L’importance des pêches pour un Pays ne peut pas être uniquement jugée par sa contribution au PIB (environ 1,5%), mais doit tenir compte du fait que les ressources et les produits de la pêche sont des composants fondamentaux de l’alimentation et de l’emploi.
Un autre aspect qui rend les ressources halieutiques si importantes est leur caractère auto-renouvelable. Cela signifie que si une ressource halieutique, ou toute autre ressource biologique auto-renouvelable, est bien gérée sa durée est quasiment illimitée, contrairement à ce qui se passe avec les ressources minérales.
Une conclusion importante est que les caractéristiques biologiques doivent être la base vitale pour la conservation et la gestion des ressources halieutiques. (Ceci ne signifie pas que l’on doive dédaigner les effets sociaux ou économiques, ou autres, dans la gestion des pêches).
Dans le cas particulier du Portugal on peut affirmer que la contribution de la pêche au PIB est inférieure à 1,5%. Toutefois, dans le contexte de l’alimentation, par exemple, la valeur annuelle de 60 kg par habitant de consommation de poisson, est une valeur élevée, et seulement dépassée par les capitalisations de poisson de l’Islande, du Japon et de quelques petites nations insulaires. On considère également que 40% des protéines nécessaires proviennent de la pêche, ce qui correspond à 15% des dépenses d’alimentation de la population portugaise.
Du point de vue social on calcule qu’il existe actuellement 34 000 pêcheurs au Portugal. Sachant que chaque poste de travail en mer génère 4 à 5 postes de travail à terre (dans l’industrie des conserves, congelés et farines, la commercialisation, l’administration, la recherche et formation, etc....) l’on peut dire que dans les divers secteurs en amont et en aval de la pêche au Portugal travaillent environ 150 000 Portugais. Sans exagération on peut affirmer qu’environ un demi-million de Portugais dépendent des activités de la pêche, si l’on considère l’unité familiale composée d’un minimum de 3 personnes.
Sætersdal (1984) a défini le principe général de la gestion des pêches comme étant:
"Obtenir la MEILLEURE utilisation POSSIBLE de la ressource pour le bénéfice de la COMMUNAUTÉ"
Pour chaque cas concret il faudra décider ce que l’on entend par meilleure, possible et communauté.
En effet, meilleure peut signifier:
la plus grande quantité capturée
la plus grande valeur de la capture
le plus grand profit (différence entre la valeur de la capture et les coûts d’exploitation)
Plus de devises
Plus d’emplois, etc.
Communauté peut aussi vouloir dire:
La population du monde
La Communauté Européenne (CE)
Un pays
Une région
Groupes d’intérêt (pêcheurs, armateurs, consommateurs,...)
Possible
Noter que l’aspect auto-renouvelable des ressources halieutiques ne peut être oublié et, qu’il est indispensable d’assurer sa conservation afin que le principe général puisse être appliqué pendant de longues années. Cette proposition signifie que conserver seulement pour conserver les divers éléments d’un écosystème en donnant à tous les éléments la même importance n’est pas une attitude raisonnable.
Figure 1.1 Les divers secteurs de l’activité des pêches
Le schéma (Figure 1.1) illustre que la recherche sur les ressources halieutiques regroupe plusieurs secteurs de l’activité des pêches. Dans ce cours, les modèles d’évaluation destinés à soutenir la gestion des pêches seront une préoccupation constante. Parmi les divers travaux sur l’évaluation des ressources halieutiques, quelques livres et/ou manuels constituent une référence obligatoire, parmi lesquels Beverton & Holt (1956), Ricker (1958, 1975) et Gulland (1964, 1983).
Pour évaluer une ressource halieutique il est nécessaire:
d’avoir accès aux bases de données correctes
de préparer les analyses les plus importantes.
de réaliser des prévisions à Court et à Long Terme des captures et des stocks
de déterminer les points de référence biologiques à Long Terme
d’estimer les effets à Court et à Long Terme sur les captures et sur les stocks des différentes stratégies d’exploitation des pêches.
Les diverses étapes d’une évaluation peuvent êtres résumées ainsi:
a) Décrire les objectifs concrets de l’évaluation conformément à la phase de dévelop- pement de la pêche et à l’information disponible.
b) Promouvoir la collection d’information:
Statistiques commerciales de la pêche: captures (totale et par ressource), revenus, effort de pêche (nombre de marées, jours, prises, temps de pêche, etc.), engins utilisés.
Régime d’opération des flottilles et de leurs engins de pêche, etc.
Échantillonnage biologique dans les ports de débarquement
Échantillonnage biologique (et information sur la pêche) à bord des navires commerciaux
Échantillonnage biologique à bord des navires de recherche.
c) Procéder aux analyses
L’état des connaissances sur la ressource et les données de bases disponibles détermine le type de modèle à utiliser et par conséquent le type d’analyses qui peuvent être réalisées. À titre d’exemple, suivent quelques situations réelles et générales:
Ressource ayant peu d’information |
ß
Analyses ayant recours à des méthodes spéciales ou particulières pour estimer, par exemple, les biomasses et potentielles captures.
Ressource ayant des données de captures et rendements (CPUE) ou des indices d’abondance des stocks durant plusieurs années |
ß
Analyses ayant recours aux modèles de production pour prévoir rendements et captures
Ressource ayant plusieurs années d’information:
|
ß
Analyse historique du stock (VPA)
Prévision des captures à Long et à Court Terme avec plusieurs
scénarios.
Commentaires
1. L’absence d’information peut empêcher quelques prévisions mais n’empêche pas d’autres types d’analyses.
2. Le principe de précaution oblige à la réalisation d’estimations (même grossières) dont il sera question plus tard.