On entend par outil de communication de proximité, les supports, aides et auxiliaires didactiques, audio-scripto-visuels, allant de la vidéo éducative au scripto-visuel en passant par les affiches, boîtes à images, photographies, films fixes, audio cassettes, fiches techniques, dépliants, émissions publiques, etc.
Ils sont généralement utilisés par les agents de terrain (animateurs) des projets, les agents de santé, les vulgarisateurs, les associations et coopératives, etc. A des degrés divers, ils ont comme mission de faciliter la transmission des messages et idées nouvelles; leur efficacité dépend du contenu du message et du profil des utilisateurs. On les retrouve dans les trois formes de communication: communication éducative, de groupe et interpersonnelle. Différents des moyens de communication de masse (mass media), ces supports, de par leur nature, accompagnent les séances danimation, de formation, déducation, de sensibilisation ou de vulgarisation en milieu rural.
Simples et moins coûteux, ces outils facilitent lassimilation et la compréhension de lauditoire. Ils maintiennent léveil du groupe tout en limitant sa fatigue. De laudio au visuel, en passant par les documents écrits, ces outils se caractérisent par leur coût relativement faible et la possibilité de les produire souvent sur le terrain avec même des matériaux locaux.
Institutions gouvernementales |
ONG, Projets et autres programmes |
- Division de linformation et de léducation |
ALAFIA |
Plusieurs intervenants, institutions, sociétés, offices, projets, ONG, ont compris lintérêt quils ont à recourir aux moyens audio-scripto-visuels en tant quacteurs de formation, dinformation, de sensibilisation ou de vulgarisation pour obtenir un changement positif dattitude et de comportement.
A cet égard, létat des lieux se résume dans le tableau ci-après:
Les rencontres avec les différentes institutions, ONG, projets et programmes de développement ont permis de faire linventaire suivant des outils de communication utilisés:
Cette panoplie doutils se répartit entre deux grandes catégories de supports de communication: ceux que lon peut projeter qui nécessitent du courant électrique, et ceux qui nont pas besoin délectricité pour la transmission du message.
Ces outils de communication éducative sont la plupart du temps utilisés par les institutions, ONG, projets et programmes de développement en fonction des missions, buts et objectifs assignés.
Dans le domaine agricole et de lenvironnement: ces outils sont surtout utilisés par les animateurs, les AVB (agents de vulgarisation de base), les agents villageois, les paysans de contact, les producteurs de référence, les coopératives, les associations villageoises.
Dans le domaine de la santé: les agents de santé dans le cadre de linformation, sensibilisation et éducation pour la santé, les PMI (protection maternelle et infantile), les différents programmes de lutte contre certaines maladies paludisme, Sida, MTS, onchocercose et cécité, planning familial, nutrition, CSI (Centre de santé intégré), ONG et projets intervenant dans le secteur de la santé, les districts sanitaires, les agents de santé communautaire, etc.
Dans le domaine éducatif: en matière déducation, ces outils sont généralement utilisés comme auxiliaires/supports didactiques susceptibles de concrétiser le message, améliorant ainsi la perception, la compréhension et la mémorisation. Ces outils sont utilisés par les enseignants, les formateurs, les conférenciers, les séminaristes, etc.
Malheureusement, les messages que comportent les outils de communication de proximité ne tiennent pas souvent compte de certaines spécificités liées aux barrières linguistiques et autres réalités socioculturelles du milieu. Un outil de communication utilisé chez les Gourmantchés peut ne pas avoir le même effet en milieu Touareg, encore moins chez les Boudouma du bord du lac Tchad.
Le plus souvent, ce sont des images venues dailleurs qui ne cadrent pas avec les attitudes, comportements et pratiques (ACP) au Niger (cas du film sur le Sida). Les affiches et boîtes à images produites dans dautres contextes présentent assez souvent des personnages avec des formes et silhouettes différentes de celles du milieu (exemple de la boîte à images commandée à Abidjan). Les programmes et émissions diffusés en direction des acteurs à la base ne cadrent pas généralement avec la mission ou les objectifs des radios rurales sensées jouer le rôle de radios de proximité. Les émissions sont produites à partir dun simple constat ou de lidée du technicien sans tenir compte des vrais besoins des ruraux. Cette communication à sens unique ne favorise pas les dialogues et le feed-back des auditeurs dont toute station doit tenir compte.
Face à un public analphabète à plus de 90 pour cent, les imprimés ont moins de chance de réussir. Laccès à cet outil reste un luxe, même en milieu urbain. Les rares presses rurales qui ont vu le jour isolément ont cessé dapparaître pour plusieurs raisons:
la qualité des revues;
le contenu qui ne répond pas souvent aux attentes des lecteurs;
le manque de moyens et le faible niveau des rédacteurs alphabétisés qui ont contribué à la disparition de la presse rurale.
Nonobstant tout ce qui a été dit plus haut, force est de saluer et de reconnaître linitiative de quelques organismes, ONG et projets de développement qui ont compris que, pour atteindre et convaincre une population majoritairement analphabète, il fallait avoir recours à certains outils/moyens de communication qui facilitent la transmission des idées nouvelles, même si la plupart du temps, lintroduction de ces outils audio-scripto-visuels na pas été très bien préparée, par manque de réflexions stratégiques en matière de démarche communicative.
Etant donné que toute action de communication (message envoyé) a une incidence positive ou négative sur le récepteur, il faut souligner que dimportants efforts ont été enregistrés çà et là en matière dIEC. On peut noter entre autres:
Mais on découvre aussi des situations véritablement cocasses, comme celle que rapporte le Consultant et qui concerne la Division de linformation et déducation pour la santé (DIEPS) qui dispose dun équipement important et de qualité qui lui aurait permis daccomplir la mission; malheureusement, ce matériel «dort tranquillement» dans un bureau (sans climatisation) où il nest pas du tout exploité malgré la bonne volonté des agents, cela en raison de la situation économique du pays, dit-on. Une série de scénarios est restée au fond du tiroir par manque de moyens financiers et logistiques. Un laboratoire photo couleur équipé na jamais fonctionné.
Mais on rencontre aussi des actions et des initiatives originales et efficaces. Il en est ainsi de CARE International (secteur santé) qui a installé et équipé six hangars ou kiosques avec des projecteurs vidéo, des écrans, des magnétoscopes et une sonorisation de qualité au niveau des autogares (Wadata, Dosso, Konni, Badaguichiri, Balleyara et poste frontalier de Makolondi). Il sagit de faire visionner des films sur le Sida et de distribuer des brochures à ceux qui partent peu de temps avant leur embarquement pour la côte. Dautres méthodes consistent à aller de village en village pour faire des projections, et même jusque dans les pays daccueil de ceux qui sont partis pour les sensibiliser. Le contenu des supports est déterminé par le Projet et le programme SIDA. La production et la reproduction se font chez les artistes et les imprimeurs.
Les artistes en la matière sont confrontés à de sérieux problèmes techniques, organisationnels et financiers. Les non professionnels envahissent le marché tandis que les informaticiens «détruisent» le métier du graphiste.
Le contenu des différents outils de communication de proximité sont généralement conçus et choisis par les institutions, projets ou organismes qui les utilisent plus tard et ce, conformément à leurs approches, leurs objectifs et les axes stratégiques qui sous-tendent la philosophie de lintervenant.
Certains identifient dabord les besoins à la base; dautres partent du simple constat ou dune idée sur un ou plusieurs thèmes. Le choix du type de message et du canal de transmission relève souvent de lorganisation qui finance le coût de la production, ou lance la commande à létranger (FAO, CESAO). Cest à partir des esquisses de dessins ou une histoire sous forme de scénario que le message est élaboré avant dêtre apporté à lartiste (graphiste, peintre, dessinateur) qui reprendra les images de façon artistique et plus pédagogiques pour rendre le message plus clair. Une fois amendée et corrigée, la maquette finale est amenée chez limprimeur pour la reproduction et la multiplication. Du nombre dexemplaires demandés, du format, des couleurs et des dessins utilisés dépendra le procédé dimpression.
Les photos sont tramées, ou scannées selon le cas, puis gravées avec les textes après une mise en page sur des plaques insolées quon place sur des machines de tirage offset. Lorsquil sagit dun imprimé en couleur, cest la tri ou quadrichromie qui est utilisée après la séparation des couleurs. Concernant les outils visuels, un scénario est établi au départ; une fois découpé, on prévoit le budget nécessaire, on procède au repérage avant de tourner le film ou faire les prises de vues pour les photos, diapositives ou films fixes.
Les pellicules sont envoyées au labo photo pour développement et tirage et les rushes au studio pour le montage avant le produit final.
Les outils audio ont presque la même démarche: on a une idée, un thème qui sera développé, détaillé et traduit en message éducatif ou émission de sensibilisation. Lorsque les structures ne possèdent pas de moyens et de personnes qualifiées, elles font appel aux spécialistes. La reproduction et léchange sont du ressort exclusif de ceux qui ont financé la production de ces outils.
Dans tout processus ou action de développement, la communication est et demeure indispensable, sinon incontournable, pour tous ceux dont la démarche ou la mission est dapporter un plus au monde rural. On dit généralement «quil ny a pas de développement sans changement de mentalité»; de ce seul fait, on peut affirmer que ce «changement» ne peut sopérer quavec une approche utilisant la communication multimédia.
Létat des lieux à travers le pays au cours de la présente étude a permis didentifier les structures de production de ces outils et des personnes chargées de les animer.
Structures de Production |
Personnes Ressources |
Profil |
INDRAP (Institut national de recherche et danimation pédagogique) - Niamey |
- Zakari Mounkaïla, responsable adjoint imprimeur |
Diplôme en imprimerie |
DAFA (Direction de lalphabétisation et de la formation des Adultes) Niamey Tél.:73.49.45 / 73.42.48 |
- Kalifa Lawali B. |
Diplôme arts graphiques |
ORTN |
- Boubakar |
Décorat. TV et Peinture |
FNUAP:Projet IEC / Population |
- Gali Adam Fadjimata |
Journaliste |
CFPM (Centre de formation et de promotion musicale) |
- Adamou Kapo, responsable du Centre |
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ARN (Association des radio-clubs du Niger) |
- M. Sidibé |
Responsable, 38 ans dexpéri. |
Mission catholique - Centre audiovisuel |
- Achil Kow |
Responsable du Centre |
HKI (Hellen Keller International) |
- Harouna Koché |
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Village artisanal de Wadata - Niamey |
- Balley Bako |
Diplôme arts graphiques |
IPDR (Institut pratique de développement rural) - Kolo |
- Amadou Illiassou |
Imprimeur |
CARE International, Projet SIDA |
- Maazou Mahamane |
Spécialiste en com. pour santé |
Migration - Niamey |
- Abdoulaye Hassane |
Gestionnaire |
CCFN (Centre culturel franco nigérien) - Niamey |
- Alio Bizo |
Journaliste |
Agence ANFANI - Niamey |
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Imprimerie Bon Béri |
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Imprimerie la Colombe |
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Agence Inter-Média |
- M. Bakabé Mahamane |
Journaliste |
Atelier OSCAR des Arts |
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Atelier Labo Peinture |
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Atelier Beaux Arts |
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Atelier de Création Artistique |
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Radio RJM |
- Boubacar Sidibé |
Cameraman |
Radio ANFANI |
- M. Boulama |
Responsable |
NIN (Nouvelle Imprimerie du Niger), section de Maradi |
M. Seydou |
Diplôme en Imprimerie |
OASIS des arts - face Sonibank - Zinder, BP:146 Tél.:510.029 |
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Arts-Peinture Décoration |
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Chez Boubacar |
- Boubacar |
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Chez Sanda - face villa Mamani Matamaey - Zinder |
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Chez Habibou Lay - Quartier Walla - Zinder |
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Chez Yatara - Walla - Zinder |
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Chez Ojo - Service du Plan - Zinder |
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Chez Karim - Imprimerie - Zinder |
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Chez Attahir - CCFN - Zinder |
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Chez Kader Katoutou - Zinder |
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Ignali Polyvalent - Zinder |
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Jimiraou CFPA - Zinder |
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UICN - Union internationale pour la conservation de la nature) - Diffa |
- Moustapha Abba Gana - Dado Aliga |
Coordonnateur UICN |
PADER (Projet de développement rural de Dosso) |
- Daouda Tchindo |
Responsable Cellule liaison recherche et vulgarisation |
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DDS (Direction départementale de la santé) |
- Yagi Maï Aïki |
Coordonnateur PEV |
Atelier de peinture |
- Souleymane |
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PRIVAT (Projet participatif de renforcement des institutions villageoises) Tahoua |
- Cherifatou Ocquet et Boubacar |
Responsable Cellule animation formation |
PDRT (Projet de développement rural de Tahoua) |
- Seyni Abdou |
Agronome |
IPDR (Institut pratique de développement rural) Tillabéry |
- Aka Alhassane |
Graphiste |
A ce tableau, il convient dajouter les troupes théâtrales dans chaque région du pays qui réalisent des programmes diffusés sur les antennes régionales de lORTN et ANFANI. En tout état de cause, les 510 animateurs des radio-clubs, lassociation des clubs traditionnels, le relais des paysans pilotes, la multitude de FADA, même dans les villages, sont des créneaux et des atouts efficacement exploitables dans la transmission des messages en direction des acteurs à la base. La majorité des utilisateurs de ces outils de communication de proximité ont reçu des rudiments de formation, nécessairement à compléter. Lenquête a permis détablir une hiérarchisation des outils en fonction du choix et de la préférence des acteurs à la base par région et par groupe dacteurs. Lenquête sest basée sur un échantillon de 162 personnes, dont 50 femmes.
1. La télévision communautaire: elle permet de voir ce qui se passe ici et ailleurs, de suivre des films, des documentaires, le sport dont la lutte traditionnelle, les expériences qui ont réussi dans les autres régions, etc.
2. La radio (émissions radiophoniques) et émissions publiques: à cause de son accès facile, elle aborde des thèmes qui intéressent tout le monde (chronique sanitaire, désertification, techniques agricoles, avis et communiqués (sanarwa); La présence des stations régionales et dautres radios privées ou rurales abordent les sujets qui touchent de près la communauté. Cela donne une possibilité de réagir (feed-back) au besoin, etc.
3. La vidéo éducative «Gani Yahiji» (mieux voir quentendre). La présence de cette vidéo, même dans les villages des clubs vidéo gérés par des projectionnistes privés, a permis de se familiariser avec cet outil. Les projets qui utilisent la vidéo gagnent la confiance des participants car ils donnent des idées et des connaissances nouvelles aux villageois lorsque ceux-ci sont filmés, quils voient leurs propres images projetées de village en village, etc.
4. Le théâtre (jeux de rôle, sketches): à cause de son caractère divertissant, le théâtre éduque, moralise, critique et fait rire. Il est joué par les membres de la communauté, on peut le jouer dans plusieurs villages, il attire lattention des gens sur des sujets précis, il mobilise beaucoup de personnes.
5. Les affiches, boîtes à images, pagivoltes et autres imprimés: ils captent lattention des gens, détendent latmosphère, suscitent des réactions, des débats, on peut les garder au village pour les réutiliser au besoin, etc.