par BO EKLUND
LA Suède, de même que ses deux voisins, la Finlande à l'est et la Norvège à l'ouest, est essentiellement un pays de forêts. Sur une superficie totale de 410.600 km², quelque 231.800 km², soit 56 pour cent, sont des étendues boisées. Etant donné la longueur considérable du territoire suédois dans le sens nord - sud 1.574 km), sa haute latitude (comprise entre 55° 20' et 69° 04') et la diversité des conditions géologiques, climatiques et topographiques, la nature de la forêt varie considérablement selon les différentes parties du pays. Celui-ci est presque entièrement dominé par des forêts de conifères, soit des pins, Pinus silvestris, soit des épicéas, Picea abies, à l'état pur, soit des peuplements mixtes constitués par ces deux espèces auxquelles se mêle le bouleau, Betula verrucosa et Betula pubescens, ce dernier étant le bois dur le plus commun. Dans le sud du pays, on trouve également des peuplements de bois durs plus rares. notamment de hêtre, Fagus silvatica.
L'exploitation forestière de forme extensive à laquelle on s'est livré dans le passé, et la législation qui en a été la conséquence, ont cependant laissé des traces profondes sur la forêt suédoise d'aujourd'hui. L'exploitation des ressources forestières naturelles, restées très souvent intactes depuis des siècles, s'est effectuée sans interruption pendant presque cent ans. mais atteint maintenant son terme, étant donné que les derniers vestiges des forêts primitives du nord de la Suède, où l'exploitation commença bien plus tôt que dans les autres parties du pays, sont presque complètement épuisés.
Il est indispensable, pour assurer aux industries forestières de la Suède les matières premières dont elles ont besoin, de créer une sylviculture intensive. Il y a quelques dizaines d'années on a entrpris d'effectuer dans certains parties du pays un chargement en ce sens des méthodes forestières, c'est-à-dire de substituer la production à l'exploitation; mais il reste encore beaucoup à faire avant que la capacité productive de notre terre forestière et son matériel sur pied puissent être utilisés d'une manière plus efficace. En raison de ces faits, on peut considérer comme une condition préalable essentielle la nécessité d'acquérir des connaissances profondes sur les conditions de l'accroissement forestier, ainsi que sur les résultats que l'on peut attendre des mesures de conservation que nous adoptons.
Cependant, des connaissances plus profondes ne peuvent s'acquérir qu'au moyen de vastes recherches forestières, dont le but principal est de fournir un guide efficace pour toutes questions pratiques ayant trait au processus de la production. Dans les nombreux champs de recherches qu'offre la sylviculture, le travail s'accompagne de difficultés qui sont dues dans une certaine mesure à la durée de la période d'accroissement. En outre, la sylviculture suédoise d'aujourd'hui est marquée d'une caractéristique spéciale, c'est-à-dire que la production de bois est tirée de plus en plus des éclaircies pratiquées pendant la plus grande partie de la vie du peuplement. Avec les conditions locales de croissance prévalant en Suède, une période de 80 à 100 années, ou même davantage, s'écoule entre la reconstitution du peuplement et sa coupe, et ce n'est qu'à ce moment qu'il est possible d'en estimer le rendement total et de juger ainsi des résultats de l'application d'un certain programme de sylviculture. C'est pour cela que les méthodes de recherches forestières deviennent naturellement compliquées, étant donné que contrairement aux recherches agricoles, par exemple, elles ne laissent aucun champ pour l'expérience et les observations personnelles, pour la détermination de la meilleure méthode de sylviculture a appliquer clans ces conditions variées.
Dès la fin du siècle dernier, on forma le projet d'établir, sous l'administration de l'Etat, un organisme central de recherche pour la sylviculture, afin de pouvoir traiter sur des bases scientifiques toute une série de problèmes importants ayant trait à la sylviculture du pays. Diverses propositions furent soumises, et après de nombreuses discussions, la Forstliga Försöbsanstalten, nommé peu après le Statens skogsförsoksanstalt (l'Institut suédois de Sylviculture expérimentale) fut établi en 1902. Cet institut fut établi à l'origine sur des bases très modestes. Cependant, il fut vite reconnu que les besoins de l'organisation avaient été considérablement sous-estimés, ce qui obligea l'Etat, dès 1912, à voter des crédits d'une part pour une extension importante de ces activités, et d'autre part pour la construction d'un bâtiment spécial pour l'institut à l'Experirnental-faltet, près de Stockholm, lequel entra en service en 1915.
Ces dernières dizaines d'années ont été marquées par des progrès importants dans la sylviculture sué" doise, notamment des méthodes de culture plus intensives, tandis que, parallèlement, la nécessité de procéder à des recherches forestières se faisait de plus en plus sentir. L'importance de l'organisation de 1912 fut trouvée insuffisante et une nouvelle extension devint inévitable. Des propositions pour une nouvelle organisation, basées sur une série de rapports traitant des besoins actuels et des évaluations des besoins futurs en matière de recherche, furent déposées en 1939 devant le Parlement et furent l'objet d'une approbation de principe. Par suite des événements mondiaux. ce n'est qu'en 1944 que put être réalisée la nouvelle organisation, qui en dehors d'un accroissement notable de son personnel et de ses ressources matérielles. comprenait également la construction d'un nouvel édifice pour l'institut et la reconstruction et l'agrandissement de l'ancien bâtiment. L'organisation se développa encore au cours des années 1945 et 1946. Au moment de sa réorganisation, l'organisation prit le nouveau nom de Statens skogsforskningsinstitut (Institut de la recherche forestière) qui exprime mieux la nature des activités poursuivies.
L'Institut de la Recherche forestière a deux tâches principales, savoir: 1) déterminer les meilleures méthodes de conservation des forêts dans des conditions variées; 2) tenir à jour des inventaires des ressources forestières du pays. Ces rubriques générales couvrent une série de tâches des plus variées, dont un certain nombre sont associées au plan de base établi pour les recherches forestières tandis que d'autres se rapportent aux méthodes de recherches adoptées. Afin de faire face aux besoins, le travail est effectué par cinq divisions: la Division des Forêts, la Division de la Statistique, la Division de la Botanique et des Sols, la Division de la Génétique et la Division de la Zoologie, toutes dépendant du directeur de l'Institut qui a titre de professeur et est également à la tête de la Division de la Statistique. L'Institut dispose d'un secrétariat général et il est dirigé par un conseil commun au Collège suédois de Sylviculture et à l'Institut de recherche forestière.
La tâche principale du directeur est de coordonner et de diriger le travail à l'intérieur de l'Institut, de maintenir le contact avec d'autres instituts de recherches sans perdre de vue le côté pratique de la sylviculture. En ce qui concerne l'administration de la Division de la Statistique qui s'occupe des inventaires effectués dans les forêts domaniales et des statistiques d'exploitation, le directeur est représenté par un chef spécial des recherches, alors que pour toutes les questions administratives et financières, i] est représenté par un secrétaire qui exerce également les fonctions de secrétaire du Conseil.
Chacune des cinq autres divisions est placée sous la direction d'un professeur, ayant sous ses ordres un ou plusieurs spécialistes des recherches et assistants. En matière de recherches, on a attribué au directeur de chaque division et à ses chefs de service un domaine spécial. En outre, des gardes-forestiers expérimentés, des assistants de laboratoire, des chiffreurs, etc., sont attachés aux différentes divisions. A la fin de l'année 1947/48, le personnel comprenait au total 110 personnes. Pendant la saison des recherches sur place, c'est-à-dire entre mai et octobre, un important personnel supplémentaire est recruté. Le budget annuel de l'Institut se monte à environ 1.250.000 couronnes suédoises (350.000 dollars des E.U.).
La nature même de la recherche forestière exige qu'une grande partie du travail soit basée sur les résultats obtenus des observations et des recherches sur le terrain lesquelles, dans le plus grand nombre des cas, peuvent être concentrées en des placettes échantillons d'un caractère permanent ou temporaire. L'Institut de la recherche forestière dispose maintenant de plus de 900 unités du premier type et environ 1.000 du deuxième, réparties sur presque tout le pays. Les premières placettes échantillons de caractère permanent furent établies dès ]902, si bien qu'il a été possible de les tenir en observation et d'effectuer des reconnaissances régulières sur de longues périodes. En raison des nouveaux systèmes de travail, dont certains sont presque révolutionnaires, basés sur les méthodes analytiques modernes de la statistique mathématique, il est probable que les travaux de recherches pratiques seront limités dans l'avenir a des placettes échantillons soumises à une inspection unique. En outre, l'Institut de la recherche forestière dispose de quatre parcs d'expérimentation, deux situés dans le nord, un dans le centre et l'autre dans le sud de la Suède. L'objet de ces parcs, qui comprennent une superficie totale de 3.400 hectares de terres forestières est, d'une part, de permettre la centralisation de certains travaux de recherche dans un district pour lequel un inventaire et des descriptions minutieuses ont été préparés et, d'autre part, de permettre l'étude des mesures d'aménagement forestier appliquées sur une grande échelle.
Les indications qui précèdent donnent une idée générale de l'organisation de l'Institut de la recherche forestière et une esquisse de ses activités. Il convient cependant, pour que le tableau soit complet, de parler du travail des différentes divisions.
LA DIVISION DES FORÊTS
La Division des Forêts s'occupe des travaux de recherches relatifs à la sylviculture, à la mensuration et à la technologie forestières. Sa tâche principale consiste à rechercher des solutions pratiques aux problèmes les plus importants de la sylviculture. Etant donné que les travaux de recherche touchent à toutes les phases de la longue période de production s'étendant entre le moment de la reconstitution du peuplement et celui de sa coupe finale, leur portée est très étendue. Ils couvrent ainsi tous les problèmes relatifs à l'aménagement forestier pendant la longue période de croissance, c'est-à-dire détermination du moment où la première éclaircie doit être opérée, de la fréquence et de l'importance de celles qui suivront, ainsi que du moment le plus favorable et des méthodes de coupe des arbres arrivés à maturité. Ils comprennent également la procédure à suivre pour remplacer les anciennes forêts. Les efforts sont en conséquence orientés autant que possible vers la découverte des meilleures méthodes d'aménagement forestier à adopter pour réaliser le meilleur rendement économique possible. Pour faire face aux problèmes extrêmement variés qui se présentent sans cesse dans l'aménage. ment et la reforestation, les travaux de la Division revêtent un double aspect: recherches relatives à la production et recherches en matière de reboisement.
Des études appropriées ont été depuis longtemps effectuées par des organismes internationaux de recherche forestière en vue de déterminer le développement et la productivité du peuplement, en étudiant des arbres dont la qualité correspond à des emplacements différents mais éclaircis selon une méthode unique. Les recherches entreprises ont porté sur des placettes échantillons permanentes ayant été soumises pendant de longues périodes à des traitements similaires s'appuyant sur les mêmes principes quant aux méthodes et à l'importance des éclaircies pratiquées. L'objet des travaux était de déterminer, à l'aide de simples comparaisons graphiques du volume de la production (chiffre estimé) obtenu dans les diverses placettes échantillons, présentant au départ des similitudes quant aux conditions du milieu et à la composition du peuplement, les effets du programme d'exploitation qui a été adopté sur le développement et le rendement de ces peuplements. Les recherches relatives à la production effectuées selon cette méthode doivent être réparties sur une très longue période. étant donné qu'elles doivent comprendre la plus grande partie de la période de croissance du peuplement.
En matière de sylviculture pratique, il devint nécessaire, afin de pouvoir satisfaire dans un délai raisonable les demandes de conseils scientifiques pour l'aménagement efficace d'un peuplement, d'orienter les recherches effectuées en matière de production dans des directions nouvelles permettant d'arriver plus rapidement au résultat désiré. En conséquence les travaux de cette sorte ont été orientés dans le sens d'une étude plus approfondie des particularités relatives à croissance du peuplement dans des conditions naturelles variées et sous différentes méthodes de traitement. Ils visent essentiellement à obtenir des renseignements statistiques dont il est possible de tirer, quant à la croissance ainsi étudiée, des déductions d'ordre général basées sur les observations effectuées pendant de courtes périodes de développement, représentant la croissance entre deux coupes c'est-à-dire approximativement cinq années. Il est possible de cette façon d'évaluer à l'avance l'accroissement probable, soit, en d'autres termes, de prédire le développement de peuplements forestiers représentants des conditions initiales extrêmement variées quant à leur emplacement et aux méthodes de coupe. L'analyse statistique peut être considérée comme une branche expérimentale de la recherche; pour obtenir des renseignements statistiques applicables, les tâches ordinaires ayant trait au travail de recherche doivent être effectuées en partant de bases nouvelles qui entraînent généralement des calculs très compliqués. Aussi a-t-il été nécessaire d'organiser un département très important, spécialisé dans ces calculs, et qui est pourvu d'un équipement des plus modernes, comprenant entre autres des machines pour le classement et la totalisation des fiches poinçonnées.
En se basant sur les caractéristiques de croissance, ce service a préparé des tableaux de production qui montrent le développement et la production d'un peuplement, du point de vue de la quantité et de la valeur; ces observations sont basées sur des combinaisons variées d'hypothèses concernant la composition du peuplement et le programme de coupe adopté. Cette méthode permet de procéder à une comparaison objective des résultats obtenus avec les diverses formes d'aménagement forestier, les conditions du peuplement étant au départ identiques, ce qui n'est jamais possible dans les travaux pratiques de recherche directe. En se basant sur de telles comparaisons, on peut arriver à tirer des conclusions sur la forme de sylviculture dont l'adoption, dans chaque cas particulier, présentera l'avantage maximum.
Les analyses de production effectuées jusqu'à présent ont dû être basées sur l'étude des placettes expérimentales permanentes de l'Institut, qui à l'origine furent établies, puis organisées en vue de travaux de recherches pratiques répartis sur de longues périodes, et n'étaient pas destinées dès le début à un travail statistique moderne. Le travail s'est donc accompagné de difficultés qui ne sont généralement pas inhérentes au travail d'ordre statistique. C 'est la raison pour laquelle, depuis quelques années, on procède dans tout le pays à l'établissement d'un très grand nombre de ces placettes. On a l'intention d'en créer de 4.000 à 5.000 d'où l'on pourra tirer des renseignements d'ensemble pour satisfaire les demandes des statisticiens. Elles seront d'un caractère temporaire et destinées à une seule étude.
On se rend compte de l'accroissement des arbres en diamètre en sondant à la tarière l'épaisseur des anneaux annuels, ce dernier travail étant effectué par des machines spéciales. En plus de l'économie de temps réalisée, qui est pourtant d'une importance décisive, cette méthode présente d'autres avantages importants. Elle permet de déterminer l'accroissement en diamètre avec beaucoup plus de précision qu'en procédant à des mensurations répétées dans les placettes échantillons permanentes. En raison du fait que les placettes échantillons sont maintenant d'un caractère temporaire, il est possible de couper certains arbres échantillons typiques sur lesquels on effectue une série de mensurations et d'observations d'ensemble servant à entreprendre des études spéciales portant sur la quantité et la qualité de la production.
En dehors de la possibilité de prédire à l'avance la production, les nouvelles méthodes de recherches appliquées aux forêts de pin, d'épicéa et de bouleau, de même qu'aux peuplements mélangés de résineux et de feuillus, ont cependant un autre objet. Grâce à l'existence d'un nombre important de ces placettes échantillons sur lesquelles l'accroissement peut être déterminé avec précision et décrit en détail, en ce qui concerne la nature de l'emplacement et de chaque arbre, il est possible de se rendre compte de façon plus approfondie des conditions de l'accroissement. Dans ce but, on procède à des analyses minitieuses de la couverture vivante du sol dans les placettes échantillons et l'on recueille des échantillons de la couche d'humus et des dépôts minéraux sur lesquels seront basées les études sur les conditions du sol. En outre, des échantillons de feuilles ou d'aiguilles sont prélevés à la cîme des arbres pour être soumis à une analyse chimique. Les caractéristiques des arbres abattus que l'on croit être représentatives de différents génotypes d'arbres sont observées et décrites. En notant simultanément l'hérédité et le milieu, il doit être possible, dans le travail statistique, de faire la part de l'influence de l'un et de l'autre, discrimination d'importance fondamentale pour l'amélioration de la culture des arbres forestiers.
Par suite de la grande extension des travaux pratiques et de la longueur des travaux de statistique, il doit nécessairement s'écouler un laps de temps considérable avant que l'énorme masse de matériaux accumulés à la suite des recherches effectuées puisse être avantageusement utilisée. Aussi devons-nous, pour l'avenir immédiat, nous fier aux renseignements obtenus et à l'expérience acquise à la suite des observations effectuées dans les placettes échantillons permanentes de l'Institut de la recherche forestière, pour les questions ayant trait aux conditions de la production d'un peuplement suivant les diverses formes d'aménagement auxquelles il est soumis.
En même temps que les recherches sur la production forestière, et en liaison avec elles, des expériences sur les produits forestiers sont également effectuées par la Division des Forêts; elles portent naturellement sur le bois lui-même et sur les produits dérivés. Certaines sont actuellement en cours dont l'objet est de rechercher quelle influence les facteurs race, âge, emplacement, méthode d'établissement et système d'aménagement peuvent exercer sur la production et la qualité de la pâte au sulfate produite avec du bois de pin et de la pâte au bisulfite tirée de l'épicéa. Ces recherches sont effectuées en collaboration avec le Laboratoire central de l'industrie de la cellulose. Pour ce qui est de l'Institut suédois de la technologie du bois, qui s'occupe des travaux de recherche sur le bois; de vastes projets ont été mis au point pour l'étude des propriétés techniques du bois, telles que résistance, dilatation, retrait, etc. ... et de la mesure dans laquelle ces propriétés sont due aux caractéristiques spéciales de l'emplacement, du peuplement et de l'essence.
L'exploitation rapide des anciennes forêts naturelles du nord de la Suède qui, dans un grand nombre de cas, comprennent des bois à cernes annuels minces et sans nud, a amené une pénurie marquée de bois de qualité supérieure pour les scieries et l'industrie des contreplaqués: Afin de compenser la pénurie de bois sans nud, on a procédé, depuis quelques dizaines d'années, à l'élagage des arbres convenant à cette utilisation dans les peuplements d'épicéas et de bouleaux. L'influence de l'élagage sur la qualité du bois et l'état de santé de l'arbre élagué, est actuellement à l'étude.
Le passage progressif d'un état d'exploitation a un état de production s'est accompagné d'une rupture d'équilibre en ce qui concerne les groupes d'âge dans les forêts suédoises. Une caractéristique courante, particulièrement marquée dans le nord de la Suède où les conditions naturelles de régénération sont fréquemment très inférieures à celles qui régnent dans d'autres parties du pays, est la disparité accusée entre les terres forestières dont le reboisement est satisfaisant et les terres forestières déboisées ou les terres sur lesquelles la régénération n'est pas satisfaisante. Il est vrai que le problème du reboisement, qui occupe une place prédominante dans les travaux de remise en état des foréts, est particulièrement sérieux dans le nord. Les régions dénudées, de même que celles où les quantités de bois sont insuffisantes, ont grand besoin d'être reboisées. Ainsi, parallèlement aux recherches sur la production, le reboisement occupe une place prédominante dans le programme de recherches de la Division de forêts. L'un des problèmes dans ce domaine consiste à rechercher dans quelles conditions la régénération naturelle peut s'effectuer et quelles sont les possibilités d'améliorer les résultats du reboisement en procédant à des coupes plus rationnelles, à la préparation préalable du terrain et au brûlage après exploitation.
La gravité du problème du reboisement dans le nord du pays a été confirmée par les chiffres établis à l'occasion d'un inventaire des ressources forestières de la Suède septentrionale, effectué au cours des annés ]939 à 1943. On a dû renoncer à l'optimisme injustifié dont on avait jusqu'à présent fait preuve aux sujet des possibilités de remettre en état par des moyens naturels d'immenses surfaces de terres forestières dans cette région; en fait, ce n'est qu'en procédant à des semis et à des plantations qu'il serait possible de créer de nouvelles forêts sur de vastes espaces. Des travaux de recherches sur le reboisement sont actuellement en cours pour étudier les possibilités biologiques découlant de ces deux mesures de reboisement, ainsi que les moyens à employer pour améliorer les résultats de la culture forestière. A ce propos, une attention considérable a été consacrée au développement des méthodes de culture forestière elles mêmes, pour obtenir une plus grande efficacité et arriver à des prix de revient plus réduits. Selon les expériences effectuées, il semble que le coût des travaux de culture forestière puissent être réduits de façon appréciable en préparant le terrain lui-même à l'aide de machines spéciales montées sur tracteurs à chenilles.
Forêt de pins, Pinus sylvestris, en voie de régénération, Suède centrale.
Les recherches technologiques représentent un domaine de travail entièrement nouveau qui, en raison des ressources limitées dont l'Institut dispose, a été jusqu'à présent limité à des études pratiques sur la sylviculture et les questions connexes.
Afin de rendre la sylviculture plus profitable et d'élever ainsi le niveau de vie des bûcherons suédois qui, en ce qui concerne les salaires, appartiennent au groupe des travailleurs les moins favorisés dans les conditions sociales actuelles de la Suède, des recherches intenses sur la théorie du travail constituent une condition préliminaire essentielle. Pour cette raison, on estime qu'un accroissement appréciable du budget des recherches de l'Institut est des plus désirables.
Le programme de travail de la Division des Forêts comprend également des recherches en matière de mensuration forestière. Des méthodes objectives ont ainsi été mises au point ces dernières années pour le calcul du volume des arbres sur pied et leur répartition en différentes catégories. Un certain nombre de ces recherches sont effectuées en collaboration avec la Division de la Statistique afin que cette dernière puisse disposer des meilleures méthodes pour l'inspection des recherches forestières du pays.
Forêt vierge d'épicéas, Picea excelsa, Suède méridionale.
LA DIVISION DE LA STATISTIQUE
La tâche principale de la Division de la Statistique est d'effectuer des enquêtes répétées sur les ressources forestières suédoises, dans le but d'estimer leur volume et leur état ainsi que d'enregistrer tous changements pouvant y survenir. Ces enquêtes, entreprises à des intervalles réguliers (environ tous les 15 ans), sont d'une importance vitale pour la sylviculture et les industries du bois en Suède. Il est possible de cette façon de se faire un idée exacte des matières premières dont le pays dispose, et de la politique d'exploitation qui peut ainsi être adoptée.
Dès le début du vingtième siècle, on reconnut combien il était important d'avoir un tableau d'ensemble très clair, de la situation des ressources forestières suédoises et à cet effet une reconnaissance d'essai fut entreprise en 1911 dans le Varmland, une des provinces suédoises du centre. La méthode de levé alors adoptée (recherches par échantillons selon la méthode des lignes) a été utilisée depuis, bien que sous une forme plus développée et perfectionnée, pour les deux inventaires forestiers suédois (le premier effectué en 1923-1929, le second entrepris en 1938 et non encore terminé) ainsi que pour les inventaires nationaux finlandais et norvégiens. En appliquant la méthode des lignes, de nombreuses observations et estimations sont faites le long de bandes de même largeur qui sont délimitées sur le terrain à l'aide d'une boussole à égale distance les unes des autres. L'équipe de reconnaissance est composée de 7 à 10 hommes. Les différentes classifications adoptées pour la zône en question, telle que la répartition par catégories d'utilisation des terres, par modes de propriété, par sites et classes d'âge, etc., sont basées sur les longueurs mesurées des différentes catégories à l'intérieur d'une bande de 10 à 20 mètres de large le long de la ligne. La direction de cette dernière est indiquée par une corde d'environ 80 mètres de long, que le porteur de la boussole traîne derrière lui. Le volume du matériel sur pied était auparavant calculé en comptant les arbres se trouvant à l'intérieur d'une bande de 10 mètres de large, le long de la ligne, mais ce volume est maintenant estimé dans des placettes échantillons circulaires, à raison de 5 ou 6 tous les deux kilomètres, ces placettes constituant l'unité d'inventaire. En dehors du comptage des arbres, d'autres observations sont également faites sur ces placettes, telles que les mensurations des arbres échantillons; ces observations servent de base pour le calcul du volume et de l'accroissement, etc. ...
La superficie de la terre forestière et le volume du bois sur pied sont enregistrés en détail au cours des travaux de levé; les forêts sont ainsi classées selon la qualité, l'âge, la consistance du peuplement, les différents modes de propriété, etc.... A cet égard, les différentes catégories enregistrées sont: forêts domaniales, autres forêts publiques (par exemple, forêts appartenant à des institutions religieuses, forêts communales, etc. ), forêts appartenant à des firmes industrielles, et forêts privées. Dans le sud et le centre de la Suède, ce dernier groupe est de nouveau divisé en propriétés de plus et de moins de 200 hectares de terres boisées. Cette classification spéciale permet d'obtenir des renseignements exacts sur les ressources forestières et leur état, ainsi que sur les différents modes de propriété.
Cette enquête constituant un sondage, son degré d'exactitude peut être déterminé par le calcul des probabilités. Elle est fonction de la distance entre les lignes de levé, la dimension des placettes échantillons et leur écartement. Bien entendu, plus les lignes et les placettes sont rapprochées, plus le résultat est précis. Mais il convient de balancer l'augmentation du degré d'exactitude obtenue avec les frais entraînés par l'enquête. On a voulu, en procédant à l'estimation du matériel sur pied, obtenir environ le même degré de précision (l'erreur normale est de 1,5 à 2 pour cent) dans les différentes provinces. Dans le nord du pays, les lignes de reconnaissance ont été établies dans le sens sud-ouest nordest, la distance entre les lignes variant de 6,66 à 10 kilomètres. Dans le sud, on a recours à un système de lignes croisées, une série orientée dans le sens nord-sud, l'autre dans le sens est-ouest, la distance entre les lignes variant pour la première de 2 à 10 kilomètres, et pour la seconde de 1 à 5 kilomètres.
Une autre tâche de la Division de la Statistique consiste à recueillir des renseignements sur la coupe annuelle pour l'ensemble du pays. Elle effectue également, en collaboration avec la Division des Forêts, des calculs en vue d'estimer les quantités de bois d'uvre et de bois de pâate qui peuvent être coupées dans les forêts suédoises dans des conditions d'aménagement variées mais sur la base du rendement soutenu. Un certain nombre de ces calculs portant sur le nord de la Suède viennent d'être publiés. Ils montrent très clairement qu'une politique d'exploitation plus restreinte que celle suivie jusqu'à présent doit être adoptée afin d'arrêter la diminution actuelle des approvisionnements en matières premières pour les importantes industries forestières suédoises.
Les notes nombreuses et variées recueillies par la Division de la Statistique fournissent également une source d'informations très précieuse pour les recherches spéciales effectuées au nom des différentes institutions et administrations.
LA DIVISION DE LA BOTANIQUE ET DES SOLS
Les activités de cette Division sont consacrées aux recherches relatives à la géobotanique, à la géobiologie, à la mycologie et à la phyto-physiologie et aux problèmes qui s'y rattachent, une place importante étant naturellement réservée aux travaux de recherche ayant un rapport direct avec les problèmes forestiers. La tâche principale de la Division est d'étudier le processus très compliqué qui se déroule dans le sol et dans les arbres, lequel constitue la base biologique conditionnant la production et la régénération des arbres forestiers. On peut s'attendre à ce que les résultats des travaux de cette sorte fournissent des renseignements de valeur pour l'étude des différents problèmes pratiques que la Division des Forêts doit connaître.
La croissance d'un arbre dépend dans une très large mesure des conditions de l'habitat écologique, dont les arbres sont partie intégrante. Cet habitat est caractérisé non seulement par la composition initiale du lieu de croissance pris comme telle, mais également par le climat local et la compétition qui s'exerce entre les arbres. Il s'agit là d'une compétition dans tous les sens. Elle se fait sentir aussi bien à la cîme des arbres où se produit la photosynthèse du principe nutritif tiré de l'air et, par l'intermédiaire des racines, du sol, que dans le sol même où l'eau et le principe nutritif sont absorbés et où une série de processus chimiques, physiques et biochimiques se produisent, qui sont directement ou indirectement d'une importance vitale pour les fonctions de croissance des arbres. Il est extrêmement important, pour ces raisons, de rechercher non seulement quels sont les besoins organiques de chacun des arbres, ainsi que leurs caractéristiques initiales, mais encore quels sont les processus organiques et la vie collective dans les terres forestières, aussi bien que les différents types de croissance dans les forêts, les besoins des peuplements au point de vue emplacement et leurs réactions aux différentes formes de traitement. L'approvisionnement en azote latent dans le sol des forêts, qui est un facteur vital de production, n'a ainsi aucun rapport direct avec la condition initiale du sol, mais est principalement le résultat de la manière dont l'azote a été conservé à l'endroit de la croissance au cours des temps.
Cette combinaison variée de problèmes doit être traitée surtout au moyen de méthodes de recherches expérimentales, ce qui implique que les conditions initiales de l'habitat doivent être changées par l'adoption de différentes mesures, telles que éclaircies, arrosage, fertilisation, etc.; de telles mesures entraînent des réactions biologiques qui reflètent les changements survenus dans le standard des principes nutritifs, et modifient par ailleurs la structure de la couverture vivante. Des expériences écologiques de cette sorte sont en cours dans différentes parties du pays et ont jusqu'à présent montré clairement que la croissance des arbres forestiers est parfois retardée en raison d'un manque de principes nutritifs dans le sol. Dans des sols ordinaires fermes, on a trouvé que ce fait était dû surtout à un manque d'azote, tandis que dans des sols tourbeux, on peut l'attribuer à un manque de sels minéraux.
Dans le domaine géobotanique, des recherches sont effectuées en ce qui concerne les associations végétales dans les forêts et en particulier les différents types de ces associations (types forestiers) et le caractère de l'emplacement du peuplement. Le critère le plus souvent utilisé dans la sylviculture suédoise pour le classement des terres forestières, au point de vue de l'aménagement, est le type de forêts, d'une manière très simple. Pour cela, le type de forêts est déterminé principalement d'après la nature et la composition de la couverture vivante et sa répartition, et peut être considéré comme une indication de la manière dont un peuplement doit être traité. A cette fin, dans les recherches géobotaniques, on vise à contrôler et- à définir d'une façon aussi précise que possible la valeur des différents types forestiers. Comme il est très rare qu'en sylviculture pratique on puisse fonder les mesures qui doivent être prises au cours de l'aménagement forestier sur des analyses détaillées du sol, l'établissement d'une liste bien définie de types forestiers, avec les indications en résultant pour l'aménagement des peuplements, constitue en l'état actuel des connaissances la forme de procédure la plus pratique. Elle constitue également une partie du travail de recherches dont le but est de s'assurer des changements qui s'opèrent dans les types forestiers à la suite des coupes et de l'adoption d'autres mesures.
Les travaux de recherches géobiologiques ont pour but l'étude des processus de nature biologique, très importants au point de vue des fonctions vitales des arbres forestiers, qui s'opèrent dans le sol et qui constituent pour l'arbre une des sources d'approvisionnement en éléments nutritifs dont la fourniture exerce une influence décisive sur la croissance de l'arbre. On peut également se procurer des renseignements sur le rôle joué par la richesse en principes nutritifs dans la production forestière au moyen d'expériences écologiques. On s'est ainsi aperçu que dans les anciennes forêts d'épicéas d'un type très commun en Suède septentrionale, la production pourrait être approximativement triplée si l'on fertilisait le sol avec des produits azotés.
Un des laboratoires pour l'analyse du sol.
Si l'on veut augmenter les principes nutritifs que contient le sol, il n'y a pas d'autres ressources en sylviculture pratique que d'essayer d'améliorer les rapports de l'offre et de la demande en éléments nutritifs au moyen de coupes appropriées, et de modifier le sol de façon à favoriser davantage le processus organique. La tâche du géobiologiste est donc d'accumuler les renseignements sur toutes questions ayant trait à ce sujet, c'est-à-dire sur les organismes du sol leur influence et leurs besoins organiques, l'action qu'ils exercent les uns sur les autres et sur les racines de l'arbre, etc.
Jusqu'à présent les recherches ont surtout porté sur l'étude de la façon dont les principes nutritifs des arbres sont libérés des réserves accumulées dans le sol, lorsqu'on pratique des éclaircies et que l'on détruit les buissons d'airelles ou les bruyères avec du chlorate ou par un autre procédé. Les effets des mesures de fertilisation appliquées de cette façon sont maintenant connus à peu près partout, pour ce qui est de leur principe. A la longue cependant, il est aussi très important de déterminer la cadence et le degré de renouvellement des principes nutritifs contenus dans le sol, étant donné que la possibilité de continuer la pratique de la sylviculture de façon permanente, sans pour cela épuiser les qualités nutritives du sol, dépend de la réponse qui sera donnée à cette question. A cet égard, la biologie du sol forestier constitue un champ de recherches pratiquement inexploré.
En mycologie, des recherches sont en cours tant sur les infections fongiques des arbres vivants, que sur les champignons destructeurs de bois, et les dégâts qu'ils causent aux produits dérivés du bois. Ici, la tâche la plus importante est de découvrir les moyens et les méthodes propres à prévenir ou neutraliser les dégâts causés par ces champignons. C 'est ainsi qu'on procède actuellement à de vastes recherches sur le chancre du pin, Phacidium infestans, forme de champignon qui, surtout aux hautes latitudes du nord de la Suède, cause des dégâts considérables dans les peuplements de jeunes pins. De même, une étude approfondie est en cours sur les diverses infections d'origine mycologique qui ravagent les nouvelles plantations. Le Cronartium asclepiadeum apparâit dans toutes les parties de la Suède et son action sur les forêts de pin est des plus néfastes. l'épicéa est bien plus que le pin sujet aux attaques des champignons provoquant la décomposition du bois, et parmi ces derniers, celui qui provoque les caries du cur et des racines, le Polyporous annosus, cause parfois des dommages très graves. La rouille du pin Cronartium asclepiadeum, ainsi que les diverses autres formes de champignons qui produisent la pourriture des pins font actuellement l'objet de recherches très approfondies.
Des produits forestiers représentant des millions de couronnes notamment du bois d'uvre et du bois de pâte, sont détruits chaque année en Suède, à la suite des attaques fongiques pendant la période de transport aux usines de conversion. et pendant leur emmagasinage sur les lieux d'utilisation. D'intenses travaux de recherches sont cependant en cours pour découvrir des méthodes prophylactiques ou directes pour neutraliser ces dommages. Il est possible que les infections fongiques soient transmises dans certains cas par les insectes, comme par exemple, en cas de décoloration, et pour cette raison, les recherches sont effectuées en collaboration avec la Division de la Zoologie.
Depuis quelques années, l'attention des spécialistes est attirée par des contre-mesures antibiotiques qui pourraient être employées dans la lutte contre les infections causées par les micro-organismes. Dans les arbres des forêts également se produisent des substances ayant un effet antibiotique, et qui possèdent vis-à-vis des champignons un caractère de poison naturel. Deux substances phénoliques possédant un tel effet toxique ont ainsi été isolées du bois de cur de pin. Dans ce domaine de la recherche, qui ouvre des perspectives insoupçonnées de la lutte contre les micro-organismes destructeurs de bois, des recherches sont en cours en collaboration avec le Collège technique royal de Chimie organique.
LA DIVISION DE LA GÉNÉTIQUE
L'Institut de la recherche forestière a entrepris depuis de longues années des recherches importantes eu matière de génétique. Par suite de la réorganisation entrepris en 1944, les travaux de recherche génétique ont été transférés en 1946 à une division indépendante. On pense que de cette façon, les travaux pourront prendre une ampleur qu'ils n'ont pu avoir jusqu-ici. Le but principal de la Division est d'améliorer la culture des arbres forestiers de préférence grâce à des méthodes sélectives. L'attention des spécialistes a déjà été attirée sur la nécessité d'entreprendre des cultures forestières sur une vaste échelle, afin d'assurer à l'avenir la production de bois en Suède. Selon une enquête effectuée par l'Institut de la recherche forestière, il est possible de planter chaque année une superficie forestière de quelque cent mille hectares, pour laquelle on estime qu'environ 60 tonnes de graines sont nécessaires. En raison des dépenses très élevées entraînées par ces travaux de remise en état, et dont la plus grande partie est due au travail manuel que comporte la culture des arbres, il importe au plus haut point de n'avoir recours qu'à des graines génétiquement saines. C'est le seul moyen d'avoir certaines garanties quant à la qualité des résultats, et de poser en même temps des bases solides pour assurer à l'avenir la qualité et la quantité de la production des peuplements cultivés. On espère que les recherches sur la provenance, effectuées depuis le début par l'Institut, constitueront une aide précieuse pour la sélection des graines destinées aux travaux de remise en état des forêts et pour l'étude des possibilités de transplantation des graines de pin et d'épicéa d'un district à l'autre. Comme nous l'avons déjà indiqué, les difficultés de reboisement sont particulièrement importantes dans le nord de la Suède, ce qui est dû, parmi d'autres facteurs, au fait que les années où les graines sont bonnes, sont moins fréquentes dans ce district que dans le sud et dans le centre du pays. Il est par conséquent de la plus haute importance d'être en mesure de déterminer, dans le sens horizontal et dans le sens vertical, les limites dans lesquelles les graines forestières peuvent être transplantées sans risquer de compromettre les résultats. Les recherches sur la provenance tendent également à établir s'il est possible, en transplantant des graines entre districts de conditions climatiques différentes, d'obtenir une production meilleure qu'avec les graines produites dans la localité elle-même.
La question des possibilités d'accroissement quantitatif de la production forestière a éveillé un grand intérêt dans les milieux forestiers suédois. De gros efforts ont été faits depuis quelques dizaines d'années pour améliorer la qualité de la production et par suite la valeur des produits tirés de nos forêts. A cette fin, les arbres de qualité inférieure ont été systématiquement abattus au cours des éclaircies pratiquées, et on a respecté dans toute la mesure du possible des arbres qui, à en juger par leur apparence extérieure, possédaient les plus précieuses propriétés en ce qui concerne la qualité et la croissance. Afin d'obtenir des graines de bonne qualité, on a appliqué un plan systématique, consistant, lors des opérations d'éclaircies dans un peuplement, à laisser subsister les arbres de meilleure qualité pour la production des graines. Pour la plantation des jeunes plants de pin ou d'épicéa, on a depuis quelques années pris l'habitude de sélectionner parmi les éléments disponibles les plants les meilleurs au point de vue qualité et rapidité de croissance, et de rejeter ceux de qualité inférieure.
En combinant les recherches génétiques aux formes les plus pratiques de culture améliorée, on pense que des gains rapides et appréciables seront acquis à la sylviculture. A cette fin, les travaux de recherches sont orientés dans le sens d'un inventaire des forêts suédoises, portant notamment sur la valeur des différents types de peuplements et d'arbres, et les propriétés de ces derniers sont étudiées avec soin. L'énorme quantité de matériaux accumulés par la Division des Forêts et provenant de placettes échantillons minutieusement étudiées et décrites fourniront pour ces travaux un point de départ précieux.
On devra ensuite s'efforcer par ces travaux de recherches de trouver réponse à la question suivante: quelle influence effective la structure génétique d'un arbre forestier exerce-t-elle sur les conditions productives du peuplement? En fait, il est toujours possible de remonter jusqu'à l'origine des propriétés particulières d'un arbre qui résultent de l'influence de l'hérédité et du milieu. Comme on l'a déjà indiqué, le travail mathématique et statistique effectué à l'aide des observations recueillies dans les placettes échantillons de l'Institut, à l'occasion des recherches effectuées sur la production, offre certaines possibilités de discerner entre ces diverses influences. On peut admettre comme hypothèse raisonnable que les propriétés d'un type d'arbre distinct donné, qui ne peuvent en principe être attribuées à aucun milieu, sont le résultat de la constitution génétique. Les travaux de recherches devront à l'avenir porter tout particulièrement sur la question de savoir si les propriétés des arbres parents sont transmises à la génération suivante. En liaison avec ces travaux de recherches, on projette actuellement, en collaboration avec de techniciens de l'Institut spécialisés en entomologie et en mycologie, des études dont le but est de vérifier s'il existe ou s'il est possible de produire par croisement des lignées ou des types d'arbres capables de résister aux champignons parasitaires et aux insectes nuisibles.
LA DIVISION DE LA ZOOLOGIE
Les insectes, en raison de leur immense variété et de leur importance numérique, constituent un élément important de la faune forestière. C'est pour cela, et aussi en raison du fait qu'ils jouent un rôle économique beaucoup plus important que toute autre forme de vie animale à cause des dommages qu'ils font subir aux arbres et aux produits forestiers, que la Division de la Zoologie s'occupe tout particulièrement des problèmes ayant trait à la pullulation des insectes et aux dommages qu'ils causent.
La nature des dommages que les insectes causent dans les forêts varie considérablement: certaines espéces attaquent et consomment les feuillages tandis que d'autres vivent sous l'écorce ou dans le bois. Les dégâts ainsi causés entraînent parfois la mort de l'arbre ou peuvent provoquer une réduction de ses fonctions vitales, ce qui entraîne une diminution de croissance ou certaines défectuosités.
D'autres insectes nuisibles attaquent les arbres débiles, à terre ou sur pied, soit pour se nourrir soit pour se reproduire mais, dans des conditions normales ce sont là des types relativement inoffensifs au point de vue humain. En cas de pullulation cependant, comme après les orages, les incendies de forêts, etc., ils peuvent constituer une menace sérieuse voire attaquer et tuer des arbres absolument sains.
En Suède, la faune des insectes comprend relativement peu d'espèces utiles au point de vue du forestier. Parmi ceux-ci, on peut cependant citer les insectes parasitaires et les insectes prédateurs qui attaquent les insectes nuisibles eux-mêmes. Ceux qui accélèrent la décomposition de la couverture morte sont également utiles à la sylviculture.
Une des tâches les plus importantes de la Division de la Zoologie est d'accroître le volume de nos connaissances relatives à la biologie des insectes nuisibles et d'élaborer les moyens de les détruire. A ce sujet, la plus grande attention a jusqu'à présent été consacrée aux espèces les plus indésirables des insectes subcorticaux, soit le Blastophagus piniperda et l'Ips typographis, travaux à la suite desquels il a été possible de réunir les renseignements de valeur pour la sylviculture pratique en ce qui concerne les méthodes de lutte appropriées. Une connaissance approfondie de la biologie des insectes nuisibles est très importante, parce qu'elle permet de connaître à quel stade de leur développement certaines espèces d'insectes offrent la moindre résistance et peuvent de ce fait être combattues avec le plus de chances de succès, ce qui permet dans beaucoup de cas de réduire ou d'éliminer les dégâts causés par un type d'insecte donné sans recourir à des mesures coûteuses.
Parmi les autres tâches de la Division citons l'élaboration de méthodes appropriées pour estimer la fréquence des attaques des insectes nuisibles et l'importance des dommages qu'ils causent; c'est sur les renseignements ainsi obtenus que l'on se fonde pour décider de l'importance des mesures de lutte à adopter.
Ainsi qu'on l'a déjà mentionné, le rapport entre certains insectes nuisibles et les champignons consti tue également un sujet de recherches en collaboration avec les experts en mycologie de l'Institut. Ici, les efforts tendent surtout à s'assurer du rapport existant entre les colorations du bois causées par un certain champignon (le bleu du bois) et les insectes qui attaquent le bois coupé.
Le programme de travail comprend également des recherches relatives à la vie animale dans les forêts, dont le but est d'augmenter nos connaissances sur les insectes vivant dans le sol et le rôle qu'ils jouent dans le processus qui se déroule dans le sol, aussi bien que dans le reboissement.
Hélicoptère répandant de la poudre D.D.T. sur une forêt ravagée par les insectes.
On a découvert voilà quelques années un poison agissant par contact que l'on a appelé D.D.T., qui exerce un effet paralysant sur les nerfs des insectes et qui, à en juger par les résultats, constitue un inestimable moyen de lutte contre les insectes nuisibles des forêts. La Division de la Zoologie a procédé à des études sur les possibilités de destruction des insectes des forêts en répandant la poudre D.D.T. d'un avion ou d'un hélicoptère; les résultats ont été très encourageants.
Nous nous sommes efforcés de donner un aperçu de l'organisation et des travaux les plus importants de l'Institut de la recherche forestière, qui est l'organisme officiel pour les recherches forestières en Suède. La solution des problèmes qui viennent d'être exposés appelle une étroite coopération entre les différentes divisions et sousdivisions de l'Institut, entre les recherches théoriques et les recherches pratiques, et dans bien des cas, avec d'autres institutions de caractère scientifique ou s'occupant des aspects pratiques de la sylviculture. L'objectif principal des activités de l'Institut de la recherche forestière est de guider le forestier dans l'aménagement de notre grande ressource naturelle, la forêt suédoise.
Les photographies qui illustrent cet article nous ont été aimablement fournies par l'Institut de recherche forestière de Suède.