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8. ETAT D’EXPLOITATION ET POTENTIELS DES STOCKS

L’analyse des informations disponibles montre que dans l’ensemble de la région les stocks démersaux côtiers (0-50 m) seraient actuellement exploités à un niveau proche, mais en général inférieur, du potentiel maximum moyen. Les stocks plus profonds (50-120 m) seraient, eux, modérément exploités et les données plus précises dont on dispose pour la Côte-d’Ivoire et le Congo suggèrent que, biologiquement tout au moins, les captures actuelles pourraient au moins doubler.

La stabilisation du taux d’exploitation à des niveaux inférieurs au maximum moyen possible, s’expliquerait par la médiocrité des rendements, la pêche cessant d’être profitable pour l’ensemble de la pêcherie avant que les potentiels maxima puissent être réalisés. Ceci est particulièrement net pour la partie profonde du plateau (50-120 m) qui n’est exploitée que saisonnièrement et pour la pente continentale (+ 120 m) qui ne l’est pas du tout.

Sauf pour la Côte-d’Ivoire et le Congo et à un degré moindre le Ghana, les informations sont trop imprécises et insuffisamment détaillées pour évaluer les potentiels. On peut toutefois retenir les ordres de grandeur suivants:


0-50 m

50-120 m

Côte-d’Ivoire

5 300

5 5001

Ghana, Togo, Bénin

(15 000)

(5 000)1

Nigéria, Cameroun, Guinée Equatoriale

(22 000-30 000)

(7 500)1

Gabon, Congo, Cabinda, Zaïre

(20 000-25 000)2

(20 000-25 000)1,2

Total (approximatif)

60 000-75 000 tonnes

38 000-43 000 tonnes1

1 potentiels biologiques, très partiellement (2/5 en Côte-d’Ivoire) réalisables actuellement pour des raisons économiques

2 soixante pour cent des fonds de pêche gabonais sont inchalutables: la réalisation du potentiel théorique n’est possible que dans la mesure où on réussira à mettre en oeuvre d’autres types de pèche (lignes, casiers, trémail etc.)

Par insuffisance de données il n’a pas été possible de comparer les productivités des différents secteurs. Cependant les chiffres trouvés pour le secteur ivoirien - 0,9 et 1,1 tonne/km2 pour la bande côtière sans ou y compris le baliste et de 0,4 ou 0,7 tonne/km2 (dont 0,2 tonne/km2 actuellement débarquée) pour la bande plus profonde (50-120 m) - paraissent fournir un ordre de grandeur de la productivité halieutique de la région. Le chiffre de 1,3 tonne/km2 a été obtenu pour les communautés de fonds durs devant le Ghana ou la productivité des fonds supérieurs à 50 m diminuerait moins. Enfin on a rencontré de nombreux exemples montrant que, dans la réalité, la production maximale moyenne pouvait varier de façon appréciable selon la répartition de l’effort sur les diverses espèces et l’utilisation faites des espèces moins appréciées au plan économique.

A l’échelle de la région, les résultats des prospections GTS montrent bien que la densité des biomasses varie parallèlement à la productivité de l’océan. Le golfe de Guinée proprement dit est nettement moins riche que les régions situées au nord du Cap-Vert et au sud du fleuve Congo (figure 8) et, à l’intérieur du golfe, les potentialités du secteur Côte-d’Ivoire-Ghana-Togo-Bénin et celles du secteur sud Gabon-Congo-Cabinda, qui bénéficient d’un upwelling saisonnier, apparaissent sensiblement supérieures à celles des secteurs sans upwelling (sud Sierra Leone-Libéria d’une part, Nigéria-Cameroun-Guinée Equatoriale-nord Gabon d’autre part).

Fig. 8: Densité relative (espèces démersales) le long du plateau continental entre le Sénégal et l’Angola (d’après Williams, 1968)

En résumé, on peut dire que la productivité marine, en général médiocre, et l’étroitesse du plateau continental expliquent la faiblesse des chiffres obtenus pour les premières estimations des potentialités données dans le tableau ci-dessus.

Le développement soudain de stocks de baliste en plusieurs points du plateau continental (Guinée, Ghana) n’a apparemment pas modifié la productivité globale des fonds occupés par ces stocks. Il en résulte que le potentiel des espèces traditionnellement exploitées et appréciées a diminué d’une quantité équivalente à celui des stocks de baliste, soit d’un tiers environ pour la Côte-d’Ivoire.


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