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Plan national d'intervention d'urgence
Préparation d'un plan
Diagnostic d'une maladie prioritaire
Vaccination d'urgence
Formation en vue des situations d'urgence
Bibliographie
L'apparition d'une maladie
animale susceptible d'avoir des effets catastrophiques dans un
pays ou une région, ou même le soupçon de l'existence d'une
telle maladie, constitue une situation d'urgence. Cela vaut pour
toute maladie animale qui présente une menace soudaine et
importante pour la production vivrière ou la santé publique et
contre laquelle le pays dispose de ressources de lutte
insuffisantes. Les caractères épidémiologiques de la maladie
peuvent indiquer si elle vient d'apparaître dans le pays ou s'il
s'agit d'un organisme enzootique dont la virulence s'est accrue.
La lutte contre les maladies transmissibles comporte la
coopération entre pays voisins. Si la communication n'est pas
possible, cela peut suffire à créer une situation d'urgence.
Une aide d'urgence peut également être nécessaire dans le cas
d'inondations et d'autres catastrophes naturelles, ou dans le cas
de contamination par des matières radioactives ou toxiques.
L'organisation d'une grande
campagne de lutte contre une maladie prioritaire à haut risque
est une opération logistique complexe, qui nécessite une
mobilisation de ressources très rapide et efficace et le
regroupement d'un nombre important de cadres et de techniciens
d'horizons très différents pour constituer une équipe bien
soudée. C'est pourquoi il est nécessaire de prévoir et de
planifier très sérieusement pour élaborer un plan national
d'interventions d'urgence contre les maladies animales;
l'expérience a montré que la meilleure formule est celle des
équipes spéciales. Il faut obtenir l'appui des pouvoirs publics
au plus haut niveau afin d'assurer la continuité et la durée
d'une telle organisation.
Chaque pays a une situation de santé animale différente, ainsi que des conditions et des degrés différents de risques épidémiologiques. L'étape préliminaire consistera donc à identifier les maladies qu'un pays donné considérerait comme un grave danger pour sa population animale. Une organisation chargée de promulguer les règlements et de formuler les directives nécessaires pour réaliser ces objectifs devrait être mise en place. Les ressources financières disponibles sur place devraient être établies.
Le plan
devrait tout d'abord identifier les services et organismes
gouvernementaux qui pourraient intervenir lors d'une situation
d'urgence causée par les maladies animales et définir
clairement le rôle qui leur serait attribué. Le ministère de
l'agriculture (ou un organisme équivalent) doit toujours avoir
le rôle principal, et le chef des services vétérinaires doit
avoir la responsabilité générale de l'exécution des campagnes
de lutte d'urgence. Divers autres organismes devraient être
invités à fournir un appui spécialisé en cas de besoin, par
exemple: le cabinet du Premier ministre (coordination politique
de haut niveau); le ministère des finances (coordination
financière); le ministère de la défense (appui logistique,
transport, communications, appui aux opérations de terrain,
etc.); le ministère de l'intérieur (quarantaine et contrôle
des déplacements); le ministère de la santé (lutte contre les
zoonoses); le ministère des travaux publics (fourniture de
matériel pour l'ensevelissement des carcasses, par exemple); le
ministère des communications, le ministère des transports; les
organismes chargés de la protection de la faune et de la flore
sauvages; les services d'urgence de l'Etat; enfin, les
universités.
Lors de la préparation
d'un plan national de lutte d'urgence contre les maladies
animales, les mesures suivantes doivent être recommandées au
gouvernement national concerné et au chef du service
vétérinaire:
Création d'un comité national pour les programmes d'intervention d'urgence contre les maladies animales, composé de hauts fonctionnaires de divers ministères (agriculture, santé, intérieur, défense, éducation, communications, justice, finances, transports).
Révision des lois, réglementations et politiques générales en vigueur afin de créer un cadre légal assurant le fonctionnement efficace du programme national d'interventions d'urgence contre les maladies animales en toutes circonstances.
Création d'un mécanisme chargé d'organiser une équipe spéciale au niveau national en cas de situations d'urgence causées par les maladies animales. Cette équipe spéciale serait placée sous la responsabilité directe d'un vétérinaire principal qui nommerait membres les personnes les plus compétentes disponibles. Une liste des membres, avec adresse complète, numéro de téléphone (y compris après les heures ouvrables), de télex et de télécopie, devrait être établie et facilement utilisable.
Aviser le gouvernement de la nécessité de fournir et de financer un service efficace de santé animale sur le terrain et en laboratoire et, au cas où un tel service n'existerait pas, de la nécessité d'en créer un, qui devrait pouvoir fournir à tout moment le personnel nécessaire pour appliquer les décisions de l'équipe spéciale d'urgence.
Identifier des sources nationales et internationales pour obtenir, d'urgence, les fonds et moyens nécessaires pour que l'équipe d'urgence agisse immédiatement contre les maladies animales. Si les règles d'administration le permettent, le ministère de l'agriculture doit disposer des mécanismes nécessaires pour financer sans délai au moins les mesures les plus urgentes; il est essentiel qu'un personnel hautement compétent soit dès le début à la disposition à plein temps de l'équipe d'urgence et que des indemnités raisonnables soient accordées pour les animaux abattus et les autres pertes subies.
Fournir les adresses (avec numéros de téléphone, pendant et après les heures ouvrables) du chef du service vétérinaire, de son adjoint ainsi que des hauts fonctionnaires compétents, et une liste du personnel vétérinaire responsable (avec adresses professionnelles et personnelles, numéros de téléphone et moyens de contact d'urgence).
Tenir la liste des ressources ou sources d'approvisionnement en matériel nécessaire pour une campagne d'urgence, ainsi qu'une liste des installations existantes à utiliser en cas d'urgence: abattoirs, établissements pour le traitement des viandes, du lait, etc. Ces listes doivent donner les adresses complètes, numéros de téléphone professionnels et personnels et de télex.
Etablir communications efficaces avec les exploitants, les associations d'éleveurs et les industries de l'élevage, y compris les réseaux de transport et de commercialisation, de façon à obtenir leur appui et leur participation active aux programmes d'urgence.
Passer des accords avec les organismes et les services publics compétents pour assurer la mobilisation rapide de tout le personnel indispensable, y compris les forces armées et la police, dans le cas d'une situation d'urgence causée par les maladies animales.
Tenir la liste (avec adresses, numéros de téléphone professionnels et personnels, numéros de télex et de télécopie) des organismes et institutions disposant d'installations spéciales, de ressources ou de personnel spécialisé, afin d'obtenir leur appui pour réaliser les objectifs du programme d'urgence.
Etablir et mettre régulièrement à jour une liste des maladies animales prioritaires exigeant une action d'urgence si elles étaient introduites dans le pays. Publier des informations sur l'évolution de ces maladies et les mesures de lutte spécifiques.
Préparer et mettre à jour périodiquement des plans d'action pour chacune des maladies prioritaires afin que les mesures nécessaires puissent être prises sans délai en cas de situation d'urgence nationale concernant une des maladies de la liste.
Préparer les mesures à adopter dans l'attente de la confirmation par un laboratoire de l'existence d'un foyer de maladie soupçonné. Il s'agirait de mesures initiales visant à empêcher la propagation de l'infection, telles que la mise en quarantaine de fermes et d'animaux suspects et la préparation de l'application du plan national de lutte d'urgence contre les maladies animales.
Préparer un manuel comportant une description précise des méthodes de lutte d'urgence une fois que la présence de la maladie a été confirmée. Des maladies différentes exigent des stratégies différentes de lutte et d'éradication, chacune ayant ses problèmes spécifiques. Un exposé stratégique doit donner une description complète des problèmes posés par la lutte contre une maladie spécifique, les différentes stratégies possibles et indiquer en détail les méthodes adaptées à chaque situation.
Il devrait fournir les informations nécessaires pour comprendre la nature de la maladie et sa transmission, et établir les principes de lutte et d'éradication. Il devrait également décrire les diverses stratégies de lutte possibles et les critères de sélection d'une stratégie.
Préparer les méthodes de surveillance à suivre afin de définir la répartition géographique de la maladie, d'évaluer l'efficacité des campagnes de lutte et de prouver que le pays est de nouveau exempt de la maladie.
Préparer les mécanismes de collecte, transmission et analyse des données épidémiologiques.
Préparer des codes de pratique pour les entreprises à risque élevé telles que la production de produits biologiques, les abattoirs, les centres d'insémination artificielle, les laiteries, les marchés aux bestiaux, etc.
Tenir à jour les données de base sur le cheptel et la faune sauvage.
Dresser des cartes comportant les renseignements nécessaires et donnant la répartition et propriété du cheptel. En cas de besoin, elles doivent indiquer les itinéraires habituels de déplacement du cheptel, les points d'eau et les parcs à bestiaux.
Le plan
national devrait servir de cadre au niveau provincial et
régional et être bien coordonné à l'horizontale et à la
verticale. Tout le personnel concerné doit être bien informé
de son rôle en cas d'urgence. (Se reporter également à
l'annexe 5.)
Installations nationales
de diagnostic
Comme il est très important qu'un laboratoire confirme rapidement et exactement la présence d'une maladie nécessitant une intervention d'urgence, l'organisation à l'avance des diagnostics en laboratoire et l'amélioration des capacités de diagnostic des laboratoires nationaux doivent retenir toute l'attention. Il faudrait notamment étudier l'importance relative à accorder au recours aux laboratoires nationaux et aux laboratoires internationaux de référence.
On peut aussi envisager de constituer des équipes spécialisées de diagnostic pour les maladies nécessitant des interventions d'urgence. Il serait utile aux spécialistes d'avoir eu une expérience ou une formation directes en ce qui concerne les principales maladies nécessitant des interventions d'urgence. Des spécialistes devraient être prêts à abandonner leurs fonctions habituelles pour se déplacer jusqu'au foyer de maladie signalé et aider sur place le personnel local.
Laboratoires Internationaux spécialisés de référence
Ces laboratoires travaillent au niveau régional ou mondial et sont chargés d'aider les pays membres, sur demande et dans des conditions convenues, à identifier et classer les agents étiologiques suspects qui ont été isolés. Nombre d'entre eux fournissent d'autres services, notamment la conservation et la distribution, sur demande, de réactifs actifs et de référence, de services de consultation et de formation de cadres et de techniciens (se reporter à l'annexe 3).
Les laboratoires nationaux devraient établir des liaisons avec les laboratoires de référence régionaux ou mondiaux appropriés en ce qui concerne différentes maladies nécessitant des interventions d'urgence avant qu'une situation d'urgence ne soit soupçonnée.
Ils devraient faire préciser à l'avance par les laboratoires de référence:
Si des organismes isolés seront seuls acceptés aux fins d'identification définitive ou si des spécimens de diagnostic primaire (tissus et sang) seront également acceptés.
Quels sont les spécimens nécessaires et si l'on peut y ajouter des agents de conservation.
Quels sont les récipients nécessaires pour les spécimens et comment les - étiqueter.
Quels sont les emballages et les produits réfrigérants nécessaires.
Quelles informations doivent accompagner les spécimens.
Comment les spécimens doivent être adressés et quelles autres informations doivent figurer sur les étiquettes.
S'il est nécessaire d'obtenir un permis d'importation et de quarantaine avant l'expédition pour faciliter le passage en douane. S'il faut utiliser des courriers pour assurer la sécurité biologique.
Les numéros de téléphone, télex et télécopie et l'adresse télégraphique des laboratoires de référence.
Rôle des laboratoires nationaux et Internationaux
Il faut se
rendre compte des limites des services que peut offrir un
laboratoire de référence international. Ce laboratoire devrait
confirmer le diagnostic, classer l'organisme de façon à
déterminer le vaccin et fournir toute autre assistance
appropriée. Toutefois, une fois que le diagnostic a été posé,
on ne saurait demander au laboratoire de référence de réaliser
les nombreux tests nécessaires pour surveiller la propagation de
la maladie et le déroulement des campagnes de lutte, ni de
démontrer ensuite que le pays est de nouveau exempt de la
maladie. Ces travaux sont du ressort des pays.
Approvisionnement en
vaccins
Dans de nombreux cas, l'organisation rapide d'une campagne régionale ou nationale complète de vaccination est un élément essentiel de la lutte ou de l'éradication en cas de poussée de maladie prioritaire. Généralement, les réserves de vaccin approprié du pays ne sont pas suffisantes et il faut importer. Dans ce cas, les pays devraient, au moins pour les maladies les plus dangereuses, disposer d'informations qui leur permettent de se procurer le vaccin et de préparer un plan de campagne de vaccination. Les données nécessaires sont les suivantes:
Information scientifique sur les vaccins et leur utilisation.
Noms et adresses, numéros de téléphone, télex et télécopie des fabricants de vaccins.
Informations générales sur les disponibilités, les normes de contrôle de qualité et les résultats pratiques des vaccins des fournisseurs éventuels.
Données épidémiologiques sur le cheptel réceptif dans chaque région, y compris les précédents de vaccination.
Banques internationales de vaccins
Dans de
nombreux cas, il est excessivement coûteux pour un pays en
développement de conserver lui-même des stocks de vaccins,
surtout dans le cas de vaccins comportant de multiples types et
sous-types antigéniques. Il serait moins coûteux que plusieurs
pays ayant les mêmes besoins mettent leurs ressources en commun
pour constituer une banque internationale de vaccins.
Services de santé
animale
Tous les agents des services de santé animale doivent connaître parfaitement leurs rôles respectifs en cas de situation d'urgence.
Une formation spéciale est nécessaire pour les interventions d'urgence en cas de maladie animale, et le manuel préparé pour le plan national de lutte d'urgence contre les maladies animales doit en être la base.
Le niveau et l'ampleur de la formation varient selon les rôles prévus pour les différentes sections du personnel. Les vétérinaires doivent bien connaître les maladies exotiques considérées comme les plus dangereuses. En particulier, ils doivent être parfaitement au courant des symptômes cliniques, de l'épidémiologie, des procédures de diagnostic et des mesures de lutte contre ces maladies, sur le terrain comme au laboratoire. Le personnel auxiliaire doit être initié aux méthodes de vaccination contre les diverses maladies et apprendre à participer aux prélèvements d'échantillons pour le diagnostic, à l'élimination des animaux, au nettoyage et à la désinfection. On doit, si nécessaire, faire appel à l'aide des organisations internationales, des centres de laboratoires associés et des écoles vétérinaires.
Ecoles vétérinaires
Les enseignants des écoles vétérinaires doivent connaître le plan national d'intervention d'urgence et la situation des maladies prioritaires, au niveau national et international. Ces questions doivent être inscrites au programme au niveau de l'école et des études postuniversitaires. Les écoles vétérinaires et les services de santé animale doivent entretenir des rapports étroits et réguliers à cette fin.
Simulations
Les simulations ont autant d'importance que le plan national pour assurer la rapidité des interventions d'urgence. Elles sont également très utiles pour modifier le plan national d'intervention ou le mettre à jour sur la base de l'expérience pratique.
But
Former des «groupes d'action» (équipes spéciales) et les habituer au travail en équipe.
Déceler les compétences du personnel pour les interventions d'urgence et sélectionner les responsables des groupes d'action.
Identifier les problèmes que pose la mise en application du plan national.
Faire des essais de communication entre les différents groupes.
Objectifs et types d'exercice. Il est important de fixer, dès le début, les objectifs des exercices afin de les organiser en conséquence. Un responsable expérimenté doit être chargé d'établir le plan et d'informer le personnel de son rôle. Les exercices peuvent prendre les formes suivantes: simples exercices sur dossier, exercices théoriques plus complexes, simulations sur le terrain.
Toutes ces activités sont complémentaires. Tout le personnel doit y participer simultanément à certains moments afin de mettre à l'épreuve l'efficacité du système dans son ensemble et d'assurer une formation continue.
Les exercices sur dossier peuvent permettre à de petits groupes d'élaborer des procédures administratives à l'appui des opérations de terrain, c'est-à-dire la fourniture des données et des cartes nécessaires, les systèmes d'enregistrement et de diffusion d'informations sur les déplacements des animaux, les contacts, etc.
Les exercices administratifs au niveau du siège, de la province et du terrain sont nécessaires pour mettre toutes les procédures administratives en application, coordonner les activités et mettre à l'épreuve le réseau de communication entre le service de santé animale et les organisations extérieures concernées en cas de situation d'urgence.
De plus en plus, les plans nationaux d'intervention d'urgence prévoient l'utilisation de systèmes informatisés modernes, et des programmes de formation de base ont également été étudiés pour répondre aux besoins de plans nationaux spécifiques. Il faut mettre au point les systèmes informatisés avec le plus grand soin car une rupture de liaison entre les systèmes d'introduction et de recherche des données pourrait susciter de sérieux problèmes dans une situation d'urgence.
Les exercices de simulation de terrain jouent un rôle très important pour la mise à l'essai du plan national dans des conditions pratiques et pour la formation du personnel. Ils devraient être conçus de façon à simuler avec tout le réalisme possible un foyer de maladie. Il faut veiller à ce que l'épidémiologie hypothétique du foyer soit semblable à l'épidémiologie de la maladie en question et que la description de la population, des lieux et des déplacements à l'intérieur et à l'extérieur des exploitations soit aussi réaliste que possible.
A la fin de la simulation, une évaluation complète doit avoir lieu, et le responsable et tous les participants doivent formuler des observations. Un rapport doit être adressé aux fonctionnaires supérieurs des services de santé animale qui, si nécessaire, réviseront le plan national.
Une évaluation de la performance du personnel participant à l'exercice sera utile pour la sélection des agents affectés aux sections ou aux équipes spéciales.
Les simulations devraient avoir lieu périodiquement et faire partie du programme de formation continue du personnel. Si une menace de nouvelle maladie exotique est identifiée, un exercice spécial doit être organisé.
Manuel d'opérations d'urgence
L'annexe 5
indique brièvement les documents à inclure dans un manuel dans
le cadre du plan national d'interventions d'urgence.
FAO. 1980. Report
of the expert consultation on emergency disease control. FAO,
Rome.
FAO. 1984. Maladies prioritaires du bétail; les maladies et leur diagnostic (vol. I) et Plan d'intervention d'urgence contre les maladies prioritaires et conditions préalables (vol. II).
OMS/ISS. 1988. Veterinary public health in disaster situations. Rapport de santé publique vétérinaire ISS/OMS/CC/88.2. Centre de collaboration OMS/FAO pour la recherche et la formation dans la santé publique vétérinaire, Istituto Superiore di Sanità, Rome.