Table des mati�res
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3.10 Am�nagement des bassins versants dans les zones arides
1. Introduction
2. Le r�le de l'am�nagement des bassins versants
3. Contraintes et strat�gies
4. Quelques caract�ristiques hydrologiques des bassins versants des zones arides
5. Lacunes des connaissances
6. R�f�rences
JOHN L.
THAMES
Professeur, School of
Natural Renewable Resources,
Tucson -Arizona
Les rapports hydriques des zones arides sont peut-�tre plus essentiels pour un plus grand nombre de gens sur la terre que ceux des r�gions plus humides. L'eau est toujours en �quilibre pr�caire avec les �cosyst�mes arides et cet �quilibre est actuellement rompu par l'homme et ses animaux � des rythmes alarmants sur de vastes �tendues.
Le surp�turage, l'agriculture primitive et le pr�l�vement de bois de feu ont �puis� dans bien des pays la v�g�tation naturellement clairsem�e des bassins versants des terres arides, au point que le d�bit des rivi�res qu'ils alimentent est devenu torrentiel avec un important contenu de s�diments en saison humide, pour se r�duire � un filet d'eau ou rien en saison s�che. Il en est r�sult� en aval une d�gradation des bonnes terres agricoles, des travaux d'irrigation, une aggravation de l'inondation des vall�es et des �tablissements humains, l'envasement des lacs de retenue et la destruction des autres travaux de g�nie civil. En p�riode s�che, le d�bit des cours d'eau ne suffit pas � diluer les �l�ments polluants pathog�nes, entretenir les ouvrages d'irrigation et r�pondre aux besoins urbains et industriels.
Peut-�tre plus importante encore est la disparition par �rosion des retenues des terres qui ne constituent pas le moyen principal de r�guler l'�coulement de l'eau des bassins versants, mais aussi et surtout la base de production des ressources renouvelables sur ces m�mes bassins versants. La terre �tant emport�e par l'eau et par le vent de lieux o� l'�quilibre �cologique est d�j� fragile, il en r�sulte une diminution de productivit� qui va s'acc�l�rant � mesure que la base de ressources s'�puise, parfois jusqu'� un point irr�versible, comme c'est le cas actuellement dans de nombreuses r�gions arides du monde.
Aussi longtemps que se perp�tueront les modes actuels d'utilisation des terres sur les bassins versants des zones arides, l'existence de dizaines de millions d'�tres ne pourra, dans le meilleur des cas, que se maintenir � son triste niveau. Dans le pire des cas, et c'est le plus probable, une s�cheresse prolong�e r��quilibrera sans merci la population avec les ressources disponibles. Cette catastrophe se produit d�j� dans de nombreux pays et ce n'est peut-�tre que l'annonce de ce qui se passera dans l'avenir dans beaucoup plus de pays des r�gions arides du monde.
Les r�gions arides couvrent environ le tiers de la superficie des terres de la plan�te et un peu plus de la moiti� est habit�e par plus de 850 millions de personnes. Le reste est climatiquement si aride et improductif que l'homme ne peut y survivre. Mais la d�gradation par l'homme des ressources en terre des bassins versants des zones arides est en train de transformer en Asie, en Afrique et en Am�rique latine des terres arides potentiellement productives en d�serts st�riles. C'est ce qu'on appelle la d�sertification. On a estim� qu'une superficie totale sup�rieure � celle du Br�sil, et � pluviom�trie sup�rieure � celle de zones class�es semi-arides, a �t� d�grad�e au point de devenir d�sertique. Encore cela ne tient-il pas compte de la d�gradation beaucoup plus importante qui a lieu dans les zones semi-arides potentiellement productives.
Les modes d'utilisation des terres sur les bassins versants des zones arides doivent �tre modifi�s de fa�on que les rapports hydriques fragiles ne soient pas pouss�s au-del� de leurs limites. La population humaine et animale vivant dans les zones arides �tant en augmentation et la qualit� des terres sur lesquelles elles doivent vivre diminuant parall�lement, l'impact sera, faute de solutions, d'ampleur mondiale.
2. Le r�le de l'am�nagement des bassins versants
Les zones arides �tant soumises par l'homme � des pressions sans cesse croissantes, les interrelations �cologiques entre la population, les plantes, les animaux et l'eau sont importantes en ce qui concerne le r�le de l'am�nagement des bassins versants dans l'�laboration de politiques qui permettent un d�veloppement raisonnable et une productivit� continue favorisant l'am�lioration du bien-�tre de l'homme. Cela s'applique aux conditions de vie des populations qui vivent en amont des bassins versants et qui doivent faire face aux contraintes naturelles s�v�res des �cosyst�mes arides et aussi � celui des populations qui vivent en aval et qui sont tributaires d'un approvisionnement r�gulier en eau.
Les terres arides se caract�risent g�n�ralement par un ensoleillement abondant et des sols riches en sels min�raux; avec de l'eau, elles peuvent devenir les terres les plus productives du monde. Il n'est pas �tonnant que la civilisation moderne soit n�e dans ces r�gions arides o�, avec de l'organisation, on pourrait facilement exploiter les ressources en eau pour assurer une irrigation � grande �chelle.
Les grands projets d'irrigation d'aujourd'hui sont plus complexes. Ils mettent en jeu la technologie et l'�conomie de la construction et de la gestion de grands lacs de retenue, de syst�mes de distribution d'eau, de p�rim�tres irrigu�s et d'installations de drainage. Source ultime d'eau � �tre mise en valeur, le bassin versant ne s'est souvent vu attribuer dans le pass� qu'une faible place dans la conception de ces syst�mes. Une plus grande importance est aujourd'hui accord�e � son am�nagement au profit des populations situ�es en aval: maintien d'un d�bit d'eau en p�riode s�che, r�gulation des d�bits solides, r�duction des crues subites, am�lioration de la qualit� de l'eau et recharge de la nappe phr�atique. �tant donn� l'importance des d�penses d'investissement et d'entretien consacr�es aux grands syst�mes d'irrigation, l'am�nagement des bassins versants est de plus en plus consid�r� comme une activit� �conomiquement rentable.
Le r�le que peut jouer cet am�nagement dans la vie des populations situ�es sur les bassins versants des terres arides des pays en d�veloppement est peut-�tre encore plus important. L'eau est la variable qui y r�git les interactions entre l'homme et l'�cologie. �tant donn� les importantes variations, apparemment capricieuses, de l'abondance de l'eau, les bassins versants des zones arides peuvent �tre consid�r�s comme des syst�mes de r�serve "� impulsions" qui se d�clenchent lorsqu'il y a de l'eau, la stockent pour la saison s�che puis s'arr�tent jusqu'� la prochaine pr�cipitation ou la prochaine saison des pluies. Les esp�ces v�g�tales et animales indig�nes de ces syst�mes se sont adapt�s � ce paradigme en �chappant � la s�cheresse par diverses m�thodes. Les humains ne sont pas aussi bien adapt�s. Dans les pays en d�veloppement, les populations doivent soit recourir au nomadisme, soit mener une existence s�dentaire tributaire de sources d'eau exploit�es par des moyens primitifs.
Le but de l'am�nagement des bassins versants dans ces r�gions est de comprendre les rapports entre l'homme, l'�cologie et l'hydrologie et d'appliquer cette connaissance � la remise en valeur des zones �puis�es, � la conservation du sol, de l'eau et des autres ressources et � am�liorer l'utilisation des terres pour obtenir une productivit� accrue et durable.
3.1 Strat�gies d'am�lioration des parcours
3.2 Agriculture en sol aride
3.3 Foresterie en zone aride
L'am�nagement des bassins versants en zone aride se heurte aux probl�mes complexes que posent le d�veloppement et la conservation des ressources en aliments et en fibres dans des climats extr�mes et variables alors que les besoins de l'homme ne font que cro�tre. Il implique l'application de strat�gies visant � am�liorer les terrains de parcours pour le b�tail, � d�velopper la foresterie et � am�liorer l'agriculture, strat�gies qui, � leur tour, d�pendent de la mise en valeur et de la protection des ressources fondamentales en terre et en eau.
3.1 Strat�gies d'am�lioration des parcours
Le p�turage est la principale utilisation et la seule d'int�r�t �conomique de vastes zones arides dans les pays en d�veloppement. Un p�turage excessif et incontr�l� a entra�n� une grave d�sertification des bassins versants dans beaucoup de ces zones. L'am�nagement, le contr�le et l'am�lioration des terres de p�turage est par cons�quent l'aspect le plus critique de l'am�nagement des bassins versants dans la plupart des terres arides. Les strat�gies � consid�rer en premier lieu sont l'am�nagement pastoral, l'am�lioration des parcours et la r�habilitation des bassins versants.
• Am�nagement pastoral: De nombreux syst�mes de p�turage sont recommand�s dans le monde mais ils doivent, pour �tre valables et r�ussir, �tre adapt�s aux conditions locales. Trop souvent, il a �t� institu� des syst�mes pastoraux qui ne sont pas fond�s sur les besoins locaux et qui, par cons�quent, n'ont pas repr�sent� d'am�lioration par rapport aux syst�mes traditionnels.
La quantit� de fourrage produite, les saisons o� il est produit et la fiabilit� de la production sont les premi�res consid�rations � prendre en compte dans l'�laboration d'une strat�gie. Une unit� b�tail, soit environ 450 kg de poids vif, n�cessite environ 400 kg de fourrage par mois. Il faut pouvoir r�pondre � ce besoin avec moins de la moiti� des herbages et des feuillages � brouter de la zone en question. La moiti� au moins de la production doit �tre laiss�e sur les bassins versants de fa�on � conserver la vigueur des plantes, un microclimat favorable et un couvert v�g�tal suffisant pour prot�ger la surface du sol et le r�alimenter en mati�res organiques.
Si la principale production de fourrage sur le bassin versant se produit en une seule saison, il faut l'utiliser � la fois pour alimenter le b�tail et pour conserver un couvert v�g�tal pendant toute l'ann�e. La capacit� de charge peut �tre limit�e par le nombre de b�tes que la zone peut supporter pendant les p�riodes d'arr�t de la v�g�tation. La production d'herbages et de feuillages � brouter doit �tre g�r�e de fa�on � suffire � la protection du bassin versant � la fin des p�riodes d'arr�t de la v�g�tation et avant les principales saisons de pousse. Il peut arriver que les v�g�taux n'aient pas une vigueur suffisante pour redonner une pleine production apr�s les p�riodes s�ches, surtout si celles-ci durent plus d'une saison. Il faut donc adapter le cheptel � un approvisionnement variable en fourrage.
La diversit� des caract�ristiques physiologiques et morphologiques des v�g�taux influe aussi sur l'am�nagement. Sur un m�me site de parcours, ils peuvent avoir des caract�ristiques de croissance diff�rentes et r�agir diff�remment � la pression du pacage selon les saisons. Il importe de conna�tre, au moins pour les principales esp�ces v�g�tales, les p�riodes de production de nouvelles pousses, les rapports entre l'�puisement et l'accumulation d'hydrate de carbone, les p�riodes principales de croissance de nouvelles racines et l'�poque de production des graines. Ces caract�ristiques influent sur l'aptitude des diff�rents v�g�taux � profiter des p�riodes de repos et sur leur risque d'�tre endommag�s par le broutement pendant certaines saisons.
On peut g�n�ralement am�liorer la r�partition du b�tail sur les parcours en cr�ant des points d'eau bien situ�s, car on peut ainsi attirer le b�tail vers des zones o� il n'aurait pas consomm� le fourrage en raison du manque d'eau. La r�gulation de l'acc�s du b�tail � l'eau et son d�placement d'une zone � une autre sont un moyen de r�guler les zones de concentration. On peut utiliser des cl�tures pour limiter les zones de p�turage et construire des pistes en terrain difficile ou broussailleux pour aider � d�placer le b�tail d'une zone � une autre ou le r�partir de mani�re plus �gale. On peut aussi dans une certaine mesure utiliser le sel pour attirer le b�tail vers des zones qui seraient peu utilis�es sans cela.
Il y a lieu de pr�voir des p�riodes de repos pour permettre � certaines esp�ces v�g�tales de prendre de la vigueur en s'enracinant davantage, de se r�g�n�rer, de recompl�ter leurs r�serves d'hydrate de carbone, de produire de nouvelles pousses ou de combiner ces divers besoins qui ne peuvent �tre satisfaits lorsque le p�turage se fait toute l'ann�e.
De bonnes m�thodes d'�levage et d'am�nagement se conjuguent pour assurer une conversion efficace du fourrage des parcours en prot�ines commercialisables. L'efficacit� d'un �levage sur parcours pourrait se mesurer au nombre de kilos de fourrage du parcours consomm� pour produire un kilo de viande commercialisable. Dans le monde d'aujourd'hui, o� il y a insuffisance de prot�ines et d'�nergie, c'est l� une contribution importante des bassins versants bien am�nag�s.
• Le plan de p�ture: Un inventaire du fourrage disponible sur le bassin versant est n�cessaire pour d�terminer la charge limite de l'herbage. �quilibrer le cheptel avec la quantit� de fourrage disponible de mani�re � conserver aux plantes leur vigueur et au bassin versant sa stabilit� est souvent le probl�me principal qui se pose pour une bonne gestion des p�turages. Le niveau d'utilisation du fourrage qui permettra de maintenir le parcours en bon �tat est �troitement li� au site, � la saison d'utilisation et aux plantes p�tur�es. Un bon niveau de pacage est g�n�ralement compatible avec les objectifs � long terme d'une production continue, mais peuvent ne pas l'�tre avec les objectifs �conomiques imm�diats de l'�leveur priv�. Des programmes d'�ducation visant � pr�senter aux �leveurs les objectifs � long terme pour satisfaire les besoins de la soci�t� sont indispensables. Pour qu'ils r�ussissent, les plans de charge des p�turages doivent �tre �tablis avec la participation des �leveurs, car c'est d'eux que d�pend la r�ussite ou l'�chec des programmes d'am�nagement des p�turages. Des pressions politiques et sociales peuvent cependant �tre n�cessaires pour obtenir les niveaux voulus de p�turage sur les bassins versants de certaines r�gions.
L'�quilibrage entre le cheptel et la quantit� de fourrage disponible doit se faire avec souplesse et pouvoir �tre adapt� en fonction des bonnes et des mauvaises ann�es de production fourrag�re. Ceci implique une �limination radicale des b�tes malades et la vente des b�tes en surnombre les ann�es de s�cheresse Une autre solution consiste � n'avoir qu'un cheptel restreint de fa�on que le bassin versant soit prot�g� m�me en p�riode de s�cheresse. La premi�re solution est pr�f�rable.
L'un des objectifs majeurs de tout syst�me d'am�nagement de p�turage devrait �tre d'�quilibrer l'utilisation des esp�ces v�g�tales sur le parcours de fa�on que le fourrage provienne de nombreuses plantes et non pas uniquement de quelques esp�ces qui subissent la totalit� de la pression. Si une ou plusieurs esp�ces importantes subissent l'essentiel de la pression et sont brout�es avant d'autres esp�ces, il faut appliquer une strat�gie qui permette de les laisser en repos. Si l'on ne peut d�tourner la consommation vers des esp�ces associ�es, il faut d�terminer la capacit� de charge maximale de l'herbage en fonction du degr� d'utilisation que peut supporter l'esp�ce pr�f�r�e par le b�tail.
Un autre objectif majeur doit �tre aussi une r�partition uniforme du b�tail sur les parcours. Si la topographie, la v�g�tation et les sols varient beaucoup sur un bassin versant, cette r�partition risque d'�tre in�gale. Le b�tail tend � utiliser plus massivement certaines zones plus que d'autres, en particulier celles qui se trouvent pr�s des points d'eau, le long des bas-fonds, des cr�tes et sur certains sites. Il �vitera les pentes raides, certains sols et les broussailles �paisses.
Il faut aussi prendre en consid�ration les besoins des animaux. En plus de sa quantit�, le fourrage doit satisfaire les besoins nutritionnels dans quatre domaines principaux: prot�ines, �nergie, phosphore et carot�ne. Tous ces nutriments se trouvent g�n�ralement en quantit�s suffisantes dans un fourrage en vert ad�quat. Les ligneux app�tables n'ont cependant pas en g�n�ral une teneur �nerg�tique suffisante et l'herbe s�che a une faible teneur en prot�ines, en phosphore et en carot�ne. Lorsque les deux types de fourrage existent, les besoins nutritionnels peuvent souvent �tre satisfaits, faute de quoi un aliment de compl�ment est n�cessaire. Un haut degr� de nutrition est particuli�rement important en p�riode de reproduction.
En g�n�ral, le plan d'am�nagement vise � assurer une production animale maximale tout en maintenant ou en am�liorant la stabilit� du bassin versant. Il convient toutefois pour un bassin versant donn� de d�finir en d�tail les objectifs de l'am�nagement et notamment d'identifier les sites de p�turages et m�me les principales esp�ces v�g�tales � utiliser. Si une zone donn�e du bassin versant a besoin d'�tre am�lior�e, il faut le pr�ciser dans les objectifs de l'am�nagement.
• Am�lioration des parcours: Une strat�gie utile consiste � manipuler la v�g�tation sur les bassins versants des terrains de parcours en r�duisant ou en �liminant les esp�ces ind�sirables et en augmentant le nombre des esp�ces souhaitables. Toute d�cision relative � une telle manipulation de la v�g�tation sur un bassin versant doit se fonder sur la connaissance des mod�les de pr�cipitation, de la productivit� potentielle de tels ou tels sites et sur des estimations des tendances progressives ou r�gressives qui peuvent r�sulter de diff�rentes strat�gies d'am�nagement. Une bonne gestion des p�turages peut permettre d'am�liorer l'�tat de la v�g�tation sur les sites d'un bassin versant de fa�on � d�velopper le couvert v�g�tal et augmenter le nombre des esp�ces v�g�tales souhaitables.
Outre l'am�lioration g�n�rale que l'on peut obtenir gr�ce � un bon am�nagement, il existe aussi d'autres m�thodes, mais chacune pr�sente des contraintes selon la situation. L'am�nagiste se trouve oblig� de choisir entre diff�rentes m�thodes et de proc�der ensuite � des exp�rimentations pour d�terminer celles qui conviennent le mieux et celles qui doivent �tre modifi�es. Les m�thodes le plus souvent utilis�es pour l'am�lioration des parcours sont l'utilisation du b�tail, du feu, des produits chimiques, des traitements m�caniques et du r�ensemencement.
• B�tail: Il est souvent possible d'utiliser le b�tail pour provoquer des changements dans les esp�ces v�g�tales. Bovins, ovins et caprins ont des go�ts diff�rents en mati�re de fourrage, qui peuvent �tre encore accentu�s selon les saisons. Si l'on conna�t les pr�f�rences des animaux selon les saisons et si l'on conna�t aussi les besoins pour la croissance des plantes, on pourra souvent concevoir un syst�me de p�turage qui augmentera ou diminuera la vigueur de telle ou telle esp�ce v�g�tale. Il y a toutefois des limites. Si les plantes ind�sirables vivent longtemps - et c'est le cas de la plupart des esp�ces ligneuses - et ne sont du go�t du b�tail, elles ne seront pas �limin�es par le broutement une fois install�es.
• Br�lage: Le br�lage est une m�thode qui permet d'�liminer � peu de frais la v�g�tation ind�sirable mais fait courir le risque d'�liminer en m�me temps des esp�ces souhaitables. D'une fa�on g�n�rale, les esp�ces arbustives sont plus endommag�es par le feu que les esp�ces herbac�es mais certains arbustes peuvent repousser apr�s avoir br�l�. Pour pouvoir utiliser le feu de fa�on efficace dans la manipulation de la v�g�tation, il faut savoir comment les diff�rentes esp�ces y r�agissent. Le co�t principal de l'op�ration est repr�sent� par l'herbage n�cessaire comme combustible, dont il faut tenir compte dans les �valuations �conomiques des br�lis. D'autre part, toute op�ration de br�lage doit �tre coordonn�e avec les programmes d'am�nagement des p�turages de fa�on qu'il y ait de quoi alimenter � la fois le feu et le b�tail. Il faut aussi tenir compte des mod�les de pr�cipitation, afin que les zones br�l�es ne soient pas d�pourvues de couvert v�g�tal lorsqu'il y a de fortes probabilit�s de pluie.
• Produits chimiques: L'utilisation de produits chimiques est efficace mais co�teuse et risque de contaminer l'eau. L'efficacit� des applications foliaires d'herbicides d�pend beaucoup de la ph�nologie des esp�ces ind�sirables. L'herbicide doit �tre appliqu� lorsque la surface feuillue est suffisante mais lorsque les feuilles n'ont pas encore de cuticules. Les granul�s herbicides appliqu�s au sol au pied des plantes sont moins sensibles au moment de l'application mais sont sensibles � l'humidit�. L'efficacit� des applications d�pend aussi de l'esp�ce � d�truire et de l'�tat du sol. Les informations realtives � l'utilisation des herbicides ne permettent pas de d�terminer leurs effets probables sur les plantes autres que celles qui sont � d�truire. C'est lorsqu'une ou plusieurs esp�ces peuvent �tre abondamment d�truites pour permettre � d'autres esp�ces indig�nes de se d�velopper que l'utilisation des produits chimiques a le plus de chances d'�tre utile.
• Moyens m�caniques: Le traitement m�canique peut �tre pr�f�rable aux herbicides pour cr�er une planche de semis en cas d'absence d'esp�ces souhait�es et en particulier si un r�ensemencement est n�cessaire. Il existe de nombreuses m�thodes de destruction m�canique selon l'esp�ce � �liminer, le sol, la main-d'oeuvre et le mat�riel dont on dispose, les co�ts et le type de planche de semis que l'on pr�pare. L'arrachage � la main est efficace si les plantes � �liminer ne sont pas trop nombreuses et si l'on dispose d'une main-d'oeuvre bon march�. Pour les v�g�taux ligneux importants, le dessouchage au bulldozer est efficace sur tous les sites � l'exception des pentes raides. Le trainage au c�ble ou le cha�nage entre deux tracteurs est �galement efficace pour les sujets importants, qui seront soit d�racin�s, soit cass�s au ras du sol. En revanche, ces m�thodes ne permettent pas de bien �liminer les petits arbustes souples et les esp�ces qui rejettent. Le sol est remu� mais risque de ne pas �tre suffisamment ameubli pour constituer une bonne planche de semis. Les plantes ligneuses peuvent �tre �limin�es de fa�on efficace � la charrue: celle-ci peut �tre ajust�e pour couper juste en dessous de la zone de bourgeonnage et sa lame inclin�e de mani�re � soulever les plantes et � pr�parer une bonne planche, ce qui peut se faire aussi avec une charrue � disques, qui convient pour �liminer les petites broussailles.
• R�ensemencement: Sur beaucoup de bassins versants des zones arides, les p�turages ont �t� � ce point d�grad�s qu'un r�ensemencement est n�cessaire. Le succ�s de l'op�ration d�pend du mod�le des pr�cipitations et des autres conditions du site. D'une fa�on g�n�rale, les conditions suivantes doivent �tre remplies:
1. Sols et pr�cipitations offrant une probabilit� raisonnable de succ�s. Il faut g�n�ralement une pluviom�trie plus importante pour que les plantes s'installent sur les sols argileux plut�t que sur les sols plus sableux.
2. Esp�ces indig�nes ou adapt�es. Les chances de succ�s peuvent aussi �tre accrues sur certains sites par la s�lection d'�cotypes adapt�s � l'int�rieur d'une esp�ce (voir Wright et Streetman, 1960).
3. Pr�paration des planches de semis de fa�on � �liminer la v�g�tation existante et � assurer une infiltration rapide. Une planche ameublie et irr�guli�re est souvent souhaitable dans les op�rations de semis de p�turage.
4. Quantit� suffisante de graines pour assurer un peuplement satisfaisant mais sans gaspillage. Une estimation approch�e de l'intensit� de semis est d'environ 2 � 3 millions de graines viables � l'hectare. Pour les esp�ces � petites graines comme l'eragrostis, la dose d'ensemencement est inf�rieure � 1 kg/ha.
5. Profondeur convenable d'ensemencement. Plus la graine est petite, moins elle doit �tre enfouie en profondeur. Le semis en plein est souvent suffisant pour les petites graines sur des sols ameublis, mais le semis en ligne est recommand� pour les plus grosses graines et les terrains durs.
6. Semer lorsque des conditions favorables d'humidit� et de temp�rature se conjuguent pour laisser le plus de temps possible � la germination et au d�but de la pousse.
7. Protection des plantules jusqu'� ce qu'elles soient bien install�es. Dans les sites tr�s secs, cela peut n�cessiter trois saisons de pousse ou davantage.
8. P�turage appropri� une fois que les plantes sont install�es. Le r�ensemencement est on�reux et ne peut se justifier que s'il fournit du fourrage et s'il assure la protection du bassin versant pour de nombreuses ann�es.
• Traitements culturaux correcteurs: Ces traitements sont co�teux et exigent du mat�riel ou une main-d'oeuvre importante. La d�pense ne se justifie gu�re � moins que le ruissellement et les s�diments provenant du bassin versant ne menacent d'importantes op�rations de mise en valeur en aval ou que la r�habilitation ne soit indispensable � la survie de la population locale qui n'a pas d'autres moyens d'existence.
Le but des traitements culturaux est de r�duire le ruissellement de surface et la perte de terre en retenant l'eau sur le site jusqu'� ce qu'un couvert v�g�tal puisse s'installer. Les traitements culturaux ont une esp�rance de vie limit�e selon l'importance du ruissellement et des s�diments produits sur le site. Il est donc important d'�valuer la capacit� du site de maintenir un couvert v�g�tal une fois que le traitement a perdu son efficacit�. Il est �vident que, pour que le traitement ait un effet durable, il faut �laborer et appliquer une strat�gie de gestion. Le type de traitement choisi d�pend du potentiel de ruissellement du site. Une combinaison de diff�rents traitements pourra souvent �tre souhaitable, mais la plantation doit suivre le traitement aussi rapidement que possible. Quelques-uns des traitements les plus courants sont les sillons ou rigoles et les tranch�es suivant les courbes de niveaux, et les cuvettes.
Les rigoles de niveau sont de petits foss�s de 20 � 30 cm qui suivent les courbes de niveau et sont g�n�ralement creus�es � l'aide d'une charrue monosoc. Elles forment des terrasses miniatures qui retiennent l'eau jusqu'� ce qu'elle s'infiltre dans le sol. Des �tudes ont indiqu� qu'elles sont efficaces si leur espacement est inf�rieur � 2 m�tres. S'il est plus grand, leur effet ne se fait gu�re sentir sauf le long des rigoles elles-m�mes (Barnso et al, 1966 et Wright, 1972). Sur les pentes de plus de 5%, la terre est g�n�ralement d�pos�e plus bas pour accro�tre la capacit� de stockage. Un certain nombre des premiers essais ont �chou� en raison principalement de la difficult� de suivre la courbe de niveau, de l'absence de semis et d'entretien par la suite. Il est important que les rigoles soient situ�es sur la courbe de niveau, faute de quoi elles se transforment en foss�s de drainage qui concentrent le ruissellement et peuvent provoquer une �rosion au lieu de l'emp�cher. Il est difficile de suivre les courbes de niveau et c'est l'un des inconv�nients de cette m�thode. L'efficacit� des rigoles peut �tre am�lior�e et le d�faut d'alignement sur la courbe de niveau corrig� par la construction de traverses que l'on place en travers des rigoles � des intervalles de 1,5 � 10 m�tres. Les rigoles forment alors de petites cuvettes et si une section c�de, l'eau des sections adjacentes reste en place.
Les tranch�es suivant les courbes de niveau sont en g�n�ral n�cessaires sur les pentes trop raides pour les rigoles. Elles sont de deux types: 1) le type ext�rieur peu profond o� le mat�riau de d�blai fait obstacle au ruissellement et 2) le type int�rieur plus profond o� l'excavation en retient la plus grande partie. Le type ext�rieur convient pour les pentes jusqu'� 30% et le type int�rieur pour les pentes plus raides - jusqu'� 70%). Ils sont tous deux on�reux, exigent en g�n�ral l'utilisation de machines et doivent �tre con�us pour des d�bits d'orage importants; la d�faillance d'une tranch�e sup�rieure pourrait se traduire par un effet de cascade sur les tranches inf�rieures. Selon Hull (1973), un bon peuplement une fois install� retient le sol et emp�che que les s�diments ne soient entra�n�s le long de la pente.
Les bandes altern�es se sont r�v�l�es efficaces sur les terrains plats ou peu accident�s (Wright, 1972). Elles ont environ 1 m�tre de large et sont parall�les � la courbe de niveau. On les laboure pour d�truire la v�g�tation inutile, ameublir la surface et pr�parer une planche de semis. La v�g�tation d'origine est conserv�e entre les bandes jusqu'� ce que la v�g�tation nouvellement plant�e soit install�e. On retourne alors de nouvelles bandes que l'on plante et l'op�ration se poursuit jusqu'� ce que le bassin versant tout entier soit remis en �tat. On peut utiliser pour ces op�rations du mat�riel aratoire classique.
On peut aussi creuser des d�pressions peu profondes dans la surface du sol pour y recueillir le ruissellement de surface: c'est le "pitting". Le traitement de surfaces �tendues n�cessite un tracteur muni d'un "pitter". Une charrue � disques classique est facile � transformer pour cela, bien qu'une charrue � disques similaire soit faite expr�s pour cet usage. On peut supprimer un disque sur deux et d�caler les disques restants ou plut�t y d�couper une demi-lune. On dispose les disques de fa�on qu'ils frappent la surface � diff�rents moments, ce qui cr�e des cuvettes altern�es � mesure qu'on avance. Le sillon est interrompu chaque fois qu'il y a un disque manquant ou d�coup�, de sorte que le sillon est discontinu. Une charrue � disques de 51 cm standard avec des trous � 8 cm du centre creusera des d�pressions ou "pits" de 20 � 30 cm de large sur 45 � 60 cm de long, de 15 cm de profondeur et espac�s de 40 cm. Lorsque le type de sol, son humidit� et le poids de la machine sont les plus favorables, les d�pressions en question auront une capacit� d'environ 0,013 m3. On peut calculer le nombre de d�pressions n�cessaire � l'hectare en divisant le ruissellement estimatif produit par un orage type par la capacit� de chaque d�pression. Cette technique est efficace sur des pentes allant jusqu'� 30%, et l'on a estim� qu'elle pouvait produire jusqu'� quatre fois la quantit� de fourrage produite sur les surfaces non trait�es (Slayback et Reeney, 1972).
Les cuvettes sont analogues mais plus grandes et ont en g�n�ral environ 2 m de long, 1,8 m de large et 15 � 20 cm de profondeur. Hinez et Frost (1973) ont mis au point une machine sp�ciale qui peut �tre tract�e par un tracteur de 25 � 30 CV avec des raccords hydrauliques. Cette machine peut aussi �tre munie d'un �quipement permettant de semer en m�me temps. Selon Slayback et Renney (1972), les cuvettes produisent cinq fois plus de fourrage que les "pits" et neuf fois plus que les zones non trait�es. La capacit� importante et la plus grande esp�rance de vie permettent � un plus grand nombre de plants de s'installer et assurent un peuplement plus durable et plus productif.