Objectif
Points clés
8.1 Introduction
8.2 Le réexamen en 1999 des dispositions de lArticle 27.3(b)
8.3 La Troisième Conférence ministérielle de lOMC
8.4 Le réexamen de la mise en uvre de lAccord ADPIC
8.5 Amendements et réserves relatifs à lAccord ADPIC
Bibliographie
Annexe 1 - Activités de la FAO relatives à la mise en uvre de lArticle 27.3(b) de lAccord ADPIC
R. Silva Repetto et M. Cavalcanti
Bureau juridique
Lobjectif de ce module est de revoir la nature du «réexamen des dispositions de lArticle 27.3(b)» de lAccord ADPIC prévu en 1999 et les différentes options qui devront être considérées au cours de cette période de révision, ainsi que la procédure de réexamen de la mise en uvre de lAccord. Les Etats seront ainsi en mesure de participer activement aux négociations multilatérales en vue de ces procédures.
· Le réexamen de lArticle 27.3(b) conduit en 1999 peut soit être considéré comme un simple réexamen de la mise en uvre des dispositions, soit être loccasion de revoir la formulation de cet article. Si cette dernière option est choisie, un grand nombre damendements possibles sont à considérer.· Vu quil sagit simultanément darrêter une législation et de négocier plusieurs accords connexes, il existe même de nombreuses autres possibilités concernant lagenda et le modus operandi de la révision.
· Une révision de la totalité de lAccord ADPIC doit avoir lieu en 2000. Elle sera limitée à lexamen de lexpérience tirée de sa mise en uvre.
Quatre ans après ladoption de lAccord ADPIC, des incertitudes planent encore sur les obligations qui incombent aux pays en développement en matière de protection des variétés végétales et sur les options susceptibles dy faire face. Loption sui generis proposée pour se conformer à ces obligations sera évaluée par le Conseil des ADPIC en 1999. La structure dun système sui generis compatible avec les dispositions de lAccord jouera un rôle clé dans le choix de solutions de rechange aux brevets pour les variétés végétales1.
1 Seiler, A. (1998).
Les pays en développement devront se préparer au réexamen des dispositions de lArticle 27.3(b) de lAccord ADPIC. Il reste à voir dans quelle mesure ils seront à même de formuler une stratégie apte à préserver leurs intérêts dans le cadre de lAccord2.
2 Editorial (1998).
Le Conseil des ADPIC aura pour tâche en 1999 de «réexaminer» lArticle 27.3(b) de lAccord. Le texte de larticle précise que «les dispositions du [présent] alinéa seront réexaminées quatre ans après la date dentrée en vigueur de lAccord sur lOMC». Au sein du Conseil des ADPIC, les pays sont encore en train de débattre sur la nature du réexamen. La plupart des délégations des pays les plus développés estiment que ce réexamen devrait consister en une révision de la mise en application de larticle, tandis que les délégations dun grand nombre de pays en développement interprètent la disposition comme un mandat à rouvrir la discussion sur la formulation de larticle, autrement dit à réviser le texte même. Il est difficile de prévoir où aboutira ce débat.
Collecte des informations
Entre-temps, il a été demandé aux Membres qui sont déjà dans lobligation dappliquer larticle de fournir des informations sur les mesures quils ont introduites dans leurs législations nationales pour résoudre la question de la protection des variétés végétales. Le Secrétariat des ADPIC a été chargé de présenter une liste détaillée de questions pertinentes qui aideront les Membres à formuler leurs réponses. Il a également été demandé au Secrétariat de contacter la FAO, le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (CDB) et lUnion internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV) pour demander des informations pratiques sur leurs activités dans ce domaine, en tant que première étape de la procédure de réexamen, sans préjudice de la nature du réexamen prévu à lArticle 27.3(b). La FAO, le Secrétariat de la CDB et lUPOV ont déjà envoyé ces informations au Conseil des ADPIC et elles ont été publiées dans les documents distribués en février 1999 et en avril 1999 aux réunions du Conseil des ADPIC3.
3 Les informations fournies par la FAO sont jointes en annexe à la fin du présent module.
Plusieurs manières de concevoir la procédure de réexamen
Si la procédure de réexamen se transforme en une révision de la formulation plutôt vague de lArticle 27.3(b), les négociations offriront une occasion exceptionnelle dexprimer des préoccupations et des besoins relatifs à la protection des variétés végétales. Les négociations en vue du réexamen de lAccord ADPIC permettront, en outre, délaborer un texte plus pragmatique qui incorporera les premières expériences faites par les Parties contractantes sur le fonctionnement de lAccord et linterprétation exécutive des dispositions. Les possibilités de réexamen sont multiples.
Il nest ni réaliste ni nécessaire danalyser chacune des opinions et propositions dans le cadre du présent module. Toutefois, un certain nombre dentre elles méritent dêtre mentionnées car ce sont des contributions fructueuses et des solutions alternatives réalisables.
Eviter une révision de la formulation au mot à mot
Lune, et peut-être la plus simple, dentre elles consiste à ne rien faire, à réexaminer tout simplement les progrès accomplis dans lapplication du sous-paragraphe en laissant le texte tel quil se présente avec ses ambiguïtés. Cette option, qui est appuyée notamment par les Etats-Unis dAmérique et les Etats de lUnion européenne, laisserait aux pays le maximum de souplesse dans le cadre de lAccord existant, du fait surtout que la jurisprudence internationale nest pas encore convenue du sens exact ni de la définition de la plupart des termes. En décidant de ne rien faire, on réduit aussi le risque de voir éliminée loption des systèmes «sui generis».
Exclure les organismes vivants de la brevetabilité
Lextension des exclusions de la brevetabilité à tous les organismes vivants et aux connaissances relatives à leur amélioration, conservation et utilisation durable est une autre option. Cest celle que préfèrent de nombreux pays en développement dont la richesse génétique, la sécurité alimentaire et les moyens dexistence de leurs ressortissants pourraient être menacés par la propriété de ressources biologiques obtenue au moyen de brevets. Cest une option à faible coût qui élimine pour ces pays la nécessité de défendre leurs ressources et leurs connaissances dans des litiges. Les accords sur le partage des avantages devraient être conclus dune part au sein des négociations FAO pour la révision de lEngagement international sur les ressources phytogénétiques et, dautre part, dans le cadre de la CDB, ce qui pourrait en définitive convenir mieux aux pays en développement.
Supprimer le système de protection sui generis
Une autre possibilité serait dabolir le système sui generis de protection des variétés végétales. La plupart des pays en développement ny sont pas favorables.
Eliminer toutes les exclusions au titre du point (b) de lArticle
Daucuns proposent lélimination de lensemble du point (b) de lArticle 27.3, ce qui supprimerait lexclusion de la brevetabilité des organismes vivants et la propriété intellectuelle correspondante - une option pour laquelle penchent certains pays industrialisés. Cette suppression favoriserait lindustrie biotechnologique qui serait ainsi en mesure dinsister pour que tous les pays imposent et reconnaissent des brevets, et autorisent leur octroi pour la matière vivante, indépendamment de son origine. Néanmoins, cette option abolirait aussi lobligation de prévoir une protection pour les variétés végétales.
Exclure de lAccord la question de la biodiversité
Une suggestion radicale a été avancée par certains pays en développement avec lappui dorganisations non gouvernementales (ONG). Elle consisterait à éliminer entièrement le thème de la diversité biologique de lAccord ADPIC. Suivant les partisans de cette approche, ce serait le seul moyen doffrir aux communautés et aux populations des pays en développement une solution équitable. Du fait que la réalisation de cet objectif ambitieux pourrait exiger plus de temps que ne le permet le réexamen de 1999, il est estimé que la solution de compromis la plus pratique serait de différer de cinq ans la mise en application de lArticle 27.3(b) pour permettre aux pays en développement, qui se heurtent à dénormes difficultés dans la mise en uvre de lAccord, de choisir les options qui leur conviennent le mieux.
Inclure une référence à lUPOV
Avec lappui de plusieurs pays développés, les Etats Membres de lUPOV proposent damender lAccord ADPIC de manière à inclure une allusion spécifique à la Convention de lUPOV. Cette option rendrait obligatoire ladhésion à lUPOV et à ses dispositions spécialisées sur les droits de propriété intellectuelle pour tous les Membres de lOMC, obligation qui serait assujettie à des sanctions commerciales multilatérales. Bien quelle faciliterait la mise au point dun système sui generis, cette option se heurterait à une forte opposition de la part des pays en développement. Comme on la vu, le système de lUPOV ne prend pas toujours en considération certains besoins et aspects propres aux structures sociales et économiques de ces pays, et ne traite pas des questions relatives à la diversité biologique.
Intégrer le concept de «domaine public»
Une proposition très spécifique a aussi été avancée, et elle pourrait être considérée comme un simple complément de futurs changements, à savoir laddition dun paragraphe pour mettre en évidence la notion de «domaine public», dans le sens de «propriété dun Etat». Dans de nombreux pays influencés par le droit romain, lEtat est le propriétaire ultime de toutes les ressources naturelles présentes sur son territoire. Souligner la notion de «domaine public» pourrait renforcer la protection accordée aux ressources collectives et même, dans une certaine mesure, aux connaissances qui leur sont associées. Les promoteurs de cette option formuleraient alors le texte de lArticle 27.3(b) comme suit:
«Les Membres pourront aussi exclure de la brevetabilitéa)...
b)...
c) les inventions qui proviennent essentiellement de matériels biologiques et connaissances connexes appartenant au domaine public.»
Les pays pourraient ainsi exclure de la brevetabilité les inventions axées sur la diversité biologique et les connaissances appartenant au domaine public. Cela renforcerait lexigence de nouveauté pour les déposants de demandes de brevets.
Stratégies de négociation
Etant donné lengagement de lAccord à commencer le réexamen en 1999, tout en mettant en vigueur la législation nécessaire et en négociant un certain nombre dautres accords connexes, une autre série doptions a vu le jour, à savoir:
· Différer le réexamen et le calendrier législatif jusquau moment où la révision de lAccord ADPIC aura été complétée.· Commencer le réexamen, comme requis, mais le compléter parallèlement à la renégociation intégrale de lAccord sur lagriculture au cours des années suivantes.
· Poser une série de questions sur la possibilité de conflits entre les obligations imposées à certains Membres en vertu de la CDB et celles établies par lAccord ADPIC, qui devront être analysées avant de pouvoir conclure le réexamen et ce, dans le cadre du Comité de lOMC sur le commerce et lenvironnement.
· Exiger que soit complétées, de manière satisfaisante et avant la conclusion du réexamen de lArticle 27.3(b), les négociations concernant la révision de lEngagement international sur les ressources phytogénétiques et son adoption comme protocole à la CDB.
· Une solution de rechange consisterait à achever rapidement le réexamen, en convenant éventuellement quaucun amendement au texte nest nécessaire.
Ce qui paraît évident cest que le réexamen de lAccord ADPIC engendrera des discussions litigieuses parmi les Etats Membres. Cinq ans après sa mise en vigueur, les négociations constituent un cadre très favorable pour la reconnaissance de certains thèmes importants. Notamment, les pays en développement devraient considérer ce réexamen comme une occasion dexprimer leurs préoccupations vis-à-vis de létablissement dun système international de DPI sur les variétés végétales, et de mettre en exergue les aspects qui influencent leurs spécificités. Il faudra considérer la protection des variétés végétales et les droits des agriculteurs comme des principes interconnectés au niveau mondial. La diversité biologique, les ressources génétiques et les accords qui les concernent, devront représenter la toile de fond des négociations.
Pour identifier la solution la plus équitable pour tous les Membres, il est indispensable que toutes les Parties prenant part au cycle de négociations jouissent dun même niveau de connaissances sur lAccord ADPIC et ses effets. Cest là le seul moyen de garantir des négociations justes entre les pays et leur conclusion équitable.
La dernière réunion du Conseil de lADPIC sest tenue du 20 au 22 octobre 1999. Lordre du jour incluait entre autres un réexamen des dispositions de lArticle 27.3(b).
Lors de cette réunion, les Etats-Unis et lInde ont tous deux soumis une importante contribution au sujet de lArticle 27.3(b). Les Etats-Unis ont recommandé aux autres Etats Membres un modèle inspiré de leur propre système de brevets, avec largument quun tel système de protection intellectuel a prouvé son efficacité en stimulant la recherche et le développement dapplications. Les Etats-Unis ont également prévenu les autres Etats Membres que tout système sui generis de protection des variétés végétales qui ne serait pas conforme à la Convention de lUPOV de 1991 devrait être examiné au cas par cas.
La contribution de lInde était centrée sur les savoirs traditionnels et les problèmes liés à lapplication de la propriété intellectuelle en ce domaine et qui sont dus à une forte tradition orale, opposée à la conception de plusieurs pays développés dune propriété intellectuelle basée sur des textes écrits. Concernant le réexamen de lArticle 27.3(b), lInde a conseillé aux pays en développement dattendre avant de mettre en uvre des systèmes sui generis, dans la mesure où le seul modèle disponible jusquici est celui des pays développés4. La communication de lInde était appuyée par une contribution du Kenya et par un groupe de pays en développement incluant le Pakistan, le Brésil, lEquateur, le Pérou et le Paraguay.
4 North-South Divide Splits TRIPS Council. International Centre for Trade and Sustainable Development (ICTSD). Dans: Bridges. Octobre 1999. Weekly Trade News Digest, Vol. 3, no 42; 25 octobre 1999.
Salignant pour lessentiel sur les Etats-Unis, lUnion européenne affirmait quil ny avait pas de conflit entre lAccord ADPIC et les engagements des Etats Membres au titre de la Convention sur la diversité génétique. LUE exprima son désaccord avec lInde quant au fait que la question des savoirs traditionnels relevaient de lArticle 27.3(b) et fit remarquer que lOrganisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) travaillait à cette question5. Aux côtés de lUnion européenne et des Etats-Unis se rangeaient la plupart des pays développés, dont la Suisse, le Canada, lAustralie et la Corée.
5 Idem.
Les Etats Membres se sont accordés pour poursuivre la procédure de réexamen de lArticle 27.3(b) durant lannée 2000, la présidence du Conseil de lADPIC devant organiser des réunions informelles avec les délégations afin de parvenir à un accord plus large.
LOMPI a organisé à Genève, les 1er et 2 novembre 1999, une table ronde sur cette question. Les leaders des organisations de peuples indigènes qui assistaient à la session sur la propriété intellectuelle et les savoirs traditionnels ont critiqué lapproche de lOMPI qui, selon eux, tentait dimposer un régime des droits de propriété intellectuelle aux savoirs traditionnels.
Les peuples indigènes ont invité lOMPI, les Etats et les autres organisations multilatérales à explorer dautres voies que les régimes de DPI existants pour protéger et promouvoir les savoirs traditionnels et indigènes. Plusieurs représentants des peuples indigènes ayant participé à la table ronde de lOMPI étaient très critiques à légard des contributions présentées et de ce quils percevaient de la tentative de lOMPI dinclure les savoirs indigènes dans le système mondial de DPI et de brevets. Ils sont souvent intervenus au cours de la réunion pour exprimer leur point de vue.6
6 Khor, M. (1999).
Plus dune centaine dorganisations de peuples indigènes ont rédigé une déclaration séparée appelant les Etats à amender lAccord ADPIC, et donc lArticle 27.3(b), en excluant systématiquement la brevetabilité sur toutes les formes de vie et tous les processus et procédés naturels, ainsi que sur les connaissances traditionnelles relatives à lutilisation des ressources biologiques.
Quasiment à la fin de la table ronde de lOMPI, le Caucus des peuples indigènes, représentant les peuples indigènes présents à la réunion, a produit une déclaration demandant à lOMPI de créer à lintérieur de ses propres structures un mécanisme permettant une participation plus significative des peuples indigènes. La déclaration précisait: «puisque lOMPI prétend jouer un rôle important dans la valorisation des connaissances traditionnelles, elle doit établir sa propre ligne de conduite en conséquence».
Avant la Conférence ministérielle qui sest tenue à Seattle du 30 novembre au 3 décembre 1999, des discussions informelles ont eu lieu au niveau des Délégations à propos dun projet de déclaration ministérielle qui traitait des thèmes relatifs à lAccord ADPIC. Ces discussions ont mis en lumière dimportantes différences de points de vue sur la manière de concevoir le travail restant à effectuer dans ce domaine. Plusieurs pays ont déploré le traitement confus dont lAccord a fait lobjet dans le projet de texte ministériel.
Quelques-unes des propositions faites par les pays en développement incluaient la nécessité de réexaminer lArticle 27.3(b) afin de clarifier les distinctions artificielles qui y ont été faites entre différentes formes de vie et préciser quaucun organisme vivant ni aucune de ses parties ne peut être breveté; que les obligations de transfert de technologie mentionnées à lArticle 66.2 doivent être rendues obligatoires, et réclamer un allongement du délai accordé pour la mise en uvre de lArticle 27.3(b). Ces propositions ont été rejetées par les Etats-Unis qui ont refusé de revenir sur les Accords du Cycle dUruguay. En conséquence, ils ont déclaré quils ne pouvaient accepter les propositions des pays en développement.
Les Chefs des Délégations ont également commenté deux autres textes dans le cadre du programme de travail à venir. Le premier comportait quatre points établissant que le Conseil des ADPIC devrait: (i) mettre en place un système de déclaration et denregistrement des vins et spiritueux susceptibles de protection et étendant la couverture du produit à lArticle 23; (ii) réexaminer lArticle 27.3(b) pour clarifier ses dispositions dans le sens dun renforcement des liens entre lAccord ADPIC, la biodiversité et la Convention sur la diversité biologique (CDB); (iii) examiner létendue du champ de protection des savoirs traditionnels des communautés indigènes et locales; et (iv) en révisant lArticle 71.1, renforcer les objectifs des Articles 7 et 8.
Le second texte (qui reflète le point de vue des Etats-Unis) ne contient que deux points, à savoir que le Conseil des ADPIC devra: (i) mener à terme les révisions et les négociations à propos du calendrier relatif à lAccord pour une mise en uvre efficace et opportune (incluant létablissement dun système de déclaration et denregistrement des indications de provenance) au même titre que le réexamen des modalités dapplication de lAccord; et (ii) considérer en temps voulu si les modifications éventuellement apportées sont justifiées, «étant entendu que dans toutes les négociations à venir on ne reviendra plus sur les critères ADPIC existants».
Plusieurs pays développés, participants à la préparation de la Conférence ministérielle de Seattle, ont proposé de créer au sein de lOMC un Groupe de travail (ou dintroduire de nouvelles sections de travail à lOMC) sur les biotechnologies. Ce groupe de travail aurait pour tâche dévaluer ladéquation et lefficacité des réglementations existantes ainsi que la capacité des Etats Membres de lOMC de mettre en uvre ces réglementations de manière efficace. Selon les auteurs de cette proposition, un Groupe de travail sur les biotechnologies serait très utile aux Etats Membres: (i) en mettant en place une procédure transparente avec un objectif commun et un calendrier de travail pour une commission denquête préparatoire sur le travail déjà entrepris au niveau national dans plusieurs Etats Membres; (ii) en informant ces Etats Membres qui ne sont pas coutumiers de tels exercices au niveau national; et (iii) en identifiant les contraintes qui pourraient faire échouer la mise en uvre de systèmes de régulations des biotechnologies par les Etats Membres de lOMC.
Du point de vue des pays les plus avancés, ces propositions pourraient affecter sérieusement les efforts accomplis dans le cadre de la CDB pour établir un Protocole sur la Biosécurité dont le but est de prévenir lexportation anarchique et potentiellement dangereuse dans les pays en développement dorganismes génétiquement modifiés (OGM) dans des produits tels que les semences, lalimentation humaine ou animale.
Au cours de la période préparatoire à la Conférence de Seattle, les Etats-Unis, le Canada et le Japon ont proposé daborder à lOMC les questions du commerce des organismes génétiquement modifiés. Cette proposition a soulevé un certain nombre de problèmes auprès des Membres de lOMC, notamment auprès des pays en développement qui sont concernés par: (i) la possibilité que de nouvelles disciplines de lOMC en matière de commerce des OGM contribuent plus à déréglementer les échanges de produits issus des biotechnologies à échelon national quà les réguler et tendent donc à restreindre les capacités des Etats à instaurer une législation nationale permettant de tester et de contrôler les importations de produits alimentaires génétiquement modifiés sappuyant sur le principe de précaution; (ii) la relation entre les nouvelles disciplines de lOMC et le besoin de mieux réglementer les mouvements transfrontaliers dOGM au niveau international, notamment par un protocole de sécurité; (iii) léventualité que les nouvelles disciplines de lOMC ne pèsent sur les procédures nationales détiquetage conçues précisément pour promouvoir le droit des consommateurs à être informés sur la présence dOGM; (iv) le rôle et les limites appropriés du système des échanges commerciaux multilatéraux et le fait que lOMC doive considérer le «nouveau problème» du commerce des OGM; et (v) les questions plus générales au sujet de la sécurité alimentaire, lagriculture, la protection de lenvironnement, la vie et la santé des personnes et des animaux, et le développement équitable.
Au cours de cette même préparation de la Conférence ministérielle de 1999, le 4 octobre 1999, cinq pays latino-américains (la Bolivie, la Colombie, lEquateur, le Nicaragua et le Pérou) ont déposé une «Proposition pour la protection du droit de propriété intellectuelle relatif aux savoirs traditionnels des peuples indigènes et autochtones». Les pays signataires proposaient que la Conférence ministérielle de Seattle soit mandatée, dans le cadre de ce cycle, pour: «réaliser des études, en lien avec dautres organisations internationales compétentes, pour émettre des recommandations sur les moyens les plus appropriés de reconnaître et de protéger les savoirs traditionnels en tant que matière à lapplication du droit de propriété intellectuelle. [...] pour entreprendre des négociations avec pour objectif de créer un cadre juridique multilatéral qui garantisse une protection efficace aux formes dexpression et de manifestation des savoirs traditionnels»7.
7 Les avis vont très certainement être plus que divergents quant à lopportunité de demander à lOMC de traiter ces questions, et sur le caractère éventuellement inapproprié dévoquer les droits des populations sur le produit de leurs efforts collectifs en des termes de propriété intellectuelle. Il ny a toutefois guère de doute quant à la nécessité dinstaurer un système qui protège les droits de propriété de populations autochtones sur leurs productions intellectuelles quelle que soit la terminologie que lon considère comme politiquement et culturellement appropriée pour désigner un tel système. De la même façon, il ny a aucun doute que la proposition péruvienne considère que tout mécanisme de ce type serait dune nature sui generis et non pas basé sur les principes du système du droit de propriété intellectuelle (DPI) tel quen lui-même.En outre, le fait de demander que cette question soit abordée dans le cadre de lOMC constitue peut-être une façon opportune déviter que la question soit marginalisée par rapport aux débats sur le commerce mondial alors que celui-ci a un impact sur les droits des peuples autochtones sur leurs propres savoirs [Tobin, B. (1999)].
Lors de la Conférence ministérielle, il ny eut pas daccord pour inclure les questions antérieures dans la Déclaration de Seattle qui ne put ainsi être adoptée et resta donc sous forme de «Projet de déclaration».
Le Conseil général de lOMC du 17 décembre 1999 décida en conséquence de repousser au début de lan 2000 la décision sur la façon de traiter les questions restées en suspens à lissue de la Conférence ministérielle de Seattle.
Un groupe de propositions à la table de négociation de la Conférence de Seattle pensa quil serait possible de repousser à la fin de lannée les dates limites pour mettre en uvre les dispositions et obligations des accords de lOMC - comme par exemple dans le cas de la propriété intellectuelle (ADPIC) et de certaines mesures sur les investissements (MIC).
Mais les Membres ne purent se mettre daccord si il fallait accepter ou refuser ce report, ou encore considérer les demandes au cas par cas.
Ces échéances vont faire partie des sujets à débattre lors des consultations de lan 2000, mais les Membres sont dores et déjà convenus, lors de la réunion du Conseil général du 17 décembre, que, tant que les consultations sont en cours, ils devront faire preuve de compréhension et de retenue pour traiter des dates limites.
Le réexamen de la mise en uvre commence en lan 2000
En 2000, le Conseil des ADPIC sera chargé dexaminer la mise en uvre de lAccord. Aux termes de lArticle 71.1 de lAccord, le Conseil des ADPIC effectuera cet examen cinq ans après lentrée en vigueur de lAccord et, «eu égard à lexpérience acquise au cours de (sa) mise en uvre», il procédera à un nouvel examen deux ans après lan 2000 et par la suite à intervalles identiques.
Il est à remarquer que, dans ce cas, la disposition de lAccord affirme explicitement quil sagit dun «examen de la mise en uvre», ce qui na pas été fait dans le cas du réexamen mentionné à lArticle 27.3(b).
Dautres raisons au réexamen
Des examens pourront être entrepris par le Conseil des ADPIC «en fonction de tout fait nouveau pertinent qui pourrait justifier une modification du présent accord ou un amendement» à celui-ci (Article 71.1).
Les amendements qui auront uniquement pour objet ladaptation à des niveaux plus élevés de protection des droits de propriété intellectuelle établis et applicables conformément à dautres accords multilatéraux et qui auront été acceptés dans le cadre de ces accords par tous les Membres de lOMC pourront être soumis à la Conférence ministérielle pour quelle prenne les mesures prévues (Article 71.2).
Il ne pourra être formulé de réserves en ce qui concerne des dispositions de lAccord ADPIC sans le consentement des autres Membres (Article 72).
Editorial. 1998. TRIPS and the legal protection of plants. Biotechnology and Development Monitor, n° 34.
Khor, M. 1999. Indigenous People Criticise WIPO Approach. South-North Development Monitor (SUNS), n° 4545; 5 novembre 1999.
Seiler, A. 1998. Sui generis systems: Obligations and options for developing countries. Biotechnology and Development Monitor; n° 34.
Tobin, B. 1999. Protecting Traditional Knowledge: The Challenge of Respecting Rights and the Danger of Vested Interests. Consideration of the Peruvian Draft Law on Protecting Indigenous Peoples Collective Knowledge and a Latin American Communication to the Third Ministerial Conference of WTO. Draft paper submitted to BIO-IPR by the author (http://www.grain.org/).
La compétence technique de la FAO relative à lAccord ADPIC concerne les droits de propriété intellectuelle sur les variétés végétales, la sélection animale, ainsi que les technologies connexes et le matériel génétique.
Le statut dobservateur de la FAO au Conseil des ADPIC de lOMC reflète limportance du rôle quelle joue en aidant les pays membres à sacquitter de leurs obligations dans le cadre de lAccord.
Commission des ressources génétiques pour lalimentation et lagriculture de la FAO
La Commission des ressources génétiques pour lalimentation et lagriculture de la FAO est la seule instance intergouvernementale permanente des Nations Unies chargée spécifiquement des questions relatives à la conservation et lutilisation des ressources génétiques pour lalimentation et lagriculture et des technologies connexes. Elle a été instituée en 1983 en tant que Commission des ressources phytogénétiques. La Conférence de 1995 a élargi son mandat pour incorporer toutes les composantes des ressources génétiques intéressant lalimentation et lagriculture.
En 1997, la Commission a établi des groupes de travail sur les ressources phytogénétiques et les ressources zoogénétiques pour lélevage. Le groupe de travail sur ce thème a été chargé de poursuivre la mise au point de la Stratégie mondiale pour la gestion des ressources zoogénétiques pour lélevage de manière à couvrir les aspects aussi bien techniques que de politique générale de la conservation et de lutilisation durable de ces ressources, à savoir ceux qui touchent à la réglementation de laccès et de léchange, aux droits de propriété intellectuelle et au commerce. Le groupe de travail sur les ressources phytogénétiques était chargé de la mise en uvre du Plan daction mondial (décrit ci-dessous) et des activités de suivi relatives.
La FAO porte un intérêt spécial à la mise en uvre de lArticle 27.3(b) de lAccord ADPIC. Lobligation des pays en développement Membres de lOMC de protéger les variétés végétales, soit par des brevets soit par un système efficace sui generis soit encore par une combinaison de ces deux moyens, a dimportantes répercussions sur le développement de leurs économies et leur commerce agricole. La procédure de réexamen dudit article a suscité à la fois intérêt et préoccupation quant aux mesures à prendre, et de nombreux pays sollicitent des conseils et une assistance techniques.
La Commission surveille la mise en uvre de lEngagement international sur les ressources phytogénétiques, le premier instrument international régissant la conservation et lutilisation durable de la diversité biologique agricole, adopté en 1983 par une résolution de la Conférence de la FAO. A ce jour, 159 pays ainsi que la Communauté européenne sont membres de la Commission et 113 pays ont adhéré à lEngagement international.
Grâce à la Commission, les pays membres de la FAO sont intervenus dans les négociations concernant les ressources phytogénétiques pour lalimentation et lagriculture et les technologies connexes, notamment dans le cadre de laffinement de lEngagement international grâce à une série dinterprétations concertées et de résolutions complémentaires. Notamment, la résolution 5/89 de la Conférence de la FAO, adoptée à lunanimité, a reconnu les droits des agriculteurs comme les «droits que confèrent aux agriculteurs et particulièrement à ceux des centres dorigine et de diversité des ressources phytogénétiques, leurs contributions passées, présentes et futures à la conservation, lamélioration et la disponibilité de ces ressources».
Les interprétations concertées font désormais partie de lEngagement international et visent à établir et à maintenir un équilibre entre laccès aux nouveaux produits commerciaux de la biotechnologie et laccès aux variétés cultivées et aux espèces sauvages, en tenant compte des intérêts des pays développés et en développement, et en harmonisant les droits des obtenteurs (inventeurs officiels) et des agriculteurs (inventeurs non officiels). Ces résolutions ont, en outre, reconnu que les «droits des agriculteurs» doivent être concrétisés par le truchement dun fonds international pour les ressources phytogénétiques, et que les lignées de sélection avancée et le matériel génétique agricole ne seraient disponibles que pendant la période de mise au point et avec le consentement des obtenteurs et des agriculteurs.
Le chapitre 14 du programme Action 21 de la Conférence des Nations Unies sur lenvironnement et le développement (CNUED) a, par la suite, demandé la réalisation des droits des agriculteurs. Des négociations au niveau intergouvernemental sont actuellement en cours dans le cadre de la Commission des ressources génétiques pour lalimentation et lagriculture en vue de la révision de lEngagement international (résolution 7/93 de la Conférence) et concernent, entre autres, laccès aux ressources phytogénétiques pour lalimentation et lagriculture et aux technologies connexes; la réalisation des droits des agriculteurs; et lintégration des trois annexes dinterprétation de lEngagement et son harmonisation avec la Convention sur la diversité biologique (CDB).
Au cours de ces négociations, les pays ont examiné plusieurs systèmes possibles de droits de propriété intellectuelle (DPI), y compris la concession de brevets et des «systèmes sui generis efficaces» qui seraient conformes et entièrement compatibles avec les dispositions de lAccord ADPIC et la Convention sur la diversité biologique. Le problème est de faire en sorte que les technologies mises au point sur la base des ressources phytogénétiques seront disponibles à des conditions compatibles avec la protection des DPI, comme le demande lArticle 16.1 de la CDB. En outre, la Commission est également en train de négocier un code de conduite sur la biotechnologie qui contient un volet sur les droits de propriété intellectuelle.
Dans ce cadre, au cours du cycle de négociations tenu à la 7e session ordinaire et aux 4e et 5e sessions extraordinaires de la Commission en 1997 et 1998, de nombreux pays ont avancé des propositions pour la concrétisation des droits des agriculteurs, qui comprenaient des dispositions pour la mise en place de systèmes sui generis nationaux aptes à permettre aux innovateurs non officiels, tels que les agriculteurs et les collectivités fournissant les ressources phytogénétiques (et leurs pays), de profiter dune part des avantages découlant de leur utilisation. De nombreuses délégations ont reconnu les liens existants entre ces propositions et les dispositions de lAccord ADPIC. Elles sont reprises dans le Rapport de la Commission et dans le projet de révision de lEngagement international préparé pour les négociations. La FAO (en collaboration, le cas échéant, avec lInstitut international des ressources phytogénétiques (IPGRI) et dautres organismes techniques) a fourni à la Commission diverses études et analyses techniques sur des thèmes pertinents, y compris ce thème, pour faciliter les négociations en vue de la révision de lEngagement international. Ces études pourraient être mises sur demande à la disposition du Conseil des ADPIC8.
8 Etude de fond n° 1: The appropriation of the benefits of plant genetic resources for agriculture: an economic analysis of the alternative mechanisms for biodiversity conservation (en anglais seulement).Etude de fond n° 2: Droits souverains et de propriété sur les ressources phytogénétiques (disponible aussi en anglais et en espagnol).
Etude de fond n° 3: Providing Farmers Rights through in situ conservation of crop genetic resource (en anglais seulement).
Etude de fond n° 4: Identifying genetic resources and their origin: The capabilities and limitations of modern biochemical and legal systems (en anglais seulement).
Etude de fond n° 5: Información sobre las colecciones ex situ conservadas en jardines botánicos (en anglais et espagnol seulement).
Etude de fond n° 6: Mejora genética para mantener la diversidad en los cultivos agrícolas (en espagnol seulement, mais des résumés en français et anglais sont disponibles).
Etude de fond n° 7: Contribution à lestimation de linterdépendance des pays en matière de ressources phytogénétiques (disponible aussi en anglais et en espagnol).
Etude de fond n° 8: Access to plant genetic resources and intellectual property rights (en anglais seulement).
Etude de fond n° 9: Recent developments in biotechnology as they relate to plant genetic resources for food and agriculture (en anglais seulement).
Etude de fond n° 10: Recent developments in biotechnology as they relate to animal genetic resources for food and agriculture (en anglais seulement).
En janvier 1999, une réunion non officielle de la Commission sest tenue à Montreux (Suisse) avec la participation dexperts représentant les différentes régions et points de vue. Les questions interconnectées qui ont été abordées étaient les suivantes: partage des avantages, droits des agriculteurs, mécanisme financier et statut juridique de lEngagement international révisé ainsi que dautres, y compris laccès aux ressources phytogénétiques pour lalimentation et lagriculture. Les discussions qui ont eu lieu au cours de la réunion non officielle ont permis au président de la Commission, avec laide des tous les participants, de rédiger une série dEléments du président à soumettre pour examen aux membres de la Commission.
Bien que le Texte de synthèse à négocier, révisé lors des délibérations de la 5e session extraordinaire de la Commission, reste valable, la réunion non officielle était de lavis quil serait utile de préparer un texte plus simple incorporant les Eléments du président. De ce fait, le président a rédigé des dispositions juridiques qui reprennent ces «éléments». En outre, et pour que ces dispositions juridiques puissent figurer dans le texte intégral de lEngagement international, le secrétariat a été chargé de préparer un Projet de texte composite pour la révision de lEngagement international qui inclura dans le Texte de synthèse à négocier les dispositions juridiques tirées des Eléments du président.
Les négociations en vue de la révision de lEngagement international se poursuivront lors de la 8e session ordinaire de la Commission en avril 1999 et, au besoin, lors des sessions extraordinaires qui seront convoquées plus tard en 1999 dans le but de conclure les négociations cette année.
La quatrième Conférence technique internationale sur les ressources phytogénétiques pour lalimentation et lagriculture: résultats et suivi
La quatrième conférence technique internationale sur les ressources phytogénétiques pour lalimentation et lagriculture sest tenue à Leipzig, Allemagne, du 17 au 23 juin 1996. Y ont participé 150 pays et 54 organisations intergouvernementales et non gouvernementales. La Conférence a été convoquée à la demande de la Commission des ressources génétiques pour lalimentation et lagriculture et avait été recommandée par la CNUED (programme Action 21) et la Conférence de Nairobi pour ladoption du texte convenu de la Convention sur la diversité biologique. La Conférence a adopté le Plan daction mondial pour la conservation et lutilisation durable des ressources phytogénétiques et la Déclaration de Leipzig. Elle a également examiné le premier Rapport sur létat des ressources phytogénétiques pour lalimentation et lagriculture dans le monde.
Le Rapport sur létat des ressources phytogénétiques dans le monde a été accueilli comme «la première évaluation complète, à léchelon mondial, de la situation en matière de conservation et dutilisation des ressources phytogénétiques». Le rapport a identifié des priorité urgentes qui sont examinées dans le Plan. Le Rapport et le Plan sont deux éléments importants du Système mondial de conservation et dutilisation des ressources phytogénétiques pour lalimentation et lagriculture de la FAO9.
9 Comme pour les autres documents, le Rapport et le Plan peuvent être mis à la disposition du Conseil des ADPIC sur demande. On peut aussi les consulter sur Internet: http://web.icppgr.fao.org/
Le Plan daction mondial a été établi grâce à un processus participatif à linitiative des pays et un grand nombre dintervenants y ont adhéré: gouvernements, organisations non gouvernementales et industrielles et scientifiques individuels. Au total, 158 pays ont préparé des rapports nationaux, évaluant létat de leurs ressources phytogénétiques ainsi que leur capacité de prendre soin et dutiliser ces ressources. Douze réunions régionales et sous-régionales ont été tenues au cours desquelles les gouvernements ont étudié des problèmes et possibilités au niveau régional et formulé des recommandations concernant le Plan.
Le Plan daction mondial reconnaît que «certaines questions de politique, juridiques et dinstitutions se posent toujours plus aux programmes nationaux, notamment la propriété, les droits de propriété intellectuelle, léchange, le transfert et le commerce des ressources phytogénétiques. Une coordination est nécessaire pour fournir aux programmes nationaux des informations sur ces questions et pour évaluer lincidence de lévolution de la situation internationale dans ces domaines sur la conservation et léchange des ressources phytogénétiques, ainsi que pour intégrer les progrès de la recherche, le cas échéant, dans les systèmes et les usages nationaux»10.
10 Plan daction mondial, par. 237.
La déclaration de Leipzig engage les gouvernements présents à prendre les mesures nécessaires pour mettre en uvre le Plan daction mondial. Par le truchement de la Déclaration, la Conférence a souligné limportance dattirer la participation la plus ample possible à sa mise en uvre, et a réitéré que «des fonds devraient être mis à disposition pour financer la mise en uvre, par les pays en développement et les pays à économie en transition, du Plan daction mondial». En conséquence, la Conférence a demandé que les principales institutions multilatérales et bilatérales de financement et de développement soient invitées à envisager les moyens permettant dappuyer la mise en uvre du Plan.
Le Plan a recommande aussi que les gouvernements et leurs systèmes de recherche agricole nationaux «envisagent des mesures législatives qui permettent la distribution et la commercialisation des variétés locales/variétés des agriculteurs et des variétés obsolètes, si elles répondaient aux mêmes critères de distribution et de commercialisation en ce qui concerne les maladies, les ravageurs, la santé et lenvironnement que les autres variétés conventionnelles ou homologuées»11.
11 Plan daction mondial, par. 203 (e).
La FAO a fait rapport sur les résultats de la Conférence aux principaux organismes internationaux, régionaux et nationaux soccupant dalimentation et dagriculture, et a invité leurs administrations membres à promouvoir et à participer, le cas échéant, à la mise en uvre du Plan. Les pays surveilleront lexécution du Plan daction mondial par le biais de la Commission des ressources génétiques pour lalimentation et lagriculture.
Assistance technique et juridique fournie aux Etats Membres de la FAO
Lassistance technique fournie par la FAO aux pays en développement relativement à lAccord ADPIC vise en premier lieu à aider les autorités nationales à analyser leurs besoins et à identifier des options de politique générale appropriées, à renforcer les capacités pertinentes, à formuler ou réviser la législation nationale et à dispenser des avis sur la structure et les fonctions des institutions concernées.
La Division de la production végétale et de la protection des plantes et la Division de la production et de la santé animales de la FAO sont à même, grâce à leur grande expérience en la matière, de donner des avis aux pays membres concernant les aspects de lAccord ADPIC portant sur la conservation et lutilisation des ressources génétiques, les politiques et programmes semenciers et la sélection animale et végétale. Le Service droit et développement du Bureau juridique de la FAO aide les pays membres à formuler des législations en matière de semences et de matériel de reproduction et de multiplication, de protection des variétés végétales - y compris les systèmes sui generis - et de droits des agriculteurs.
Notamment, en ce qui concerne les questions qui touchent à lAccord ADPIC, la FAO fournit les services suivants:
1. Assistance technique:· conseils aux pays membres sur leurs règlements et systèmes en matière de sélection végétale, semences et matériel de plantation;· définition de critères pour la formulation et la mise en uvre de politiques et programmes semenciers régionaux et nationaux;
· assistance pour le maintien et le remplacement des variétés végétales;
· avis sur les aspects techniques des essais semenciers, la certification et la protection des variétés végétales;
· avis sur les aspects techniques et de politique générale de la conservation et de lutilisation durable des ressources zoogénétiques pour lélevage, et des techniques et systèmes de sélection animale;
· participation - avec la Banque mondiale, le FMI, lOMC, la CNUCED, le CCI et le PNUD - à un Programme-cadre intégré visant à fournir une assistance technique aux 48 pays les moins avancés en matière de commerce, y compris la mise en uvre de lAccord ADPIC. Le Directeur général de la FAO a réitéré lintention de lOrganisation de collaborer à la réalisation du programme, compte tenu de la pertinence de ses compétences techniques dans les domaines de lagriculture, des forêts et des pêches, ainsi que du mandat pour ce type dassistance qui lui a été conféré dans le cadre du Plan daction du Sommet mondial de lalimentation.
Le programme est coordonné par un Groupe de travail interdépartemental chargé du suivi du Cycle dUruguay qui cherche à identifier les besoins dassistance technique en matière de commerce desdits pays, afin de les incorporer dans des programmes dassistance nationaux qui seront par la suite analysés et mis au point par les autorités et organisations compétentes.
2. Assistance juridique:· avis juridiques aux pays en développement en matière délaboration de législations. Ce service comporte une collaboration étroite avec les autorités nationales et comprend normalement les étapes suivantes:i) examen et analyse de la législation en vigueur (ou des projets de législation) et du cadre institutionnel réglementant la protection de la propriété intellectuelle - notamment en matière de variétés végétales - et la production semencière - y compris le contrôle de la qualité, la commercialisation, lexportation et limportation;ii) identification des objectifs spécifiques que la législation se propose de réaliser en fonction des priorités et besoins du pays;
iii) formulation dun projet dacte et de règlements ou damendements à apporter à la législation existante;
iv) soumission des recommandations et discussion de ces dernières avec les autorités nationales compétentes;
· aide à la formulation dune législation nationale pour la protection des variétés végétales. Cette étape a comporté:
i) lanalyse des besoins nationaux et lidentification doptions de politique générale appropriées;ii) lexamen de la législation existante; et
iii) des conseils sur la structure et les fonctions des agences dexécution.
Lexpérience acquise par la FAO au fil des ans a montré que lon ne peut répondre comme il se doit aux nécessités et situations particulières des pays par le biais détudes théoriques ou de lois modèles. Il faudra mettre au point des systèmes sui generis pour satisfaire aux besoins de chaque pays.
Dans une annexe à ce document figurent des exemples pertinents de projets dans le cadre desquels la FAO fournit une assistance technique relative à lArticle 27.3(b) de lAccord ADPIC aux pays en développement.
3. Renforcement des capacités:· soutien aux ateliers et réunions sur des questions techniques et juridiques concernant lAccord ADPIC. La FAO a également participé en les appuyant à un certain nombre dateliers et de réunions sur des thèmes intéressant la protection des variétés végétales. En mai 1996, par exemple, elle a fourni une assistance à la Swaminathan Research Foundation en Inde à loccasion dun atelier technique sur la réalisation des droits des agriculteurs. (LAgence suédoise daide au développement international (ASDI) a également fourni un soutien à cette consultation). A latelier ont participé des experts internationaux, y compris des représentants des secrétariats de lOMC et de lUPOV. Les actes ont désormais été publiés sous le titre de «Agrobiodiversity and Farmers Rights» (agrobiodiversité et droits des agriculteurs). En septembre 1998, la FAO et lAITIC (Agency for International Trade, Information and Cooperation) a parrainé un atelier intitulé «Uruguay Round Agreements - Implications for Agriculture, Forestry and Fisheries in the Less Advantaged Developing Countries» (Accords du Cycle dUruguay - Impacts sur lagriculture, les forêts et les pêches dans les pays en développement les moins avantagés) dont la 8e session était consacrée au rapport entre lEngagement international sur les ressources phytogénétiques de la FAO, la Convention sur la diversité biologique et lAccord ADPIC. La FAO a participé à un grand nombre dateliers, de séminaires et de colloques organisés par différentes organisations gouvernementales et non gouvernementales.· Organisation et réalisation dun «Programme-cadre de formation sur le Cycle dUruguay et les futures négociations commerciales multilatérales sur lagriculture» qui comprend un important volet consacré à lAccord ADPIC. Le programme vise à renforcer les capacités nationales vis-à-vis des questions relatives à lOMC, afin que les pays soient en mesure de mieux sacquitter de leurs obligations et de profiter des avantages découlant des accords de lOMC en vigueur, et puissent participer plus activement au prochain cycle de négociations commerciales multilatérales. Les pays pourront ainsi bénéficier de cette procédure de négociation, pallier les effets négatifs éventuels, renforcer leur propre capacité de négociation et évaluer les propositions formulées par des tiers.
Au cours de la préparation du programme, un atelier dorientation sest tenu à la FAO du 30 novembre au 4 décembre 1998. Il a été organisé à lintention des fonctionnaires de la FAO chargés des politiques générales, détachés auprès des bureaux régionaux et sous-régionaux et désignés sous le nom de fonctionnaires de contact du Programme-cadre. Le personnel en question est responsable de lorganisation et de la gestion de cours régionaux/sous-régionaux spécifiques et préparera et réalisera des programmes de formation adaptés à chaque région.
Appendice de lannexe 1
Exemples de projets dassistance technique de la FAO
Belize
Au titre du Programme de coopération technique, projet TCP/BZE/6611: «Mandatory Health Certification Scheme for Citrus», la FAO a fourni une aide au gouvernement pour la formulation dune législation visant à réglementer le programme de certification des agrumes.
Région des Caraïbes
En 1995, dans le cadre du projet financé par des fonds fiduciaires GCP/RLA/108/ITA: «Improved Seed Production, CARICOM Countries and Suriname», la FAO a contribué à la rédaction dun acte semencier modèle pour la région et dun projet dacte relatif aux droits de lobtenteur qui ont été soumis pour examen aux gouvernements.
CEPGL
Une assistance a été fournie aux pays de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) dans le cadre du projet régional, RAF/89/049: «Contrôle des échanges semenciers», dont lobjectif était danalyser les cadres juridiques et administratifs nationaux en matière de semences et de formuler les instruments juridiques nécessaires. Un projet de convention sur les échanges de semences et de matériel de plantation a été rédigé comme aboutissement du projet.
Chili
Lun des projets envisagés pour appuyer le Programme de coopération technique de la FAO a pour objet de renforcer le programme national du Chili pour la conservation et lutilisation durable des ressources génétiques pour lalimentation et lagriculture. Lobjectif du projet est de mettre au point un instrument provisoire en vue de réglementer la collecte, la conservation, léchange et lutilisation des ressources phytogénétiques pour lalimentation et lagriculture.
Chine
En 1994, le Programme de coopération FAO/Banque mondiale a préparé un projet à soumettre pour financement à la Banque mondiale qui vise à appuyer les activités commerciales dun certain nombre dindustries semencières provinciales, et à élaborer les politiques nécessaires, y compris létablissement dun système de protection des variétés végétales conforme aux exigences du Cycle dUruguay. Le projet dun montant de 185,5 millions de dollars EU a été approuvé par la Banque mondiale en juin 1996 et comprend un volet dassistance technique visant à dispenser des avis sur les systèmes de protection des variétés végétales.
République démocratique du Congo
Dans le cadre dune étape préalable du projet FAO/PNUD, ZAI/92/002:, «Assistance à la production semencière», une loi semencière provisoire a été rédigée et sera soumise pour examen au gouvernement.
République dominicaine
Dans le cadre de son Programme de coopération technique, projet TCP/DOM/2352, la FAO a fourni une assistance au gouvernement pour la réorganisation des services de certification des semences et la formulation dune loi et de règlements semenciers. Les autorités compétentes ont également reçu des avis sur des questions touchant à la protection des variétés végétales.
Equateur
In 1998, au titre du Programme de coopération technique, projet TCP/ECU/6712: «Apoyo a la Reestructuración del Sistema Nacional de Semillas», la FAO a fourni une assistance au gouvernement pour la formulation dun projet de loi semencière qui a été soumis pour examen au parlement. La loi vise à développer lindustrie semencière nationale et à satisfaire aux normes relatives aux mouvements des semences dans le commerce national et international. En outre, les autorités nationales ont reçu des commentaires et avis concernant la protection des variétés végétales relativement à la mise au point dun projet de loi sur les droits de propriété intellectuelle.
El Salvador
En 1994, dans le cadre dun projet réalisé au titre du Programme de coopération technique, TCP/ELS/4452: «Apoyo a la Reestructuración del Organismo Certificador de Semillas», la FAO a fourni une assistance au gouvernement pour la préparation dune loi et de règlements en matière semencière. En outre, les autorités nationales ont reçu des avis concernant la protection des variétés végétales.
Géorgie
Au titre dun projet du Programme de coopération technique de la FAO, TCP/GEO/6711, une mission interdisciplinaire a aidé le gouvernement à élaborer un programme national de développement de lindustrie semencière, y compris la loi et les règlements relatifs.
Inde
En 1991, au titre de son Programme de coopération technique, la FAO a fourni une assistance technique au gouvernement indien en matière de protection des variétés végétales qui a permis la formulation dun projet de législation nationale en la matière.
Jamaïque
Dans le cadre du Programme de coopération technique, le projet TCP/JAM/6611: «Citrus Production and Certification Strategy» a permis au gouvernement de formuler une législation préliminaire concernant la certification des agrumes.
Kirghizistan
A la fin de 1996 et au cours de 1997, dans le cadre du Programme de coopération technique, projet TCP/KYR/6611: «Seed Legislation and Quality Control», la FAO a fourni une aide au gouvernement pour la préparation de programmes de contrôle de la qualité, et a évalué le cadre juridique en matière semencière de la République kirghize. Une loi semencière provisoire a été rédigée ainsi quune loi sur la protection des variétés végétales. Les deux lois, avec quelques modifications, ont été approuvées par le parlement.
Lituanie
Au titre du Programme de coopération technique, projet TCP/LIT/4553, une mission de la FAO a fourni une aide aux autorités pour la préparation dun plan-cadre semencier. La FAO a soumis aux autorités pour examen une version révisée dun projet de loi semencière préparé par le gouvernement.
Madagascar
Dans le cadre du Programme de coopération technique, le gouvernement a demandé officiellement à la FAO une aide pour renforcer les capacités organisationnelles et techniques du service national de contrôle des semences, et pour élaborer les règlements nécessaires à la mise en application de la loi semencière préparée avec laide de la FAO en 1994. La législation sera révisée et, le cas échéant, mise à jour aux fins daméliorer la certification des semences et les programmes de contrôle de la qualité et de permettre à lindustrie semencière de concurrencer les marchés régionaux et internationaux.
Malaisie
A la demande de lUnité de planification économique de la Malaisie, la FAO a approuvé le projet TCP/MAL/4553, au titre de son Programme de coopération technique. Lobjectif du projet était de développer la production de semences et de matériel de plantation et de mettre au point un programme de certification et de commercialisation. La FAO a donné au gouvernement des avis sur les mesures de programme et de politique générale à prendre pour améliorer les capacités nationales en matière denregistrement, de mise en circulation et de protection des variétés végétales, et de contrôle de la qualité et de certification des semences et du matériel de plantation, en définissant les rôles respectifs de différentes agences officielles et du secteur privé. En outre, dans le cadre du projet, une étude a été entreprise pour analyser les impacts de lArticle 27.3(b) de lAccord ADIPC, ainsi que les différentes options soumises au gouvernement pour donner effet à cette disposition.
Mauritanie
Dans le cadre du projet FAO/PNUD, MAU/92/007: «Appui à la vulgarisation de semences traditionnelles de qualité», un projet de législation semencière a été préparé et sera bientôt soumis à lapprobation du parlement.
Namibie
En 1997 un volet juridique a été ajouté au projet TCP/NAM/4555: «Building Assistance to Improved Seed Production» dans le but daider le pays à formuler un acte semencier provisoire lui permettant de mettre en uvre les résultats obtenus par le projet en matière de production de semences améliorées.
Pakistan
Dans le cadre du projet TCP/PAK/4557 du Programme de coopération technique, la FAO a fourni une aide au gouvernement pour la préparation dun programme de développement du secteur semencier. Conscient de la nécessité daccroître la participation du secteur privé, le gouvernement entend formuler un nouveau programme global qui comprend ladoption dune législation spécifique reconnaissant la protection des variétés végétales.
Slovaquie
Au titre de son Programme de coopération technique, projet TCP/SLO/6711: «Planning of Strategy for Animal Breeding Development», la FAO aide la Slovaquie à mettre au point les instruments juridiques pertinents.
Suriname
Le gouvernement du Suriname examine à lheure actuelle lacte semencier modèle et le projet dacte sur les droits de lobtenteur à la préparation desquels a contribué le projet GCP/RLA/108/ITA: «Improved Seed Production, CARICOM Countries and Suriname» (décrit plus haut). Au titre du projet TCP/SUR/6711, la FAO fournira maintenant aux autorités nationales une version préliminaire des règlements nécessaires à leur mise en uvre.
Tanzanie
La Tanzanie a reçu de la FAO une aide dans le cadre du
projet FAO/PNUD: URT/93/003, qui a contribué à renforcer sa
capacité de coordonner le programme semencier national. Le projet a
fourni une assistance pour la préparation dune législation
provisoire appropriée qui servira à lélaboration
dun système de droits de lobtenteur.