Pour diriger convenablement et répondre aux aspirations de la population, le gouvernant se doit dentreprendre une politique de communication qui procède dune stratégie globale de la circulation transversale de linformation, visant à entreprendre une campagne pour léveil des consciences, afin de susciter ladhésion de la population aux mesures qui sous-tendent la mise en uvre du processus de développement.
On ne peut mener une telle mission avec le maximum defficacité sans sappuyer sur des supports jouissant dune crédibilité certaine. Ainsi, il ne faudrait pas perdre de vue que les principaux vecteurs de la communication, en loccurrence les médias, obéissent encore à certaines conceptions du rôle de la presse aux toutes premières heures de lindépendance du Niger.
A lépoque, les organes dinformation avaient pour principale activité de répercuter les mots dordre venus du sommet de lEtat. Il nétait pas facile de transcender des instructions devant être exécutées rigoureusement, parfois en dépit du code déontologique. Nul ne se préoccupait alors de limpact réel sur le public des messages ainsi véhiculés. On pouvait de la sorte passer à côté de lobjectif final qui consistait à éveiller les consciences au regard des préoccupations nationales.
Les dirigeants dalors ne pouvaient pas admettre quune telle campagne de sensibilisation ne devrait pas être perçue comme une propagande outrancière au profit du seul pouvoir politico-administratif pour tenter denraciner et de consolider son image de marque dans le terroir.
En réalité, on ne comptabilise plus les actions de sensibilisation qui ont été entamées sur le terrain. En dépit de tous les efforts déployés, elles se sont malheureusement déroulées souvent dans le désordre et terminées quelquefois dans la confusion. Les nombreux animateurs, qui se présentaient devant les mêmes auditoires pour tenir des propos parfois contradictoires, navaient peut-être pas suffisamment été imprégnés des objectifs à atteindre afin de les expliquer, avec concision et clarté, à leurs interlocuteurs. En labsence dune politique cohérente de communication, les missions ne pouvaient quêtre lancées au hasard, en fonction des impératifs mal maîtrisés.
Cest parce que le développement constitue une activité ad vitam aeternum que lhomme se retrouve tout au long de son processus. Ce leitmotiv naura de sens véritable que si cet homme est pleinement informé, donc parfaitement conscient de la portée réelle des actions initiées pour son bien-être social.
Il fut un moment où la communication gouvernementale comportait plusieurs chaînes de transmission des messages.
Ainsi, les multiples campagnes, menées par les services de lanimation au développement, de la vulgarisation agricole, des radios-clubs, de lalphabétisation et des mouvements de jeunes, ont certes connu quelques effets notables, mais le résultat des efforts financiers et techniques na pas été à la hauteur des espérances. Même si, daprès les investigations, le contenu des messages a été écouté, il ne semble pas avoir été entendu puisquil manquait à la méthode dapproche beaucoup déléments susceptibles denclencher cette mobilisation générale et une prise de conscience collective.
La multitude des villages éparpillés à travers limmensité du territoire national ne pouvait de surcroît permettre aux équipes, souvent constituées pour la circonstance, de satteler résolument à une tâche qui relevait de la gageure.
Lune des clefs de coûte de la politique de la communication gouvernementale consistera à faire connaître, à travers les méthodes les plus compréhensibles par tous, les rouages, le fonctionnement et les formes dintervention des différentes structures de lEtat, pour que les habitants des villes et de la campagne puissent bénéficier des retombées dun service public des plus efficients. Vérifié de visu sur le terrain, le système actuel de linformation ne peut permettre à la masse de prendre conscience de la gravité de la situation dextrême pauvreté qui caractérise le Niger.
Au demeurant, il est difficile de faire comprendre, même à certains agents de lEtat, que le Niger est classé dernier du monde sur le plan de lindice du développement humain. Ils mettent en doute une telle assertion, dautant plus quils ne découvrent pas sur les écrans de la télévision nationale des personnes en train de mourir dinanition. Il faudrait nécessairement un cadre cohérent dune communication concertée pour les persuader que le pays a besoin dun sursaut collectif pour ne pas rester constamment à la traîne des autres nations du monde.
Les responsables ont souvent déploré la dispersion des efforts dans les investissements. Sil y avait un centre national dintégration de tout le système de la communication et une interrelation entre les différentes structures de lEtat, on pourrait éviter des interventions désordonnées pour que plusieurs projets ne simplantent pas dans le même secteur et entreprennent des actions similaires.
Il a, en outre, été constaté que labsence dun Centre de documentation contribue à accentuer le déficit de la communication. Avec un tel instrument, les partenaires au développement pourraient avoir accès à des informations leur permettant de réorienter leurs actions vers des zones insuffisamment dotées.
La communication devra jouer un rôle primordial au niveau des collectivités au moment où on parle de plus en plus de la décentralisation. Elle signifie, pour le technicien, la prise en charge par les populations de leur propre destin, sans interférence du pouvoir central. Comment les populations pourront-elles assimiler facilement ces notions de décentralisation ainsi que ses contenus et contenants sans une communication soutenue? Cette décentralisation ne peut être effective que lorsque les populations auront pris conscience de la portée de son impact. Doù limpérieuse nécessité détablir un pont pour une communication fluide entre le niveau central, régional, local et les populations.
La plupart des personnes rencontrées ont été formelles: labsence dinformations utiles et leur ignorance du fonctionnement de lappareil administratif les éloignent de plus en plus des réalités nationales.
Cest pourquoi lEtat se doit dactionner en permanence tous les supports de la communication pour attirer lattention de toutes les composantes de la communauté nationale sur les difficultés auxquelles il est confronté. Ils sont légion ceux qui continuent de croire que les nigériens, laissés à eux-mêmes, ne pourront pas développer un pays qui a besoin du concours agissant des institutions internationales pour son redressement.
POUR OPÉRER DES CHANGEMENTS DANS LES COMPORTEMENTS
La communication gouvernementale vise à établir une interrelation entre les différents structures de lEtat, entretenir un dialogue des plus fructueux entre ladministration et les différentes couches de la communauté nationale, en mettant en uvre tous les supports y afférents, afin de faciliter la circulation de linformation et faire que la transparence et la bonne gouvernance se traduisent par des réalités concrètes. La réussite dune telle opération passe nécessairement par un changement de mentalité et de comportement à tous les niveaux.
Ce nest pas seulement la population analphabète quil faut sensibiliser, mais aussi les fonctionnaires et cadres de conception, afin quils ne soient pas coupés de la réalité du terroir et soient amenés à se rapprocher davantage des paysans dont certains se rappellent encore les avatars du système colonial. Pour une population en grande majorité analphabète, la communication ne devrait pas se limiter à la propagation des messages; elle doit aussi comporter des éléments démonstratifs puisque le paysan, fidèle à ses réflexes dantan, est beaucoup plus sensible à laspect physique dune campagne de sensibilisation.
La mise en uvre de la communication pour le développement nécessitera de solides assises et de puissants moyens de persuasion, tellement les défis sont nombreux et les chemins parsemés dobstacles. Pour une population qui exerce des activités comme facteur de survie, il nest pas facile de lui faire comprendre que la richesse dun pays repose sur le travail et la qualité des prestations. Lenvergure de la tâche à entreprendre est telle que, quarante ans après laccession du Niger à la souveraineté internationale, le problème de la prise de conscience collective se pose encore avec beaucoup dacuité.
Dans un point de presse diffusé récemment sur les antennes nationales, le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, avait fait état dune rencontre qui avait regroupé des magistrats, des auxiliaires de la justice et des représentants des bailleurs de fonds, pour procéder à un diagnostic des maux qui assaillent la justice nigérienne et envisager des solutions à mettre en uvre. Il a surtout été question des ressources humaines et de linsuffisance des moyens matériels.
Dans un pays où la population a soif de justice, avec des voix qui sélèvent de plus en plus pour dénoncer limpunité et réclamer plus déquité dans le traitement des dossiers, il faudra nécessairement mettre un accent particulier sur le problème dune communication sectorielle pour expliquer en détail et en langues nationales les mécanismes de fonctionnement de cette institution pour rapprocher ainsi, progressivement, la justice des justiciables.
Cest par défaut dune communication appropriée pouvant leur apporter les éclaircissements indispensables que la plupart des Nigériens ignorent encore la nature de leurs devoirs, de même que les dispositions prévues par le législateur pour leur conférer des droits. Depuis toujours, lopinion savait que la police et les tribunaux traitent des questions concernant les délits de droit commun mais elle ignore parfois que même lEtat peut être interpellé si, par la faute de ses agents, il a été amené à commettre des erreurs préjudiciables.
A travers toutes les régions visitées, les populations insistent surtout sur linstauration dune plus grande justice pour ne pas créer inutilement des sentiments de frustration. Elles semblent disposées à apporter leur soutien inconditionnel à lEtat dans le cadre de sa mission en vue daméliorer leurs conditions de vie. Mais il y a des préalables pour donner un contenu à cette profession de foi et leur permettre de sexprimer pour faire part de leurs desiderata aux décideurs.
LES LEADERS DOPINION
Pour que la communication soit effective sur le terrain, il faudra identifier des personnes ressources pour satteler à cette délicate mission. Léloquence et le bagout qui représentent des atouts considérables pour convaincre lors des rencontres à caractère politique, nont pas les mêmes effets sur le comportement du paysan. Il lui faut des éléments plus probants et des faits matériels pour lamener à réagir autrement. Cest dans cette optique quon a tendance à favoriser les leaders dopinion. Mais il serait souhaitable de se poser la question de savoir comment définir un leader dopinion. Est-ce que la réputation que lon confère à ces «guides» concorde avec la réalité? Qui, parmi ces leaders dopinion, est en mesure de véhiculer la communication pour entretenir un dialogue avec la base, transmettre le message quil faut pour inciter le monde rural à sinvestir pleinement dans le processus du développement?
Au niveau où se situent des pays comme le Niger, il est absolument nécessaire de prendre en compte, avec toute la considération requise, lautorité de la chefferie traditionnelle et de ne pas la considérer comme une structure ancestrale dépassée pouvant constituer un obstacle aux changements pour amorcer le développement. Quels que soient votre degré de compétence et les moyens à votre disposition, vous ne pouvez demblée mener des actions de développement en direction des habitants du terroir sans la présence effective et le concours agissant de la chefferie traditionnelle.
Un responsable administratif, nouvellement affecté dans une localité, aura nécessairement besoin de lappui de ces responsables coutumiers pour connaître létat desprit de ses administrés, afin de mieux cerner les difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Au-delà des statistiques, les résultats de limplication des chefs traditionnels sur le terrain sont si probants quil sest même constitué des réseaux au niveau des chefs de village, des chefs de quartier et des autres leaders dopinion, pour reprendre en chur le message quils ont véhiculé.
En le dotant de moyens conséquents, on pourrait obtenir beaucoup plus facilement le déclenchement du volontariat rural pour appuyer ainsi les missions effectuées par les responsables administratifs. En réalité, il ne devrait surgir aucun hiatus entre les actions des cadres chargés des collectivités territoriales et les campagnes de sensibilisation de lautorité coutumière, des activités qui peuvent en fait se dérouler conjointement puisque visant le même objectif.
LES MÉDIAS DETAT
Informer, éduquer et distraire étaient le triptyque du fondement de base de la mission des médias. Cette activité comportait néanmoins des axes prioritaires qui consistaient en la collecte et le traitement des informations afin dexpliquer les orientations définies par les pouvoirs publics pour soutenir laction de lEtat, tout en justifiant les tenants et esquisser les perspectives à atteindre.
Dès le départ, les organes publics dinformation étaient au service de lEtat dont ils servent les intérêts essentiels et dans le prolongement desquels se trouve celui de la Nation. Cest dans ce cadre que les médias représentent un trait dunion entre lEtat et les populations. Entretenir par conséquent la communication entre ladministration et les administrés, en établissant un dialogue permanent, des relations de compréhension réciproque devraient finalement aboutir à des rapports harmonieux indispensables à toute action de développement. Les informations ainsi véhiculées devraient contribuer à lever des équivoques, dissiper au besoin tout malentendu pouvant naître à la suite de positions et opinions divergentes avec les pouvoirs publics.
Mais près de cinquante ans après lapparition des médias au Niger, cest toujours la complexité des relations entre les gouvernements et les journalistes qui constitue lun des freins à laction des médias dEtat.
On a voulu transformer le journaliste en un observateur privilégié afin quil puisse alerter ladministration, pour que ses défaillances, ses manquements et des insuffisances à lendroit du peuple puissent être corrigés.
Mais la volonté du pouvoir de contrôler linformation sest heurtée à la velléité dindépendance des rédactions, certains journalistes ayant été formés dans des pays ayant une autre conception de la presse. Cette tentation de se dégager de la tutelle étatique se justifie, pour les hommes de presse, par un nécessaire besoin de crédibilité aux yeux de lopinion publique. Doù des malentendus et des récriminations de part et dautre.
QUELLE PRESSE DÉTAT DANS UN ÉTAT DE DROIT?
Le pluralisme démocratique qui sest substitué aux régimes dexception et aux systèmes du parti unique constitue le fondement même dun Etat de droit où les médias publics doivent souvrir à tous les courants dopinion et à toutes formes de pensée en vue dentretenir un dialogue serein et permanent entre gouvernants et gouvernés. Pour démocratiser ainsi linformation afin quelle soit accessible à toutes les composantes de la communauté nationale, il faudra nécessairement déterminer les contours dune presse nouvelle, pour donner un réel contenu à lexpression plurielle.
Cest parce quils exercent une influence certaine sur bien des comportements que les médias se trouvent être lune des pièces maîtresse du renouveau démocratique. Cest pourquoi la principale pomme de discorde entre pouvoir et opposition a, de tout temps, été le libre et équitable accès aux médias publics.
On a souvent dit que ceux qui détiennent linformation possèdent aussi le pouvoir, ce qui explique en partie les tentatives du gouvernant à sassurer le contrôle des médias et les raisons pour lesquelles lopposition lui dénie cette prérogative. La classe politique, toutes tendances confondues, devra admettre que le financement des organes de presse avec des fonds publics ne devrait pas entraîner nécessairement lassujettissement des médias aux autorités en place.
Cest dans ce domaine, particulièrement sensible, que lensemble de la corporation doit faire preuve de fermeté pour se conformer aux normes déontologiques, parce quil y va de la réputation de la profession. Les journalistes doivent, à cet égard, se prémunir de larsenal administratif qui les protège pour ne pas se laisser impressionner par les injonctions des gouvernants ni prêter attention aux roucoulements et aux battements de paupières de lopposition.
Une telle pratique peut savérer illusoire tant que la nomination des responsables des médias publics dépendra directement du pouvoir. Dans cette perspective, le changement du statut des organes dEtat revêt une importance capitale. Si la désignation des responsables devait répondre à des critères qui reposent uniquement sur la valeur intrinsèque des individus, le paysage médiatique du Niger se présenterait autrement puisque les mécanismes qui viendront compléter cette innovation pourront mettre les journalistes à labri du besoin et des tentations, pour quils puissent enfin se positionner au-dessus et à lécart de la mêlée. On privilégiera ainsi les critères de rendement au détriment des considérations sentimentales.
Le déficit de la communication, qui a constitué lobstacle majeur ayant entravé, des années durant, linstauration dun dialogue visant à rapprocher ladministration des administrés et freiné la circulation des informations entre les différents compartiments de la société nigérienne, a été douloureusement ressenti lorsquil sest agi de la mise en uvre du programme dajustement structurel.
On sétait aperçu que la principale difficulté consistait à obtenir ladhésion de la population à des programmes nécessitant de durs choix sociaux.
Cest pour laider à combler ce flagrant déficit de communication que la Banque mondiale a accordé à la partie nigérienne une subvention destinée à lélaboration dune stratégie pour renforcer les mécanismes de communication.
Létude, menée en ce sens par un cabinet de consultants international, a accéléré linstitution dun Centre de coordination de la communication gouvernementale créé par un arrêté du Premier Ministre en date du 26 juillet 1999, structure placée sous légide dun Comité interministériel de la communication gouvernementale mis sur pied par le gouvernement le 20 août 1998.
Dans ses recommandations, un Consultant international a esquissé les principes directeurs devant régir une communication gouvernementale, cest-à-dire:
1. le droit du citoyen à linformation;
2. lobligation, pour le gouvernement, de fournir à la population toutes les indications lui permettant de comprendre les options retenues;
3. la nécessité, pour le gouvernement, de sinformer en retour des options et préoccupations de ses populations;
4. lévaluation sans complaisance de chaque campagne dinformation.
Le Centre de coordination de la communication gouvernementale, devenu opérationnel, mène présentement ses activités en fonction du canevas ainsi tracé, en vue notamment:
denvisager les dispositions nécessaires pour amorcer une dynamique de la communication, afin quelle prenne de lampleur au sein des structures administratives de lEtat;
de veiller à une cohérence dans les interventions, pour une meilleure compréhension du public cible;
déviter les formes dintervention contradictoires de ladministration autour dune même question, surtout en direction des bailleurs de fonds;
de faire jouer les règles de la démocratie pour que lAssemblée nationale puisse exercer son rôle de contrôle de laction gouvernementale;
de veiller à la libre circulation de linformation pour limiter les cloisonnements entre les différents services;
denvisager la mise au point dun réseau Intranet auquel tous les Ministères et autres démembrements de lEtat pourront accéder et procéder directement à des échanges de données.
Mais les journalistes en service dans les médias publics et en poste dans les cellules de la communication des autres ministères nont pas la même compréhension du problème; ils ont fait remarquer que la création du Centre na pas fondamentalement changé les habitudes des bénéficiaires des prestations de la presse dEtat qui conservent toujours les mêmes réflexes et la même approche par rapport aux problèmes de la communication.
La cohabitation entre lattaché de presse et le cadre chargé de la communication nest pas toujours des plus conviviales. Il convient, à ce niveau, daméliorer ces rapports pour créer une meilleure ambiance de travail. Certains journalistes estiment que le cadre du ministère exerce en dilettante une activité qui nest pas de son ressort.
Néanmoins, lhomme de presse ne devrait pas perdre de vue que le journaliste na pas lapanage de la communication. Une campagne dexplication est nécessaire au sein même des ministères pour faire comprendre à lensemble du personnel les objectifs assignés à cette unité de communication quil faudra doter des moyens adéquats.
Lune des lacunes quon peut relever dans la prestation du Consultant international, cest de navoir pas envisagé un volet pour la mise en place effective des structures quil a recommandées pour que les activités dans les ministères puissent démarrer normalement.
Projet dorganigramme dune structure de coordination de la communication gouvernementale
La politique de communication gouvernementale doit être basée sur des actions mûrement réfléchies, à mettre en uvre avec des acteurs identifiés, pour atteindre des objectifs précis.
Il a été constaté, à travers tout le pays, que la création dun cadre de concertation, en loccurrence le programme national de la communication pour le développement, est une nécessité qui rejoint les préoccupations des responsables à tous les niveaux.
Lobjectif du gouvernant est de développer une harmonieuse communication pour aider la population à mieux comprendre la portée des messages sous-jacents à la politique quil se propose de mener. Il convient cependant de noter que le problème ne se situe pas toujours autour des thèmes à traiter, mais cest labsence des liens entre les structures visant les objectifs à atteindre qui constitue le principal goulot détranglement.
Pour que la communication gouvernementale soit réellement effective, il faudra que lensemble des décideurs parle dune même voix et que les différents intervenants saccordent sur la nature des informations à transmettre dans les zones ciblées.
En revisitant le passé, de nombreux acteurs du développement ont été amenés à faire des constats amers: ils ont consacré 40 ans à des approches désordonnées et désarticulées qui nont nullement contribué à léveil de lensemble du monde rural. Il faudra, par conséquent, enrayer cette spirale par la mise en uvre dactions cohérentes et concertées, tout en abandonnant progressivement des méthodes qui ont prouvé leur inutilité et leur inefficacité.
La réussite de la modernisation de ladministration, qui constitue une des préoccupations de lEtat, est conditionnée par des changements de comportements et dhabitudes. Or, seule une communication soutenue peut venir à bout de certaines résistances liées aux valeurs sociales, notamment en zones rurales.
Dans un pays à forte tradition orale, où il est plus facile de véhiculer la rumeur avec tout son cortège déléments pervers et pernicieux, il est indispensable de maintenir la nation constamment informée par le biais dune communication adaptée pour que la population prenne résolument conscience des difficultés qui assaillent le fonctionnement de lEtat.
Ainsi, au terme de sa mission, le Consultant a formulé les recommandations suivantes:
Considérant que la transparence et la bonne gouvernance doivent être sous-tendues par une politique de communication soutenue;
Considérant que la presque totalité des populations nigériennes vivant dans les zones rurales est confrontée à des problèmes de communication;
Considérant que lensemble des cadres des collectivités territoriales, ainsi que les différentes couches des populations résidant dans les campagnes, sont convaincus de la nécessité dune communication harmonisée et permanente;
Considérant que labsence de la circulation de linformation ne permet pas à ces populations de percevoir toute la portée des options définies par lEtat, destinées pourtant à leur mieux être social;
Considérant que laction des médias doit impérativement refléter les préoccupations de la population;
Considérant les multiples difficultés techniques et financières qui entravent sérieusement le fonctionnement des médias publics, principal support de la communication;
Considérant la nécessité dune plus grande cohérence dans la formulation des requêtes destinées aux partenaires au développement;
Considérant que seul un dialogue et des contacts réguliers peuvent entraîner ladhésion de la population aux réformes entreprises par lEtat;
Considérant que la communication est un facteur susceptible de contribuer à redorer limage de marque du Niger;
Considérant le rôle prééminent de la chefferie traditionnelle dans les actions de sensibilisation à travers le Niger profond, notamment dans les zones rurales;
Considérant la totale disponibilité des organisations internationales, comme lUNICEF et la FAO, pour aider la partie nigérienne à lélaboration et à la mise en uvre dune politique nationale de communication pour le développement;
Considérant la nécessité de la création dune bibliothèque nationale pour faciliter les recherches et la collecte des informations;
Considérant la mise en place dune banque de données pour que tous les acteurs de développement puissent accéder à des indications fiables;
Considérant la nécessité de limplication des acteurs politiques dans les campagnes de sensibilisation pour inciter les populations à participer à toutes les phases du processus du développement;
Considérant les difficultés techniques que rencontrent certaines couches de la population pour exprimer leurs besoins;
Considérant la conjugaison des efforts entre les autorités locales et les organismes donateurs comme facteur pouvant conditionner la réussite des actions menées sur le terrain;
Considérant la nécessité dimpliquer les cadres ressortissants du terroir dans les campagnes de sensibilisation dans leurs régions;
Considérant linstauration dune collaboration entre les organes de communication publics et privés pour un renforcement des moyens de sensibilisation dans le monde rural;
Considérant lampleur de la mission dévolue au Centre de coordination de la communication gouvernementale;
Considérant lapport des cellules de communication et de la presse ministérielle dans le système de communication gouvernementale;
Considérant la détermination avec laquelle les associations et groupements féminins sinvestissent dans les campagnes de sensibilisation à lintention des femmes qui vivent en milieu rural;
Considérant les conditions précaires ainsi que les risques de contamination et de malnutrition auxquels sont exposés les enfants en milieu rural;
Considérant la volonté affichée par la jeunesse, qui représente lavenir du pays, de prendre une part beaucoup plus active au processus du développement;
Considérant lapport du Service des archives nationales pour la collecte de certaines données;
Considérant le rôle de loutil informatique pour la mise en uvre dun réseau Intranet;
Considérant la nécessité de nouer des liens professionnels avec les organismes étrangers ayant déjà acquis une expérience dans ce domaine,
RECOMMANDATIONS
AUX POUVOIRS PUBLICS:
Recommandation N° 1
Faire figurer le problème de la communication gouvernementale, composante indispensable de la politique nationale de la communication pour le développement, parmi les actions prioritaires de lEtat.
Recommandation N° 2
Mobiliser tous les acteurs du développement pour que la communication soit effective sur le terrain.
Recommandation N° 3
Inciter les responsables des départements ministériels, ainsi que ceux des institutions publiques et parapubliques, les préfets et les responsables des collectivités territoriales, à mobiliser lensemble des structures placées sous leur autorité pour concourir à la mise en uvre de la communication gouvernementale.
Recommandation N° 4
Demander aux cadres et agents opérant sur le terrain de mettre en exergue lintérêt immédiat des populations cibles comme facteur incitatif pouvant déchaîner plus denthousiasme.
Recommandation N° 5
Inciter les médias à orienter leurs actions vers des informations utiles, tout en essayant dorganiser des débats pour sensibiliser les partenaires sur lampleur du problème de la misère et de la pauvreté.
Recommandation N° 6
Organiser des sketches radiotélévisés pour expliquer aux paysans, avec toute la pédagogie requise, que la richesse et la prospérité dun pays ne peuvent résulter que du travail collectif de toute la communauté nationale.
Recommandation N° 7
Utiliser rationnellement les moyens adéquats pour mobiliser la jeunesse nigérienne qui a, de tout temps, manifesté son ardent désir de participer effectivement à toutes les phases du processus du développement.
Recommandation N° 8
Envisager des dispositions permettant aux associations et groupements féminins dintensifier leurs campagnes de sensibilisation pour alléger les pénibles conditions de travail des femmes qui vivent en milieu rural.
Recommandation N° 9
Mettre un accent particulier sur les programmes didactiques pour que les spécialistes en matière de santé de la femme et de la protection de lenfant prodiguent régulièrement des conseils pratiques, notamment en langues nationales, en direction du monde rural.
Recommandation N° 10
Utiliser tous les supports de la communication pour exalter la puissance infinie et la valeur incalculable du travail.
Recommandation N° 11
Actionner tous les leviers de la communication pour encourager la cohésion de tous les enfants du pays pour quils se fassent mutuellement confiance et uvrer à lunisson pour la prospérité de la République.
Recommandation N° 12
Faire en sorte que le gouvernement se penche sur le problème de la trop grande mobilité des cadres de commandement dont le rythme daffectation nest pas de nature à instaurer un climat de confiance favorisant le rapprochement de ladministration des administrés, base indispensable devant entraîner progressivement ladhésion des populations au processus de développement.
Recommandation N° 13
Utiliser des approches plus persuasives pour inciter les personnes assujetties à sacquitter de leur devoir fiscal en raison de lincivisme qui persiste de plus en plus en ce sens.
Recommandation N° 14
Instruire les responsables des organes dinformation à entreprendre une refonte des grilles des programmes pour quelles puissent refléter les réalités socio-économiques du moment, à cause notamment de laccueil mitigé réservé aux prestations des médias.
Recommandation N° 15
Envisager la création dune section spéciale, en langues nationales, destinée à donner une autre dimension aux informations en direction du monde rural, au lieu de traduire systématiquement les nouvelles en français dont le contenu ne cadre pas nécessairement avec la réalité qui prévaut dans la campagne qui connaît un taux danalphabétisme assez élevé.
Recommandation N° 16
Inciter les cadres ressortissants du terroir à sinvestir régulièrement dans les campagnes de sensibilisation à lendroit des populations de leurs régions respectives.
Recommandation N° 17
Associer étroitement le Ministère des affaires étrangères, qui est à la fois une source de collecte et un centre privilégié de réception des informations, à toutes les activités visant à donner un contenu à la communication gouvernementale.
Recommandation N° 18
Inciter les partenaires au développement à multiplier les actions de sensibilisation dans le cadre bien défini de la stratégie qui sera arrêtée.
Recommandation N° 19
Amener les médias publics et privés à multiplier, dans leurs grilles de programmes, des émissions destinées à léducation et à léveil du monde rural.
Recommandation N° 20
Envisager, avec le concours des partenaires extérieurs, le parachèvement rapide de la couverture de toutes les zones dombre, pour que le maximum de nigériens aient facilement accès aux médias.
Recommandation N° 21
Sinspirer de la déclaration de la politique générale du gouvernement pour inventorier les thèmes pouvant faire régulièrement lobjet de débats, aussi bien en français quen langues nationales, afin de permettre au grand public de mieux appréhender les options définies par lEtat.
Recommandation N° 22
Instruire les médias dEtat pour traiter fréquemment des thèmes ayant trait au fonctionnement des institutions étatiques, des organismes publics et parapublics en français et en langues nationales; une fois diffusés sur le réseau national, ces éléments peuvent être repris pour une large exploitation par le biais des stations régionales, des antennes locales des radios privées et des séances découte collective organisées par les radio-clubs et les cellules villageoises danimation.
Recommandation N° 23
Initier des actions permanentes pour rasséréner létat des relations entre les autorités locales et les responsables coutumiers, en vue dune meilleure conjugaison defforts en direction du monde rural.
Recommandation N° 24
Envisager la création dune bibliothèque nationale pour faciliter la recherche documentaire et la collecte des données.
Recommandation N° 25
Réorganiser les structures de jeunesse et les organisations féminines pour mieux les impliquer dans le processus de mise en uvre de la communication pour le développement.
Recommandation N° 26
Prévoir des mesures incitatives afin de stimuler la motivation des intervenants, notamment ceux qui exercent dans les cellules de communication, en vue dun meilleur rendement.
Recommandation N° 27
Organiser des cycles dinitiation, de remise à niveau et de perfectionnement de tous les intervenants pour la maîtrise de loutil informatique.
Recommandation N° 28
Examiner, avec une bienveillante attention, les difficultés qui entravent le fonctionnement du service des archives nationales, centre de collecte de données spécifiques.
AUX COLLECTIVITÉS TERRITORIALES:
Recommandation N° 1
Essayer dattirer lattention des élites locales sur la nécessité dun dialogue permanent avec les zones rurales, afin de susciter des contributions pour appuyer les efforts déployés par ladministration, les organisations internationales et les pays donateurs.
Recommandation N° 2
Associer pleinement les collectivités territoriales dans les actions que mènent sur le terrain les ONG et les associations.
AUX PARTENAIRES AU DÉVELOPPEMENT:
Recommandation N° 1
Doter la chefferie traditionnelle de moyens adéquats afin quelle poursuive les campagnes de sensibilisation qui ont déjà donné des résultats probants.
Recommandation N° 2
Encourager le dialogue entre majorité et opposition afin que les formations politiques, toutes tendances confondues, sinvestissent davantage dans le processus de la communication pour le développement à travers tout le pays.
Recommandation N° 3
Veiller au respect rigoureux du calendrier établi pour la mise en uvre de la politique nationale de communication pour le développement.
Recommandation N° 4
Procéder, avec le concours des pays donateurs, à la réhabilitation des voies daccès et des moyens de communication (téléphone notamment) pour permettre aux autorités locales de maintenir le contact permanent avec le monde rural et mieux organiser la communication dans ces zones les plus reculées.
Recommandation N° 5
Faire appel aux partenaires au développement pour quils associent étroitement les autorités locales dans la mise en exécution des projets.
Recommandation N° 6
Laisser à lappréciation de la population locale le choix des leaders dopinion susceptibles de mieux véhiculer la communication.
Recommandation N° 7
Accélérer linstallation des radios rurales en les dotant dun matériel adapté dont lentretien et la maintenance ne nécessiteront pas une qualification particulière pour répondre à la requête générale exprimée dans toutes les localités visitées.
Recommandation N° 8
Procéder à des recyclages des correspondants locaux de la presse qui constituent un autre réseau fiable pour la transmission des messages en direction du monde rural.
Recommandation N° 9
Envisager des rencontres ad hoc entre les responsables des journaux publics et privés afin de mettre en place une mini-messagerie pour lacheminement des publications à lintérieur du pays, selon les périodicités à déterminer en fonction des moyens disponibles.
Recommandation N° 10
Encourager la création et la diffusion, dans les zones rurales, de journaux en langues nationales avec comme mesure daccompagnement lintensification des actions du service de lalphabétisation.
Recommandation N° 11
Organiser des rencontres spécifiques entre le centre de coordination de la communication gouvernementale et les différents intervenants publics et privés dans le domaine de la communication, afin dapporter des clarifications sur les tâches qui incomberont à toutes les parties concernées.