Objectif
Points clés
1.1 Les tendances récentes du commerce international
1.2 Les tendances récentes du commerce des produits agricoles
1.3 Conclusions
Bibliographie
Yon Fernández de Larrinoa Arcal et Materne
Maetz
Division de lassistance aux politiques
Ce module offre un bref aperçu des tendances récentes du commerce international, et en particulier des tendances du commerce des produits agricoles. Cet aperçu servira de toile de fond aux analyses des politiques proposées dans les modules suivants.
· Même si les pays en développement ont accru leur participation au commerce mondial au cours des années 70 et 90, les échanges commerciaux ont surtout lieu entre pays développés. En outre, la part des pays les moins avancés sest encore réduite.· Bien que le commerce des produits agricoles augmente en termes absolus et par rapport à la production agricole, sa place au sein des échanges mondiaux tend à diminuer.
· Les entreprises transnationales occupent une place croissante au sein des échanges de sorte quon estime quelles représentent maintenant de lordre de 40 pour cent du commerce international.
· Les prix des produits agricoles ont chuté aussi bien en termes réels quen termes relatifs face au prix des biens industriels. De plus, ils sont extrêmement fluctuants.
· Les futures négociations de lOMC offrent aux pays en développement une occasion majeure de renforcer leur position commerciale et de mieux tirer profit de la libéralisation des échanges internationaux
1.1.1 Le volume des échanges commerciaux
Le commerce moteur de la croissance
Les échanges sont pratique courante depuis lâge de la pierre. Depuis les premiers échanges de fourrures animales contre des céréales jusquau développement des monnaies et des premiers titres de paiement au Moyen Âge, les échanges commerciaux nont cessé de croître au cours de lhistoire, parallèlement à lamélioration des moyens de transport. Après la révolution industrielle, le développement des échanges internationaux a connu un nouvel essor. Ainsi entre 1720 et 1971, le volume du commerce international a été multiplié par 460, soit une croissance moyenne de 2,7 pour cent par an.
Entre 1948 et 1997, le commerce international a cru à un taux annuel de 6 pour cent alors que la production mondiale naugmentait que de 3,7 pour cent par an. Entre 1985 et 1997, le rapport entre les échanges extérieurs (importations et exportations) et le PIB est passé de 17 pour cent à 24 pour cent pour les pays développés et de 23 pour cent à 38 pour cent pour les pays en développement. Le commerce international a également continué à augmenter plus vite que léconomie mondiale. Cette dernière a ainsi progressé à un rythme de 3,1 pour cent lan entre 1980 et 1990 et de 2 pour cent lan entre 1990 et 1995, alors que le commerce international croissait dans le même temps de 5,3 pour cent et 6,8 pour cent par an. La progression des échanges commerciaux sest en outre accompagnée dune transition progressive dun commerce de matières premières à un commerce de produits plus élaborés, à forte valeur ajoutée.
Figure 1: Taux de croissance du commerce international et de la production industrielle
Source: W.W. Rostow, 1978, The World Economy
Les raisons de la forte croissance du commerce
Plusieurs raisons peuvent être invoquées pour expliquer cette tendance:
· Les formidables progrès techniques réalisés en matière de transports, de communications et de technologies de linformation constituent une explication à la forte augmentation du commerce international. Les nouvelles techniques ont facilité le commerce et réduit les coûts des échanges de façon considérable. Par exemple, le coût du transport aérien a ainsi été réduit, entre 1930 et 1960, de plus de 80 pour cent et celui des télécommunications, de plus de 98 pour cent. Les coûts de linformatique ont connu une diminution comparable entre 1960 et 1990.· Le développement du commerce international peut aussi être mis au compte des longues et intenses négociations visant à améliorer les conditions de fonctionnement du commerce international. Ces négociations ont eu lieu tant au niveau international (CNUCED, GATT et plus tard OMC) quau niveau régional (accords commerciaux régionaux). Elles ont contribué à labaissement continu des droits de douanes entre 1976 et 1994 et à lélimination progressive des barrières non-douanières.
1.1.2 La structure des flux commerciaux internationaux
Les flux commerciaux sont dominés par les pays développés...
Le commerce entre les pays développés représente lessentiel des échanges internationaux. Le commerce entre les États-Unis, le Japon et lUnion européenne (UE) constitue à peu près un tiers du commerce mondial tandis que le commerce interne à lUE représente lui aussi près dun tiers des échanges internationaux. Quant à lAsie, elle a vu sa part augmenter fortement entre 1980 et 1990.
LAfrique et lAmérique latine nont à leur actif quune part beaucoup plus réduite du commerce mondial. Les échanges internationaux internes à ces continents y sont minimes, le commerce étant principalement réalisé avec les pays développés.
La mise en place de blocs économiques régionaux a renforcé les échanges entre pays voisins. Les blocs régionaux tendent en effet à faciliter le flux des produits entre pays membres en réduisant des barrières commerciales et en augmentant la vitesse et le nombre des transactions. Cest particulièrement le cas avec la mise en place du MERCOSUR en Amérique latine, de lASEAN en Asie du sud-est, de lALENA en Amérique et de lUnion européenne en Europe.
La figure 2 indique les mouvements des exportations en 1994. Le tableau 1 présente les flux des exportations entre les principaux groupes de pays mesurés en pourcentage du total des exportations mondiales. Limportance des trois principaux pôles commerciaux y est confirmée aussi bien en termes déchanges avec les autres groupes de pays quen termes de flux commerciaux intérieurs.
Source: CNUCED, Handbook of International Trade and Development Statistics, 1995
Tableau 1: Les flux des exportations de 1994 mesurés en pourcentage des exportations mondiales
Destination |
|||||||||
Export. en % des export. mondiales |
Monde |
Europe de lEst |
Europe de lOuest |
Amérique du Nord |
Japon |
Australie Nouvelle Zélande |
Afrique |
Amérique latine |
Asie (sauf Japon) |
Europe de lEst |
3.3 |
1.0 |
1.5 |
0.1 |
0.1 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.3 |
Europe de lOuest |
41.5 |
1.6 |
27.8 |
3.4 |
0.9 |
0.3 |
1.2 |
1.1 |
4.0 |
Amérique du Nord |
15.4 |
0.1 |
2.8 |
5.7 |
1.4 |
0.3 |
0.2 |
2.2 |
2.6 |
Japon |
9.4 |
0.0 |
1.5 |
3.0 |
0.0 |
0.2 |
0.2 |
0.4 |
4.0 |
Australie N. Zélande |
1.4 |
0.0 |
0.2 |
0.1 |
0.3 |
0.1 |
0.0 |
0.0 |
0.5 |
Afrique |
2.2 |
0.0 |
1.2 |
0.3 |
0.1 |
0.0 |
0.2 |
0.0 |
0.2 |
Amérique Latine |
4.5 |
0.0 |
0.8 |
2.1 |
0.2 |
0.0 |
0.1 |
0.9 |
0.3 |
Asie (sauf Japon) |
21.4 |
0.4 |
3.5 |
4.4 |
2.6 |
0.3 |
0.4 |
0.5 |
8.8 |
Source: UNCTAD, Handbook of International Trade and Development Statistics, 1995.
Figure 3: Lévolution récente du commerce extérieur pour quelques groupes de pays
Source: WTO, Annual report 1998. International Trade Statistics
... même si le commerce extérieur des pays en développement croît plus rapidement
Durant les années 70 puis après 1990, la croissance du commerce extérieur des pays en développement a été plus forte que celle des pays développés. La figure 3 dépeint cette évolution. Même pendant la récession mondiale des années 1992-1993, les pays en développement ont continué daccroître leur commerce extérieur alors même que le commerce mondial, et en particulier celui des pays développés, se contractait. Par opposition à ces résultats relativement bons des pays en développement, les pays les moins avancés ont connu une croissance de leurs échanges extérieurs nettement inférieure à celle du commerce mondial. Leur participation au total des échanges commerciaux a diminué denviron 0,9 pour cent en 1980 à moins de 0,5 pour cent en 1995.
1.1.3 Les aspects institutionnels du commerce international
Le développement du commerce mondial a été accompagné par la mise en place de diverses institutions internationales.
A un niveau global, les problèmes de commerce international sont depuis longtemps discutés dans le cadre de lAccord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
GATT
Le GATT a été créé en 1948 afin de définir les règles du commerce international. Dans le cadre du GATT, plusieurs cycles de négociations ont été organisés. Le dernier, le Cycle dUruguay, sest achevé par la signature dun accord qui a permis la création de lOrganisation mondiale du commerce (OMC), le 1er janvier 1995.
CNUCED
Créée en 1964, la CNUCED est le principal forum des Nations Unies permettant de discuter de façon globale des problèmes de développement, de commerce, dinvestissements et de capitaux internationaux, de technologie et de développement durable.
Au niveau des produits, plusieurs organisations ont été créées afin de réguler les marchés. LOPEP - Organisation des pays exportateurs de pétrole - est la plus connue de ces organisations intergouvernementales.
Les accords par produit
Dans le domaine des produits agricoles, un certain nombre daccords par produits ont été conclus afin de faciliter le fonctionnement des marchés. Lobjectif de ces accords est généralement de stabiliser les prix et freiner la concurrence internationale en instaurant des quotas pour chaque pays membre.
Les principaux accords par produit actuellement en vigueur concernent:
· le caoutchouc;
· le jute et les produits dérivés du jute;
· le sucre;
· le cacao;
· les bois tropicaux;
· lhuile dolive;
· et le blé.
Le développement des marchés mondiaux a également été accompagné par lémergence de nouveaux dispositifs tels que les marchés à terme, qui ont contribué à limiter la fluctuation des prix.
1.1.4 Le rôle des entreprises transnationales dans le commerce mondial
Parallèlement à la croissance des échanges internationaux et à la création des institutions intergouvernementales, une très forte expansion des entreprises transnationales a pu être observée.
Le poids économique des transnationales
Une entreprise transnationale (ET) est une compagnie de droit privé et à but lucratif qui mène des activités de production, distribution ou de recherche dans plusieurs pays à la fois. Leur facilité à délocaliser la production partout dans le monde constitue lun de leurs traits caractéristiques. LOMC considère quen 1995, un tiers du commerce international était réalisé par des entreprises transnationales. On pense que cette part sélève maintenant à 40 pour cent.
Les causes de la croissance des transnationales
La globalisation de léconomie mondiale, le processus de libéralisation économique, les mesures visant à attirer les investissements étrangers directs, les politiques dajustement structurel et la forte réduction des coûts de transport et de communication sont les principaux facteurs qui ont favorisé lexpansion des entreprises transnationales. Ces conditions favorables ont permis aux transnationales de croître rapidement et dacquérir une position de force dans la production et le commerce international. Ce mouvement a contribué à accentuer linterdépendance des économies. La possibilité de transférer les capitaux plus rapidement et avec moins dentraves a également contribué à favoriser cette évolution. Dune certaine façon, les transnationales sont aussi une réponse aux imperfections des marchés internationaux dans la mesure où les transactions y sont souvent coûteuses du fait de la nécessité de sassurer de la qualité des produits achetés et de la difficulté de faire respecter les contrats signés avec les partenaires étrangers.
Encadré 1: Les entreprises transnationales - quelques chiffres
On estime à quelque 40 000 le nombre dentreprises transnationales (ET). Les 500 plus importantes ET sont de grandes compagnies qui contrôlent de lordre de 70 pour cent du commerce international et de 80 pour cent des investissements étrangers effectués par les transnationales. On estime quactuellement 40 pour cent du commerce international est effectué par les ET. En 1995, 29 pour cent du PIB mondial provenait des 200 plus grandes transnationales. Ces entreprises sont parvenues à occuper une place dominante pour nombre de produits agricoles: 20 ET contrôlent le commerce du café; 6 ET détiennent 70 pour cent du commerce du blé; une seule contrôle 98 pour cent de la production de thé conditionné. Au cours de ces dernières années, les
entreprises transnationales ont modifié leur stratégie et sont
passées du domaine de la production vers les domaines de la finance, du
commerce et de la recherche, sous-traitant dorénavant de nombreuses
étapes de la production. |
Source: EFTA, 1998, Anuario de Comercio Justo, 1998-2000.
Une grande partie des échanges internationaux effectués par les entreprises transnationales a lieu au sein même de celles-ci (ou entre filiales dune même compagnie). Ces échanges ne se font donc pas suivant les mécanismes concurrentiels. Les prix appliqués lors de ces transactions sont souvent très différents des prix de marché et sont parfois utilisés par les entreprises comme des outils pour transférer leurs bénéfices vers les pays où les réglementations fiscales sont plus favorables.
Les implications pour lOMC
Une partie croissante du commerce international se trouve donc de facto hors de la juridiction de lOMC et risque donc ne pas être conforme aux principes de cette Organisation. Certains Membres de lOMC ont déjà soulevé cette question - et les experts de lOMC ont dailleurs déjà rédigé plusieurs rapports surs ce thème - mais lOrganisation na encore pris aucune décision concernant cet important sujet.
1.2.1 Lévolution des échanges internationaux des produits agricoles
La valeur des exportations et des importations des produits agricoles sest considérablement accrue après 1970. Lessentiel de cette croissance résulte de la hausse de la demande en importations des pays en développement à revenu intermédiaire. Les réformes économiques intervenues dans le cadre des programmes dajustement structurel soutenus par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont également contribué à lémergence de cette tendance dans le cas des pays en développement et après 1980. Une autre raison à la croissance des échanges internationaux tient à ce que la création de blocs commerciaux régionaux a entraîné une intensification du commerce de produits agricoles entre pays membres. Les figures 4 et 5 illustrent cette évolution du commerce international des produits agricoles.
Figure 4: Les importations et les exportations mondiales de produits agricoles
Source: FAO, Statistical Database
Figure 5: La part relative des exportations mondiales selon le secteur
Source: OMC, Annual report 1998
Le déclin relatif du commerce des produits agricoles varie selon le produit
Le commerce international des produits agricoles a progressé beaucoup plus lentement que celui des produits manufacturés et à un taux comparable à celui des produits miniers. La figure 5 montre comment la part relative des produits agricoles et miniers dans le commerce international des produits a diminué au cours des années 90. La part relative des produits agricoles a ainsi baissé de 1,3 pour cent entre 1990 et 1997 tandis que celle des produits manufacturés augmentait de 3,4 pour cent.
Cette évolution peut en partie être expliquée par le fait quune part croissante des produits issus de lagriculture sont maintenant commercialisés au niveau international sous forme daliments transformés ou de produits manufacturés. Cependant, comme le montre la figure 6, le commerce agricole sest généralement accru plus vite que la production.
Figure 6: Production et commerce mondial des produits agricoles
Source: OMC, Annual report 1998. International Trade Statistics
Selon les produits, on observe toutefois une grande variabilité de la part relative de la production qui participe aux échanges internationaux. Le tableau 2 fournit ainsi quelques indications sur cette proportion dans le cas des principaux produits agricoles; ceux-ci sont ici classés par ordre décroissant de la part relative qui est commercialisée au niveau international.
La part des productions exportées varie selon le produit
Les dix produits les plus commercialisés - relativement à leur production - sont, presque tous et pour lessentiel, produits par des pays en développement et constituent très souvent pour les pays concernés la principale source de devises. Cette situation les rend extrêmement vulnérables aux variations des cours internationaux.
Lhuile végétale est, relativement à sa production totale, le produit de base le plus commercialisé au niveau international. Le blé est la céréale dont la part commercialisée de la production est la plus importante (20 pour cent). Dans le cas du riz, cette part reste faible (environ 4 pour cent) car les principaux pays producteurs (Chine, Inde) sont aussi les principaux pays consommateurs.
Comme on pouvait sy attendre, les produits les moins échangés sont les produits volumineux et à faible valeur marchande tels que ligname et la banane plantain, ainsi que les produits très périssables tels que la canne à sucre.
Tableau 2: Les produits agricoles les plus commercialisés: le pourcentage de la production totale participant aux échanges internationaux
Produits |
1961 |
1970 |
1980 |
1990 |
1996 |
Cacao* |
108 |
104 |
113 |
128 |
148 |
Café |
60 |
89 |
85 |
91 |
94 |
Caoutchouc |
107 |
95 |
88 |
81 |
77 |
Tabac |
27 |
26 |
33 |
32 |
57 |
Panneaux à base de bois |
28 |
27 |
32 |
41 |
45 |
Sucre (équivalant brut) |
58 |
48 |
50 |
40 |
43 |
Huiles végétales |
17 |
21 |
31 |
37 |
40 |
Thé |
52 |
51 |
46 |
42 |
38 |
Poissons, crustacés |
29 |
34 |
29 |
33 |
36 |
Fibre de coton |
40 |
33 |
35 |
28 |
30 |
Soja |
16 |
29 |
33 |
24 |
27 |
Pois |
4 |
5 |
7 |
16 |
25 |
Bananes |
18 |
18 |
19 |
20 |
25 |
Blé |
21 |
19 |
23 |
19 |
20 |
Lait, écrémé |
4 |
11 |
15 |
9 |
15 |
Viande de buf |
6 |
8 |
10 |
11 |
12 |
Viande de poulet |
3 |
3 |
6 |
6 |
12 |
Manioc |
3 |
6 |
15 |
20 |
10 |
Viande de porc |
4 |
4 |
5 |
6 |
8 |
Riz (équivalant usiné) |
4 |
3 |
5 |
4 |
5 |
Pommes de terre |
1 |
1 |
3 |
4 |
5 |
ufs |
4 |
2 |
3 |
3 |
2 |
Plantains |
0.21 |
0.36 |
0.31 |
0.59 |
0.46 |
Igname |
0.00 |
0.04 |
0.12 |
0.12 |
0.08 |
Canne à sucre |
0.02 |
0.01 |
0.01 |
0.01 |
0.01 |
* Le cas du cacao est un bon exemple de limportance éventuelle des réexportations de produits. Dans ce cas particulier, une large part des échanges commerciaux est formée des réexportations hollandaises de pâte et de poudre de cacao.Source: FAOSTAT.
1.2.2 Lévolution des prix internationaux des produits agricoles
Un certain nombre de pays en développement dépendent fortement des exportations de quelques produits agricoles (par exemple: le cacao, le café, le thé ou le caoutchouc) qui constituent leur principal poste de revenu et une source essentielle de devises. Cest particulièrement le cas des pays les moins avancés pour lesquels les matières premières (produits minéraux et produits agricoles tropicaux, principalement) représentent 70 pour cent du commerce extérieur.
Des prix à la baisse...
La tendance générale des prix de la plupart des produits agricoles a nettement évolué à la baisse, à lexception des cours de la banane qui ont relativement bien résisté pendant la période 1980-1990. Sur cette période, les prix du sucre, des matières premières agricoles, des plantes à boisson, des céréales et de la viande ont par contre diminué de 50 pour cent ou plus. Ceci a obligé les pays en développement spécialisés dans lexportation de produits agricoles à exporter davantage pour préserver un niveau de revenus régulier. Depuis 1998, cette tendance négative semble avoir cessé et les prix paraissent depuis lors sêtre quelque peu stabilisés.
... et qui fluctuent fortement
Comme on peut le constater à laide de la figure 7, les prix des principaux produits agricoles ont subi des variations considérables entre 1980 et 1998. La stabilité et le caractère rémunérateur des cours mondiaux de ces matières premières agricoles apparaissent pourtant comme une nécessité vitale pour que ces pays disposent du revenu régulier et suffisant dont ils ont besoin pour investir dans leur développement.
Figure 7: Les indices des prix réels des produits agricoles (1980=100)
Note: Aliments de base = céréales, viandes, produits laitiers, sucre, graisses, huiles et oléagineux.Source: Division des produits et du commerce international, FAO.
1.2.3 Les termes de léchange entre produits agricoles et produits manufacturés
Les termes de léchange correspondant à un produit donné peuvent être définis comme étant le pouvoir dachat que confère ce produit relativement à un autre bien. Lévolution des termes de léchange entre les produits agricoles et les produits manufacturés donne des indications sur la capacité des produits agricoles à être échangés de façon favorable avec des produits manufacturés ou, pour le dire plus simplement, sur la quantité de produits manufacturés qui peuvent être importés pour une unité de produit agricole exportée.
La détérioration des termes de léchange
Entre 1980 et 1998, les prix internationaux des produits agricoles ont diminué denviron 35 pour cent alors que ceux des produits manufacturés ont augmenté de 40 pour cent. Les termes de léchange entre les produits agricoles et les produits manufacturés se sont donc détériorés considérablement et ont ainsi été réduits de plus de 50 pour cent (voir la figure 8).
Figure 8: Les termes de léchange entre produits agricoles et produits manufacturés (MUV)
MUV: Indice de la valeur unitaire des produits manufacturés dans les pays industrialisés.Source: UNCTAD, 1995, Handbook of International Trade and Development Statistics.
1.2.4 Les principaux pays participant au commerce international des produits agricoles
Lessentiel du commerce international des produits agricoles se déroule entre pays développés
Les pays développés dominent largement le commerce international des produits agricoles. Parmi les dix plus grands exportateurs de produits agricoles, le Brésil est le seul pays en développement. Les neuf autres pays sont des pays développés dont six sont membres de lUnion européenne. De même, les dix plus grands pays importateurs de produits agricoles sont aussi des pays développés (voir la figure 9).
Il est donc clair que la majeure partie du commerce international agricole a lieu entre pays développés. Une forte proportion de ces échanges est constituée par le trafic interne à lUnion européenne (environ un cinquième du commerce agricole mondial). En 1997, ces échanges intra-UE sélevaient à 178 milliards de dollars EU. A la même date, les échanges entre pays asiatiques étaient seulement de 74 milliards de dollars EU et ceux internes à lAmérique du Nord ne se montaient quà 30 milliards de dollars EU.
Figure 9: Les dix principaux pays exportateurs de produits agricoles
Source: WTO, Annual Report 1998, International Trade Statistics.
Les échanges internationaux se sont considérablement accrus depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Aujourdhui, un tiers environ de la production mondiale participe aux échanges internationaux. Les progrès techniques dans les domaines des transports et des communications, et la libéralisation des politiques du commerce extérieur soutenue par de nouveaux accords internationaux constituent les principales raisons expliquant cette dynamique. Laugmentation des flux internationaux de produits sest aussi accompagnée dune croissance rapide des mouvements de capitaux et, en moindre mesure, de transferts de technologies. Les possibilités de mouvement de la main duvre nont, pour leur part, pas suivi la même tendance du fait de linstauration de contraintes de plus en plus fortes limitant la liberté de déplacement des travailleurs.
Le commerce entre les pays en développement reste relativement faible et, bien quil ait augmenté, ne représente quune petite partie du commerce mondial.
Même si, au cours des années 70 et 90, le commerce extérieur a augmenté plus vite dans les pays en développement que dans les pays développés, la part des pays développés constitue encore la majeure partie des échanges internationaux. Les entreprises transnationales ont eu un rôle particulièrement actif dans les échanges internationaux et ont donc une importance croissante. Pour 1998, on estime quelles participent à 40 pour cent des échanges mondiaux.
Dans ce contexte de rapide croissance des échanges, lagriculture est restée quelque peu en retrait. Malgré une croissance soutenue du commerce des produits agricoles, leur part relative dans le commerce mondial a peu à peu diminué. Cette évolution peut partiellement être attribuée au fait quune part croissante des produits dorigine agricole sont commercialisés sous forme de produits alimentaires élaborés ou de produits manufacturés. Cette tendance risque en outre dêtre renforcée par le fait que les accords du Cycle dUruguay prévoient une réduction moins importante des tarifs concernant les produits agricoles que ceux concernant les autres secteurs.
Les pays en développement produisent une grande partie des produits agricoles les plus intensément commercialisés Pour nombre de ces pays, ces produits constituent la principale source de devises.
Contrairement à ce qui a été observé pour les produits manufacturés, les prix des produits agricoles ont fortement baissé entre 1980 et 1998 de sorte que les termes de léchange entre produits agricoles et produits manufacturés ont chuté de plus de 50 pour cent au cours de cette période. Cela a également contribué à ralentir la croissance du commerce des produits agricoles par rapport à celui des produits des autres secteurs lorsquon lappréhende en termes de valeurs. Et cela a aussi eu pour conséquence que les pays en développement qui dépendent essentiellement de leurs exportations agricoles ont dû accroître sensiblement le volume de leurs exportations pour préserver leur capacité dimporter des produits manufacturés.
Une occasion pour les pays en développement
Les futures négociations qui seront menées dans le cadre de lOMC offrent une occasion majeure aux pays en développement daméliorer leur position commerciale et de mieux tirer profit de la libéralisation des échanges internationaux. Pour cela, il leur faudra être correctement informés et organisés.
CNUCED. 1998. Rapport sur le commerce et le développement, 1998. Genève.
EFTA. 1998. Anuario de Comercio Justo 1998-2000.
FAO. FAOSTAT (disponible sur le site http://www.fao.org).
FAO. 1999. Lassistance technique de la FAO liée au commerce international et linformation. Rome.
FAO. 1998. Les conséquences de lAccord sur lAgriculture du Cycle dUruguay pour les pays en développement - Un manuel de formation, par S. Healy, R. Pearce & M. Stockbridge.. Rome.
FAO. 1998. Commodity Market Review 1997-98. Rome.
FAO. 1996. Lalimentation et le commerce international, Document dinformation technique, Sommet mondial de lalimentation.
FAO. 1995. Agriculture mondiale: horizon 2010. Rome.
Josling, T. 1998. Developed countries and the new round: policy trends and reform objectives in agriculture. Rome, FAO/IICA/WB.
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Nations Unies. 1997. 1996 International Trade Statistics Yearbook, Volume II Trade by commodity. New York.
OMC. 1998. 1998 Annual Report, International Trade Statistics. Genève.
OMC. 1998. 1998 Annual Report. Globalisation and Trade. Genève.
OMC. 1998. Un commerce ouvert sur lavenir, 2ème édition. Genève.
Rostow, W.W. 1978. The World Economy. Londres et Basingstoke, MacMillan Press Ltd.
Scammell, W. M. 1983. The International Economy since 1945. New York, St-Martins Press.
UNCTAD. 1996. Globalisation and liberalisation: development in the face of two powerful currents. Genève.
UNCTAD. 1995. Handbook of International Trade and Development Statistics. Genève.