Les modèles de production (aussi désignés par modèles de production générale, modèles globaux, modèles synthétiques ou modèles de Lotka-Volterra) considèrent le stock dans sa totalité, soit, ils ne font pas cas de la structure du stock par âges ou longueurs.
La biomasse totale dun stock non-exploité, ne peut grandir au-delà dune certaine limite. La valeur de cette limite dépend, pour chaque ressource, de lespace disponible, de laccès aux aliments, de la compétition avec dautres espèces, etc., en résumé, elle dépend des capacités de lécosystème à maintenir le stock qui y habite. On désignera cette limite par Capacité Soutenable, k.
La biomasse totale dune ressource halieutique non-exploitée tend à croître vers sa capacité soutenable, k, à un taux, tia(Bt), qui nest pas constant. Le taux, tia(Bt), est réduit quand la biomasse est petite, croît quand la biomasse croît et est à nouveau réduit quand la biomasse se rapproche de la capacité soutenable. Il convient de noter que la biomasse peut souffrir des altérations, même des diminutions, dues aux fluctuations des facteurs naturels, mais, dans tous les cas, la tendance sera toujours croissante et même sa capacité de soutien.
Ainsi, on peut suggérer que ni tia(Bt) ni tir(Bt) ne sont constants.
En parallèle avec ce qui a été fait avec la supposition de base de la croissance individuelle, on définira une fonction H de Bt, pour lévolution dune ressource halieutique non exploitée (naturelle), afin de pouvoir adopter la supposition de base suivante:
r est habituellement désigné par taux intrinsèque de croissance de Bt. De cette expression on peut déduire, mathématiquement, tir(Bt), qui est le taux dintérêt pour le développement des modèles:
Quand le stock est exploité, il convient de séparer tir(Bt) dû à toutes les causes dans deux composants, soit, tir(Bt) dû à la pêche et tir(Bt) dû à toutes les autres causes, désigné par tir(Bt) naturel. Ainsi la supposition de base aura la forme suivante:
On peut dès maintenant, dire que, dans un intervalle de temps Ti où le niveau de pêche est constant, on aura:
Donc, dans lintervalle Ti, sera:
On a lhabitude de désigner tir(Bt) dû à des causes naturelles seulement par f(Bt) , qui selon la supposition de base de lévolution naturelle de la biomasse, est supposée être une fonction de la biomasse, Bt.
Commentaires
1. Historiquement les modèles de production ont été les premiers modèles à être utilisés dans lanalyse sur lévolution de populations biologiques, Lotka-Volterra (1925-1928).
2. Schaefer (1954) a appliqué pour la première fois un modèle de production à un stock halieutique sujet à la pêche.
3. La capacité soutenable, k , est aussi désignée en biologie des pêches par Bsymbol.gif et aussi par Bo. Actuellement on a lhabitude dutiliser le symbole k (il ne faut pas le confondre avec le symbole, K, des modèles de croissance individuelle ou de la relation S-R).
4. La supposition de base de tir(Bt) du à des causes naturelles, présentée précédemment peut être formulée, mathématiquement, de différentes façons.
5. Les modèles de production, puisquils considèrent la biomasse dans sa totalité et ne font pas cas de la structure par âges ou longueurs, ne peuvent quêtre utilisés dans les pêches pour analyser les effets de changements du niveau de pêche et non pas du régime dexploitation.
Les taux instantanés total, naturel et par pêche peuvent, dans la pratique, être rapprochés par des taux moyens relatifs, tmr(Bt). En effet on peut dire que par rapport à la moyenne . (Cette relation est exacte dans le cas du modèle exponentiel quand tir(B) est pris par rapport à la moyenne ()).
Ainsi, ayant les taux moyens comme approximation des taux instantanés dans lexpression générale suivante:
on aura:
ou
et
Ainsi, la variation de la biomasse due à toutes les causes de mortalité est décomposée en variation due à la mortalité naturelle et due à la mortalité par pêche:
ou
La situation déquilibre dans lintervalle Ti implique que la biomasse du stock à la fin de lintervalle Ti (généralement 1 an) soit égale à la biomasse au début du même intervalle, cest-à-dire que la variation finale de la biomasse soit égale à zéro.
Alors, en rapprochant les taux instantanés des taux moyens, quand le stock est en équilibre pendant Ti, on aura DBi=0 et tmr(Bt)=0. Ainsi, une condition déquilibre sera:
Les conditions déquilibre sont normalement indiquées avec E en indice. Ainsi:
Dans la pratique, on ne dispose pas toujours de et de Fi doù la recherche de quantités qui soient associées à la biomasse, B, et au niveau de pêche, F, mais, plus concrètement, qui soient des indicateurs de biomasse et du niveau de pêche. De préférence, il est plus intéressant de considérer des quantités proportionnelles à ces paramètres (que lon désigne par indices).
Si lon désigne par lindice de la biomasse moyenne, , pendant lintervalle de temps, T alors:
et si lon désigne par f lindice de mortalité par pêche, pendant lintervalle de temps, T on aura:
de
on aura
Alors, pour que
Il faudra que
Un indice de , assez commun, est la capture par unité deffort (cpue). Pour indice de F on utilise leffort de pêche en unités appropriées de façon à être proportionnel au niveau de pêche.
La constante de proportionnalité, q, est désignée par coefficient de capturabilité et indique la fraction de la biomasse qui est capturée par unité deffort.
Pour ces modèles on peut aussi définir des points de référence biologique.
On a lhabitude de désigner par FMSY la valeur de F qui rend la capture maximum, Y.
FMSY est différent de Fmax. En effet, FMSY maximise la Capture en poids, alors que Fmax, maximise la Capture en poids par Recrue. A noter que dans un modèle de production on ne peut calculer Fmax, puisquon le considère inconnu - implicite dans les suppositions de bases du modèle - la structure par longueurs du stock (et donc le recrutement, R).
A noter que le FMSY des modèles structuraux est différent du FMSY des modèles de production. Il suffit de considérer la relation S-R ainsi que le coefficient de mortalité naturel, M, qui sont implicites dans les modèles de production, ne pouvant pas être explicités.
La comparaison ou mélange de résultats des deux types de modèles devra faire cas des différentes suppositions de base sur lesquelles chaque modèle se base.
Pour les mêmes raisons, F0.1 des modèles de production est un concept différent du F0.1 des modèles structuraux.
Pour le calcul de F0.1, B0.1 et Y0.1 on peut procéder de la même façon que dans le cas des modèles structuraux, mais avec les modèles de production il est préférable de recourir aux relations, constantes, entre les points de référence 0.1 et MSY (Cadima, 1991).
Les modèles de production les plus utilisés dans les évaluations des ressources halieutiques sont le modèle de Schaefer (1954), le modèle de Fox (1970) et le modèle de Pella et Tomlinson (1969), qui est aussi désigné par GENPROD (nom du logiciel que les auteurs ont élaboré pour lapplication de leur modèle). Fox mentionne que lélaboration de son modèle est basé sur une idée de Garrod (1969).
À chacun de ces modèles correspondra une fonction particulière de H(Bt) dans la supposition de base.
6.7.1 MODÈLE DE SCHAEFER
Pour ce modèle de production la fonction H(Bt) de la supposition de base sera:
Taux instantané relatif, tir(Bt), dû à des causes naturelles
De lexpression de la supposition de base générale, on aura:
et le taux instantané de variation de la biomasse naturelle peut être déduit mathématiquement de cette expression et écrit ainsi:
Conditions déquilibre
En rapprochant tir(Bt) de tmr(Bt), relatif à , on aura:
et, comme en équilibre , les conditions déquilibre peuvent être exprimées ainsi:
Notez queest linéaire avec FE et pour FE = 0 on aura = k = biomasse vierge.
Graphiquement, la relation entreet FE montre une droite où lordonné à lorigine est égal à k et la pente est égale à -k/r.
Point-cible, FMSY
Pendant 1 an, les conditions déquilibre pourront être écrites ainsi:
et Y maximum aura lieu quand dY/dF=0. En dérivant lexpression précédente de YE par rapport à F et égale à zéro, on aura:
Point-cible, FMSY (Schaefer)
FMSY = r/2 |
BMSY = k/2 |
YMSY = rk/4 |
En effet la dérivée
ou
dY/dF = k(1- F/r) + F (- k/r) = k - 2k.F/r
et, donc,
FMSY = r/2
les autres relations sont obtenues en substituant ce résultat dans les conditions déquilibre.
Point-cible, F0.1
On prouve que le quotient entre F0.1 et FMSY est constant et égal à 0.90. Ainsi, on peut conclure que:
Point-cible, F0.1 (Schaefer)
F0.1/ FMSY = 0.90 |
B0.1 /BMSY = 1.10 |
Y0.1 /YMSY = 0.99 |
En effet, comme on la déjà vu auparavant, dY/dF = k - 2k.F/r et, comme F0.1 correspond à dY/dF = 0.1k , on aura:
0.1k = k - 2kF0.1/r
ou
0.90 = 2 F0.1/r
ou
0.90 =F0.1/FMSY
Indices dabondance, , et indices du niveau de pêche, f
Comme on la vu dans la Section 6.5, on suppose que les indiceset f sont proportionnels à et F. Pour ce modèle la condition déquilibre pourra être écrite ainsi:
et |
(a,b sont constants). |
Le point-cible, fMSY, peut être obtenu avec la dérivée de YE à lordre de fE égale à zéro:
Point-cible, fMSY (Schaefer)
fMSY = -a/(2b) |
YMSY = - a2/(4b) |
On prouve que, dans les modèles de production, les quotients f0.1/fMSY et sont égaux aux quotients F0.1/FMSY et . Dans le cas du modèle de Schaefer il sera donc:
Point-cible, f0.1 (Schaefer)
f0.1/ fMSY = 0.90 |
|
Y0.1/YMSY = 0.99 |
De , FT=q.f et des expressions précédentes des points-cible relatifs à FMSY et fMSY on peut aussi obtenir les relations des paramètres k et r avec les coefficients a, b et q:
k = a/q |
r = - aq/(bT) |
kr = - a2/(bT) |
Quand la valeur de lintervalle T est dun an, T napparaît pas dans les expressions. Ces expressions permettent le calcul des paramètres du modèle, k et r, dès que lon connaît la valeur du coefficient de capturabilité, q. Notez que le produit k.r ne dépend pas de q.
6.7.2 MODELE DE FOX
Pour le modèle de production de Fox la fonction H(Bt) sera:
H(Bt) = ln(Bt)
Taux instantané relatif, tir(Bt), du à des causes naturelles
De lexpression de la supposition de base générale on aura pour le modèle de Fox:
tirnaturel [ lnk -lnB ] = - r
et donc, comme mentionné plus haut, le taux instantané de variation de la biomasse naturelle peut être déduit mathématiquement de cette expression, et dans ce cas, écrite ainsi:
Conditions déquilibre
La condition déquilibre de la biomasse peut être exprimée ainsi:
et, donc, les conditions déquilibre seront:
Notez que est linéaire avec FE et que pour FE = 0 on aura .
La relation entre et FE est linéaire, avec lordonné à lorigine = lnk et déclive = -1/r.
Point-cible, FMSY
En dérivant YE de F et avec la dérivée égale à zéro, on aura:
FMSY = r |
BMSY = k/e |
YMSY = rk/e |
Point-cible, F0.1
Dans ce modèle le quotient entre F0.1 et FMSY est constant et égal à 0.7815. On peut ainsi conclure que:
F0.1/ FMSY = 0.7815 |
B0.1 /BMSY = 1.2442 |
Y0.1 /YMSY = 0.9724 |
Ces résultats sont obtenus de la même façon que dans le cas du modèle de Schaefer. Léquation à résoudre sera:
ce qui exige des méthodes itératives pour trouver F0.1/r. La solution sera F0.1/r = 0.7815 ou égal à F0.1/FMSY.
Indices dabondance, , et indices du niveau de pêche, f
Pour le modèle de Fox la condition déquilibre pourra être écrite ainsi:
et
Le point-cible, fMSY , peut être obtenu avec la dérivé de YE à lordre de fE égale à zéro:
Point-cible, fMSY
fMSY = -1/b |
YMSY = - ea/be |
Les quotients f0.1/fMSY et sont, dans le cas du modèle de Fox, égaux à F0.1/FMSY et et donc:
Point-cible, f0.1
f0.1/ fMSY = 0.7815 |
|
Y0.1 /YMSY = 0.9724 |
De et de FT=q.f on peut conclure que:
k = ea/q |
r = - q/(bT) |
kr = - ea/(bT) |
Quand la valeur de lintervalle T est dun an, T napparaît pas dans ces expressions. La dernière expression permet le calcul du produit k.r. Pour calculer k et r séparément il faut connaître la valeur du coefficient de capturabilité, q, et utiliser les deux autres expressions.
6.7.3 MODÈLE DE PELLA ET TOMLINSON (GENPROD)
Pour ce modèle de production la fonction H(Bt) sera:
Taux instantané relatif, tir(Bt), du à des causes naturelles
De lexpression de la supposition de base générale on aura pour le modèle GENPROD:
doù
Conditions déquilibre
En équilibre on aura
Et, donc, les conditions déquilibre peuvent être exprimées ainsi:
Notez que la relation entre ()p et FE est linéaire avec lordonné à lorigine égal à k et la pente égale à -pk/r. Donc pour FE = 0 on aura = k = biomasse vierge
Point-cible, FMSY
En dérivant YE à lordre de F et avec la dérivée égale à zéro, on aura:
Point-cible, FMSY (Pella et Tomlinson)
Point-cible, F0.1
Le quotient entre F0.1 et FMSY est constant pour chaque valeur de p et peut être obtenu comme dans les cas précédents. Léquation à résoudre par itérations serait:
X= 1 - 0.1.[1-p/ (1+p).X]1/p
où
X=F0.1/ FMSY
et aussi
B0.1/ BMSY = [1+p - p./ (1+p).X](1+1/p)
Y0.1/ YMSY = [F0.1/ FMSY].[ B0.1/ BMSY]
Le tableau suivant résume les résultats les plus importants:
|
paramètre p |
F0.1/FMSY |
B0.1/BMSY |
Y0.1/YMSY |
Fox |
0.0 * |
0.781521 |
1.244182 |
0.972355 |
0.2 |
0.819995 |
1.193441 |
0.978616 |
|
0.4 |
0.848355 |
1.158613 |
0.982915 |
|
0.6 |
0.869888 |
1.133469 |
0.985991 |
|
0.8 |
0.886657 |
1.114599 |
0.988268 |
|
Schaefer |
1.0 * |
0.900000 |
1.100000 |
0.990000 |
1.2 |
0.910816 |
1.088420 |
0.991350 |
|
1.4 |
0.919724 |
1.079045 |
0.992424 |
|
1.6 |
0.927165 |
1.071323 |
0.993293 |
|
1.8 |
0.933457 |
1.064867 |
0.994008 |
|
2.0 |
0.938835 |
1.059401 |
0.994602 |
|
2.2 |
0.94377 |
1.054720 |
0.995704 |
|
2.4 |
0.947516 |
1.050674 |
0.995531 |
|
2.6 |
0.951059 |
1.047146 |
0.995898 |
|
2.8 |
0.954188 |
1.044045 |
0.996216 |
|
3.0 |
0.956969 |
1.041302 |
0.996494 |
Notez que (F0.1/FMSY) + (B0.1/BMSY) @ 2. A partir de ce résultat on peut affirmer que quand F0.1 est inférieur à FMSY dun certain pourcentage, la relation équivalente des biomasses sera plus grande et à peu près au même pourcentage.
Indices dabondance, , et indices du niveau de pêche, f
Pour le modèle de Pella et Tomlinson la condition déquilibre pourra être écrite ainsi:
= (a + b.f)1/p
ou
= (a + b.f) (a,b sont des constantes).
Le point-cible, fMSY , peut être obtenu avec la dérivé de YE à lordre de fE égale à zéro.
Point-cible, fMSY
fMSY = -a/(b(1+1/p)) |
|
YMSY = -(p/b).(a/(1+p))(1+1/p) |
Les quotients f0.1/fMSY et seront égaux aux quotients F0.1/FMSY et , respectivement. Ces derniers quotients peuvent être observés dans la table précédente.
On peut aussi obtenir les valeurs de k, r et k.r à partir de , et de F.T=q.f
k = (1/q) a1/p |
r = - aqp/(bT) |
k.r = (-p/bT)a(1+1/p) |
Quand la taille de lintervalle est dun an, T napparaît pas dans ces expressions. La dernière expression de la table précédente permet le calcul du produit k.r. Les valeurs séparées de k et r peuvent être calculée dès que lon connaît la valeur du coefficient de capturabilité, q.
Commentaires
1. Le modèle de Pella et Tomlinson a été et est critiqué dans son application pratique car il produit, parfois, de meilleurs ajustements à des valeurs non crédibles du paramètre p, résultant en des valeurs extrêmement élevées de FMSY.
2. Il convient faire aussi attention à ce que p, paramètre additionnel de ce modèle, est référé par différents symboles selon les auteurs.
3. Les valeurs des points de référence biologiques relatives à F, estimées par le modèle de Schaefer, sont plus restrictives que les valeurs correspondantes estimées par dautres modèles de production
6.8.1 Méthodes générales
Les modèles de production ont été utilisés dans les pêches pour les prévisions à LT. Cest à partir des années 90 que des méthodes dapplication des modèles de production aux prévisions à court terme, CT, ont été développées. Ces méthodes ont pour base les expressions de Schaefer, de Fox et de Pella et Tomlinson pour lévolution de la biomasse non exploitée.
Comme il la été dit dans la Section 6.3, la variation de la biomasse pendant 1 an peut être exprimée, dune façon générale, comme:
ou
où
Bi = biomasse au début de lannée i
Bi+1= biomasse à la fin de lannée i
=bomasse moyenne pendant lannée i
Yi = capture en poids pendant lannée i
est lapproximation du taux moyen de variation "naturelle" de la biomasse, par rapport à , pendant lannée i.
Lexpression de la variation de la biomasse sert de base à la majeure partie des méthodes de prévision à CT. Des programmes informatiques on étés préparés pour lapplication de ces méthodes, qui déterminent aussi des prévisions à LT, des points de référence biologique, etc. En sont exemples CEDA et BYODIN, de la responsabilité de Rosenberg et al. (1990), et de Punt et Hilborn (1996) respectivement.
Théoriquement ces méthodes supposent que et Yi sont connus pendant une certaine période dannées. La fonction peut être celle de Schaefer, de Fox, ou de Pella et Tomlinson.
Pour déterminer les paramètres r et k il faudrait adopter une des expressions et la valeur B1 du premier intervalle de la période de temps.
Dans la pratique on ne dispose pas de biomasses moyennes annuelles, mais seulement de quantités associées, normalement supposées proportionnelles aux biomasses moyennes, soit aux indices . Ainsi il y aura 3 paramètres à estimer, r, k et q (voir Chapitre7).
La fonction objet à minimiser peut être F = S(Uobs - Umod) 2 , soit, la somme des carrés des erreurs entre les valeurs observées et estimées (désignée par erreur du procès). Cependant, quand on utilise les valeurs de U observées et on suppose que la relation nest pas déterministe, mais contient une erreur, désignée par erreur dobservation, donnée par F estimé, on préfère alors adopter la fonction objet F = S (lnUobs - lnUmod)2 (Punt et Hilborn, 1996).
6.8.2 METHODE DE PRAGER (1994)
Prager (1994) na pas utilisé lexpression de base initiale comme étant le taux moyen mais le taux instantané relatif de la variation de la biomasse dans lannée i et a adopté le modèle de Schaefer, soit,
tir(Bt) = r[1 - Bt / k]. Bt - Fi. Bi
Intégrant cette expression pendant lannée i il a obtenu la relation entre Bi+1 et Bi
Dun autre côté en calculant la biomasse moyenne, , pendant lannée i en intégrant Bt entre ti et ti+1. Finalement il a calculé la capture en poids comme étant:
.
Lestimation des paramètres peut alors être réalisée de la même manière que les méthodes précédentes. Le logiciel préparé à cet effet est dénommé ASPIC (Prager, 1995).
6.8.3 METHODE DE YOSHIMOTO ET CLARKE (1993)
Les prévisions à CT sont dérivées de la supposition de base des modèles de production définie comme:
ou, représentant par f(Bt):
Ainsi, en intégrant cette expression pour lintervalle de temps Ti en considérant que
tir(Bt) = tia ln(Bt)
et que Ft = Fi =constant:
Pour lintervalle Ti+1 suivant (qui est lintervalle des prévisions pour le stock et la capture) on aurait:
Pour calculer la moyenne arithmétique simple des expressions précédentes pour les intervalles Ti et Ti+1, on aura dans le premier terme:
1/2[ln (Bi+1) + ln (Bi+2)] - 1/2[ln (Bi) + ln (Bi+1)] =
où est la moyenne géométrique de Bi et Bi+1, et est la moyenne géométrique de Bi+1 et Bi+2.
Ainsi, la moyenne des deux expressions sera:
Dans le cas du modèle de Fox, on a f(Bt) = r (lnk - lnBt) et, donc, peut sécrire:
où est la moyenne géométrique de Bi et Bi+1.
Dans ce cas, lexpression précédente, relative aux moyennes géométriques, peut se réécrire ainsi:
Pour simplifier et, parce que normalement les intervalles de Ti sont constants et égaux à un an, on utilisera au lieu de Ti et Ti+1 simplement T et lexpression sera:
ou en réorganisant les termes de lexpression, on aura:
Finalement, lexpression peut sécrire de la façon suivante:
= 2rT/(2+rT). lnk + (2- rT)/(2+rT). - T/(2+rT). (Fi + Fi+1)
Comme on la vu dans les prévisions à LT (ou en équilibre) il est plus commun davoir des indices de biomasse, , et de niveau de pêche f, que des valeurs de et F.
En utilisant les indices et qf = FT
on peut écrire lexpression de Yoshimoto et Clarke (1993):
Dans la pratique, il est plus utile décrire cette expression comme suit:
ln = b1 + b2. ln + b3. (fi + fi+1)
où:
À partir des coefficients b1, b2 et b3 on peut estimer les paramètres q, r et k (se rappeler que dans les prévisions à LT il nétait pas possible dobtenir q isolément). Ainsi:
q = -4b3/(1+b2)
rT = 2(1-b2) / (1+b2)
k = ((1+b2)/(-4b3)).eb1/(1-b2)
Commentaires
1. A noter que le fait davoir développé dans ce manuel le modèle de Yoshimoto et Clarke pour les prévisions à CT ne signifie pas une préférence spéciale par rapport à dautres modèles pour les prévisions à CT.
2. Yoshimoto et Clarke ont désigné leur expression comme expression intégrée de Fox, en raison du fait davoir pour base lintégration directe de la supposition de base.
3. Notez que et sont, en général, différents de et . Cependant, les moyennes de f() peuvent être considérées égales à f(moyennes de B) si lon utilise un autre type de moyenne de B.
Définition de selon une fonction
On considére n valeurs Bi et la moyenne arithmétique simple de f(Bi), soit
f(B) =(1/n). S f(Bi)
Soit une valeur telle que .
est désignée comme la moyenne de Bi selon la fonction f.
EXEMPLES
4. Si f(B) = ln(B) alors = (1/n). Sln(Bi) et ainsi est la moyenne des valeurs Bi selon la fonction logarithme népérien, aussi désignée par moyenne géométrique des valeurs Bi
5. Au cas où f(B) = B-1 alors = (1/n). ). S(Bi)-1 et est désignée par moyenne harmonique des valeurs Bi
6. Si f(B) = B-p on aura alors =(1/n). ). S(Bi)-p et est désignée par moyenne dordre (-p) des valeurs Bi.
7. Une autre approximation (Cadima & Pinho, 1995) de léquation intégrée de Fox peut être:
= b1 + b2. + b3. (fi + fi+1)
où:
b1= (1-e-rT) ln(qk) |
b2= e-rT
soit
rT = -lnb2
b3= - q(1-e-rT) / (2rT) |
Cette approximation de l'équation intégrée du modèle de Fox peut être développée à partir de la supposition de base du modèle de Fox, dans lintervalle Ti, et donne lexpression suivante:
Ainsi, en accord avec les propriétés des taux, et en attendant que r, k et Fi soient constants dans l'intervalle Ti, on peut écrire le taux instantané absolu de [r.(lnK-lnBt)-Fi] ainsi:
tia[r.(lnK-lnBt)-FI]=-r.tia(lnBt)=-r.tir(Bt)
En remplaçant tir(Bt) par l'expression de Fox indiquée, on aura:
tia[r.(lnK-lnBt)-Fi]=-r. [r.(lnK-lnBt)-Fi]
ou, en divisant les deux membres par l'expression entre crochets, on aura:
Donc, par définition de tir, [r.(ln k - ln Bt)-Fi] suit un modèle exponentiel pendant l'intervalle Ti avec la constante -r.
Alors, la valeur finale de (r.ln k - r.ln Bt - Fi) peut sexprimer ainsi:
(r.ln k - r.ln Bi+1 - Fi) = (r.ln k - r.ln Bi - Fi). e-r.Ti
ou
ln Bi+1 = (1- e-r.Ti).ln k + e-r.Ti.ln Bi - (1- e-r.Ti).Fi/r
Dans lintervalle suivant, Ti+1, serait:
ln Bi+2 = (1- e-r.Ti+1).ln k + e-r.Ti+1.ln Bi+1 - (1- e-r.Ti+1).Fi+1/r
donc, la moyenne des deux expressions précédentes, en considérant Ti=Ti+1=T sera:
ln = (1- e-r.T).ln k + e-r.T. ln - ((1- e-r.T) / 2r).(Fi+Fi+1)
où
= moyenne géométrique de Bi et Bi+1 et = moyenne géométrique de Bi+1 et Bi+2.
En utilisant les indices et qfi = FiT on aura:
ln = (1- e-r.T).ln (qk) + e-r.T. - ((1- e-r.T)/2rT).q(fi+fi+1)
qui est équivalent à lexpression précédente de ce dernier commentaire.