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4.1.3 Rapport avantages-coûts des campagnes

La campagne 1983 nécessita environ quatre mois de planification et de préparation, et des dépenses de fonctionnement d'un montant de 17 000 dollars EU (figure 4-3b). Le poste le plus important du budget était l'élaboration et l'impression des matériels de diffusion, qui représentaient 59 pour cent des frais de fonctionnement de la campagne. Précisons que les salaires des planificateurs et du personnel de la campagne n'étaient pas incorporés aux coûts, étant donné qu'ils auraient dû être versés même si la campagne n'avait pas eu lieu. En d'autres termes, le DOAE n'a dû mobiliser aucune ressource en personnel supplémentaire au titre de la campagne.

D'après les résultats de l'évaluation, 43 pour cent des répondants à l'enquête ont été touchés par la campagne de 1983, soit environ 4,6 millions de ménages ruraux. Le coût moyen du «contact» par ménage rural était donc inférieur à 0,01 dollar EU, c'est-à-dire très faible, selon les critères en vigueur. Cependant, il était clairement admis que tous les agriculteurs qui avaient été atteints par les messages de la campagne ne se lanceraient pas automatiquement dans la lutte contre les rats. Même s'il demeure possible d'estimer le coût de l'information, de la motivation et de l'éducation des agriculteurs en matière de lutte contre les rats, il serait sans doute plus utile de calculer les avantages obtenus à partir de la campagne menée sur ce thème.

L'enquête d'évaluation des dégâts sur le terrain (EEDT) de la campagne de 1983 a permis de constater que le niveau de dégâts subis par les champs de blé traités au moyen d'appâts prêts à l'emploi, conformément aux recommandations de la campagne, était en moyenne de 56 pour cent inférieur au niveau de dégâts subis par les champs non traités (figure 4-6a). Selon l'estimation de l'EEDT, en prenant le blé comme culture de référence, le gain de production attribuable à la seule utilisation d'appâts prêts à l'emploi était de 5 045 tonnes, soit une valeur de 834 000 dollars EU (figure 4-6b), pour une campagne d'hiver. Si l'on déduit le coût des appâts prêts à l'emploi, soit 23 000 dollars EU, le gain net réalisé au cours de la campagne de blé 1983 était d'environ 834 000 dollars EU, avec comme corollaire que l'agriculteur luttant contre les rats au moyen d'appâts prêts à l'emploi avait économisé 8,90 dollars EU par hectare. Il faut souligner que l'analyse des avantages retirés était limitée à l'utilisation d'appâts prêts à l'emploi dans les champs de blé exclusivement. Comme nous l'avons vu plus haut, la campagne a également réussi à augmenter le nombre des agriculteurs luttant contre les rats pour des cultures autres que le blé, au moyen d'autres méthodes. Cependant, aucune étude spécifique n'a été conduite pour déterminer quel en était le rapport avantages-coûts.

Grâce à l'expérience et au savoir-faire acquis dans l'élaboration de stratégies de campagnes de vulgarisation et de préparation de matériels de soutien multimédia au cours de la campagne de 1983, deux mois environ suffirent pour préparer la campagne de 1984. Cette dernière couvrant l'ensemble des 21 districts du pays, le coût de l'opération fut d'environ 41 000 dollars EU. L'enquête EIRI devait indiquer qu'environ 67 pour cent des répondants consultés avaient été touchés par les messages de la campagne de 1984, ce qui permit d'estimer qu'environ 7,2 millions de ménages ruraux en avaient entendu parler. Ce chiffre peut également s'expliquer par les effets cumulatifs des campagnes de 1983 et de 1984.

L'EIRI de la campagne de 1984 utilisa également le blé comme culture de référence pour estimer les avantages attribuables à l'utilisation d'appâts prêts à l'emploi. Comme l'indique la figure 4-7a, lorsqu'on compare les niveaux de dégâts subis par les champs de blé non traités et par ceux traités au moyen d'appâts prêts à l'emploi, on constate une réduction significative des dégâts, soit 41 pour cent. Cela a permis d'estimer que la campagne de 1984 avait permis de sauver, sur une récolte hivernale, environ 5 208 tonnes de blé, représentant une valeur commerciale de 859 000 dollars EU, exclusivement attribuable à l'utilisation d'appâts prêts à l'emploi. Comme l'indique la figure 4-7b, le coût du traitement étant d'environ 37 000 dollars EU, l'utilisation d'appâts prêts à l'emploi dans les champs de blé produisait un gain net d'environ 822 000 dollars EU. Etant donné que la campagne de 1984 avait également réussi à augmenter la proportion d'agriculteurs qui luttaient contre les rats dans les cultures autres que le blé, en faisant appel à d'autres méthodes, les avantages globaux apparaissaient bien supérieurs au chiffre calculé pour le blé.

FIGURE 4-6a Comparaison entre les méthodes de lutte contre les rats appliquées dans les champs de blé avant et après la campagne de 1983

Méthode de lutte

Nombre de parcelles

Pourcentage de dégâts

Pourcentage de réduction des dégâts par rapport aux champs non traités

Test-T

Pas de traitement

2091)

444

-

-

Rodenticides autres que les appâts prêts a l'emploi

57

327

26

Négligeable

Appât prêt a l'emploi

109

1 97

56

p<0,005

Note: Etant donne que la lutte contre les rats est limitée aux champs infestes ou endommages les champs non endommages n'ont pas été incorpores au groupe non traite.

FIGURE 4.6b Avantages économiques de l'utilisation d'appâts prêts à l'emploi au blé sur pied après la campagne de 1983

Surface de blé traitée par appâts prêts a l'emploi1) (18% x 519 000 ha)

93 420 ha

Rendements dans les champs de blé infestes2):


Champs traites (rendement potentiel moins dégâts 3), 2 157 kg/ha -1,97% x 2157 kg/ha

2115 kg/ha

Champs non traites (rendement potentiel moins dégâts3) 2157 kg/ha - 4,44% x 2157 kg/ha

2 061 kg/ha

Différence attribuable au traitement par appâts prêts a l'emploi

54 kg/ha

Gain de production attribuable au traitement: (surface traitée multipliée par différence) 93 420 ha x 54 kg/ha

5 045 tonnes


Prix a la tonne (c a f Chittagong) = 170 $ EU

Valeur du gain de production = 5 045 x 170 $ EU

$ EU 857 650

Coût du traitement5)

$ EU 23 355

Gain net attribuable au traitement par appâts prêts à l'emploi au cours de la campagne de blé 1983

$EU 834295

Note: 1) Basée sur l'enquête d'évaluation des dégâts sur le terrain de 1983 (18 pour cent de la surface globale cultivée en blé ont été traites par appâts prêts a l'emploi) et sur l'Annuaire de production de la FAO, volume 37 1983 (la surface totale cultivée en blé au Bangladesh était de 519 000 ha).

2) L'Annuaire de production de la FAO volume 37 1983 estimait que pour le Bangladesh le rendement moyen en blé était de 2 109 kg a l'hectare compte tenu d'un taux de dégâts moyens par les rats de 2 21 pour cent.

3) Le pourcentage de dégâts dans les champs traites par appâts prêts a l'emploi était de 1,97 pour cent (figure 4 6a)

4) Le pourcentage des dégâts dans les champs non traites était de 4,44 pour cent (figure 4 6a)

5) Sur la base de 5 Taka par hectare compte non tenu de la main d'œuvre (environ l'heure) et pour un taux de change (1983) de 1 dollar EU = 20 Taka

FIGURE 4.7a Comparaison entre les méthodes de lutte contre les rats appliquées dans les champs de blé avant et après la campagne de 1983

Méthode de lutte

Nombre de parcelles

Pourcentage de dégâts

Pourcentage de réduction des dégâts par rapport aux champs non traités

Test-T

Pas de traitement

1651)

490

-

-

Rodenticides autres que les appâts prêts a l'emploi

130

465

5

Négligeable

Appât prêt a l'emploi

130

288

41

p<0001

Note: La différence de dégâts infliges aux champs traites de rodenticides autres que les appâts prêts a l'emploi par rapport a ceux traites par ce moyen est très significative au niveau 0,01.

1) Etant donne que la lutte contre les rats est limitée aux champs infestes ou endommages les champs non endommages n'ont pas été incorpores au groupe non traite.

FIGURE 4.7b Avantages économiques de l'utilisation d'appâts prêts à l'emploi au blé sur pied après la campagne de 1984

Surface de blé traitée par appâts prêts a l'emploi1) (19% x 623 000 ha)

118370

ha

Rendements dans les champs de blé infestes2):


Champs traites (rendement potentiel moins dégâts3) 2 162 kg/ha - 2,88% x 2 162 kg/ha

2100

kg/ha

Champs non traites (rendement potentiel moins dégâts4) 2162 kg/ha - 4,90% x 2 162 kg/ha

2056

kg/ha

Différence attribuable au traitement par appâts prêts à l'emploi

44

kg/ha

Gain de production attribuable au traitement: (surface traitée multipliée par différence) = 118 370 ha x 44 kg/ha

5208

tonnes


Prix a la tonne (c a f Chittagong) = 165 $EU

Valeur du gain de production = 5 208 x 165 $EU

859 320

$EU

Coût du traitement5)

36991

$EU

Gain net attribuable au traitement par appâts prêts à l'emploi au cours de la campagne de blé 1984

822239

$EU

Note: 1) L'enquête d'évaluation des dégâts sur le terrain de 1984 devait constater que 19 pour cent de la surface totale cultivée en blé avaient été traites au moyen d'appâts prêts a l'emploi sur la base de la surface cultivée en blé en 1983 soit 519 000 ha (Annuaire de production de la FAO volume 37 1983) la surface totale cultivée en blé au Bangladesh en 1984 a été estimée a 623 000 hectares.

2) L'Annuaire de production de la FAO volume 37 1983 estimait le rendement moyen de blé a 2 109 kg a l'hectare pour le Bangladesh avec une moyenne de 2 45 pour cent de dégâts causes par les rats.

3) Le pourcentage de dégâts dans les champs traites par appâts prêts a l'emploi était de 2 88 pour cent (figure 4-7a).

4) Le pourcentage des dégâts dans les champs non traites était de 4 90 pour cent (figure 4-7a).

5) Sur la base de 6 24 Taka par hectare compte non tenu de la main d'œuvre (environ l'heure) et pour un taux de change (1984) de 1 dollar EU = 20 Taka.

Il n'en reste pas moins que le principal résultat de ces campagnes a été la prise de conscience accrue, par les dirigeants de l'agriculture du Bangladesh et par le personnel de vulgarisation, de la nécessité d'une programmation systématique et stratégique de la vulgarisation. Les campagnes ont en effet démontré de façon concrète l'importance et le rôle stratégique d'une opération de vulgarisation bien préparée et intégrée, utilisant une approche multimédia. Bon nombre de chercheurs, techniciens spécialisés, agents de vulgarisation, formateurs et auxiliaires de communication, après avoir participé directement à ce genre d'activité et en avoir observé les résultats positifs, seront probablement enclins à collaborer plus étroitement au sein d'une équipe, en particulier au stade de la planification du programme de vulgarisation, mais également de la mise en œuvre sur le terrain.

En outre, les résultats concrets de l'évaluation de la campagne ont convaincu plusieurs importants fabricants locaux de rodenticides qu'il existe une demande pour des appâts prêts à l'emploi de bonne qualité, et qu'il serait rentable d'en organiser la production régulière et sur grande échelle. Il faut souligner que l'efficacité d'une campagne de lutte contre les rats risque d'être mise en cause si l'on ne dispose pas d'un approvisionnement continu et facile en rodenticides de qualité à un prix raisonnable, ce qui était le cas avant la campagne de 1983.


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