La Soc. MAROST, dont l'activité est en pleine expansion avec un besoin croissant en alevins pour le développement de la production de poisson programmée, a commencé une série de prospections visant à identifer les sites propices à la peche d'alevins en dehors de la lagune de Nador.
Dans ce cadre, une partie de la mission a été consacrée à la visite des sites déjà signalès par la société elle-meme afin d'en examiner les potentialites et vérifier la présence d'alevins des espéces Sparus aurata et Dicentrarchus labrax pendant la saison de remonte.
Sur la cote méditérranéenne, près de Saidia (frontière avec l'Algérie) à environ 100 Km par la route de Nador, se trouve l'embouchure de l'Oued Molouya, déjà pris en considération par la Soc. MAROST pour la peche à l'anguille.
Au cours des visites sur le terrain il a été effectué des essais de peche sur les deux rives de la dernière partie du fleuve, Jusqu' à l'embouchure.
Les mauvais conditions climatiques (mer agitée) n'ont pas permis d'effectuer des essais de peche sur la partie cotière (sabloneuse) qui lui fait. Le résultat des essais concerne exclusivement les mugilidés.
Au cours des premiers essais effectués la Soc. MAROST. il a été capturé des alevins de sargues dans le fleuve à 300 m de l'embouchure sur un fond boueux, tout près de la végétation de la rive.
L'absence totale d'alevins de sparidés au moment de la mission ne peut pas etre définitivament interprété comme une inaptitude du site.
Les conditions de la mer, la saison avancée pour la daurade et précoce pour le loup (d'après les constatations faites à Nador ) pourraient avoir provoqué une situation momentanément défavorable dans une embouchure qui, par contre, pour la nature de son fond et la présence d'eau douce ahondante, l'accessibilité et la proximité relative de Nador présents des caractéristiques tout-cifait favorables à la peche des alevins.
Malgré le résultat des essais de peche effectués pendant la mission, il est toutefois nécessaire de poursuivre les essais de peche à la prochaine saison de remonte, en commencant à la mifévrier environ.
Les visites sur la cote atlantique ont été effectuées dans 2 points de l'embouchure des oueds (Tahadart, Loukkos) et en un point d'une embouchure lagunaire (Merja Zerga) compris dans la partie cotière entre Tanger et kenitra.
Les deux premiers sites présentent des caractéristiques en partie semblables, surtout en ce qui concerne le régime hydrique de l'embouchure et l'influence des marées. Selon leur amplitude, elles inondent périodiquement des bandes de cote (et d'embouchure) plus ou moins vastes qui sont dans les deux cas basses et sablonneuses. L'intervalle d'inversion de marée ne dure que quelques minutes.
La capture d'alevins dans ces conditions pose naturellement des problèmes dans le choix des sites et du temps utile pour la peche, avant que le courant ou meme l'emersion d'une zone particulière tendent les opérations impossibles. Compte tenu de la tendence des Juvéniles à remonter le courant, on pourrait considérer la marée descendante comme miment propice à l'entrée des bancs dans les embouchures. Mais ce courant est certainement trop fort pour etre remonté par les alevins de petite taille (inférieur à 2 cm) qui sont donc soumis à un transport passif. Ceci se traduit par de continuelles entrées et sorties dans l'embouchure d'alevins d'un grand nombre d'espéces de poisson, meme typiquement “marines”. On ne peut pas donc considérer ces zones comme des zones de “remonte”, proprement dit, d'espéces euryhalines, parmi lesquelles les sujets d'une certaine taille seulement sont en mesure de atteindre activement les zones intérieures.
Les zones à l'abri des influences directes des courants, dans des bas-fonds aptes à la pàture des alevins de sparidés euryhalins comme la daurade, ne se trouvent pas dans les milieux cotiers soumis à de fortes excursions de marée, ou chaque confinement est contrasté par le “lavage” périodique par les eaux de mer.
La peche d'alevins de Sparus aurata, une espèce qui ne monte pas en eau trop douce pendant la période de remonte et qui est donc limitée exclusivement à l'embouchure, peut donc etre considérée avantageuse dans ces milieux pendant la seule période de présence plus abondante en mer d'individus de taille non supérieure aux 2 cm qui, transportés passivement dans les embouchures, à marée montante, peuvent etre capturés en quantité suffisante à marée l'opération. Etant donné le nombre d'espèces de sparidés qu'il est possible de trouver à l'état d'alevins pendent la meme période, il devra etre porté une attention particulière à l'identification et la sélection des espèces.
En ce qui concerne le loup, il peut etre trouvé meme de taille superieure jusque dans les points de l'embouchure à eau plus douce. Sa capture est donc relativement plus facile mais elle est limitée par la praticabilité des fonds.
Les visites sur le terrain ont eu, plus ou moins, le meme résultat dans les trois sites visités:
- absence d'alevins de Sparus aurata;
- présence d'alevins de Dicentrarchus punctatus de différentes tailles;
- présence abondante d'alevins de mugilidés.
L'identification de la période favorable à la peche des alevins de daurade dans les limites et dans les termes signalés, pourra etre effectué l'année prochaine avec une serie d'échantillonages périodiques à commencer à la mi-février.
La possibilité de constater une remonte retardé peut rendre interessantes ces echantillonages periodiques jusqu'à la fin de mai.
La consistance de la quantité d'alevins capturables, difficile à évaluer au moment actuel porra rendre le déplacement des pecheurs et de moyens de Nador plus ou mains justifié. Au cas où les quantites journalières soient modestes, il serait plus intéressant d'envisager l'emploi de pecheurs locaux et de structures légeres de stabulation où stocker les alevins jusqu'au moment où ils atteignent une quantité suffisante a justifier un transport par camion.
La description et la localisation des sites visités et des zones où ont été effectués des essais de peche se trouvent briévement dans ce qui suit.
L'embouchure de l'oued Tahadart se trouve à environ une demi-heure de route (P2) de Tanger. Les rives de l'embouchure sont basses et sablonneuses Jusqu'au pont Mohammed V, à partir duquel, en allant en amont, elles deviennent boueuses et impratiquables, R marée basse de larges bandes émergent sur les deux rives ainsi que des bas-fonds à l'embouchure vers la mer. Certains points de ces zones périodiquement émergées contiennent peu d'algues et offrent un habitat favorable aux alevins de diverses espèces de sparidés qui y séjournent pendant la marée haute. Des essais de peche ont été effectués avec une senne de 6 m sur les rives de l'oued et une senne de 12 m à l'embouchure.
Les resultats de ces essais ont été effectués dans les stations d'échantillonage indiquées dans la figure 4 et sont les suivantes (les quantités, toujours inférieures à 10 individus par espèces, n'ont pas été indiquées).
Figure 4
| 1 | MUGILIDES | |||
| 2 | " | + | SPARIDES | (Sargues) |
| 3 | " | + | " | |
| 4 | " | + | " | + LOUPS |
| 5 | " | + | LOUPS | |
| 6 | " | + | SOLES | |
| 7 | " |
Les essais ont été effectués à marée montante. L'augmentation des loups au fin et à mesure que l'on progresse vers l'intérieur est remarquable. Tous les exemplaires de loups étalent D. punctatus.
L'embouchure de l'oued Loukkos se trouve près de la ville de Larache. A quelques centaines de métres de l'embouchure proprement dit, sur la rive gauche du cours d'eau, se trouve le port de peche de Larache, sur un coté d'une petite boucle de fleuve qui s'asséche presque complétement à marée basse. Sur la rive opposée se trouvent des habitations saisonnières de tourisme, le long de l'embouchure; une barrière partielle de rouchers est placée presque perpendiculairement à la rive du meme coté.
Dans ce cas également, comme pour l'oued Tahadart, l'embouchure est sablonneuse, tandis que vers l'intérieur le fond est boueux et impratiquable.
La boucle de fleuve près du port et la dernière partie du fleuve vers l'embouchure est très intéressante pour son accessibilité et la richesse de ses bas-fonds abrités. En ce qui concerne les résultats des essais de peche figurant ci-dessous on peut faire les memes considérations que pour l'oued Tahadart.
Ici également l'abondance de Dicentrarchus punctatus dans la zone d'eau plus douce constitue une ressource intéressante.
Figure 5
| 1 | SARGUES | + | LOUPS | + | MUGILIDES | + | ANCHOIS |
| 2 | nul (mer agitée) | ||||||
| 3 | SARGUES | + | SOLES | ||||
| 4 et 5 | " | + | " | + | " | ||
Il serait opportun d'effectuer dans ce site également des essais de peche périodiques à partir de février pour identifier le moment de “remonte” (transport passif) des alevins de daurades.
La lagune de Moulay Bou Selham est un milieu substantiellement différent de celui des embouchures des oueds décrit plus haut.
Meme si la marée est ici aussi l'élément qui domine, les apports hydriques contineaux moins importants et la veste surface périodiquemant inondée de l'arrière-pays donnent à ce site des caracteristiques tout-à-fait particulières.
La lagune, déjà visitée pendant la mission UNDP - FAO 1984 se vide périodiquement avec les marées sur 2/3 environ de sa superficie totale.
A marée basse, seuls restent inondés à l'interieur de la lagune des canaux tortueux et ramifiés où la peche est pratiquée au filet ou à la senne surtout l'hiver par quelques dizaines de pecheurs.
Les rives de ces canaux sont en outre un très riche terrain de récolte de palourdes qu'au moins 200 femmes (estimation) exploitant intensement. L'embouchure de la lagune est un point de débarcation et vente pour les pecheurs qui pechent en mer (30 barques environ). La venta du poisson est effectuée sur place à des commercants proprietaires de camions qui vendent à dés sociétés d'export.
Sur le point de vente on a remarqué loups, daurades, soles, torbots, raies, mulets, liches, rougets, rouges, requins renards, sargues, pagres, sèches, crevettes, araignées de mer.
La quantité moyenne de poisson pechée journellement pendant la bonne saison se situe autour d'l tonne tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la lagune, La peche est donc une activité très importante à Moulay Bousselham.
Ce qui s'est passé récemment est assez significatif: quand l'embouchure s'est ensablée, les pecheurs de la lagune, qui sont organisés de facon purement individuelle, se sont mis d'accord pour reouvrir le contact entre lagune et mer an creusant un canal.
Les résultats des essais de peche effectués de l'embouchure vers l'intérieur de la lagune à marée basse a produit les memes qualités que ceux effectués à 1'embouchure des oueds précédents, mais ont été quantitativement plus consistants. Le realentissement de la courrent de marée due à la vaste superficie où s'étend le bassin crée en effet un milieu plus favorable au maintien des alevins antres par transport passif. Un exemplaire de daurade femelle d'environ 600 gr, capturée en mer, présentait des gonades en état de régression avancée, signe que la saison reproductive était déjà arrivée (meme si un échantillon ne peut etre significatif).
Il se trouvait néanmoins dans la lagune une quantité abondante de sparidés et de loups de première remonte (v. photo).
Les considérations faites pour les oueds Tahadart et Loukkos sont valables ici également. Morphologiquement parlant c'est surement le site visité le plus intéressant. Concentrer l'attention sur ce milieu pour identifier la saison la plus propice à la concentration de daurades et pour exploiter la présence abondante de loups (D. punctatus) sera d'avangtage récompensée par des résultats quantitatifs consistants.
