Par LYLE F. WATTS
Chef du Service forestier des Etats-Unis
Le texte de cet article est extrait d'un rapport officiel présenté en 1946 par M. Watts comme Chef du Service forestier des Etats-Unis ait Secrétaire de l'Agriculture.
Nous estimons pourtant que l'intérêt de ce rapport est tel que nous tenons à, le présenter à nos lecteurs, même s'il s'agit d'un texte qui a été déjà publié. Nous avons surtout pensé à nos lecteurs en dehors des Etats-Unis auxquels cet article présentera un tableau vivant de la situation forestière aux Etats-Unis et des efforts entrepris pour introduire systématiquement l'aménagement forestier dans un pays qui s'est rendu compte que même dans le cas de ressources et de possibilités qu'on croyait illimitées, il fallait des soins et une bonne économie.
La Division des Forêts et des produits forestiers de la FAO doit toute sa reconnaissance ait Département de l'Agriculture des Etats-Unis pour l'aimable autorisation qu'on lui a donnée de publier le texte de cet article.
A L'HEURE actuelle nos forêts ne produisent pas de bois d'oeuvre en quantité suffisante. Tandis que des milliers d'hommes cherchent désespérément des logements, la construction d'habitations, dont le besoin urgent se fait durement sentir, est en travée par la pénurie de matériaux de construction. Le bois de construction est peut-être le problème N° 1. Le problème du bois contre-plaqué n'est pas moins sérieux. Les efforts, répétés que nous n'avons pas ménagés pour satisfaire les besoins en bois pour la construction de nouveaux logements ont limité l'utilisation du bois dans d'autres branches non moins essentielles, construction et réparations commerciales et industrielles, boîtes et caisses servant à la livraison des produits aux consommateurs. Nous ne sommes plus capables actuellement de satisfaire les besoins mondiaux d'exportation en bois de construction. Il y a pénurie de pâte à papier et de papier et accroissement des demandes. Il existe encore des restrictions sur les quantités de papier destiné aux journaux.
Le manque de main-d'oeuvre, la pénurie d'outillage mécanique et des fournitures, le manque de pièces de rechange, étaient, pendant les années de guerre, les principaux facteurs qui ont influé sur la production du bois de construction. Quelques-unes de ces difficultés ajoutées à l'agitation ouvrière ont retardé la production en 1946.
Mais ces difficultés ne sont que temporaires et il est de plus en plus évident que le manque de bois d'oeuvre sur pied en nombre d'endroits constitue l'obstacle majeur à l'augmentation de la production des sciages. On ne pourra, d'autre part, remédier promptement à cette situation. Bien avant la guerre, la pénurie de bois d'oeuvre avait réduit la production des régions les plus anciennement spécialisées dans l'industrie du sciage: la Nouvelle-Angleterre, la Pennsylvanie et les Etats des Grands Lacs. Pendant l'année 1946, la pénurie de pins d'un diamètre suffisant pour être transformés en bois de construction se faisait grandement sentir dans différentes régions du sud. Même dans l'Ouest certaines régions s'en ressentent; l'industrie en quête de nouvelles possibilités d'exploitation va chercher jusqu'aux futaies les plus éloignées.
L'industrie de la pâte et du papier qui se développe rapidement, concurrence les producteurs de bois de construction pour le bois d'oeuvre disponible. La demande très forte de poteaux et également de pilotis est encore une autre concurrence pour le bois d'oeuvre disponible notamment dans le Sud. Le fait est que notre réserve de bois d'oeuvre sur pied facilement exploitable et vendable diminue de jour en jour. Il n'est pas douteux qu'on puisse disposer d'ici deux ou trois ans d'une main-d'oeuvre et d'un outillage suffisants ainsi que de scieries capables d'une production beaucoup plus importante de sciages, mais la pénurie croissante de bon bois d'oeuvre continuera de limiter le niveau de production.
Le déficit actuel menace par conséquent de durer. En fait, il persistera jusqu'à ce que nous produisions une bien plus grande quantité de bois d'oeuvre, et il n'est pas possible de faire pousser en une nuit, des arbres susceptibles de fournir des sciages. Nous dépendons de plus en plus de l'importance de nos coupes annuelles de bois. Et ces coupes ne sont pas assez importantes pour satisfaire les besoins actuels de la nation. Elles sont loin de suffire à ce dont nous avons besoin pour développer dans l'avenir une économie puissante.
Pendant des années chaque rapport annuel du Service forestier a fait ressortir que nous ne pouvions pas continuer d'entamer nos réserves forestières sans qu'il en résulte de graves conséquences. Le Service forestier ne veut pas cependant se contenter d'avoir joué le rôle de prophète. Il préfère souligner avec toute la force dont il est capable que nous pouvons produire le bois dont nous avons besoin, et qu'il est grand temps que nous concentrions nos efforts dans ce sens.
La pénurie de bois s'étend à presque tout le monde civilisé. Le Comité technique pour la Sylviculture et les produits forestiers de base de la Commission intérimaire pour l'Alimentation et l'Agriculture rapportait en 1944 que:
«... devant la rapide multiplication des usages du bois qui entraîne des besoins toujours croissants de ce matériau, le monde est confronté avec le fait inéluctable que les forêts - unique source du bois - diminuent continuellement.»
Plus de 60% du bois tendre dont le monde doit tirer ses matériaux de construction se trouvent dans le nord de l'Amérique et en Europe. Le rapport révèle que sur le continent européen qui fut autrefois richement boisé, trois pays seulement possèdent actuellement d'importantes quantités de bois dépassant leurs besoins nationaux. Le niveau de vie des millions d'êtres humains dont la Chine et l'Inde sont surpeuplées doit s'adapter aux privations imposées par la pénurie chronique de bois.
Le rapport estime qu'actuellement moins de 15% des forêts mondiales sont traitées en vue d'une production renouvelable et continue. Environ deux tiers des forêts mondiales sont laissées sans soin ni protection.
Dans ces conditions nous ne pouvons pas compter sur les ressources étrangères pour alimenter d'une manière satisfaisante nos besoins en bois. L'Europe et l'Asie ne peuvent pas faire face aux leurs. Les ressources forestières, tropicales inexploitées peuvent fournir de plus grandes quantités de bois d'ébénisterie et de bois spéciaux, mais elles ne peuvent pas remplacer les forêts résineuses des zones tempérées. Pendant les années de guerre le Canada nous a fourni environ un milliard de board feet (2,36 millions; m.3)1 de sciages par an. Depuis la fin de la guerre il ne peut exporter, au mieux, que de très petites quantités. Comme les Etats-Unis, il ne dispose plus que d'un volume de plus en plus faible de bois d'oeuvre facilement accessibles, et d'autres nations que nous réclament les excédents actuellement exportables du Canada.
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Le facteur de conversion des board feet au système métrique diffère suivant qu'il s'agit de bois ronds ou de bois sciés. Dans le premier cas l'on a: 1.000 board feet de bois ronds - 4,53 m.3; dans le second cas: 1.000 board feet de sciages (solid content) = 2,36 m.3
Même à l'heure actuelle nous importons, en majeure partie du Canada, environ un tiers de notre pâte à papier et de notre papier. Nous pouvons espérer que notre voisin du Nord nous en fournira de plus grandes quantités, mais nous ne devrions compter que sur notre propre production pour faire face à l'accroissement de nos besoins en pâte et en papier.
Ainsi, nous devrions être capables de satisfaire notre propre demande. Bien plus nous devrions chercher à obtenir une coupe annuelle de bois d'oeuvre suffisante pour couvrir largement les besoins nationaux, pour alimenter sainement notre commerce d'exportation et pour créer des réserves destinées à servir en cas de besoin comme mesure de sécurité nationale.
Les efforts que nous déploierons pour accroître la production du bois d'oeuvre serviront en même temps à augmenter les multiples autres valeurs et avantages que procurent des forêts prospères et bien entretenues. Nous renforcerons la protection des bassins fluviaux, nous sauvegarderons les réserves d'eau et nous diminuerons les risques d'inondation. Nous augmenterons les heures de saines récréations dehors et améliorerons les conditions de vie au grand air. Nous établirons un système économique mieux adapté au développement, rationnel des communautés des régions forestières. Nous restituerons de beaux paysages aux régions désolées et nous ferons de notre pays un endroit dans lequel il fera encore meilleur vivre.
Pendant les années 1945-46 le Service forestier a, procédé à une nouvelle évaluation des ressources forestières nationales afin de faire le point des tendances générales de la situation, d'évaluer les progrès accomplis et de fournir un point d'appui positif et sûr qui servira de base aux objectifs et à la politique de conservation. Les résultats seront publiés dans des rapports détaillés; il suffit d'eu énumérer ici quelques-uns des plus importants. Cela donne beaucoup à réfléchir.
En 1909 le Bureau of Corporations évaluait le volume total des bois de sciage sur pied des Etats-Unis à 2.826 milliards de board feet (12,8 milliards de m.3). La nouvelle évaluation faite en 1945 accuse 1.601 milliards de board feet (7,25 milliards de m.3); cela révèle qu'en 36 ans la réserve nationale de bois a diminué de 44%.
Il y a tout lieu de croire que la diminution du volume du bois sur pied depuis 1909 est plus grande encore. Plusieurs variétés d'arbres qui étaient considérées alors comme sans valeur sont actuellement utilisées et figurent dans l'évaluation de 1945. D'autre part, de bien plus petits arbres sont clasés aujourd'hui comme bois de sciage notamment dans la moitié Est du pays (Dans la nouvelle estimation on entend par bois de sciage tous les arbres suffisamment développés pour être sciés, qu'ils soient ou non employés à cet usage).
L'évaluation des ressources nationales en bois de sciage est inférieure de 9%, à l'évaluation faite par le Service forestier en 1938 pour le Comité mixte du Congrès pour la Sylviculture.
Ces chiffres globaux ne permettent d'apprécier pleinement ni la qualité ni les différentes variétés de bois, ni les tendances à l'intérieur des Etats. Plus de la moitié du volume global actuel de bois de sciage se trouve dans ce qui reste de nos forêts vierges; 96% de celles-ci se trouvent dans les Etats de l'Ouest. Mais la totalité de ce bois n'est pas nécessairement constituée par du bois de choix. Un tiers sans doute appartient à des espèces de qualité relativement inférieure. Le Pinus contorta Dougl. en est un exemple.
Les futaies secondaires dont nous dépendons de plus en plus, ne produisent pas du bois des qualités ou des essences nécessaires à de nombreux usages.
Dans le Mississippi le volume du bois de sciage de toutes essences a diminué de 15% depuis environ 1935. Mais il y a une diminution de 32% du volume des pins - variété de bois d'oeuvre la plus importante de cet Etat. Dans le nord-est du Mississippi le volume des pins est tombé de 64%.
Dans la Nouvelle-Angleterre et les Etats de la côte orientale les pins blancs, Pinus strobus L., de première qualité n'existent pour ainsi dire plus. Dans les Etats des Grands Lacs au rythme actuel de prélèvements on ne peut compter que sur une réserve de 6 à 8 ans de bouleaux jaunes, Betula lutea Michx., qui peuvent être employés comme bois de placage de première qualité et dont la demande pendant la guerre a connu un tel succès. On estime qu'il n'y a pas assez d'épicéa dans les Etats des Grands Lacs pour satisfaire au rythme actuel, la demande de bois de pâte durant les vingt prochaines années. Une usine pour la fabrication de la pâte à papier du Wisconsin reçoit son bois des Montagnes Rocheuses, régions situées à environ deux mille kilomètres de là.
1. Trappers Lake dans le Colorado
Dans les Etats du centre les ustensiles fabriqués avec du noyer blanc, Carya Nutt., d'Amérique deviennent rares, Les fabricants de tonneaux dévalisent de vastes étendues pour la fabrication de douves en chêne blanc. Quercus alba L. Les ressources en chêne blanc nécessaires pour la construction des bateaux sont déjà virtuellement épuisées.
Dans le Sud les peuplements de bois tendre qui pourraient fournir les bois de grandes dimensions destinés à la construction, se raréfient. Plusieurs scieries de bois dur ont fermé par suite de la pénurie de grumes de valeur. Dans l'Ouest le problème de la qualité s'aggrave également. Les ressources en épicéa de Sitka, Picea sitchensis Carr., employées dans la fabrication des avions étaient insuffisantes pour satisfaire les besoins du temps de guerre. La concurrence devient plus forte entre les fabricants de contre-plaqué et les scieries pour les grumes de Douglas, Pseudotsuga taxifolia Britt., de qualité placage.
La diminution de la qualité est sensible non seulement dans le fait que le choix devient limité mais aussi dans l'état de dévastation dans lequel se trouvent de nombreuses futaies. «L'écrémage» des forêts en bois de choix, pratiqué pendant de longues années a eu pour résultat la diminution du pourcentage des espèces précieuses, et un accroissement parallèle de la proportion des arbres de qualité inférieure. De grandes superficies de la Nouvelle Angleterre, par exemple, ont été envahies par des espèces communes telles que le bouleau gris, Betula populifolia Ait., le tremble, Populus tremuloïdes, et le petit mérisier, Prunus pennsylvanica L., ou bien les bonnes espèces ne sont plus représentées que par des arbres de qualité médiocre. La coupe rase du peuplement feuillu secondaire a laissé des souches dont les rejets ne peuvent plus fournir que du bois de chauffage ou des produits de basse qualité.
L'abattage destructif et les incendies répétés depuis l'époque de la colonisation ont transformé 750.000 acres (300.000 hectares) plantés en chêne des marais dans le New-Jersey, en terrains virtuellement improductifs. Des conditions analogues dans l'est de la Pennsylvanie ont transformé de grandes régions en peuplements de chênes arbustifs. Des millions d'acres autrefois plantés de conifères dans les Etats des Grands Lacs sont maintenant recouverts de peuplements rabougris de trembles et de chênes. Une très vaste étendue des Etats de la Vallée de l'Ohio est reboisée avec du sassafras, Sassafras variifolium Ktze., et des plaqueminiers de Virginie, Diospyros virginiana L., d'une faible valeur commerciale.
Dans le Sud le chêne arbustif a remplacé le pitchpin, Pinus palustris Mill., sur plus de deux millions d'acres (800.000 hectares). Des taillis de micocouliers, Celtis occidentalis L., d'ormes, Ulmus spp., et de frênes, Fraxinus spp., espèces ordinaires, ont remplacé lés chênes et les liquidambars, Liquidambar styraciflua, dont le bois est très apprécié dans le commerce, dans 10 à 15% des régions boisées du Delta du Mississippi. Sur les contreforts de la Caroline du Nord, des régions entières sont actuellement presque entièrement recouvertes d'arbustes feuillus parce que les scieries ont virtuellement épuisé le bois d'oeuvre de pin et les meilleurs bois durs.
2. Forêt vierge domaniale de bois durs mélangés dans le Wisconsin
Dans la moitié orientale des Etats-Unis on remarque une tendance générale à la diminution de la dimension des arbres exploités. On y trouve des scieries qui coupent des grumes ridiculement petites par suite du manque de bois suffisamment gros. Une enquête poursuivie dans 118 scieries du nord-est révèle qua la dimension moyenne des grumes dans 69 de ces scieries était de 10 pouces (25 cm.) ou moins. Un recensement des scieries de bois dur du Delta du Mississippi a montré que plusieurs scieries coupent des grumes dont la dimension n'est que la moitié ou le tiers de ce qu'elle était autrefois. Il est plus onéreux de scier la même quantité de bois quand il s'agit de petits arbres. En outre, la qualité du bois laisse à désirer. On ne peut pas obtenir avec de petits arbres, de planches de belle dimension, larges et choisies.
En 1944 nous avons extrait de nos forêts pour le bois de construction, le bois de chauffage, la pâte à papier et d'autre produits quelques 12,2 milliards de pieds cubes (345 millions de m.3). Il faut ajouter à ce chiffre environ 1,5 milliard de pieds cubes (42,5 millions de m.3) perdus l'effet des incendies, du vent, des tempêtes de neige et des dommages causés par les insectes nuisibles et les maladies. Cela fait un prélèvement annuel de 13,7 milliards de pieds cubes (387,5 millions de m.3). Contre ce prélèvement, la quantité de bois ajoutée à notre peuplement de bois d'oeuvre chaque année par l'accroissement est estimée à 13,4 milliards de pieds cubes (379,2 millions de m.3). Les deux chiffres sont voisins, mais nous devons nous rappeler que la majeure partie des prélèvements se fait sur les bois de qualité supérieure, alors que le matériel de remplacement est généralement de plus pauvre qualité.
D'autre part, si l'on ne considère que les bois de sciage, il ne faut pas oublier que l'ensemble de notre industrie forestière dépend du bois de sciage - les prélèvements atteignent 53,9 milliards de board feet (244 millions de m.3), contre 35,3 milliards (160 millions de m.3) d'accroissement annuel. Les prélèvements sur les bois de sciage dépassent donc de plus de 50% l'accroissement.
De notre capital de bois de sciage, nous tirons chaque année 18,6 milliards de board feet (84 millions de m.3) en excès.
Il est possible de diminuer les dévastations dues à des causes naturelles par une meilleure protection contre les incendies et par une lutte intense contre les insectes nuisibles et les maladies. Le sens commun nous ordonne de réduire au minimum les pertes et le gaspillage dus à de telles causes.
Toutefois environ 90% des prélèvements sont constitués par des coupes normales. Et encore n'obtenons nous pas autant de bois qu'il nous en faudrait. A longue échéance, le remède consiste dans la production d'une plus grande quantité de bois d'oeuvre. Entre-temps il faudra recourir à des mesures énergiques.
Si l'on ne renonce pas aux méthodes en cours et si les coupes auxquelles l'on procède région par région continuent au même rythme, nous devrons nous attendre à une nouvelle diminution d'environ 27% de nos ressources au cours des vingt prochaines années. En outre, un écrémage systématique des arbres de qualité supérieure aurait pour résultat une diminution de la qualité moyenne du bois de sciage qui nous reste. C'est dans les régions Pacifiques du Nord-Ouest qu'on observe la plus grande diminution du volume de bois de sciage évaluée en board feet. On estime que pendant les vingt prochaines années on y enregistrera une diminution de 40% Cela impliquerait une réduction du volume actuel de bois de sciage sur pied du 630 milliards de pieds (2,85 milliards de m.3) à 383 milliards (1,72 milliards de m.3).
Les industries forestières de l'Ouest se sont développées et continuent d'exploiter surtout le bois provenant des forêts vierges. Comme les forêts vierges s'épuisent, les Etats situés sur la côte de l'Ouest se trouveront dans l'incapacité de maintenir le niveau actuel de leur production. L'Ouest doit compter pour l'avenir sur les forêts secondaires. Les peuplements secondaires appartenant à des particuliers risquent d'être coupés prématurément et sans méthode. Ce fait s'est déjà produit. Un nombre croissant de petites scieries dépouille les futaies secondaires, consommant les réserves de bois d'oeuvre destinées à l'industrie.
Le Sud voit l'avenir avec optimisme. Considérons cependant le Sud dans son ensemble. Si l'on continuait pendant vingt ans à suivre les méthodes en usage actuellement, on réduirait d'un tiers le volume de la réserve de bois de sciage actuellement sur pied. Quant aux Etats du Sud-Est avec des prélèvements annuels continus de 3,5 milliards de pieds (16 millions de m.3) en excès sur la production, la réserve actuellement sur pied diminue de telle sorte qu'elle se trouvera réduite de 60% pendant les vingt prochaines années. Le Sud produit actuellement environ 45% de la production totale de bois; il s'ensuit que la diminution du matériel ligneux dans cette région affecte les perspectives de la production nationale toute entière.
Les autres régions de l'Est, produisant environ 10% des coupes totales de la nation et 16% de celles du bois de sciage, ne possédant pas suffisamment de bois de sciage de dimension et de qualité convenables, même pour soutenir plus longtemps les niveaux actuels de production. Dans ces régions - la Nouvelle-Angleterre, les Etats centraux de la côte orientale, les Etats du centre et les Etats des Grands Lacs - le principal problème consiste dans le relèvement du capital forestier ou du matériel sur pied. Possédant 36% de la surface forestière exploitable globale du pays, ces Etats sont éventuellement capables de produire une portion beaucoup plus considérable de l'approvisionnement national annuel de bois de sciage.
La nouvelle évaluation générale entreprise en 1945-1946 comportait pour la première fois une enquête sur place des méthodes d'exploitation en usage.
L'analyse montre que la majorité des grands propriétaires font un travail convenable et même bon. Sur presque 30% des régions forestières actuellement exploitées appartenant à l'industrie ou à d'autres grands propriétaires privés les méthodes d'exploitation sont bonnes. Mais, sur la surface beaucoup plus vaste appartenant aux petits propriétaire, la plupart des méthodes d'abattage sont mauvaises on destructives.
Pour l'ensemble des forêts privées 64% des méthodes d'exploitation sont classées mauvaises ou destructives, 28% convenables, 7% bonnes et seulement 1% excellentes.
De bonnes méthodes d'exploitation assurent une production ligneuse constante. Elles suivent les principes développés pendant des années de recherches et d'expériences poursuivies en sylviculture scientifique. Elles permettent aux forêts de produire de nouveaux et souvent de meilleurs bois.
De mauvaises méthodes d'exploitation suppriment des forêts toutes les richesses actuelles sans égard à l'avenir. Ou bien encore elles dévastent prématurément de jeunes peuplements avant qu'ils aient atteint la période de croissance à rendement maximum. Ou tien elles amputent le peuplement du meilleur de soit bois en laissant un reliquat d'arbres de mauvaise qualité et de peu de valeur. La dévastation progressive des grandes régions de nos forêts est due aux méthodes d'exploitation.
Le terme de méthode «convenable» signifie qu'il y aura un certain pourcentage de reboisement. Mais il faudra avoir recours à la méthode dite «bonne» pour rebâtir un peuplement véritable. Et pour obtenir une forêt de production maxima constante, il faudra employer la méthode dite «excellente.»
3. Vallée dans le Forêt nationale de Chelan, Washington
Les progrès encourageants dans l'application de «bonnes» méthodes par les propriétaires de forêts industrielles ne résoudront pas a eux seuls le problème de l'approvisionnement national futur en bois. Les compagnies et autres grands propriétaires représentent seulement 15% du total des superficies forestières exploitables privées. Les 85% restant, appartiennent à des propriétaires moyens ou petits; 40% sont des bois de fermes.
C'est sur ces terrains forestiers morcelés que les méthodes les, moins bonnes sont le plus employées.
La mise en état de nos forêts permettant des prélèvements suffisants pour couvrir nos besoins futurs probables demandera des efforts considérables pendant de nombreuses années. En attendant, pendant plusieurs dizaines d'années, il faudra nous contenter de quantités limitées.
Par suite du manque de matériel sur pied il est peu probable que les régions de l'Est pourront reculer de plus de quelques années une diminution importante des coupes de bois de sciage au-dessous des niveaux actuels. Il faudra donc nous adresser sans compter aux régions de l'Ouest pour maintenir notre production nationale de bois pendant les années que nécessitera la reconstruction du matériel sur pied des régions de l'Est. Mais nous devons éviter une dévastation locale inutile qui, non seulement pèserait lourdement sur les territoires en question, mais accroîtrait également la pression sur les autres régions. Il faudrait procéder à des coupes sélectives partielles partout où cela est possible, en vue d'obtenir un accroissement plus important des bois de sciage sans être obligé d'attendre le plein développement des jeunes peuplements récemment régénérés. En construisant de nouveaux chemins d'accès et si l'on emploie des espèces moins appréciées, certains secteurs de l'Ouest pourront augmenter leur production pendant trente ou quarante ans. Néanmoins, après que les derniers peuplements situés dans les forêts vierges auront été exploités, on peut s'attendre à ce que la production tombe au-dessous même des niveaux actuels.
Partout dans le pays les jeunes peuplements denses devraient être éclaircis afin d'obtenir une croissance plus rapide et d'autre part il faudrait empêcher l'abattage prématuré des jeunes arbres. Ces mesures ainsi que d'autres avant pour but de constituer un matériel sur pied adéquat et convenable diminueront les difficultés dues à une période de contingents limités et permettront, le cas échéant, d'atteindre notre but éloigné qui est d'avoir du bois d'oeuvre en abondance.
Si nous négligeons de prendre ces mesures, la période de pénurie que nous connaissons risque de se prolonger indéfiniment.
Les forêts nationales occupent 73 millions d'acres (29 millions d'hectares) susceptibles de produire du bois pour le commerce. Elles renferment un tiers des ressources nationales en bois de sciage. Elles sont aménagées en vue d'une production continue de bois d'oeuvre. Ces dernières années elles ont fourni environ 10% des coupes annuelles de bois de sciage. En exploitant soigneusement leurs ressources, les forêts nationales peuvent aider à amortir le coup résultant de l'épuisement de bois provenant des forêts privées dans plusieurs régions et permettre à nombre de scieries de continuer leur commerce. Eventuellement leur production totale pourrait être plus que doublée.
De nouvelles routes en voie de construction ou à l'état de projet faciliteront l'accès des peuplements de bois d'oeuvre des forêts nationales, restées jusqu'ici inexploitées.
Quant à l'aspect à long terme du problème, les forêts nationales peuvent être spécialement réservées à la production de bois de qualité supérieure. Le temps considérable qu'il faut à un arbre pour atteindre un développement suffisant pour produire des sciages de grande dimension ou pouvant servir à certains emplois spécifiques, décourage beaucoup de sylviculteurs. De tels arbres doivent être maintenus sur pied pendant de longues années, durant lesquelles ils ne rapportent rien à leurs propriétaires. Les forêts nationales administrées suivant des programmes à long terme peu vent donc fournir une portion importante de la production nationale future de bois de qualité supérieure. La production de bois de grande dimension et de haute qualité devrait y être particulièrement encouragée.
Nous devons prévoir largement l'utilisation du bois, dans une économie de plein emploi. A moins que le développement de l'Amérique demeure stationnaire, un plan minimum ne saurait nous suffire.
De quelle quantité de bois d'oeuvre notre pays aurait-il besoin dans l'avenir. Le Service forestier s'est efforcé d'évaluer le volume de bois que nous emploierions si nous maintenions un haut niveau d'emploi, et si nous pouvions nous procurer, en grandes quantités et à des prix raisonnables, le bois d'oeuvre dont on a besoin.
Somme toute, il semble que nous devrions nous efforcer d'augmenter le rendement de nos forêts en vue d'atteindre le chiffre annuel éventuel de 20 milliards de pieds cubes (566 millions m.3) dont environ 65 à 72 milliards de board feet (294 à 326 millions m.3) seront constitués par du bois de sciage. Cette, évaluation a l'avantage d'offrir une marge de sécurité suffisante pour parer a des demandes nouvelles et imprévues, et à des pertes inévitables, tout en réservant une part suffisante pour l'exportation. Elle tiendrait compte également de ce que nous pourrions appeler «l'accroissement inutile» celui des massifs se trouvant dans des régions panoramiques et de tourisme, sur les bordures des routes et ceux que nous ne souhaitons pas exploiter ou encore dont l'exploitation serait économiquement impraticable.
Il va de soi que personne ne pourrait chiffrer exactement le volume de bois dont nous aurons besoin au cours des cinquante ou cent années à venir. Le développement de l'énergie atomique et d'autres progrès scientifiques pourront modifier radicalement notre manière de vivre. Mais un matériau d'un usage aussi courant et aussi varié que le bois - dont la production peut être maintenue constante - devra certainement occuper une place importante. Bien que les prévisions sur lesquelles l'évaluation précitée a été basée ne semblent pas devoir se réaliser d'ici longtemps, notamment par suite d'un approvisionnement insuffisant, rien ne permet de supposer que les besoins réels en bois vont diminuer.
Actuellement presque 90% de nos approvisionnements de bois proviennent des forêts appartenant à des particuliers. En général les forêts privées sont les plus accessibles et celles qui peuvent produire le plus. Nous devons continuer de compter sur les forêts privées pour l'ensemble de l'approvisionnement futur de bois.
Avant la guerre, l'industrie du bois pouvait facilement satisfaire la demande. Le bois sur pied accessible était suffisant et les scieries auraient pu en livrer même davantage. Maintenant la situation a changé. Il ne semble pas que l'industrie soit de nouveau en mesure de satisfaire entièrement la demande des consommateurs pendant les années qui vont venir. La perspective d'une demande importante pour les produits forestiers doit constituer un grand stimulant pour des investissements à long terme dans la production et l'industrie du bois. Le financement privé des projets de cette nature doit en être facilité.
Le rapport du Service forestier pour 1944 mentionnait que la publicité émanant d'organisations représentant les industries des produits forestiers tendait souvent à bercer le publie d'illusions - pour donner l'impression que tout allait bien, qu'on ne manquerait jamais de bois. Il est encourageant de noter que le programme de l'American Forest Products Industries, Inc. - organisation chargée de stimuler l'écoulement des produits, représentant les principaux groupes de l'industrie forestière - place maintenant l'accent sur la nécessité de produire plus d'arbres. Ce programme préconise le maintien permanent à l'état boisé de tout morceau de terre susceptible de porter des arbres et l'application d'aménagements réguliers sur la plus grande surface possible de forêts. Les directeurs des industries forestières se rendent compte que les bois dont ils auront besoin pour continuer leurs affaires sont une récolte comme une autre.
L'institution de «fermes forestières» sous le patronage des organisations industrielles continue. Inaugurée il y a environ cinq ans dans le nord de la côte du Pacifique, la campagne en faveur des «fermes forestières» s'est étendue à un certain nombre d'Etats du Sud et de l'Est. Les propriétaires s'engagent à suivre un programme de sylviculture. Une campagne qui avait pour slogan "des arbres pour demain" commanditée par les compagnies de pâte et de papier des Etats des Grands Lacs, encourage la plantation d'arbres.
Beaucoup d'exploitants réalisent un excellent travail en utilisant des bois jusqu'à présent gaspillés. Dans le Nord-Ouest certaines sociétés nettoient une deuxième fois les coupes pour en rapporter des grumes de petites dimensions et des billots généralement abandonnés sur place après l'abattage. Dans quelques cas on a eu recours à des scieries ambulantes pour liquider ce qui restait des abattages précédents.
Certaines variétés d'arbres autrefois dédaignées sont maintenant utilisées. Le Pinus contorta Dougl., que l'on trouve sur la côte ouest, par exemple, n'est plus considéré comme un arbre non commercialisable; il est abattu pour être transformé en poteaux de transport de force, en douves, en caisses et eu bois de construction.
Une grande usine qui fabriquera de l'alcool industriel avec les déchets de bois, située près d'Eugene, Oregon, commencera de fonctionner avant la fin de 1946. Il est prévu qu'elle fabriquera comme sous-produits du fourrage à haute teneur en protéine.
Il ressort de tout cela, qu'il est maintenant économiquement possible d'appliquer des plans d'aménagement et des méthodes sylvicoles bien au-delà de ce qui pouvait être réalisé avant la guerre, soit sur les forêts industrielles, soit sur les forêts nationales.
4. Ce qui, malheureusement, se passe - coupe rase sur une propriété privée dans l'Oregon
Nous devons, naturellement, lutter continuellement contre la pression qui tend à augmenter les exploitations. L'accroissement anormal de la demande est de nature à pousser certains exploitants à liquider leur bois d'oeuvre à un rythme et d'une manière qui mettrait en danger la production future.
Un programme réaliste, intelligent et progressif doit viser à maintenir le potentiel de production de nos forêts, à reconstituer notre matériel sur pied de bois d'oeuvre et à aider le tiers de la surface de notre pays couvert de forêts, à contribuer pleinement à la prospérité, à la sécurité et au bien-être du peuple américain. Que faut-il pour cela?
5. La catastrophe - coupe rase et puis le feu en Pennsylvanie
Renforcer les mesures de protection.- Partout où existe une protection intensive contre le feu, il a été amplement démontré que les pertes dues aux incendies peuvent être très réduites. Cependant aux Etats-Unis 136 millions d'acres (55 millions d'hectares) de forêts ne possèdent pas encore la moindre protection. Dans la plupart des régions protégées les organisations pour la lutte contre les incendies et l'équipement dont elles disposent sont insuffisants.
Nous ne possédons aucun moyen pour empêcher la foudre de provoquer des incendies. Mais c'est l'homme qui est responsable de 90% des incendies dus généralement à l'insouciance, l'ignorance ou la négligence. Par conséquent 90% de nos incendies de forêts pourront être évités lorsque chaque citoyen comprendra les valeurs en jeu et la nécessité de sa propre coopération.
La science a découvert des moyens de combattre quelques-uns des insectes et des maladies les plus nuisibles aux forêts - la rouille du pin blanc et l'ips typographe, Ips pini, pour ne citer que deux exemples. L'état des recherches permet d'espérer qu'on arrivera à contrôler les autres. Nos troupes de choc sur le front de lutte contre les maladies et les parasites qui ravagent nos forêts, sont cependant loin d'être parfaites et bien équipées.
Le prélèvement sur nos forêts dû aux incendies, insectes et maladies est pur gaspillage. Il faudra le réduire au minimum.
Reboiser sur une plus grande échelle. - Des millions d'acres de terres convenant bien à la production du bois restent inexploités. Il s'agit de terres que des incendies répétés ou des abattages destructifs ont réduites à un état de stérilité complète. Une partie des terres pauvrement boisées ou déboisées pourra un jour retrouver naturellement un potentiel convenable de production Dans la plupart des cas la meilleure façon de revaloriser le terrain le plus vite possible sera de planter des arbres. Nous avons un grand besoin de renforcer notre programme de plantation pour une attaque générale du grand problème du reboisement.
Limiter le gaspillage. - Actuellement moins de la moitié du volume moyen du bois abattu est transformée en produits utilisables. Les flèches et les grosses branches des arbres abattus, les troncs déchiquetés et les déchets de grumes sont abandonnés dans la forêt. Il y a encore plus de gaspillage dans les différents stades de la fabrication qui vont jusqu'à l'objet fabriqué. De nombreuses essences d'arbres ne sont pas abattues parce que leur forme ou leurs propriétés conviennent mal aux méthodes actuelles de fabrication. Nous devons étendre nos recherches et multiplier nos expériences pour développer des méthodes pour l'utilisation adéquate de ces matériaux abandonnés. Nous devons encourager une meilleure coordination des industries du bois de manière qu'une usine emploie les déchets d'une autre. La réduction du gaspillage, une utilisation plus systématique des bois exploités peuvent aider à parer à l'insuffisance de notre approvisionnement et nous permettre d'attendre que nous produisions plus de bois et de meilleure qualité pour les années à venir.
Améliorer les méthodes. - Seulement 8% de toute la superficie forestière est bien aménagé. Sur presque deux tiers de cette superficie les méthodes d'exploitation sont mauvaises ou destructives. Le niveau général des méthodes devra être matériellement relevé nous voulons arrêter la tendance à la diminution que présentent nos ressources forestières, et produire plus de bois pour l'avenir.
Nous devons mettre un terme aux pratiques de destruction. Nous devons encourager une adoption plus large des méthodes d'aménagement vraiment efficaces. Les experts en sylviculture ont développé des méthodes éprouvées d'aménagement des forêts en vue d'une production constante. Il faut faire bénéficier les forêts, de ces connaissances techniques.
Nous venons d'énumérer les moyens de remédier au mauvais état de nos ressources forestières - renforcer la protection, planter davantage, limiter le gaspillage, améliorer les méthodes forestières. Nous ne pouvons obtenir ce résultat que par une action positive et militante sur un plan national. Voici quelles sont les mesures que le Service forestier juge essentielles:
Réglementation des méthodes d'exploitation. - Pendant plusieurs années, le Service forestier a recommandé que l'Etat exerce un certain contrôle sur les exploitations et tout ce qui s'y rapporte. Certains commentateurs ont vu dans cette proposition un pas vers une enrégimentation exagérée, le socialisme ou la dictature. En fait la proposition n'envisage que les mesures suffisantes pour interdire l'usage de méthodes destructives d'exploitation et pour s'assurer que les terrains forestiers seront laissés en condition de produire du bois d'oeuvre en quantité raisonnable. Cette réglementation devrait encourager et stimuler l'acheminement vers l'aménagement en vue d'un rendement constant.
Le Service forestier a suggéré que ce programme soit exécuté par chaque Etat avec l'assistance financière de l'Administration fédérale et suivant les règles fondamentales de la législation nationale. Il faudrait cependant prévoir l'intervention directe du gouvernement dans les Etats qui négligeraient de prendre les mesures appropriées dans un délai raisonnable.
Le Service forestier est persuadé qu'une telle me sure est nécessaire si nous voulons éviter l'abattage prématuré de jeunes peuplements et la destruction du potentiel de production de nos forêts.
Ce sont surtout les organisations industrielles forestières qui sont opposées à la réglementation par l'Etat des méthodes d'exploitation. Il est évident, néanmoins, que ces propositions répondent aux besoins actuels de l'industrie. Plusieurs propriétaires industriels ont déjà adopté de bonnes méthodes d'exploitation. Les exploitants qui continuent à employer des méthodes insuffisantes ou destructives devront être invités à améliorer celles-ci. La concurrence se trouverait ainsi sur un plan plus uniforme. En outre relativement peu d'exploitations industrielles forestières possèdent en propre suffisamment de terrains forestiers pour satisfaire tous leurs besoins. La plupart d'entre eux achètent la totalité ou la majorité de leur bois aux cultivateurs et autres petits propriétaires. En élevant le niveau, général des méthodes d'aménagement on sauvegarderait donc les approvisionnements en matières premières.
Assistance en vue d'encourager un meilleur aménagement des propriétés privées. - Pour nous assurer des meilleures solutions aux nombreux problèmes en matière d'aménagement, de protection et d'utilisation, et pour trouver les réponses aux problèmes non encore résolus nous devons envisager un programme étendu de recherches techniques. Grâce aux recherches nous pouvons même trouver des moyens plus sûrs et plus rapides de produire du bois d'oeuvre. Nous pouvons trouver le moyen de diminuer le gaspillage et de pousser plus loin l'utilisation du bois exploité.
Les connaissances techniques acquises grâce aux recherches devraient rapidement être mises à la disposition des propriétaires afin qu'ils en fassent usage. Actuellement le Service forestier coopère avec les organismes des Etats en fournissant environ 150 techniciens spécialises pour aider les propriétaires forestiers. Bien qu'ils soient éparpillés sur 600 comtés, ces spécialistes aident de nombreux cultivateurs à tirer de meilleurs revenus de leur bois tout en maintenant leurs forêts en meilleures conditions de production. Cependant une aide aussi directe et effective devrait être apportée à 3,25 millions de propriétaires dans plus de 2.000 comtés de caractère forestier. Une aide analogue doit être fournie à environ un million de propriétaires de forêts non agricoles qui jusqu'à présent n'en ont reçu que fort peu. En outre, une assistance technique et des conseils basés sur les résultats obtenus par les travaux de recherches sur les produits forestiers et sur les connaissances les plus récemment acquises devraient être mis à la portée des petites des consommateurs en vue de leur permettre de faire un meilleur emploi des produits forestiers.
Nous devons stimuler davantage les plantations sur les terrains privés. La loi Clarke-McNary de 1924 accorde une aide officielle aux différents Etats pour la production et la distribution de jeunes plants à bas prix. Seuls les cultivateurs peuvent à l'heure actuelle recevoir des plants d'après le programme d'assistance fédérale. Il serait bon de faire bénéficier de ces mesures les autres propriétaires de terrains forestiers. Le fonds annuel actuel prévu de 100.000 dollars est très loin de suffire aux besoins réels créés par nos gigantesques travaux de reboisement.
Nous devons également encourager le développement d'associations coopératives de petits propriétaires forestiers. Individuellement les petits propriétaires se trouvent dans un état d'infériorité pour la commercialisation de leurs produits forestiers et manquent d'outillage et de facilités pour assurer à leurs forêts un aménagement convenable. L'établissement d'associations coopératives pourrait être facilité par la promulgation de lois autorisant une étude spéciale de ces questions et prévoyant les prêts nécessaires pour permettre le démarrage des coopératives.
6. Réparation des dégâts dans l'Ohio par petits barrages rustiques
Les propriétaires privés n'ont généralement pas de difficulté à financer les opérations destinées à écouler leur bois, irais les crédits qui leur faciliteraient la production à long terme de bois d'oeuvre leur manquent généralement. Le Service forestier et l'Administration du Crédit agricole (Farm Credit Administration) ont étudié sérieusement la question. Les demandes de crédits forestiers sont presque inexistantes par suite de l'importance actuelle de la circulation monétaire. Néanmoins, en tenant compte de l'envergure et de la réalisation à longue échéance de notre problème, on estime que des crédits appropriés, accordés notamment aux petits propriétaires, faciliteraient considérablement la conservation des forêts. Nous recommandons un système de crédits forestiers garantis par le gouvernement en vue de premettre des prêts à long terme, accordés à des conditions raisonnables et adaptés aux besoins des exploitations privées. Ces prêts devraient en tout cas être accordés sous la condition de l'application de saines méthodes sylvicoles.
Les propriétaires forestiers peuvent difficilement obtenir une police d'assurances sur leurs forêts. Le Service forestier estime que les tarifs des assurances devraient être à la portée des propriétaires moyens. On pourrait, par exemple, envisager d'étendre les pouvoirs de la Federal Crop Insurance Corporation.
Le régime fiscal de la propriété forestière demande à être amélioré. Dans certains Etats, les propriétaires estiment que les systèmes actuels s'opposent à la conservation des forêts et les obligent à une liquidation rapide. Les droits de succession ont souvent des effets analogues. Le Service forestier à étudié sérieusement le problème et il est prêt à assister de ses conseils les Etats et les organismes intéressés en vue d'améliorer la législation fiscale et son application.
Nous devons augmenter et améliorer la protection contre les incendies de forêts privées. Certaines forêts sont protégées, mais il faut que cette protection soit étendue aux 136 millions d'acres (55 millions d'hectares) qui ne bénéficient pas encore des mêmes mesures.
Il est essentiel de protéger plus efficacement nos forêts contre les insectes et les maladies. Le Bureau of Entomology and Plant Quarantine et le Service forestier ont recommandé une nouvelle législation qui reconnaîtrait la responsabilité fédérale pour la protection forestière du pays entier, et fournirait les moyens rapides et adéquats pour combattre les épidémies et les insectes nuisibles. Ces lois prévoient l'intervention du gouvernement et de particuliers, selon des dispositions souples et appropriées aux circonstances.
Augmenter les forêts nationales. - Les mesures précédemment suggérées aideront à stimuler les entre prises privées en matière de production dé bois d'oeuvre. Elles doivent permettre d'élever considérablement le niveau de la sylviculture sur les propriétés particulières.
Néanmoins, il existe de grandes superficies, auxquelles conviendrait mieux le mode de propriété publique et qui auraient avantage à être aménagées et protégées comme forêts nationales, gouvernement ales ou communales. C'est le seul moyen pratique d'assurer un statut stable et un aménagement satisfaisant à des terres, dont des particuliers ne peuvent évidemment assurer avec succès et de façon permanente la mise en valeur, et à certaines régions essentielles où les richesses nationales ont une grande importance.
Certaines forêts se trouvant dans des régions où les précipitations atmosphériques sont insuffisantes, les terres pauvres, l'accès presque impossible, où le bénéfice est trop faible pour stimuler le développement privé, doivent nécessairement entrer dans le domaine de l'Etat; il en est de même de certains terrains qui sont en si mauvais état qu'ils n'offrent aucun espoir de rendement pendant plusieurs dizaines d'années.
Pour certaines autres surfaces où se posent des problèmes graves de protection des bassins ou d'autres installations essentielles au bien-être des communautés qui en dépendent, il est également désirable de les fondre dans le domaine de l'Etat.
Reboisement et amélioration. - Il n'y aurait pas grand intérêt à constituer des forêts nationales si nous négligions d'en obtenir le rendement maximum. Sur les forêts nationales déjà existantes 3,25 millions d'acres (1,3 million d'hectares) partiellement ou, entièrement nus doivent être reboisés pour devenir productifs. Des travaux d'amélioration, éclaircies, élagages, etc., sont également à prévoir dans les jeunes peuplements pour faciliter la production de bois utilisables et en améliorer la qualité. Il faut construire de nouvelles routes forestières et améliorer les anciennes pour faciliter l'exploitation et donner libre accès aux régions encore inexploitées. Nous avons besoin d'ameliorer nos méthodes, tant matérielles qu'administratives, pour protéger les forêts contre les incendies et réduire les risques de feu.
Pour tirer le maximum de rendement de nos forêts nationales par un aménagement à vues multiples, des travaux d'amélioration sont nécessaires dans d'autres secteurs, en plus de ceux prévus pour augmenter la production du bois et en faciliter l'exploitation. A l'intérieur des forêts nationales existent de vastes étendues qui jouent un rôle important dans la production nationale de la viande, de la laine et du cuir. Pour augmenter le potentiel d'élevage de ces régions il est nécessaire de recourir à des réensemencements et à d'autres méthodes d'amélioration. De plus amples facilités sont nécessaires pour faire face au nombre croissant de touristes. Des travaux de régularisation en amont des cours d'eau sont nécessaires pour diminuer les inondations.
Des travaux analogues en plus grand nombre encore sont nécessaires sur les terrains forestiers appartenant aux Etats et aux particuliers.
Tous ces travaux pour la remise en valeur et le développement de nos forêts serviront à augmenter notre capital. De ces investissements résultera un rendement supérieur en produits ou en services. Nous sommes actuellement engagés dans un programme renforcé de construction de routes destinées à faciliter l'exploitation de ces réserves. L'ensemencement des terrains de parcours et d'autres projets urgents sont également mis à exécution tous les jours. On pourrait augmenter considérablement l'importance de ces programmes quand il sera nécessaire d'éviter ou de pallier le chômage. Mais actuellement les besoins sont si grands qu'il ne faut pas attendre de se trouver en présence d'une situation grave de chômage pour mettre à exécution le programme d'amélioration. Un programme assez étendu doit être appliqué d'une façon continue.
Un approvisionnement suffisant de bois d'oeuvre est indispensable si nous voulons que les Etats-Unis conservent leur place de nation forte et demeurent à l'avant-garde de la civilisation. Le problème du bois a été essentiel à la conduite de la guerre; il est tout aussi important pour nous permettre de progresser et de pouvoir à notre sécurité en temps de paix. Des forêts productives sont les sources de milliers de produits indispensables. Des forêts productives assurent la vie de milliers d'hommes. Elles ont un rôle important à jouer en maintenant le niveau élevé des activités industrielles dont dépend le plein emploi.
Nos forêts nationales serviront éventuellement à fournir tous les produits forestiers dont nous pourrons avoir besoin, et pourront même aider, dans une certaine mesure, à satisfaire les besoins d'autres pays moins fortunés. Cela n'ira pas sans un effort gigantesque. Il faut remonter le courant des tendances déclinantes de nos ressources forestières. Les blessures dues aux abus passés doivent être pansées; nous devons nous efforcer de doubler notre production annuelle de bois.
Voici venu le moment d'amorcer tous ces travaux. Il faut prendre les mesures nécessaires pour minimiser les effets dus au manque de bois pendant les années à venir et pour assurer un approvisionnement abondant pour un avenir plus éloigné.
Le texte original de cet article est en anglais. La traduction ci-dessus a été préparée par la FAO.
Les clichés illustrant cet article ont été obligemment prêtés par le U. S. Forest Service.