Des ouvrages et documents de référence provenant de toutes les sources disponibles et traitant des pêches du Togo, du Dahomey, du Ghana et du Nigeria ont été réunis et mis à la disposition du Service des pêches. Les références portaient notamment sur les points suivants: a) données sur les marées, les courants, les vents, les précipitations, l'humidité, les températures; b) données hydrologiques sur la salinité, le pH, la circulation de l'eau dans les lacs, les fleuves, les réservoirs et les stations de pisciculture; c) statistiques sur le commerce des produits à base de poisson, importations totales, exportations, évaluation de la production par région et transport saisonnier du poisson à l'intérieur du pays; d) coûts de la production, du transport, du traitement, prix du poisson à la consommation, engins de pêche; e) recensement des pêcheurs et de tous les types d'engins utilisés dans les pêches maritimes, fluviales et lacustres; f) donnés techniques sur les procédés actuels de fumage, de salage et de séchage; g) facilités de crédit, taux d'intérêt et fonctionnement des coopératives; h) études des principaux centres piscicoles d'Etat et plans correspondants.
L'expert a dispensé à ses homologues une formation intensive sur les points suivants: méthodes de rassemblement et d'évaluation des données, essais pratiques concernant le traitement du poisson, méthodes applicables aux pêches continentales et à la pisciculture (analyse de l'eau, construction et entretien des étangs).
Des projections cinématographiques et des démonstrations ont été organisées à l'intention des homologues de l'expert, des fonctionnaires sur le terrain et des pêcheurs, ainsi que des discussions et des démonstrations pratiques portant sur certaines des méthodes ainsi illustrées. Des cours accélérés consacrés aux méthodes de pisciculture appropriées au Togo ont été organisés pour le personnel des pêches continentales et les volontaires du Corps de la paix spécialistes de la pisciculture.
Les pêcheurs pratiquant la pêche en mer ont pu assister à quelques démonstrations portant sur les points suivants: moteurs hors-bord, lignes de nylon, filets de fibre synthétique monofilament ou multifilament, pêche de la langouste, entretien et protection des filets de coton. Les procédés de vidage, de salage, de fumage et de séchage du poisson ont fait aussi l'objet d'expériences et de démonstrations simples. On a encouragé tous les pêcheurs des villages du littoral à remplacer leurs filets de coton par des filets en fibres synthétiques. Les commerçants, la Chambre de commerce, et par la suite l'Agence gouvernementale d'import-expert, ont été incités à importer des engins en fibres synthétiques. Ces articles sont désormais en stock et vendus aux pêcheurs francs de tout droit. Aux entrepreneurs autochtones et étrangers venus le consulter sur la recommandation du gouvernement, l'expert a donné des conseils touchant leurs plans de pêche et les questions techniques à envisager pour créer une entreprise ou demander l'aide financière des pouvoirs publics.
L'expert a donné sur place des avis aux pisciculteurs sur l'élevage en étang. Dans certains cas, leurs efforts ont été suivis et leurs résultats évalués en ce qui concerne la végétation adventice et les abris dans les étangs, les systèmes de nourrissage et la circulation de l'eau dans les étangs, ainsi que les méthodes de récolte.
Des spécialistes de la recherche halieutique de la République fédérale d'Allemagne, de la France (SCET), du Dahomey et des Etats-Unis ont demandé l'avis de l'expert ainsi que les renseignements dont il disposait; ces consultations se sont révélées fructueuses pour tous les intéressés. En outre, la liaison avec les programmes relatifs à l'étude de l'ONU sur les sols et les eaux et le projet de malariologie de l'OMS, a beaucoup contribué aux projets de développement des pêches.
Les Ministères des finances et de la planification ont demandé l'avis de l'expert pour justifier les crédits budgétaires alloués au programme de développement des pêches ainsi que les priorités nécessaires dans le cadre du budget annuel et quinquennal. De la sorte, le projet relatif aux pêches a pu croître d'année en année.
A Lomé, Sokodé, Anêcho, Mango, etc., l'expert a entrepris de remettre en état les installations abandonnées pour les mettre à la disposition du Service des pêches. Il a ébauché les plans des bâtiments pour qu'ils répondent aux besoins minimums en ce qui concerne les alevinières et les locaux à usage de bureau. A diverses reprises, l'expert est allé en mer expérimenter les engins de pêche traditionnels, de nouveaux filets maillants en nylon et d'autres engins fournis par la FAO. Pour la première fois, des moteurs hors-bord (l'un acheté par la FAO, l'autre don d'un organisme local) ont été utilisés pour la pêche. On a effectué des expériences sur le salage, le fumage et le séchage pour évaluer le coût des divers procédés et améliorer la qualité du produit sans en accroître le prix de revient. De nouveaux engins, notamment des pièges à homards, des casiers à crabes et des paniers à crevettes, ont été fabriqués et essayés en mer et dans le lac, et des nasses pour la capture des tilapias ont été expérimentées dans les cours d'eau et les réservoirs.
Comme on ne disposait pas d'embarcations stables pour la pêche en rivière, dans les lacs et dans les réservoirs, les charpentiers du Service ont construit, sous la direction de l'expert, cinq petits bateaux en bois. Moins coûteux que la pirogue traditionnelle utilisée dans ces eaux, ils sont aussi beaucoup plus pratiques.
Des expériences portant sur les engrais et le nourrissage ont été entreprises dans différents centres piscicoles. L'expert s'est rendu dans tous les centres ou stations de pisciculture créés par le gouvernement. Il a préparé les programmes de toutes les grandes stations et établi des plans d'opération pour chaque centre. Des sennes d'étang, des carrelets et autres engins simples ont été fabriqués à l'usage des stations centrales. Pour les petites stations, on a mis au point un prototype de vannes en bois que pourraient adopter les éleveurs privés. D'autres travaux ont porté sur les méthodes de construction dans certains nouveaux étangs et sur la sélection de stocks reproducteurs dans ces stations de pisciculture. Trois centres abandonnés ont été remis en service.
Des techniques de pêche fluviale à l'aide de filets maillants, de lignes multiples, de casiers et de nasses ont été employées pour la première fois dans le nord du pays où la pêche n'est pas une activité traditionnelle, et des groupes de jeunes y ont été initiés.
On a identifié des poissons de mer, jeunes et adultes, capturés selon des méthodes traditionnelles et débarqués par des chalutiers. On a étudié en regard le lieu de leur capture et les différentes méthodes employées (filets maillants en surface et sur le fond, sennes de plage, etc.). Des études préliminaires ont notamment porté sur l'analyse du contenu stomacal, la taille et le degré de maturité permettant de déterminer les périodes de frai et le taux de croissance approximatif de certaines espèces. On s'est efforcé d'identifier des crevettes pêchées en eau saumâtre et au large, certains échantillons étant expédiés à l'étranger pour vérification. Dans le cadre d'études écologiques consacrées aux poissons d'eau douce, on a cherché si les tilapias indigènes et d'autres espèces herbivores se prêtaient à l'élevage ou pouvaient servir à des opérations d'empoissonnement non soumises à un contrôle rigoureux. On pense que Labeo senegalensis et Alestes nurse se reproduisent dans les réservoirs et se prêtent à l'élevage. On a aussi vérifié régulièrement le pH des cours d'eau et de tous les étangs d'alevinage.
On a soumis à des expériences approfondies deux lots de carpes israëliennes, Cyprinus carpia, dans les étangs protégés de trois stations, pour déterminer si cette espèce pouvait être élevée au Togo et en étudier le taux de croissance et le frai.
On a entrepris une étude sur l'efficacité de différentes techniques de pêche en mer pour identifier la plus rentable par unité d'effort du point de vue des investissements. Cette étude, non encore achevée, doit fournir des renseignements précieux sur la valeur relative des investissements, selon les systèmes de pêche employés.
L'expert ayant suggéré d'examiner les possibilités de créer un port de pêche à l'entrée de la lagune (Anecho), le gouvernement a demandé l'aide de la FAO. L'enquête a été effectuée avec l'aide de l'expert.1
Les travaux de l'expert ont abouti à la création d'un petit service chargé d'organiser le développement des pêches maritimes et continentales. Il a notamment fallu mettre en place, à une échelle modeste, tous les éléments d'un service administratif et consultatif technique; l'expert a donné des conseils pour l'organisation des travaux administratifs courants et aussi pour les opérations sur le terrain, le personnel ayant désormais acquis une certaine expérience. Le Service a hérité des taches assumées jusque-là par le Service des forêts en matière de pisciculture, mais sans disposer pour autant de personnel qualifié. En outre, on a commencé à constituer une bibliothèque contenant des ouvrages d'information et de référence sur les pêches.
A diverses reprises, le Service a organisé des séances cinématographiques sur les pêches, et il s'est aussi occupé de l'achat et de la revente aux pêcheurs de filets et d'engins lorsque les stocks locaux étaient épuisés, ce qui a créé un excellent climat de coopération avec l'industrie; de leur côté, les pêcheurs ont monté gratuitement des filets pour le Service gouvernemental en utilisant une importante quantité de nappes de filet de nylon fournie par la FAO.
Dans les villages de la côte et de la lagune, 15 panneaux d'affichage relatifs aux pêches renseignent les intéressés que ce qui se passe à l'étranger et sur les activités du Service.
Des ordonnances adoptées dans divers pays ont été collationnées et une ordonnance sur les pêches a désormais force de loi. Un comité consultatif des pêches où sont représentés l'industrie et divers services intéressés veille avec beaucoup d'efficacité au développement rationnel des pêches.
Le programme de travail des volontaires du Corps de la paix a été élaboré par l'expert et intégré aux activités du Service.
1 FAO/ONU, Rapport du Gouvernement du Togo sur les ports de pêche. 1963.