Page précédente Table des matières Page suivante


Aspects d'utilisation et de création de revenus des produits forestiers non ligneux en République tchèque, en Finlande et en Lituanie1

1 Cet article s'inspire de trois communications présentées à l'Atelier international d'experts sur le développement durable des produits non ligneux et avantages tirés des forêts boréales et froides tempérées (Joensuu, Finlande, 18-22 janvier 1998). Les articles de L. Sisak; A. Rutkauskas; et O. Saastamoinen, J. Kangas, A. Naskali et K. Salo ont été publiés dans les actes de l'atelier (voir Bibliographie).

Adapté par S. Olmos

Santiago Olmos travaille à l'Unité d'information et de coordination des programmes forestiers du Département des forêts de la FAO et achève sa maîtrise de sciences à l'Université de Guelph (Canada).

Statistiques concernant la collecte et l'utilisation des PFNL végétaux et animaux.

Les forêts boréales et tempérées renferment une grande variété de produits forestiers non ligneux (PFNL). Dans de nombreux pays, tout le monde a la possibilité de cueillir la plupart - sinon la totalité - de ces produits gratuitement. Si un grand nombre de PFNL sont utilisés pour usage personnel, une part importante est destinée aux marchés (intérieur et d'exportation). Néanmoins, les chiffres présentés par les experts lors d'une récente réunion sur le développement durable des PFNL dans les forêts boréales et froides tempérées indiquent que seule une petite partie de certains de ces produits (par exemple champignons et baies) est effectivement récoltée. Cet article présente les obstacles à la commercialisation de ces produits et examine quelques exemples de mesures et de conditions favorisant l'utilisation des ressources forestières non ligneuses.

Les chiffres fournissent des références sur le potentiel de production et de création de revenus des principaux PFNL des forêts boréales et froides tempérées. Les cas de la République tchèque, de la Finlande et de la Lituanie sont suivis d'observations et de recommandations générales. Pour chaque cas, il est clair que le secteur des PFNL est une source importante d'emplois et de revenus, outre sa contribution aux loisirs et au tourisme.

COLLECTE DE PFNL EN RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

En vertu de l'Article 19 de la dernière loi forestière de 1995, les citoyens ont le droit d'entrer dans la forêt à leurs risques et périls pour ramasser les baies sauvages et le bois sec pour satisfaire leurs propres besoins. Ce faisant, ils ne doivent ni causer de dégâts à la forêt ni altérer l'environnement forestier, et doivent suivre les instructions du propriétaire ou de l'occupant et du personnel de la forêt. Tous les peuplements forestiers sont accessibles, et les gens peuvent cueillir les produits forestiers non ligneux librement et gratuitement, sans tenir compte de la propriété de la forêt.

Malheureusement, la loi forestière ne fait pas mention expresse des champignons et des plantes médicinales, qui peuvent prêter à confusion et équivoque. Ces produits sont ramassés et traités de la même manière que les baies sauvages. Un autre problème peut dériver de l'expression peu claire «pour leurs propres besoins», qui peut être interprétée pour signifier que les PFNL ramassés gratuitement par les promeneurs ne peuvent être vendus. Toutefois, en pratique, les PFNL sont en vente libre (à l'exception des champignons, pour lesquels les ventes doivent être réglementées par des licences).

En comparaison, seule une petite partie des PFNL ramassés gratuitement est commercialisée en République tchèque. L'essentiel des PFNL est cueilli et consommé par les promeneurs. La cueillette personnelle des PFNL influence le marché car les PFNL sont consommés à la place d'autres produits similaires d'origine agricole achetés aux prix du marché.

L'importance des PFNL devrait être exprimée tant en termes de fonctions non marchandes (récréatives) que de fonctions marchandes (production).

L'importance économique des PFNL en République tchèque

En dépit du fait que la cueillette des PFNL est une activité très populaire, on ne disposait d'aucune information objective sur l'importance des PFNL dans le pays avant que l'organisme donateur de la République tchèque et le Ministère tchèque de l'agriculture (Division de la foresterie) ne finance une vaste enquête sur l'importance socioéconomique de la collecte des PFNL, lancée en 1994. Des chiffres montrant l'importance économique des PFNL en République tchèque sont désormais disponibles (voir tableau 1).

TABLEAU 1. Valeur annuelle des PFNL récoltés en République tchèque

Produits

1994

1995

1996

Moyenne

(millions de CK)1

Champignons

1 314

1 658

1 082

1 351

Myrtilles

881

1 164

456

834

Framboises

180

248

173

200

Mûres

161

169

129

153

Canneberges

22

43

42

36

Baies de sureau

140

137

113

130

Total

2 698

3 419

1 995

2 704

1 1 CK = 0,028 $EU.

La valeur moyenne annuelle totale des PNFL récoltés avoisine les 2,7 milliards de couronnes (CK) (1 CK = 0,028 dollar EU) pour la période 1994-1996. Il s'agit d'un chiffre exceptionnellement élevé, équivalant à un quart ou un tiers des ventes annuelles de bois d'œuvre sur les marchés tchèques ces dernières années (qui oscillaient entre 9 milliards et 12 milliards de couronnes sur près de 2,6 millions d'hectares de forêts - soit un tiers de la superficie de la République tchèque). La valeur des produits ramassés sur 1 ha de terres boisées s'élevait en moyenne à 1 100 couronnes par an. La valeur des myrtilles ramassées sur 1 ha de buissons de myrtilles dépassait les 4 000 couronnes, soit plus ou moins la valeur moyenne du bois d'œuvre récolté sur 1 ha pour une année moyenne (4 000 à 5 000 couronnes). Les myrtilles couvrent près de 10 pour cent du total des terres boisées de la République tchèque.

Le revenu net de référence pour la population (fondé sur la différence entre la valeur marchande et les frais) s'élevait à près de 2,5 milliards de couronnes par an. Les bénéfices virtuels (déduction faite des temps de cueillette et des dégâts causés à la forêt) étaient de 211 couronnes par hectare. En comparaison, en 1995, les bénéfices tirés de la production de bois d'œuvre étaient de 290 couronnes par hectare avant impôts.

Les chiffres présentés ici ne surestiment pas l'importance des forêts et de la foresterie pour ce qui est de la production de PFNL. En dehors des produits examinés, les gens ramassent et utilisent également gratuitement d'autres denrées à grande échelle. Par exemple, d'après les réponses à l'enquête de 1994, 2,8 millions de kilogrammes (poids de l'extrait sec) de plantes médicinales avaient été ramassés, dont une part importante dans les forêts.

La mûre (Rubus chamaemorus) est la baie sauvage la plus prisée en Finlande

Nouvelles possibilités pour la foresterie tchèque

En République tchèque, les PFNL ne sont pas encore produits, récoltés ou commercialisés à l'échelle industrielle parles propriétaires forestiers, les occupants ou les chefs d'entreprise. Néanmoins, certains d'entre eux (en particulier les plantes médicinales et certaines baies) présentent des perspectives de culture planifiée très favorables. Une grande partie des PFNL (fruits des forêts, champignons, plantes médicinales) pourrait être considérée comme une variante à la production agricole et pourrait être produite dans une large mesure sans recourir aux produits chimiques. Les forêts pourraient être aménagées pour atteindre une sorte de symbiose associant les buts de la foresterie classique (bois, environnement) et la production de PFNL.

Cette conception plus globale d'aménagement forestier pourrait renforcer l'attraction, la flexibilité, la stabilité et la durabilité de la foresterie et de la gestion forestière, en particulier dans certaines régions de la République tchèque. Toutefois, la loi forestière en vigueur ne prévoit pas pour les propriétaires ou occupants des forêts la possibilité de planifier la production et la récolte de PFNL. Elle ne protège pas les producteurs forestiers contre les cueilleurs de PFNL produits commercialement. En vertu de l'Article 19, l'organe compétent d'administration forestière de l'Etat peut décider (à la demande du propriétaire) d'appliquer des restrictions temporaires à l'entrée dans la forêt, uniquement dans le but de protéger la forêt, ou dans l'intérêt de la santé et de la sécurité publiques. La cueillette publique aléatoire de PFNL à visée commerciale n'est pas limitée.

COLLECTE DE PFNL EN FINLANDE

Baies, champignons et herbes

Les bonnes années, le rendement biologique de baies sauvages dans les forêts et marécages de Finlande est d'environ 1 milliard de kilogrammes (tableau 2), mais pourrait tomber, une mauvaise année, à 500 millions de kilogrammes (Salo, 1994). Le rendement «ramassable» peut être estimé à environ 30 pour cent du rendement biologique. Ces dernières années, toutefois, seuls quelque 5 à 10 pour cent du rendement biologique de baies sauvages ont été ramassés.

TABLEAU 2. Rendements annuels estimés de baies en Finlande (bonnes et mauvaises années)

Baie

Mauvaise année

Bonne année

(millions de kg)

Airelle rouge

200

500

Camarines

150

250

Myrtille

150

200

Airelle des marais

20

50

Sorbe

10

50

Mûre naine

20

30

Canneberge

10

20

Framboise

5

10

Baie de genévrier

0,1

0,2

Fraise des bois

0,1

0,3

Nerprun

0,1

0,3

Ronce arctique

-

0,1

Busserole noire

-

0,1

Mûre sauvage

-

<0,1

Raisin d'our

-

<0,1

Total

565,3

1 111,2

Source: Salo, 1994.

Dans de nombreuses régions du pays, la cueillette destinée à la vente est très importante. Depuis 1977, on comptabilise les revenus annuels de baies sauvages et de champignons, ainsi que de baies potagères, achetés par les entreprises et le commerce officiels (tableau 3). On constate de grands écarts d'une année à l'autre dans la valeur des baies vendues. La plupart du temps, la valeur des baies sauvages dépasse celle des baies potagères.

La mûre naine est la baie sauvage la plus prisée de Finlande; ces dernières années, son prix était de 40 markka (Fmk) le kilogramme (1 Fmk = 0,17$ EU). Cette «orange du nord» constitue depuis des siècles une source importante de vitamine C pour les habitants du pays et les protège contre le scorbut.

TABLEAU 3. Revenus tirés de la cueillette de baies sauvages, de champignons comestibles et de baies potagères, et pourcentages (Finlande. 1977-1996)

Année

Baies sauvages

Champignons comestibles

Baies potagères

Total

(milliers de Fmk)1

(%)

(milliers de Fmk)1

(%)

(milliers de Fmk)1

(%)

(1 000 Fmk)

1977

72 295

87

719

1

10 233

12

83 247

1978

45 805

76

2 593

4

12 313

20

60 771

1979

50 071

72

1 720

3

17 332

25

69 123

1980

57 755

76

1 915

3

15 983

21

75 653

1981

35 277

51

3 955

6

29 391

43

68 623

1982

53 235

50

2 454

2

51 711

48

107 400

1983

89 447

60

3 811

3

55 163

37

148 421

1984

31 601

36

3 340

4

53 813

60

88 754

1985

54 907

42

8 588

7

65 236

51

128 731

1986

44 669

41

4 396

4

60 058

55

109 123

1987

41 982

47

6 504

7

40 606

46

89 092

1988

85 304

62

11 646

8

41 140

30

138 090

1989

56 786

51

3 727

3

50 357

46

110 870

1990

52 073

48

6 801

6

48 965

46

107 839

1991

73 554

60

10 266

8

39 462

32

123 282

1992

45 667

49

6 001

7

41 242

44

92 909

1993

27 220

39

3 086

4

39 157

57

69 463

1994

136 276

80

5 919

4

26 780

16

168 975

1995

58 725

70

4 253

5

20 640

25

83 618

1996

52 158

63

4 090

5

25 960

32

82 209

1 1 Fmk = 0,17 $EU.
Source: Food and Farm Facts Ltd, 1997.

Les bonnes années, le rendement biologique des champignons en Finlande est d'environ 2 milliards de kilogrammes; une très mauvaise année, il peut tomber à quelque 400 millions de kilogrammes (Salo, 1994). Ces dernières années, le volume de champignons sauvages ramassés en Finlande était de 5 à 10 millions de kilogrammes (Salo, 1994). Comme l'indique le tableau 3, l'utilisation commerciale des champignons de forêt est beaucoup plus limitée que celle des baies.

Au début des années 80, on estimait que la valeur annuelle des herbes ramassées était de 1 à 3 millions de Fmk (Saastamoinen, 1984). Dix ans plus tard, la collecte commerciale et l'utilisation des herbes par les ménages ont été estimées à 20 millions de Fmk (Salo, 1994).

D'après les estimations de la valeur des baies sauvages et des champignons comestibles ramassés, le total des ventes professionnelles, des ventes directes et des ventes sur le marché de baies sauvages s'est élevé à 105,5 millions de Fmk en 1998, tandis que la valeur des baies sauvages destinées à l'usage domestique était de 340 millions de Fmk. La même année, la valeur des champignons comestibles destinés à la vente professionnelle ou directe et à la vente sur le marché était de 14,3 millions de Fmk, tandis que celle des champignons comestibles destinés à l'utilisation domestique s'élevait à 104 millions de Fmk. Autrement dit, entre un dixième et un tiers de la récolte de PFNL comestibles est vendue et constitue par conséquent une activité génératrice de revenu.

Autres PFNL végétaux

Il existe de nombreux autres PFNL moins importants. La sève de bouleau, riche en sucres, en acides aminés, en vitamine C et en minéraux et utilisée généralement comme boisson salutaire, a été négligée pendant longtemps mais a suscité un regain d'intérêt dans les années 80. L'apiculture a connu un essor considérable, et une partie de cette activité a lieu sur les terres boisées. La carbonisation du bois en goudron - un des produits forestiers les plus anciens - continue à petite échelle, tandis que l'exploitation de la résine a entièrement cessé. Les œufs de fourmis étaient utilisés pour un produit d'exportation donné, mais ils sont désormais ramassés à très petite échelle. Une vaste catégorie de PFNL comprend des parties d'arbres: branches de conifères pour la décoration, petites branches d'arbres à feuillage caduc qui servent de balais ou balayettes, écorce de saule, de bouleau et de conifères et racines et souches d'arbres. Jusqu'à présent, on ne dispose pas de données sur les quantités ou la valeur de ces produits.

Elevage de rennes et gibier

A l'extrême nord de la Finlande, l'élevage de rennes est une source importante de revenus. Etant géographiquement limitée au nord de la Finlande (comté de Lapland et partie nord du comté de Oulu), au niveau national, la valeur monétaire pure de la production de venaison de l'élevage de rennes est inférieure à celle de la chasse à l'élan. La plupart des gardiens de troupeaux de rennes de l'extrême nord du pays appartiennent aux communautés autochtones des Saames. Ainsi, outre la création de revenus, l'élevage de rennes aide à préserver les valeurs culturelles du Lapland.

L'élevage de rennes est la seule forme importante de pâturage forestier en Finlande. Ces dernières années, la production de viande de renne a oscillé entre 2,7 et 3,5 millions de kilogrammes par an et sa valeur annuelle entre 70 millions et 100 millions de Fmk. L'Association d'unités d'élevage de rennes a estimé que l'importance économique régionale totale de cette activité est de 200 millions de Fmk par an et l'emploi total dans l'industrie est d'environ 1 400 années-homme. Tous les rennes appartiennent à des propriétaires privés, même si la gestion est essentiellement collective.

Durant la période de chasse 1995/96, la valeur totale du gibier a été de 293,9 millions de Fmk (Finnish Forest Research Institute, 1997), dont 181,6 millions pour les cervidés, 40 millions pour le gibier d'eau et 24,7 millions pour les gallinacés.

L'importance économique des PFNL en Finlande

Dans les années 70 et au début des années 80, l'importance économique des PFNL (baies, champignons, faune et flore sauvages, lichens décoratifs, élevage de rennes et autres produits mineurs) était estimée aux alentours de 8 pour cent de la valeur de livraison du bois récolté (Saastamoinen, 1984). Ce chiffre était de près de 9 pour cent en 1994, mais en moyenne de quelque 7 pour cent durant la période allant de 1990 à 1994 (Saastamoinen, 1996). Ces estimations comprennent quelques incertitudes, par exemple en ce qui concerne la part des baies et champignons récoltés destinée à la consommation des ménages ou la valeur de produits moins connus comme les herbes. Le lien entre la valeur annuelle des PFNL et du bois d'œuvre varie non seulement du fait de la grande variation de rendements des produits forestiers non ligneux, mais aussi à cause de l'évolution des volumes annuels de coupe et des prix du bois sur pied.

L'importance relative des produits non ligneux présente de grandes différences à l'échelle régionale et locale. Ils sont plus importants dans le comté de Lapland, où les produits non ligneux (élevage de rennes, baies et champignons, valeur des prises) représentaient 16 pour cent de la valeur de la production de bois en 1980 (Saastamoinen, 1986) et 28 pour cent en 1994, selon les données de la nouvelle stratégie forestière du Lapland (Kajala, 1996).

En termes d'emploi, l'importance relative des PNFL n'est pas aussi simple, car leur utilisation comprend, dans certains cas, une combinaison d'activités économiques et récréatives. On peut néanmoins conclure à partir des données nationales estimées (Työryhmämuistio, 1995) et des données recueillies dans le Lapland (Kajala, 1996) que l'utilisation forestière non ligneuse est à plus forte intensité de main-d'œuvre que la production et la transformation du bois, ce qui fait ressortir le rôle des PFNL dans les économies régionales et locales.

Comment surmonter les obstacles à l'utilisation commerciale des ressources forestières non ligneuses

Des politiques du travail peu souples (et non adaptées au travail saisonnier), trop d'obligations de permis et des politiques fiscales ambiguës ne sont que quelques-uns des obstacles à l'essor de l'exploitation commerciale des ressources forestières non ligneuses en Finlande. Parmi les autres obstacles, on peut citer les faibles niveaux de valeur ajoutée, la qualité inégale des produits et, dans certains cas, les grandes distances des marchés.

Pour répondre à certains de ces problèmes, un groupe de travail, créé par le Ministère de l'agriculture et des forêts, a préparé, en 1995, un programme visant à développer le secteur des produits naturels (baies sauvages, champignons, herbes, etc.). Ce programme avait pour objectifs d'augmenter les taux actuels d'utilisation de 30 pour cent, d'accroître l'utilisation industrielle des produits de 10 pour cent, d'améliorer la qualité des produits en adoptant des systèmes de contrôle de qualité dans les entreprises de transformation, d'accroître la valeur ajoutée des produits et de perfectionner la commercialisation (Työryhmämuistio, 1995). L'exécution du programme a été répartie en activités nationales (coordination nationale, campagnes de cueillette et mise au point de normes de qualité pour les produits) et activités régionales (unités régionales de soutien aux produits naturels, formation, innovation de produits et campagnes de promotion). Le programme devrait s'achever en 1999.

Un but central de ces programmes est la création de nouvelles possibilités de création de revenus et d'emplois. Toutefois, pour concevoir des plans d'incitation à la création d'emplois dans le secteur des PFNL, il faut tout d'abord identifier les obstacles au développement d'entreprises basées sur la nature et autres activités liées aux produits non ligneux. Une fois les conditions à l'essor de ces entreprises fixées, il s'agit de promouvoir des entreprises de petite taille qui font bon usage des ressources forestières non ligneuses. Le tableau 4 donne une indication de la contribution à l'emploi de ces entreprises.

COLLECTE DE PFNL EN LITUANIE

Le tableau 5 présente des informations sur les principaux produits cueillis dans les forêts lituaniennes en 1996. Un hectare de forêt a produit un revenu de 240 litas (Lt) (60 dollars EU), dont 13 pour cent du total dérivant des produits non ligneux; les champignons, dont les exportations ont progressé considérablement, représentent une part particulièrement importante. Toutefois, les types et l'ampleur de la production non ligneuse sont variables.

Baies, champignons et herbes

A l'heure actuelle, environ 70 à 80 pour cent des champignons et des baies servent à satisfaire les besoins personnels, tandis que 20 à 30 pour cent sont destinés à la vente.

De vastes superficies de forêts lituaniennes sont couvertes de myrtilles, de framboises et d'airelles rouges. Les myrtilles ne sont pas cueillies dans leur totalité, tandis que la demande d'airelles rouges et de canneberges dépasse l'offre. La demande la plus importante sur les marchés intérieurs et étrangers concerne les airelles rouges, les canneberges, les myrtilles et les sorbes. Les fraises des bois et les framboises sont très demandées sur le marché national, alors que les airelles des marais ne sont cueillies que pour l'usage personnel. La récolte annuelle moyenne exploitable dans les forêts lituaniennes s'élève à environ 5 000 tonnes de baies. De 1970 à 1979, chaque année, 1 700 tonnes en moyenne de baies sauvages - essentiellement des canneberges, des myrtilles et des sorbes - ont été vendues pour être transformées. De 1980 à 1989, les exportations de baies sauvages ont atteint environ 1 000 tonnes par an.

TABLEAU 4. Valeur monétaire estimée et niveau d'emploi des principales branches du secteur de la nature en Finlande

Branche

Valeur

Emploi

(en millions de Fmk/an)1

(années-homme)

Produits ramassés

1 800

9 000

Transformation du bois à petite échelle

2 200

4 000

Tourisme de nature

1 100

1 700 à plein temps
1 450 à temps partiel

1 1 Fmk = 0,17 $EU.

TABLEAU 5. Principaux produits cueillis ou récoltés dans les forêts lituaniennes (1996)

Produit

Volume total

Valeur
(en milliers de Lt)1

Bois

5 537 000 m3

404 201

Champignons

3026 tonnes

39 558

Baies

4328 tonnes

9 886

Herbes médicinales

44 tonnes

379

Sapins de Noël

280000 unités

2 100

Viande de gibier

781 tonnes

4 840

Fourrures

8040 unités

777

Ramure

18 tonnes

358

Trophées de chasse

101 unités

286

1 1 Lt = 0,25 $EU.

L'airelle rouge (Vaccinium vitis-idaea) est un produit forestier non ligneux important en Lituanie

Quelque 100 espèces de champignons poussent dans les forêts lituaniennes, mais seules 15 à 25 espèces sont ramassées. Durant la période de 1970 à 1979, environ 450 tonnes de champignons ont été vendues pour l'exportation et la transformation; de 1980 à 1989, ce chiffre était de 288 tonnes. Environ 20 à 25 pour cent des baies et des champignons ramassés sont vendus aux entreprises de transformation.

Le rendement annuel exploitable des champignons est de 15 à 30 kg/ha. On estime qu'environ 30 à 40 pour cent de la récolte exploitable est ramassée. La production potentielle de champignons en Lituanie est de 24 000 tonnes et la production industrielle d'environ 8 000 tonnes. Depuis 1993, la production de champignons a fortement augmenté avec l'essor du secteur privé. Quelque 20 à 30 essences d'herbes sont cueillies dans les forêts de Lituanie. Les plus demandées sont les baies de genévrier, les feuilles de busserole et l'écorce de bourdaine. Les ressources d'herbes médicinales sont limitées et ne suffisent pas à couvrir la demande.

Les forêts, source de viande

Les ongulés (élan, cerf, chevreuil et sanglier) et la faune prisée (lièvre, canard sauvage et gallinacés) sont chassés pour leur chair. De 1994 à 1996, 545 000 kg de viande d'animaux sauvages ont été produits en moyenne par an, dont 505 000 kg d'ongulés. En 1996, environ 62 000 kg - soit 12 pour cent - de viande d'ongulés ont été exportés.

L'importance récréative du gibier s'est accrue avec le regain d'intérêt pour la chasse sportive, auparavant limitée. Depuis 1990, les chasseurs étrangers sont intéressés par la Lituanie. Les revenus dérivés du gibier durant la période 1993-1996 étaient en moyenne de 1,8 million de Lt par an. Il existe un potentiel de développement du tourisme de chasse. Le but de la politique cynégétique est de réglementer les populations sauvages, d'accroître la productivité de la chasse et de prévenir les dommages aux forêts.

Evolution des activités forestières

En Lituanie, les PFNL étaient plus utilisés à l'échelle industrielle à l'époque de l'Union Soviétique, en particulier de 1970 à 1990, lorsque les forêts servaient aussi beaucoup à des fins récréatives. Après l'indépendance, la production non ligneuse a considérablement reculé, voire cessé, pour des raisons économiques. Les fonctions récréatives des forêts ont sensiblement diminué à cause de la baisse des flux touristiques en provenance des républiques soviétiques.

Durant la période 1992-1997, la législation concernant l'utilisation et la conservation des ressources forestières a reçu de nouvelles bases et les conditions préalables pour un aménagement polyvalent et durable des forêts ont été créées.

Avec l'amélioration de la situation en Lituanie, les ressources forestières sont utilisées de façon plus intensive et la production non ligneuse est désormais organisée par des entreprises privées. Par exemple, les agriculteurs privés cultivent de petites plantations de baies (en particulier de canneberges).

Pour améliorer l'utilisation et la conservation des ressources forestières, on envisage d'actualiser les inventaires de ces ressources et les statistiques de production. L'administration forestière vise à dresser des plans de gestion détaillés par destination fonctionnelle des forêts, à élaborer des cartes forestières et à mettre au point des systèmes d'information forestière en s'inspirant des systèmes d'information géographique (SIG).

CONCLUSIONS

Le secteur des PFNL joue un rôle important dans les économies de la République tchèque, de la Finlande et de la Lituanie. Dans certaines régions (le Lapland finnois, par exemple), le secteur est d'une importance cruciale pour les moyens d'existence des populations locales. Le fait qu'il règne une certaine forme d'accès public libre dans les forêts de chacun de ces pays - et que la cueillette des PFNL pour divers usages est autorisée - implique que certains des PFNL ramassés n'entrent pas sur le marché officiel, bien qu'ils représentent une contribution importante (en termes de consommation) pour les ménages de ces pays.

Le fait que de nombreux PFNL sont ramassés par les promeneurs peut avoir des répercussions positives sur l'offre future de ces produits, dans le sens où l'on n'encourage pas de niveaux élevés (ou non viables) d'extraction et de dégâts aux forêts. Par ailleurs, le fait que seul un petit pourcentage du rendement biologique des PFNL est ramassé peut constituer une perte de revenu et/ou de bien-être général pour la population de ces pays.

Une caractéristique importante de la cueillette des PFNL, comme on l'a vu dans ces exemples, est la grande variation annuelle des rendements et, partant, des revenus potentiels dérivés de ces activités. Le grand écart dans les rendements de champignons et de baies sauvages pourrait partiellement expliquer les faibles taux de collecte à des fins commerciales.

Si des efforts ont été déployés pour développer le secteur des PFNL dans ces trois pays, il semble que certains obstacles aient empêché le secteur de réaliser tout son potentiel commercial et de création de revenus. Il est clair qu'on pourrait augmenter la cueillette des PFNL dans tous les cas, mais des précautions doivent être prises pour réduire au minimum les dégâts potentiels à la forêt et éviter des niveaux d'extraction non viables.

La transition vers une économie de marché semble ouvrir de nouveaux créneaux en Lituanie et en République tchèque. En Finlande, la modification des politiques et des réglementations fiscales pourrait se traduire par une augmentation de la collecte des PFNL. En effet, il semble que les initiatives de développement rural, visant à accroître les occasions lucratives tout en maintenant la qualité de l'environnement, aient adopté l'utilisation accrue des PFNL comme objectif.

Bibliographie

Finnish Forest Research Institute. 1997. Statistical Yearbook of Forestry 1997. Jyväskylä, Finlande. 348 p.

Food and Farm Facts Ltd (Elintarviketieto Oy). 1997. MARSI 1996. Metsämarjojen, jasienten sekä puutarhamarjojen Kauppaantulomäärät vuonna 1996. 12 p.

Kajala, L., éd. 1996. Lapin metsästrategia. MMMn julkaisuja 2/1996. 127 p.

Rutkauskas, A. 1998. Non-wood resources and their utilisation in Lithuania. In G. Lund, B. Pajari et M. Korhonen (éds), Sustainable development of non-wood goods and benefits from boreal and cold temperate forests, p. 93-101. Actes de l'atelier international. Joensuu, Finlande, 18-22 janvier 1998. Actes EFI n°23. Institut européen des forêts, Joensuu.

Saastamoinen, O. 1984. Minor forest products in Finland. In Policy analysis for forestry development. Vol. 2, p. 221-229. Actes de la Conférence internationale, Thessalonique. Grèce, 27-31 août 1984.

Saastamoinen, O. 1986. Metsien merkitys Lapin väeslölle. [Summary: The contribution of forests to the people of Lapland.] Lapin Tutkimusseuran Vuosikirja. 27: 13-18.

Saastamoinen, O. 1996. Non-wood forest uses and their regional impacts. In P. Hyttinen. A. Mononen et P. Pelli (éds), Regional development based on forest resources - theories and practice, p. 181-190. Actes EFI n°9. Institut européen des forêts, Joensuu, Finlande.

Saastamoinen, O., Kangas, J., Naskali, A. et Salo, K. 1998. Non-wood forest products in Finland: statistics, expert estimates and recent development. In G. Lund, B. Pajari et M. Korhonen (éds), Sustainable development of non-wood goods and benefits from boreal and cold temperate forests, p. 131-146. Actes de l'atelier international, Joensuu, Finlande, 18-22 janvier 1998. Actes EFI n°23. Institut européen des forêts, Joensuu.

Salo, K. 1994. Luonnonmarjat ja -sienet, yrttikasvit sekä palleroporonjäkälä tuovat rahaa ja virkistystä. Metsäntutkimuslaitoksen Tiedonantoja, 488: 181-190.

Sisak, L. 1998. Importance of main non-wood forest products in the Czech Republic. In G. Lund. B. Pajari et M. Korhonen (éds), Sustainable development of non-wood goods and benefits from boreal and cold temperate forests, p. 79-85. Actes de l'atelier international, Joensuu, Finlande, 18-22 janvier 1998. Actes EFI n°23. Institut européen des forêts, Joensuu.

Työryhmämuistio. 1995. Keräilytuotealan kehittämisohjelma vuosille 1995-1999. Työryhmämuistio MMM 1995:5. Helsinki.


Page précédente Début de page Page suivante