SITUATION DU SECTEUR FORESTIER A L'HORIZON 2020
Scénarios des perspectives du secteur forestier national à l'horizon 2020
L'examen des facteurs de changement qui paraissent dans leur majorité défavorables au développement du secteur forestier nous amène à proposer deux scénarios tous possibles mais pas également crédibles. Le scénario le plus crédible sera développé dans cette perspective de notre secteur forestier.
Scénario 1
A l'horizon 2020, il n'y aura plus de forêts au Rwanda parce que le déficit persistant entre l'offre et la demande des produits forestiers et l'incidence des différents facteurs de changements négatifs auront contribué à paralyser toutes les activités de reboisement ainsi qu'à couper et défricher tout le bois. Ce scénario n'est pas réaliste, n'étant pas crédible; il est inutile pour notre étude.
Scénario 2
A l'horizon 2020, le secteur forestier du Rwanda sera prospère et jouera pleinement ses rôles socio-économiques et écologiques. Ce scénario est possible et crédible mais il faudra certains préalables qui seront traités au chapitre IV. Le scénario 2 aura été possible lorsque les composantes du secteur forestier de l'an 2020 auront une physionomie pareille à celle qui va être décrite dans le présent chapitre.
Etat des forêts naturelles et des plantations forestières
D'ici à l'horizon 2020, il n'y aura plus eu de défrichement de forêts naturelles pour quelque raison que ce soit. Les superficies actuelles des forêts naturelles resteront inchangées durant les 20 ans à venir, elles seront beaucoup plus protégées. Les activités de création des boisements seront renforcées. Toutes ces conditions réunies permettront d'accroître les superficies forestières actuelles de 42%. Les superficies boisées occuperont 25,5% de toute la superficie du territoire national contre 18% actuellement.
Les forêts naturelles
Les forêts denses de montagne
Les forêts naturelles de montagnes se rencontrent dans la partie ouest sur la dorsale de la crête Congo-Nil.
On aura deux grandes forêts de montagnes à savoir la forêt de Nyungwe (92 100 ha) et la forêt des volcans (12 000 ha) qui totaliseront une superficie de 104 100 ha
A côté de ces grands massifs subsisteront de petites forêts à savoir Mukura: 1 200ha Gishwati: 600 ha, Cyamudongo: 300 ha isolées au milieu des champs de culture.
Les forêts sèches
Les forêts sèches sont localisées dans la partie orientale du pays. Elles sont représentées par le parc de l'Akagera et quelques forêts galeries. Compte tenu de la politique de conservation en vigueur, les superficies actuelles resteront inchangées jusqu'à l'horizon 2020 avec 90 000 ha pour le Parc National de l'Akagera et 25 000 ha pour les forêts galeries.
Les plantations forestières
Elles constituent le secteur forestier le plus dynamique de notre pays, elles assument les fonctions de production et de protection. Malgré ce dynamisme, les potentialités de leur développement sont très limitées. Par exemple, le MINAGRI estime depuis 2000 que les possibilités d'accroissement des superficies forestières plantées toutes catégories confondues sont de 200 000 ha.
Si l'on suppose que sur une période de 20 ans, tous les efforts auront été déployés pour préserver les plantations forestières existantes et créer d'autres, la superficie totale des plantations forestières sera de 452 000 ha. Elles seront composées de plantations forestières publiques ainsi que des plantations forestières privées et des arbres hors forêts.
Les plantations forestières publiques
Ces plantations comprennent les boisements de l'Etat et ceux des Districts. L'accroissement des boisements étatiques sera limité à cause de l'option de libéralisme économique, de désengagement des activités de production et de décentralisation déjà adoptée par l'Etat. Par contre les Districts forts de leur autonomie de gestion pourront créer et gérer de nouvelles plantations forestières dont la superficie peut être estimée à 30 000 ha. Ce qui fait qu'à l'horizon 2020, il y aura 120 000 ha de plantations forestières publiques.
Les plantations forestières privées et arborisation
Le pays a fourni de grands efforts pour la création des boisements, une grande partie des terres dites à vocation forestière a déjà été reboisée. Cependant des possibilités de création de quelques boisements classiques existent dans la partie Est de notre pays et dans la zone défrichée de la réserve de Gishwati. Le gros des superficies boisées sera récupéré sur les terres agricoles par le truchement de la pratique de l'agroforesterie. De cette façon les plantations forestières privées passeront d'une superficie estimée actuellement à 162 000 ha à 332 000 ha à l'an 2020
Tableau 3 : Récapitulatif des superficies forestières à l'horizon 2020
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Type de forêts |
Superficies en ha |
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Forêts naturelles de montagnes |
104 100 |
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Forêts reliques de montagnes |
2 100 |
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Forêts sèche de l'Est |
90 000 |
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Forêts galeries |
25 000 |
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Plantations forestières publiques |
120 000 |
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Plantations forestières privées |
332 000 |
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Total |
673 200 |
Etat des industries forestières
Le développement de l'industrie forestière ruandaise sera toujours modeste au vu du caractère limité des ressources forestières dont dispose le pays et de son enclavement qui ne facilite pas le commerce avec l'extérieur. Toutefois il devra y avoir des innovations technologiques à même de favoriser un secteur forestier prospère.
On peut supposer qu'à l'horizon 2020 l'usine d'allumettes (SORWAL) en place travaillera à plein régime en transformant 2 160 m3/an. La SORWAL a son siège dans la province de Butare, à 20 km de la Province de Gikongoro riche en plantations forestières.
Pour la satisfaction des besoins internes et éventuellement pour exporter les boîtes d'allumettes dans les pays voisins, l'agrandissement de l'usine d'allumettes en place ou la création d'une autre unité de fabrication d'allumettes qui pourrait transformer 5 000 m3/an est rendu probable par la présence d'importantes superficies de plantations forestières (14 000ha) à caractère industriel dans la Province de Gikongoro.
D'autres petites unités de transformation pourront voir le jour, il s'agira notamment d'une unité moderne maîtrisant les techniques de sciage et de séchage du bois de pins et d'une unité de conditionnement du bois pour la production des poteaux de ligne avec une capacité de 15 000 à 20 000 poteaux par an.
Le marché visé sera avant tout interne même si le marché extérieur n'est pas à exclure à priori. Compte tenu de l'emplacement du Rwanda et de faibles quantités de produits forestiers transformés à mettre sur le marché, il sera difficile pour l'industrie forestière du Rwanda d'être compétitive et de se positionner sur le marché international.
Les unités de sciage et de production de poteaux de ligne devront logiquement être installées dans la région du Sud-Ouest du pays parce que c'est la région la plus riche en bois.
Situation de l'offre et de la demande des produits forestiers
Les efforts qui auront été fournis durant les 20 prochaines années contribueront à réduire significativement le déficit en produits forestiers et même à rétablir un équilibre théorique entre l'offre et la demande. Le secteur forestier national devra être à mesure de satisfaire les besoins élémentaires comme la fourniture du bois de feu. Les besoins totaux en produits forestiers seront de 8 602 965 m3/an sans compter les besoins en papiers et cartons, alors que la capacité annuelle des forêts et boisements ne dépassera pas 8 826 000 m3
Les besoins en produits forestiers
Les besoins en produits forestiers primaires
Le bois de feu : En posant l'hypothèse que les techniques d'utilisation du bois-énergie et les autres sources d'énergie auront été suffisamment développées pour réduire de 40% la demande en bois de feu, la consommation moyenne actuelle par habitant passera de 0,87 m3/an à 0,52 m3/an à l'an 2020. Pour une population estimée à 15 500 000 âmes en l'an 2020, les besoins en bois de feu sont évaluées à 8 060 000 m3
Le bois d’œuvre: Le niveau de vie du Ruandais moyen aura augmenté et la conséquence à cela est qu'il aura besoin de beaucoup plus de meubles. Partant de cette hypothèse, on peut poser que la consommation moyenne de bois d'œuvre actuellement de 0,01m3/habitant/an passera à 0,015m3/an /habitant à l'horizon 2020 ; ce qui fait que les besoins en bois d'œuvre seront estimées à 232 500 m3.
Le bois de construction: Des efforts auront été fournis pour diminuer le bois utilisé dans les constructions rurales. La construction des maisons à briques adobes et à briques cuites auront été encouragées si bien que l'on pourra compter 0,02 m3 de bois de construction consommé par an et par habitant. Dans ce cas, on peut estimer qu'on aura besoin de 310 000 m3.
Les besoins en produits forestiers transformés
Besoins en contre-plaqués et panneaux: Si l'on part de l'hypothèse que le pouvoir d'achat du Ruandais moyen aura augmenté et qu'il aura besoin de consommer plus de produits forestiers de luxe; on peut supposer que la moyenne actuelle de consommation annuelle de panneaux et contre plaqués par habitant passera de 176x10-7 m3 à 300x10-7m3, ceci fait que les besoins seront évalués à 465 m3
Les besoins en papiers et cartons: Actuellement les besoins en papiers et cartons sont évalués à un millier de tonne chaque année. Dans 20 ans le pays aura atteint un développement socio-économique qui sera accompagné d'une consommation de plus de papiers. Dans l'hypothèse que dans 20 ans le taux d'analphabétisme aura sensiblement baissé, qu'un grand nombre de Ruandais aura besoin de lire beaucoup et que tous les enfants en âge d'être scolarisés seront à l'école; on peut supposer que les besoins en papier augmenteront de 150%. Ainsi donc, le pays aura donc besoin d'environ 4 036 tm en l'an 2020 en papiers et cartons.
Tableau 3 : Récapitulatif des besoins en bois à l'horizon 2020
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Type de produits |
Quantité en m3 |
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Le bois de feu |
8 060 000 |
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Le bois d’œuvre |
232 500 |
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Le bois de construction |
310 000 |
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Les contre plaquées et les panneaux |
465 |
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Total |
8 602 965 |
Les produits forestiers nationaux
Les produits forestiers ligneux
Le secteur forestier national se caractérisera par la modestie des produits qu'il va offrir que ce soit au niveau de la diversité, de la quantité et de la qualité. Les principaux produits seront :
Le bois de chauffe
le bois rond d'industrie
Le bois de construction et les sciages
Les produits forestiers non ligneux - le miel, les plantes médicinales etc.
Les forêts naturelles et plantations forestières présenteront une capacité annuelle de 8 826 000 m3, dont 7 720 000m3 produits par les plantations forestières seront effectivement disponibles pour la consommation.
Tableau 4 : Production et productivité des forêts et boisements en l'an 2020
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Type de forêts |
Superficie en ha |
AAM en m3 |
Volume m3/ha |
Volume total sur pied en m3 |
Possibilité annuelle en m3 |
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Plantations forestières publiques |
120 000 |
9 |
285 |
34 200 000 |
1 080 000 |
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Plantations forestières privées + arborisation |
332 000 |
20 |
200 |
66 400 000 |
6 640 000 |
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Forêts naturelles |
221 200 |
5 |
90 |
19 908 000 |
1 106 000 |
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Total |
673 200 |
120 508 000 |
8 826 000 |
Les produits forestiers non ligneux
Le développement du secteur forestier en 2020 va s'accompagner du renforcement du rôle économique des produits forestiers non ligneux. Certaines indices montrent qu'il y aura une augmentation substantielle des principaux produits forestiers suivants: l'éco-tourisme, les fruits, les fleurs, les plantes médicinales, le miel, etc.
Le Rwanda présente de réelles potentialités pour développer le tourisme, le Gouvernement à déjà inscrit le tourisme dans ses priorités. Le MINAGRI a déjà opté pour une politique de diversification des productions agricoles par la promotion de nouvelles spéculations tel que les fruits et les fleurs. A cet effet, il a déjà créé en son sein une division horticole depuis 2000.
L'apiculture a des atouts pour se développer dans le contexte forestier de l'an 2020. Etant considérée comme un élevage hors sol, elle sera encouragée dans un double objectif. L'apiculture sera vulgarisée pour la production du miel d'abord et pour servir d'argument justifiant aux yeux de la population et pour la convaincre de l'utilité de la politique adoptée par les pouvoirs publics en ce qui concerne la conservation des forêts naturelles.
Exportation des produits forestiers
L'exportation des produits forestiers sera toujours insignifiante. Cependant dans un contexte de libéralisme économique et de libre échange; il est permis de supposer qu'il y aura des échanges de produits forestiers dans les proportions de 10% de toute la production nationale. Sur base du savoir faire technologique qui aura été introduit dans le secteur forestier, les opérateurs économiques nationaux pourront exporter surtout dans les pays limitrophes les produits suivants: les boîtes d'allumettes, les meubles, les poteaux et le charbon de bois.
Importation des produits forestiers
Le Rwanda est traditionnellement dépendant de l'extérieur en ce qui concerne les produits forestiers manufacturés.
A l'horizon 2020, tous les besoins exprimés au paragraphe III.4.1.2. seront satisfaits grâce à l'importation. Il s'agira des produits que ne pourra pas produire l'industrie forestière nationale, comme le papier et les contre-plaqués. Les sciages feront aussi l'objet d'importation mais dans des cas précis. Il s'agira des sciages provenant des forêts naturelles que ne pourront pas produire nos forêts naturelles pour des raisons qui seront développées au paragraphe 3.6.
En général les importations des produits forestiers devront augmenter selon l'importance du rôle socio-économique qu'il joue dans notre pays. A titre d'exemple on peut citer l'importation du papier qui est supposée pouvoir augmenter de 150%.
Implications sociales et économiques
Le scénario du secteur forestier de l'an 2020 résolument optimiste est bâti sur les hypothèses de changements positifs attendus dans différents secteurs de la vie socio-économique du pays. Un secteur forestier prospère permettra la création des emplois dans la région du Sud-ouest du pays (Province de Gikongoro).
La sécurité alimentaire de cette région victime de fréquentes disettes liées à la faible production agricole consécutive à l'acidité des sols, sera améliorée grâce à l'intensité des activités forestières. Il y a donc lieu de supposer que l'économie de cette région sera basée sur la foresterie.
On peut s'attendre à ce que l'apport du secteur forestier à l'économie national soit le triple de sa contribution en 1998. En effet, on comptait environ 4 549 emplois principaux et 1 089 136 emplois secondaires dans l'artisanat ruandais pour un chiffre d'affaire estimé à 28 991 054 985 FRW, soit 76 292 250 $us.
En général, le secteur forestier national assure les rôles de protection et de production de plusieurs façons.
Selon que l'on considère le secteur forestier du point de vue forêts naturelles, ces différents rôles sont la conservation de la biodiversité, la production des services comme l'éco tourisme, la protection des terres et des eaux ; et enfin dans une moindre mesure la production des produits forestiers non ligneux, etc.
Les rôles reconnus aux plantations forestières sont surtout la production de biens, la protection des bassins versants contre l'érosion et dans une certaine mesure la lutte contre la désertification dans la partie orientale du pays.
Dans 20 ans, ces rôles devront être renforcés pour mieux favoriser le développement socio- économique du pays.
Conservation et protection de la biodiversité
La faune et la flore seront mieux conservées et protégées grâce à la mise en place d'un réseau constitué d'aires protégées comme les parcs nationaux et les réserves forestières aux quelles on appliquera une meilleure gestion.
Réseau des aires protégées
Il comprendra les parcs actuels et d'autres qui seront créés d'ici 2020. Les parcs se caractériseront par des superficies relativement plus grandes comparativement à celles des réserves forestières actuellement constituées des îlots de forêts naturelles isolées au milieu des champs de culture. Les superficies des réserves forestières varient de quelques centaines d'hectares à quelques milliers d'ha.
Les parcs nationaux: Le nombre de parcs aura passé de 2 à 3 grâce à la classification en parc de la réserve actuelle de Nyungwe. Comme il ressort du tableau ci dessous, la superficie totale des parcs sera de 194 100 ha soit 29% de toute la couverture forestière nationale.
Tableau 5: Réseaux des parcs
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Noms des parcs |
Superficies en ha au moment du classement |
Superficies actuelles ( ha) |
Observations |
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Le Parc national de l'Akagera |
241 000 |
90 000 |
Créé en 1934, il est le garant de la conservation de la faune et de la flore de l'écosystème des savanes de l'Est |
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Le parc National des Volcans |
34 000 |
12 000 |
Créé en 1925 il représente le dernier refuge de la flore naturelle des terres volcaniques et de la faune particulière aux écosystèmes des volcans au Nord |
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Le parc National de Nyungwe |
- |
92 100 |
Les procédures de création de ce parc sont très avancées. Une fois érigée en parc elle garantira la survie de la faune et de la flore des montagnes au Sud Ouest |
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Total |
- |
194 100 |
La répartition géographique de ces parcs sur le territoire national donne la garantie de conserver la diversité biologique représentative de la faune et la flore du pays.
Compte tenu de la législation rigoureuse en matière de gestion des parcs et des moyens de protection dont dispose l'ORTPN, le classement de la réserve naturelle de la forêt de Nyungwe en parc contribuera grandement à la conservation de sa diversité biologique.
En effet, les activités d'extraction des pierres précieuses, d'écrémage de la forêt en bois d'œuvre précieux ainsi que de défrichement aux fins de l'agriculture qui s'opéraient dans la réserve de Nyungwe encore sous la gestion du MINAGRI se seront arrêtés.
Les réserves forestières: La grande réserve forestière de Nyungwe classée comme parc; il ne restera que de petites réserves forestières auxquelles on devra ajouter d'autres petites forêts naturelles disponibles pour assurer leur survie. Cette action de classement de petites forêts en réserves sera nécessaire parce que la loi sur les réserves les préservent de pas mal d'abus même si on ne peut pas dire qu'elle est aussi efficace que la loi protégeant les parcs nationaux.Les réserves forestières qui, dans notre hypothèse le resteront sont Gishwati : 600 ha et Mukura 1 200 ha. D'autres forêts comme Cyamudongo : 300 ha et des dizaines de forêts galeries : 25 000 ha éparpillées dans l'Est auront été classées comme réserves forestières d'après notre hypothèse de travail.
Tableau 6: Récapitulatif des aires protégées à l'horizon 2020
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Les aires protégées |
Catégorie |
Superficie en ha |
Observations |
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Forêt de l'Akagera |
parc |
90 000 |
déjà créé, actuellement menacé donc à mieux gérer |
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Forêt des volcans |
parc |
12 000 |
déjà créé ; bonne gestion actuelle, à renforcer |
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Forêt des volcans |
parc |
92 100 |
à créer |
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Cyamudongo |
réserve |
300 |
à créer mais fort malmenée. Protection à renforcer |
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Gishwati |
réserve |
600 |
déjà créée,très dégradée Protection à renforcer |
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Mukura |
réserve |
1 200 |
déjà créée,très dégradée Protection à renforcer |
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Forêts galeries |
réserve |
25 000 |
à créer |
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TOTAL |
221 200 |
Gestion des aires protégées
La gestion des aires protégées se fera toujours sous le parapluie des pouvoirs publics suivant une politique volontariste visant la conservation du patrimoine national forestier.
En effet, compte tenu de l'importance des rôles socio-économiques joués par le secteur forestier, ce dernier peut être considéré comme secteur stratégique dont certains aspects sont traités comme relevant de la souveraineté nationale. Les pouvoirs publics sont le garant de la pérennité des aires protégées et à ce titre ils en assureront la durabilité grâce à un système de gestion révisé et plus performant.
Changements probables dans la gestion des parcs
Les parcs sont actuellement gérés par un établissement commercial para-étatique en l'occurrence l'ORTPN. Ce système peut se maintenir jusqu'à l'an 2020 mais devra subir de profondes réformes.
La gestion sera beaucoup plus participative; les aspects commerciaux seront confiés aux opérateurs économiques privés tandis que l'ORTPN aura associé les communautés locales dans la gestion des aspects techniques et socio-économiques des parcs.
Changements probables dans la gestion des réserves forestières
La gestion des réserves forestières est actuellement assurée par le MINAGRI. Les changements les plus probables consisteront à impliquer les communautés locales et les administrations locales dans les activités de gardiennage et des exploitations des produits forestiers non ligneux comme la récolte du miel. etc.
Les rôles de protections des forêts et boisements
Le Rwanda se caractérise par un relief montagneux très sensible à l'érosion pluviale. A l'horizon 2020 les forêts joueront leur rôle de protection des bassins versants et de régulateur des nappes phréatiques mieux qu'elles ne le font actuellement parce qu'elles seront mieux protégées et mieux gérées. Les plantations forestières mieux gérées en plus de leur rôle de productions de biens rendront les mêmes services écologiques que les forêts naturelles.
Les arbres hors forêts joueront un rôle capital tant dans la lutte contre l'érosion pluviale qu'éolienne, lorsqu'ils auront été plantés sur les fossés anti érosifs ou comme brise vent dans les pâturages et les plantations de thé. Dans la mesure où l'exploitation respectera la législation en vigueur, celle-ci ne devrait aucunement perturber le rôle de protection joué par les forêts.
Particulièrement en ce qui concerne les boisements d'eucalyptus qui constituent environ 90% des plantations forestières nationales, la coupe du bois n'est pas synonyme da la disparition du boisement dans l'immédiat car l'eucalyptus rejette assez facilement. Les problèmes d'érosion risquent de se poser lors de l'exploitation quasi industrielle des boisements de pins créés sur la crête Congo-Nil. Même à ce niveau, il s'agira de faire un choix des méthodes d'exploitation les plus adaptées dans cette région dont le relief est très accidenté. Si la loi qui stipule que la suppression d'un boisement, entraîne immédiatement la création d'un autre de même superficie est respectée, l'exploitation des forêts de la crête Congo- Nil ne provoquera pas d'érosion.
Compte tenu des moyens qui auront été déployés pour protéger la forêt de Nyungwe à cause de son statut de parc national, son rôle actuel de protection des bassins versants et de régulateurs des équilibres hydrologiques de notre pays sera d'autant plus renforcé.
Toujours sur la dorsale Congo Nil, des efforts devront avoir été fournis pour reboiser les zones grignotées de la forêt de Nyungwe et certaines parties de Gishwati. C'est à cette condition que dans cette région très sensible du pays, on pourra protéger le sol grâce à la couverture forestière.
Le reboisement imminent de certaines parcelles dans la zone déclassée de l'ancien parc de l'Akagera, l'arborisation des zones dévolues à l'élevage et à l'agriculture ainsi que la conservation d'un tiers de l'ancien parc constitueront des barrières contre la désertification.
Généralité sur la politique nationale
Le pays vient d'entrer dans une réforme politique de décentralisation des pouvoirs publics. Ce processus se caractérise par un nouveau découpage administratif du territoire, d'une réorganisation des services de l'administration centrale et d'un transfert de plus de pouvoirs aux structures décentralisées.
L'appellation de Préfecture est remplacée par Province, l'unité administrative qui était la Commune est actuellement appelée District. Les Communes qui étaient aux nombres de 143 ont été remembrées et ramenées à 92 Districts. Les Districts seront subdivisés en entités administratives appelées Secteurs.
Le pouvoir sera exercé à tous les niveaux par un collège des élus. Les Districts auront une autonomie de gestion et des pouvoirs plus étendus.
Les structures organisationnelles de base en cours de formation, comme les organisations des jeunes, les organisations des femmes et d'autres seront associées à l'exercice du pouvoir et impliquées dans la prise de grandes décisions intéressant la vie socio-économique du pays. C'est dans cet environnement politique qu'évoluera le secteur forestier.
Organisation et fonctionnement de l'administration forestière
Dans l'hypothèse selon laquelle l'administration forestière de l'an 2020 sera la plus efficace; ceci se traduira par l'application intégrale de la loi forestière et la mise en place de tous les organes et commissions du service forestier national. Elle sera considérée comme efficace quand elle saura intégrer la nouvelle donne socio-politico-économique en adoptant la gestion participative qui prend en compte les différents partenaires.
Une organisation et un fonctionnement idéales de la Direction des Forêts se présentera de la façon suivante:
L'organigramme actuel de la DF sera amélioré grâce à l'introduction d'autres postes et renforcé grâce à la mise à disposition des ressources humaines suffisantes ;
Tous les postes forestiers prévus dans l'organigramme actuel, au niveau de la Direction des Forêts, au niveau des Provinces et des Districts seront occupés par des agents forestiers qualifiés ;
Des postes de moniteurs et de gardes forestiers auront été recréés au niveau des Secteurs pour représenter l'administration forestière à l'échelon de base.
Le Fond Forestier National devra jouer son rôle pour permettre au secteur forestier de s'autofinancer. Les commissions préfectorales des forêts et les fonds forestiers communaux auront été mis en place et rendus opérationnels.
Les instruments de gestion, comme les plans forestiers communaux, le plan forestier national et les plans de gestion et d'aménagement seront élaborés et mis à la disposition des utilisateurs.
L'administration forestière représentée par la Direction des Forêts travaillera en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes. Il s'agira notamment des ONG, des organisations des femmes et des jeunes, des opérateurs économiques et des communautés locales.
Rôle du secteur privé et des communautés locales
Le secteur privé jouera un rôle plus accru qui se mesurera à la masse des investissements qu'il injectera dans le secteur forestier. Ces investissement seront dirigés vers la création de nouvelles plantations forestières ou le remplacement des plantations forestières exploitées. Le secteur privé sera de plus en plus invité à investir dans les activités de transformation et de commercialisation des produits forestiers.
Concernant le rôle des communautés locales, celles-ci devront être associées dans toutes les formes de gestion pour s'assurer de la pérennité des écosystèmes forestiers.
Pour la gestion des parcs nationaux et des réserves forestières, les communautés locales devront être autorisées et aidées à développer les activités lucratives en bordure de ces écosystèmes. En retour les communautés locales pourront jouer un rôle plus accru dans le gardiennage de ces forêts.
Enfin le rôle capital des communautés locales apparaîtra au grand jour dans leur capacité à s'organiser pour la création de leurs micro boisements et surtout l'adoption des techniques d'agroforesterie.
Recherche forestière
La recherche forestière sera toujours assurée par l'ISAR, en tant que l'une des institutions du service forestier national, il devra améliorer ses méthodes et techniques de recherche pour répondre aux exigences d'un secteur forestier performant attendu à l'horizon 2020.
L'ISAR disposera d'un effectif de chercheurs suffisants et compétents et d'une logistique à même de faire face au défi du secteur forestier. Il agrandira son champ d'activités en ajoutant à ses domaines actuels de recherche d'autres thèmes comme le sylvopastoralisme, la technologie et l'utilisation du bois, la génétique, etc.