Le présent rapport fait la synthèse des actes de latelier électronique «Relations terres-eau dans les bassins versants ruraux» accueilli par la Division de la mise en valeur des terres et des eaux (FAO) du 18 septembre au 27 octobre 2000. Latelier a passé en revue les relations qui sétablissent entre lutilisation des terres et les ressources en eau dans les bassins versants ruraux. Il identifie les mécanismes et instruments permettant de répartir les avantages et les coûts découlant des impacts de ces utilisations sur les ressources en eau entre les usagers damont et daval dans le cadre dun bassin versant, ainsi que les domaines prioritaires à approfondir à lavenir.
CLASSIFICATION ET IDENTIFICATION DES IMPACTS DE LUTILISATION DES TERRES SUR LES RESSOURCES EN EAU
Les classifications des impacts biophysiques réalisées jusquà présent ont reflété dans une large mesure les intérêts des zones les mieux connues, lesquelles se situent en très grande majorité dans les régions tempérées du nord et ont des taux moyens découlement beaucoup plus élevés que les pays arides et semi-arides. On sait beaucoup moins à cet égard sur ces derniers pays où leau emmagasinée dans le sol est souvent beaucoup plus abondante que leau de surface, et où lérosion et les taux de sédimentation sont naturellement beaucoup plus élevés.
Les impacts les plus significatifs de lutilisation des terres sont souvent associés à des événements extrêmes et rares. Cest ainsi que le volume maximum de sédiments érodés et de polluants charriés coïncide avec des pluies torrentielles, des orages exceptionnels comme les ouragans ou les violentes pluies qui tombent souvent après une période de sécheresse. Les impacts varient aussi en fonction de lemplacement des populations touchées, de limportance pour leur survie de ces ressources, ou de leurs autres occupations éventuelles. Les gammes de variabilité des processus naturels sont le principal paramètre pour identifier les impacts effectifs et potentiels des pratiques dutilisation des terres. A ces impacts sajoutent la complexité des processus liés à la déclivité du terrain et, potentiellement, le changement climatique. La connaissance des processus naturels dus à limpact des changements dutilisation des terres dorigine humaine est essentielle à la formulation de stratégies de réponse efficaces et appropriées.
Etant donné que les impacts de lutilisation des terres sur les ressources en eau sont le résultat dinteractions complexes entre facteurs propres au site et facteurs extérieurs au site, les stratégies appliquées normalement seront rarement adaptées. Pour mieux comprendre ces interactions, il conviendra de créer des modèles de processus établis conformément aux caractéristiques de chaque site.
Dans le concept de gestion des bassins versants sont incorporés les éléments ayant trait aux moyens dexistence, y compris les facteurs socioéconomiques et biophysiques. Les débats de latelier ont fourni des suggestions pour la révision de la classification afin de mieux prendre en compte les intérêts particuliers des pays en développement, où la réduction de la pauvreté est un objectif pressant.
Recommandations
1. La typologie des impacts biophysiques de lutilisation des terres sur les processus hydrologiques devrait être révisée pour inclure la reconstitution des réserves dhumidité du sol, qui est plus importante dans les zones arides ou semi-arides.
2. Les gammes de variabilité dans les processus naturels devront servir de base à lidentification de celles des impacts dorigine humaine relatifs à lutilisation des terres (y compris linfluence du changement climatique).
3. En ce qui concerne les impacts sur lhydrologie et la sédimentation, il faudra faire la distinction entre la dynamique des cours deau et les processus propres aux plaines, dune part, et les écoulements le long des versants, de lautre, afin didentifier le processus dominant et dappliquer les mesures de gestion appropriées.
COMMENT LAMPLEUR DES INTERACTIONS TERRES-EAU VARIE-T-ELLE EN FONCTION DE LA TAILLE DU BASSIN VERSANT: LES QUESTIONS DÉCHELLE
En règle générale, les impacts de lutilisation des terres sur lhydrologie et la sédimentation ne peuvent être vérifiés que dans les petits bassins versants (de quelques dizaines de kilomètres carrés, au maximum) où il est possible de les distinguer des processus naturels et des autres sources de dégradation. Il sensuit que les instruments et mécanismes économiques éventuels savéreront aussi les plus efficaces à cette échelle. Lhypothèse selon laquelle les relations observées dans les petits bassins versants sont aussi applicables aux grands, et que les processus survenant dans une région particulière apparaîtront dans une autre aussi, a suscité souvent la prise de mesures inappropriées et inefficaces, car les processus dominants diffèrent en fonction de léchelle. Certains impacts de lutilisation des terres sur la qualité de leau, comme la salinité, exercent la même influence à plus grande échelle. Mais au niveau des grands bassins, les impacts sont difficiles, voire impossibles, à vérifier en raison du laps de temps prolongé qui sécoule entre la cause et leffet, et des nombreux facteurs qui se chevauchent. En effet, lattribution de droits et de responsabilités aux usagers, en vue délaborer des mécanismes de partage des avantages et des coûts, présente de grosses difficultés dans les grands bassins versants.
Recommandations
1. Les impacts et les mesures relatives doivent être évalués à léchelle appropriée; il sera plus facile de modifier les pratiques dutilisation des terres et délaborer des mécanismes de partage des avantages et des coûts si les impacts sont mesurables et surviennent dans de petits bassins.
2. A plus grande échelle, un suivi à long terme est nécessaire en raison du laps de temps prolongé qui sécoule entre la cause et leffet. Dans les grands bassins, les mécanismes de partage des avantages et des coûts porteront plutôt sur la question du partage et de la qualité de leau.
AVONS-NOUS AUJOURDHUI UNE CONNAISSANCE ET UNE COMPRÉHENSION SATISFAISANTES DES IMPACTS BIOPHYSIQUES DU CHANGEMENT DUTILISATION DES TERRES?
Quelque nombreuses que soient nos connaissances sur les bassins versants, elles ne servent maintes fois quà énoncer des généralisations souvent inadaptées. Les informations propres au site ne suffisent pas toujours à déterminer le type de mesures de gestion qui obtiendra les meilleurs résultats, ce qui rend difficile les négociations entre parties prenantes. La participation des communautés est indispensable pour identifier les causes et les responsabilités des changements daffectation des terres et pour parvenir à une entente, ainsi que pour créer les institutions et les fonctions propres à réduire les risques et à gérer les catastrophes dues parfois aux pratiques dutilisation des terres. Il faut intensifier les recherches spécifiques à chaque site à laide du suivi des paramètres hydrologiques et de systèmes de prévision à long terme. Dans toutes les régions, une meilleure compréhension des effets cumulatifs et à grande échelle est indispensable.
Recommandations
1. Laccent devrait porter davantage sur la recherche participative, et sur le suivi et les évaluations à long terme, qui devraient dissiper les incertitudes des parties prenantes.
2. Les processus biophysiques choisis comme domaines prioritaires pour la recherche sont la capacité de rétention du sol, les processus relatifs à leau souterraine, et la variabilité des impacts de lutilisation des terres à différentes échelles spatiales et temporelles.
OUTILS ET MÉTHODES DÉVALUATION DES RELATIONS ENTRE LES RESSOURCES EN TERRES ET EN EAU
Les outils et méthodes dévaluation vont des techniques particulières servant à comprendre les processus individuels jusquaux approches plus intégrées et participatives. Bien quelle soit lente et coûteuse à amorcer, lapproche participative a de plus grandes chances de faire en sorte que la recherche influence les politiques. Parmi ses autres avantages figurent la simplicité, la rentabilité et la pertinence au niveau local, avantages qui peuvent compenser la partialité et linexactitude éventuelles que pourra maîtriser la comparaison des résultats entre chercheurs.
Parmi les paramètres choisis pour la facilité de leur suivi, on peut citer: les sols érodés et la contamination des cours deau par les sédiments, laltération des débits et le charriage de matériaux solides, la contamination bactérienne, les aspects démographiques et lutilisation des terres, et les perceptions, souvenirs et expériences de la communauté. Cependant, des conflits entre différents groupes dintérêts peuvent éclater au moment de désigner les impacts prioritaires et de choisir des indicateurs appropriés.
Recommandations
1. Dans le choix des interventions, il conviendra délaborer des modèles de processus propres à chaque site pour tenir compte des conditions locales.
2. Les projets de budget et les calendriers devraient prévoir la participation des intéressés à la recherche et au suivi.
3. Dans la recherche et le suivi, les chercheurs devraient élaborer et appliquer de concert avec les parties prenantes des indicateurs acceptables de la qualité.
4. Les indicateurs devront être validés scientifiquement, concerner spécifiquement la communauté touchée, et être faciles à mesurer et relativement bon marché.
5. Il faudrait prévoir des besoins de négociation et de règlement des différends dans la sélection des indicateurs.
CONTRAINTES TECHNIQUES ET FINANCIÈRES À LÉVALUATION DES IMPACTS DE LUTILISATION DES TERRES SUR LES RESSOURCES EN EAU
Dans une approche qui tient compte de lensemble du bassin, où sont en jeu de vastes superficies et de longues périodes de temps, il est inévitable que se posent des problèmes complexes qui sont difficiles à résoudre si le cadre technique est étroit et le budget limité. Du moment que les moyens financiers et techniques sont normalement insuffisants, lincertitude et les jugements de valeur ne manqueront pas dans les prises de décisions. Ces contraintes peuvent être partiellement levées par un soutien technique et financier aux efforts communautaires, et par des politiques et accords institutionnels qui indiquent clairement les avantages et coûts considérés dans lévaluation et la manière dont ils sont répartis parmi les parties prenantes.
Recommandations
1. Les chercheurs et les organisations donatrices devraient travailler de concert et fournir, dans le processus dévaluation, le soutien technique et financier nécessaire aux efforts communautaires.
2. Lévaluation des impacts de lutilisation des terres sur les ressources en eau devrait comprendre lexamen des politiques et accords institutionnels qui indiquent la répartition parmi les parties prenantes des avantages et des coûts, y compris les coûts découlant de lincertitude.
VARIABILITÉ, INCERTITUDE ET MYTHES CONCERNANT LES RELATIONS TERRES-EAU
Faute dinformations détaillées, on tend à énoncer des généralisations ou à créer des mythes autour des relations entre lutilisation des terres et les processus hydrologiques tels que les suivants: «le déboisement est responsable des inondations» indépendamment de la taille du bassin versant, ou «le déboisement cause lérosion» même si les taux dérosion naturelle sont élevés. Ces généralisations, qui ne peuvent être vérifiées et qui, dans certains cas, ont été réfutées par lanalyse scientifique, sont encore largement utilisées pour justifier des politiques et programmes. Elles permettent dattribuer certains phénomènes à des causes particulières, choisies parmi une multitude dautres, afin dappuyer des programmes institutionnels et politiques, et doffrir des avis difficilement contestables puisque les hypothèses qui les sous-tendent sont invérifiables. Cest lorigine de politiques malavisées et de mesures correctives inefficaces, qui finissent souvent par transformer en boucs émissaires les populations pauvres et les groupes minoritaires des montagnes, malgré leur contribution à un problème qui nest souvent que secondaire par rapport à dautres plus importants. Vu la complexité des processus biophysiques et du laps de temps prolongé qui sécoule entre la cause et leffet, lincertitude est inhérente à toute conclusion ou hypothèse scientifique sur les interactions terres-eau. Cette incertitude doit être mise très clairement en évidence pour éviter lutilisation de ce genre de mythes.
Recommandations
1. Les déclarations générales émises sur les interactions terres-eau devront être constamment testées pour vérifier si elles représentent les meilleures informations disponibles, et pour identifier les intérêts quelles défendent dans les prises de décisions.
2. Lincertitude inhérente aux conclusions sur les interactions terres-eau devra être mise clairement en évidence pour éviter lutilisation de ce genre de mythes.
ÉVALUATION DES IMPACTS DE LUTILISATION DES TERRES SUR LES RESSOURCES EN EAU EN AVAL
Les impacts des pratiques dutilisation des terres peuvent être groupés en deux catégories: impacts sur les fonctions relevant de lutilisation et impacts sur les fonctions autres que lutilisation. Les fonctions relevant de lutilisation peuvent en outre être subdivisées en fonctions de consommation, comme lirrigation et lusage domestique, et fonctions autres que la consommation, comme le transport. Les masses deau et les zones riveraines jouent souvent dimportants rôles autres que lutilisation, par exemple en tant que réservoirs de la biodiversité. Il est également important de tenir compte de la répartition des coûts et des avantages entre les utilisateurs damont et daval, ainsi quau sein des communautés. Lanalyse des fonctions en jeu est une base importante pour le choix du mécanisme de partage des avantages le plus approprié.
Lincertitude qui plane sur les relations entre lutilisation des terres en amont et ses impacts sur les consommateurs en aval rend aussi incertaine la quantification économique des impacts. Cependant, une estimation même partielle peut suffir pour justifier les investissements dans la protection des bassins versants. Si la présence ou non dun projet ne comporte pas davantages notables dans le cadre temporel de lanalyse, certains coûts moins tangibles et moins certains pourront être pris en considération. La décision portera alors principalement sur les questions davantages sociaux et déquité, outre que sur les bienfaits monétaires immédiats.
Recommandations
Pour évaluer les coûts et avantages dutilisations particulières des terres, il serait souhaitable de pouvoir déterminer comment ces pratiques influenceront la disponibilité de certaines ressources intéressantes, et leur valeur pour les utilisateurs. Cette opération serait facilitée par la subdivision du bassin versant en sous-unités hydrologiques en fonction de conditions agroclimatiques uniformes.
1. Les résultats de lévaluation devront être communiqués aux intéressés et servir à identifier les incitations en vigueur sur lutilisation des terres. Des informations complètes étant rarement disponibles, il faudra établir les limites de lévaluation et indiquer les facteurs inclus et le degré dincertitude.
2. Lorsque des coûts et avantages tangibles et monétaires ne suffisent pas à justifier linvestissement dans la gestion du bassin versant, la décision devrait être présentée comme une mesure de politique et comprendre les avantages sociaux et à long terme.
MÉCANISMES DE PARTAGE DES AVANTAGES POUR RELIER LES UTILISATEURS EN AMONT ET EN AVAL
Les mécanismes et instruments consistent en un large éventail de mesures allant des instruments de régulation et de marché, aux activités éducatives et de sensibilisation, et à la mise en place de nouveaux arrangements institutionnels et dapproches participatives. Aucun de ces mécanismes nexclut les autres. Au contraire, ils paraissent avoir les meilleurs résultats lorsquils sont utilisés en combinaison, et appliqués simultanément à différentes échelles.
Pour étendre la gestion des ressources jusquau bassin versant, il faut que tous les groupes intéressés soient représentés dans des associations de bassin versant qui transcendent le niveau du village, et dans les négociations portant sur des questions de grande envergure. Des mécanismes appropriés devront tenir compte de la répartition des avantages et des coûts au sein des communautés, tant en amont quen aval, et permettre la création dincitations appropriées, sur la base de lévaluation et des droits de propriété existants.
Les parties prenantes seront plus susceptibles de coopérer si les avantages sont démontrables, si elles considèrent comme juste et acceptable la répartition des avantages et des coûts, et si les accords sont applicables. La coopération pourrait également être motivée par la crainte de limposition de règlements.
Les initiatives réussies ont évolué au fil du temps, partant de la gestion dune simple masse deau pour arriver à celle de lensemble du bassin versant, ou encore dune perspective étroite et spécifique à une autre plus générale et intersectorielle, souvent avec laide dorganisations non gouvernementales (ONG). A une échelle plus élevée, et vu les difficultés de relier la cause à leffet, les négociations concernant les bassins versants tendent à mettre laccent sur lallocation de leau et servir de base au partage des avantages et à la réduction des coûts par une coopération économique plus générale.
Recommandations
1. Les instruments économiques seront plus efficaces sils sont associés à des activités déducation et de sensibilisation, et à la participation des populations intéressées, par le biais, par exemple, dorganisations de bassin versant. Les mécanismes réussis sont le fruit du passage dune perspective étroite à une vision élargie de la gestion allant dune masse deau à un bassin versant.
2. La mise en place dassociations dusagers autorisées à prendre des décisions autonomes devrait être encouragée dès le niveau le plus bas, pour faire en sorte que les intérêts locaux soient représentés dans les négociations portant sur des questions de grande envergure, et pour réduire le coûts des transactions. Les ONG peuvent jouer un rôle important dans ce processus de création dinstitutions.
CONTRAINTES À LA MISE EN OEUVRE DE MÉCANISMES DE PARTAGE DES AVANTAGES
La mise en oeuvre de mécanismes et dinstruments peut être entravée par des conflits entre les objectifs de protection des moyens dexistence et des ressources naturelles, et entre les différents groupes intéressés. Dautres contraintes peuvent naître de questions déquité et de lacceptabilité des fonctions de répartition des instruments. Cest ainsi que le transfert des paiements pour la protection du bassin versant pourrait paraître injuste car il viole le principe du «pollueur paie», et crée des incitations contraires. Ces paiements, lorsquils sont nécessaires et appropriés, peuvent être complétés par des impôts sur la pollution. Par ailleurs, de tels paiements pourraient être considérés comme justes si lon tient compte de la situation des revenus des ruraux pauvres vivant dans des zones de montagne marginalisées du bassin versant. Le manque de droits de propriété et limpossibilité dagir conjointement pourraient dissuader les agriculteurs dadopter certaines pratiques de gestion si les avantages attendus sont à long terme. Enfin, si des groupes particulièrement intéressés sont exclus du processus, ils pourraient être tentés de saboter les projets.
Recommandations
1. Les groupes intéressés devraient participer dès la phase initiale des interventions de gestion, et recevoir des informations sur la répartition des coûts et avantages et sur les répercussions au plan de léquité.
2. Létablissement ou la reconnaissance de droits de propriété ne devrait pas négliger les régimes fonciers coutumiers qui risquent, autrement, dêtre pénalisés dans les programmes dattribution officielle des titres de propriété.
3. Il faudrait déterminer avec réalisme dans quelle mesure les approches participatives permettent datteindre les objectifs prioritaires: les petites mesures antiérosives, par exemple, favorisées normalement par de telles approches, pourraient navoir quun impact négligeable sur la sédimentation en aval, alors que sont nécessaires des mesures structurelles pour éviter les glissements de terrain ou lérosion des berges.
CRITÈRES DE SUCCÈS POUR LA MISE EN OEUVRE DES MÉCANISMES DE PARTAGE DES AVANTAGES
Pour assurer la bonne réussite des mécanismes de partage des avantages, il faut que les intéressés comprennent bien la nature des impacts attendus, lampleur approximative des coûts et avantages, ainsi que les domaines dincertitude, et quils sentendent à leur sujet. Les meilleurs résultats sobtiennent dans les petits bassins versants où les impacts dus à lhomme peuvent être vérifiés et distingués des processus naturels. A cette échelle, les gens seront plus disposés à prendre des engagements favorisant le règlement des conflits dintérêts et à conclure des accords.
Lorsque sont en jeu de multiples intérêts, les organisations de bassin versant peuvent jouer un rôle déterminant dans la gestion des négociations et dans la réduction des coûts des transactions, à condition quelles représentent tous les groupes intéressés et que leurs prises de décision soient transparentes, autonomes, et compatibles avec la taille du bassin versant. La principale incitation pour les gens à participer aux accords de partage des avantages et à y investir des ressources consiste, sans nul doute, dans la certitude quils pourront réellement jouir de ces avantages, vu le temps quils exigent souvent pour se concrétiser. La sécurité foncière est un important facteur dans ladoption de pratiques de gestion du bassin versant, ainsi que la reconnaissance des droits traditionnels aux ressources.
Indépendamment de la réalisation des critères énoncés ci-dessus, il est très improbable que létablissement de mécanismes de partage des avantages et de réduction des coûts réussisse si les groupes intéressés estiment quils sont injustes. Lévaluation des interactions terres-eau peuvent fournir une importante contribution à ces délibérations car elle définit les coûts et avantages, et la manière dont ils sont répartis. Elle offre aux intéressés loccasion dun apprentissage mutuel car le savoir local permettra de mieux cerner le problème et didentifier les solutions possibles. Enfin, lévaluation peut améliorer la circulation des informations entre les domaines scientifiques, le savoir local et les politiques.
Pour la bonne mise en place des instruments de partage des avantages dans le cadre dun bassin versant, les critères, tels que modifiés par les recommandations faites au cours des débats, sont les suivants:
1. Les groupes intéressés ont un certain degré de compréhension et dentente relativement aux impacts de lutilisation des terres en amont sur celle de leau en aval, ainsi que la conscience de lincertitude.
2. Les groupes intéressés damont et daval sont normalement en nombre limité et bien organisés.
3. Limpact économique de lutilisation des terres sur les consommateurs en aval peut être relativement bien quantifié.
4. Il existe un engagement politique à établir des liaisons amont-aval, soit par des accords contractuels ou des cadres administratifs, et un minimum de notions techniques pour ce faire.
5. Il existe un cadre institutionnel et juridique fort, y compris un régime foncier, qui permet la mise en place dinstruments de partage des avantages.
6. Les décisions sont prises de façon autonome par ceux qui paient et ceux qui bénéficient, et un mécanisme transparent détermine laffectation des crédits.
7. Les interventions de gestion et les associations de bassin versant sont compatibles avec la taille du bassin.
8. Les traités concernant les bassins sont acceptables par tous les riverains, aux fins de leur usage équitable, de leur protection et de la gestion de leurs ressources en eau.
9. Les informations sur les impacts et leurs coûts et avantages potentiels sont communiqués de manière intelligible.