Selon les données fournies par le DOA, environ 477 ha, soit 1 178 acres de rizières du Penang ont été préservés des rats grâce à la campagne (Mohamed, 1989). Comme l'indique la figure 4-17, si l'on prend pour base un rendement de 1,6 tonne de riz à l'acre, environ 1 885 tonnes de riz ont été ainsi épargnées en une saison grâce à la campagne, ce qui correspond à une économie d'environ 365 180 dollars EU, au cours de 193,75 dollars EU la tonne de riz. La campagne étant censée atteindre environ 14 000 familles rurales, on peut estimer que la campagne a fait gagner 26 dollars EU par famille rurale pendant une saison.
L'enquête d'information en retour et d'impact (EIRI), quant à elle, indique qu'environ 34 pour cent des agriculteurs interrogés pratiquaient la lutte contre les rats avec une grande efficacité (Hamzah et Tamam, 1987). Même si d'autres agriculteurs avaient déclaré avoir pratiqué la lutte contre les rats, ils n'avaient pas forcément appliqué correctement toutes les méthodes ou procédures recommandées. Etant donné, bien évidemment, que l'on n'avait pas pu atteindre les 14 000 familles rurales, et donc leur faire adopter et appliquer convenablement les méthodes recommandées de lutte contre les rats, l'avantage économique obtenu par ceux qui avaient vraiment appliqué ces méthodes dans leurs rizières était beaucoup plus élevé que la moyenne estimée de 26 dollars EU par famille rurale.
Le coût extraordinairement élevé de la campagne, soit 140 184 dollars EU, s'explique de plusieurs façons: en premier lieu, il faut souligner que ce coût comprend la formation du groupe noyau de 34 personnes au cours de cinq ateliers, pour un total de 32 journées d'activité. Comme l'indique la figure 4-18, ce poste représentait environ 12 pour cent du coût total de la campagne, mais la dépense s'imposait, étant donné que les participants n'avaient jamais été formés au processus et aux méthodes de la CIV. En outre, il s'agit d'une dépense ponctuelle de mise en valeur des ressources humaines. En deuxième lieu, bien que la campagne n'ait porté que sur un secteur relativement restreint et qu'elle ait été dirigée vers un nombre limité de familles rurales, il n'avait pas été possible de réduire de façon proportionnelle le coût des études d'évaluation, par rapport à celui d'une enquête sur plus grande échelle, voire d'envergure nationale. Le coût des quatre études d'évaluation était d'environ 22 547 dollars EU, soit 16 pour cent du budget total de la campagne. Enfin, les dépenses correspondant aux fournitures diverses, notamment les appâts pour les rats, représentaient environ 9 pour cent du budget de la campagne.
FIGURE 4-17 Analyse avantages-coûts de la campagne de lutte contre les rats en Malaisie (en dollars EU)
Perte de surface cultivée1) |
1984 = |
700 ha |
ou |
1729 acres |
1988 = |
223 ha |
ou |
551 acres |
|
Estimations du rendement: |
1 acre = |
1600 kg2) = |
310 $EU |
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Pertes financières:
|
1984 = |
2766400 kg = |
535990 $EU |
|
1988 = |
881600 kg = |
170810 $EU |
|
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Différences = |
|
1 884800 kg2) = |
365180 $EU |
|
Total des économies = |
|
365180 $EU |
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Total des dépenses de campagne = |
|
140184 $EU |
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Rapport avantages/coûts |
1: 2,60 |
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Pour chaque dollar investi, on a obtenu un rendement de 2,60 $EU |
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Cible de la campagne |
4000 familles rurales |
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Avantage économique moyen par famille rurale: 365180 $EU: 14 000 =26 $EU |
Note: |
1) Données citées par Mohamed (1989), sur la base de données du Ministère de l'agriculture de la Malaisie. |
2) Sur la base du cours du riz en 1988, soit 193,75 dollars EU la tonne |
FIGURE 4-18 Dépenses engagées pour la campagne de lutte contre les rats en Malaisie (en dollars EU)
Articles |
Coût |
% |
|||
1 Formation/ateliers |
16456 |
11,7 |
|||
2 Elaboration et production des matériels multimédia (dont les programmes radiophoniques) |
72989 |
52,1 |
|||
3 Prix pour le concours de rédaction |
1 845 |
1,3 |
|||
4 Appâts pour les rats |
12497 |
8,9 |
|||
5 Cérémonie d'inauguration de la campagne |
922 |
0,7 |
|||
6 Application sur le terrain |
12928 |
9,2 |
|||
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(briefing/formation des agents de terrain) |
22547 |
16,1 |
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7 Etudes d'évaluation: |
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a. |
CAP |
4612 $EU |
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b. |
ESG |
5936 $EU |
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c. |
EIRI |
5904 $EU |
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|
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d. |
FGI |
6095 $EU |
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Total |
140 184 |
100 |
Le coût d'élaboration et de production des matériels multimédia avait été assez élevé et représentait près de 52 pour cent du budget de la campagne - à souligner, cependant, qu'il s'agit là d'un niveau analogue à celui des campagnes de lutte contre les rongeurs au Bangladesh, soit 59 pour cent en 1983 et 49 pour cent en 1984. On peut, normalement, s'attendre à ce qu'une proportion élevée du coût d'une campagne revienne à la production de matériel, en particulier lorsque les éléments de production/fourniture à caractère technologique ne sont pas compris dans l'analyse des coûts. Cependant, dans le cas de la campagne de lutte contre les rats en Malaisie, il n'a pas été nécessaire de produire des supports de campagne imprimés tels que des affiches, des tableaux-papier, des brochures ou des livrets illustrés, sur papier glacé importé et de haute qualité. Pour des raisons d'ordre «non technique», le DOA décida d'employer ses propres ressources - et non les fonds alloués par la FAO - pour donner un grand relief aux réalisations concrètes de son personnel, qui, en moins de trois mois, avait réussi à concevoir, élaborer, conditionner, expérimenter, réviser et produire les matériels de soutien multimédia destinés aux activités de vulgarisation et de formation. C'était en effet la première fois que ce personnel produisait des matériels multimédia aussi soigneusement conçus pour un large éventail de groupes cibles et d'utilisateurs, et dans un laps de temps aussi restreint. C'est pourquoi ils avaient tenu à réserver toute la publicité possible à l'excellent travail accompli par l'équipe et aux résultats concrets de la formation à la CIV.
Même si le coût de la campagne avait été relativement élevé, le rapport coût/bénéfices demeurait favorable. En effet, comme l'indique la figure 4-17, on estima que pour chaque dollar EU dépensé, le rendement avait été d'environ 2,60 dollars EU et que l'avantage économique moyen par famille était d'environ 26 dollars EU pour une saison unique de mise en uvre de la campagne. Il faut souligner que la contribution du Gouvernement de la Malaisie aux activités de CIV avait été beaucoup plus importante que celle provenant du projet de la FAO, qui avait couvert les coûts de formation, les dépenses d'évaluation ainsi que l'assistance technique, soit une proportion sans doute inférieure à 35 pour cent du coût global de la CIV. Ces chiffres témoignent de l'engagement des autorités gouvernementales, y compris au plan budgétaire, à l'égard de la méthode de CIV.