(11-12 décembre 2002)
Antécédents
L'Afrique connaît une situation de crise économique et d'insécurité alimentaire; c'est sur cette raison que se fonde l'organisation de la réunion d'Abuja. L'Afrique est perçue comme un continent qui se caractérise par le déclin économique, l'insécurité alimentaire, l'endettement, le SIDA, les catastrophes naturelles et les famines à répétition. Le revenu par habitant, entre 1991 et 2002, a en moyenne baissé, car l'augmentation du produit intérieur brut n'a pas été aussi rapide que la croissance démographique. En dépit du fait que certains pays d'Afrique sont parvenus à améliorer la sécurité alimentaire et le bien-être général de leurs habitants, pour l'ensemble du continent l'économie reste stationnaire et la croissance démographique élevée.
Au cours d'une année donnée, près de 200 millions de personnes souffrent de la faim de manière chronique et environ 30 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire et agricole d'urgence. L'Afrique est devenue le premier bénéficiaire de l'aide alimentaire et, d'exportatrice de produits agricoles, elle est devenue importatrice nette : chaque année, l'Afrique consacre environ 19 milliards de dollars E.-U. de ses maigres devises à l'importation de produits agricoles tandis que ses exportations n'atteignent que 14 milliards de dollars E.-.U. Par ailleurs, son rôle est de plus en plus marginal dans le commerce international des produits agricoles et elle n'est pas en mesure d'intervenir dans le débat mondial dans ce domaine. En d'autres termes, les difficultés que connaît le secteur agricole ne permettent pas à l'Afrique d'assurer à une grande partie de sa population une vie décente libérée de la faim et de la pauvreté.
Afin de répondre aux besoins de la population qui aspire à un avenir meilleur, avec une nourriture suffisante pour mener une vie saine, les dirigeants africains, dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), créé en juillet 2001 au Sommet de l'OUA à Lusaka, ont manifesté le souhait de relancer leurs économies, en utilisant le secteur agricole comme moteur de croissance. Pour que l'Afrique puisse surmonter les contraintes du secteur alimentaire et agricole et saisir les possibilités offertes pour accroître sensiblement la production agricole, la productivité et la sécurité alimentaire, le NEPAD fournit un cadre à l'engagement des dirigeants africains. Il reconnaît le rôle fondamental et la responsabilité de chaque État membre ainsi que des institutions régionales et sous-régionales.
Les organisations économiques régionales (OER) ont été désignées par l'Autorité constituée par les chefs d'États pour coordonner la mise en uvre des programmes et des projets du NEPAD au niveau sous-régional. Un atelier organisé à la Commission économique pour l'Afrique à Addis-Ababa en août 2002 a renouvelé cet arrangement institutionnel. Il est devenu évident qu'à cet égard les OER et les gouvernements nationaux ont un rôle complémentaire dans la mise en uvre des programmes du NEPAD.
C'est dans ce contexte que la Banque africaine de développement, le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture ont associé leurs efforts pour collaborer étroitement avec les organisations économiques régionales et les pays, afin de mettre en uvre le programme qui permettra de concrétiser le grand projet du NEPAD en faveur de l'agriculture et de la sécurité alimentaire en Afrique.
Plusieurs organisations économiques régionales africaines, en collaboration avec la FAO, ont entrepris en 2000 la préparation des Stratégies et programmes régionaux pour la sécurité alimentaire (PRSA), et les ont soumis en juin 2002 aux donateurs et aux partenaires du développement.
Le NEPAD a élaboré, en collaboration avec la FAO, le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA). Les ministres de l'agriculture africains, réunis le 9 juin 2002 à Rome, ont approuvé ce programme et exhorté à le mettre en uvre sans tarder. Le NEPAD souhaite que ce programme d'action devienne opérationnel; il a également préparé, en collaboration avec la BAD un Plan d'action à court terme pour l'infrastructure.
La Banque africaine de développement et la FAO considèrent que les cadres que constituent le PDDAA, le Plan d'action à court terme et les PRSA offrent la possibilité d'agir de manière efficace pour le développement du secteur alimentaire et agricole.
Réunion d'Abuja
Pour tirer parti de ces cadres propices à l'action, la Banque africaine de développement, le Secrétariat du NEPAD, la FAO et les OER ont organisé conjointement la réunion d'Abuja, afin de promouvoir un dialogue entre les chefs d'États et de gouvernements des pays d'Afrique qui dirigent les OER; les chefs exécutifs des OER, les banques et les fonds régionaux; les membres du Comité directeur du NEPAD; les organisations professionnelles africaines du secteur agricole et certains membres de la communauté des donateurs d'aide bilatérale et multilatérale.
La réunion d'Abuja offre une tribune de haut niveau pour examiner la construction de partenariats fructueux entre les organismes régionaux et sous-régionaux d'Afrique et la coordination de leurs initiatives et programmes respectifs en matière d'agriculture et de sécurité alimentaire. Son but est de parvenir à une compréhension et à des modalités communes pour surmonter les difficultés que connaît l'Afrique, en permettant l'examen des liens qui unissent les actions entreprises par les OER, la BAD, le NEPAD, les autres partenaires et les pays eux-mêmes. Cette réunion offre la possibilité de s'appuyer sur le mandat des OER en matière d'intégration économique régionale pour envisager comment elles pourront promouvoir la convergence des intérêts nationaux autour de certaines initiatives agricoles prioritaires, afin que l'Afrique puisse se démarginaliser et trouver sa juste place sur la scène commerciale internationale. Les résultats attendus de cette réunion sont les suivants:
La réunion d'Abuja est une tribune pour déterminer les mesures pratiques qui permettront aux OER de jouer un rôle actif dans la recherche de solutions; construire des partenariats entre les OER, les banques, les donateurs et les organisations professionnelles dans le domaine du développement agricole et rural; et pour renouveler l'engagement en faveur de l'agriculture, qui demande un suivi sous forme d'une attention constante et d'une volonté indéfectible de réussite.