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9. REGLEMENTATION DE LA TAILLE DE PREMIERE CAPTURE

M. Fontana a présenté au Groupe le résultat des travaux qu’il a effectués sur la pêche chalutière congolaise (Fontana, sous presse; annexe 6). Pour étudier les effets, sur le stock et les prises, de changements dans le maillage des chaluts utilisés par la flottille ponténégrine, il a appliqué un modèle de Ricker à six espèces (Pseudotolithus senegalensis, P. typus, Galeoïdes decadactylus, Pteroscion peli, Pentanemus quinquarius et Brachydeuterus auritus) en tenant compte de l’importance respective de leurs niveaux de recrutement moyens (six ans). Il a ensuite étudié les variations de production et de rendement, y compris économique, de cet ensemble d’espèces pour diverses combinaisons d’efforts de pêche et de maillages.

Les résultats obtenus paraissent extrapolables à l’ensemble des captures réalisées sur le plateau continental. En effet, les cinq premières espèces de la liste représentent 80 à 85 pour cent des quantités provenant de la partie la moins profonde (0-50 m) et 65 pour cent environ des quantités totales capturées sur l’ensemble (0-120 m) du plateau continental. De plus la composition spécifique de l’ensemble (trois espèces cibles de grande taille, trois espèces de taille moindre et de moindre valeur commerciale) devrait rendre convenablement compte de l’antagonisme entre petites et grandes espèces en matière de réglementation des maillages.

Les principales conclusions de cette étude sont les suivantes (tableau 10 du rapport et figures 1, 2 et 3 de l’annexe 6):

Tableau 10

PECHERIE CHALUTIERE DU CONGO: CONSEQUENCES IMMEDIATES ET A L’EQUILIBRE SUR LES PRISES ET LES RENDEMENTS DE L’EMPLOI DE DIFFERENTS MAILLAGES POUR DIFFERENTS NIVEAUX D’EFFORT (D’APRES FONTANA, EN PREPARATION)

MAILLAGE ETIRE (mm)

EFFORT ACTUEL

EFFORT x 2

EFFORT x 3

EFFORT x 4

CONSEQUENCES

CONSEQUENCES

CONSEQUENCES

CONSEQUENCES

Immédiat %

Equilibre %

Immédiat %

Equilibre %

Immédiat %

Equilibre %

Immédiat %

Equilibre %

52

- 3

+ 2

- 3

+ 11

- 3

0

- 3

- 1

63

- 13

+ 9

- 13

+ 19

- 13

+ 1

- 13

0

77

- 49

+ 9

- 49

+ 46

- 49

+ 45

- 49

+ 39

a) Pour l’effort de pêche actuel, toute augmentation de maillage (actuellement de 40 à 45 mm) n’amènerait à long terme qu’une augmentation relativement faible de la production (+ 9 pour cent).

b) Pour un doublement de l’effort de pêche, l’accroissement de la production serait de près de 50 pour cent si la maille passait simultanément à 77 mm.

c) L’adoption d’un maillage de 77 mm aurait pour conséquence une diminution immédiate des captures de près de 50 pour cent. La diminution ne serait que de 10 pour cent si l’on adoptait comme étape intermédiaire un maillage de 60 mm.

d) Ces résultats sont valables sans tenir compte de Brachydeuterus auritus qui n’est actuellement que partiellement commercialisé au Congo mais qui devrait pouvoir l’être (au moins pour les plus grandes tailles) assez facilement, étant donné que sa valeur marchande potentielle n’est pas très éloignée de celle des espèces déjà commercialisées, même nobles. Si cette espèce, qui est abondante, était commercialisée simultanément à l’adoption d’un nouveau maillage, la diminution immédiate des prises ne serait plus que de 15 pour cent pour une maille de 77 mm. Il y aurait même accroissement immédiat des captures, de l’ordre de 10 pour cent, si un maillage transitoire de 60 mm était adopté.

e) Enfin le passage à une combinaison doublement de l’effort actuel - maillage de 77 mm - n’entraînerait aucune baisse de la capacité de ponte des stocks. Celle-ci serait évidemment accrue si le maillage était augmenté sans qu’il y ait modification de l’effort de pêche.

Le Groupe a estimé que ces résultats revêtaient une importance considérable pour la définition d’un maillage approprié à l’exploitation des ressources démersales dans le golfe de Guinée, définition qui a été jusqu’ici retardée par manque d’analyses pertinentes. L’analyse de l’état des stocks (section 7) a montré que, pour tous les secteurs pour lesquels on dispose d’informations suffisantes, les stocks démersaux côtiers étaient exploités à un niveau proche, mais en général encore inférieur, du maximum de production équilibrée. Le taux d’exploitation ne peut croître car les rendements économiques des diverses pêcheries sont actuellement proches de zéro. Toute augmentation du niveau d’exploitation et des captures totales passe donc par l’amélioration des rendements et donc, comme les travaux de Fontana l’indiquent, par l’emploi d’un plus grand maillage.

Les informations recueillies sur les maillages réellement utilisés dans les diverses pêcheries (tableau 11) montrent que dans la plupart des cas, à l’exception sans doute de la pêcherie nigériane, les maillages sont comparables à ceux utilisés au Congo.

Tableau 11

MAILLAGE (MAILLE ETIREE) DES CULS DE CHALUT ET SENNES DE PLAGE



CHALUTIERS

CREVETTIER

SENNE DE PLAGE

MAILLE

LEGISLATION

MAILLE

LEGISLATION

MAILLE

LEGISLATION

COTE D’IVOIRE

40 - 60 mm

1968
35 mm côté
= 63,4 mm étiré

33 - 40 mm

(20 mm côté)


ABSENCE

GHANA

35 - 50 mm1
20 - 26 mm2

70 mm

PAS DE PECHERIE

PECHERIE IMPORTANTE
20 mm

48 mm

TOGO

40 mm
ENVIRON

-

PAS DE PECHERIE

PECHERIE IMPORTANTE
20-50 mm

Observations sur la composition par espèce et par taille (BECK, 75)

BENIN

PAS D’INFORMATIONS

NIGERIA

76 mm3

Décembre 1971
76 mm

44 mm3

Décembre 1971
44 mm

PECHERIE PEU IMPORTANTE


CAMEROUN

40 mm
ENVIRON

-

40 mm
ENVIRON

-

PECHERIE PEU IMPORTANTE


GABON

PROBABLEMENT
40 mm

-

PROBABLEMENT
40 mm

-

PECHERIE PEU IMPORTANTE


CONGO

40 - 45 mm

-

PAS DE PECHERIE

PECHERIE PEU IMPORTANTE


1 Gros chalutiers
2 Petits chalutiers
3 Informations insuffisantes sur le degré d’application de la législation
Compte tenu de cet ensemble de similitudes, le Groupe de travail a vivement recommandé une augmentation du maillage. En plus des gains de production et de rendement que l’on peut en attendre, une augmentation de la mialle accroîtrait l’efficacité des chaluts et faciliterait le tri des captures.

Pour minimiser les pertes immédiates, le Groupe a recommandé que le minimum légal soit dans un premier temps fixé à 60 mm. Pour limiter encore davantage les conséquences immédiates, il a de plus recommandé qu’une campagne de promotion en faveur de la commercialisation d’espèces comme Brachydeuterus auritus soit simultanément lancée, du moins dans les pays où cette espèce reste sous-utilisée.

Le Groupe a finalement dressé l’inventaire des études de sélectivité publiées sur les espèces d’intérêt commercial de la région (tableau 12). Il a attiré l’attention sur les résultats de travaux réalisés au Sénégal sur la sélectivité des chaluts vis-à-vis de la crevette (Lhomme, 1978). Ces recherches ont montré que les rendements n’étaient pratiquement pas modifiés lorsque le maillage était augmenté jusqu’à 60 mm environ (figure 9). Le Groupe a donc jugé que l’adoption d’un maillage de 60 mm devait s’appliquer à la fois aux crevettiers et aux chalutiers péchant spécialement le poisson. L’adoption d’une réglementation commune faciliterait en effet beaucoup son contrôle et protégerait en même temps les poissons de trop petite taille des nombreuses espèces d’importance économique pêchées par les crevettiers.

Tableau 12 FACTEURS DE SELECTIVITE RELATIFS AUX ESPECES DE LA REGION

ZONE

ESPECE

FACTEUR B

AUTEURS

CONGO















Ilisha africana

2,6

BAUDIN-LAURENCIN (1967)

Pentanemus quinquarius

3,1

BAUDIN-LAURENCIN (1967)

Pseudotolithus senegalensis

3,6

BAUDIN-LAURENCIN (1967)

Pteroscion peli

2,4

BAUDIN-LAURENCIN (1967)

Cynoglossus spp.

4,6

BAUDIN-LAURENCIN (1967)

Arius spp.

2,49

FONTANA-M’FINA (1974)

Dentex angolensis

2,16

FONTANA-M’FINA (1974)

Cynoglossus canariensis

4,60

FONTANA-M’FINA (1974)

Brachydeuterus auritus

2,50

FONTANA-M’FINA (1974)

Pteroscion peli

2,59

FONTANA-M’FINA (1974)

Pentanemus quinquarius

2,60

FONTANA-M’FINA (1974)

Pseudotolithus typus

4,08

FONTANA-M’FINA (1974)

Pseudotolithus senegalensis

3,72

FONTANA-M’FINA (1974)

Pseudotolithus elongatus

3,54

FONTANA-M’FINA (1974)

Galeoides decadactylus

2,68

FONTANA-M’FINA (1974)

NIGERIA










Galeoides decadactylus

3,4-3,9

LONGHURST (1965)

Ilisha africana

2,5

LONGHURST (1965)

Drepane africana

1,2-1,6

LONGHURST (1965)

Pristipoma

3,2

LONGHURST (1965)

Cynoglossus canariensis

4,9-5,3

LONGHURST (1965)

Pseudotolithus elongatus

3,0-3,8

LONGHURST (1964, 65)

Pentanemus quinquarius

3,6-3,9

LONGHURST (1965)

Arius gambiensis

4,0

LONGHURST (1965)

Pseudotolithus senegalensis

3,9-4,6

LONGHURST (1964, 65)

Pseudotolithus typus

4,3 (coton)

LONGHURST (1964)

SENEGAL









Pagellus coupei

2,08


Pagrus ehrenbergi

1,80


Brachydeuterus auritus

2,29

LHOMME ET

Pteroscion peli

2,09

FRANQUEVILLE

Ilisha africana

2,45

(non publié)

Galeoides decadactylus

2,34


Pseudupeneus prayensis

2,37


Cynoglossus spp.

4,48


Syacyum micrurum

2,41



Fig. 9: Grosse crevette rose (Penaeus duorarum): courbes de sélectivité pour différents maillages exprimés en côté de maille (d’après Lhomme, 1978)

On a fait également remarquer que dans certains pays (Ghana, par exemple) où la senne de plage était largement utilisée, cet engin, parce qu’il était monté avec des mailles très petites (tableau 11), pouvait être responsable de la capture de quantités appréciables de juvéniles d’espèces démersales. Toutefois l’absence d’information sur les caractéristiques de ces captures a interdit au Groupe de formuler aucune recommandation en matière de maillage. Il a donc vivement souhaité que, dans les pays où cette activité est importante (Bénin, Ghana, Togo, par exemple), des programmes d’échantillonnage soient rapidement entrepris afin de chiffrer, au moins approximativement, les quantités pêchées (poids et nombre) ainsi que leur composition par espèces et par tailles.


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