Le chapitre III a présenté un secteur forestier national performant 2020. Cette situation construite sur les hypothèses peut se concrétiser à condition de faire tourner les moteurs de changement (à fortiori négatifs) dans le sens positif et à renforcer l'action des facteurs de changements positifs.
Les facteurs cruciaux de changement
Sans prétendre être exhaustif, les principaux facteurs de changements sont les suivants:
L'éducation ;
La politique forestière nationale ;
La politique agricole ;
L'industrialisation ;
La politique d'investissement ;
La politique de l'énergie ;
Les moyens de communication ;
La politique démographique ;
La réforme foncière.
L'éducation
Le système éducatif est un puissant facteur de changement dans tous les domaines. Pour que nous puissions disposer d'un secteur forestier viable auquel nous aspirons à l'horizon 2020, notre système éducatif doit changer pour agir dans le sens d'inculquer à la population ruandaise une culture "environnementaliste".
Les changements requis dans le domaine de l'éducation sont les suivants:
Augmenter le taux de scolarisation voire supprimer l'analphabétisme ;
Intégrer les thèmes sur l'environnement à tous les niveaux de notre système éducatif.;
Mettre en place une école supérieure de formation de hauts cadres forestiers ;
Augmenter la capacité d'accueil des écoles secondaires ;
Créer des écoles polytechniques pour former les techniciens de l'industrie en général et de la transformation du bois en particulier ;
Mettre sur pied des programmes de sensibilisation à l'utilisation durable du patrimoine forestier à l'endroit des populations non scolarisables.
Dans le domaine de l'éducation, l'Etat doit jouer un rôle de leader en mettant sur pied un système éducatif favorable mais les privés ont aussi un rôle à jouer surtout dans l'apport des financements nécessaires.
La politique forestière nationale
Pour faciliter le changement et contribuer à l'avènement du secteur forestier décrit au chapitre III; d'importants changements doivent intervenir dans les programmes et stratégies ainsi que dans les institutions en rapport avec la politique forestière.
Changements requis pour un renforcement de la politique forestière
Inscription du secteur forestier par les pouvoirs publics dans les priorités nationales ;
Reconnaissance de la politique forestière par un acte légal ;
Institutionnalisation du service forestier national par un arrêté présidentiel ;
Elaboration et adoption des textes légaux permettant l'application de la loi forestière.
Principaux changements requis dans la cadre institutionnel du service forestier
Renforcement des capacités opérationnelles de l'administration forestière
Mise à disposition et formation des ressources humaines ;
Mise en place d'un appui logistique adéquat.
Renforcement des capacités opérationnelles de l'ISAR ( Recherche forestière)
Appuyer la recherche par du matériel technique ;
Mettre à disposition un personnel de recherche qualifié et expérimenté.
Redynamisation da la coopération bilatérale dans le secteur forestier
Soutenir et encourager les projets forestiers
Impliquer et confier de plus en plus de responsabilités aux tiers ( ONG, collectivités,
locales, les privés etc.)
Principaux changements requis au niveau de l'administration forestière
Les changements consistent renforcer ou à introduire à tous les niveaux les principes de gestion participative impliquant toutes les parties prenantes.
Redoubler d'efforts pour veiller à l'application intégrale de la loi forestière
Sensibilisation des populations et vulgarisation des concepts appropriés de la gestion des ressources ligneuses d'une façon durable
Conseiller les propriétaires forestiers ( districts, privés, groupement, concessionnaires, etc.) plus particulièrement dans la planification, l'exécution et la commercialisation
Coordonner les différentes institutions impliquées dans le secteur forestier et promouvoir la recherche
Contrôler la gestion et l'aménagement des domaines forestiers par les tiers en veillant au respect de la loi
Pourvoir l'assistance technique et financière pour la réalisation des projets spécifiques et veiller à leur coordination.
Définir le rôle du secteur forestier par rapport aux autres secteurs comme la sécurité alimentaire, l'agriculture, la protection de l'environnement; etc.
Démontrer les contribution possibles et par conséquent l'importance du secteur forestier dans le développement global du pays
Définir la responsabilité des structures décentralisées quant à la gestion des domaines forestiers publics
Démontrer la nécessité et les possibilités d'impliquer et de responsabiliser le secteur privé et lui procurer surtout un support juridique et une assistance technique
Enfin prévoir le soutien technique et financier aux investissements justifiés dans le secteur forestier.
La politique agricole
Pour jouer son rôle comme facteur crucial de changement positif dans le secteur forestier, la politique agricole doit opérer des changements profonds dans l'agriculture nationale:
Il faudra donc promouvoir une agriculture de marché renforcée par une professionnalisation du domaine.
Les grands axes de cette politique seront les suivants:
Encourager le secteur privé à investir dans l'agriculture grâce à la révision de la loi foncière qui consacrera la propriété des terres ;
Mettre sur pied une politique favorable à l'accès aux intrants modernes ;
Augmenter les rendements par unité de surface ;
Introduire de nouvelles spéculations agricoles ;
Favoriser l'agro - industrie et l'agribusiness ;
Intensifier la production agricole sur les terres jugées marginales comme les terres marécageuses ;
Adopter et appliquer les stratégies de protection des terres quelque soit le type de spéculation agricole pratiquée.
L'industrialisation
Le secteur industriel sera favorable au secteur forestier de l'an 2020 s'il peut désengorger le secteur agricole en créant l'emploi pour au moins 30% de la population. Grâce à cette action, l'industrie aura diminué la pression agricole sur les ressources forestières. En assurant au paysan un revenu monétaire régulier, l'industrie lui aura permis de pouvoir se procurer d'autres sources d'énergies qui auront été développées ou tout simplement d'être capable d'adopter les techniques d'utilisation économique du bois- énergie.
L'Etat a un grand rôle à jouer dans ce domaine parce qu'il doit créer les conditions favorables à l'investissement.
Politique d'investissement
Les pouvoirs publics doivent créer un climat propice aux investissements étrangers et nationaux par les actions suivantes:
Garantir la sécurité sur tout le territoire national ;
Renforcer la politique de libéralisation de l'économie nationale ;
Mettre en application un code d'investissement incitatif ;
Garantir le marché par l'adhésion aux processus d'intégration économique sous régionale et régionale.;
Continuer la politique de désengagement de l'Etat des activités de production au profit des opérateurs économiques privés;
Décourager les monopoles.
Plus spécifiquement dans le secteur forestier, des crédits suffisants doivent être consentis pour assurer le fonctionnement normal de l'administration forestière.
Le secteur privé doit être sensibilisé à investir dans le secteur forestier pour la production des biens de consommation.
La politique de l'énergie
L'exploitation du bois à des fins énergétiques est l'un des facteurs de la dégradation des forêts.
La politique nationale de l'énergie cherchera à diversifier les sources d'énergie et à promouvoir les méthodes économiques de son utilisation. Pour que cette politique favorise les changements positifs dans le secteur forestier. Les changements suivants au niveau des stratégies sont nécessaires:
Réduction des pertes enregistrée au niveau de la carbonisation ou de l'utilisation du bois dans les ménages ;
Diversification des sources d'énergie ;
Introduction et vulgarisation des technologies de valorisation du bois.
La réussite de cette politique se traduirait par la réduction d'au moins 40% du niveau de consommation du bois énergie
Les actions ci-dessous sont requises pour provoquer les changements positifs dans la consommation du bois énergie:
Exploiter le gaz méthane du lac Kivu et le mettre sur le marché aux prix abordables ;
Développer les techniques d'exploitation de la tourbe ;
Augmenter la production de l'énergie hydroélectrique ;
Encourager l'utilisation d'autres sources d'énergie comme le soleil ou le biogaz ;
Vulgariser les foyers améliorés et les techniques de carbonisation à haut rendement, de façon qu'au moins 40% de la population cible adoptent les nouvelles technologies.
Les moyens de communication
Le Rwanda doit augmenter ses capacités en télécommunication de haute technologie et surtout en faciliter l'accès au grand public.
Il faut diversifier les moyens de transports internationaux en introduisant le transport par chemin de fer.
Au niveau national, les routes doivent être entretenues pour permettre la commercialisation des produits forestiers entre les régions productrices et celles qui sont déficitaires. Leur entretien permettra en outre l'accès aux plantations forestières pour effectuer des travaux d'entretiens et d'aménagements forestier
Les autres moyens de communication comme les masses médias et journaux devront être aussi développés pour atteindre la majorité des populations en servant de véhicule-support des thèmes sur la préservation de l'environnement en général et l'exploitation durable des forêts en particulier.
La politique démographique
Le pays a déjà une politique démographique, mais pour que celle-ci ait un impact positif sur le secteur forestier, il faut qu'elle parvienne à contrôler la croissance de la population, afin de favoriser un accroissement démographique proportionnelle à l'augmentation des ressources forestières. La campagne en faveur du planning familial doit être intensifiée
Réforme foncière
Elle sera un facteur favorable si elle permet aux paysans d'être propriétaires des terres et de réaliser un remembrement volontaire de leurs terres afin d'en faciliter l'aménagement et la gestion. A ce effet une nouvelle législation foncière plus adaptée doit être mise sur pied. Ceci pourra encourager les opérateurs économiques à investir à long terme dans le secteur forestier.
Les différents acteurs du secteur forestier national qui doivent jouer des rôles clés dans pour provoquer des changements positifs dans le secteur sont principalement: l'Etat, les collectivités locales, le secteur privé, les ONG et les organismes internationaux, les institutions financières et divers donateurs à travers la coopération bilatérale et multilatérale.
L'Etat doit créer un climat propice au développement du secteur forestier national. A ce titre l'Etat élaborera les politiques dans différents secteurs de la vie socio-économique (économie, éducation, agriculture, foresterie, énergie, etc.) dont la mise en œuvre provoquera les changements positifs favorables au secteur forestier. L'Etat encouragera et renforcera sa politique de coopération bilatérale et multilatérale en matière de l'environnement ;
Les collectivités locales joueront un grand rôle dans la conservation des écosystèmes forestiers. Ils adopteront les techniques de l'agroforesterie et d'aménagement des plantations forestières ainsi que l'utilisation économique du bois-énergie ;
Le secteur privé contribuera notamment à investir dans la création des emplois non agricoles , dans la mise en place des plantations forestières ainsi que dans la valorisation industrielle du bois ;
Les autres partenaires apporteront leur appui technique et financier au secteur forestier.