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La santé des animaux de trait


Résumé
Introduction
Situation sanitaire
Santé et choix des animaux de trait
Rôle de l'exploitant dans le suivi sanitaire
Conclusion
Abstract
Reference


Joséa S. Dossou*

(* Centre d'Action Régional pour le Développement Rural de l'Atacora BP 32 Natitinggou, Benin)

Résumé

La culture attelée demeure une activité d'avenir dans les pays tropicaux. C'est une source d'énergie renouvelable bon marché d'autant plus compatible avec l'état du sous-développement des pays africains qu'elle participe à la lutte pour l'autosuffisance alimentaire par l'augmentation des surfaces emblavées et l'embouche bovine.

La formation plus accrue des paysans, la restructuration des services vétérinaires et la prise en charge des soins de santé des animaux de trait par les promoteurs de la culture attelée, permettront de limiter les contraintes lices au suivi sanitaire qui constituent un frein pour la vulgarisation de cette technique dans nos pays.

Introduction

Ces dernières années, le vif intérêt que suscite l'utilisation d'animaux de trait comme source d'énergie pour les travaux agricoles sous les tropiques, s'explique par les échecs subis dans le passé avec les tentatives de mécanisation rapide de l'agriculture principalement au moyen des tracteurs.

La promotion de la culture attelée (CA), technologie appropriée pour les petits exploitants agricoles des pays en voie de développement, permettra d'augmenter la productivité agricole, de résoudre ainsi le problème de l'autosuffisance alimentaire et d'améliorer les conditions matérielles de vie des habitants.

Les contraintes auxquelles sont soumises les petites exploitations agricoles en Afrique en matière de CA sont multiples et limitent sa vulgarisation. L'animal constituant l'élément essentiel de ce système est souvent négligé par ceux qui souhaitent promouvoir cette technique dans nos pays.

La clé du succès de la CA est avant tout la résolution des problèmes d'élevage des animaux de trait à savoir la continuité toute l'année dans le rationnement, le respect d'un régime de travail compatible avec cette alimentation et le suivi des soins de santé individuels.

La présente communication traite de ce dernier facteur qui demeure un problème crucial chez les petits exploitants en Afrique et limite l'introduction de la CA dans certaines contrées à vocation agricole.

Situation sanitaire

Les échecs des projets de développement de la CA en Afrique s'expliquent aussi par la négligence des vétérinaires aux animaux de trait. Presque partout en Afrique, l'environnement sanitaire est défectueux. La plupart du temps, les promoteurs de cette technique n'ont pour objectifs que de promouvoir la production des cultures industrielles d'exportation, mais ne disposent généralement pas de spécialistes en élevage d'animaux de trait.

En matière de CA outre les traumatismes en rapport direct avec le travail et les affections favorisées par une réceptivite accrue, les animaux de trait souffrent des mêmes maladies que le gros bétail dans l'élevage traditionnel. Dans la plupart des pays où se pratique cette technique, le problème des soins sanitaires demeure préoccupant car les traditionnels services vétérinaires sont toujours orientés vers une prophylaxie collective alors que les soins aux animaux de trait doivent relever d'une médécine individuelle.

Santé et choix des animaux de trait

Le suivi sanitaire est un volet très important de l'entretien des animaux de trait. S'il est nécessaire de nourrir et de loger correctement les animaux, il faut aussi veiller à leur bonne santé. Pour cela, il s'avère nécessaire de s'assurer dés leur achat, avec l'aide d'un vétérinaire, que les animaux sont bien sains et indemnes de maladie contagieuse.

Bien que le choix des animaux de trait soit souvent porté sur la conformation, l'âge, le poids et les caractères de l'animal, il importe d'insister tout particulièrement sur le critère racial dans les zones infestées de glossines. Les choix doivent prioritairement porter sur les races trypanotolérantes ensuite semi-trypanotolérantes et autres. Ces dernières doivent bénéficier d'une attention toute particulière.

Le Tableau 1 donne une vue sur certaines races élevées en Afrique de l'Ouest et ayant une bonne aptitude à la CA (Munzinger 1982). Le choix judicieux des animaux fait, ils doivent être mis en observation puis vaccinés contre les dominantes pathologies de la région. Les traitements contre la trypanosomiase sont nécessaire en zone infestée de glossines. Les autres interventions consisteront d'une part aux déparasitages périodiques internes et externes et d'autre part, suivant les circonstances, aux traitements des maladies accidentelles survenant au cours du travail.

Table 1. Trypanotolérance des bovins de trait en Afrique de l'Ouest

Race Trypanotolérantes
(aires géographiques principales)

Races Semi-trypanotolérantes

Races trypanosensibles

N'Dama (Guinée, Gambie, Sénégal, Sierra Leone toute l'Afrique de l'Ouest)

Djakoré (Sénégal)

Tous les Zébus

Méré (Mali)

White Fulani (Niger Nigéria)

Borgou (Bénin, Togo)

Sokoto (Niger, Nigéria, Ghana)

Ketéku (Nigéria)

Gobra (Gobra, Mauritanie)

Baoulé (Côte d'Ivoire, Libéria)

Sanga (Ghana)

Maure (Burkina, Mali, Mauritanie)

(Munzinger, 1982)

NB. Certaines espèces animales trypanosensibles (âne, cheval, chameau) sont utilisées pour la CA dans certaines régions de l'Afrique de l'Ouest.

Les aspects sanitaires et techniques étant du ressort ces services vétérinaires, le suivi des animaux sera concrétisé par la tenue d'une fiche individuelle de suivi gardée par le paysan et émargée par le chef du poste vétérinaire lors de la réalisation de chaque intervention sur les animaux. Un bon suivi sanitaire et technique constitue la meilleure garantie pour conduire à bonne fin la CA en milieu paysan. Il incombe alors au service vétérinaire de tenir et de mettre à jour dans chaque zone d'intervention un cahier de suivi sanitaire et zootechnique en plus d'une programmation de toutes les activités sur le domaine.

Rôle de l'exploitant dans le suivi sanitaire

La formation de l'exploitant demeure un préalable à l'introduction de la CA dans une contrée. Cette formation de base des paysans et le dressage des animaux doivent impérativement avoir lieu simultanément. Un accent particulier doit être mis sur le rôle primordial que soit jouer l'exploitant dans la prévention des maladies, les pratiques élémentaires d'hygiène vétérinaire, de l'habitat et du travail des animaux. L'exploitant doit reconnaître à temps les problèmes de santé de ses animaux et agir efficacement.

Dans toute exploitation agricole où les animaux de trait sont utilisés comme source d'énergie, une petite boîte à pharmacie est à conseiller. Cette boîte doit contenir des produits essentiels tels que alcool, iodé, tifène, mercurochrome, coton hydrophile, ganidan (diarrhée), déparasitants externes, pulvérisateur et matériel de soins corporels aux animaux.

Pour prévenir certaines affections favorisées par une réceptivité accrue des animaux, une supplémentation alimentaire surtout en période de gros travaux doit être envisagée. Les animaux de trait doivent être abreuvés à volonté tous les jours et recevoir un complément minéral au moins deux fois par semaine. Le régime de travail ne doit pas depasser 5h de temps par jour.

Conclusion

Les problèmes sanitaires des animaux de trait limitent son expansion dans certaines régions. Ceci est dû surtout aux exigences de ces animaux et aussi à la politique des services vétérinaires traditionellement orientés vers une prophylaxie collective et non vers les soins individuels. Il est alors nécessaire de faire une restructuration de ces services intervenant dans des régions à vocation agricole afin que ceux-ci soient à la hauteur de leur nouvelle tâche qu'est la thérapeutique à l'échelon de l'individu.

De même, la sensibilisation et la formation plus accrue des paysans permet de les amener à reconnaître leur rôle dans la gestion du matériel animal et l'intégration de l'agriculture à l'élevage, seul gage du développement de nos pays. Aussi, qu'une gratuité du suivi sanitaire des animaux de trait soit envisagée aux paysans au moins pour les premières années d'expérimentation.

Abstract

Animal traction has a bright future in tropical countries. It is a cheap source of renewable energy suitable for developing African countries and can help achieve food self-sufficiency by increasing the amount of land under cultivation and improving beef cattle production.

The generalised training of farmers, the restructuring of veterinary services and the effective control of draught animal health by animal traction specialists will help to overcome problems of health control which hinder the extension of this technology in this region.

Reference

Munzinger, P. 1982. La traction animale en Afrique. GTZ Eschborn, FRG: p. 125.


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