par GEORGE E. BURKE et RUSSELL W. BEESON 1
1 Cet article est basé sur une étude effectuée par les auteurs en 1945. en tenant compte des modifications apportées par eux mêmes et par certains spécialistes de la FAO.
DANS les régions où l'agriculture produit des fruits et des légumes destinés à être vendus dans les villes, le producteur a besoin d'emballages en bois pour que ses denrées arrivent en bon état sur les marchés éloignés. Cela est surtout vrai quand ces denrées sont le produit de cultures irriguées, en raison du fait que les expéditions peuvent devenir irrégulières ou même cesser complètement si le producteur ne dispose pas des cageots et des emballages en bois dont il a besoin.
Les expériences et les recherches accomplies un peu partout dans le monde ont mis en lumière l'importance des fruits et des légumes comme «aliments protecteurs» dans le régime alimentaire. Dans les nombreuses régions où l'on se consacre surtout à la culture des céréales, il serait désirable, du point de vue international, de consacrer une partie des terres à la culture des fruits et des légumes. Il serait bon de reconnaître que ces denrées ne pourront être mises à la disposition des consommateurs que si l'on dispose en quantité suffisante de produits forestiers pour la fabrication des emballages.
Les emballages agricoles peuvent se fabriquer avec du bois de qualité relativement inférieure, ce qui abaisse le prix de revient. Il est également important pour le prix de revient que la source d'approvisionnement en matières premières (c'est-à-dire la forêt) soit aussi rapprochée que possible des centres de production agricole.
Un pays qui cherche à diversifier son agriculture et à produire des «aliments protecteurs» pour sa population serait bien avisé de veiller au développement et à l'aménagement appropriés de ses forêts. Une agriculture saine et variée, un régime alimentaire convenable, de bonnes méthodes forestières, tels sont les éléments qui constituent le grand problème de l'amélioration du bienêtre de l'humanité.
La façon dont les cultures irriguées dépendent des forêts et du bois est bien illustrée par la situation qui existe dans l'Etat de Californie ( E.-U. ) . Dans cet Etat, l'agriculture est une industrie extrêmement bien organisée; ses produits sont standardisés, soigneusement emballées au goût du consommateur et expédiés à de très grandes distances.
Des rapports comme celui-ci ne sont- pas très fréquents, et l'expérience effectuée assez récemment par la Californie peut être utile à d'autres pays où l'on tente aussi de créer une industrie agricole au moyen de l'irrigation et où l'on fait un usage analogue du bois pour l'emballage et l'expédition des fruits et des légumes.
La Californie contient 6,9 millions d'hectares de forêts commercialement exploitables, d'où l'on tire annuellement 5,9 millions de m³ (s) de sciages. Environ 2 millions de m³ (s) de bois, soit 31 pour cent de la production totale, sont utilisés localement pour l'emballage des produits agricoles. Pour les agriculteurs de ce pays, comme d'ailleurs pour beaucoup d'autres utilisateurs de bois de la Californie, l'entretien de ces forêts productives présente donc un intérêt primordial.
Les planches de caisserie utilisées en agriculture pour la fabrication des caisses destinées à la manutention et aux envois constituent la plus importante utilisation des sciages ² produits en Californie. Le bois s'est révélé le meilleur matériau pour la fabrication de ces emballages, en raison de son aptitude à supporter un usage relativement pénible et de l'assez grande résistance qu'il oppose à l'humidité et aux changements de température. Les emballages en bois réunissent des qualités de rigidité et d'élasticité qu'il n'a pas encore été possible de réaliser de façon satisfaisante avec d'autres matériaux.
2 Non compris l'entretien des usines ni les constructions nouvelles.
Le volume exceptionnel de cette utilisation du bois est dû à l'importance de la production des fruits et des légumes de la Californie. En 1944, la Californie venait en tête de tous les autres Etats des Etats-Unis pour les recettes provenant de la vente par les producteurs des fruits et des légumes. Le revenu assuré par ces produits, qui était d'environ 662 millions de dollars pour les fruits et 284 millions de dollars pour les légumes, représentait alors respectivement 47 et 19 pour cent du revenu national agricole.
Certaines des plus importantes espèces de fruits et de légumes sont récoltées et transportées aux conserveries dans les caisses de ramassage habituelles (field lugs). Pour la vente commerciale, les fruits et les légumes sont en majeure partie expédiés dans des emballages de bois spécialement conçus à cet effet qui, avant la guerre, variaient énormément en dimensions et en formes, mais qui, pendant la guerre, ont eu tendance à se standardiser pour chaque produit. Les expéditions effectuées par voie ferrée sont maintenues en place à l'aide de tirants en bois, ou barres de renforcement, et de copeaux. Des plateaux de bois (claies) sont utilisés pour le séchage au soleil et la déshydratation de certains fruits et raisins, et des caisses d'évaporation servent surtout de récipients pour l'emmagasinage des fruits et des raisins séchés pendant la période d'équilibrage de l'humidité dite d'«évaporation» («sweating»).
A la demande de l'Office of Agricultural War Relations du Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis, la California Forest and Range Experiment Station a effectué en janvier 1943 une étude préliminaire des besoins de la Californie en planches de caisserie pour l'agriculture. Cette étude a révélé que la construction des emballages destinés à l'agriculture constitue l'utilisation la plus importante pour les sciages produits en Californie. Lorsqu'en 1945 on procéda à une nouvelle estimation, sur le plan national, des approvisionnements en bois, il parut utile d'étudier plus à fond cet aspect de l'utilisation des sciages si important pour l'agriculture californienne.
ETENDUE DE L'ÉTUDE
Le rapport comprend: a) une estimation des besoins en bois de sciage pour la fabrication de planches de caisserie destinées à l'ensemble des industries californiennes des fruits et légumes d'une part, et, de l'autre, pour les produits frais et transformés pris separément; b) une estimation de la production californienne des planches de caisserie destinées à l'agriculture; c) les prévisions, pour les années postérieures à 1945, y compris un examen des besoins probables, de l'expansion possible et des besoins par rapport à la production. Le bois de sciage nécessaire à la construction et à l'entretien des usines n'est pas inclus dans ces estimations.
BESOINS POUR LA PRODUCTION DE PLANCHES DE CAISSERIE DESTINÉES A L'AGRICULTURE
Le Tableau 1 montre les besoins en bois de l'industrie californienne des fruits et légumes pour 1944 exprimés en termes de planches de caisserie et pour 1940-1944 en termes de planches de caisserie et de volume brut de bois de sciage respectivement.
TABLEAU 1. - BESOINS EN BOIS DE SCIAGE POUR LA PRODUCTION DE PLANCHES DE CAISSERIE DESTINÉES A L'INDUSTRIE CALIFORNIENNE DES FRUITS ET LÉGUMES, 1944 ET MOYENNE 1940-44 1
1 Les bases ayant servi à l'établissement des estimations sont indiquées dans le texte sous des rubriques séparées
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Emballage on autres utilisations |
Besoins en planches de caisserie (moyenne des«tombées» dans la fabrication: caisses 15%;25%) |
Besoins en bois de sciage (volume brut), 1940-44 |
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1944 |
Moyenne 1940-44 |
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(1.000 «board feet»²) |
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Légumes |
264,540 |
247,010 |
290,600 |
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Agrumes |
199,220 |
214,690 |
252,580 |
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Autres fruits et raisins |
128,240 |
138,430 |
162,860 |
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Total pour emballage des fruits et des légumes frais |
592,000 |
1 600,130 |
706,040 |
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Copeaux |
29,610 |
28,680 |
28,680 |
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Bois de renforcement |
27,140 |
26,290 |
26,290 |
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Fruits séchés |
24,980 |
24,980 |
29,3.90 |
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Caisses pour le ramassage |
25,000 |
25,000 |
29,410 |
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Plateaux pour le séchage (claies) |
10,040 |
10,040 |
13,390 |
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Plateaux pour la déshydratation |
2,360 |
2,360 |
3,150 |
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Caisses d'évaporation |
4,000 |
4,000 |
4,710 |
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Total pour les usages divers |
123,130 |
121,350 |
135,020 |
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TOTAL GÉNÉRAL |
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715,130 |
721,420 |
841,060 |
²1.000 board feet de bois de sciage égalent 2,36 m³ (s).
POUR LES EXPÉDITIONS DE FRUITS ET DE LÉGUMES FRAIS
Planches de caisserie
Les besoins en bois pour la fabrication des emballages destinés aux expéditions de fruits et de légumes frais, exprimés en volume brut de bois de sciage, représentent environ 84 pour cent du total des besoins pour les industries des fruits et des légumes de Californie. Pendant la période 1940-44, environ 1.420.000 m³ (s) de bois ont été utilisés pour l'emballage des fruits et des légumes frais. Pour chaque groupe de produits, les besoins ont été les suivants: 583.000 m³ (s) pour les légumes; 507.000 m³ (s) pour les agrumes, 326.000 m³ (s) pour les autres fruits et les raisins.
Les besoins en planches de caisserie apparaissent par produits séparés au Tableau 2. Les estimations sont basées sur la quantité de planches de caisserie nécessaires par wagon pour les emballages et le nombre de charges de wagon nécessaires pour les expéditions de chaque produit important.
Les quantités de planches de caisserie nécessaires par wagon pour les emballages ont été calculées d'après les données suivants: a) dimensions de l'emballage le plus couramment utilisé pour chaque produit; b) nombre de mètres cubes par emballage; c) nombre de caisses par charge de wagon. Il faut en moyenne 3,6 m³ (s) de planches de caisserie par charge de wagon de légumes, 4,5 m³ (s) par charge de wagon d'agrumes et 5,9 m³ (s) par charge de wagon d'autres fruits.
Dans les expéditions par wagon est inclus le total des expéditions par camion exprimé en équivalent de «charge de wagon» à l'intérieur de la Californie. On estime en général que le total des expéditions qui s'effectuent à l'intérieur de cet Etat est le double des déchargements effectués à San Francisco et à Los Angeles en raison du fait que la moitié environ de la population de la Californie est rassemblée dans ces deux grandes agglomérations. Cependant, un grand nombre de produits consommés dans les vallées de l'intérieur ou reçus dans les centres urbains, notamment à Los Angeles, ne sont pas expédiés dans les emballages habituels, mais en vrac ou dans des emballages ayant déjà servi. Voilà pourquoi, pour estimer le volume des expéditions par camion nécessitant de nouvelles planches de caisserie, on a cru obtenir un chiffre plus exact en n'ajoutant au volume des déchargements effectués à San Francisco et-à Los Angeles que 50 pour cent du volume de ces arrivages au lieu de le doubler. Le nombre des wagons représentant les expéditions de pêches, poires, abricots et raisins a été adjusté de façon à exclure les expéditions par voie ferrée de ces produits aux usines de transformation, parce que le contenant utilisé dans ce dernier cas est la caisse de ramassage habituelle (field lug box) qui sert pendant des années.
Arrimage et calage des emballages dons les wagons
En plus des emballages, chaque charge de wagon de fruits et de légumes nécessite en moyenne 0,26 m³ (s) de bois de renforcement, et 0,28 m³ (s) de copeaux de bois pour caler le chargement. Etant donné qu'environ 239.027 charges de wagon ont été expédiées chaque année par voie ferrée pendant la période 194044, on peut estimer que le volume de bois utilisé s'est monté à 61.000 m³ (s) pour les barres de renforcement, et à environ 68.000 m³ (s) pour les copeaux.
Arrivage des pêches à la fabrique de conserves.
POUR LES FRUITS ET LES LÉGUMES SÉCHÉS³
³Ne comprend pas les planches de caisserie pour la conserverie. Les panneaux de fibre remplacent couramment le bois dans la fabrication des emballages pour ces expéditions et le volume de bois de sciage actuellement utilisé à cette fin est relativement insignifiant.
Fruits séchés
En 1944, la Californie a produit environ 508.000 tonnes de fruits séchés dont le quart, soit 140.000 tonnes, était emballé dans des boîtes en bois. La caisse de fruits séchés standard de 25 livres (11,35 kilos) utilise 0,0053 m³ (s) de bois. Les besoins en planches de caisserie pour les emballages de fruits séchés s'élèvent en conséquence à 59.000 ma (s).
Caisses de ramassage
Il est extrêmement difficile d'estimer le volume des besoins annuels pour les caisses de ramassage en raison du manque presque complet de données dignes de foi. On fait un usage considérable de ces caisses pour la cueillette de huit espèces de fruits et de deux espèces de légumes. Ces caisses sont souvent utilisées à plusieurs reprises au cours de la même saison, et le nombre d'années pendant lesquelles elles restent en service dépend du soin avec lequel elles sont manipulées. Des renseignements ont été demandés à ce sujet aux fabricants de conserves, aux expéditeurs et aux cultivateurs. Il semble en général qu'une tonne environ de produits nécessite cinq caisses de ramassage. En prenant pour base le tonnage produit et en estimant à ]0 ans la durée moyenne de la caisse, il en faudra donc 2.582.000 chaque année pour remplacer celles qui deviennent inutilisables. Comme chacune de ces caisses représente 0,011 m³ (s) de bois, les besoins annuels en planches de caisserie pour la fabrication de nouvelles caisses de ramassage s'élèvent à environ 28.000 m³ (s). Les renseignements reçus indiquent également qu'une quantité à peu près égale est nécessaire pour la réparation des caisses usagées. En conséquence, le total des besoins en planches de caisserie pour les caisses neuves et pour la réparation des caisses usagées est d'environ 59.000 m³ (s).
Plateaux pour le séchage au soleil et la déshydratation
On estime qu'environ 24.000 m³ (s) de planches de caisserie sont nécessaires chaque année pour les plateaux (claies) servant à sécher au soleil les fruits et raisins, et un peu plus de 4.700 m³ (s) pour les plateaux utilisés pour la déshydratation de ces fruits. Pour chaque espèce de fruit prise séparément et pour chaque méthode de séchage, ces estimations tiennent compte: a) du volume moyen annuel de fruits séchés; b) de la durée de la saison de séchage; c) du temps nécessaire pour sécher le contenu de chaque plateau; d) du nombre de fois que chaque plateau est utilisé par saison; e) du nombre de livres de fruits frais par plateau; f) du rapport entre le poids du fruit frais et le poids du fruit séché, ou taux de séchage; g) de la durée moyenne des plateaux, qu'on estime à environ 10 ans pour le séchage au soleil et à 6 ans pour la déshydratation. Il a été possible, en prenant pour base ces renseignements, d'estimer le nombre total de plateaux nécessaires et le nombre de chaque espèce qu'il faut remplacer chaque année. La conversion en m³ (s) des planches de caisserie a été effectuée en multipliant le nombre de plateaux à remplacer par la quantité de bois contenue dans un plateau de dimensions moyennes (0,024 m³ (s)).
Caisses d'évaporation
La fabrication des caisses d'évaporation utilisées pour l'emmagasinage des pêches, abricots, figues et raisins séchés pendant la période d'équilibrage de l'humidité précédant l'emballage définitif pour la vente exige chaque année environ 9.400 m³ (s). La caisse d'évaporation à laquelle on donne la préférence dans la pratique est en bois de pin et a une capacité d'environ 91 kg. Une caisse de cette dimension contient environ 0,038 m³ (s) de planches de caisserie. Elle n'est utilisée en général qu'une seule fois au cours de la saison et peut servir une douzaine d'années. Les besoins annuels en planches de caisserie ont été estimés d'après ces renseignements et le volume moyen de fruits séchés par saison.
ESTIMATION DÉ LA PRODUCTION DE PLANCHES DE CAISSERIE POUR L'USAGE AGRICOLE
En Californie, environ 45 fabriques de caisses produisent des planches de caisserie pour l'agriculture. La plupart de ces fabriques sont exploitées conjointement avec des scieries. Bien qu'un petit nombre de ces fabriques disposent de leurs propres organisations de vente, la plupart vendent par l'intermédiaire de distributeurs spécialisés dans ces opérations. Les quatre distributeurs qui se chargent de la majeure partie des ventes ont des entrepôts de stockage et des usines d'assemblage stratégiquement placés sur le territoire des Etats-Unis Un grand nombre de ces usines d'assemblage sont restées fermées pendant la guerre à cause de la pénurie de main-d'œuvre. Il est à supposer qu'avec le retour à des conditions plus normales, les acheteurs de planches de caisserie pourront bénéficier des mêmes facilités qu'autrefois.
Les stocks des planches de caisserie dont disposaient les producteurs, les distributeurs et les consommateurs étaient pendant la guerre extrêmement réduits. En conséquence, le volume des expéditions effectuées par les scieries représente assez exactement la production pour cette période. Le bois de sciage utilisé en temps normal pour les caisses se répartit en deux qualités: -75 pour cent de N° 3 ordinaire et 25 pour cent de N° 4 ordinaire. Il est évident qu'avec ces qualités de bois, le volume des «tombées» («fall-down») dans la fabrication des planches de caisserie est considérable. Le chiffre généralement admis est 15 pour cent.
En 1944, les usines californiennes ont produit environ 1.180.000 m³ (s) de planches de caisserie pour l'agriculture, 4 utilisant pour cela 1.390.000 m³ (s) de bois de sciage. Cependant, la production de planches de caisserie de la Californie n'était pas entièrement consacrée à l'usage local. Environ 5 pour cent, soit 60.000 m³ (s) étaient expédiés à des consommateurs de l'Utah, du Névada, du Nouveau-Mexique, du Colorado, de l'Arizona et du Texas.
4 En outre, les usines de California produisaient environ 200.000 m³ (s) de planches de caisserie pour la guerre et l'industrie. Ainsi, les planches de caisserie pour l'usage agricole représentaient environ 85 pour cent de la production totale de planches de caisserie pour 1944.
On prévoit qu'en temps de paix le volume annuel de la production de planches de caisserie pour l'usage non Agricole sera beaucoup moins important. Les planches de caisserie pour l'usage agricole constitueront de ce fait, dans l'avenir, une proportion plus importante de la production totale (pouvant aller jusqu'à 95 pour cent).
La différence entre le volume de planches de caisserie nécessaires pour la consommation à l'intérieur de l'Etat (1.700.000 m³ (s)) et le volume produit et utilisé localement (1.120.000 m³ (s)) est de 580.000 m³ (s) soit 34 pour cent. Cette différence était presque entièrement comblée par la production des usines situées en majeure partie dans la région s'étendant de Bend à Klamath Falls, dans l'Oregon. L'ensemble de la production des usines de la région du Pacifique (Oregon occidental, central et méridional, Californie, Arizona, Nouveau-Mexique et Colorado) ne dépassait le volume total des besoins de la Californie que d'environ 240.000 m³ (s).
PERSPECTIVES
Besoins probables, 1945-64
Exprimé par charge de wagon et par année, le volume moyen des fruits et des légumes de Californie habituellement vendus frais dans des emballages neufs en bois a été supérieur d'environ 10 pour cent pendant les années de guerre (1940-44) à celui des 10 années ayant précédé immédiatement la guerre et supérieur d'environ 7 pour cent à celui des 15 années écoulées depuis 1930.
Les besoins en emballages agricoles au moment où ce rapport a été établi, soit en 1945, étaient difficiles à prévoir. Des changements matériels pourraient se produire au cours des vingt prochaines années dans le volume des fruits et légumes vendus frais et transformés. La production de régions concurrentes pourrait provoquer une réduction du volume des produits frais expédiés de Californie, et il est vraisemblable que l'évolution des méthodes de transport et de distribution influera sur le volume des produits emballés dans les types habituels de contenants, que ces contenants soient en bois ou en quelque autre matériau. Ces changements sont imprévisibles.
Quoi qu'il en soit, les observateurs les plus compétents sont d'avis que les fruits et les légumes de Californie continueront à occuper à peu près la même place sur le marché national, et que le volume des ventes commerciales des principaux produits restera à peu près au même niveau. Cette supposition repose sur l'expérience du passé et sur les tendances marquées par la production et l'utilisation.
Possibilités de développement
On prévoit que le volume des ventes commerciales des fruits et des légumes de Californie demeurera à peu de chose près au niveau actuel, et l'on peut supposer en conséquence que les besoins annuels en bois de sciage resteront au même niveau (1.980.000 m³ (s)). Le facteur le plus important qui pourrait réduire la consommation actuelle de planches de caisserie et imposer leur remplacement par d'autres matériaux destinés à la production des emballages est le déclin prévu pour un avenir rapproché de la production des scieries en raison de la diminution des approvisionnements en matières premières.
La production de planches de caisserie pour l'usage agricole fut pendant la guerre une cause constante de soucis pour le consommateur comme pour le producteur. L'insuffisance des approvisionnements était encore accentuée par l'énorme demande en planches de caisserie pour l'usage industriel et pour les expéditions de matériel militaire outre-mer, obligation qui dut en grande partie être satisfaite par les fabriques existantes de planches de caisserie pour l'agriculture. Depuis Pearl-Harbor, les approvisionnements ont été à peine suffisants, et il est très vraisemblable que la situation demeure défavorable en raison de la demande toujours très forte contrastant avec la diminution constante des approvisionnements en bois d'œuvre convenant à cet usage et faciles à se procurer. On prévoit qu'un grand nombre des scieries de la région des pins de la Californie ne disposeront plus, d'ici quelques années, d'aucune matière première. Une indication de l'anxiété ressentie à ce sujet est donnée par l'achat récent de 32.000 hectares de forêts effectué par la «Fruit Growers Supply Company». La compagnie, en effectuant cette transaction, avait pour objectif essentiel de s'assurer un approvisionnement supplémentaire de bois dont elle a le plus grand besoin pour maintenir sa production de bois de sciage pour caisserie. Le bois utilisé chaque année pour la seule fabrication des cageots destinés à l'emballage des agrumes (environ 50 millions) s'est élevé, pour la période 1940-44 à un volume brut d'environ 600.000 m³ (s). Ce chiffre n'est dépassé que par les besoins en planches de caisserie pour les légumes.
Si la demande en planches de caisserie pour l'usage agricole continue à être aussi importante, il est vraisemblable qu'il faudra utiliser en plus grandes quantités certaines espèces qu'on considère inférieures au pin Ponderosa habituellement utilisé. L'utilisation du sapin blanc pour les emballages, qui a augmenté considérablement au cours des dernières années, marque déjà une tendance dans ce sens. La production de bois de sapin blanc a presque triplé en Californie depuis 1941. Si cette tendance persiste, conjointement avec une augmentation de l'utilisation du pin Ponderosa A" seconde génération, utilisation qui, en théorie, devrait augmenter progressivement au fur et à mesure de la disparition des bois de première génération, cette production permettra de répondre en partie à la demande pressante dont fait l'objet le pin Ponderosa de première génération. Il n'est pas certain, toutefois, que ces sources d'approvisionnement pourront combler entièrement le déficit. En supposant l'existence d'un certain déficit de bois dans le proche avenir, il est logique de prévoir comme développement parallèle l'utilisation de produits de remplacement du bois dans la fabrication des emballages pour les expéditions de produits frais, ou une subordination de plus en plus marquée aux sources d'approvisionnement situées hors de l'Etat.
Comparaison des besoins et de la production
Bien que les industries des fruits et des légumes de Californie nécessitent chaque année environ 1.980.000 m³ (s) de bois de sciage pour les planches de caisserie, seul Un volume d'environ 1.390.000 m³ (s) de bois de sciage produit en Californie, soit approximativement 24 pour cent du volume produit (5.830.000 m³ (s) ), a été converti en 1944 en planches de caisserie pour l'usage agricole. On estime que le pin Ponderosa est l'espèce qui convient le mieux à la fabrication des emballages; c'est en fait l'espèce qui a été le plus largement utilisée pour cette fabrication depuis des années. Il se dégage des compilations effectuées qu'environ 2.500.000 m³ (s) de bois de pin Ponderosa ont été produits en 1944 par les scieries de la région des pins de Californie. Si le pin Ponderosa avait été utilisé à l'exclusion de toute autre espèce, environ 55 pour cent de cette production auraient été convertis en planches de caisserie pour l'usage agricole. D'autres espèces, toutefois (notamment le pin de Lambert et le sapin blanc), furent utilisées dans une certaine mesure, et comme presque toutes les planches de caisserie destinées à l'usage agricole produites en Californie étaient fabriquées avec du bois provenant de la région des pins, la proportion de la production régionale, soit 4.300.000 m³ (s), convertie en planches de caisserie fut de 32 pour cent. Il faudrait environ 46 pour cent de la production de la région des pins si la totalité des besoins des industries, soit 1.980.000 m³ (s), était couverte par des approvisionnements provenant de l'Etat même.
La production de bois en Californie a battu un nouveau record en 1944, dépassant d'environ 5 pour cent celle de l'année record 1943. Bien que dans la région des pins la production ait augmenté de 5,4 pour cent, il est significatif de noter que la production de pin Ponderosa a fléchi de 6,7 pour cent alors qu'en général les autres espèces accusaient une hausse, notamment le sapin blanc ( +60,9 pour cent), le pin de Lambert (+16,7 pour cent) et le sapin de Douglas (+9,7 pour cent). La diminution constatée dans la production de pin Ponderosa et les accroissements constatés pour d'autres espèces sont peut-être une indication des tendances de l'avenir.
RÉCAPITULATION
On estime dans cette étude que l'industrie californienne des fruits et des légumes a utilisé chaque année environ 1.700.000 m³ (s) de planches de caisserie pendant les cinq années 1940-44. Le volume des besoins, exprimé en termes de volume brut, était de 1.980.0()0 m³ (s). En 1944, le total des besoins en bois fut légèrement inférieur à la moyenne pour les cinq années. Les besoins en bois les plus importants pour différentes utilisations furent les suivants: légumes 690.000 m³ (s), agrumes, 590.000 m³ (s), autres fruits, 380.000 m³ (s), bois pour le renforcement et le calage, 130.000 m³ (s), fruits séchés, 70.000 m³ (s), caisses de ramassage, 70.000 m³ (s), plateaux pour le séchage, 30.000 m³ (s), plateaux pour la déshydratation, 9.000 m³ (s), et caisses d'évaporation, 11.000 m³ (s). Le bois de sciage utilisé pour les emballages pour la seule vente des produits frais s'est monté à 1.670.000 m³ (s), soit 84 pour cent du total des besoins en bois de sciage ( volume brut ) .
Bien qu'il soit extrêmement difficile de prévoir les besoins futurs, la plupart des observateurs compétents admettent, en se basant sur l'expérience du passé et les tendances marquées par la production et l'utilisation, que les fruits et les légumes de Californie conserveront à peu près la même importance sur le marché national, et que le volume des ventes commerciales restera à peu près au même niveau. On peut supposer en conséquence que la moyenne annuelle des besoins en bois demeurera pendant de longues années aussi importante que la moyenne 194044.
Les usines de Californie ne sont pas en mesure de faire face à la totalité des besoins en planches de caisserie. En 1944, les usines de cet Etat produisirent environ 1.180.000 m³ (s) de planches de caisserie pour l'agriculture, constituées en grande partie par du pin Ponderosa. Environ 5 pour cent de ce volume, soit 60.000 m³ (s), furent expédiés surtout à des consommateurs des Etats voisins. Le reste, soit 1.120.000 m³ (s) servit à répondre aux deux tiers environ des besoins de la Californie. Les usines situées principalement dans la région s'étendant de Bend à Klamath Falls dans l'Oregon ont produit presque toute la différence, représentant 580.000 m³ (s). Environ 46 pour cent du total de la production de bois de la région des pins seraient nécessaires si l'ensemble des: besoins de cette industrie, soit 1.980.000 m³ (s) devaient être couverts par des approvisionnements provenant de l'Etat même.
On peut prévoir que l'approvisionnement de la Californie en bois, notamment en bois de pin Ponderosa, continuera à être insuffisant au cours des années à venir. En conséquence, on prévoit que les producteurs de fruits et de légumes devront non seulement utiliser de plus grandes quantités de bois d'espèces moins satisfaisantes, mais encore qu'ils seront forcés de s'approvisionner davantage à l'extérieur de la Californie, ou même d'utiliser des matériaux de remplacement appropriés.
Toutes les autres régions du monde consacrées au même genre de production agricole pourront, si leurs approvisionnements en bois sont en voie de diminution, se trouver en face du même ensemble de problèmes.
Les photographies qui illustrent cet article nous ont été aimablement fournies par le Service forestier des Etats-Unis.
