Depuis une dizaine, voire une vingtaine d'années, on se montre de plus en plus attentif à l'incidence qu'ont les pêcheries sur les populations de mammifères marins et sur les façons dont les mammifères marins peuvent concurrencer la pêche ou lui porter préjudice. La question a été examinée au niveau mondial en 1984 (Northridge, 1984). Par la suite, de nombreuses études et recherches sur les interactions entre mammifères marins et pêcheries ont été effectuées dans le monde entier; aussi l'objet de la présente mise à jour du précédent Document technique FAO est-il de résumer les publications sur la question parues dans l'intervalle, et de mettre ainsi en évidence l'échelle globale de ces conflits.
Dans le rapport de 1984, une distinction était établie entre les interactions purement opérationnelles, comme la capture accidentelle de mammifères marins ou les dommages que ceux-ci faisaient aux engins de pêche, et les interactions de caractère essentiellement biologique, comme la concurrence en ce qui concerne les ressources alimentaires ou halieutiques. La majeure partie des recherches effectuées récemment ont porté sur la mort accidentelle de mammifères marins lors des opérations de pêche, mortalité qui donne lieu à de graves inquiétudes sur l'état de plusieurs populations concernées.
En octobre 1990, la Commission baleinière internationale (CBI) a convoqué une réunion sur la mortalité des cétacés dans les pêcheries au filet maillant et au filet piège, à La Jolla (Californie), laquelle a permis de dresser le bilan de nombreux travaux récents sur la capture accidentelle des cétacés par les engins de pêche. Le rapport de synthèse de cette réunion fait apparaître que des taux de mortalité aussi bas que 2 % dans une population de cétacés pourraient ne pas être soutenables, compte tenu du cycle biologique de l'espèce, du sexe et de l'âge des individus. Les espèces parmi lesquelles on note le baiji et le marsouin de Californie, certaines populations de sousa, de dauphins bleu et blanc et de souffleurs, ainsi que le marsouin commun semblent notamment ne pas pouvoir supporter les taux actuels de capture. Les actes de cette réunion, quand ils seront publiés, devraient donner de nombreux exemples de mortalité des cétacés du fait de la pêche, de façon beaucoup plus détaillée que ce qui suit.
La mesure dans laquelle les mammifères marins concurrencent la pêche pour se nourrir a été, par comparaison, moins largement étudiée. Certains obstacles majeurs s'opposent à une bonne compréhension des mécanismes de concurrence entre les mammifères marins et les pêcheurs. L'un d'eux est le fait que l'on ignore tout le détail de la dynamique des taux de prédation, et quelle est la relation entre ces taux et les fluctuations des disponibilités en poisson et de la taille des populations de mammifères marins. En outre les relations entre les taux de prédation des mammifères marins et les rendements des pêcheries se sont révélées être très difficiles à établir et à comprendre hors d'un schéma très théorique. Globalement le problème est souvent compliqué par les difficultés que pose la quantification de l'alimentation des mammifères marins, qui est dans bien des cas hautement variable. Il n'est donc peut-être pas surprenant que l'on n'aie guère cherché à explorer ces relations de compétition.
Carte des principales zones statistiques de pêche

Comme dans le rapport précédent, les interactions sont envisagées sur la base des zones statistiques de pêche de la FAO, qui sont délimitées sur la carte ci-contre. Les estimations révisées des tailles des populations de mammifères marins, et les recherches récentes sur les habitudes alimentaires des mammifères marins n'ont, de manière générale, pas été incluses dans la présente mise à jour, sauf quand elles étaient particulièrement pertinentes en ce qui concerne une interaction spécifique.
Eubalaena glacialis Baleine de Biscaye
Les captures accidentelles des baleines de Biscaye par des engins se poursuivent à un taux relativement faible dans le nord est des Etats-Unis; O'Hara et al. (1986), d'après un examen des rapports disponibles, signalent 10 captures, par des filières de casiers à homards (3), des filets maillants à espèces démersales (5), un barrage à hareng et un chalut à encornet (1) depuis 1976. Read (1990) ajoute une sixième capture avec des filets maillants de fond dans le Golfe du Maine. La majorité des animaux semble avoir survécu à ces captures accidentelles. Un autre cas signalé par les Etats-Unis à la CBI concernait une baleine, qui a trouvé la mort dans un piège à morue à Terre-Neuve en 1984. La taille de la population dans l'Atlantique nord-est demeure inconnue, mais le plus grand nombre d'animaux observés en une journée est de 70 (Schevill et al., 1986). Même une capture accidentelle, comme celle mentionnée ci-dessus, met en péril la reconstitution de cette population menacée.
Balaenoptera physalus Rorqual commun
Douze captures accidentelles de rorquals communs ont été signalées (un seul animal est mort à ce que l'on sait) dans des filières de pièges à homards et un filet maillant dans le nordest des Etats-Unis entre 1975 et 1986 (CBI 1987), et on signale jusqu'à trois captures accidentelles par an avec les engins de pêche côtière de Terre-Neuve (Lien 1988). O'Hara et al., (1986) signalent que 5 sur les 12 rorquals communs pris dans les engins de pêche côtière de Terre-Neuve ont trouvé la mort. La taille de la population est inconnue, mais il semble que ce taux de mortalité puisse avoir une forte influence sur sa dynamique.
Balaenoptera acutorostrata Petit rorqual
Lien et al. (1987) ont estimé le taux annuel moyen des captures accidentelles dans les pêcheries côtières de Terre-Neuve à environ 11 petits rorquals. Entre 1979 et 1985, 58 % de ces captures se sont produites dans les pièges à morues et 21 % dans des filets maillants (O'Hara et al., 1986). Lien et al. signalent qu'environ 75 % d'entre elles ont une issue fatale. Un plus petit nombre de petits rorquals se seraient pris dans les filières de pièges à homards de Nouvelle-Angleterre (4 entre 1975 et 1986). Les pêcheries au filet maillant de Nouvelle-Angleterre prennent aussi des petits rorquals en petit nombre (7 entre 1975 et 1986), la plupart ayant trouvé la mort de ce fait (O'Hara et al., 1986). Read (1990) suggère l'éventualité d'une certaine mortalité dans les filets maillants calés du Golfe du Saint Laurent, et signale aussi la mort de deux rorquals communs dans les barrages à hareng de la Baie de Fundy entre 1980 et 1990. L'incidence de cette mortalité sur les niveaux de population n'est probablement pas notable car, quoique l'effectif de la population de rorquals communs soit inconnu, il s'agit probablement des baleinoptères les plus nombreux dans la zone concernée.
Megaptera novaeangliae Mégaptère
On signale assez fréquemment des captures accidentelles de mégaptères par les engins de pêche, notamment les pièges et les filets maillants, à Terre-Neuve et dans plusieurs pêcheries de Nouvelle-Angleterre. A Terre-Neuve Lien et al. (1987) signalent entre 813 (en 1980) et 255 (en 1985) les captures par des engins de pêche côtière, et ont estimé qu'environ 48 mégaptères s'y prennent chaque année. Les dommages aux engins se chiffrent à 384 000 dollars par an. La mortalité correspondante des mégaptères est passée de 50 % à environ 7 % en 1987 (soit environ trois animaux par an ces dernières années) grâce au programme de sauvetage lancé par Lien et ses collègues. Des filets maillants démersaux, des pièges à morues et des filets à saumons sont en cause, les filets maillants étant les principaux responsables de la prise de mégaptères. Les stocks hauturiers de capelans s'étant reconstitués, Lien et al. signalent que le nombre des mégaptères dans les eaux côtières a diminué, mais les emmaillages signalés se maintiennent à un niveau équivalent, peut-être en raison du renforcement de l'effort de pêche, de rapports plus fidèles, ou d'un accroissement de la population de mégaptères dans l'Atlantique nord-ouest (environ 3000, Whitehead 1982).
Des mégaptères ont aussi été signalés dans les pêcheries de homard de Nouvelle-Angleterre (3 depuis 1975) et dans les pêcheries au filet maillant de fond de Nouvelle-Angleterre (14 entre 1975 et 1990). Cinq au moins de ces incidents ont eu une issue fatale (O'Hara et al., 1986). Ont également été signalés deux enchevêtrements dans des palangres en Nouvelle-Angleterre (O'Hara et al., 1986), deux ou trois autres dans des filets maillants à alose dans l'est des eaux américaines, et 6 dans des barrages à hareng du Golfe du Maine et de la Baie de Fundy (Read 1990). Ces derniers, du moins, ont été libérés vivants. La population de mégaptères s'est considérablement reconstituée au cours des quelques décennies passées, mais plusieurs pêcheries commerciales sont encore considérées comme une menace potentielle pour la reconstitution de cette population (MMC, 1989).
Mesoplodon bidens Mésoplodon de Sowerby
Une prise de mésoplodon de Sowerby au filet a été signalé au Québec en 1984; l'animal a été dégagé vivant (Scialabba 1989).
Hyperoodon ampulatus Hyperoodon boréal
Un animal au moins a été signalé pris dans des filets de pêche côtière à Terre-Neuve (O'Hara et al., 1986).
Physeter macrocephalus Cachalot
Deux cachalots pris dans des lignes en 1979 ont été signalés, dont une ligne de relevage de casier à homard en Nouvelle-Angleterre; les deux animaux étaient morts (CBI 1987, p. 189). Aucune autre interaction n'a été signalée.
Monodon monoceros Narval
O'Hara et al. (1986) mentionnent un narval pris accidentellement dans les pêcheries côtières de Terre-Neuve.
Delphinapterus leucas Bélouga
O'Hara et al. (1986) rapportent aussi la capture d'un bélouga dans les pêcheries côtières de Terre-Neuve, sans donner de détails. Read (1990) mentionne des captures occasionnelles dans les filets maillants de fond du Golfe du Saint Laurent et dans les pièges à morues canadiens.
Pseudorca crassidens Faux orque
Deux faux orques ont été pris par des palangriers pêchant l'espadon au large de la Nouvelle-Angleterre (O'Hara et al., 1986).
Globicephala melaena Globicéphale noir
Il est signalé que des globicéphales noirs ont été pris dans les pêcheries côtières de Terre-Neuve, en petit nombre (Leatherwood et Reeves, 1983); Piatt et Nettleship (1987) signalent que 4 globicéphales se sont pris dans des filets maillants à morue dans l'est de Terre-Neuve entre 1981 et 1984. Read signale des prises accidentelles dans les filets maillants de fond des pêcheries de Nouvelle-Angleterre, dans les pièges à morue canadiens, et dans la pêcherie à l'espadon au filet maillant de Nouvelle-Angleterre. Pour cette dernière, qui opère essentiellement sur le rebord du plateau continental, environ 10 % des cétacés capturés accidentellement étaient des globicéphales. On ne dispose pas encore d'une estimation des captures totales pour cette pêcherie. Les globicéphales se prennent aussi dans les chaluts à encornet et à maquereaux de flottilles étrangères au large de la côte Est des Etats-Unis; au total 249 globicéphales ont été signalés entre 1978 et 1988 par les flottilles de 8 pays pratiquant la pêche sur la dorsale médio-atlantique, dont 141 animaux en 1988 (Waring et al., 1989). Il a été suggéré que ces taux élevés de capture sont liés à la distribution de l'effort de pêche dans des zones particulières où la densité de globicéphales noirs est grande (CBI 1990). Le sous-comité pour les petits cétacés de la CBI a noté que les captures pourraient avoir été plus importantes dans le passé et avoir affecté l'état du stock (CBI 1990).
Lagenorhynchus albirostris Lagénorynque à bec blanc
Read mentionne des captures occasionnelles dans les filets maillants de fond du Golfe du Saint Laurent. On ne dispose pas de données chiffrées.
Lagenorhynchus acutus Lagénorynque à flancs blancs de l'Atlantique
On dispose de très peu de données sur les captures de cette espèce dans la zone, quoique plusieurs auteurs suggèrent que des prises se produisent assez fréquemment dans les filets calés et les pièges, à Terre-Neuve et en Nouvelle-Angleterre, et qu'un certain nombre de prises accidentelles soient mentionnées dans la petite pêcherie de maquereau au filet dérivant de Nouvelle-Angleterre (Read 1990). Des captures sont aussi signalées par les flottilles étrangères de pêche au chalut de maquereaux et d'encornets, mais peu fréquemment (trois animaux signalés entre 1978 et 1985, O'Hara et al. 1986).
Tursiops truncatus Souffleur
Le souffleur est pris en petit nombre par les pêcheries au chalut de maquereaux et d'encornets opérant sur la dorsale médio-atlantique (3 cas signalés en 8 ans, dans les pêcheries au filet dérivant du Delaware (un animal), par les palangriers pêchant l'espadon (un animal), et semble-t-il sensiblement plus fréquemment dans les pêcheries côtières au filet dans la Baie de Chesapeake et à ses abords. Scott et al. (1988) signalent que jusqu'à 20 % des animaux échoués en Virginie pourraient être morts à la suite d'une capture accidentelle, et suggèrent que dans cette zone la mortalité imputable à la pêche pourrait avoir une incidence non négligeable sur les populations locales, quoiqu'une évaluation adéquate soit rendue difficile par l'insuffisance des connaissances sur la distribution des stocks. Read (1990) a signalé que 15 % des cétacés retenus dans les filets dérivants déployés par la flottille de pêche à l'espadon de Nouvelle-Angleterre étaient des souffleurs. On ne dispose pas d'estimation des captures accessoires totales de cette pêcherie.
Grampus griseus Dauphin de Risso
Quelques captures accidentelles ont été signalées dans les pêcheries de homard au piège de Nouvelle-Angleterre et par les flottilles atlantiques de pêche au maquereau et à l'encornet au chalut (O'Hara et al., 1986), mais de tels incidents semblent plutôt rares. Le dauphin de Risso est aussi pris en nombres inconnus (14 % des prises accidentelles observées) par la flottille de pêche à l'espadon au filet dérivant de Nouvelle-Angleterre (Read 1980).
Stenella coeruleoalba Dauphin bleu et blanc
O'Hara et al. (1986) signalent la capture d'un individu dans une pêcherie au filet maillant de la Baie de Chesapeake. Read (1990) rapporte que les dauphins bleu et blanc représentent 4 % des captures accessoires de cétacés de la pêcherie d'espadon au filet dérivant de Nouvelle-Angleterre.
Stenella attenuata Dauphin tacheté pantropical
Les seuls prises accidentelles de cette espèce qui ont été signalés proviennent de la pêcherie de Nouvelle-Angleterre de l'espadon au filet dérivant, oú ils représentent 6 % des captures accessoire observée (Read 1990).
Delphinus delphis Dauphin commun
Des captures de dauphins communs sont souvent signalées dans les pêcheries au chalut de maquereau et d'encornet situées sur la dorsale médio-atlantique, 199 animaux ayant été signalés comme pris entre 1977 et 1988 (Waring et al., 1989). 62 % de ces captures ont été le fait de la flottille étrangère de chalutiers pêchant l'encornet, dont l'activité a maintenant cessé. Des captures d'une vingtaine d'animaux par an continuent de se produire dans la pêcherie de maquereau (Cranmore, 1988). Des captures sont aussi souvent observées dans la pêcherie d'espadon au filet dérivant de Nouvelle-Angleterre, où cette espèce représente 39 % des captures de cétacés (Read 1990). L'incidence sur les populations locales est inconnue.
Phocoena phocoena Marsouin commun
Le marsouin commun est l'espèce de cétacé qui fait l'objet du plus grand nombre de captures accidentelles signalées dans la zone 21. Les captures par les engins de pêche côtière de Terre-Neuve (filets maillants et pièges) ont été estimées à environ 140 par an pour l'est de la zone de Terre-Neuve (Piatt et Nettleship, 1987), tandis que Lien (1987) donne une estimation de 1 800 à 3 000 animaux capturés par an pour l'ensemble des pêcheries du Labrador et de Terre-Neuve. Les captures au Groënland continuent dans les pêcheries de saumon au filet dérivant, mais on ne dispose pas de chiffres récents sur leur quantité.
Des captures se produisent aussi tout au long des côtes des Etats-Unis et du Canada; Read et Gaskin (1988) ont examiné les captures dans la Baie de Fundy et ont estimé que les prises annuelles totales dépassent la centaine. Des captures élevées ont aussi été signalées dans les filets maillants du Golfe du Saint-Laurent (CBI, 1990), tandis que les captures totales dans la zone Golfe du Maine/Baie de Fundy pourraient être comprises entre 280 et 800 par an. La population totale de la région Golfe du Maine - Baie de Fundy a été estimée entre 8 000 et 15 000 (Kraus et al., 1983), tandis que Woodley et Read (1990) ont estimé que cette population n'était probablement pas capable de soutenir des captures supérieures à environ 4 % par an. Read et Gaskin (1990) ont constaté des signes de changement des paramètres biologiques de ce stock, suggérant un déclin de la population. Le Sous-comité des petits cétacés de la CBI a donc estimé que les niveaux actuels de mortalité accidentelle menacent gravement la souspopulation de marsouins communs dans cette région. Les souspopulations du Golfe du Saint-Laurent, de Terre-Neuve, du Labrador et du Groënland font aussi l'objet de captures importantes, intentionnelles ou accessoires, mais l'état des populations de ces régions demeure inconnu (CBI 1990).
Phoca vitulina Phoque veau marin
Il n'est pas rare que des phoques veaux marins se prennent dans les engins de pêche, tant au Canada qu'aux Etats-Unis. Piatt et Nettleship (1987) ont estimé les prises à environ 30 par an dans l'est de Terre-Neuve, tandis que l'on estime à environ 20 individus la capture accessoire dans les pêcheries au filet maillant du Maine, et, plus rarement, par les palangres, dans les sennes coulissantes et les pièges à homards (Gilbert et Wynne 1985, 1988, Cranmore 1988). Les effets de la prédation des phoques sur les pêcheries canadiennes ont été évalués par une Commission royale d'enquête sur les phoques et la chasse au phoque au Canada (Anon 1988a), laquelle, sur la base d'hypothèses nombreuses, a conclu que les phoques veaux marins pourraient coûter au secteur de la pêche entre 1,6 et 3,7 millions de dollars.
Phoca groenlandica Phoque du Groënland
Le phoque du Groënland est pris en grand nombre dans les pêcheries côtières de l'Est de Terre-Neuve. Piatt et Nettleship ont estimé les captures à 746 par an dans l'Est de Terre-Neuve, alors que les chiffres pourraient être beaucoup plus élevés dans certaines autres zones (500 à 2 000 à Old Fort, Québec) (Lien et al., 1987). Les prises totales sont inconnues, ainsi que leur incidence sur la population. La prédation des phoques du Groënland a été estimée, sur la base de nombreuses hypothèses simplificatrices, coûter entre 23 et 75 millions de dollars par an (Anon 1988a).
Cystophora cristata Phoque à capuchon
Un très petit nombre de captures ont été signalées dans les pêcheries côtières de Terre-Neuve (Piatt et Nettleship 1987). La prédation du phoque à capuchon parmi les poissons démersaux a été estimée coûter aux pêcheurs canadiens entre 87 et 207 milliers de dollars par an (Anon 1988a).
Halichoerus grypus Phoque gris
Le phoque gris est pris en très petit nombre dans les pêcheries côtières de Nouvelle-Angleterre: quatre ont été signalés en 1984 (Gilbert et Wynne 1985), par exemple. L'incidence sur la population locale est inconnue. Il semble probable que, vu le grand nombre présent dans les eaux canadiennes, des captures accidentelles s'y produisent également. La Commission royale sur les phoques et la chasse au phoque au Canada estimait que la ration alimentaire du phoque gris se composait à 42–63 % d'espèces démersales commerciales et chiffrait, sur la base de plusieurs autres hypothèses, la perte pour les pêcheries canadiennes imputable à la prédation par le phoque gris entre 30 et 84 millions de dollars.
Il n'a pu être obtenu d'informations récentes sur les interactions avec les pêcheries en ce qui concerne les espèces suivantes, présentes dans la zone: Balaena mysticetus, B. musculus, B. borealis, B.edeni, Mesoplodon densirostris, M. mirus, M. europaeus, Ziphius cavirostris, Kogia breviceps, Orcinus orca, Odobenus rosmarus, Phoca hispida. Il convient toutefois de noter que Read (1990) signale que 12 % des cétacés pris dans les pêcheries d'espadon au filet dérivant étaient des Ziphiidae non encore identifiés.
Zone 21 Résumé
L'espèce la'plus touchée par la prise accidentelle dans les engins de pêche dans cette zone est le marsouin commun. Les prises de certaines grandes baleines, notamment mégaptères et baleines de Biscaye, peuvent aussi être considérées comme appréciables, tandis que les souffleurs pourraient être affectés localement (en Virginie, par exemple).
Les principales pêcheries concernées par les mammifères marins sont la pêcherie groenlandaise de saumon au filet dérivant, les pêcheries côtières à la nasse et au filet maillant à Terre-Neuve (et probablement ailleurs dans les eaux de l'est du Canada, zone qui reste relativement moins bien étudiée), les pêcheries au filet maillant et la pêcherie de homard au piège de Nouvelle-Angleterre, les pêcheries hauturières au chalut pélagique, et la pêcherie d'espadon au filet dérivant de Nouvelle-Angleterre.
Le marsouin commun pourrait être l'espèce la plus durement touchée, par la pêche au filet maillant dans la Baie de Fundy/Golfe du Maine, mais aussi peut-être dans d'autres pêcheries plus septentrionales au filet maillant et à la nasse. La prise de mégaptères, si elle ne semble pas préjudiciable au redressement de cette population dans la zone, reste préoccupante en tant que source éventuelle de problèmes. Les captures de baleines de Biscaye ne sont pas très fréquentes, mais comme cette population reste dans un état précaire, elles sont aussi considérées comme un danger potentiel pour la reconstitution de la population.
Balaenoptera acutorostrata Petit rorqual
Le seul enchevêtrement de petit rorqual signalé s'est produit dans une ligne de casiers à homards aux Orcades, en 1986; l'animal s'est ensuite dégagé et échappé (Hislop comm. pers.). Les contenus stomacaux de 28 petits rorquals tués en Norvège en 1988 ont été examinés, et ont révélé la présence de hareng, de morue et de krill (CBI 1990), mais l'interaction de cette espèce avec les pêcheries n'a pas encore été étudiée.
Megaptera novaeangliae Mégaptère
Malingra et Skora (1991) signalent un unique cas de prise accidentelle de cette espèce en mer Baltique en 1979. L'animal était enchevêtré dans un filet dérivant, dans la Baie de Gdansk, mais a été libéré vivant.
Globicephala melaena Globicéphale noir
Des prises accidentelles de globicéphales noirs ont été signalées dans plusieurs pêcheries de l'Atlantique nord-est. L'un s'était noyé, pris dans une ligne de casiers de homards aux Orcades en 1984, un autre de même dans une senne coulissante au large de l'Ecosse en 1986, trois s'étaient pris dans des filets maillants ancrés au large des côtes de Cornouailles (dont deux libérés vivants), sans compter d'autres rapports non confirmés de capture dans des sennes coulissantes au large de la Cornouailles et un cas éventuel de prise dans un chalut démersal dans la même zone de pêche (Northridge 1988). Perez et Nores (1988) signalent un globicéphale noir pris dans des engins de pêche au Nord de l'Espagne entre 1977 et 1988. Ces cas isolés sont peut-être l'indice d'une mortalité accidentelle sporadique, mais on manque d'informations sur l'échelle de cette mortalité et sur son incidence sur la population.
Lagenorhynchus albirostris Lagénorhynque à bec blanc
Le lagénorhynque à bec blanc compte parmi les espèces les plus communes dans les eaux septentrionales de l'Europe, et il est signalé en petit nombre dans les pêcheries de hareng; on a connaissance de quatre décès en deux incidents distincts, en 1987, au large de l'Ecosse, et il existe une mortalité de cette espèce au large de la côte du Yorkshire (Nord-Est de l'Angleterre) chaque été, quand les chalutiers hollandais viennent pêcher le hareng dans cette région (Northridge 1988). Malingra et Skora (1991) mentionnent deux individus pris par un navire de pêche non précisé en mer Baltique dans les années 80. Il existe aussi des mentions non confirmées que cette espèce est prise dans la pêcherie irlandaise de saumon au filet dérivant. La taille de la population est inconnue, et l'incidence de la pêche n'a pas été évaluée.
Lagenorhynchus acutus Lagénorhynque à flancs blancs de l'Atlantique
Un individu a été signalé s'être pris dans le nord-est de l'Angleterre en 1985, dans un chalut ou une senne (CBI 1987). Aucune autre mention de capture accidentelle récente n'a été retrouvée.
Tursiops truncatus Souffleur
La prise accidentelle de souffleurs dans des filets maillants dans le sud de l'Angleterre est signalé en très petit nombre; par ailleurs un individu est mort après s'être enchevêtré dans un orin de filet (Northridge 1988). Des rapports non confirmés indiquent une certaine mortalité dans les pêcheries irlandaises au filet dérivant, et on connaît aussi des cas de capture accidentelle dans les pêcheries françaises (Scialabba 1989). L'incidence de ces captures sur les populations locales n'est pas connue.
Grampus griseus Dauphin de Risso
A l'exception de la capture accidentelle signalée par Collet (1981) aucune autre n'a pu être retrouvée.
Stenella coeruleoalba Dauphin bleu et blanc
Signalée par Perez et Nores comme prise “sporadiquement” dans des engins de pêche au nord de l'Espagne, cette espèce devrait logiquement être aussi capturée dans les pêcheries françaises et portugaises, mais de façon générale les rapports manquent à ce sujet. Les estimations des captures de dauphins par la flottille française pêchant le thon germon au filet dérivant s'établissaient pour 1990 à 420–460 individus (Antoine 1990), dauphin bleu et blanc et dauphin commun confondus.
Delphinus delphis Dauphin commun
C'est l'un des cétacés que l'on signale le plus souvent s'être pris dans des filets dans l'Atlantique nord–est. Le dauphin commun est pris en nombre inconnu dans les filets dérivants irlandais à saumon (Berrow comm. pers.). Un navire de recherche irlandais a exploité un filet dérivant d'un kilomètre pendant trois semaines par an sur une période de quatre ans, et y a pris deux dauphins communs. Ce dauphin est signalé s'être pris dans les sennes coulissantes à maquereaux dans le sud-ouest des Iles britanniques (Pascoe 1986), dans les chaluts pélagiques de navires de recherche anglais, dans la Manche (Northridge 1988), et dans un engin non identifié de type chalut dans la Manche (MacBrearty, comm. pers.). La capture accessoire de petits cétacés est considérable dans la pêcherie anglaise au filet de fond calé au large de la côte sud-ouest de l'Angleterre, et on pense qu'elle se compose pour l'essentiel de cette espèce, quoiqu'on n'ait pas obtenu d'échantillons. Les captures annuelles, estimées à partir d'un nombre très limité d'entrevues avec les pêcheurs, pourraient se chiffrer par centaines (Northridge 1988). Les captures de dauphins se poursuivent dans diverses pêcheries françaises, et grand nombre d'animaux présentant des traces évidentes d'emmaillage sont venus s'échouer sur les côtes atlantiques françaises depuis quelques années. Il existe aussi dans cette zone une importante pêcherie française au filet maillant, qui opère de manière assez semblable à la pêcherie britannique, ainsi que plusieurs pêcheries au chalut. Il a été estimé que la flottille française de pêche au thon germon au filet dérivant dans l'Atlantique a pris en 1990 entre 420 et 460 dauphins (Antoine 1990), semble-t-il tant dauphins communs que dauphins bleu et blanc. Perez et Nores (1988) indiquent pour la côte nord de l'Espagne sept mentions de dauphins communs pris dans des engins de pêche entre 1977 et 1987. Reiner (1980) indique aussi onze prises de dauphins communs dans les filets portugais en 1980. Sequeira (1990) observe que des dauphins communs sont fréquemment pris dans les pêcheries côtières portugaises: 47 % des captures mentionnées étaient le fait de la pêche au filet maillant. L'échelle des captures accessoires de cette espèce est sans conteste importante (Collet (1983) les a estimées entre 2 000 et 2 500 animaux par an, pour l'essentiel des dauphins communs pris dans les pêcheries françaises de l'Atlantique), mais les incidences sur la population ne sont pas connues.
Phocoena phocoena Marsouin commun
Le marsouin commun est lui aussi fréquemment capturé dans de nombreuses pêcheries des eaux européennes. Bjorge et Oein (1989) ont recueilli 96 marsouins communs en deux mois auprès de 580 pêcheurs de saumon au filet dérivant dans les eaux côtières norvégiennes, en 1988. Cette pêcherie est maintenant fermée. Des captures, en petit nombre, ont également été enregistrées en mer Baltique, dans les filets polonais à saumon et à hareng (Skora et al., 1988) et dans les filets allemands à morue (Kremer et Schultz 1990). Dans les eaux suédoises Lindstedt et Lindstedt (1989) ont signalé 149 animaux pris dans les engins de pêche (86 % dans des filets maillants, le reste surtout dans des chaluts) entre 1973 et 1987, et 23 autres animaux pris entre juin et décembre 1988. Kinze (1990a) a rapporté que les captures au Danemark se produisent surtout dans les filets maillants calés à morue et à poisson plat dans les eaux danoises, et quoiqu'il n'ait pas été possible de déterminer la quantité totale des captures, un même navire est réputé avoir pris 47 sujets en 1989, 94 animaux ayant été relevés entre 1986 et 1989. Les captures totales des navires danois sont présumées être beaucoup plus lourdes. Kinze (1990b) a estimé à 750 animaux la capture annuelle de marsouins dans les filets maillants de la flottille d'un seul port du Jutland. Quelques captures ont été signalées dans le secteur des Feroë, dans des filets à hareng (Heje Larsen 1990). En Ecosse les marsouins se prennent dans les chaluts de pêche côtière des Shetland et d'ailleurs; les quantités totales prises ne sont pas connues, mais les captures dépassaient 20 en 1988/89. Ces captures accessoires se produisent dans d'autres pêcheries britanniques au chalut, en nombre inconnu, et de temps à autres dans les pêcheries au filet maillant, principalement le long de la côte est de l'Angleterre. On a même signalé des animaux crochetés par les hameçons de palangriers. Les captures de marsouins communs semblent se produire dans la plupart des pêcheries britanniques, mais l'échelle de la prise totale est inconnue, ainsi que l'incidence sur la ou les populations (Northridge 1988). En Irlande le marsouin est fréquemment pris dans les filets maillants, calés ou dérivants, mais là aussi on ignore l'échelle des captures totales (Berrow, comm.pers.). En France on ne rencontre pas souvent le marsouin commun, mais dans le nord de l'Espagne, Perez et Nores (1989) ont constaté qu'il s'agit-là du cétacé le plus pris dans les engins de pêche, 29 spécimens ayant été trouvés entre 1977 et 1987. Dans les eaux portugaises également, le marsouin commun se prend en nombre inconnu dans les engins de pêche, avec d'autres espèces (Sequeira, comm. pers.). Dans l'ensemble le marsouin commun se prend dans des types d'engins plus divers, et peut-être en plus grand nombre, que toute autre espèce de mammifère marin présente dans cette zone. Les incidences sur les populations n'ont pas été évaluées, mais comme cette espèce est essentiellement côtière, elle se trouve en contact avec des pêcheries dans toute son aire de répartition; aussi compte tenu d'une mortalité apparemment appréciable, la prise dans les engins de pêche doit être considérée comme un facteur potentiellement important du cycle biologique de l'espèce, dans cette zone de pêche comme dans d'autres.
Phoca vitulina Phoque veau marin
Des captures dans les chaluts pélagiques à sprat dans le Wash (Angleterre) ont été rapportées, les années où cette pêche se pratique, ainsi que dans les filets de protection des élevages écossais de saumon, où plusieurs centaines d'individus peuvent se noyer chaque année (Ross 1988). Des captures sont aussi signalées dans d'autres engins fixes au pourtour de la Grande-Bretagne (Northridge 1988), en France et au Danemark (Scialabba 1989). On manque de données récentes sur les captures de cette espèce, mais il est raisonnable de penser qu'il s'en produit aussi ailleurs. L'effectif de cette espèce s'est fortement réduit, surtout dans l'est et le sud de la mer du Nord, après une épidémie virale en 1988. Ses habitudes alimentaires ont récemment été étudiées par Pierce et al. (1990) en Ecosse et par Harkonen (1988) dans le Kattegat et le Skagerrak. Clupéidés, lançons et petits gadidés dominent dans sa ration. La concurrence avec la pêche n'a pas été évaluée en détail. McCarthy (1985) a constaté que les phoques veaux marins sont les principaux auteurs des dommages dans les pêcheries de saumon au filet maillant en Irlande, avec 8 à 45 % des captures. De temps à autres des phoques se noient dans les filets de cette pêcherie.
Phoca groenlandica Phoque du Groënland
Depuis quelques années en Norvège se sont produites des prises très nombreuses de cette espèce, surtout dans les pêcheries de morue au filet fixe le long de la côte nord du pays. Au moins 37 000 phoques du Groënland sont morts dans les eaux norvégiennes de cette manière en 1987, mais une mortalité importante dans les pêcheries au filet est signalée depuis les années 70 dans cette zone; beaucoup des phoques tués ainsi étaient jeunes et en mauvais état (Oritsland, comm. pers.). Il est possible que ces phoques aient été affectés par le déclin des stocks de capelans et autres poissons dans la mer de Barents. Les captures ont fortement diminué depuis le pic enregistré en 1987, tandis que parallèlement les stocks de capelans se redressaient.
Halichoerus grypus Phoque gris
Il est signalé que le phoque gris se prend dans une large gamme d'engins. En Grande-Bretagne les captures sont les plus nombreuses dans les filets fixes, y compris les petits filets maillants d'Ecosse où les taux d'emmaillage semblent être plutôt élevés (un pêcheur en a pris 36 en une seule campagne), et dans les pêcheries au filet fixe de Cornouailles et du Nord-Est de l'Angleterre. La plupart des animaux pris dans ces filets étaient jeunes, et le marquage fait apparaître qu'au minimum 1 à 2 % des jeunes finissent noyés dans des engins de pêche (Northridge 1988). On signale aussi que les phoques gris sont capturés en nombre non spécifié en Suède, en Finlande, en Norvège et en France (Scialabba 1989). On signale fréquemment des dommages occasionnés dans les pêcheries par les phoques gris. Heap et al. (1986) ont constaté qu'environ 5 % du poisson capturé dans les pêcheries côtières au filet fixe était endommagé par les phoques, et McCarthy (1985) a observé que les phoques gris étaient en partie responsables des dommages subis par le saumon capturé dans les filets maillants, affectant de 8 à 44, 5 % de la capture. La concurrence avec la pêche a été examinée par Harwood et Croxall (1988), qui ont trouvé que la consommation de la plupart des espèces proies des phoques gris de la mer du Nord était d'un ou deux ordres de grandeur de moins que le rendement de la pêcherie; faisaient exception la limande, la plie et la lingue, pour lesquelles les rendements des pêcheries étaient très faibles.
Les autres espèces présentes dans la zone, mais pour lesquelles on ne dispose pas d'informations récentes en ce qui concerne les interactions avec les pêcheries, sont notamment les suivantes: Eubalaena glacialis, Balaena mysticetus, Balaenoptera physalus, B. musculus, B. borealis, Mesoplodon bidens, M. grayi, M. mirus, Ziphius cavirostris, Hyperoodon ampullatus, Physeter macrocephalus, Kogia breviceps, Monodon monoceros, Delphinapterus leucas, Steno bredanensis, Pseudorca crassidens, Orcinus orca, Odobenus rosmarus, Erignathus barbatus, Cystophora cristata, Monachus monachus.
Zone 27 Résumé
Les principales espèces touchées par les captures accidentelles dans des engins de pêche dans cette zone sont le marsouin commun et le dauphin commun. La concurrence avec la pêche n'a été examinée qu'en ce qui concerne le phoque gris.
Les pêcheries où les captures accidentelles sont les plus élevées sont celles où l'on utilise le filet maillant, surtout fixe, lesquelles se répartissent dans toutes les eaux côtières de la région, et peuvent s'étendre jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres au large. Les chaluts prennent eux-aussi par endroits un nombre relativement important de certaines espèces, par exemple des marsouins communs aux Shetland, ou parfois des dauphins communs dans le cas de la pêche pélagiqe au maquereau.
L'incidence des captures accidentelles sur les populations de dauphins communs et de marsouins communs n'est pas connue. Les populations de dauphins communs ne semblent pas manifester de diminution dans la région considérée, quoique les captures se chiffrent par milliers. Il a été estimé que les populations de marsouins communs pourraient avoir diminué dans certaines régions, comme dans la Baltique et le sud de la mer du Nord, mais le rôle que peut avoir joué la pêche dans ce recul numérique n'est pas connu avec certitude.
Eubalaena glacialis Baleine de Biscaye
Burn et Scott (1988) mentionnent deux individus capturés accidentellement dans des pêcheries (non précisées) de Floride et de Caroline du Nord entre 1974 et 1984. Vu l'état précaire de cette population (qui se reproduit dans les eaux côtières du Sud-Est des Etats-Unis), même un nombre de prises moindre pourrait avoir des effects sensibles.
Megaptera novaeangliae Mégaptère
Burn et Scott (1988) signalent aussi le piégeage de trois mégaptères en Virginie et en Caroline du Nord entre 1974 et 1984. Vidal (1990) mentionne la capture d'un jeune de mégaptère dans un filet maillant en République dominicaine.
Kogia breviceps Baleine franche naine
Ici encore, Burn et Scott (1988) signalent trois captures accidentelles en Virginie et en Caroline du Nord entre 1974 et 1984. Vidal (1990) signale la capture d'un individu pris dans une pêcherie côtière au filet maillant dans le Golfe de Morrosquillo (Colombie) en 1988.
Sotalia fluviatilis Sotalie
Van Waerebeek (1990) rapporte des captures accidentelles de petits cétacés dans des filets maillants dans les eaux de la Guyane française, parmi lesquelles il estime que cette espèce pourrait figurer. L'échelle de cette interaction n'a pas été établie. Vidal (1990) signale lui aussi la capture d'un individu en 1986, dans une pêcherie au filet maillant des bouches du fleuve Sinu, en Colombie.
Pseudorca crassidens Faux orque
Des palangriers japonais auraient pris au moins huit faux orques dans cette zone entre 1978 et 1987, selon les rapports d'observateurs américains (Burn et Scott 1988).
Orcinus orca Orque
Il a été signalé qu'un orque s'était noyé dans un filet dérivant à Trinité en 1987 (Ottley, comm. pers.), mais il semble que ce soit là le seul exemple d'interaction dans cette zone.
Globicephala macrorhynchus Globicéphale tropical
Burn et Scott (1988) mentionnent la capture accidentelle de 15 globicéphales tropicaux par la flottille de palangriers japonais, attestée par des observateurs américains, entre 1978 et 1987.
Tursiops truncatus Souffleur
Le souffleur est l'espèce la plus largement prise dans cette zone. Reynolds (1985) a examiné les informations relatives aux interactions entre souffleurs et pêcheries dans le sud-est des Etats-Unis. En Caroline du Nord la principale interaction se produit avec la pêcherie à la senne coulissante du menhaden, dans laquelle une quinzaine de souffleurs sont réputés être tués chaque année, outre la mortalité dans d'autres pêcheries. En Caroline du Sud la pêche à l'esturgeon et à l'alose au filet maillant sont aussi données pour faire une quinzaine de victimes par an chez les souffleurs. Il a par la suite été mis fin à la pêche à l'esturgeon au filet maillant et à la pêche hauturière au filet maillant à l'alose, aussi la mortalité accidentelle du souffleur dans les pêcheries côtières d'alose au filet maillant devrait maintenant représenter le principal élément de la mortalité totale. Quelques piégeages de souffleurs dans des filets maillants en Georgie et en Floride ont été signalés, mais Reynolds rapporte aussi qu'un de ses informateurs lui a signalé une mortalité à grande échelle (par centaines) de dauphins d'espèce non précisée dans une pêcherie de thon au filet, au large de la Floride. La nature de cette pêcherie n'était pas claire, et le cas n'est pas établi de façon certaine. On signale que les dauphins endommagent les engins de pêche sur les deux côtes de Floride, et seraient semble-t-il abattus à l'arme à feu par les pêcheurs de maquereau. Dans le Golfe du Mexique, des souffleurs pourraient aussi mourir, en petits nombres, dans les chaluts à crevettes et les filets maillants, tandis que quelques autres pourraient être abattus par les pêcheurs parce qu'ils endommagent les filets. Les souffleurs sont l'espèce de cétacés la plus abondante dans cette zone, aussi semble-t-il qu'elle soit la plus exposée au piégeage dans les engins de pêche côtière. Ottley (comm. pers.) rapporte que des dauphins sont parfois pris dans des filets dérivants à Trinité, mais les espèces n'ont pas été identifiées. Van Waerebeek (1990) signale une capture accessoire de petits cétacés en nombre le cas échéant assez grand, parmi lesquels pourraient figurer des souffleurs, dans les eaux de la Guyane française. Vidal (1990) rapporte la capture d'un individu dans un filet maillant, dans une pêcherie côtière de Colombie. D'autres pêcheries au filet maillant, au Mexique par exemple, pourraient aussi vraisemblablement avoir un impact sur le souffleur dans cette zone. Reynolds (1985) note que même un petit nombre d'animaux tués par les engins de pêche pourrait avoir une incidence grave sur les populations localisées.
Grampus griseus Dauphin de Risso
Vidal (1990) rapporte la capture d'un spécimen en Colombie en 1989, dans une pêcherie au filet maillant.
Stenella longirostris Dauphin à long bec
Il est fait mention de dauphins à long bec capturés par la flottille de palangriers japonais (un animal signalé entre 1978 et 1987). Un autre a été pris par un engin de pêche non précisé en Floride (Burn et Scott 1988).
Stenella attenuata Dauphin tacheté pantropical
Burn et Scott (1988) donnent deux cas de capture par la flottille de palangriers japonais.
Stenella frontalis Dauphin tacheté de l'atlantique
Vidal (1990) signale un individu capturé dans une pêcherie colombienne au filet maillant, en 1989.
Delphinus delphis Dauphin commun
La capture de six dauphins communs a été signalée par la flottille de palangriers japonais (Burn et Scott 1988).
Phocoena phocoena Marsouin commun
Quoiqu'à la limite de l'aire de répartition du marsouin commun dans la partie septentrionale de la zone considérée, trois cas d'enchevêtrement ont été répertoriés en Virginie et en Caroline du Nord, dans des engins non précisés (Burn et Scott). Read (1990) mentionne aussi des captures de cette espèce dans les pêcheries côtières au filet maillant vers la limite méridionale de l'aire de répartition, et a recommandé que ces cas soient examinés de plus près.
Trichechus manatus Lamentin des Antilles
Entre 1974 et 1984, au moins 30 lamentins ont été signalés s'être pris dans les lignes des crabiers de Floride, et deux au moins en sont morts. Compte tenu de la petite taille de leur population, de tels incidents pourraient avoir des effets sensibles.
Les autres espèces réputées être représentées dans la zone, ne serait-ce que d'aventure, mais pour lesquelles on ne dispose pas d'informations récentes particulières, sont notamment: Balaenoptera physalus, B. musculus, B. acutorostrata, B. borealis, B. edeni, Mesoplodon densirostris, M. europaeus, M. mirus, Z. cavirostris, Physeter macrocephalus, Steno bredanensis, Peponocephala electra, Feresa attenuata, Lagenodelphis hosei, Stenella coeruleoalba, Stenella clymene, Inia geoffrensis, (Zalophus californianus), Phoca vitulina et Monachus tropicalis (espèce éteinte).
Zone 31 Résumé
L'espèce la plus fréquemment concernée par l'interaction de la pêche est le souffleur. Les baleines de Biscaye et les lamentins sont touchés en petit nombre, mais la petite taille de leur population pourrait rendre cette interaction relativement importante.
Les pêcheries côtières au filet maillant semblent être fréquemment impliquées dans les captures de souffleurs, et le cas échéant de sotalies. Le nombre relativement grand de cas de captures signalées pour les activités de la flottille de palangriers japonais dans cette zone s'explique certainement par la présence systématique d'observateurs, plutôt que par quelque élévation relative du taux de capture accessoire de cette flottille par rapport à d'autres. La pêche au crabe en Floride pourrait avoir une incidence sur les lamentins.
Les interactions des mammifères marins avec les pêcheries ne font l'objet de quasiment aucune étude scientifique dans les zones méridionales ou extérieures aux eaux des Etats-Unis de la région à l'examen; le rapport récent de van Waerebeek (1990) fait entendre qu'il est possible que des interactions notables, mais non signalées, se produisent.
Globicephala macrorhynchus Globicéphale tropical
Heimlich-Boran (1990) signale que certains des globicéphales tropicaux que l'on étudie aux Canaries portent les cicatrices de blessures faites par des filets, mais on ne dispose pas d'informations sur une mortalité liée ála pêche.
Tursiops truncatus Souffleur
Scialabba (1989, citant une communication personnelle de Maigret) rapporte que cette espèce est prise en nombres inconnus par les flottilles étrangères de pêche pélagique au large des côtes de Mauritanie, ainsi que dans les filets maillants de pêche côtière. On ne dispose pas d'autres précisions.
Delphinus delphis Dauphin commun
Cette espèce est aussi réputée se prendre dans les chaluts pélagiques des flottilles étrangères au large de la côte Mauritanienne, en quantités inconnues (Scialabba, citant une communication personnelle de Maigret).
Monachus monachus Phoque moine de Méditerranée
Des enchevêtrements dans des filets maillants côtiers ont été signalés en Mauritanie (Scialabba, citant une communication personnelle de Maigret), mais ni compte rendu publié, ni données quantitatives n'ont pu être obtenus.
Trichechus senegalensis Lamentin du Sénégal
Les lamentins sont, signale-t-on, capturés dans les pêcheries côtières et fluviales au filet, au Sénégal tout au moins (Scialabba 1989), et vraisemblablement dans la majeure partie du reste de leur aire de répartition. Reeves et al. (1988) signalent aussi que des lamentins sont pris dans les engins de pêche (délibérément aussi bien qu'accidentellement) en Sierra Leone. L'impact des captures accidentelles dans les engins de pêche est inconnu. En Sierra Leone, les pêcheurs rapportent aussi que les lamentins viennent se servir en poisson dans les filets maillants (Reeves et al 1989); le fait n'a pas encore été confirmé.
Les autres espèces présentes dans la zone, pour lesquelles on ne dispose pas d'informations récentes sur les interactions avec les pêcheries sont notamment: Eubalaena glacialis, Balaenoptera physalus, B. musculus, B. acutorostrata, B. borealis, B. edeni, Megaptera novaeangliae, Mesoplodon densirostris, Ziphius cavirostris, Physeter macrocephalus, Kogia breviceps, Steno bredanensis, Sousa teuszii, Peponocephala electra, Feresa attenuata, Pseudorca crassidens, Orcinus orca, Grampus griseus, Stenella longirostris, Stenella coeruleoalba, Stenella attenuata, S. frontalis, S. clymene, Phocoena phocoena.
Zone 34 Résumé
On dispose de très peu d'informations sur les interactions entre les mammifères marins et la pêche dans cette zone. Les données sont tellement rares qu'il serait même difficile de deviner quelles sont les espèces les plus souvent prises. Le sousa atlantique et le lamentin du Sénégal sont tous deux distribués le long des côtes et endémiques dans cette région, et pourraient être considérés comme étant les plus exposés aux activités de pêche côtière. Les phoques moines sont aussi potentiellement vulnérables, étant parmi les plus rares de tous les mammifères marins, mais pour l'heure il n'y a guère d'indications que la population mauritanienne de cette espèce a été touchée par la pêche. Le marsouin commun, souvent pris dans les pêcheries côtières dans d'autres secteurs de son aire de répartition, est aussi présent dans les eaux septentrionales de cette zone.
De grandes pêcheries pélagiques au chalut sont actives sur une grande part de la côte d'Afrique de l'Ouest, de même que des pêcheries à la senne coulissante. On peut escompter que les premières prennent pour le moins des espèces pélagiques de dauphins, tandis que des rapports antérieurs signalent que les dernières feraient porter leurs efforts sur les bancs de thons signalés et suivis par les dauphins, bien que l'on ignore dans quelle mesure cette pratique se poursuit. Les pêcheries côtières sont souvent exploitées au filet maillant, engin dans lequel on peut s'attendre à ce que se prennent des lamentins et autres espèces côtières.
Il n'existe aucune indication des effets, s'il en est, des pêcheries sur les populations de mammifères marins dans cette zone, et la concurrence entre ceux-ci et les activités de pêche n'a pas été évaluée.
Balaenoptera physalus Rorqual commun
Un jeune rorqual commun a été signalé par di Natale (1989) pour s'être pris dans une palangre dans l'Est de la Sicile.
Balaenoptera acutorostrata Petit rorqual
Di Natale (1989) signale que deux petits rorquals ont été trouvés pris dans des filets maillants non précisés dans les eaux françaises.
Ziphius cavirostris Ziphius
Bello (sous presse, cité par di Natale 1989) rapporte qu'un ziphius a été pris par une palangre dans le sud de l'Adriatique. D'autres cas sont signalés dans la pêcherie italienne d'espadons au filet dérivant, qui a récemment pris fin; deux animaux sur les 150 identifiés comme s'étant pris dans des engins de pêche (filets dérivants vraisemblablement) appartenaient à cette espèce (Notarbartolo di Sciara 1990).
Physeter macrocephalus Cachalot
Semble-t-il de façon inaccoutumée, des cachalots ont été assez souvent signalés comme s'étant pris dans des engins de pêche en Méditerranée. Di Natale (1989) mentionne un spécimen pris dans un trémail côtier, et dans un chalut également. Les prises dans les filets dérivants sont assez fréquentes: Notarbartolo di Sciara (1990) répertorie 150 cétacés échoués dont on pense qu'ils seraient morts dans des engins de pêche (vraisemblablement des filets dérivants), dont 24 cachalots. Di Natale (1989) estime que les filets dérivants sont le principal facteur de mortalité des cachalots en Méditerranée centrale.
Pseudorca crassidens Faux orque
Di Natale (1989) rapporte que deux faux orques ont été pris par des palangres en mer Tyrrhénienne, au large des côtes de Calabre.
Orcinus orca Orque
Di Natale (1989) signale la capture d'un orque dans un piège à thons, devant la Sicile.
Globicephala melaena Globicéphale noir
Des globicéphales ont aussi été pris dans les filets dérivants utilisés pour pêcher l'espadon. Sept pour cent des animaux répertoriés par Notarbartolo di Sciara étaient des globicéphales.
Tursiops truncatus Souffleur
On signale que le souffleur se prend aux palangres, dans les trémails, les filets dérivants et les chaluts des pêcheries de Méditerranée (Di Natale 1989). Di Natale suggère que ces animaux se nourrissent du poisson pris dans les chaluts, et signale aussi qu'ils sont réputés faire des razzias dans les filets calés dans les eaux italiennes, et prendre des encornets sur les palangres dans le détroit de Messine. Dans l'échantillon de cétacés de Notarbartolo di Sciara, 9 % étaient des souffleurs, ce qui suggère une capture accessoire fréquente dans les filets dérivants. Des dommages faits par les dauphins ont été signalés dans les pêcheries côtières de Tunisie (CGPM 1989), mais les espèces et la nature des dommages ne sont pas précisées. Les souffleurs sont toutefois les fautifs les plus vraisemblables compte tenu des dommages signalés ailleurs.
Grampus griseus Dauphin de Risso
Di Natale (1989) rapporte des captures par des palangres (deux spécimens), des filets fixes (en France) et des filets dérivants (en Italie). Cinq animaux (3 %) de l'échantillon de Notarbartolo di Sciara étaient des dauphins de Risso.
Stenella coeruleoalba Dauphin bleu et blanc
Magnaghi et Podesta (1987) rapportent la capture de 8 dauphins bleu et blanc dans une opération de pêche au thon à la senne coulissante dans le golfe Ligure; 5 étaient morts. Le fait n'est, semble-t-il, pas courant. Di Natale (1989) signale d'autres captures dans les pêcheries à la palangre, au chalut et au filet maillant. Le dauphin bleu et blanc est l'espèce la plus fréquemment prise accidentellement par les filets dérivants (68/150, soit 45 % de l'échantillon de Notarbartolo di Sciara). Sur la base d'entrevues avec plusieurs centaines de pêcheurs utilisant le filet dérivant, Di Natale (comm. pers.) a estimé que les captures totales de cétacés pourraient avoir été supérieure à 5000 sujets en l'espace de quelques années, ce qui fait supposer qu'un très grand nombre de dauphins bleu et blanc auraient été pris. L'incidence de la pêche sur la population n'est pas connue.
Delphinus delphis Dauphin commun
Signalé dans les chaluts et dans les trémails (Di Natale 1989), le dauphin commun vient par son nombre au deuxième rang des cétacés dans les eaux turques de la mer Noire, où la population se rétablit après une exploitation intensive, et pourrait actuellement avoisiner les 150 000 (Celikkale et al. 1989); les pêcheurs de la région se plaignent de la population croissante de cétacés, qui d'après eux serait la cause de la baisse des rendements de poisson (Celikkale 1990).
Phocaena phocoena Marsouin commun
Plus ou moins cantonné à la mer Noire, c'est-là la plus nombreuse des espèces de cétacés qui y sont résidentes, avec 53 % du total et une population estimée à environ 240 000 individus. Des captures de cétacés sont signalées se produire, mais les nombres, les espèces et les types d'engins concernés ne sont pas précisés (Celikkale 1990); chaluts et sennes coulissantes sont les engins les plus utilisés dans les eaux turques. Comme pour le dauphin commun, Celikkale (1990) rapporte que les pêcheurs rendent responsables les populations de cétacés de la baisse des rendements en poisson.
Monachus Phoque moine de Méditerranée
La capture délibérée et accidentelle du phoque moine est l'une des principales menaces qui pèsent sur la survie de cette espèce (PNUE 1990). Huit phoques moines sont signalés s'être noyés dans des engins de pêche en mer Ionienne depuis 1978, dont trois dans des trémails, deux dans des filets maillants et un pris par une palangre (Anon 1988b). Les captures accidentelles, ailleurs, ne sont pas dénombrées mais se poursuivent. Di Natale et Notarbartolo di Sciara (1990) par exemple mentionnent que des captures accidentelles de phoques moines continuent de se produire occasionnellement dans les filets maillants côtiers algériens. Les pêcheurs de Rhodes auraient abattu au fusil 20 sujets en 1985 pour se venger des dommages faits à leurs engins de pêche (Naturopa 1985). La population totale pourrait aujourd'hui ne pas dépasser 600 individus (PNUE 1990).
Les autres espèces dont on sait qu'elles sont représentées dans la zone, mais pour lesquelles on ne dispose pas d'informations sur l'interaction avec la pêche sont notamment: Eubalaena glacialis, Megaptera novaeangliae, Mesoplodon bidens, Hyperoodon ampullatus, Steno bredanensis.
Zone 37 Résumé
Les espèces les plus touchées par l'interaction avec la pêche semblent être le phoque moine, le dauphin bleu et blanc, et le cachalot. Le souffleur se prend aussi dans des engins très divers, et ferait des dommages occasionnels dans certaines pêcheries, localement.
L'engin qui interagit le plus avec les mammifères marins est en général le filet maillant. Une pêcherie importante au filet dérivant a récemment été fermée, mais d'autres continuent d'être exploitées à plus petite échelle, et les pêcheries au filet fixe sont répandues.
On invoque une concurrence des mammifères marins avec la pêche en mer Noire, et récemment aussi en Italie (Di Natale, comm. pers.), où dans certains secteurs méridionaux des pêcheurs demandent une réduction de l'effectif des dauphins pour contenir la concurrence dont ils s'estiment victimes. Le problème est actuellement à l'étude.
Megaptera novaeangliae Mégaptère
Siciliano et Lodi (1989) signalent un unique cas d'enchevêtrement de mégaptère dans un filet maillant près de l'archipel des Abrolhos, au Brésil; ils observent aussi que le nombre des mégaptères au large des côtes brésiliennes semble avoir augmenté depuis quelques années. Praderi (1990) signale un mégaptère pris dans des filets maillants à requins dans les eaux uruguayennes.
Physeter macrocephalus Cachalot
Pinedo et al. (1986, cité in Scialabba 1989) rapportent des captures occasionnelles de cachalots par des engins non précisés au Brésil.
Sotalia fluviatilis Sotalie
On signale que des sotalies s'enchevêtrent dans des sennes de plage et, plus fréquemment, dans des filets maillants calés et des filets dérivants dans toute leur aire de répartition en Amazonie centrale (da Silva et Best 1990). Ces auteurs estiment que les différences de taille et d'espèces des poissons pris par les pêcheurs et par les cétacés amazoniens devraient vraisemblablement restreindre la concurrence entre eux. Canella et Ximenez (1990) mentionnent aussi que des sotalies se prennent dans les filets maillants dans le nord du Brésil, notamment dans la baie de Marajo, à Algodoal, Raposa et Vieira, autour de l'île de Sao Luis, et qu'on en capture comme appât à requin à Bahia.
Pseudorca crassidens Faux orque
Cette espèce est aussi signalée comme étant prise occasionnellement dans les pêcheries brésiliennes (Pinedo et al. 1986, cité in Scialabba 1989).
Globicephala melaena Globicéphale noir
Six cas de capture de globicéphales par des palangriers dans les eaux brésiliennes entre 1980 et 1985 ont été rapportés par Pinedo et al. (1986, cités in Scialabba 1989). Batista et Batista (1984, cité in Goodall, Galeazzi et Lichter 1988) signalent aussi la capture d'un globicéphale dans une pêcherie commerciale hauturière (senne coulissante ou chalut).
Lagenorhynchus obscurus Lagénorhynque obscur
Des lagénorhynques obscurs se prennent dans une pêcherie à la senne coulissante au large de la côte Argentine, près de Necochea (Monzon et al., 1990); 50 à 100 lagénorhynques obscurs et dauphins communs pourraient être pris ainsi annuellement. Un nombre inconnu de sujets s'enchevêtrent aussi dans une pêcherie analogue à la senne coulissante à Mar del Plata (Crespo et Corcuera 1990). La pêcherie au chalut de surface de Mar del Plata pourrait aussi en prendre quelques spécimens chaque année, et on signale d'autres captures accidentelles, peu nombreuses, dues à des engins non précisés, dans les eaux du sud de l'Argentine (Scialabba 1989). Goodall, Galeazzi et Lichter (1988) signalent 23 autres cas, dont 17 pris dans des filets à anchois, 3 dans des filets à crevettes dans la province de Chubut, et trois dans ces mêmes filets dans la province de Santa Cruz. Crespo et Corcuera (1990) mentionnent aussi une mortalité du lagénorhynque obscur dans la pêcherie au chalut de Chubut: l'échelle de ces captures n'est pas connue.
Lagenorhynchus australis Lagénorhynque de Peale
Cette espèce est donnée pour être prise dans les filets fixes de Terre de Feu, mais le nombre global des captures n'est pas connu (Goodall, Galeazzi et Lichter 1989). Un spécimen a été recueilli dans des filets en Terre de Feu en 1987/88 (Lichter et Goodall 1989).
Tursiops truncatus Souffleur
Un souffleur pris dans une pêcherie côtière au filet, au large de Mar del Plata, en 1982, a été signalé par Batista et Batista (1984, cité in Goodall, Galeazzi et Lichter 1988), et Praderi (1990) signale que trois spécimens ont été pris dans des filets maillants à requins dans les eaux uruguayennes depuis 1974.
Delphinus delphis Dauphin commun
On signale aussi que des dauphins communs sont pris, avec des lagénorhynques obscurs, à raison d'environ 50 à 100 par an (ces deux espèces confondues) dans une pêcherie à la senne coulissante au large de Necochea (Argentine) (Monzon et al., 1990), et en nombre non précisé dans une pêcherie au chalut de Chubut (Crespo et Corcuera 1990).
Cephalorhynchus commersonii Dauphin de Commerson
Le dauphin de Commerson est pris dans les pêcheries au chalut de Chubut, de Terre de Feu et de la péninsule de Valdez, à raison de plusieurs dizaines de spécimens par an (Scialabba 1989). Goodall et al. (1988) estiment qu'un certain nombre pourraient aussi être capturés en Terre de Feu pour servir d'appât pour la pêche au crabe, comme c'est la pratique dans la partie chilienne de cette région, mais probablement en nombres plus petits qu'au Chili. La mortalité accessoire dans les filets fixes à robalo (Eleginops maclovinus) se poursuit, mais les chiffres ne sont pas connus (Goodall et al., 1988); des captures accessoires dans les filets maillants côtiers sont aussi signalées dans les provinces de Chubut et de Santa Cruz (25 enregistrées en 3 ans: Goodall, Galeazzi et Lichter 1988), et en Terre de Feu où au moins 14 animaux (plus “probablement” six autres) se sont noyés dans des filets en 1987/88 (Lichter et Goodall 1989). Crespo et Corcuera (1990) signalent aussi des captures dans des chaluts de fond et pélagiques dans la province de Chubut, et dans une pêcherie au chalut pélagique dans la province de Santa Cruz, en Argentine.
Phocoena spinipinnis Marsouin de Burmeister
Il est signalé qu'une dizaine à une quinzaine de spécimens de cette espèce sont pris chaque année dans les filets à requins posés à une cinquantaine de milles au large de Necochea (Monzon et al., 1990). D'autres sont aussi pris, de toute évidence, dans les filets fixes de Terre du Feu (1 signalé en 1987/88: Lichter et Goodall 1989), et dans les filets maillants côtiers aux environs de Buenos Aires (8 signalés en 3 ans par Goodall, Galeazzi et Lichter 1988). En Uruguay, Praderi (1990) rapporte la capture de huit marsouins de Burmeister dans des filets maillants à requins depuis 1974.
Australophocaena dioptrica Marsouin à lunettes
Lichter et Goodall (1989) signalent que six marsouins à lunettes sont “probablement” morts dans des filets, maillants présument-ils, en Terre de Feu en 1987/88. Crespo et Corcuera (1990) mentionnent la capture de cette espèce par les chalutiers de Chubut et de Santa Cruz, en Argentine. Le nombre des captures n'est pas connu.
Inia geoffrensis Boutu
Best et da Silva (1989) rapportent des captures accidentelles de boutus dans l'Amazone. Le total des captures n'est pas connu, mais on estime qu'il s'est accru avec l'effort de pêche. L'impression globale est qu'en 1984 les captures accessoires n'avaient pas atteint des proportions excessives. Les sennes et les filets maillants utilisés au lamparo sont le plus souvent responsables de ces captures accessoires.
Pontoporia blainvillei Dauphin de la Plata
Cette espèce est capturée en nombres assez grands dans les filets maillants posés pour prendre le requin le long de la plupart de son aire de répartition côtière. La pêche au requin a commencé en Uruguay en 1942, et les captures de dauphins de la Plata ont été estimées à 279 par an en moyenne entre 1974 et 1978, puis à 134 par an entre 1978 et 1981. Praderi (1990) observe qu'entre 1974 et 1990 plus de 3000 de ces dauphins ont été pris dans les pêcheries uruguayennes de requins. La tendance de l'effort de pêche dans ces pêcheries est à la baisse depuis quelques années. Entre 1976 et 1985 au total 723 dauphins de la Plata ont été pris devant une section de plage de 120 km dans le sud du Brésil, la plupart des spécimens ayant péri dans des filets maillants (Pinedo et al., 1989). Perez Macri et Crespo (1989) signalent des captures accessoires en Argentine et donnent une estimation, à savoir de 340 à 350 dauphins de la Plata tués chaque année, surtout dans les filets maillants, mais aussi dans d'autres engins. La taille des populations n'est pas connue.
Otaria flavescens Eléphant de mer sud-américain
Scialabba (1989) rapporte des captures en Uruguay et en Argentine dans les filets à requins et les chaluts, mais il n'a pu obtenir d'estimations chiffrées. Crespo et corcuera (1990) signalent que les éléphants de mer endommagent les filets dans la pêcherie de requins de Necochea et de Clarameco. Jusqu'à 60 % des captures peuvent être endommagées. Ces mêmes auteurs signalent aussi des captures dans une pêcherie au chalut de Chubut.
Arctocephalus australis Phoque à fourrure sud-américain
Scialabba (1989) signale aussi des captures de cette espèce, en Uruguay et en Argentine, dans des filets et chaluts à requins, mais aucune estimation chiffrée n'est disponible pour ce phoque. Des rapports d'observateurs embarqués à bord de chalutiers aux Falkland indiquent que les phoques à fourrure sont souvent observés à proximité des lieux de pêche, mais en quatre ans un cas seulement de noyade a été enregistré.
Les autres espèces de la zone pour lesquelles on ne dispose pas d'informations récentes sur les interactions avec les pêcheries sont notamment: Eubalaena australis, Caperea marginata, Balaenoptera physalus, B. musculus, B. acutorostrata, B. borealis, B. edeni, Tasmacetus shepherdi, Berardius arnuxii, Mesoplodon layardii, M. hectori, M. grayi, Ziphius cavirostris, Hyperoodon planifrons, Kogia breviceps, Kogia simus, Steno bredanensis, Orcinus orca, Globicephala macrorhynchus, Lagenorhynchus cruciger, Grampus griseus, Stenella longirostris, Stenella coeruleoalba, Stenella attenuata, S. frontalis, Cephalorhynchus eutropia, Mirounga leonina, Leptonychotes weddelli, Trichechus inunguis.
Zone 41 Résumé
Le grand nombre des espèces présentes dans la zone et la gamme d'aires géographiques qui y est représentée rend toute généralisation malaisée. Les principales interactions portent sur les espèces de petite taille. Le dauphin de la Plata semble être touché de façon particulièrement lourde, mais la taille de la population et l'incidence des captures dans les filets à requins sont inconnues. Il apparaît aussi que les dauphins de Commerson sont aussi capturés assez fréquemment en Argentine, mais dans ce cas à nouveau l'incidence de la pêche sur leurs populations n'est pas connue.
Les principales pêcheries qui font des captures accessoires dans la zone à l'examen sont celles qui prennent le requin au filet maillant, et les autres pêcheries côtières au filet maillant. Chaluts et sennes prennent aussi une certaine proportion de cétacés, mais semble-t-il dans une mesure moindre que les filets maillants.
Cephalorhynchus heavisidii Dauphin de Heaviside
Cockcroft (1990) signale une pêcherie côtière de Namibie qui est soupçonnée d'emmailler un nombre inconnu d'individus de cette espèce, laquelle se confine à cette zone.
Arctocephalus pusillus Phoque à fourrure sud-africain
Le régime alimentaire du phoque à fourrure sud-africain a été étudié par David (1987), qui a constanté que le merlu du Cap, l'anchois, le chinchard, la gobie pélagique et le pilchard étaient tous consommés en grandes quantités, quoique la composition du régime varie selon les sites. A l'issue des travaux d'une commission d'enquête, le Gouvernement sud-africain a décidé que la population de phoques à fourrure devait être réduite pour limiter la concurrence qu'elle faisait à la pêche. Cette décision a été critiquée par Butterworth et al. (1988), qui ont objecté qu'elle ne reposait sur aucune base scientifique; l'abattage envisagé n'a pas été exécuté, mais la chasse commerciale au phoque, sous un régime de licence, a été proposée. Le débat sur l'incidence potentielle de cette population de phoques à fourrure sur les pêcheries d'Afrique du Sud se poursuivait en 1991, et un colloque était prévu sur la question.
On n'a pu réunir d'autres informations particulières sur les interactions entre les mammifères marins et la pêche au cours des dernières années dans cette zone. Un grand nombre d'espèces sont présentes dans les eaux concernées, dont plusieurs ont été signalées comme faisant l'object de captures accessoires. Les espèces présentes dans la zone sont notamment: Eubalaena australis, Caperea marginata, Balaenoptera physalus, B. musculus, B. acutorostrata, B. borealis, B. edeni, Megaptera novaeangliae, Berardius arnuxii, Mesoplodon densirostris, M. layardii, M. hectori, M. grayi, M. mirus, Ziphius cavirostris, Hyperoodon planifrons, Physeter macrocephalus, Kogia breviceps, Kogia simus, Steno bredanensis, Sousa plumbea, S. teuszii, Peponocephala electra, Feresa attenuata, Pseudorca crassidens, Orcinus orca, Globicephala melaena, G. macrorhynchus, Lagenorhynchus obscurus, L. cruciger, Lagenodelphis hosei, Tursiops truncatus, Grampus griseus, Stenella longirostris, S. coeruleoalba, S. attenuata, Delphinus delphis, Lissodelphis peronii, Arctocephalus tropicalis, Trichechus senegalensis.
Zone 47 Résumé
Peu d'études récentes semblent avoir porté sur cette zone. La révélation, de fraîche date (Ryan et Cooper 1991), qu'une pêcherie au filet dérivant était exploitée à Tristan da Cunha pour prendre du thon, et capturait accessoirement de petites baleines et des dauphins permet de penser qu'il pourrait y avoir une mortalité considérable dans certaines espèces non encore précisées. La mortalité causée par les captures accessoires de dauphins de Heaviside, espèce cantonnée dans la zone côtière de l'Afrique du Sud et de la Namibie, pourrait représenter elleaussi une interaction importante, mais on manque de données récentes sur les captures et d'une estimation de la taille des populations.
Les pêcheries les plus préoccupantes sont celles où l'on prend le thon au filet dérivant, et toutes les activitiés de pêche côtière susceptibles d'avoir une incidence sur le dauphin de Heaviside. On ne dispose de données ni sur l'une, ni sur les autres. La concurrence éventuelle entre les phoques à fourrure et les pêcheries sud-africaines donne bien évidemment aussi matière à réflexion, et il reste à résoudre le problème posé.