Ali Imam Abakar*
(* Ministère de l'Agriculture, BP 1152, Ndjaména, Tchad)
L'auteur donne une vue générale de la traction animale au République de Tchad de l'année 1950 jusqu'à présent.
Bienque quelques tentatives isolées aient eu lieu vers 1952/1954 (essai de métissage Zébus × N'Dama à Fianga, essai d'attelage à Léré en 1959, à Deressia en 1952 et à Boumo en 1955/56), nous pouvons situé le démarrage effectif de la culture attelée (CA) avec la traction animale (TA) au Tchad assez précisément dans les années 1956/57 grâce à l'action des missions catholiques mais aussi de postes de paysannats. L'introduction de la CA dans les régions méridionales du Tchad visait principalement le développement de la culture du riz et du coton.
Les premiers chiffres de distribution de charrues fort état de:
· 10 charrues au Mayo-Kebbi en 1957.
· 9 charrues au Tandjilé en 1957
· 6 charrues au Logoné Occidental en 1958
· 1 charrues au Logoné Oriental en 1959
· 26 charrues au Moyen-Chari en 1960
On peut aussi noter que la motivation des paysans était axée sur la diminution de la pénibilité du travail plus forte que l'augmentation des revenus et que la CA est donc plus souvent perçue comme moyen d'amélioration de conditions paysannes avant d'être justifiée par une évaluation du niveau de vie; bien que ceci doit être nuancé en ce qui concerne l'utilisation de la charrette.
L'essor de la CA peut être appréciée à la lecture des chiffres suivants donnant l'inventaire décennal des charrues:
· 1957: 19 charrues
· 1967: 10.700 charrues
· 197,7: 52.615 charrues
· 1987: 66.974 charrues
· 1989: 75.839 charrues (Source: ONDR)
Cette évolution a été favorisée à un moment donné par le fonds commun de prévoyance et la Banque Tchadienne de Développement.
Ce crédit existe encore, et est accordé par l'Opération Nationale de Développement Rural (l'ONDR) aux groupements de paysans bien structurés, mais rencontre quelques difficultés au niveau des remboursements.
Matériels vulgarisés
En matériels vulgarisés, il y a:
· la charrue BP-4 de Bourguignon
· les charrues locales tchadiennes de Sétuba, Arara
· les charrues russes
· les houes Manga et Occidentale
· les semoirs Super-Eco, Super-Sam
· les différentes marques de charrettes (Davum, Champenois, Bourguignon, Salati-Tropic, Somat).
Formation
On ne saurait parler de l'introduction de la culture avec la TA au Tchad sans souligner les efforts consentis en matière de formation. Le centre le plus connu, sinon le plus influent a été sans conteste le centre de Tikem. L'action des CFPA est également significative dans la formation des agriculteurs à la CA. Bien que la CA a commencé dans la zone soudanienne, elle a évolué positivement vers la zone sahélienne.
Zone soudanienne
Le taux d'équipement actuel est de 18% des exploitations ayant une charrue, mais avec des grandes variations selon les régions: 32% au Mayo-Kebbi Ouest, 26% à la Tandjilé et 5% pour une charrette (source: ONDR). Le rythme actuel de mise en place annuel pourrait atteindre 8,000 charrues, 2,000 charrettes.
Le dressage est assuré par les paysans eux-mêmes, le plus souvent en comptant un jeune à un vieux déjà dressé. Le dressage se fait également à l'occasion des sessions de formation des agents de développement (119 paires de boeufs, 31 mono, 7 chevaux et 5 ânes en 1990 au Chari-Baguirmi).
Zone sahélienne
Relativement aux régions du sud du pays, la zone sahélienne se caractérise par:
· une pluviométrie très faible et irrégulière· l'inexistence d'une culture de rente pouvant assurer des revenus monétaires
· la présence des divers espèces d'animaux aptes à la TA bovins, asins, équins, camélins en grande nombre, car c'est la zone d'élevage par excellence: 50% d'exploitation possèdent 1 âne, 20% en possèdent 2 et 15% 3 ânes (source: ONDR).
Le matériel le mieux adapté à la traction asine ou équine est la houe Nuba ou houe Occidental.
Contraintes au développement de la TA
La CA a connu une progression remarquable (dynamisme et motivation soutenue des paysans, organisation des groupements, etc). N'empêche qu'elle ait subi des contraintes tel que: prix élevé du matériel, monoculture de rente, pas ou peu de produits commerciables en zone sahélienne, inadéquation du type du matériel.
Bien que la CA ait été introduit au Tchad depuis 1956/1957, elle se trouve toujours confrontée à de nombreuses contraintes, malgré les efforts fournis par l'ONDR et le BRA. La nouvelle stratégie adoptée pour la relance de la TA est la suivante:
1. La collaboration étroite entre la recherche, la vulgarisation et le producteur du matériel.2. Une augmentation du terroir garantissant au paysan une certaine pérennité sur les mêmes parcelles et lui assurant l'amortissement de ses investissements, tant en travail que financiers:
· essouchage (contrôlé)
· mesures de conservation des sols.
· plantations
· apport de fumure organique, etc.3. La création de noyau d'élevage sur l'exploitation chez des agriculteurs de pointe avec la mise en place de système de fourrager, d'amélioration des jachères, le suivi rapproché des animaux au sein du groupement de défense sanitaire et une meilleure valorisation des boeufs en fin de carrière.
4. La diversification à l'utilisation de l'attelage avec des techniques culturales prioritaires:
· sarclages et buttages en zone soudanienne,
· préparation du sol en travail minimum en zone sahélienne,
· semis au semoir et récolte de l'arachide à la souleveuse.5. La diversification des attelages selon les disponibilités locales et les besoins de puissance:
· traction asine avec un seul animal ou en paire.
· traction monobovine pour les sarclages,
· traction équipe en zone sahélienne.6. Recyclage des agents d'encadrement, à tous les échelons.
7. Réhabilitation du réseau forgerons afin d'assurer la maintenance.
· équipement de l'atelier de la forge à rénover,
· formation en mettant l'accent sur l'aspect qualitatif de productions.
This paper presents an overview of animal traction in Chad from 1952 to the present day.
