No.5 décembre 2008 | ||
Perspectives de récoltes et situation alimentaire | ||
Le point sur les crises alimentairesEn Afrique de l’Ouest, une bonne récolte céréalière est attendue pour 2008, grâce aux pluies régulières et bien réparties qui sont tombées tout au long de la campagne de végétation, ainsi qu’aux divers dispositifs de sécurité visant à accroître la production mis en place par les pouvoirs publics. Par conséquent, les prix des céréales secondaires (mil et sorgho) ont amorcé un repli dans la plupart des pays avec l’arrivée des récoltes de 2008 sur les marchés; toutefois, en novembre, les prix étaient toujours nettement plus élevés qu’un an auparavant. L'amélioration des disponibilités vivrières devrait encore faire baisser les prix alors que les récoltes progressent dans la sous-région. Toutefois, en dépit de l’accroissement du volume de riz rentré dans plusieurs pays, la production régionale ne suffira pas à couvrir les besoins et les prix intérieurs continueront d’être déterminés dans une grande mesure par les cours mondiaux, qui ont considérablement fluctué. En dépit des diverses mesures prises par les pouvoirs publics pour amortir l’impact de la flambée des cours mondiaux, les prix du riz restent très élevés dans bon nombre de pays, parmi lesquels le Sénégal, le Niger et le Burkina Faso. Cette situation continue de peser sur le pouvoir d’achat des consommateurs et sur leur accès à la nourriture dans toute la sous-région. En Afrique de l’Est, plus de 15 millions de personnes pourraient connaître de graves difficultés d'approvisionnement vivrier en conséquence de la sécheresse localisée due aux pluies saisonnières inférieures à la normale et des conflits en cours et passés, ce à quoi il faut ajouter la cherté inhabituelle des produits alimentaires. Les zones pastorales et agro-pastorales de la région, y compris le sud et le sud-est de l’Éthiopie, le centre et le sud de la Somalie et le nord du Kenya, sont particulièrement touchées par les graves difficultés alimentaires constatées actuellement. La situation du sud de la Somalie demeure particulièrement préoccupante, puisque selon les estimations, 3,25 millions de personnes sont aux prises avec de graves difficultés d’approvisionnement vivrier. Outre les troubles civils, qui ont provoqué le déplacement de millions de personnes, le volume total des récoltes au fil des cinq dernières années n'a cessé de décliner. La production ne devrait pas être significative dans ces régions avant la saison des pluies, d'avril à juin 2009. En Érythrée, la cherté des produits alimentaires et l'inflation galopante continuent d'affecter une grande partie de la population vulnérable. En Éthiopie, les pluies ont été insuffisantes (mars à mai), ce qui a entraîné une dégradation de la sécurité alimentaire en plusieurs endroits. Parmi les zones les plus touchées figurent notamment la région des Somalis, où ces pluies correspondent à la campagne principale "gu", ainsi que les régions d'Oromia et des nations, nationalités et peuples du sud. Par ailleurs, les prix des produits alimentaires restant supérieurs à la normale dans la plupart du pays, le nombre de personnes exposées à une forte, voire extrême, insécurité alimentaire est passé d'environ deux millions au début de 2008 à plus de six millions actuellement, tandis que 5,7 millions d'autres bénéficient d'une aide au titre du programme de sécurité visant à accroître la production. Dans la région des Somalis, les troubles civils et les restrictions commerciales exacerbent encore la situation. À Djibouti, quatre mauvaises saisons de pluies consécutives, la cherté des denrées alimentaires de base, l'inflation galopante et l'insuffisance des fonds publics et des ressources des donateurs ont entraîné une réduction considérable de la consommation alimentaire des ménages démunis, tant en zone rurale que dans les villes. Quelque 340 000 personnes, soit près de la moitié de la population, auraient besoin d'une aide. Au Kenya et en Ouganda, de récents rapports signalent que la multiplication des cas de peste des petits ruminants (PPR) – virus qui touche habituellement les ovins et les caprins – dans le nord-est de l'Ouganda et dans les zones pastorales du Kenya entraîne une forte mortalité dans les élevages, ce qui sape le pouvoir d'achat des pasteurs et diminue leur accès à la nourriture. Environ 25 pour cent des moutons et chèvres du Karamodja, en Ouganda, ont été abattus, tandis qu'au Kenya, les pertes sont estimées à un milliard de shillings kényans. En outre, un grand nombre de personnes, en particulier dans les zones pastorales, continuent de recevoir une aide alimentaire en raison de la lenteur de la reprise après la sécheresse précédente et de la persistance des conflits entre pasteurs ainsi que des vols de bétail. Au Soudan, l'insécurité demeure un facteur important qui entrave l'accès à la nourriture, en particulier dans le Darfour où sévissent des troubles. En Afrique australe, du fait de la récolte céréalière réduite (en volume global, non compris l'Afrique du Sud) rentrée pour la campagne principale qui s'est achevée au début de 2008, de l'absence d'amélioration significative concernant les cultures d'hiver actuellement récoltées et de la cherté des produits alimentaires sur la plupart des marchés locaux, le nombre de personnes aux prises avec l'insécurité alimentaire au cours de la campagne commerciale 2008/09 est estimé en hausse de près d'un tiers par rapport à l'année précédente. Divers Comités nationaux d'évaluation de la vulnérabilité et Missions FAO/PAM ont estimé à quelque 8,7 millions le nombre total de personnes exposées à l'insécurité alimentaire, y compris celles au Zimbabwe (environ 5,1 millions), au Lesotho (353 000) et au Swaziland (239 000), où une aide extérieure est nécessaire . Les quantités de vivres importées (tant par voie commerciale que sous forme d'aide) ont jusque-là été inférieures aux besoins, ce qui, associé aux graves problèmes de transport, a réduit les disponibilités alimentaires dans la plus grande partie du Zimbabwe. Par ailleurs, une récente épidémie de choléra, avec 8 887 cas recensés, dont 366 morts depuis août (BCAH) compromet gravement la santé et la nutrition de la population vulnérable dans ce pays. Dans la région des Grands Lacs, la reprise des combats dans le nord-est de la République démocratique du Congo a entraîné le déplacement de jusqu'à 250 000 personnes, qui ont besoin d’une aide alimentaire et autre. La cherté des produits alimentaires constatée actuellement continue d'avoir des répercussions négatives sur de nombreux ménages vulnérables au Burundi, où une aide alimentaire et agricole est nécessaire , notamment pour réinstaller les rapatriés et les PDI. En Extrême-Orient, en dépit d’une situation globalement satisfaisante des disponibilités, plusieurs pays demeurent exposés à une grave insécurité alimentaire. De graves pénuries vivrières persistent en République populaire démocratique de Corée, où une aide alimentaire est nécessaire de toute urgence. Selon les estimations d’une récente Mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, le déficit céréalier du pays pour 2008/09 atteindra au moins 800 000 tonnes. Au Myanmar, la production rizicole de la mousson de 2008 a été considérablement réduite dans les zones touchées par le cyclone Nargis et des milliers de personnes demeurent tributaires de l'aide alimentaire et agricole. La sécurité alimentaire d'un grand nombre de personnes à Sri Lanka reste compromise par la résurgence des troubles civils. Une grave insécurité alimentaire localisée persiste en certains endroits du Népal touchés par les récentes inondations. Des dégâts considérables sont signalés aux Philippines en raison des récentes inondations. Au Proche-Orient, la sécurité alimentaire des personnes vulnérables de plusieurs pays, principalement en zone rurale, donne toujours matière à préoccupation suite à la grave sécheresse qui a sévi pendant la campagne agricole 2007/08 et fortement réduit les récoltes de blé et d'orge en République arabe syrienne, en Iraq et en Jordanie. En Syrie, la mauvaise campagne a gravement compromis la sécurité alimentaire des agriculteurs et des éleveurs dans les zones touchées. Une Opération d'urgence a donc été approuvée conjointement par la FAO et le PAM en novembre 2008 en vue de fournir une aide alimentaire à 40 000 ménages (soit 200 000 personnes), pour un montant de 5,2 millions d'USD sur six mois (du 15 novembre 2008 au 15 mai 2009). En Iraq, en dépit de l’amélioration des conditions de sécurité et des incitations financières offertes par le gouvernement, qui ont encouragé de nombreux réfugiés en République arabe syrienne et en Jordanie à regagner leur foyer, la situation de la sécurité alimentaire d’un grand nombre de personnes s'est dégradée. La sécheresse a dévasté les cultures et provoqué des problèmes d'approvisionnement en eau potable. Des épidémies de choléra se sont propagées dans toutes les régions du centre et du sud à la fin août et l’UNICEF a instamment prié le Gouvernement iraquien de nettoyer à titre préventif les citernes d'eau de toutes les institutions. Selon les estimations, à l'extérieur de Bagdad, 20 pour cent seulement des familles ont accès à des services d'assainissement, et les usines de traitement des eaux usées du pays ne fonctionnent qu'à 17 pour cent de leurs capacités. En Afghanistan, l'insécurité et le manque généralisé d'accès à la nourriture sont accentués par la récolte réduite à cause de la sécheresse rentrée en 2008. Les besoins d'importations céréalières pour 2008/09 sont estimés à 2,3 millions de tonnes, soit plus du double de l'année précédente. Étant donné que les capacités d'importations commerciales s'élèvent à 1,5 million de tonnes, une aide alimentaire de 700 000 tonnes sera nécessaire. Dans les pays asiatiques de la CEI, au Tadjikistan, le manque d'accès généralisé à la nourriture est aggravé par la récolte céréalière médiocre rentrée pour la deuxième année consécutive en 2008 du fait de la sécheresse. Du fait de ces mauvais résultats, les besoins d'importations céréalières sont estimés à 560 000 tonnes, soit un niveau élevé. Le pays a du mal à s'approvisionner en passant par des circuits commerciaux et une aide alimentaire sera nécessaire pour venir au secours des pauvres. En Amérique centrale et aux Caraïbes, la saison des ouragans particulièrement intense en septembre-octobre a amené une pluviosité exceptionnellement forte dans la sous-région, endommageant l'infrastructure et causant des pertes importantes aux cultures de rente et vivrières, en particulier les bananes, les plantains, le manioc et le paddy. La vulnérabilité alimentaire s'est considérablement accrue dans plusieurs pays des Caraïbes les plus touchés, à savoir Haïti, la République dominicaine, la Jamaïque et Cuba. |
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