Une méthodologie de «campagne intensive de vulgarisation» (CIV) élaborée par la FAO a été introduite en Afrique, au Proche-Orient, en Asie et en Amérique latine. Cette méthodologie souligne l'importance de la participation des destinataires visés, tels que les agents de vulgarisation sur le terrain et les petits exploitants agricoles, à la planification stratégique, à la gestion systématique et à l'application sur le terrain des programmes de vulgarisation et de formation agricoles (voir figure 2-4). Ces stratégies et ces messages de vulgarisation sont élaborés en fonction de paramètres spécifiques découlant d'un processus participatif d'identification des problèmes portant sur les causes ou sur les raisons de la non-adoption, par les agriculteurs, d'une technique agricole, d'une pratique ou d'une innovation qui leur a été recommandée. L'approche qui régit le transfert et l'application de la technologie dans le cadre de la CIV s'appuie sur une définition des besoins et sur une analyse de la demande. Elle est, en outre, centrée sur le problème à résoudre.
Le programme de CIV adopte une approche systémique avec, comme premier élément, une étude portant sur les connaissances, attitudes et pratiques (CAP) des agriculteurs, étude dont les résultats sont exploités comme paramètres de planification et comme données de référence pour une évaluation finale. En outre, une série d'ateliers est consacrée à l'application concrète de l'approche participative, réunissant les agents de vulgarisation, les techniciens spécialisés, les instructeurs et les leaders de collectivités agricoles. Ces journées sont consacrées à l'étude des qualifications nécessaires à la planification d'un programme de vulgarisation, à l'élaboration de la stratégie, à la formulation et à l'orientation des messages, à la conception, à l'expérimentation et à la production de matériels pédagogiques multimédia ainsi qu'aux aspects de planification, de mise en uvre, de suivi et d'évaluation de la gestion. Cette démarche présente, entre autres avantages, celui d'orienter et de former le personnel de vulgarisation concerné à l'application d'une approche systématique, rationnelle et pragmatique en ce qui a trait à la mise en uvre, à la gestion, au suivi et à l'évaluation des programmes appliqués au quotidien par un service de vulgarisation agricole.
Un certain nombre d'études visant à une évaluation empirique des méthodes de campagne intensive de vulgarisation appliquée à des initiatives spécifiques et bénéficiant de l'appui de la FAO ont été effectuées, notamment au Bangladesh et en Malaisie (lutte contre les rats), en Thaïlande (surveillance des ravageurs), en Malaisie (lutte contre les mauvaises herbes), en Zambie (culture du maïs), au Malawi, à la Jamaïque et au Maroc (éducation de la population). Ces études d'évaluation utilisaient des techniques de retour de l'information et d'analyse d'impact, ainsi que des interviews de groupes sélectionnés et des enquêtes de suivi de la gestion. Elles ont fait état d'une amélioration des connaissances, attitudes et pratiques des agriculteurs à l'égard des techniques recommandées, tout en signalant des avantages économiques importants.
Cette méthode de CIV a été reproduite avec l'aide de la FAO dans de nombreux pays d'Asie, d'Afrique, du Proche-Orient et des Caraïbes, sur une vaste gamme de thèmes, notamment: le semis en ligne en riziculture, la culture du maïs, la culture du cacao, la lutte contre les maladies transmises par les tiques, le labour suivant les courbes de niveau, la sensibilisation de la population, le labour au moyen d'animaux de trait. Outre le fait que la méthode de CIV a été souvent reproduite dans un même pays, ses effets multiplicateurs se font sentir au-delà des frontières nationales. A titre d'exemple, des spécialistes de la vulgarisation ghanéens, malawiens, éthiopiens, français, malaisiens, thaïlandais, philippins, qui ont été formés par H FAO à cette méthode de CIV et en avaient appliqué les programmes, ont été engagés comme consultants et personnes-ressources pour former leurs homologues ou apporter une assistance à des opérations bâties sur ce modèle, notamment à Sri Lanka, aux Philippines, en Malaisie, en Thaïlande, en Chine, au Libéria, en Zambie, au Malawi, au Kenya, en Ouganda, au Maroc, en Tunisie, au Rwanda, au Burundi, en Guinée, à la Jamaïque et au Honduras.