comporte un risque qui est intégré dans les stratégies agricoles. La production agricole malienne subit, en conséquence, des fluctuations importantes de sa production vivrière principalement liée au démarrage de la saison des pluies (TRAORE et al., 2000). La production céréalière est essentiellement constituée de cultures pluviales dans la zone agricole ayant une pluviométrie annuelle supérieure à 600 mm: le mil et le sorgho sont présents dans toute cette zone; le maïs est surtout présent dans les régions axant plus de 900 mm de pluie par an.
Depuis plusieurs décennies, on assiste au développement très important de la culture du coton sous limpulsion de la CMDT. En zone Mali-sud, laugmentation de la fertilité des sols, conséquence de la fertilisation apportée sur le cotonnier, entraîne une demande importante pour lintensification des cultures. Comme les performances des céréales locales sont faibles, le paysan se tourne vers le maïs considéré comme la céréale qui valorise le mieux larrière-effet de la fertilisation apportée sur le cotonnier. La culture du sorgho diminue et se marginalise sur les sols les plus pauvres. Lérosion variétale qui en découle est importante (KOURESSY et al., 2003).
Le présent article montre comment le potentiel de production du maïs est rarement atteint à la limite nord de son aire dextension. Cette espérance de rendement fait encourir un risque élevé au paysan. Lanalyse comparée des résultats techniques de cette culture avec celle du sorgho nécessite de bien préciser la position de la parcelle sur la toposéquence pour sassurer de la faisabilité dune telle comparaison (CRIADO, 2002; DEMBELE et al., 2003). Pour sadapter à la fois aux contraintes du climat et de la disponibilité de main duvre agricole, la gestion dune palette de variétés de sorgho offre une souplesse de dates de semis (photopériodisme), et une souplesse dadaptation aux différents environnements de lexploitation agricole (rusticité) (ALTIERI, 1999; CLEVELAND et al., 1994; COLLINS et al., 1999; GARCIA-BARRIOS et al., 2002; GOLLIN et al., 1999; SAVITA et al., 2001; SCHULZE et al., 1994; STAVEREN et al., 1986). Cette écologie du sorgho répond bien à lobjectif premier du paysan qui est dassurer un minimum de production quelle que soit lannée (BAZILE et al., 2003).
III. MATERIELS ET METHODES
Dans le Mali-sud, on peut identifier quatre zones agroécologiques selon le niveau de concurrence qui existe entre les céréales traditionnelles (mil-sorgho) et le maïs (KOURESSY et al., 2003). Dans le sud-ouest du pays (Bougouni), la culture du maïs est ancienne et domine celle du sorgho, car les précipitations moyennes annuelles sont plus élevées que dans le reste de la zone cotonnière (1.100 à 1.400 mm). De même à Sikasso où la pluviométrie moyenne est voisine de celle de Bougouni, on note une diversité des systèmes de culture avec la présence de tubercules (igname, patate douce, pomme de terre, etc.). Malgré une culture traditionnelle du sorgho dans cette région, la pénétration du maïs est très visible dans les assolements depuis 5 ans et le maïs est désormais plus cultivé que le sorgho et le mil. Dans les régions de Fana et de Koutiala, au centre et à lest du pays, la pluviométrie est en moyenne de 800 à 1.000 mm par an. Dans ces régions, la culture intensive du maïs présente un risque hydrique élevé. Lengouement des paysans pour lintensification est tel que le maïs se développe malgré lincertitude de rendement et une rentabilité non avérée.
Dans le cadre du projet «Agro-biodiversité du sorgho au Mali», 3 villages représentatifs de chacune des trois zones dextension du maïs ont été étudiés mais nous ne présenterons ici que les résultats du village de Kaniko (15 km à lest de Koutiala) qui marque bien la limite climatique nord pour la culture du maïs.
Une enquête exhaustive sur la structure des exploitations (N=91) a été menée en mai 2002. Une analyse factorielle des correspondances a permis de caractériser les systèmes de production (BENOIT-CATTIN et FAYE, 1982) pour construire une typologie fortement orientée sur la place du sorgho dans les systèmes de culture (GIRAUDY et al., 1997; PERROT, 1993). Trente-cinq exploitations choisies de façon raisonnée à partir de la typologie constituent notre sous-échantillon détude. Le parcellaire a été levé sur le terrain avec un global positioning system (GPS) afin de déterminer précisément la surface cultivée et de pouvoir localiser les parcelles dans le terroir. A cette occasion, la culture, la variété et la surface estimée de la parcelle par le paysan[16] ont été recueillies pour décrire lassolement 2002. Un suivi détaillé de litinéraire technique [en cours de campagne agricole] de 92 parcelles de sorgho (77 ha) et de maïs (78 ha) a été conduit en retenant par exploitation toutes les combinaisons de variétés par type de sol (tableau 1, figure 2).
Figure 1: Extension de la culture du maïs depuis sa zone traditionnelle de culture
Tableau 1: Plan déchantillonnage à Kaniko
No. exploitations |
No. échantillon dexploitations |
Parcelles suivies |
|
Maïs |
Sorgho |
||
91 |
35 |
50 |
42 |
Figure 2: Village de Kaniko: Localisation des parcelles suivies en fonction des types de sol
IV. RESULTATS ET DISCUSSIONS
a) Le maïs dans les exploitations agricoles, un bon indicateur dintensification
Le village de Kaniko est situé au cur du vieux bassin cotonnier du Mali. 90 % des exploitations sont équipées pour la culture attelée et ont accès aux intrants
Figure 3: Typologie des exploitations de Kaniko
avec la culture du coton. Lanalyse du système de culture montre que la surface en coton est bien corrélée à la surface totale (R2 = 0,92). Cela signifie que la part du coton dans lassolement est relativement constante pour Kaniko (30 %). Même si le maïs reste très lié au coton dans la rotation, suivant les recommandations de la CMDT, il est intéressant de noter que le sorgho est semé à part égale avec le maïs derrière le coton. Les variables dintensification (équipement et accès aux intrants) permettent de discriminer les 91 exploitations agricoles du village. Il apparaît quau sein des 3 classes de surface du maïs, on note une relation inverse entre lâge du chef dexploitation et la surface consacrée aux céréales traditionnelles (mil-sorgho). Laccumulation de capital avec lâge permet dintensifier les pratiques agricoles.
b) Saturation de lespace agricole et marginalisation du sorgho sur les versants
On peut noter deux grandes étapes dans lévolution de lagriculture au Mali. Tout dabord, laccroissement de la production sest trouvé limité par la capacité des ruraux à travailler des surfaces plus importantes. Le développement de léquipement et ladoption de la culture attelée a permis de lever ce facteur limitant de la main duvre et de poursuivre lextension des surfaces cultivées. Cest alors que les défrichements ont atteint une limite physique, dans les zones à forte densité de population, car lensemble des terres arables étaient déjà mis en cultures. Les terres restantes correspondent à des terrains à fortes contraintes agricoles cest pourquoi lintensification est devenue la seule solution pour augmenter la productivité des terres les plus fertiles. Les cultures de rente bénéficient de cet effort dintensification alors que les céréales traditionnelles sont marginalisées sur les sols les plus pauvres.
Les deux exploitations agricoles présentées à la figure 4c reflètent bien la stratégie générale dassolement du village de Kaniko. Le maïs est cultivé sur les sols les plus profonds avec une richesse minérale élevée (présence dargile et de limons). Le risque hydrique est toujours évité tant pour la sécheresse (sols drainants à fort taux déléments grossiers, pente marquée) que pour lexcès deau (sols à hydromorphie temporaire en bordure de marigot). Ces sols sont alors valorisés par les céréales traditionnelles (sorgho et mil) qui sont moins exigeantes et permettent, du fait de leur rusticité, davoir une espérance de rendement, certes limitée, mais quasi-certaine quelles que soient les conditions climatiques de lannée.
Figure 4a. Occupation prioritaire des terres du bas glacis (en jaune) en 1952
Figure 4b: Occupation progressive du plateau cuirassé (en orange) en 2000
Cas de lexploitation de Fousseyni A. SANOGO Lexploitation agricole est morcelée en deux parties: cuirasse et glacis. Sur le glacis, les sols limono-argileux permettent la culture du coton et des céréales. Sur la partie de cuirasse, le fort pourcentage déléments grossiers des sols est défavorable aux cultures exigeantes en eau (maïs et coton). On note alors limportance accordée à la culture du sorgho sur cette partie de lexploitation. Le maïs y est malgré tout cultivé sur de petites parcelles avec des formes irrégulières qui doivent se superposer à des sols plus profonds (désagrégation de la cuirasse).
Cas de lexploitation de Seydou SANOGO n°1 Les meilleurs sols de lexploitation sont réservés au maïs et au coton alors que mil et sorgho sont marginalisés sur les sols plus sableux avec une réserve hydrique et une richesse minérale moindres.
Figure 4c: Stratégies dassolement des exploitations de Kaniko
Lévolution de la productivité des céréales sur 20 ans donne un avantage très net au maïs dont les cultivars modernes rentabilisent bien les charges liées à lintensification dès lors quil est semé sur les sols fertiles. Néanmoins, il y a lieu de sinterroger sur lavenir avec la mise en valeur de moins bonnes terres pour lagriculture, liée à une saturation progressive de lespace. En effet, même si le sorgho est marginalisé sur les versants et les plateaux cuirassés, la stagnation des rendements doit être considérée comme un critère de réussite en conditions difficiles.
Figures 4d et 4e: Evolution de la production nationale céréalière et des rendements
Cet avantage, au niveau national, de la culture du maïs par rapport aux céréales traditionnelles contribue à accentuer la concurrence entre les cultures. Il en ressort que contrairement à lhypothèse de départ dune érosion génétique plus marquée au nord quau sud à cause de la péjoration climatique récente (avec la descente des isohyètes), on observe une disparition des variétés beaucoup plus importante au sud (jusquà 60 % des écotypes entre 1978 et 1999).
c) Le maïs peut produire plus que le sorgho, mais à quel prix?
Lanalyse de variance ne permet pas de mettre en évidence une différence significative entre les rendements des parcelles de sorgho (û = 589 kg/ha) et de maïs (û = 780 kg/ha) sur le village de Kaniko (zone de Koutiala) en 2002. Cela sexplique par une dispersion plus importante des rendements sur maïs (figure 5). En effet, le nombre déchecs sur maïs est considérable (20 %). Cela tient à la fois au risque hydrique élevé mais aussi à la sensibilité du maïs à lacidité (sur versants) et à lexigence dune bonne fertilité du sol. Cest pourquoi, il est couramment admis et conseillé de placer le maïs derrière le coton dans la rotation pour quil valorise larrière effet de la fertilisation apportée sur le cotonnier.
Figure 4f: Evolution du nombre de variétés entre 1978 et 1998 par zone climatique
La rusticité du sorgho se caractérise par un regroupement autour de la moyenne alors que pour le maïs laplanissement de la courbe de Gauss vers les forts rendements offre une probabilité de fort rendement [rarement atteint] que les paysans se fixent comme objectif de production. Cette courbe schématise bien le risque encouru par le paysan avec le maïs.
Figure 5: Distribution des rendements de maïs et de sorgho à Kaniko en 2002
La production à lhectare masque la rentabilité des différentes spéculations dans un système en voie dintensification. En effet, 98 % des parcelles de maïs bénéficient dune fertilisation alors quune seule parcelle de sorgho (2,4 %) reçoit de lengrais. Le paysan doit donc raisonner à partir de la marge brute à lhectare pour prendre en compte les charges en engrais et pesticides sur la parcelle.
Code |
Culture (N) |
Précédent (N-1) |
11 |
Maïs |
Maïs |
12 |
Maïs |
Sorgho |
13 |
Maïs |
Mil |
16 |
Maïs |
Coton |
20 |
Sorgho |
Autre |
21 |
Sorgho |
Maïs |
22 |
Sorgho |
Sorgho |
23 |
Sorgho |
Mil |
26 |
Sorgho |
Coton |
Figure 6: Comparaison des marges brutes à lhectare selon le précédent cultural
Notre analyse montre que le maïs est le plus mauvais précédent quelle que soit la culture. Cela laisse supposer que la fertilisation apportée ne compense pas les exportations puisquelle laisse le sol à un niveau de fertilité plus bas que celui obtenu avec un précédent mil ou sorgho sans aucune fertilisation. Est-ce que la valorisation des pailles des céréales traditionnelles (très forte biomasse à lhectare) permet dassurer une production agricole plus durable quune agriculture intensive mal maîtrisée dont les intrants ne compensent pas les exportations? La question mérite dêtre posée surtout quand le rendement du sorgho avec un précédent coton est significativement différent de celui du sorgho derrière une céréale alors que la différence de rendement nest pas significative pour le maïs selon les différents précédents (céréales/coton) (tab. 2).
Tableau 2: Analyse de variance sur les rendement (kg/ha)
|
Culture (N) |
Précédent (N-1) |
N |
Sous-ensemble pour alpha =.05 |
|
REGPREC |
|
|
|
1 |
2 |
211 |
Sorgho |
Céréale |
35 |
511,71 |
|
111 |
Maïs |
Céréale |
8 |
547,50 |
547,50 |
16 |
Maïs |
Coton |
39 |
794,36 |
794,36 |
26 |
Sorgho |
Coton |
10 |
|
1044,00 |
Signification |
|
|
|
,074 |
,156 |
Les moyennes des groupes des sous-ensembles homogènes sont affichées. F de Ryan-Einot-Gabriel-Welsch
Tableau 3: Analyse de variance sur la Marge Brute (Francs CFA/ha)
|
Culture (N) |
Précédent (N-1) |
N |
Sous-ensemble pour alpha =.05 |
|
REGPREC |
|
|
|
1 |
2 |
111 |
Sorgho |
Céréale |
8 |
44.511,42 |
|
211 |
Maïs |
Céréale |
35 |
45.401,25 |
|
16 |
Maïs |
Coton |
39 |
65.908,57 |
65.908,57 |
26 |
Sorgho |
Coton |
10 |
|
91.937,68 |
Signification |
|
|
|
,154 |
,240 |
Les moyennes des groupes des sous-ensembles homogènes sont affichées. F de Ryan-Einot-Gabriel-Welsch
On peut ainsi conclure que la rotation coton-sorgho est la stratégie qui valorise le mieux larrière-effet de la fertilisation apportée sur coton puisque la Marge Brute à lhectare est significativement différente du maïs et du sorgho avec un précédent céréale (tab. 3). Lanalyse des fréquences sur les parcelles avec un précédent coton (N = 49) montre que dans le cas du maïs, 60 % des parcelles ont un rendement inférieur à 1 tonne à lhectare alors que cest linverse pour le sorgho avec 60 % des parcelles dont le rendement dépasse 1 tonne/ha.
Il apparaît donc très important de conserver la diversité contenue dans les écotypes locaux pour valoriser des écosystèmes marginaux et difficiles à mettre en valeur avec les cultivars modernes trop exigeants.
d) Construction de la biodiversité et conservation in situ
Quelle que soit la céréale (mil, sorgho ou maïs), le nombre de variétés semées une année donnée est très faible au sein dune exploitation agricole. En effet, dans plus de 70 % des cas, 1 seule variété est semée, même si on compte plus de 10 variétés disponibles au sein du village.
Figure 7: Pourcentage dexploitation (N = 640) selon le nombre de variétés semées par céréale en 2003
Les paysans sèment deux variétés une même année, sils ont une exploitation morcelée sur deux niveaux de la toposéquence ou sils testent une nouvelle variété. La diversité est alors gérée à léchelle du village. Les paysans puisent dans le pool de diversité variétale du village pour répondre à la spécificité de leurs besoins, pour faire face à la variabilité climatique inter-annuelle en déplaçant les variétés dun écosystème à un autre, mais aussi pour avoir de la souplesse dans les semis.
Le paysan ne correspond pas à léchelle adéquate dintervention pour la conservation de la biodiversité in situ, mais la gestion-conservation doit se situer à un niveau supérieur tel que le village, la communauté ou une union de producteurs. Au lieu de conserver la biodiversité en tant que telle, il serait préférable de comprendre les mécanismes favorables à son émergence pour essayer de les perpétuer dans un système souple et adapté aux contraintes actuelles des sociétés rurales. Une approche participative peut permettre à la fois de conserver mais aussi daméliorer le pool génétique existant.
V. CONCLUSIONS
Lactivité humaine, et en particulier agricole, est souvent perçue comme un facteur de dégradation de lenvironnement. Pourtant, la diversité variétale entretenue par des générations de paysans offre lopportunité dexploiter différents faciès du milieu. Le potentiel des variétés traditionnelles est sous-exploité et il est important de bien évaluer cette diversité génétique pour quelle soit mieux prise en compte dans les schémas de sélection. Malgré des efforts croissants lors des prospections, pour recueillir une information in situ sur les variétés, rarement celle-ci est analysée au même titre que les recherches menées sur les cultivars améliorés dans les stations agronomiques.
Les variétés traditionnelles de sorgho poussent dans une grande diversité denvironnements où elles sont stables et souvent plus productives que beaucoup de variétés modernes. La stabilité de la production du sorgho montre que le choix du maïs nest pas toujours rentable, y compris après une culture de coton. Le paysan doit donc réfléchir au coût dopportunité de ses céréales à la parcelle en sappuyant sur la marge brute générée à lhectare et non pas seulement sur un rendement potentiel.
Les centres de recherche agronomique essaient de répondre à laccroissement de la population mondiale en proposant des variétés à fort rendement. Lanalyse de la richesse variétale des sorghos maliens montre quil est possible de sappuyer sur les variétés locales pour proposer une alternative plausible dans un système céréalier en cours dintensification.
VI. REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier M. Cheick Tidiane DOUCOURE, service Suivi-Evaluation de la CMDT, pour laccès aux données darchives de 1974 à nos jours, les paysans de Kaniko pour leur disponibilité et lensemble de mes collègues de lIER pour leurs commentaires tout au long de ce travail.
VII. REFERENCES
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COLLINS, W.W.; C.O. QUALSET (Editors), 1999. Biodiversity in agroecosytems. Advances in Agroecology. CRC Press, New York, 334 pp.
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TRAORE, S.B. et al., 2000. Adaptation à la sécheresse des écotypes locaux de sorghos du Mali. Sécheresse, 11(4): 227-237.
[15] Institut dEconomie
Rurale (IER), B P262, CRRA Sotuba, Bamako, Mali [16] Cette surface donnée par le paysan est celle dont il dispose pour calculer ses doses dintrants à lhectare daprès les recommandations générales de la CMDT. |