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Politique générale, stratégies et priorités
Organisation
Règles et normes
Bibliographie
La politique générale
concernant les services de santé animale dans les pays en
développement fait partie intégrante de la politique
générale, sociale et économique dans le domaine de
l'agriculture et du développement rural, de la santé publique,
du traitement des aliments et des importations et exportations
d'animaux et de produits dérivés. Afin d'obtenir l'appui
public, économique et politique nécessaire, la politique
générale des services de santé animale devrait tenter
d'apporter une contribution efficace au développement général
du pays en visant à améliorer le niveau de vie de ses
habitants.
Tout d'abord, il serait souhaitable que cette politique contribue concrètement à réduire les pertes de produits alimentaires dues aux maladies et à la mortalité des animaux, à augmenter la productivité, le rendement des troupeaux et de la traction animale, à protéger la santé humaine contre les maladies transmissibles par les animaux et à assurer aux animaux un traitement sans cruauté.
Cette politique générale traduit habituellement les systèmes et les doctrines d'ordre social, économique et politique propres à chaque pays. Elle aboutit à différentes formes d'organisation ou de programmes de santé animale. La gamme varie selon les pays. Dans certains pays, toutes les activités de santé animale incombent au personnel vétérinaire de l'Etat (les services sont totalement ou partiellement gratuits); dans d'autres, les services de santé animale sont privés, exception faite de quelques vétérinaires fonctionnaires d'organismes publics. Toutefois, la plupart des pays en développement se situent aujourd'hui à mi-chemin entre ces deux extrêmes: les programmes de prévention de lutte et d'inspection sont du ressort des services publics, tandis que des vétérinaires privés traitent directement les animaux malades pour les éleveurs.
La stratégie des services de santé animale devrait contribuer de manière efficace à assurer un processus constant d'élevage, de production et de reproduction et d'autres utilisations des animaux domestiques pour les besoins des hommes. Une des tâches les plus importantes des services publics est de protéger le territoire national contre l'introduction de maladies exotiques.
Cette stratégie, dans les pays en développement, reflète la mise en uvre de la politique générale. Elle définit la conception, les priorités et les principaux objectifs des programmes de santé animale. Elle doit également définir les systèmes requis pour réaliser ces objectifs et pour résoudre au mieux les problèmes. Elle doit tenir dûment compte des besoins, de la situation et du stade de développement du pays ainsi que des possibilités économiques et organisationnelles.
La stratégie doit être l'aboutissement réaliste d'analyses et de prévisions concernant la situation de la santé animale et son évolution et les facteurs pouvant influer sur les maladies animales et les programmes de santé animale, tels que les conditions économiques, sanitaires (santé publique), sociales, politiques, écologiques et organisationnelles.
La prise de décisions dans le domaine de la stratégie de la santé animale au niveau national est une lourde responsabilité. D'une part, il s'agit de la protection de la santé de la population humaine et, de l'autre, de la protection et de l'utilisation de toute la population animale et de ses produits dans le pays. La stratégie vise à obtenir les meilleurs résultats avec les ressources disponibles, c'est-à-dire réaliser ses objectifs avec le minimum d'apports.
Il existe plusieurs types de stratégies de santé animale, toutes liées aux problèmes spécifiques de chaque pays. La stratégie devrait englober toutes les activités des services de santé animale et, à titre de complément, apporter des solutions spécifiques à certains problèmes.
Il conviendrait d'accorder la priorité à la stratégie locale qui devrait être liée à la stratégie nationale et à la stratégie à long terme, qui à son tour devrait se refléter dans les programmes à court et à moyen terme.
Les priorités des services de santé animale doivent être définies dans chaque pays, car aucun pays au monde ne peut prétendre résoudre tous les problèmes. La fixation d'un ordre de priorités entre les problèmes est utile pour définir une stratégie et des programmes.
L'identification des priorités facilite également la concentration de ressources limitées sur les problèmes de santé animale les plus importants. L'ordre des priorités devrait être l'aboutissement d'une évaluation conjointe des priorités économiques, sociales, sanitaires et écologiques, corrigée ensuite par des études de faisabilité et en fonction des ressources disponibles. Il faut également prendre en considération la disponibilité d'instruments efficaces permettant d'atteindre des objectifs précis dans les conditions locales, ainsi que les disponibilités de fonds, de personnel et de ressources matérielles.
Il s'est avéré utile de classer d'abord les problèmes par ordre d'importance. Les problèmes pour lesquels il n'a été trouvé, sur le plan pratique, aucune solution, diagnostic, moyen de lutte, de traitement ou d'éradication doivent bénéficier d'une priorité moins élevée ou être laissés en suspens pour plus tard. Il conviendrait d'appliquer la même procédure si les ressources nécessaires ou autres conditions fondamentales font défaut. Le nombre de priorités doit être limité de façon réaliste.
Analyse coûts/avantages
Une analyse coûts/avantages pourrait apporter des informations précieuses pour la définition des priorités. Une simple comparaison des avantages et des coûts pourrait être réalisée au moyen des données disponibles pour donner une idée des priorités nécessaires dans la lutte contre les maladies, mais les résultats ne seraient pas nécessairement fiables. Des méthodes plus complexes, ayant recours à des analyses économiques et sociales complètes qui tiennent compte d'une baisse de la productivité animale due aux maladies secondaires ainsi qu'à certaines maladies infectieuses, exigent des compétences plus avancées. (On trouvera d'autres détails au chapitre 6, au point «Evaluation économique».)
Pour
obtenir un appui financier du gouvernement ou d'organisations
donatrices, il est important que la planification des projets ou
programmes de santé animale repose sur des données et des
informations fiables, complètes et bien présentées dont le
bien-fondé peut être démontré.
Principes
La bonne organisation des services de santé animale est la première condition préalable à l'application réussie des stratégies, programmes et mesures de santé animale. L'organisation doit être adaptée aux objectifs, programmes et activités d'un pays (territoire ou secteur) donné à un stade déterminé de développement. C'est un instrument fondamental pour créer les conditions nécessaires à l'exercice efficace des fonctions des services de santé animale.
L'organisation doit être souple afin de pouvoir s'adapter, si besoin est, aux modifications des situations et conditions concernant les maladies animales. Elle doit créer les conditions nécessaires pour fournir les services de santé animale et appliquer les mesures de lutte contre les maladies dans tout le pays (ou territoire); elle doit également permettre d'intervenir à tout moment.
Les services de santé animale peuvent se fonder sur l'activité des services publics ou des vétérinaires privés. Chaque formule présente des avantages et des inconvénients. Dans la plupart des pays en développement, ces types de services de santé animale existent avec des différences de taille, de structure et de dosage.
L'expérience a montré qu'une organisation centralisée à structure verticale offre de meilleures conditions aux programmes nationaux de prévention, lutte et éradication et pour la protection du cheptel. Elle facilite aussi l'uniformité et la coordination des méthodes de diagnostic et des mesures de lutte contre la maladie en cas de mobilisation face à des situations d'urgence.
Une organisation décentralisée à structure horizontale offre de meilleures conditions de gestion pour identifier et résoudre les problèmes locaux pour assurer le traitement des animaux malades et pour augmenter la productivité animale. Une telle organisation favorise la coopération avec les agriculteurs, l'industrie de la viande, les fournisseurs et les consommateurs.
En pratique, les avantages des deux systèmes sont combinés pour aboutir à une organisation mixte des services de santé animale, plus apte à fournir des services efficaces tant au niveau local qu'au niveau national.
Structure
La structure des services de santé animale correspond habituellement à la structure administrative, politique et financière générale du pays en cause, et varie donc de pays à pays.
L'administration du service central de santé animale, dirigé par le chef des services vétérinaires au niveau national, est responsable des activités techniques exécutées dans le pays par les fonctionnaires. Elle est habituellement chargée de la surveillance technique des entreprises privées ou coopératives dans les domaines de la lutte contre les maladies animales, de la protection de la santé humaine et/ou de la production animale. En outre, elle a habituellement la responsabilité générale des instituts vétérinaires nationaux tels que les laboratoires centraux de diagnostic, les laboratoires de production et de contrôle des vaccins, les instituts nationaux de recherche et de formation, les entrepôts centraux et les établissements locaux.
Au niveau local, les chefs du service vétérinaire régional encadrent les laboratoires régionaux de diagnostic, les cliniques vétérinaires, les entrepôts et les autres établissements d'importance régionale. Il peut exister une structure similaire, à un niveau plus bas, celui du district par exemple.
Le niveau le plus important des services de santé animale est le service de terrain, qui est en contact direct avec les producteurs, les animaux et les produits dérivés. Le travail au niveau du village, de l'exploitation, du troupeau ou de l'animal est décisif pour tout programme de santé animale.
L'administration est généralement facilitée si le personnel est chargé des tâches pour lesquelles il a été formé. Il n'est guère logique de former des vétérinaires pour les charger de la comptabilité, du transport ou des services de secrétariat. Même à un niveau administratif supérieur tel que la planification ou les relations publiques, il est souvent rentable pour le service de santé animale d'engager un personnel spécialisé. En tout état de cause, le travail de ces spécialistes devra s'insérer dans le cadre des services de santé animale et être encadré par le chef des services vétérinaires.
L'expérience
générale a montré que le personnel des services de
vulgarisation de santé animale et de la production devrait de
préférence travailler séparément du personnel de
vulgarisation agricole sur le terrain. Les agents des deux
services ont une origine et une formation différentes, et
combiner les deux fonctions réduirait l'efficacité tous.
La législation
zoosanitaire devrait s'appuyer sur des définitions types et
être structurée selon la jurisprudence nationale. Toutefois,
les nommes et définitions biologiques et techniques devraient
être conformes aux nommes internationales afin de faciliter les
comparaisons et les communications entre les pays.
Il faudrait
observer les recommandations et documents internationaux lors de
l'élaboration des règles nationales dans le domaine de la
santé animale. Les règles nationales doivent compléter les
règles internationales tout en tenant dament compte des
conditions et besoins locaux. Les documents suivants contiennent
des normes internationales pertinentes: Codex Alimentarius,
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture (FAO)/Organisation mondiale de la santé (OMS);
Code international de la santé animale, Office international des
épizooties (OIE) (réglementations recommandées pour le
commerce international des animaux et des produits animaux);
Manuel des méthodes et besoins recommandés en diagnostic pour
les produits biologiques, OIE; Annuaire de la santé animale
FAO/OMS/OIE, qui comprend des définitions de maladies animales.
CIPEA. 1984. Financing
animal health services in some African countries. Pastoral
development network. A. Anteneh. ILCA (Unité de politique
générale sur le bétail), Addis-Abeba.
FAO. 1990. Report of the expert consultation on cost/benefit for animal health programmes in developing countries. FAO, Rome.
PAHO. 1986. Administración de programas de salud animal.