Comme on peut le voir d'après les figures 4-5a à 4-5d, les résultats de l'évaluation indiquent que la campagne de 1983 a réussi à augmenter la proportion de producteurs de blé qui pratiquent la lutte contre les rats. En effet, 32 pour cent des producteurs interrogés ont déclaré avoir pratiqué cette lutte, contre 10 pour cent seulement avant la campagne (figure 4-5a). Bien que la campagne de 1983 ait été essentiellement dirigée vers les céréalicultures, on observa un effet de propagation limité parmi les fermiers pratiquant d'autres cultures. Il n'y a toutefois pas lieu de s'étonner de cette augmentation marginale pour l'ensemble des agriculteurs, soit de 45 à 49 pour cent (figure 4-5b), étant donné que la campagne de 1983 avait comme groupe cible principal les cultivateurs de blé.
A la fin de la campagne de 1984, 67 pour cent des agriculteurs interrogés (y compris les cultivateurs de blé) déclaraient avoir pratiqué la lutte contre les rats, contre 49 pour cent avant la campagne (figure 4-5b). Parmi les cultivateurs de blé, cette pratique était passée de 32 pour cent en 1983 à 40 pour cent en 1984 (figure 4-5a). Compte tenu du fait que la campagne de 1984 s'adressait à tous les types d'agriculteurs, on observa une augmentation plus substantielle de la lutte contre les rats parmi ces derniers, par comparaison avec l'augmentation intéressant seulement les cultivateurs de blé. Ce phénomène était prévisible, étant donné que la plupart des cultivateurs pouvaient déjà avoir adopté ces pratiques par suite de la campagne de 1983. De plus, la campagne de 1984 n'étant pas spécialement destinée aux cultivateurs de blé, il n'était pas surprenant que ses effets aient été plus marqués chez l'ensemble des agriculteurs plutôt que parmi les cultivateurs de blé.
Au cours de la campagne de 1983, les 11 districts de culture du blé (que nous appellerons districts principaux) bénéficiaient d'une campagne plus intensive sous forme de pénétration de l'information, par rapport aux 10 districts pratiquant d'autres cultures (désignés comme districts secondaires). Comme on s'y attendait, la campagne de 1983 fut efficace pour promouvoir les pratiques de lutte contre les rats parmi les agriculteurs des districts principaux, dont la proportion est passée de 9 pour cent avant la campagne à 33 pour cent après sa conclusion (figure 4-5c). Dans les districts secondaires, l'augmentation n'a été que de 14 à 29 pour cent. Les données montraient également qu'avant la campagne de 1983, la lutte contre les rats se pratiquait davantage dans les districts autres que ceux pratiquant la culture du blé. La stratégie de la campagne de 1983 consistant à cibler principalement les messages sur les cultivateurs de blé devait donc réussir à intensifier les pratiques de lutte contre les rats parmi ces derniers.
Comme l'indique la figure 4-5d, la campagne de 1983 a obtenu de meilleurs résultats auprès des gros exploitants (plus de 5 acres de surface cultivable) et, dans une moindre mesure, auprès des exploitants moyens (2 à 5 acres), alors qu'on n'enregistrait aucune augmentation parmi les petits exploitants (moins de 2 acres). Il semble que la campagne de 1983 ait creusé l'écart, en matière de lutte contre les rats, entre les petits exploitants et les gros ou moyens exploitants. Avant la campagne, l'écart n'était que de 6 pour cent, alors qu'une fois la campagne conclue, il avait atteint 17 pour cent entre les petits et les gros exploitants, et 8 pour cent entre les petits et les moyens exploitants. Parallèlement, l'écart s'était également creusé entre les moyens et les gros exploitants, passant de 0 pour cent à 9 pour cent (figure 4-5d).
Prenant acte de ces problèmes, les organisateurs de la campagne de 1984 élaborèrent de nouvelles stratégies afin de réduire la différence d'effets de la campagne entre petits exploitants et gros ou moyens exploitants. On recourut, notamment, aux techniques de répétition du message et/ou de saturation, avec des résultats tout à fait satisfaisants, comme l'indiquent les données de la campagne de 1984. A titre d'exemple, on constata une augmentation considérable (de 41 à 63 pour cent) de la pratique de la lutte contre les rats parmi les petits exploitants après, la campagne de 1984. Parmi les gros exploitants, l'augmentation était nettement moins importante (14 pour cent) que pour les petits exploitants (22 pour cent).
La campagne de 1984 permit d'augmenter le nombre des agriculteurs adoptant cette pratique et de réduire l'écart qui s'était creusé, au cours de la campagne de 1983, entre les gros et les petits exploitants. Cependant, après la campagne de 1984, l'écart était toujours plus important (9 pour cent) qu'avant la campagne de 1983 (6 pour cent). Cet écart est peut-être attribuable non seulement aux désavantages socio-économiques dont souffrent les petits exploitants, mais également au fait que l'adoption des pratiques de lutte contre les rats dépend de l'étendue des problèmes causés par ces derniers. En effet, les cultivateurs exploitant de grandes parcelles sont davantage exposés à ces problèmes que les petits exploitants et ont donc davantage tendance à ressentir la nécessité de pratiquer la lutte contre les rongeurs.
FIGURE 4-5 Résumé des principaux résultats de l'évaluation des campagnes de lutte contre les rongeurs menées en 1983 et 1984 au Bangladesh