Contexte et objectifs de l'étude
L'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation, FAO en sigle, en partenariat avec la Banque Africaine de Développement, l'Union Européenne, les organisations intergouvernementales sous régionales et régionales, la Banque Mondiale etc. a entrepris l'étude prospective du secteur forestier en Afrique à l'horizon 2020. Cette étude est beaucoup plus connue sous le sigle anglais de FOSA (Forestry Outlook Study for Africa).
L'étude FOSA a été adoptée par la onzième session de la commission des forêts et de la faune sauvage en Afrique (CFFA) tenue à Dakar en République du Sénégal, du 14 au 17 avril 1998.
Elle est réalisée par la FAO avec la collaboration de principales institutions financières dans la région d'Afrique centrale et d'autres partenaires.
L'étude FOSA couvre toute l'Afrique mais elle est exécutée suivant les groupements régionaux basés sur les ressemblances géographiques, institutionnelles, culturelles ou économiques, etc. Dans cette logique l'étude prospective du secteur forestier au Rwanda s'inscrit dans un cadre sous régional dit Afrique Centrale composé de 10 pays.
Les objectifs de FOSA sont assez nombreux; l'étude cherche à servir les besoins de développement en Afrique et à offrir les opportunités d'investissement dans le secteur forestier. Elle intègre les efforts d'amélioration de données de base sur le secteur forestier.
FOSA analysera la situation, les tendances, les faiblesses et les points forts du secteur forestier africain pour faire des prévisions d'un développement durable de la foresterie à l'horizon 2020. En plus de cela, l'étude pourra permettre à chaque pays de formuler les programmes nationaux propres à développer son secteur forestier.
Au niveau national, l'étude prospective s'inscrit dans la logique précédente; mais elle doit tenir compte des particularités qui sont les nôtres au niveau de la sous région d'Afrique centrale, notamment le caractère très limité de nos ressources forestières et de multiples rôles qu'elles sont appelées à jouer dans la vie socio-économique du pays à l'horizon 2020.
Eléments sur le secteur forestier national
La couverture forestière nationale est actuellement estimée à 473 200 ha en 2000 soit un taux de couverture de 18% de la superficie totale du Rwanda, elle-même évaluée à 26 338 km2. Sur une période de 20 ans, les superficies des forêts naturelles sont passées de 513 600 ha à 221 200 ha, soit une régression de 57% entre 1980 et 1999. Cette situation résulte de plusieurs facteurs dont les défrichements dus à l'agriculture, l'exploitation intensive, la mauvaise gestion, etc.
La plupart de ces forêts jouissait cependant d'un statut particulier pour leur protection parce qu'elles étaient classées soit comme réserves forestières soit comme parcs nationaux, bien avant 1980 (voir à l'annexe 1).
Parallèlement à cette régression des forêts naturelles, d'importants efforts de reboisement étaient consentis même s'ils n'ont pas pu compenser les pertes de superficies dues aux défrichements. Les plantations forestières sont passées d'une superficie de 80 000 ha en 1980 à 252 000 ha en 1999 (voir l'annexe 2)
Le secteur forestier national est régi par la loi n°47/1988 portant organisation du régime forestier qui consacre 3 domaines forestiers répartis par catégorie de propriété:
Les forêts domaniales ;
Les forêts communales ;
Les forêts privées.
La gestion des forêts domaniales et communales relève des services forestiers de l'administration publique. Cette gestion manque d'efficacité à cause de l'insuffisance des ressources humaines et des moyens financiers.
Seules les plantations forestières pourvoient aux besoins en produits forestiers ligneux, c'est à dire qu'elles sont soumises à un régime d'exploitation forestière classique alors que les forêts naturelles ont pour principale destination, la protection de la biodiversité et l'écotourisme.
La productivité est donnée suivant la propriété forestière, en général les plantations forestières sont les plus productives (voir annexe 3).
Le secteur forestier national met en général sur le marché les produits forestiers bruts sommairement transformés; il s'agit :
Du bois de chauffage ;
Du bois de construction ;
Des sciages ;
Du charbon.
Selon l'enquête sur l'utilisation du bois menée par le Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et des Forêts (MINAGRI) en 1981-1982, la consommation moyenne des produits forestiers par habitant et par an est de 0,91m3. La ventilation de cette moyenne entre les différentes consommations est donnée à l'annexe 4. Pour une population estimée à 8 344 000 d'âmes, les besoins en produits forestiers sont évalués à 7 593 000 m3
Avec un volume sur pied actuellement estimé à 74 626 000 m3 et une possibilité annuelle de 5 354 000 m3; le secteur forestier national ne peut pas satisfaire toute la demande en produits forestiers, il en résulte un déficit annuel estimé à environ 2 200 000 m3.
Cette situation se traduit par une dégradation continuelle des forêts et une grande dépendance du pays par rapport aux produits forestiers importés. Le rôle économique joué par le secteur forestier national n'apparaît qu'en partie dans la comptabilité publique nationale surtout en ce qui concerne les importations. Dans le domaine du commerce international des produits forestiers, la balance des paiements est très déficitaire.
Le Rwanda n'exporte presque rien si ce n'est quelques objets d'art. Par contre, le pays importe des milliers de tonnes de papiers et des centaines d'autres produits forestiers comme les contre-plaquées, les sciages de qualité, les panneaux, à concurrence de plusieurs millions de dollars (voir annexes 5).
Toutefois quelques indices témoignent de l'importance du rôle joué par le secteur forestier national dans la vie socio-économique du pays. On reconnaît que 95% de l'énergie consommée dans le pays provient de la biomasse dont 90% de l'énergie consommée par les ménages et 5% par la petite industrie.
Concernant la transformation industrielle du bois, on note la présence d'une seule usine qui produit les allumettes à partir du bois de pins. Quelques centaines de m3 de grumes de pins sont transformés chaque année.
Le secteur forestier national anime un commerce intérieur qui se déroule dans le secteur de l'informel. Il n'est pas facile de disposer de données statistiques fiables sur cette activité économique. Le charbon et les sciages constituent les principaux produits les plus vendus. Les principaux débouchés sont les centres urbains, la ville de Kigali constitue de loin le marché le plus important où est vendue 90% de la production nationale de charbon de bois.