3.1 Ecologie et répartition des adultes
3.2 Comportement et rendement
3.3 Reproduction et migration larvaire
3.4 Migration des juvéniles
3.5 Recrutement et maturité sexuelle
3.6 Croissance
3.7 Mortalité
Elle a été étudiée de façon approfondie par Garcia (1976) en Côte dIvoire. Comme le schéma du cycle vital qui a été observé paraît très général, un résumé de ces travaux et principaux résultats (Garcia 1978, sous presse) sera repris ici.
Tableau 1
SUPERFICIE DES FONDS A CREVETTE DANS LE SECTEUR COTE DIVOIRE/ANGOLA
PAYS |
STOCKS |
SUPERFICIE EN MILLES |
COTE DIVOIRE
|
Tabou - Sassandra |
250 |
Grand Lahou |
80 |
|
Bassam |
60 |
|
GHANA
|
Axim - Takoradi |
120 |
Ada-Keta |
80 |
|
TOGO |
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90 (max.) |
BENIN |
|
130 |
NIGERIA |
Lagos |
13001 |
CAMEROUN |
|
190 |
GUINEE EQUATORIALE |
|
? |
GABON |
Cap Esterias |
200 |
CONGO |
|
Pas de contentration exploitable |
TOTAL |
|
2 500 ou 3 700 |
1 Burukovski et Bulenkov (1969).
2 Raitt et Niven (1969).
Lespèce se rencontre du cap Hatteras, sur la côte nord-américaine, au cap Frio, sur la côte est-africaine (Perez Farfante, 1969). De chaque côté de lAtlantique, Penaeus duorarum occupe une aire géographique dans laquelle les eaux de surface atteignent au moins 24°C dans lannée et descendent rarement au-dessous de 18°C. Ce préférendum pourrait être lié à des exigences métaboliques concernant notamment les mécanismes de reproduction.
A lintérieur de ces limites thermiques la distribution des adultes est conditionnée par des salinités supérieures à 35. Dans les zones hydrologiquement convenables, la répartition est liée à la présence de lagunes ou destuaires et à la nature du sédiment dont la teneur en particules fines (£ 50m) doit dépasser 25 pour cent. Lune des caractéristiques importantes des fonds à crevette est leur grande richesse en matière organique. La répartition bathymétrique de lespèce est liée à la structure du sédiment: les concentrations intéressantes se rencontrent là où la teneur en particules fines dépasse 50 pour cent. La limite inférieure de la distribution, vers 60-65 m, est vraisemblablement liée aux conditions hydrologiques.
Dans les régions où existent des oscillations de la thermocline, la distribution bathymétrique varie saisonnièrement au rythme de ces oscillations. Les déplacements tendent à maintenir lespèce à la partie supérieure de la couche de discontinuité, entre 23-25°C dune part, et entre 35-35,5 dautre part. En saison dupwelling, ces eaux disparaissent du plateau continental et les crevettes sont alors menées, dans certaines zones, à supporter des conditions moins favorables (16-18°C).
Les distributions bathymétriqnes de tailles et de sexes sont très caractéristiques (Figure 1) et différentes de celles que lon observe dans le golfe du Mexique. Les individus de tailles petite et moyenne occupent les immersions centrales (30-45m) de laire de répartition. Ce sont les plus abondants et leur sex-ratio est proche de la normale. La taille moyenne augmente et labondance diminue vers le large dune part (où les mâles dominent) et vers la côte dautre part (où les femelles lemportent). La distribution bathymétrique des sexes change saisonnièrement, vraisemblablement en relation avec la reproduction. Devant le delta du Niger, en revanche, labondance est plus élevée aux plus faibles profondeurs exploitées (vers 20-25 m).
Sur la côte dAfrique, les rendements les plus élevés sobtiennent, soit le jour, soit la nuit, soit indifféremment. Lobtention de rendements maximaux de jour est extrêmement fréquente en Côte dIvoire, au Nigéria et au Sénégal (Garcia, 1977; Raitt et Niven, 1966). Au Gabon, les meilleurs rendements sont obtenus de nuit (Fontana et Bâ, 1972).
Ce comportement apparent dépend de la zone, de la période et de la profondeur considérées. Il est admis que lactivité est essentiellement nocturne et que le comportement apparent nest que la manifestation de modifications nycthémérales de la vulnérabilité des crevettes. Ces modifications liées à la turbidité des eaux résulteraient de migrations verticales mettant périodiquement les crevettes hors de portée des chaluts (hypothèse avancée par Le Guen et Crosnier, 1968, au Congo). Fontana et Bâ (1972) notent que le chalutage contre le vent permet des rendements de 25 pour cent plus élevés que lorsque le chalutage seffectue vent arrière.
En Côte dIvoire, la proportion de femelles mûres dans les captures augmente dès octobre quand les eaux se réchauffent après la saison froide. Elle passe par des valeurs élevées doctobre à décembre et décroît ensuite de façon irrégulière jusquen mai-juin où apparaît parfois un maximum secondaire.
Labondance des postlarves en surface, à lentrée des lagunes suit des rythmes nycthéméraux, lunaires et saisonniers. Les larves ne sont présentes que la nuit. La courbe dabondance nocturne est unimodale ou bimodale suivant la phase lunaire, en liaison avec le cycle des marées. Labondance globale dépend de la phase lunaire; elle est maximale en nouvelle lune, minimale en pleine lune et intermédiaire aux quartiers. Ces variations reflètent, soit un rythme lunaire de ponte, soit plus vraisemblablement un rythme de marée avec interaction de la luminosité lunaire, entraînant une baisse dabondance des larves en surface lors de la pleine lune.
La taille des postlarves à stade de développement égal, varie saisonnièrement avec la richesse planctonique et la température (relation inverse).
Elle a lieu à lâge de 3-4 mois après un séjour en lagune de 2,5 à 3 mois. Il existe un rythme nycthéméral et tidal: la migration a lieu la nuit à marée descendante. Les variations saisonnières damplitude annuelle sont liées de façon évidente au. cycle de la reproduction et aux facteurs externes qui la gouvernent. Des pics de migration se produisent au moment des crues quand la salinité est faible et les courants rapides. Les captures les plus importantes sobtiennent de novembre à mai en lagune Ebrié (Côte dIvoire), de janvier à mai en lagune Tagba (Côte dIvoire) et de février à mai dans la lagune de Lagos (Nigéria) (Obakin, 1969 et 1970).
Les limites de distribution des juvéniles en lagune sont celles de linfluence marine (courants de marée, onde saline). La taille de migration varie saisonnièrement. Elle dépend des régions. Elle est de 16-17 mm (longueur céphalothoracique) en Côte dIvoire. Elle est en moyenne légèrement plus faible au Nigéria (13 - 15 mm; Obakin, 1969 et 1970). La taille de migration varie également, dun secteur à lautre dune lagune, et dune lagune à lautre, en liaison avec la salinité ambiante. Elle varie aussi dune année à lautre dans une même lagune en fonction de la pluviosité annuelle, donc également de la salinité ambiante. Cette action de la salinité sur la taille de migration se ferait par lintermédiaire dun raccoursissement de la durée du séjour en lagune quand la salinité devient faible.
En Côte dIvoire le recrutement en mer, estimé à partir du pourcentage dindividus de petite taille (LC inférieure à 22 mm) dans les captures réalisées en mer suit très bien la courbe moyenne annuelle de migration hors des lagunes. Il est maximum de février à avril. Cest également le cas au Nigeria (Bayagbona, Sagha et Afinowi, 1971) et au Gabon (Fontana et Bâ, 1972). La comparaison des cycles annuels moyens de ponte, de migration et de recrutement a permis de reconstituer en Côte dIvoire la chronologie du cycle vital (Figure 2). Si les postlarves qui entrent en lagune au stade 3-4 épines rostrales sont bien âgées de 3 semaines, la grande migration seffectue vers 3.4 mois à une taille de 16 17 mm (LC). Les premiers modes (18 mm, LC) dans les distributions de fréquence de longueur des captures en mer apparaissent vers 4 mois. Le délai entre la migration et le recrutement dans la population exploitée est très court. La taille de première maturité (30 mm, LC en Côte dIvoire) est atteinte ver 6-7 mois. La plus petite femelle mûre trouvée au Nigeria par De Vries et Lefevere (1966) mesurait 28 mm (LC). Les crevettes vivent au moins deux ans.
Elle a été étudiée en Côte dIvoire par diverses méthodes, dont celle des marquages. Elles ont toutes fourni des résultats cohérents. La croissance est rapide en saison chaude et fortement perturbée en saison froide, ainsi apparemment quen période de ponte. Aucune différence significative na été observée dans la croissance moyenne entre la côte africaine et la côte américaine.
La courbe de croissance moyenne annuelle peut être représentée par les paramètres suivants:
|
|
Marquage |
Méthode de Petersen |
Mâles |
Kmois |
0,30 |
0,26 ± 0,50 |
L¥ |
32,3 mm |
34,4 mm ± 2,0 |
|
Femelles |
Kmois |
0,18 |
0,16 ± 0,05 |
LC¥ |
51,7 mm |
51,7 mm ± 3,4 |
En Côte dIvoire les marquages ont permis destimer la mortalité naturelle à 0,25/mois; lanalyse des cohortes confirme lordre de grandeur (M = 0,21/mois) de cette estimation. Des variations saisonnières de capturabilité ont été mises en évidence.