Facteurs secondaires influant sur la répartition et le traitement
par M. R. JACOBS
Directeur et professeur de sylviculture, Ecole forestière australienne, Canberra
AVANT la colonisation européenne. la savane boisée ou la futaie, dont les eucalyptus constituaient les arbres dominants, couvrait une très grande partie du continent australien¹.
(¹Communication préparée à la demande de la FAO pour la Conférence mondiale de l'eucalyptus qui doit se tenir à Rome du 17 au 30 septembre 1956. Cette conférence examinera les eucalyptus dans la foresterie mondiale, du point de vue de leur valeur, des problèmes fondamentaux de la plantation, de l'implantation, de l'aménagement et de la protection, de leur utilisation pour la fixation des sols et la formation de brise-vent et sous tous les aspects de l'utilisation du bois. Le présent article, qui traite des massifs d'eucalyptus en Australie, leur mode de traitement et les facteurs qui déterminent leur présence se rapporte à une des questions importantes portées à l'ordre du jour de la conférence. Son auteur a publié récemment un ouvrage de base sur l'espèce, intitulé Growth Habits of the Eucalyptus.)
La dimension des arbres variait avec la pluviosité et la température, mais elle était généralement remarquable relativement aux conditions dans lesquelles ils poussaient. Dans les régions recevant une pluviosité annuelle inférieure à 15 inches (370 mm), la hauteur des arbres s'échelonnait entre 6 et 30 feet (1,8-9 mètres). La plus grande partie de la savane boisée de meilleure qualité recevait de 15 à 30 inches (370-740 mm) de pluie par an dans la zone tempérée fraîche et de 30 à 60 inches (740-1 480 mm) sous les tropiques; elle était caractérisée par des «anciens» de 60 à 100 feet (18-30 mètres) de haut. Dans la futaie sclérophylle humide, les «anciens» dominants avaient environ 60-100 feet (1830 mètres) de haut, sous des latitudes très variées, la pluviosité annuelle allant de 40 inches (1000 mm) ou plus dans les parties tempérées fraîches à 70 inches (1 770 mm) ou plus sous les tropiques. Les meilleures stations forestières de l'Australie méridionale, recevant une pluviosité annuelle de 50 inches (1270 mm) ou plus, portaient, sur des centaines de milliers d'hectares, des eucalyptus qui atteignaient 150 à 250 feet (4575 mètres) de haut et, en quelques endroits, 250 à 300 feet (75-90 mètres).
Alors que l'action combinée de la pluviosité et de la température constituait le principal facteur déterminant la dimension des arbres, d'autres influences intervenaient. On trouvait naturellement de meilleures forêts sur les bons sols que sur les sols médiocres. L'exposition aux vents violents entrait également en ligne de compte. C'est dans les régions où les graves cyclones étaient rares que l'on rencontrait les très grands eucalyptus.
Effets du feu et du pâturage avant la colonisation européenne
Le pâturage et le feu sont des facteurs qui ont joué un rôle très important dans la forêt d'eucalyptus, mais leur effet a varié selon le type de forêt.
En Australie, les animaux autochtones qui pâturaient étaient des marsupiaux; ceux-ci ne tondent pas l'herbe à ras à la manière du mouton ou du lapin. C'était un facteur favorable dans la forêt d'eucalyptus. Presque toutes les espèces de la savane boisée forment des ligno-tubers; grâce à ces structures, elles peuvent s'installer durant une bonne saison et attendre des temps favorables pour se développer jusqu'à constituer de véritables arbres. Les graminées indigènes d'Australie forment de préférence des touffes légèrement espacées plutôt qu'un tapis continu; cela, également, facilite la régénération de l'eucalyptus. Il convient cependant de remarquer que, en l'absence de pâturage et d'incendie, les eucalyptus peuvent, en quelques années, se régénérer dans une pelouse continue de graminées denses si la fructification est abondante.
Il est probable que la forêt d'eucalyptus avait subi des incendies périodiques, même avant l'arrivée de l'homme. La présence très fréquente, dans le sous-étage, d'espèces dont les graines sont adaptées à germer après le passage du feu, laisse supposer un long passé d'incendies.
Les hommes connus qui ont occupé l'Australie ont tous brûlé les parties boisées. Les aborigènes étaient des chasseurs de l'âge de pierre. Ils se rassemblaient dans les endroits où le gibier était le plus abondant; c'était le cas de la savane boisée. Dans la forêt sclérophylle humide et les régions très sèches il n'y avait que peu d'animaux et un petit nombre seulement d'aborigènes y demeuraient.
Le chasseur aborigène avait souvent recours au feu pour traquer le gibier. Il n'avait pas intérêt à allumer de grands incendies. Il savait le danger que représente un grand feu, mais il ne disposait pas de moyens efficaces pour venir à bout des flammes dès qu'elles atteignaient une certaine dimension; il était donc inévitable que, périodiquement, les incendies échappent à son contrôle. Ces incendies avaient pour effet de maintenir très ouverte une grande partie de la savane boisée et de favoriser les eucalyptus à lignotubers par rapport à d'autres genres, supportant peut-être mieux l'ombre, mais moins résistants au feu.
La plupart des forêts d'eucalyptus de qualité touchaient à la savane boisée, régulièrement incendiée par le chasseur aborigène. Lorsque les feux allumés par les chasseurs débordaient ces derniers, l'incendie gagnait la forêt de qualité et y parcourait une étendue variable suivant les conditions atmosphériques. Parfois le feu se contentait de courir au sol et ne parcourait que de faibles distances, causant peu de dégâts; mais, durant les années très chaudes et lors de vents violents, le feu gagnait les cimes des grands arbres et ravageait parfois de vastes étendues. Dans la futaie, ces incendies ont eu pour effet de limiter certaines espèces et d'en favoriser d'autres.
Le feu est l'un des facteurs qui a rendu possible l'installation et le maintien de la forêt d'eucalyptus dans de nombreuses stations de bonne qualité en Australie méridionale. Dans ces localités, les eucalyptus auraient été supplantés par d'autres genres supportant mieux l'ombre si de grands incendies ne s'étaient répétés périodiquement, à des intervalles allant, en certains endroits, jusqu'à 300 ans.
La répartition de quelques eucalyptus de valeur a été limitée par le feu. Quelques espèces ont une écorce très sensible aux brûlures et, bien qu'elles soient naturellement très vigoureuses, c'est ce facteur qui a limité leur répartition.
Le feu le pâturage après la colonisation européenne
Le chasseur aborigène incendiait donc délibérément la savane boisée pour se procurer sa nourriture. Il n'incendiait pas volontairement de grandes superficies de futaie pour la bonne raison que le gibier y était rare.
Les premiers colons européens durent recourir à la savane boisée pour y installer leurs troupeaux de moutons et de gros bétail. Les incendies allumés pour la chasse par les indigènes étaient pour eux une cause de trouble. Les graminées risquaient d'être détruites tôt dans l'été et de ne plus pouvoir servir au pâturage du nouveau cheptel introduit par les Européens. Les animaux eux-mêmes couraient également le risque d'être brûlés. Ceci explique la disparition rapide des aborigènes de la savane et, dans ce type de région, la progression des Européens entraîna une diminution des incendies et de leurs conséquences en de nombreux endroits. Malheureusement, c'est le contraire qui se produisit dans les forêts de meilleure qualité. Alors que le chasseur autochtone ne tirait qu'un faible profit de l'incendie de la futaie, c'est un pâturage appréciable pour son troupeau que l'Européen trouvait dans les rejets succulents qui se développaient lorsque les arbres et les arbustes étaient détruits et la forêt ouverte. L'Européen a largement augmenté le nombre d'incendies dans les belles forêts, avec de fâcheuses conséquences quant aux arbres adultes. Le mal était en partie compensé par le fait que l'ouverture du couvert par le feu rendait possible l'installation sur le sol forestier de semis préexistants. Ces derniers offrent au forestier australien de nos jours la possibilité de reconstituer une forêt bien venante et vigoureuse grâce à la protection et à un minimum de traitement.
Evolution en l'absence du feu et du pâturage
Presque toutes les forêts d'eucalyptus d'Australie avaient été façonnées par le feu et le pâturage lorsque les forestiers les prient en charge. Dans toutes ces forêts, la protection contre le feu et le pâturage a eu comme premier résultat la constitution, en vingt ou trente ans, d'une forêt plus dense et plus sombre. Les semis préexistants d'eucalyptus se développent rapidement et les espèces du sous-étage se multiplient. Si, durant une longue période, on assurait la protection sans faire d'exploitations, le résultat différerait suivant la nature de la forêt. Les grands eucalyptus de 150300 feet (45-90 mètres) seraient remplacés par des genres supportant mieux l'ombre. La forêt sclérophylle sèche et les meilleures savanes boisées de basse altitude pourraient être partiellement envahies par des essences d'ombre, mais se maintiendraient sans doute sous l'aspect de forêts plus ou moins ouvertes avec eucalyptus dominants. Les futaies de montagne pourraient rester stables à la manière des forêts ouvertes d'eucalyptus avec des grands arbres et la présence de graminées sur le sol.
Ce qui précède met en valeur le rôle important joué dans les forêts naturelles d'eucalyptus par le feu et le pâturage et celui, moins marqué, du sol et des tempêtes. Quand l'homme régénère ces peuplements, il doit remplacer, par son action personnelle. l'effet du feu. Le forestier qui, hors d'Australie, veut faire des reboisements en eucalyptus, devrait aussi prendre en considération le rôle joué par le feu en Australie. Il sera fondé à expérimenter les espèces dans une gamme de stations plus large que celle où on les rencontre à l'état naturel.
L'aborigène ne faisait. que peu d'usage de la forêt d'eucalyptus. L'Européen en a détruit des millions d'hectares pour installer ses fermes et ses terrains de parcours et cherche maintenant à en aménager peut-être plus de 20 millions d'acres (8 millions d'hectares).
Effet de l'exploitation sur la savane boisée
En Australie méridionale, la meilleure partie de la savane boisée a été presque en totalité convertie en exploitations agricoles ou pastorales. Quelques arbres ont été abattus et utilisés pour satisfaire les besoins des fermes, faire des traverses de chemin de fer, etc.; mais on s'est contenté surtout de pratiquer des annelations circulaires. Les arbres ainsi annelés ont fourni du bois de chauffage de grande qualité à trois générations d'Australiens; ils manqueront sérieusement lorsqu'ils disparaîtront, ce qui est inévitable. Dans certaines localités, on a supprimé beaucoup trop d'arbres vivants et on constate dès maintenant qu'il n'y a plus assez d'arbres pour assurer l'abri ou satisfaire les besoins des fermes. Cet état de choses est aggravé par le fait que, parmi leurs ennemis les plus dangereux, les eucalyptus de la savane comptent des coléoptères dont les larves se nourrissent de racines de graminées et les adultes de feuilles d'eucalyptus. L'augmentation due à la colonisation de la proportion des graminées par rapport aux arbres a pour conséquence l'augmentation progressive de la gravité des attaques des arbres conservés par les coléoptères adultes. La solution de ce problème peut être le développement de races d'eucalyptus dédaignées par les coléoptères ou la plantation d'arbres appartenant à des genres que les insectes n'attaquent pas.
Effet de l'exploitation dans la forêt de bonne qualité (hauteur inférieure à 150 «feet» à maturité)
La plus grande partie de la forêt d'eucalyptus qui, à maturité, ne dépasse pas 150 feet (45 mètres) est composée d'espèces résistant au feu. Les forêts vierges étaient irrégulières avec une prépondérance de vieux arbres. Il arrivait que les vieux arbres, sous l'action combinée du vent et de l'incendie, soient chablis et que la régénération se produise dans le vide qui s'était ainsi formé; il s'en est suivi, dans le cours des temps, une gamme étendue de classes d'âges et de dimensions. Lorsque les Européens commencèrent à exploiter cette catégorie de forêts, les meilleurs arbres furent pris pour l'industrie. Ensuite les services forestiers introduisirent, à une date relativement récente, la notion de circonférence exploitable minimum de façon à garder un contrôle de l'exploitation. Il s'en suivit inévitablement la généralisation de l'exploitation par coupes jardinatoires. Dans les vides créés par ces dernières, des taches de régénération apparurent et, en bordure de ces vides, la croissance des arbres plus vieux fut facilitée. Ces arbres, placés dans de meilleures conditions, constituent la source d'approvisionnement des scieries pour le passage en coupe suivant, et on est ainsi placé dans les mêmes conditions pour pratiquer les coupes jardinatoires à venir.
Ces coupes ont conduit à un mode de traitement connu sous le nom de «Méthode australienne de jardinage par trouées» (Australian group selection system). Auparavant, l'aspect caractéristique était en théorie une forêt irrégulière composée de bouquets d'arbres du même âge qui se régénéraient dans les petites zones dénudées créées par les coupes jardinatoires. Dans chaque parcelle les âges étaient en principe des multiples du chiffre retenu pour la périodicité des coupes. L'aspect caractéristique que l'on recherche pour l'avenir est celui d'une forêt irrégulière ou, dans des zones convenables désignées à l'avance, on exploite quelques arbres pour les besoins de l'industrie. Ces enlèvements favorisent, dans toutes les classes de dimension, la croissance des arbres dominants maintenus sur pied. Il sera possible de maintenir la forêt d'eucalyptus grâce, surtout, aux exploitations commerciales sans avoir recours à l'écobuage. Le traînage des bois, en remuant le sol, et les coupes, en ouvrant les peuplements, permettront le développement d'une régénération naturelle suffisante de l'eucalyptus. L'abattage des arbres exploités dans un but commercial, qui contribue à dégager les semis naturels de la végétation concurrente et des plantes grimpantes, quelques éclaircies dans les gaulis et, lorsque le besoin s'en fait sentir, de petites plantations d'enrichissement amélioreront considérablement la qualité de la forêt future.
Exploitation et régénération dans la forêt de grande qualité (dépassant 150 «feet» de haut)
Dans une forêt d'eucalyptus, lorsque le peuplement mûr atteint en hauteur une certaine limite, qui est de l'ordre de 150 feet (45 mètres), il est préférable d'abandonner les coupes de jardinage au profit des coupes à blanc étoc. Les peuplements de moins de 150 feet de haut peuvent être indéfiniment traités en jardinage. Si la forêt est plus haute, il est difficile, bien que cela ne soit pas impossible, de réaliser les coupes jardinatoires et les vides qui en résultent ne réunissent pas, sous l'angle de l'éclairement, les conditions propices à l'installation des semis naturels d'eucalyptus. L'écran des arbres qui bordent les trouées est trop haut pour le diamètre de celles-ci et les essences d'ombre peuvent prendre le dessus. En outre, beaucoup de forêts de très grands eucalyptus sont constituées par des peuplements équiennes d'une espèce sensible au feu qui s'est régénérée dans le passé après quelque catastrophe. Il est souhaitable de traiter ce type de peuplement comme une forêt équienne. Si l'on peut y pratiquer des éclaircies payantes, la production de ces forêts en sera nettement augmentée.
L'amélioration des peuplements sur les sols de vallée
Dans beaucoup de parties des meilleures forêts d'eucalyptus en Australie, les meilleurs sols se trouvent dans les vallées et ces derniers ne portent qu'en petit nombre les arbres qu'on souhaiterait y rencontrer. Il y a à cela deux raisons. En premier lieu, les incendies qui favorisent les eucalyptus furent généralement plus graves dans le passé sur les pentes et les crêtes. Dans les vallées, les plantes adventices d'ombre étaient plus robustes et, en les étouffant, les plantes grimpantes finissaient par faire disparaître les eucalyptus épars. En second lieu, beaucoup de forêts d'eucalyptus étaient traditionnellement desservies par une route de crête où la circulation était possible par tous les temps. Les routes de vallées qui permettaient une meilleure exploitation des meilleurs sols n'étaient pas populaires car elles n'étaient praticables qu'en périodes sèches. Les voies de communication des vallées seront beaucoup plus empruntées dans l'avenir. Elles permettront l'utilisation effective des sols de meilleure qualité et la production forestière s'améliorera.
Organisation des coupes
Quelques règlements d'exploitation à longue échéance ont été établis en Australie et il se dessine actuellement un fort courant en faveur d'un meilleur contrôle et d'une meilleure réglementation de l'assiette des coupes. Ceci permettra aux Services forestiers de coopérer aux plans d'aménagement, de protéger les forêts du vent, et de faciliter la régénération grâce à une répartition des classes d'âge conforme à une norme bien établie.
Bordures de semenciers
Il est apparu que les semenciers classiques, que l'on conserve ordinairement dans les coupes à blanc, ne conviennent pas pour jouer leur rôle. Dans toutes les forêts, les meilleurs semenciers sont des arbres dominants, mais ceux-ci sont recherchés par l'industrie. Pour tourner cette difficulté, les règlements d'exploitation prescriront de laisser des bordures d'arbres adultes dont les graines se dissémineront dans une coupe récemment exploitée plutôt que de conserver à l'état isolé des semenciers de qualité inférieure.
Les insectes et la régénération des eucalyptus
Les excédents de graines de la plupart des essences forestières servent à nourrir toutes sortes d'animaux sauvages. Dans le cas particulier des eucalyptus, la graine est petite et ce sont surtout les fourmis et autres petits insectes qui la mangent. Ces animaux peuvent dérober la plus grande partie des graines produites par une bordure de semenciers et jouer un rôle important en diminuant l'importance de la régénération obtenue. Des insecticides modernes, comme le chlordane et la dieldrine, se sont révélés efficaces, à l'échelle expérimentale, pour la destruction des insectes prédateurs de graines. Leur emploi ne coûte pas cher et ils peuvent se révéler utilisables à plus grande échelle dans certains cas où l'on recherche une régénération complète dans les forêts de grande qualité.
Semis artificiel à la volée
Il y a généralement suffisamment de graines pour assurer la régénération des zones qui ne sont pas encore colonisées par des semis préexistants dans les forêts d'eucalyptus ne dépassant pas, à l'âge adulte, 150 feet de haut, si les arbres abattus ne sont pas trop grands. Au contraire, l'approvisionnement en graine peut être insuffisant dans les forêts équiennes de grande qualité, plus âgées, dépassant 150 feet de haut. Dans ces forêts, le volume sur pied est élevé et l'exploitation par coupe rase laisse généralement une zone dont le sol est bien remué mais où s'entremêlent en abondance les plus petites billes qui ont été cassées. Ces zones ne sont pas grandes, mais il est difficile d'y effectuer une plantation. Elles représentent presque l'idéal pour un semis à la volée à partir d'un hélicoptère à la condition d'arriver à enrober la graine d'eucalyptus de façon à augmenter sa densité. Un petit hélicoptère peut être amené à pied d'uvre sur un véhicule. On pourrait ajouter au produit servant à l'enrobage un répulsif approprié pour les insectes.
Enrichissement artificiel
Il y a vingt ans, un pied d'eucalyptus ne représentait qu'une faible valeur monétaire et il ne pouvait être question d'enrichissement artificiel. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. La valeur actuelle des billes d'eucalyptus et celle qu'elles atteindront vraisemblablement dans l'avens rendent essentielle la création, dans les forêts de meilleure qualité, de peuplements complets. L'expérience a montré que la propension à l'élagage naturel du genre permettait d'obtenir des arbres de bonne forme à partir d'une régénération clairsemée dans des peuplements irréguliers, alors qu'après une coupe rase, on n'avait que des résultats médiocres avec une densité du même ordre. La bonne forme des arbres obtenus à partir d'une régénération clairsemée en forêt jardinée rend possible d'envisager de compléter le peuplement de nombreuses zones en n'utilisant, pour cet enrichissement artificiel, qu'un petit nombre de plants.
Dans ce but on utilise, dans les forêts d'eucalyptus d'Australie, des plants en motte élevés dans des tubes individuels et non dans des récipients plus lourds contenant un certain nombre de plants. Il faut en rechercher la raison dans le fait qu'il est possible, avec un petit nombre de tubes, de passer par-dessus les billes marquées comme inutilisables et les rémanents, ce qui n'est pas faisable avec un récipient plus lourd.
Propriétés des trouées
Dans les forêts d'eucalyptus les trouées dans lesquelles la régénération se développe constituent des unités biologiques dont on peut tenir compte lorsqu'il s'agit de résoudre les problèmes que pose la régénération. L'éclairement des trouées est fonction de la hauteur de l'écran constitué par la végétation qui les entoure, la forme de la trouée et la relation qui existe entre sa hauteur et sa largeur. En agissant sur ces facteurs, il est parfois possible de régler la nature de la régénération dans les forêts mélangées.
Production et comportement des différentes espèces
Dans les peuplements mélangés d'eucalyptus, les différentes espèces présentent des variations dans leur comportement vis-à-vis de l'ombre, leur réaction à l'incendie, la conformation de leur cime et de leur système radiculaire, la rapidité de leur croissance. On pensait, jadis, que c'était les arbres à la croissance individuelle la plus rapide qui assureraient la plus forte production de bois d'uvre. Il semble maintenant probable que l'avenir montrera, comme il l'a fait ailleurs, que, pour un sol donné, la meilleure production par hectare et par an et, en définitive, la meilleure forêt, seront sans doute le fait des espèces supportant mieux l'ombre durant une révolution plus longue.
Dosage de l'irrégularité des parcelles
Dans les peuplements aménagés par la méthode de jardinage par trouées, on peut élargir ou restreindre l'éventail des dimensions dans les parcelles en réglant les coupes jardinatoires successives, en cherchant soit à créer des bouquets plus nombreux, soit à étendre les bouquets plus anciens. On hésite encore pour savoir quelle est la meilleure méthode. En augmentant l'irrégularité des parcelles on peut réaliser une unité biologique meilleure. Par contre, on peut, en diminuant l'irrégularité, obtenir dans les parcelles un perchis continu dont les arbres atteignent ou dépassent la dimension poteau. Avec des espèces résistant au feu, il est possible de lutter contre l'incendie de ces parcelles sans grand mal pour les arbres; ceci peut rendre de grands services au voisinage des lisières.
L'emploi des espèces de la savane boisée
Les espèces de la savane ne joueront pas, dans l'avenir, un grand rôle dans le commerce australien des bois mais elles pourraient présenter un grand intérêt dans les pays d'outremer où on emploie les eucalyptus dans les reboisements en conditions difficiles. Les espèces de la savane se sont développées en dépit d'incendies répétés et elles sont particulièrement rustiques. Beaucoup d'entre elles ne produisent pas de bois d'uvre à l'état serré mais d'autres permettraient de réaliser une forêt productive. Les arbres avec lesquels on peut espérer faire un bon boisement sont ceux qui présentent quelques-unes des caractéristiques habituelles des essences d'ombre, comme une ramification relativement plus importante que celle présentée ordinairement par le genre. Les forestiers d'autres pays auraient intérêt à étudier les caractéristiques des cimes des spécimens valables qu'ils peuvent rencontrer localement dans les arboretums avant de choisir les espèces pour les travaux à grande échelle.
L'emploi des espèces forestières atteignant de grandes dimensions
Les eucalyptus en provenance des forêts de très grande qualité peuvent présenter, en dehors de l'Australie, moins d'intérêt que les espèces de la savane. C'est au feu que les eucalyptus doivent d'occuper la forêt de grande qualité et, pour ces zones, on peut trouver des genres plus productifs. La conformation de la cime de ces eucalyptus est idéale pour la croissance rapide des arbres à l'état isolé, mais elle ne convient pas si bien à la production d'un important volume de billes de sciage de haute qualité sur une surface donnée.
Croissance des arbres et qualité du bois en l'absence d'insectes défoliateurs
Dans les stations appropriées, les eucalyptus poussent plus vite en dehors de l'Australie qu'ils ne le font en Australie à condition que l'on n'ait pas introduit aussi les insectes défoliateurs qui, en Australie, se sont développés avec le genre. La croissance plus rapide des arbres qui ont été introduits dans d'autres pays peut avoir pour corollaire une qualité inférieure du bois due à la vigueur de la croissance. On peut améliorer la situation en allongeant les révolutions auxquelles on cultive les arbres.
Sélection des variétés
Les forestiers des autres pays devraient porter autant d'attention aux races des espèces introduites d'Australie qu'aux espèces elles-mêmes. La plupart des espèces sont très variables, en particulier celles dont l'aire s'étend sous des latitudes très variées. Certaines races permettent de réaliser des boisements de bonne qualité et réciproquement. Les fonds importants dépensés pour la sélection raciale et la récolte des graines sur des arbres d'élite appartenant à ces races sélectionnées constituent un investissement qui, vraisemblablement, se révèlera très rentable.
Différence entre les conditions du marché en Australie et outre-mer
En beaucoup d'endroits d'Australie, il est impossible d'employer une grande proportion du matériel ligneux produit par les forêts d'eucalyptus. Les meilleures billes sont utilisées et les autres sont marquées pour être laissées sur le parterre de la coupe, ces dernières rendant difficile l'accès des parcelles. Les pays étrangers les plus intéressés par les eucalyptus ont généralement un déficit en ce qui concerne tous les produits du bois. Dans ces pays, les plantations d'eucalyptus sont réalisées sur un sol complètement nettoyé et bien préparé. On peut escompter vendre même les plus petites billes. Les conditions différentes du marché peuvent conduire à des méthodes de traitement radicalement opposées, chacune d'elles convenant parfaitement à la localité où on l'applique. Le forestier australien aussi bien que le forestier étranger devrait y penser.
(Traduit de l'anglais)
La structure interne de l'Organisation a été modifiée au cours de l'été dans le sens indiqué par le Directeur général, M. P. V. Cardon, agissant en vertu de l'autorité que lui avait conférée la Conférence. Cette réorganisation avait pour objet d'intégrer le programme ordinaire de la FAO, financé sur les crédits votés par la Conférence, et le programme d'assistance technique, financé sur les fonds spéciaux alloués par l'Assemblée générale des Nations Unies.
Ces deux programmes sont maintenant complètement coordonnés. La liaison a été resserrée entre le Siège de l'Organisation, les représentants du Directeur général dans les régions et les représentants de la FAO dans les pays (désignés auparavant sous le nom de chefs de missions d'assistance technique), elle l'a été également avec les autres organisations internationales.
La réorganisation a provoqué les mouvements suivants dans le personnel: M. Pierre Terver, ancien chef du Service de l'assistance technique à la Division des Forêts, a été nommé directeur du Service programme et budget au Cabinet du Directeur général. La Section de l'assistance technique de la Division des Forêts a été supprimée. Un Groupe central de coordination a été créé au Cabinet du Directeur de la Division; le chef en est M. L. J. Vernell. On sait qu'à d'autres fonctions, M. Vernell joint, depuis le début de 1948, celles de rédacteur d'Unasylva.
M. A. Huber a quitté la Division des Forêts pour assumer en Suisse les fonctions de forestier cantonal. M. Aung Din, du Service forestier de Birmanie, a été nommé à un poste à la Sous-Division de la technologie forestière, M. Gimenez-Quintana, ingénieur du service forestier espagnol à Séville, fait maintenant partie de la Sous-Division de la politique forestière. M. Nasu, qui appartenait à la station expérimentale forestière de Tokyo, a été nommé à un poste de forestier au Bureau régional pour l'Asie et le Pacifique, à Bangkok.