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5. CADRE INSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE DE LA PECHE AU RWANDA

5.1 LA POLITIQUE GOUVERNEMENTALE

L'accroissement démographique 3,7 %/an, lié à un taux déjà élevé de la densité de la population (250 habitant/km2) en zone cultivable laisse mal augurer de l'équilibre alimentaire future du Rwanda, en particulier en ce qui concerne la couverture des besoins en protéines animales à l'intérieur du pays.

Les autorités gouvernementales attachent une grande importance au développement de la pêche et de l'aquaculture, l'objectif étant d'atteindre une production équivalente au potentiel maximum équilibré de capture des différents plans d'eau.

Le Gouvernement considère que la pêche et l'aquaculture peuvent contribuer a couvrir une large partie des besoins en protéines animales. L'effort de développement entrepris dans le domaine de l'aquaculture s'inscrit dans ce cadre.

Le priorités de développement adoptées par les autorités gouvernementales pour le troisième plan quinquennal de développement économique et social (1982–1986) étaient l'autosuffisance alimentaire et l'optimisation des ressources naturelles.

Le quatrième plan quinquennal a repris les priorités du plan précédent. Par ailleurs l'accent a été mis sur la participation effective des populations à la planification par le biais des structures institutionnelles décentralisées, le renforcement des institutions nationales et leur capacité d'intervention, le développement des infrastructures économiques et sociales et le développement des ressources humaines par la formation et la création d'emplois tant masculins que féminins orientés si possible vers l'artisanat de production. Jusqu'à ce jour, il n'existe pas de plan de développement du secteur pêche. La Direction Générale de la Production Animale du MINAGRI dont dépend le secteur pêche collabore avec le Bureau d'études de projets (BUNEP) pour l'élaboration des actions à entreprendre dans le secteur des pêches. De plus les interventions du Ministère dans ce domaine ont été basées exclusivement sur des projets financés en partie par l'aide extérieure.

Les grandes orientations de la politique du gouvernement en matière de pêche sont reflétées par les orientations des projets en cours:

En matière de stocks partagés, une collaboration technique a été instituée avec le Zaïre dans le cadre des activités du projet PNUD/Pays-Bas/FAO du lac Kivu. Des études et des projets ont récemment été élaborés pour le renforcement de la collaboration entre les pays de la CEPGL pour l'aménagement et le développement des pêches dans les plans d'eau partagés entre les trois pays concernés (lac Kivu, Tanganyika, Rweru et Cyohoha en particulier). Le projet régional pour la planification de pêches continentales (RAF/87/099) apporte un soutien effectif à cette collaboration depuis 1989, en particulier pour l'aménagement des lacs Cyohoha et Rweru. Le Rwanda est également membre de l'organisation pour l'aménagement et le développement du Bassin de la rivière Akagera.

5.2 LA LEGISLATION DES PECHES AU RWANDA

Les problèmes particuliers posés par les lacs partagés ont fait l'objet en 1988 d'une consultation du bureau juridique de la FAO dans le cadre du projet “Coopération bilatérale et harmonisation des législations de pêche du lac Kivu” (TCP/RWA/8852).

A la suite de cette étude, le Gouvernement rwandais, conscient du besoin urgent d'un cadre législatif national permettant la gestion rationnelle des ressources piscicoles et aquacoles a présenté une demande d'assistance technique à la FAO pour l'élaboration d'une législation en matière de pêche.

Le premier rapport, préparé dans ce contexte, concerne la nouvelle législation rwandaise en matière de pêche et un second, les possibilités de coopération à l'égard des plans d'eau partagés. La loi cadre et quelques textes d'application sont à l'heure actuelle à l'examen du gouvernement.

Considérant la particularité de chaque plan d'eau, le projet de loi garde une certaine souplesse quant aux conditions d'application du plan qui devront être fixées par voie réglementaire.

Le projet de loi reprend deux exigences du gouvernement, celle de privilégier une gestion commune des plans d'eau, et celle de privilégier une exploitation artisanale des pêcheries. La loi a pour objectifs de favoriser les structures des groupements ou des coopératives et de décentraliser les structures administratives.

Au niveau géographique, pour répondre aux spécificités des problèmes d'aménagement posés suivant les plans d'eau, le projet de loi instaure la création de quatre régions de pêche dotées de structures administratives propres. Une telle subdivision répond au souci de décentralisation du gouvernement. Le nombre et les limites de ces régimes de pêche devront être fixées par voie réglementaire. Selon la loi, un responsable régional devra être nommé et, enfin, dans chaque région une commission régionale comprenant des représentants de l'ensemble des personnes intéressées par la pêche sera chargée de donner les orientations en matière d'aménagement.

La nouvelle législation sur la pêche et l'aquaculture, et les orientations qu'elle comporte, rendent l'accroissement des moyens financiers de l'administration concernée et l'autonomie de leur gestion encore plus urgentes. A ce titre, le projet de loi prévoit la constitution d'un Fonds de développement halieutique et aquacole auprès du MINAGRI.

Concernant les problèmes de sur-exploitation des plans d'eau rwandais, le projet de loi envisage en priorité deux mécanismes de limitation de l'effort: la création d'un système de licences de pêche et l'aménagement du système de concessions de pêche prévue par la législation en vigueur. Par ailleurs, le projet de loi énumère une série de mesures que le Ministre en charge de la pêche et de l'aquaculture peut prendre, soit à titre général, soit pour une partie du territoire rwandais. Ce caractère réglementaire des dispositions prises (qui peuvent être modifiées par simple arrêté ministériel) laisse une grande souplesse quant aux moyens d'actions et permet d'assurer une réelle rapidité d'intervention. Le projet de loi permet aussi d'adopter des solutions ad hoc qui s'imposeront pour des plans d'eau spécifiques.

Un cadre pour les actions de coopération pour les lacs partagés a été proposé pour le lac Kivu et pourrait servir de modèle pour les lacs Rweru et Cyohoha-Sud comme prévu dans le cadre des activités du projet RAF/87/099.

Il est souhaitable que le gouvernement donne son avis le plus rapidement possible sur la législation élaborée par la FAO de façon à ce qu'elle puisse être financée et adoptée sans retard.

Enfin, dans le cadre de la nouvelle législation, il serait utile que la coordination des institutions étant impliquées dans la pêche ou l'aquaculture soit renforcée. Une concertation générale, notamment entre la Direction Générale du Génie Rural et de la Conservation des Sols, tous les services chargés des problèmes de l'eau dans les différents départements et le MINAGRI pourrait améliorer singulièrement l'aménagement des marais et les interventions ayant trait à la pisciculture.

5.3 L'ADMINISTRATION CENTRALE

5.3.1 Le Ministère de l'agriculture, de l'élevage et des forêts (MINAGRI)

La pêche et l'aquaculture entrent dans les attributions du MINAGRI. Depuis 1984, suite à une réorganisation administrative, la division des pêches et de la pisciculture est sous l'autorité hiérarchique de la Division générale de l'élevage. La division comprend deux bureaux: empoissonnement et pêche, et pisciculture, rassemblés depuis avril 1989, au sein d'une seule entité La Figure 2 donne une indication sur la place de la Division des Pêches et de l'Aquaculture au sein de l'organigramme du MINAGRI.

On trouvera en annexe le cahier des charges de la Division pêches et aquaculture. Celle-ci composée d'un Chef de division et de deux secrétaires, dispose de très peu de moyens de fonctionnement et est à peine équipée (elle ne possède pas de véhicule). Le manque de personnel et de moyens de fonctionnement sont largement insuffisants compte tenu de l'ampleur de la tâche qui incombe à la Division notamment en ce qui concerne la supervision des projets de terrain.

Un budget propre au service des pêches n'a jamais existé car seules les Directions générales ont un budget propre. On peut estimer néanmoins que le budget de la Division pêche et aquaculture s'élevait en 1990 à environ FRW 7 millions, il est constitué uniquement par les salaires du personnel et les frais de mission. Le budget de la Direction générale de l'élevage et de la production animale se monte à FRW 176 millions en 1989 et à FRW 165 millions en 1990.

FIGURE 2 ORGANIGRAMME DU MINAGRI

FIGURE 2

Il est urgent (dans le cadre d'un aménagement efficace des ressources nationales) de renforcer cette division, soit en l'élevant au rang d'une direction ou en lui donnant les moyens de fonctionnement financiers et humains adéquats.

Tableau 11: REPARTITION DU PERSONNEL DE LA DIVISION PECHE ET AQUACULTURE DANS LES DIFFERENTS PROJETS

QualificationsDivision pêche et aquacultureProjets pêcheService pisciculture national
A02  6  3
A1-  -  -
A21  4  4
A3-  7  4
Primaire ou CERAI-3851
Total    35562

Au niveau du terrain, une bonne partie du personnel est affectée dans les projets pêche qui occupent 55 fonctionnaires dont 6 universitaires, 4 agronomes A2 et 7 techniciens A3. Cette structure, bien qu'un peu déséquilibrée en défaveur des techniciens A2, devrait être performante si le personnel est compétent, efficace, et sous réserve qu'il puisse bénéficier parfois d'un encadrement de formation et de cours de recyclages.

Dans le domaine de la pisciculture, le MINAGRI a affecté 62 fonctionnaires dont 4 universitaires, 4 agronomes A2 et 4 agronomes A3, cette structure est satisfaisante et devrait être performante en renforçant surtout l'efficacité et la formation des moniteurs piscicoles. Le responsable de la Division Pêche et Aquaculture vient de prendre son poste et aura la responsabilité d'assurer au niveau central un suivi des activités de l'aquaculture nationale.

On trouvera en annexe le nombre et les fonctions du personnel de la Division pêches et aquaculture selon les lieux d'affectation.

Dans l'ensemble, on constate que le personnel ne manque pas pour assurer le développement de la pêche et de la pisciculture. L'efficacité du système toutefois, devrait être sérieusement améliorée par la définition d'objectifs clairs, un meilleur encadrement du personnel subalterne et du personnel de terrain, un suivi régulier et une évaluation des actions sur le terrain.

5.3.2 Office rwandais du tourisme et des parcs Nationaux (ORTPN)

L'Office dépend de la Présidence. Il est responsable de la gestion et de l'aménagement des parcs nationaux.

5.3.3 Le Ministère des travaux publics (MINITRAPE)

L'organigramme de l'administration centrale confie certaines attributions importantes à ce Ministère. Ainsi la Direction générale des eaux a comme domaine de compétence: l'aménagement des lacs et des cours d'eau, leur conservation, les concessions d'eau pour les utilisations industrielles, agricoles, minières, énergétique et autres, et les études sur les possibilités d'exploitation des lacs et des cours d'eau.

5.3.4 Ministère des transports et des communications (MINTRANSCO)

Le Ministère est compétent pour tout ce qui concerne la police de la navigation. En particulier, il est en chargé de l'immatriculation des embarcations décidée par un arrêté présidentiel de 1987.

5.4 LA FORMATION EN PECHE ET AQUACULTURE

Au Rwanda, il n'existe aucune institution ni programme de formation spécialisé dans le domaine des pêches et de la pisciculture. Toutefois quelques cours de pisciculture sont assurés dans le cadre de certaines formations.

Au niveau A3, le Centre de formation zootechnique et vétérinaire de Rubirizi assure un cours de pêche et pisciculture d'1 h/semaine en 4éme année (28 cours) et en 5éme année (22 cours).

Au niveau A2, les établissements d'enseignement agricole et vétérinaire (Tableau 8), assurent dans le cadre du cours de zootechnie de 5éme année, une information sur la pisciculture. Les objectifs du cours sont de rendre l'éléve capable d'aménager et d'entretenir un étang de type familial et de conduire convenablement un élevage intensif de poissons. Cette formation devrait être actualisée.

Au niveau A1, l'Institut Supérieur d'Agriculture et d'Elevage (ISAE) à Busogo assure en 2ème année pour l'option zootechnie un cours de pêche et pisciculture de 45 heures (15 h théorie + 30 h TP). Actuellement cette école offre 3 options: zootechnie, étude des sols et protection des végétaux. Elle prévoit de se diversifier à l'avenir en génie rural, foresterie, technologie alimentaire et économie rurale.

Au niveau AO, la Faculté d'agronomie de l'université nationale du Rwanda à Butare assure un cours de pisciculture et pêche (45 h théorie + 30 h TP) en 2ème année d'ingéniorat. Trois options sont offertes aux étudiants de 3ème année d'ingéniorat: productions animales, technologie alimentaire et foresterie.

Au niveau AO, 3éme cycle, rien n'est organisé actuellement à la Faculté d'agronomie.

Enfin il faut signaler que le Centre rwandais de formation des cadres (CRFC) à Murambi dans son programme de 4 mois de recyclage des moniteurs agricoles (2 × 30 stagiaires/an) assure un cours de pisciculture de 40 h. La station de Kigembe fait de même.

A l'étranger diverses formations sont également assurées pour les rwandais. Ainsi, après le secondaire, 13 étudiants ont obtenu une bourse du Gouvernement de l'U.R.S.S. pour effectuer leurs études de biologistes, option ichtyologie et pisciculture ou technologie du poisson. Jusqu'à présent, 7 biologistes sont rentrés au pays et 6 d'entre eux ont été engagés par le MINAGRI pour être affectés dans les projets pêche et pisciculture. Quatre autres biologistes rwandais effectuent une spécialisation de 3eme cycle, l'un en biologie des pêches en France à Toulouse, l'autre en limnologie et biologie des pêches en Belgique à Namur, le troisième en pisciculture à Chicoutimi au Canada et le dernier en ichtyologie-pisciculture en U.R.S.S. à Astrakan. Un ingénieur agronome de la Faculté d'agronomie de l'UNR à Butare effectue également un 3ème cycle en pisciculture aux USA en Oregon. Deux ingénieurs agronomes du Service de pisciculture nationale vont prochainement partir aux USA pour une maîtrise en pisciculture.

Dans l'ensemble, on peut constater que la formation en pêche et pisciculture dans les établissements d'enseignement secondaire au Rwanda est assez faible, limitée et dépassée presque à tous les niveaux. Ces cours donnent plutôt une information sur deux types d'activités souvent rassemblées et confondues bien que fort différentes; la pêche qui implique l'exploitation d'une ressource naturelle et la pisciculture qui implique la maîtrise technique de l'espèce élevées et de son environnement. Toutefois, la formation de spécialistes à l'étranger augure d'un potentiel sérieux pour l'avenir de la pêche et de la pisciculture, domaines qui devraient être mieux valorisés dans l'enseignement à tous les niveaux.

Vu l'importance des ressources biologiques aquatiques du Rwanda et des priorités du Gouvernement à les exploiter, il serait souhaitable de renforcer la formation universitaire et technique dans ce domaine. Au niveau universitaire, il faudrait assurer pour les biologistes et les ingénieurs agronomes deux cours nettement distincts: limnologie et biologie des pêches 30 h th + 30 h TP. Pisciculture 30 h TP + 30 h TP. Le premier pourrait être assuré par la faculté des sciences et le second par la faculté d'agronomie.

Au niveau technique A2, il serait souhaitable d'améliorer la formation au sein d'une option pêche et pisciculture qui serait offerte dans une des écoles du pays. L'école d'enseignement agricole et vétérinaire de Kabutare à proximité de l'UNR et des stations de pisciculture de Rwasave et de Kigembe paraît parfaitement indiquée pour développer ce type d'option.

Par ailleurs, il serait aussi souhaitable qu'au niveau AO soit formé un, ou plusieurs, socio-économiste des pêches, afin qu'il puisse participer de près á l'élaboration et la mise en place de la planification des pêches. Ceci constitue une priorité absolue du processus de planification dans la mesure où jusqu'à présent les mesures prises au niveau des projets ont trop souvent ignoré la dimension socio-économique du secteur.

D'autre part, les échanges d'information inter-lacs sont à encourager. On a vu comment par exemple les pêcheurs des lacs du Bugesera ont adapté la grandeur des mailles de leur filets à la nouvelle réglementation après avoir visité le projet du lac Ihema. De ce fait, des améliorations technologiques et une meilleure gestion de l'effort de pêche peuvent être obtenus à moindre coûts.

Enfin, un effort d'encadrement permanent devrait suivre les efforts dispersé de l'IWACU. Ceci, afin d'assurer la collecte de donnée socio-économique d'une manière régulière et fiable. Jusqu'à présent, l'effort d'encadrement a été ponctuel et dispersé (formation des groupements, formation des moniteurs, animation des pêcheurs). Il faut que l'autorité centrale à Kigali se préoccupe de mettre sur pied un système standardisé de statistique et d'en assurer le suivi par un effort de formation conséquent. L'expérience de consultants pourrait être partiellement sollicitée pour de brefs cours de formation ou de recyclage sur le tas.

Un des points faible de l'expertise professionnelle au Rwanda tient au fait que les secteurs prioritaires n'ont pas été définis et identifiés. Les efforts de formation devront tenir compte des besoins et des priorités de l'aménagement des pêcheries, du développement de la pisciculture, et de la recherche.

5.5 LA RECHERCHE EN PECHE ET PISCICULTURE

Les activités de recherche dans le domaine de la pêche sont assez limitées. Jusqu'en 1989, l'Institut national de la Recherche scientifique (INRS) à Butare menait en collaboration avec la Musée Royal d'Afrique Centrale (MRAC) à Tervuren des recherches dans le domaine de l'hydrobiologie. Depuis sa restructuration en Institut de recherche scientifique et technologique (mars 1989) seules 3 orientations subsistent; Centre pharmacopée, Centre énergie et Centre études rwandaises.

Par contre le jeune département de biologie de la Faculté des sciences de l'UNR à Butare vient récemment de décider d'orienter ses chercheurs vers un thème commun de recherche sur l'eau. Le département est en train de s'équiper d'un laboratoire d'analyse des eaux et d'examen des organismes aquatiques. Le programme reste à préciser.

Diverses recherches en limnologie, chimie et biologie des pêches sont occasionnellement menées dans le cadre de projets ponctuels. C'est le cas pour le projet PNUD/FAO de Développement de la pêche au lac Kivu qui fait de la recherche à Gisenyi dans le domaine de l'évaluation des stocks piscicoles et de la biologie des poissons (Limnothrissa miodon). C'est également le cas du projet belgo-rwandais d'Etude et d'aménagement piscicole du lac Muhazi (EAPLM) qui a un petit laboratoire d'analyses chimiques des eaux et de mesures de la production primaire. On y effectue également des pêches expérimentales pour évaluer le niveau optimum d'exploitation des stocks piscicoles avec la collaboration des Facultés universitaires de Namur en Belgique. Enfin, on peut noter le laboratoire de Rwasave UNR spécialisé dans les analyses d'eau, de sols et des intrants.

Ce panorama permet de constater qu'il y a lieu de coordonner les recherches en hydrobiologie et pêche au sein d'une structure permanente nationale, en charge de la gestion des pêches et de la définition de programmes de recherche appliquée. En ce qui concerne la pisciculture, il existe une seule station de recherche située à Rwasave et qui dépend de la Faculté d'agronomie de l'UNR.

Les objectifs principaux de la station piscicole de Rwasave (SPIR) sont de:

Pour ce faire, la SPIR dispose aujourd'hui de 71 étangs couvrant une superficie de 8,7 ha, de deux bâtiments (bureaux, laboratoire chimie eau, magasins), de deux porcheries, d'une bergerie/chèvrerie et d'une canardière.

La station piscicole est parfaitement équipée pour mener des recherches en pisciculture. Le programme actuel d'étude de la dynamique productive des étangs en fonction de la fertilisation organique est en rapport direct avec les pratiques de la vulgarisation en milieu rural. Les essais d'élevage-associé sont également pertinents compte tenu de la nécessité d'intensifier la pisciculture.

D'autres recherches sont menées par les chercheurs de la SPIR:

Malgré l'ampleur du programme de recherches en pisciculture au Rwanda, on ne recense que trois chercheurs ce qui est évidemment insuffisant. Par ailleurs, la station piscicole souffre d'un manque chronique d'approvisionnement en eau durant la saison sèche (compétition avec d'autres utilisations).

Les financements de cette station de recherche et des programmes sont assurés par:

Des expériences de rizipisciculture et d'agropisciculture pourraient être intéressantes mais ne peuvent être conduites avec le personnel actuel de 3 chercheurs. Des essais de polyculture seraient également souhaitables. L'association T. nilotica et T. rendalli devrait être expérimentée de préférence à l'association avec les carpes herbivores et autres espèces exotiques. A noter toutefois que des recherches sur les possibilités d'association Clarias/Tilapia nilotica sont en cours et que les résultats obtenus semblent prometteurs.

5.6 LA VULGARISATION EN PECHE ET PISCICULTURE

Le service national de vulgarisation agricole a vu le jour en 1980. Ses activités ont rencontré certaines résistances de la part de projets qui désiraient conserver leur propre système de vulgarisation, et de la part du MININTER qui avait organisé son propre programme de vulgarisation exécuté par les centres communaux de Développement et de formation permanente.

La Banque Mondiale relève en 1988 que, bien que le gouvernement soit conscient de ces imperfections, le processus de réflexion et de remise en question du système de vulgarisation n'implique pas assez la participation des communes et des paysans. Elle pose ensuite la question de savoir si le concept de vulgarisation ne devrait pas être partiellement repris par les paysans eux-mêmes à supposer qu'une assistance technique soit mise à leur disposition. Elle suggère aussi la création de petites entités administrées par des associations de paysans, par les communes, le MINAGRI et l'ISAR afin de remplacer le Service de vulgarisation nationale dont la lourdeur apparente empêche un bon fonctionnement.

Dans le domaine des pêches, la vulgarisation dans le cadre de projets de développement a été limitée. Il serait souhaitable que l'expérience et l'expertise de la vulgarisation agricole soient utilisées par l'Administration des pêches en vue d'établir un système efficace de sensibilisation aux problèmes d'aménagement des pêcheries, ceci en étroite collaboration avec les groupements existants.

5.7 L'ASSISTANCE EXTERIEURE

5.7.1 Répartition de l'aide au Rwanda

La contribution de la communauté internationale a porté depuis le début des années 1980 sur des projets et des programmes qui s'intègrent bien dans les grandes orientations de développement envisagés dans le 4ème plan quinquennal de développement du Rwanda (1987–1991).

Sans tenir compte des ONG qui représentent 9,2% de l'assistance totale, l'assistance technique représente 38,5%, et l'investissement en capital 61,5% du montant global de l'aide extérieure. Cette aide provient essentiellement de la Banque Mondiale (21,2%), la France (17,3%), la Belgique (14,4%), les organismes des Nations Unies (8,7%), la CEE (7,9%), l'Allemagne (6,9%) et la Suisse (5,6%).

Les secteurs qui ont le plus bénéficié de l'assistance technique sont l'agriculture (18,6%), la santé (17,8%), les transports et les communications (16,3%), les ressources naturelles (14,8%) et l'éducation (10,6%).

La pêche et la pisciculture représentent en assistance technique 8,9% du montant global et 30,9% du montant consacré à l'agriculture. Le BUNEP, qui bénéficie de l'assistance technique pour l'envoi d'experts, a également fait des études dans le domaine de la pêche dans les lacs intérieurs.

5.7.2 Les projets de développement en pêche et pisciculture

5.7.2.1 Les projets pêche

Les principaux projets pêche exécutés au cours des années antérieures concernent:

  1. Le Développement de la pêche au lac Ihema: projet financé par le Gouvernement rwandais et la Belgique pour la période 1979–1982 pour un montant de $US 435 000. La pêcherie assure son autofinancement depuis 1983. Elle est sous la tutelle de l'ORTPN. Captures annuelles 180 à 200 t/an.

  2. Le projet de Développement de la pêche au lac Kivu a été exécuté par la FAO durant 2 phases.

1ère phase: Projet RWA/77/010; 1979–1983. Le projet avait pour objectif d'évaluer le stock des clupéidés du lac Kivu et de développer des techniques de pêche appropriées pour l'exploitation des ressources de Limnothrissa. Il a été financé par le Gouvernement rwandais, le PNUD et la FAO pour un montant respectif de FRW 80 millions et 1,8 millions $US.

2ème phase: Projet RWA/77/010-GCP/RWA/008/NET; 1984–1986. Il a été co-financé par les Pays-Bas et le PNUD pour un montant de 1,3 millions $US et FRW 83 millions. Le projet a été exécuté par la FAO pour le développement de la pêcherie du lac Kivu par le biais d'activités diverses: approvisionnement en matériel de pêche, crédit, centres de pêche, amélioration des techniques de pêche et de transformation, distribution, etc.

Les programmes et projets pêche en cours sont les suivants:

  1. Le projet de Développement de la pêche au lac Kivu Phase III, 1987–1991 RWA/87/012

    Cette troisième phase est supportée financièrement par le PNUD/Pays-Bas/FAO et le Gouvernement rwandais pour 2,1 millions $US et FRW 89 millions. Elle a pour objectifs la consolidation des acquis, l'organisation d'une structure d'appui à l'auto-suffisance alimentaire et l'augmentation de la capacité d'absorption du marché.

    Depuis la mise en place du projet en 1979, la situation des pêches au lac Kivu peut se résumer ainsi:

    Les activités productives du projet ont prouvé leur rentabilité. Le projet a enregistré un bénéfice net de FRW 6,1 millions en 1988 et de FRW 2,1 millions en 1989 bien que la production totale en 1989 (301 t) ait été supérieure à celle de 1988 (219 t). Ceci résulte d'une augmentation de la proportion de poissons séchés de 37,6% en 1988 à 49,2% en 1989. Pour diminuer les quantités de poissons séchés et augmenter les bénéfices, la Direction du projet a introduit un nouveau produit dès le début 1990, la farine d'Isambaza, qui permet de dégager une plus forte valeur ajoutée. De plus, elle a récemment installé 2 conteneurs frigorifiques en vue de permettre le développement du commerce de l'Isambaza frais plus rémunérateur que l'Isambaza séché.

    Considérant la bonne marche du projet et les contraintes auxquelles il devra faire face, il a été décidé, fin 1990, de transformer les structures productive actuelles en régie autonome dans le but d'assurer une autonomie opérationnelle et financière au projet.

    A terme, la libéralisation des prix et l'extension d'un marché privé de petits commerçants devraient assurer un marché stable aux ressources halieutiques du lac Kivu et soutenir les activités de pêche. A court terme, l'amélioration de la commercialisation demande l'assistance d'un petit projet d'appui.

  2. Le projet étude et empoissonnement des lacs Bulera et Ruhondo.

    Il a pour objet de développer par étapes successives la pêches dans ces lacs, soit par le réempoissonnement, soit par l'introduction de nouvelles espèces, soit par l'utilisation de nouvelles techniques de pêche destinées à exploiter les stocks de poissons non ou sous-exploités actuellement. Il est entièrement financé par le Gouvernement rwandais sur son budget de développement pour un montant de FR 27 millions. Il a démarré en 1989 et la première phase est prévue pour 2 ans.

  3. Le Projet Etude et aménagement piscicole du lac Muhazi

    Il a bénéficié d'un financement du Gouvernement rwandais et de la Belgique pour un montant d'environ FR 20 millions sur fond blé pour le réempoissonnement de ce lac avec une souche de Tilapia nilotica à bonne croissance et la conduite de la recherche pour définir une exploitation rationnelle du lac (1985–1987). Une nouvelle phase est prévue en 1990: Développement de la pêcherie du lac Muhazi.

  4. Le Projet Pêche, pisciculture, recherche et développement de la pêche dans les lacs Mpanga, Cyambwe et Nasho.

    Ce projet a été financé depuis 1987 par la République Fédérale d'Allemagne (Rhénanie-Palatinat) et a pour objectifs le développement des pêcheries, l'encadrement des coopératives de pêche, la fourniture du matériel de pêche, la recherche dans les lacs et la restauration de la pisciculture à Rusumo. Le montant du financement est d'environ FRW 10 millions pour 3 ans.

  5. Le Projet de Planification, développement et aménagement des pêches continentales en Afrique orientale/centrale/australe. - RAF/87/099

    Ce projet couvre 11 pays d'Afrique orientale, centrale et australe, dont le Rwanda. Il a pour objectifs de renforcer la collaboration régionale par le développement rationnel et l'aménagement des pêches continentales et particulièrement pour les stocks partages, de conseiller et assister les gouvernements dans le domaine de la planification sectorielle et de la préparation de projets; de renforcer les capacités techniques existantes par le biais de la formation et d'établir une base d'information régionale. Le projet assiste les Gouvernements du Rwanda et du Burundi dans la préparation et la mise en oeuvre d'un programme d'aménagement des lacs Cyohoha et Rweru partagés entre les deux pays. Il a également contribué à la réalisation de cette étude sectorielle et à l'élaboration du Plan directeur des pêches et de l'aquaculture.

  6. Assistance à la préparation d'un Plan directeur de développement des pêches et de l'aquaculture. TCP/RWA/0052

    Le déroulement de ce projet financé par la FAO a lieu de juin à octobre 1990. Son objectif est d'assister le gouvernement dans l'élaboration d'un Plan directeur de développement de la pêche et de l'aquaculture intégré au Plan quinquennal de développement économique et social.

  7. Législation des pêches. TCP/RWA/8852

    A la demande du gouvernement, la FAO assiste celui-ci dans l'élaboration d'une nouvelle législation de pêche ainsi que dans l'identification des possibilités de coopération à l'égard des plans d'eau partagés.

Les programmes et projets proposés pour le développement des pêches au Rwanda sont les suivants:

  1. Projet d'Appui à la production piscicole: “Etude pour le développement de la pêche et l'empoissonnement des lacs du nord et de l'est du Rwanda”.

    Ce projet qui a été préparé par le MINAGRI en 1989 a pour objet de contribuer à réduire le déficit en protéines d'origine animale que présente le bilan nutritionnel de la population rwandaise à l'heure actuelle; à développer l'exploitation des ressources halieutiques du pays; à enrichir et améliorer le potentiel halieutique de 8 plans d'eaux représentant (20.600 ha) et à contribuer au développement et à l'essor des activités non agricoles en milieu rural. Le coût total du projet pendant une période de 6 ans s'élève à FRW 450 millions.

  2. Etude pour le Développement de la pêche et l'empoissonnement de 9 lacs de la région du Bugesera et 5 lacs du Parc National de l'Akagera.

    D'après ce document préparé en juin 1989, cette étude doit définir, après la détermination du potentiel halieutique des 9 lacs du Bugesera et 5 lacs du Parc National de l'Akagera, les conditions de réalisations techniques, économiques et opérationnelles d'un projet visant à développer la pêche dans ces plans d'eau; d'y introduire des espèces de poissons appropriées, en tenant compte, du déséquilibre existant entre ressources et peuplements piscicoles, de l'existence des niches écologiques et de la richesse en faune planctonique; de proposer des structures d'organisation de pêche et de commercialisation; et de fournir l'équipement nécessaire pour l'exploitation rationnelle des lacs. Le coût de cette étude s'éléve à FRW 18,3 millions.

  3. Projet de Recherche hydrobiologique et ichtyologique pour les lacs partagés de la CEPGL.

    Ce projet sera exécuté par l'Institut de la Recherche agronomique et zootechnique (IRAZ) avec un financement de la Belgique.

  4. Projet d'Appui à la division pêche et aquaculture:

    Fourniture des moyens logistiques, à préparer.

  5. Projet de Fourniture de l'équipement de pêche:

    A préparer.

  6. Etude sur la faune, l'empoissonnement et l'exploitation des rivières du pays:

    A préparer.

  7. Projets identifiés par la mission CEA/JEFAD dans le cadre de la CEPGL et intéressant directement le Rwanda:

Ces différents projets devraient être revus et sélectionnées en fonction des orientations qui seront retenues par le plan directeur des pêches.

5.7.2.2 Les projets en aquaculture

Le seul projet antérieur au Rwanda concernait le Projet Pisciculture Nationale (PPN) qui avait pour objectif de restaurer les étangs et bâtiments de la station piscicole de Kigembe en de quelques étangs ruraux. Il a été financé par l'USAID et exécute par l'Université d'Auburn et a bénéficie d'une assistance du Corps de la Paix.

Les programmes et projets en cours sont les suivants:

  1. Projet d'Aménagement des ressources naturelles: Ce projet qui vient de démarrer en mai 1990 implique dans sa seconde composante la promotion des systèmes de production intégrée pisciculture/agriculture/élevage dans les marais. Cette activité est exécutée par le Service de pisciculture nationale du MINAGRI. Le projet financera pour un montant de $US 1.480.000 l'appui á la recherche et au développement dans les domaines de la pisciculture intégrée abordera les problèmes commerciaux, socio-économiques et organisationnels auxquels la pisciculture doit faire face dans le contexte du développement des marais. Ceci au titre d'un accord de subvention entre la République rwandaise et les Etats-Unis d'Amérique (USAID).

  2. Projet d'Etude des élevages-associés (FCCE-No. B Phase II): Construction de chèvrerie/bergerie/canardière pour élevages-associés avec poissons et réhabilitation des terrains pour l'agriculture vivrière et fourragère. Projet assisté par le Fond européen de développement (FED) pour la Station piscicole de Rwasave de la Faculté d'agronomie de l'UNR à Butare.

  3. Projet de recherche en dynamique productive des étangs: Programme de soutien à la recherche collaborative (CRSP) entre 3 universités des Etats-Unis et la Faculté d'agronomie de l'UNR. Le projet vient de terminer sa septième année de financement (fin de la convention 31 août 1990). Une proposition a été faite pour une 3ème phase de financement ($US 175.000/an) en cours.

  4. Une vingtaine d'ONG ont actuellement une composante “pisciculture” dans le cadre de leurs activités.


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