1. Promouvoir des attitudes et des politiques favorables aux opérateurs informels alimentaires
Par une meilleure connaissance du rôle des acteurs informels. Cela peut se faire par:
des enquêtes identifiant les activités informelles, les opérateurs, les pratiques des consommateurs en matière d'achats de biens alimentaires;
la formation du personnel des collectivités locales;
en encourageant la formation de groupements et d'associations d'opérateurs informels, et/ou le renforcement de ceux qui existent;
en maintenant un réel dialogue avec leurs représentants qui doivent être associés à l'élaboration des programmes d'action les affectant;
en facilitant la dénonciation, par les opérateurs informels des pratiques illégales auprès des officiers de police et responsables de marché (par exemple à travers des «guichets de dépôts des plaintes) et en assurant le suivi de ces délits.
2. Intégrer les besoins et contraintes des opérateurs informels au niveau de:
a) la planification
Mieux connaître les activités et les opérateurs informels pour mieux identifier leurs difficultés et leurs besoins;
intégrer dans les Plans d'Occupation des Sols:
la demande en terres pour l'agriculture urbaine et périurbaine;
l'existence de marchés informels, y compris en périphérie.
b) l'information et la formation
En s'appuyant, pour la diffusion d'informations et/ou la formation, sur les associations d'opérateurs afin de renforcer l'adhésion des populations, informer et former les opérateurs sur:
leurs droits et obligations ainsi que sur les programmes d'action menés;
en matière d'hygiène, de qualité sanitaire et nutritionnelle des aliments;
sur les pratiques de marketing et de vente;
à des pratiques valorisant la production (transformation, pratiques commerciales, etc.).
c) l'offre et la gestion d'infrastructures, équipements et services
Garantir ou améliorer l'approvisionnement en eau de qualité sanitaire satisfaisantepour la production des aliments;
améliorer l'hygiène personnelle des vendeurs de nourriture et celle des équipements et sites de vente par la mise à disposition de points d'eau et de sanitaires;
améliorer l'évacuation des déchets sur les marchés et sur les points de vente;
améliorer les voies de communication entre les lieux de production agricole et les marchés; entre les marchés et les lieux de consommation, particulièrement dans les quartiers périphériques.
d) des réglementations concernant l'occupation et l'utilisation des terres, les standards de qualité des aliments, les normes d'hygiène, la circulation des véhicules, la pollution, etc.
Réviser de manière critique les règles et règlements en cours d'application (leur pertinence, complexité, compréhension, application et suivi);
mieux faire connaître aux opérateurs informels les réglementations existantes, par voies institutionnelles et par des actions d'information;
prendre en compte, au moment d'établir ces réglementations, les besoins, les contraintes, les avis et la capacité des opérateurs à respecter les règles.
Une séance de formation de producteurs, Antananarivo, Madagascar (photo: O. Argenti)

Marché de fruits et légumes dans la rue, Bangkok, Thaïlande(photo: O. Argenti)

Harcèlement
Les opérateurs informels sont, dans le cadre de leurs activités, régulièrement confrontés aux violences physiques et verbales.
Tan, vendeuse ambulante à Bangkok, victime de menaces policières, n'ose plus vendre ses produits dans les espaces publics situés à proximité des commerces.
Il n'est pas rare de voir les vendeurs de rue harcelés par les propriétaires de magasins formels et payer d'importantes sommes pour pouvoir exercer leur commerce.
Source: Rungroekrit, 2001, p. 35-36.
3. Promouvoir l'investissement privé
Promouvoir les investissements productifs des opérateurs de l'informel alimentaire afin d'améliorer la production, le transport, les conditions et capacités de stockage, et les ventes, et de valoriser les produits offerts et leur sécurité. Cela suppose:
d'améliorer l'accès au crédit, auprès des institutions formelles et/ou informelles;
de sécuriser l'environnement économique des opérateurs: faciliter l'accès à la terre, renforcer la sécurité foncière, améliorer l'accès aux intrants et développer les infrastructures accueillant des activités informelles (marchés, stands de vente dans les rues, points d'eau, sanitaires, transports publics, etc).
Marché de fruits et légumes dans la rue, Hanoï, Vietnam (photo: O. Argenti)

Marché de fruits et légumes dans la rue, Bangkok, Thaïlande(photo: O. Argenti)

Projet de coopératives de vendeurs ambulants à Cebu City (Philippines)
Les autorités locales de Cebu City ont tenté de réorganiser le marché public, délabré, du centre-ville. Elles ont incité les vendeurs à s'organiser en coopératives. Là où régnaient, il y a peu, des conflits entre vendeurs ambulants sans licences, on trouve maintenant, des emplacements fixes réduisant les problèmes d'accès aux espaces de vente.
Si ce sont les vendeurs qui gèrent le marché, les autorités locales de leur côté, mettent à disposition des employés municipaux et battent campagne pour attirer le public vers ce lieu de vente.
Source: Yasmeen, 2000, p. 24.
4. Coordonner les interventions publiques et les initiatives privées
Maintenir un réel dialogue avec les représentants des différents groupements et associations;
gérer les conflits d'intérêts opposant les différents acteurs ou groupes d'acteurs du secteur alimentaire (les conflits fonciers liés à la poussée des agricultures urbaines et périurbaines, etc.)
assurer le suivi des programmes d'appui aux activités de l'informel alimentaire.
5. Jouer un rôle d'intermédiaire entre le gouvernement central et le secteur alimentaire privé
Transmettre les besoins et les requêtes des acteurs de l'informel alimentaire aux autorités régionales et nationales;
informer les acteurs du secteur alimentaire informel sur les programmes nationaux et régionaux relatifs aux activités d'approvisionnement et de distribution alimentaires, et sur l'évolution des réglementations les concernant.
Toutes ces interventions gagneraient à être stimulées et coordonnées par un groupe de travail situé, idéalement, au sein de l'unité municipale en charge de la politique urbaine d'approvisionnement et de distribution alimentaires (voir Argenti, 2000, p. 20 et tableau 3).
Marché de fruits et légumes dans la rue, Bangkok, Thaïlande(photo: O. Argenti)

Vendeuse de fruits, Dar-es-Salaam, Tanzanie (photo C. Marocchino)

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Tableau 3 |
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Organisation et fonctions d'un groupe de travail sur «le secteur alimentaire informel» |
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Le groupe pourrait réunir: |
Le groupe pourrait avoir pour fonctions de: |
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· des cadres de la collectivité entretenant des relations avec les autres services de la municipalité, et avec l'administration centrale; · des membres du personnel de la collectivité locale, en contact avec la population et ses représentants; · des représentants des quartiers, des groupements professionnels (négociants, commerçants, vendeurs ambulants), des associations de producteurs et des consommateurs. |
· promouvoir une meilleure connaissance de l'informel alimentaire; · assurer le suivi et coordonner l'ensemble des opérations d'appui aux acteurs informels; · s'assurer de la prise en compte des activités informelles alimentaires dans les autres politiques locales (plans d'occupation des sols, organisation du trafic urbain, etc.); · assurer l'information des cadres et du personnel de la collectivité locale sur les activités informelles; · diffuser toute information utile aux opérateurs informels; · former ou encourager la formation des opérateurs informels; · proposer des stratégies et des programmes spécifiques d'appui aux activités de l'informel alimentaire; · suivre la mise en exécution des programmes d'appui aux activités de l'informel alimentaire. |