J.-L. Blanchez et Y.C. Dubé
Jean-Luis Blanchez est fonctionnaire forestier (investissement) et Yves C. Dubé est fonctionnaire forestier (planification) auprès de la Sous-Division de la planification et des statistiques forestières du Département des forêts de la FAO.
Le présent article a été rédigé sur la base de deux enquêtes menées par la FAO (FAO, 1995 et 1996) et des comptes rendus de deux réunions tenues en Afrique du Sud sur le thème du financement du secteur forestier. Cet article présente les niveaux, les domaines et sources de financement intervenant dans le secteur forestier et se termine par une synthèse des propositions qui ont été faites pour augmenter ce financement en Afrique.
Le financement du développement forestier est un élément majeur dans la mise en application des «Principes forestiers» et des décisions prises lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED) de Rio de Janeiro. Le manque de fonds est souvent cité comme étant une des causes principales non seulement de la dégradation de la forêt mais aussi de la mauvaise performance générale du secteur forestier. Cependant, bien peu a été fait pour mobiliser les ressources financières suffisantes et pour contourner les obstacles auxquels se heurte le développement durable des forêts à l'échelle du continent.
Dans le cadre de la dixième session de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique, la FAO a effectué une enquête (FAO, 1996) sur l'ensemble des pays africains portant sur le financement du développement du secteur forestier. Cette enquête tentait d'établir, pour la période 1990-1994 (voir tableau), l'origine et l'importance des financements tant internes qu'étrangers, privés ou publics et de définir les principales perspectives et contraintes à l'investissement dans le secteur forestier. Les résultats de cette enquête sont incomplets du fait que seuls 29 pays ont répondu aux questionnaires, et que les informations recueillies ont été fournies principalement par l'administration forestière. Ainsi, les réponses aux questionnaires risquent d'avoir ignoré des financements privés qui ne dépendent pas administrativement parlant des organismes qui ont fourni les informations. Cependant, la compilation des réponses fournit des indications suffisamment claires pour identifier les tendances actuelles.
Sources et types de financement pour le développement du secteur forestier
Types de financement |
Internes |
Etrangers |
Publics |
Administration publique/institutions/ sociétés d'Etat/taxes/subventions/ ventes |
Aide publique au développement (APD) multilatérales- prêts ou dons d'institutions et bilatérales |
Privés |
Individus/coopératives/ONG/petites et grandes entreprises |
Investissements directs ou par portefeuille par les sociétés financières internationales |
Niveaux et sources de financement
Environ 70 pour cent des pays ayant répondu aux questionnaires ont signalé un accroissement des financements globaux dans le secteur forestier entre 1990 et 1994. Les augmentations les plus importantes ont été constatées au Nigéria (+75 pour cent), au Kenya (+60 pour cent), à Madagascar (+40 pour cent), au Niger (+40 pour cent), en Ethiopie (+30 pour cent) et en Namibie (+30 pour cent). Cette hausse est due principalement à la progression du financement venant de l'aide publique au développement (APD). En effet, les pays africains ont souvent recours à une aide extérieure pour compléter leur financement interne. Cependant, l'accès à ce type de financement varie selon les pays. La distribution des fonds de l'APD tend à être concentrée sur quelques pays seulement, beaucoup d'autres ne recevant que peu ou pas du tout d'aide. Cette répartition inégale pourrait refléter la capacité acquise par certains pays de préparer des projets attrayants pour les banques de développement ainsi que l'existence de relations bilatérales privilégiées avec certains bailleurs de fonds.
Pour plus de 60 pour cent des pays ayant répondu aux questionnaires, durant la période 1990-1994, la part la plus importante du financement destiné au secteur forestier provient de sources étrangères. Le Congo, l'Egypte, l'Ethiopie, le Kenya, le Maroc, la Namibie et le Togo sont des exemples des rares pays ayant déclaré un financement intérieur supérieur à celui provenant de sources extérieures. Dans la majorité des cas, le financement interne provient surtout de sources publiques. Seuls le Congo et l'Egypte indiquent des financements privés plus élevés que les financements publics. A l'exception de deux pays (Congo et Côte d'Ivoire) qui indiquent des sources privées, le financement étranger provient également de sources publiques.
Domaines de financement
Cinquante-sept pour cent des pays indiquent que le domaine prioritaire de financement actuel est la conservation des forêts et de la faune, ce qui inclut également la foresterie de protection et la lutte contre la désertification. Le développement industriel, y compris l'aménagement des forêts de production et les plantations industrielles, est placé au deuxième rang.
Pour 10 pour cent des pays, les principaux domaines du financement sont la foresterie communautaire (Mali, Niger et Togo) ou les industries et le commerce forestier (Congo et Zaïre).
Pour 1993, 52 pour cent des pays déclarent qu'en moyenne, moins de 10 pour cent des dépenses forestières totales annuelles ont été consacrées au renforcement institutionnel. Par contre, le Mozambique déclare y consacrer 40 pour cent de l'ensemble des financements du secteur, le Mali 30 pour cent et le Burundi 26 pour cent.
Possibilités et contraintes principales de l'investissement forestier
Cette enquête demandait aux pays d'identifier les principales possibilités d'investissement dans le secteur forestier ainsi que les principales contraintes liées aussi bien aux investissements nationaux qu'étrangers.
Le domaine général des industries forestières, du commerce et de l'utilisation des produits forestiers est cité en priorité par plus de 68 pour cent des pays comme possibilité intéressante d'investissement. Ensuite, viennent les domaines de la conservation des forêts, la protection de la faune et l'aménagement de plantations forestières.
La sylviculture sur les terres marginales, la lutte contre la désertification, la fixation des dunes et les produits forestiers non ligneux ne sont mentionnés que par une minorité de pays, en tant que possibilités d'investissement.
En ce qui concerne la faible augmentation de l'investissement dans le secteur forestier de la région, plus de 80 pour cent des pays ont mentionné le manque de capitaux dû à une base économique trop faible. Ont été également soulignées les contraintes suivantes: incompétence au niveau de l'élaboration des projets et de l'établissement des priorités d'investissement: des politiques gouvernementales et des limitations institutionnelles: manque de coordination entre les donateurs: et problèmes liés à l'application des directives des organismes financiers. Quelques pays ont en outre mentionné l'absence de politiques incitatives appropriées en faveur des investisseurs étrangers, la médiocrité des infrastructures, l'étendue limitée des marchés intérieurs et la dévaluation de la monnaie.
La part du secteur privé
Les résultats de l'enquête n'ont pas fourni d'indications suffisamment fiables permettant d'estimer le niveau de participation du secteur privé au développement forestier en Afrique. Cette participation est certainement significative, car les petits investisseurs-particuliers ruraux ou urbains, entreprises locales, organisations non gouvernementales (ONG) et coopératives - contribuent considérablement, mais d'une manière discrète, à la mobilisation de ressources financières internes, et ils représentent un potentiel non négligeable pour le financement du développement forestier. Récemment, de grandes sociétés forestières ont montré un réel intérêt dans la création et la gestion de la ressource plantations d'eucalyptus au Congo et aménagements durables de forêts naturelles au Gabon et au Cameroun. Cependant, il est difficile d'obtenir des informations précises quant au volume d'intervention du secteur privé.
Nombreux sont les organismes de développement et les dispositifs de financement qui appuient la foresterie en Afrique. Il s'agit d'institutions multilatérales et bilatérales, d'ONG et d'institutions publiques ou privées. Depuis 1987, et tous les deux ans, la FAO mène une enquête sur la situation et l'évolution de la coopération internationale dans le secteur forestier. Ce même type d'enquête, mené en 1993 (FAO, 1995), a révélé que 80 pour cent de l'APD proviennent des six pays suivants: Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Japon et Royaume-Uni.
L'aide bilatérale demeure la principale source (70 pour cent) de financement extérieur du secteur forestier en Afrique, le reste provenant de l'assistance multilatérale. Des fonds sous forme de prêts, de crédits ou de dons sont mis à la disposition des gouvernements pour réaliser des projets, petits ou grands, et pour affronter des situations d'urgence. Il importe cependant que les projets proposés par les gouvernements bénéficiaires occupent une place prioritaire au sein de leurs politiques et stratégies nationales de développement. Ces mêmes projets ou programmes doivent également être conformes aux priorités de l'organisme de financement (FAO, 1996).
Les banques de développement
Les banques de développement jouent un rôle important dans la définition des politiques d'investissement dans le secteur forestier. En effet, les politiques définies par les banques influencent la prise de décisions des autres institutions multilatérales et bilatérales. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAfD) sont les principales banques qui octroient des prêts au secteur public pour des projets de développement forestier en Afrique. Ces prêts s'étendent généralement sur une période allant de 15 à 20 ans avec un différé d'amortissement de trois à cinq ans et un taux d'intérêt variable - actuellement d'environ 7 pour cent. Les pays les plus pauvres peuvent obtenir des crédits à des conditions particulièrement favorables-durée de 50 ans, avec un différé d'amortissement de 10 ans et un taux d'intérêt de 0,75 pour cent sur les sommes non dépensées. Chaque banque possède un guichet spécial réservé à l'assistance et aux prêts en faveur du secteur privé.
La Banque mondiale a défini sa politique forestière en 1991, et elle a adopté une approche qui consiste en une sorte de programme s'appuyant sur trois principes: les réformes politiques et institutionnelles: la gestion optimale des sols; et l'aménagement durable des forêts. La Banque mondiale ne financera pas d'opérations d'exploitation à caractère commercial dans les forêts tropicales humides primaires. Jusqu'en 1994, la Banque mondiale a prêté 583,9 millions de dollars des Etats-Unis à 21 pays africains pour financer 24 projets forestiers (Banque mondiale, 1994).
Depuis 1994, la BAfD élabore sa propre politique forestière. Son objectif est de s'attaquer aux problèmes de mauvaise gestion des ressources naturelles et de comprendre les causes du déboisement et de la dégradation de l'environnement en Afrique. Jusqu'en 1993, la BAfD a financé 14 projets d'aménagement des forêts et des ressources naturelles dans 13 pays africains pour un total de 336,6 millions de dollars. Pour la période allant de 1995 à 1997, la BAfD a affecté au secteur des forêts 245 millions de dollars. L'investissement de la BAfD passerait donc de 20,5 millions de dollars par an à 82 millions de dollars pour le financement de projets de conservation et de foresterie sociale avec une forte participation des communautés (BAfD, 1995).
Les fonds internationaux
Des fonds internationaux tels que le Fonds international de développement agricole (FIDA) octroient également des prêts et des crédits de type concessionnel. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'Union européenne (UE), par le biais du Fonds européen de développement (FED), accordent des financements non remboursables pour des projets de développement forestier ou de renforcement institutionnel. Les institutions techniques spécialisées des Nations Unies, notamment la FAO, disposent de fonds propres limités et utilisent des fonds fiduciaires mis à leur disposition par des pays et organismes donateurs.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) contribue dans une large mesure aux investissements dans le secteur forestier surtout dans les zones à déficit vivrier. Il appuie des activités forestières en échangeant des vivres contre du travail. Une partie de son aide peut être monétisée. Des dispositifs de financement, comme le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) géré en collaboration par le PNUD, la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), ont été mis en place récemment pour aider les pays à résoudre les problèmes régionaux relatifs à l'environnement.
Les financements bilatéraux
Les financements bilatéraux se font essentiellement par un accord direct entre le pays donateur et le pays bénéficiaire, ou par l'intermédiaire d'une institution technique comme la FAO ou des organismes privés comme les ONG. Les procédures et conditions relatives à l'assistance bilatérale peuvent être modifiées rapidement car elles dépendent d'accords de coopération négociés chaque année. Généralement, tous les pays donateurs considèrent la protection de l'environnement comme domaine prioritaire de leur assistance et ils participent volontiers au financement de programmes de développement forestier.
Les investissements privés étrangers
Les investissements privés étrangers se font soit directement par la création d'entreprises, soit au travers de prises de participations financières pour la transformation et la commercialisation des produits forestiers. Le secteur privé international représente pour les pays africains un potentiel considérable de transfert de technologie et d'apport de devises. L'Afrique bénéficie encore des financements traditionnels des compagnies forestières étrangères établies depuis longtemps sur son sol. Par ailleurs, les perspectives d'une pénurie mondiale en fibre de cellulose ouvrent un nouvel intérêt pour la ressource forestière africaine. De nouveaux investisseurs (venant d'Asie, par exemple) ont fait leur apparition. Ils restent cependant très discrets et prudents quant au volume et à la stratégie de leurs investissements, et les informations à ce sujet sont donc rares.
En Afrique, le niveau du financement tant intérieur qu'extérieur destiné au secteur forestier est certainement insuffisant. Cette insuffisance ne peut être attribuée uniquement à un manque de ressources financières. La faible priorité accordée au secteur des forêts dans les plans nationaux de développement de la plupart des pays africains n'incite pas les organismes financiers multilatéraux, les institutions et pays donateurs à accorder davantage de ressources au développement de ce secteur.
Dans nombre de pays africains, les gouvernements doivent répondre à de multiples besoins dont certains ont un caractère d'urgence. Ils se soucient davantage de répondre à court terme aux besoins alimentaires de leur population plutôt que de gérer d'une manière durable les ressources naturelles. La crise alimentaire est sérieuse du fait de la croissance démographique et des techniques et politiques agricoles souvent inadéquates. De plus, la situation d'endettement de plusieurs pays ne les encourage pas à faire des emprunts pour des programmes forestiers dont les rendements sont financièrement peu attrayants et les bénéfices récupérables uniquement à long terme.
De toutes les régions en développement, l'Afrique est celle qui a la plus faible capacité institutionnelle pour mettre en place avec succès des programmes de développement durable des forêts. La mise en uvre des programmes d'ajustement structurel ainsi que les réformes rapides du secteur public ont souvent tendance à affaiblir encore plus les institutions existantes. Les politiques d'aménagement du territoire sont souvent mal conçues et mal appliquées. A elles seules, les administrations forestières ne peuvent faire face à l'ensemble de leurs responsabilités.
Des contradictions importantes existent entre les orientations de développement décidées par les pays et les politiques d'assistance proposées par les organismes de financement. Ainsi, les pays voient le développement industriel et commercial comme domaine prioritaire d'investissement, alors que les organismes de financement donnent la priorité à la conservation et à la protection des forêts. Les pays bénéficiaires attribuent les problèmes affectant le secteur forestier au manque de fonds, tandis que l'aide extérieure est axée essentiellement sur la nécessité des réformes institutionnelles et politiques. L'absence de dialogue entre les pays africains et les organismes donateurs sur les priorités de développement définies par les gouvernements africains réduit l'efficacité de la coopération qui est souvent limitée par des conditions imposées par les organismes extérieurs. Enfin, la faible coordination entre les organismes donateurs eux-mêmes entraîne une répartition inégale des ressources financières déjà rares, ressources qui ne sont point utilisées pour des activités importantes telles que la formation ou la vulgarisation.
Les propositions présentées ci-après découlent directement des principales conclusions et recommandations formulées par l'ensemble des représentants des pays africains (voir encadré) lors du séminaire sur le financement du développement forestier organisé durant la dixième session de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique (novembre 1995, Sanbonani, Afrique du Sud).
Au niveau des pays
Mieux convaincre que le développement durable des forêts et des ressources naturelles contribue efficacement au développement économique national. Dans le long terme, le développement du secteur forestier dépendra de la capacité des pays africains à mobiliser les ressources nécessaires. La question du financement est donc avant tout un problème que l'Afrique doit résoudre elle-même sur place. Les gouvernements doivent créer les conditions permettant d'attirer davantage de fonds vers le secteur forestier tout en renforçant leur engagement politique et leur intérêt à l'égard de la foresterie. A cette fin, les forestiers devront montrer que la foresterie contribue au développement économique des pays et s'efforcer de mieux «vendre» leur secteur aux hommes politiques pour mieux l'intégrer dans les plans nationaux de développement.
Le Ministère des ressources naturelles du Sénégal a su convaincre son gouvernement et a obtenu de ce fait de nombreux appuis extérieurs pour le développement du secteur. Les programmes de développement forestiers régionaux constitueront un pas dans la bonne direction. En outre, le projet Forêt et sécurité alimentaire, fruit d'une collaboration entre le Mali, le Burkina Faso et le Cap-Vert (FAO/Italie), le Centre de formation pour les industries forestières des pays de l'Afrique australe (Communauté du développement de l'Afrique australe [SADC]), installé au Zimbabwe (FAO/Italie), ou le Programme de conservation et d'utilisation des écosystèmes forestiers (financé par l'Union européenne) couvrant cinq pays d'Afrique centrale pourraient eux aussi fournir une collaboration en ce sens.
Une base politique et stratégique de développement forestier est un préalable indispensable à l'investissement. Compte tenu de la disponibilité des financements intérieurs et de l'éventuelle disponibilité de sources de financements extérieurs, les politiques et les stratégies de développement, en particulier les plans d'action existants, doivent être mis à jour et rendus plus réalistes. Un choix plus sélectif des priorités permettrait de réduire la dispersion des projets. De nombreux pays ont à présent un programme forestier national (13 sont en cours d'exécution) ou des plans d'action environnementaux. La stabilité économique, l'existence de plans d'utilisation des terres et la définition claire des droits des populations à la terre et aux arbres contribuent à la création d'un environnement favorable à l'investissement. Par exemple, la Côte d'Ivoire a pu mobiliser, entre 1990 et 1995, un montant de plus de 100 millions de dollars pour financer un programme sectoriel forestier visant à renforcer la gestion du domaine forestier avec la participation des populations rurales et du secteur privé.
Augmenter les financements intérieurs et extérieurs et assurer une bonne coordination entre les programmes de développement. Il est avant tout important de mieux utiliser ce dont on dispose; les ressources forestières doivent contribuer au financement de la foresterie. Il faudrait envisager la création de fonds forestiers autonomes (notamment au Mali et au Kenya) et de nouveaux mécanismes d'encaissement de recettes (par exemple des taxes de déforestation) ou d'utilisation des fonds publics. Pour attirer des financements complémentaires extérieurs, les gouvernements devraient affecter une plus grande part de leurs propres ressources au secteur forestier. La cohérence avec les plans macroéconomiques de développement assurera une bonne coordination des efforts dans les différents pays.
Financement du développement forestier en Afrique Conclusions et recommandations d'un séminaire tenu conjointement avec la dixième session de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique à Sanbonani (Afrique du Sud), du 27 novembre au 1er décembre 1995. Les principales conclusions et recommandations du séminaire sur le financement forestier en Afrique ont été transmises à la Commission. Tout en reconnaissant l'importance des sources étrangères, publiques et privées, la Commission a souligné le fait que la question du financement est, avant tout, un problème que l'Afrique doit résoudre ellemême. Elle a généralement estimé que les gouvernements devraient créer les conditions nécessaires pour attirer davantage de fonds vers le secteur forestier, d'où les suggestions et recommandations spécifiques suivantes: Recommandations pour les gouvernements africains:· Renforcer leur engagement politique et leur intérêt à l'égard de la foresterie et, à cette fin, mieux «vendre» la foresterie aux hommes politiques. · Examiner leurs politiques et stratégies, notamment les plans d'action existants, afin de les mettre à jour et de les rendre plus réalistes, en tenant compte de la disponibilité des financements intérieurs et de ce qu'il est raisonnable d'attendre des sources extérieures. (Les gouvernements africains ont été également invités à effectuer un choix plus sélectif de leurs priorités.) · Améliorer la génération de ressources pour leur propre contribution au financement de la foresterie, grâce entre autres à une meilleure commercialisation des produits des plantations et, le cas échéant, à la privatisation ainsi qu'à un encaissement plus efficace des recettes. (Des suggestions concernant la création de fonds forestiers autonomes ont également été faites.) · Assurer activement la promotion de leurs plans d'action, projets et programmes et saisir toutes les occasions possibles pour attirer l'attention du secteur privé et des bailleurs de fonds extérieurs. Pour obtenir financement complémentaire, les gouvernements devraient prouver leur engagement en commençant par affecter leurs propres ressources publiques au secteur forestier. · Montrer aux bailleurs de fonds qu'ils agissent sérieusement, en améliorant la gestion du secteur forestier, notamment en justifiant l'emploi des fonds. Recommandations pour les bailleurs de fonds et les organismes multilatéraux de financement· Envisager de convertir ou d'annuler la lourde charge de la dette de l'Afrique de manière à libérer des ressources pour l'aménagement durable des forêts. · Faire preuve de souplesse dans l'application des programmes d'ajustement structurel afin de garantir que des institutions forestières publiques déjà fragiles ne deviennent encore plus faibles à cause des réformes des institutions du secteur public. · Réaliser leur souhait, fréquemment exprimé, de mieux coordonner leurs programmes et projets. · Faire preuve d'une plus grande souplesse dans l'application de leurs propres priorités de manière à prendre également en compte les priorités des pays bénéficiaires demandant leur aide. Recommandations pour la FAOBien que la responsabilité de la mobilisation des fonds venant de toutes les sources possibles incombe principalement aux gouvernements, la Commission a recommandé que la FAO, le cas échéant en partenariat avec d'autres organisations internationales: · Aide les pays à renforcer capacités en ce qui conrne la mobilisation des fonds et la création de conditions rendant la foresterie plus attrayante dans une optique de financement. · Informe les pays membres sur les priorités en matière de foresterie, les politiques et les dispositifs des bailleurs de fonds et des organismes multilatéraux de financement, en publiant notamment des informations sur ce sujet. · Mette à profit sa décentralisation pour mieux aider les pays africains à mobiliser des fonds, de préférence en coopération avec des institutions régionales comme la Banque africaine de développement (BAfD). · S'efforce d'influence les décisions des responsables internationaux de la communauté des donateurs en faveur de la foresterie en Afrique. |
S'assurer la participation du secteur privé aux activités industrielles et commerciales ainsi qu'à la gestion des forêts. Les petits investisseurs sont particulièrement sensibles aux questions concernant la tenure des terres, aux règlements portant sur les conditions d'utilisation de la production des arbres et de la forêt, à la disponibilité des crédits, à la vulgarisation forestière et aux subsides. Les gros investisseurs, eux, sont attirés par la stabilité politique et économique. De bonnes réformes des politiques et l'adoption de mesures d'incitation avantageuses seront nécessaires pour attirer les investisseurs privés vers la gestion et le développement des ressources forestières. Les grandes plantations de pins ou d'eucalyptus que l'on trouve en Afrique du Sud, au Congo, au Maroc, au Zimbabwe et, bientôt, au Mozambique, en sont la preuve. Au Cameroun, au Gabon et en République centrafricaine, des sociétés forestières industrielles participent activement à l'aménagement durable des forêts qui leur sont attribuées, souvent en collaboration étroite avec des centres internationaux de recherche forestière tels que le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD-Forêts. Montpellier, France) ou l'Université agricole de Wageningen (Pays-Bas).
Nécessité de renforcer les capacités institutionnelles et développement des ressources humaines. Le développement du secteur forestier devra se faire avec le concours de nombreuses institutions (organismes publics, entreprises privées, organisations représentant les communautés locales et instituts de recherche et de vulgarisation). Le renforcement institutionnel est une priorité, et il faudra tout mettre en uvre pour susciter l'intérêt du secteur privé et des bailleurs de fonds vis-à-vis de cette activité à laquelle nombre de projets participent déjà. En Zambie et au Mozambique, cela se fait déjà dans le cadre d'exercices de planification forestière, et en Tunisie, par le biais de projets de développement forestier. La nécessité rigueur et d'éthique professionnelles dans la gestion des affaires forestières est capitale pour gagner la confiance des investisseurs et attirer de nouvelles compétences professionnelles qui manquent au secteur forestier.
De la part des bailleurs de fonds et des organismes multilatéraux de financement
Les organismes de financement doivent s'efforcer de mieux harmoniser leur programme d'investissement et de collaborer entre eux. Une revue sectorielle conjointe permettrait d'harmoniser les programmes respectifs des organismes de financement, d'assurer une plus grande couverture des domaines prioritaires d'investissements nationaux, d'échanger des informations et de planifier des actions concertées visant à maximiser leur impact aux niveaux rural, national et sous-régional. Un effort pourrait aussi être fait pour accroître le nombre de pays bénéficiaires, en particulier les plus pauvres.
Les organismes de financement doivent favoriser les investissements du secteur privé. Il faudrait concevoir des programmes spécifiques dont le but serait d'informer le secteur privé sur les opportunités d'investissement et de prévoir des mesures d'appui appropriées (programmes de crédits spéciaux) et partant, d'accroître la participation de celui-ci au développement forestier. Ces programmes pourraient par exemple cibler les petites et moyennes entreprises et les entrepreneurs individuels en milieu rural.
Les organismes de financement doivent faire preuve d'une plus grande compréhension et souplesse vis-à-vis des pays africains partenaires. L'allégement de la dette permettrait de libérer des ressources pour l'aménagement durable des forêts et d'amorcer un nouveau dynamisme pour l'investissement dans le secteur forestier. Une meilleure compréhension des problèmes actuels spécifiques de l'Afrique et une plus grande souplesse dans l'application des priorités et politiques de développement aideraient à trouver l'harmonie nécessaire à une meilleure coopération. Il faudrait s'attacher à fournir de plus amples informations sur les possibilités et conditions de financement. La FAO, en tant qu'institution neutre et technique, peut jouer un rôle déterminant pour conseiller et accélérer les procédures d'investissement en faveur du développement forestier en Afrique.
Les moyens financiers nécessaires au développement forestier en Afrique existent, mais sont limités. Pour en bénéficier, les pays devraient, dans le cadre de leurs économies nationales, accorder une place plus importante au secteur forestier. Le secteur privé se présente désormais comme un partenaire indispensable du secteur public, mais les règles de ce partenariat doivent être précisées. L'APD apportera encore dans les prochaines années un appui financier et technique significatif dont l'ampleur dépendra de l'effort consenti par les pays concernés. Il reste beaucoup à faire pour optimaliser les stratégies actuelles d'investissement dans le secteur forestier. Malgré certaines apparences, l'Afrique s'est déjà mise à la tâche, à son propre rythme.
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