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RECOMMANDATIONS

I. PECHES MARITIMES

a) Engins de pêche

En premier lieu, il faut veiller à ce que les engins de pêche soient disponibles en quantité suffisante et à un prix raisonnable. Il convient d'encourager l'emploi des filets en nylon et autres fibres synthétiques par l'octroi de conditions de crédit avantageuses.

Il importe de diversifier davantage et de perfectionner les méthodes de pêche. Il faut mener à bien l'étude du rendement des différents types de filets dont l'emploi est actuellement répandu et en tirer les conclusions dans la pratique.

b) Bateaux de pêche

Il convient, non seulement d'améliorer l'entretien des pirogues ghanéennes actuellement utilisées, mais aussi d'entreprendre dans le pays la construction de petits bâtiments.

Dans toute la mesure du possible, la motorisation de la flottille de pêche devra être encouragée dans le cadre du projet CMCF et par d'autres moyens. On devra mettre à profit l'expérience acquise au Ghana et au Dahomey dans l'exécution des programmes de motorisation. L'importation en franchise de moteurs hors-bord et l'allocation pour la pêche de carburant détaxé contribueront à diminuer les coûts de production. L'armement devrait s'accroître de petits bâtiments (d'une longueur ne dépassant pas 15 m) qui seraient affectés au chalutage, ainsi qu'à la pêche d'espèces démersales et pélagiques au moyen d'autres engins.

c) Aides à la navigation

Les côtes n'étant pas pourvues d'aides à la navigation, il convient d'envisager le balisage (par marques ou bouées) des zones convenant à la pêche des poissons de fond et qu'une enquête aura permis de délimiter.

d) Enquêtes au large

Le développement des pêches togolaises doit reposer sur une enquête relative aux ressources halieutiques du Golfe de Guinée et portant sur les espèces démersales aussi bien que pélagiques, telle que l'enquête sur la pêche au chalut en Guinée. Toute enquête effectuée en coopération avec les pays voisins et d'autres programmes internationaux, comme les projets FSNU/FAO relatifs à la Sardinella, doivent être pleinement appuyés par le Gouvernement.

Il y a lieu de penser qu'il existe au large des ressources crevettières de nature à justifier une étude plus poussée par la pêche exploratrice.

II. TRAITEMENT ET COMMERCIALISATION DES POISSONS DE MER

a) Fumage

On s'attachera à améliorer les méthodes de fumage; les essais effectués par la FAO dans d'autres pays de l'Ouest africain permettront de perfectionner les techniques de fumage.

b) Salage

Il importe d'améliorer la méthode de salage afin de satisfaire aux exigences de la qualité et de l'hygiène. On devrait étudier la possibilité de fournir du sel de bonne qualité en vrac et à bas prix aux coopératives de pêcheurs pouvant entreprendre le salage du poisson.

c) Commercialisation et distribution

Il conviendra d'étudier dans les année à venir l'implantation à Lomé d'un marché de gros. En ce qui concerne le ravitaillement de l'arrière-pays en poisson, il faut actuellement s'attacher à accroître les livraisons de poisson fumé ou salé en bon état et satisfaisant aux normes de l'hygiène. Le Service des pêches devrait procéder à des essais de divers modes de conditionnement, d'abord avec des matériaux disponibles dans le pays puis avec d'autres articles: sachets de matière plastique, boîtes en carton, eyc., en vue de faciliter la distribution du poisson fumé.

On encouragerait la consommation de poisson dans l'arrière-pays en abaissant dans toute la mesure du possible le tarif marchandises des chemins de fer.

Si l'on désire faciliter la commercialisation du poisson, il faut pouvoir emmagasiner les excédents temporaires (qu'il s'agisse de poisson produit localement ou importé) principalement en vue d'une transformation ultérieure. La construction dans le quartier du port de Lomé d'une fabrique de glace et d'entrepôts frigorifiques qui feraient partie des installations du nouvel abattoir et des entrepôts frigorifiques du port faciliterait considérablement les choses. La capacité de ces installations serait déterminée sur la base des besoins matériels et de la rentabilité, en prenant en considération divers facteurs: volume des excédents temporaires de poisson fournis tant par la production locale que par les importations (compte tenu des fluctuations saisonnières), utilisation actuelles du poisson, importance des besoins et de la demande de glace, activité prévue et estimation des coûts et des gains des futures installations (fabrique de glace et entrepôts frigorifiques). Il serait souhaitable d'envisager pour commencer une activité modeste mais rentable pouvant être développée en cas de besoin.

Afin d'encourager la consommation de poisson frais dans l'arrière-pays, il faudrait envisager la création dans la ville de Palimé d'un petit centre de distribution et étudier, en tenant compte des conditions locales, le type et la capacité des installations dont il devrait être doté: emballages, moyens de transport (par exemple camions isothermes), petite machine à glace paillette.

III. PECHES CONTINENTALES

a) Pêches lacustres

Il serait possible d'accroître la production de certains secteurs du Lac Togo en généralisant l'emploi de la méthode de pêche “akadja” pratiquée au Dahomey. Il convient de poursuivre avec soin l'expérience de la pêche “akadja” établie au Lac Togo et d'étudier tous les rendements et autres données économiques en vue d'une éventuelle expansion. Il conviendrait d'entreprendre la destruction des mauvaises herbes dans certaines zones où la couverture de joncs et autres plantes aquatiques est très dense. Après vérification, par des essais à petite échelle, de l'efficacité de la méthode choisie, un programme de désherbage de secteurs étendus devra être arrêté. La petite pirogue monoxyle actuellement employée n'offre que des possibilités limitées et sa fabrication revient assez cher. Il est suggéré de lui substituer un petit canot en planches, de 6 m de long et de 1,50 m de large, plus économique, plus spacieux et plus stable, et sur lequel peut être monté un petit moteur hors-bord de 3,5 ch. Cette embarcation pourrait également pratiquer la pêche fluviale. Des essais d'ostréiculture devraient être effectués dans la partie du lac proche de l'estuaire.

b) Pêche fluviale

Il faut appliquer strictement la loi interdisant l'emploi des ichtyotoxiques et des explosifs. Tous les travaux d'aménagement intéressant la Mono devraient être entrepris en pleine collaboration avec le Gouvernement du Dahomey. Une collaboration analogue devrait s'établir avec le Gouvernement du Ghana en ce qui concerne l'Cti. Dans les zones où l'envahissement par les plantes aquatiques pose des obstacles à la pêche et à la navigation, le désherbage pourrait être entrepris par les villageois sur la base de l'auto-assistance.

Dans les cours d'eau de l'intérieur, où la pêche est peu pratiquée, il faut enseigner aux villageois les méthodes de pêche y compris l'emploi, la confection et la réparation des engins. Il est recommandé d'entreprendre des opérations de pêche dans les quatre secteurs de l'intérieur: Depango, Mandouri, Mango et Nandouta. Peut-être le matériel pourrait-il être fourni aux pêcheurs, à prix coûtant, par l'entremise de la Société publique pour l'action rurale.

Il convient d'entreprendre une enquête sur les diverses espèces de poisson d'eau douce pouvant convenir à l'empoissonnement de réservoirs dans la région Nord. Une étude devrait également être faite sur les zones susceptibles d'être ensemencées en huîtres et en palourdes.

c) Pisciculture

Les principales stations pratiquant actuellement la pisciculture de repeuplement devraient être divisées en deux catégories: 1) les étangs les plus importants, qui devraient s'orienter surtout vers les démonstrations et la pisciculture commerciale; 2) les étangs de petite taille, dont le rôle devrait être de produire des jeunes poissons à distribuer aux pisciculteurs. Il conviendrait d'appliquer le même système aux 125 étangs de pisciculture de l'Etat, tant du point de vue du repeuplement que de l'élevage commercial et de démonstration. A titre d'essais, l'exploitation de certains étangs pourrait être confiée aux écoles de village ou à d'autres institutions. Toutefois, le succès de l'entreprise ne sera garanti que si les pouvoirs publics en assurent l'orientation et le contrôle. Dans les réservoirs, la pêche devrait être encouragée sous contrôle, de sorte que les villageois puissent en tirer le maximum de profit sans compromettre les stocks de poisson. Il importe de tenir à jour les statistiques des quantités pêchées.

Il convient de déterminer quelle est l'espèce de tilapia convenant le mieux à la pisciculture commerciale dans chaque secteur du pays et d'entreprendre également des études sur les taux de charge optimaux des étangs, les systèmes de nourrissage, le débit du système d'alimentation en eau et la taille des étangs. Le Service des pêches doit s'efforcer de bien montrer que la création d'un étang de pisciculture est un investissement qui rapporte du fait de la production de poisson.

Les centres d'alevinage de l'Etat devraient remettre gratuitement des alevins aux étangs agréés, sous réserve que les pisciculteurs bénéficiaires s'engagent à en fournir sur demande aux pouvoirs publics un nombre équivalent aux fins de distribution. Un enseignement piscicole devrait être donné à l'école d'agriculture de Tové ainsi que dans d'autres centres de formation agricole, notamment à Fildji et à Tsevié, et il devrait être organisé également à l'intention des groupes de jeunesse pionnière.

Les techniques piscicoles devraient être intégrées aux pratiques agricoles ou touchant l'utilisation des terres.

IV. ADMINISTRATION

La politique et l'activité du Service des pêches devraient être dirigées par un Comité consultatif des pêches désigné par le Ministre de l'économie rurale. Les programmes à long terme de développement des pêches devraient être reconnus et sanctionnés par le Service de la planification économique, des crédits suffisants étant alloués pour atteindre les buts visés.

Le Service des pêches devrait comprendre un personnel permanent peu nombreux et une équipe, opérant par roulement, de vulgarisateurs temporaires recrutés parmi les pêcheurs et chargés d'exécuter le programme de développement de la production de poisson (conseils, organisation, vulgarisation). Ce personnel permanent devrait être formé sur place et ultérieurement à l'étranger dans toute la mesure du possible. La formation portera notamment sur la manoeuvre des filets, l'emploi des autres engins de pêche et des moteurs hors-bord et le traitement du poisson, et devra mettre en lumière les difficultés et les limites auxquelles se heurtent les pratiques traditionnelles locales.

L'administration des pêches devrait s'attacher à fournir à l'industrie des services de vulgarisation et de promotion. L'activité du Service des pêches devrait s'exercer notamment dans les domaines ci-après:

  1. Recherche expérimentale et travail d'information en vue de l'amélioration des méthodes de pêche et de traitement, de la mise en oeuvre de plans pilotes de commercialisation et de rassemblement de statistiques.

  2. Activités de développement: représentation de l'industrie des pêches, organisation de programmes de crédit, création de coopératives, fourniture d'engins de pêche, construction de halles au poisson, moyens de formation, introduction de méthodes perfectionnées de pêche et de traitement des produits de la pêche par la formation et la vulgarisation.

  3. Activités de gestion, notamment entretien et fonctionnement des centres d'alevinage, de stations de pisciculture en réservoir, d'installations de débarquement et de commercialisation du poisson.

  4. Règlements et contrôle, notamment application des règlements concernant par exemple l'octroi des licences et la vérification des normes qualitatives.

Les projets d'assistance bilatérale en cours ou prévus devront faire l'objet de la part du Service des pêches d'une coordination efficace afin qu'ils s'insèrent dans le programme de développement halieutique.

V. CREDIT

Il est nécessaire de développer les facilités de crédit mises à la disposition des pêcheurs. Des mesures devront être prises pour informer ceux-ci des programmes de crédit gouvernementaux ainsi que des avantages résultant du remboursement rapide des prêts. Il importe de simplifier au maximum les formalitées de demande de prêts.

Etant donné que l'action en faveur du développement des coopératives figure parmi les objectifs de la politique officielle, il conviendrait, en matière d'octroi de crédit, d'accorder la priorité aux coopératives de pêcheurs. En ce qui concerne les prêts destinés à financer l'achat d'engins, il convient d'envisager l'octroi de conditions de faveur en vue de l'acquisition de filets en nylon.

VI. COOPERATIVES DE PECHEURS

Conformément à la politique gouvernementale visant à favoriser le mouvement coopératif, un fonctionnaire de la Société publique pour l'action rurale devrait donner des conseils pratiques touchant l'organisation de coopératives de pêcheurs. Celles-ci sont les organismes les mieux placés pour l'exécution d'opérations pilotes. Il importe d'envisager le développement de l'activité des coopératives de pêcheurs dans le domaine ci-après: fourniture des engins et du matériel de pêche, traitement et commercialisation du poisson.

VII. STATISTIQUES

Pour la planification du développement des pêches et l'étude des tendances et de l'évolution de l'industrie, il est indispensable de disposer de statistiques dignes de foi sur la production, le commerce extérieur et la distribution du poisson. Ces statistiques devront être rassemblées par le Service des pêches qui utilisera à cette fin toutes les sources de renseignement possibles.

VIII. PRIORITES

Le manque de personnel et de fonds peut empêcher que toutes les mesures souhaitables soient prises, et il conviendrait peut-être de hiérarchiser les diverses recommandations. La création du Comité consultatif des pêches entraînera l'établissement d'un ordre de priorité, pour lequel on pourra peut-être utilement tenir compte des suggestions ci-après. La priorité pourrait être accordée à la fourniture de filets et de matériel de pêche ainsi que d'un nombre suffisant de bateaux de pêche, et aux programmes de motorisation de la flottille. Ces mesures entraîneront nécessairement la mise sur pied de systèmes de crédit et d'une politique fiscale appropriés, comportant notamment l'exonération des droits d'importation pour certains articles. En même temps, il conviendra d'encourager la pisciculture. L'attention devra également se porter sur l'amélioration des méthodes de traitement, de commercialisation et de distribution du poisson.

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