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Résumé

l’Etude prospective du secteur forestier en Afrique

RWANDA

Grâce à l'étude FOSA, une analyse des points forts et des points faibles du secteur forestier ruandais vient d'être réalisée dans l'objectif déclaré de construire son avenir.

La situation actuelle du secteur forestier national est assez critique. L'élan de création des boisements est ralenti, alors que les superficies boisées ne cessent de régresser. Sur une période de 10 ans, le pays a perdu 32% de sa couverture forestière. Les forêts ne couvrent actuellement que 18% du territoire national dans les proportions respectives de 47% et 53% pour les forêts naturelles et les plantations.

Les différents rôles joués par les forêts se perdent actuellement suite à la régression des superficies boisées et à la détérioration de l’état des forêts, résultant de l'impact des facteurs de changements négatifs qui prennent de l'ampleur. Parmi ces facteurs, nous avons relevé l’empiétement agricole, l’exploitation anarchique, la paupérisation grandissante des campagnes entraînant l’utilisation de plus de bois comme source exclusive d’énergie domestique et l’incapacité des ruraux à adopter les techniques d’économie d’énergie, le très faible niveau d’investissements dans le secteur, etc.

Les forêts naturelles constituées en parcs nationaux et en réserves forestières ou réserves naturelles jouent spécialement les rôles écologiques (conservation de la biodiversité, régulation des équilibres hydriques, lutte contre la désertification et contre l'érosion pluviale, etc.). Ces forêts n'étant pas destinées à l'exploitation forestière classique, leur rôle économique réside essentiellement dans la promotion de l'activité touristique.

Les plantations forestières elles, assument essentiellement les fonctions de production (produits ligneux et non ligneux) à côté de la fonction de protection contre l’érosion. On notera cependant que la capacité annuelle de production de tous les types de forêts satisfait seulement près de 70% des besoins de la population ruandaise, exclus les produits forestiers transformés qui sont presque tous importés.

De ce bilan assez sombre, on serait tenté de croire que le secteur forestier national connaît des difficultés insurmontables. En effet, les ressources forestières sont insuffisantes, les possibilités d’accroissement des superficies boisées sont limitées par l’exiguïté du territoire national, la population augmente plus vite (3,6%) que les ressources en bois et les capacités institutionnelles ne sont même pas assez suffisantes pour maintenir au moins les acquis d’avant la guerre et le génocide de 1994.

Mais la politique nationale de décentralisation dont la démarche essentielle est de donner plus de latitude administrative et technique aux gouvernements locaux, avec en vue une meilleure prise de décisions; la politique forestière actuelle qui compte notamment favoriser la création de nouvelles plantations forestières ; les possibilités de développement de l’industrie de transformation de la production locale préconisées par la nouvelle politique industrielle ; les possibilités d’exploitation de nouvelles formes d’énergie (ex : gaz méthane, tourbe, etc.) et la continuation des efforts de vulgarisation des techniques d’économie d’énergie préconisées par la politique actuelle de l’énergie sont autant de facteurs qui, à l’avenir et dans le cas d’une réussite, permettront de redorer l’image du secteur forestier ruandais.

Ainsi dans cette perpective, on peut estimer que les possibilités de création de 200 000 ha de forêts supplémentaires (42,5% de la couverture forestière actuelle) auront été exploitées pour porter le taux de couverture forestière du pays de 18% à 25,5% du territoire national, soit environ un total de 673 000 ha. De cette future situation, il y a des espoirs que les plantations forestières pourront théoriquement couvrir 90% des besoins locaux en produits ligneux primaires.

Cependant tous ces espoirs et perspectives ‘‘brillantes’’ décrits pour le secteur forestier ne pourront voir le jour qu’à la condition expresse que des efforts soient déployés pour faciliter les changements espérés. Ces efforts seront spécialement requis pour améliorer la gestion du patrimoine forestier et incluront la création de nouvelles plantations forestières (par les Districts et la population), la formation de nombreux cadres et techniciens forestiers, la réduction de la pauvreté en milieu rural et la réduction de 40% la consommation du bois et du gaspillage de l’énergie.

Au terme de cette étude, on remarque que l’accroissement des superficies forestières et l’amélioration de la gestion des forêts ne suffisent pas à eux seuls pour que l’on puisse espérer obtenir les résultats escomptés à l’an 2020 tel que décrits au chapitre III. En fait, plusieurs secteurs d’activité économique nationale influencent l’avenir du secteur forestier. Nous recommandons donc qu’aux efforts du Service Forestier National soient joints ceux des autres intervenants en une sorte de synergie pour combattre et juguler les facteurs négatifs identifiés précédemment. La réussite du secteur forestier interpelle l’Etat qui devra mieux coordonner les interventions en rapport avec le secteur forestier et créer un climat propice à la mise en œuvre des politiques sectorielles ; les ONG qui constituent les principaux instruments de mobilisation ; les organismes internationaux qui constituent les principaux bailleurs  ainsi que la population qui est le principal bénéficiaire du secteur forestier.

 

 

 

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