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RÉPUBLIQUE-UNIE DE TANZANIE Vue du mont Kilimandjaro
©FAO/FELIPE RODRÍGUEZ
AFRIQUE

Système agroforestier des kihamba de Shimbwe Juu (République-Unie de Tanzanie)

Stratégie de diversification au service d’une utilisation et d’une gestion efficientes des ressources

LE SYSTÈME

Shimbwe Juu est un petit village de la communauté chagga situé sur les flancs du mont Kilimandjaro. Dans cette région au climat semi-tropical, les villageois pratiquent l’agroforesterie depuis des siècles.

En 2013, le Gouvernement de la République-Unie de Tanzanie a proposé la candidature du système agroforestier des kihamba de Shimbwe Juu à la reconnaissance en tant que SIPAM dans l’espoir de trouver des solutions durables à l’érosion des zones cultivées et de la forêt, et d’améliorer les perspectives environnementales et économiques.

Le système agroforestier des kihamba de Shimbwe Juu montre comment une synergie entre les humains, les animaux et la forêt peut contribuer à la durabilité de l’environnement avec un système intégré composé de plusieurs strates qui permet de surmonter les difficultés liées à l’infertilité des sols et à la rareté de l’eau.

La structure du système des kihamba (jardins potagers) se compose de quatre strates de végétation principales. La strate supérieure est constituée d’arbres peu espacés, qui apportent de l’ombre, des plantes médicinales, du fourrage, des fruits, du bois de chauffe et du bois d’œuvre. Plusieurs variétés de bananes sont cultivées sous les arbres et abritent à leur tour des caféiers puis des espèces maraichères poussant à leurs pieds. Ce système en plusieurs strates optimise l’utilisation des terres limitées, et offre toute l’année une grande variété d’aliments locaux et de cultures de rente, tels que la banane, le manioc, l’igname, le taro, le gingembre et l’ananas. Les kihamba sont irrigués par des sillons qui collectent les eaux de ruissellement et par des canaux qui détournent de l’eau des rivières descendant de la forêt d’altitude.

«Avant, nous utilisions des pesticides très puissants, mais nous avons arrêté de le faire lorsque le projet a commencé. Désormais, plus personne dans le village n’utilise de pesticides industriels mais seulement des pesticides naturels dont nous avons appris à nous servir grâce au projet.»

Candida Productrice de café, membre du conseil du village
et présidente de l’organisation des femmes

Ces jardins potagers offrent une biodiversité extraordinaire: plus de 500 espèces de plantes différentes, dont 400 qui ne sont pas cultivées, mais simplement préservées dans leur habitat naturel. Les agriculteurs élèvent des animaux (tels que des bovins et des volailles) qui leur permettent d’améliorer l’état nutritionnel de leur ménage et d’augmenter leurs revenus grâce à la vente de lait, d’œufs et d’autres produits.

Ce système traditionnel fait face à de grandes menaces, notamment la pénurie de terres du fait de la croissance démographique, l’exode des jeunes – qui interrompt en outre la transmission des savoirs entre les générations – ainsi que l’évolution des habitudes alimentaires et le changement d’affectation et le morcellement des terres.

UNITED REPUBLIC OF TANZANIA Female farmer harvesting vegetables in the small village of the Chagga community ©FAO-GIAHS – UNITED REPUBLIC OF TANZANIA
RÉPUBLIQUE-UNIE DE TANZANIE
Agricultrice récoltant des légumes dans le petit village de la communauté chagga
©FAO/FELIPE RODRÍGUEZ

GESTION DES KIHAMBA

La gestion des terres agricoles est principalement assumée par la communauté. Les kihamba sont le pivot de l’identité et de la culture du peuple chagga, et rythment la vie sociale et les cérémonies. Les gens naissent, grandissent, se marient et sont enterrés dans leur kihamba.

«Dans les tribus chagga, l’agriculture familiale – les kihamba, par exemple – repose essentiellement sur les femmes.»

Arpakwa M. Ole Sikorei Membre de l’organisation Community Conservation and Culture

Traditionnellement, le kihamba est exploité par toute la famille, avec une répartition des tâches bien définie: les hommes taillent les caféiers, suppriment les rejets de bananier indésirables, nettoient les canaux et irriguent les jardins, tandis que les femmes ramassent le bois de feu, désherbent, nourrissent les animaux, curent leurs abris et s’occupent de la traite.

Les femmes représentent également plus de 80 pour cent de la main-d’œuvre utilisée pour la culture du café, notamment pendant la période de récolte. Des hommes sont choisis pour assumer le rôle de superviseurs des kihamba. Ils transmettent cette responsabilité à leurs fils qui, dès leur plus jeune âge, assurent cette fonction avec eux.

POUR EN SAVOIR PLUS

Kihamba – Jardins potagers du peuple chagga sur les flancs du mont Kilimandjaro

UNITED REPUBLIC OF TANZANIA Farmer with fresh harvested coffee beans ©FAO/FELIPE RODRÍGUEZ
RÉPUBLIQUE-UNIE DE TANZANIE
Agriculteur montrant des cerises de café fraîchement récoltées
©FAO/FELIPE RODRÍGUEZ
UNITED REPUBLIC OF TANZANIA Chagga women selecting bananas ©FAO-GIAHS
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Femmes de la communauté chagga choisissant des bananes
©FAO/FELIPE RODRÍGUEZ
UNITED REPUBLIC OF TANZANIA Bird’s-eye view of Shimbwe Juu village ©FAO-GIAHS
RÉPUBLIQUE-UNIE DE TANZANIE
Vue aérienne du village de Shimbwe Juu
©FAO/FELIPE RODRÍGUEZ
UNITED REPUBLIC OF TANZANIA Growing coffee trees following traditional methods represents a sustainable opportunity for youth in Shimbwe Juu village ©FAO-GIAHS
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La culture de caféiers selon les méthodes traditionnelles offre un débouché durable aux jeunes dans le village de Shimbwe Juu
©FAO/FELIPE RODRÍGUEZ

RÉALISATIONS

Depuis l’octroi du statut de SIPAM au système agroforestier des kihamba de Shimbwe Juu en 2013:

  • La communauté de Shimbwe Juu a bénéficié de formations qui lui ont permis d’améliorer les cultures et de passer à la caféiculture biologique en pratiquant une gestion intégrée des organismes nuisibles.
  • Les agriculteurs ont reçu plus de 12 000 plants pour remplacer leurs anciens caféiers.
  • La communauté de caféiculteurs a reçu une certification qui lui a donné accès au marché du café biologique.
  • La fédération de coopératives Kilimanjaro Native Cooperative Union (KNCU) a créé un point de vente dans le village pour faciliter la commercialisation du café.
  • Soixante agriculteurs ont été formés à la plantation et à l’exploitation des vanilliers, et des boutures leur ont été fournies.
  • La FAO a supervisé, dans le cadre du renforcement du tourisme durable, la mise en place et l’enregistrement officiel de l’Engaresero Eramatare Community Development Initiative, une organisation à assise communautaire. L’organisation propose des visites guidées aux touristes, dont le nombre était croissant avant la pandémie de covid-19. L’initiative a permis de retrouver le nombre de touristes enregistré dans la région à l’époque.

SOURCES D’INFORMATION

Afrique | Globally Important Agricultural Heritage Systems (GIAHS) | Food and Agriculture Organization of the United Nations | GIAHS | Food and Agriculture Organization of the United Nations (fao.org)