5.1 Services gouvernementaux fournis au secteur des pêches
5.2 Aide extérieure
En général, lorganisme spécifiquement responsable des politiques halieutiques gouvernementales (Service, Département, Bureau ou Division) fait partie du Ministère de lagriculture. Il en est ainsi en Gambie, en Sierra Leone, au Liberia, au Ghana, en Nigeria et au Zaïre. La principale organisation des pêches du gouvernement est aussi souvent encadrée par un Ministère des eaux et forêts ou du développement rural. Ainsi, au Gabon la direction des pêches rend directement compte au Ministère des eaux et forêts; au Sénégal, la direction de locéanographie et des pêches maritimes dépend du Ministère du développement rural et de lhydraulique et au Bénin, le Service des pêches est placé sous la tutelle du Ministère du développement rural et de laction coopérative. La Direction des pêches maritimes et lagunaires de Côte-dIvoire fait partie du Ministère de la production animale, le Service des pêches togolais est encadré par le Ministère de léquipement rural et la direction des pêches maritimes du Cameroun est placée sous légide du Ministère de lélevage et des industries alimentaires. Enfin la Direction générale des pêches guinéennes est sous lautorité du Ministère de lélevage et des pêches.
Trois pays regroupent les affaires halieutiques dans des ministères généralement compétents pour toutes les questions maritimes. Le Service des pêches maritimes du Congo est responsable envers le Ministère des transports, la Direction de locéanographie, des pêches maritimes et de la marine marchande de Mauritanie rend compte au Ministère de lindustrie et du commerce; quant au Maroc, la réglementation et le contrôle des pêches sont laffaire du Ministère de la marine marchande.
Certains gouvernements ont établi une organisation en mesure dentreprendre activement des activités de production, soit seules soit sous forme darmements en commun avec des entreprises locales ou étrangères. On trouvera un exemple typique de cette organisation orientée vers la production dans lOffice national des pêches (ONP) marocain, directement responsable envers les services du Premier Ministre. LONP participe à plusieurs armements communs avec des entreprises locales et étrangères, propriétaires de tout ou partie dun certain nombre de chalutiers, de senneurs ou dusines de transformation. LONP prend part aux activités dun Institut de recherches, dun aquarium et octroie des bourses ou encore des crédits aux pêcheurs. La State Fishing Corporation ghanéenne est également un service national important, placé sous la tutelle dun Ministère de lagriculture. Elle est propriétaire dun certain nombre de chalutiers-congélateurs hauturiers et dentrepôts frigorifiques. Au Togo, lOffice national des pêches exploite deux chalutiers côtiers, il est responsable envers le Ministère du développement rural. LOffice des pèches maritimes (OPEMA) de la Guinée est chargé de lachat, de la production et de la commercialisation de tout le poisson dorigine industrielle consommé en Guinée et est placé sous lautorité de la Direction générale des pêches. Les gouvernements de la Mauritanie, du Sénégal, de la Gambie, de la Côte-dIvoire, du Congo et du Zaïre ont également investi des sommes considérables dans des navires ayant leur port dattache dans ces pays et dans des installations à terre, et notamment les entrepôts frigorifiques. Le Nigeria et le Bénin ont également lintention dinvestir dans leur industrie locale de la pêche. Le gouvernement sénégalais participe à une compagnie commerciale (SAFCOP), expressément créée pour promouvoir les exportations de poisson sénégalais et qui, depuis 1963, participe à la pêche du thon par lintermédiaire de la compagnie nationale SOSAP.
En sus des investissements dont il vient dêtre rendu compte et qui entraîneront directement laccroissement de la production, de nombreux gouvernements ont financé (ou doivent le faire prochainement) la construction dinstallations portuaires, spécifiquement établies pour faire face aux besoins de secteur des pêches; il est prévu que ces dépenses entraîneront indirectement des mises à terre plus substantielles.
Dans la plupart des pays de la région, les recherches halieutiques sont placées sous le contrôle de lorganisme local responsable de toutes les questions de pêches. Cependant, au Sénégal, en Côte-dIvoire et au Congo, les centres de recherches océanographiques sont sous la tutelle du Ministère des recherches scientifiques.
Il sest révélé difficile de recueillir des données sur les disponibilités de crédits destinés au secteur des pêches dans un certain nombre de pays de la région. Au Maroc, comme on la déjà mentionné, lOffice national des pêches accorde des subventions et des crédits en vue de la motorisation des navires et de lamélioration des engins et la Banque nationale pour le développement économique est le gros bailleur de fonds pour la construction de navires et dusines, et pour la modernisation des entreprises industrielles. La Banque nationale de développement du Sénégal est dotée dun fonds de roulement servant des crédits destinés à faciliter la motorisation des pirogues; un programme analogue doit être introduit sous peu en Guinée. La division des pêches du Ministère gambien de lagriculture a également un programme en ce sens. La Banque nationale de développement de la Sierra Leone semble peu intéressée à fournir des crédits aux artisans pêcheurs et le Liberia na aucun programme de financement. La Banque ghanéenne pour le développement agricole avance des fonds limités aux pêcheurs, comme la Caisse nationale de crédit agricole du Togo. Le gouvernement fédéral, ainsi que le gouvernement des états du Nigeria, sont dotés de programmes de crédit pour aider les pêcheurs. La Caisse nationale de crédit rural du Gabon leur a parfois attribué des prêts mais non en 1974. Aucune institution navance de fonds pour lamélioration de la pêche artisanale au Cameroun, au Congo ou au Zaïre; cependant, deux petits projets aident les artisans-pêcheurs en leur fournissant des crédits.
Tout département ou service a pour principal rôle la détermination des grandes orientations halieutiques, la planification, les activités de recherche ainsi que la mise en oeuvre et la surveillance des programmes, règlements et autres activités destinés à favoriser laménagement des ressources halieutiques; ils doivent assurer des disponibilités de poisson suffisantes pour satisfaire la demande, ainsi que le développement socio-économique équilibré du secteur des pêches pour faire face aux impératifs nationaux en la matière (cf. aussi section 7.3). Limmatriculation annuelle des navires de pêche, ainsi que loctroi de licences sont également de leur compétence. Certains pays, comme la Mauritanie exigent que les navires battant pavillon étranger et exploitant leurs eaux paient un droit de licence annuel de plus de 150 dollars E.-U. par tonneau de jauge brute et quen outre ils débarquent une part importante de leurs captures dans des installations de transformation à terre. Dautres pays, comme le Sénégal, attribuent les licences à condition que les marchés des pays du pavillon soient ouverts aux produits de la pêche sénégalaise, notamment dans les autres pays du COPACE.
Le Département ou Service est en général aussi lautorité nationale chargée de recommander et de contrôler les limites de pêche (tableau 5.1); lextension de la zone de juridiction est devenue lélément essentiel de nombreuses politiques halieutiques nationales dans la région. En fait, la prise de contrôle de facto du Sahara ex-espagnol par la Mauritanie et le Maroc signifiera que toutes les principales ressources de poisson au large de lAfrique du nord-ouest seront maintenant placées sous la juridiction de pays riverains africains; en effet, tous les pays, de la Sierra Leone au Maroc ont des zones de pêche de 30 à 200 milles nautiques à partir de la côte.
Cette extension du contrôle juridique a grandement accru la responsabilité des institutions gouvernementales quant a lamélioration de laménagement des ressources et au développement équilibré du secteur halieutique. Afin dexercer cette responsabilité élargie, les institutions dun certain nombre de pays devront développer sensiblement le potentiel technique de leur personnel par des mesures de formation en cours demploi en vue de réaliser des conditions optimales pour laménagement des ressources et le développement halieutique. Il est probable que le rôle dune organisation internationale comme le COPACE décroîtra par rapport a celui de chacun des pays en matière daménagement des ressources dans leur zone de pêche respective. Néanmoins, le COPACE, chaque fois quon lui en adressera la demande, pourrait continuer à jouer un rôle de premier plan en aidant les états membres à améliorer leur programme de rassemblement des données, à aménager les stocks, notamment lorsquils se trouvent placés sous la juridiction de deux ou plusieurs états membres, enfin à harmoniser les stratégies de développement et à faciliter le commerce intrarégional.
Le Département ou Service des pêches doit être linstitution gouvernementale chargée de la formulation de la planification des politiques nationales, on ne saurait cependant sattendre à ce quil intervienne dans le processus de production. Les activités productives devraient être exercées par des individus, des partenaires et/ou des firmes, privés ou publics et ce, par lintermédiaire dorganismes de crédits. Le Département ou Service peut influencer indirectement le fonctionnement des entreprises ou organismes ou, de même, exercer un rôle indirect sur ladoption des programmes visant à contrôler les droits sur les importations de poisson, dengins de pêche, ou les prix, ou encore identifier ou formuler des projets dinvestissement publics ou privés, etc.
Lautorité de la principale institution halieutique gouvernementale varie sensiblement dun pays à lautre de la région. Dans certains états, les Départements ou leurs homologues nont quun rôle tout à fait négligeable en pratique, tandis que lautorité de lorgane de production est plus important. Ailleurs, lindustrie privée a une place plus importante, dans la mesure ou elle contrôle les politiques halieutiques nationales davantage que le Département des pêches. Il est naturel que les activités du Département varient selon les pays, de même que le système de Gouvernement diffère dun pays à lautre. Ce qui importe du point de vue des activités du COPACE est quil soit tenu compte de ces différences de stratégie, de manière que tout programme dassistance formulé soit adapté, en pratique, à la situation des pays participant audit programme.
Tableau 5.1 Limites territoriales et limites de pêche dans la zone COPACE
Pays |
Mer territoriale |
Limites extrêmes des zones spéciales adjacentes à
la mer territoriale (mesurées à partir de la ligne de base
de la mer territoriale) |
Année |
|
zone exclusive |
zone de pêche |
|||
Maroc |
12 |
70 |
· |
1973 |
Mauritanie |
30 |
· |
· |
1972 |
Sénégal |
150 |
200 |
· |
1976 |
Gambie |
50 |
· |
· |
1971 |
Guinée-Bissau |
150 |
· |
· |
1974 |
Guinée |
130 |
· |
· |
1964 |
Sierra Leone |
200 |
· |
· |
1971 |
Liberia |
12 |
· |
· |
1967 |
Côte-dIvoire |
6 |
12 |
· |
1967 |
Ghana |
30 |
· |
130 |
1972 |
Togo |
12 |
· |
· |
1964 |
Bénin |
200 |
· |
· |
1976 |
Nigeria |
30 |
· |
· |
1971 |
Cameroun |
50 |
· |
· |
1974 |
Guinée équatoriale |
12 |
· |
· |
1970 |
Gabon |
100 |
· |
· |
1972 |
Sao Tomé-et-Principe |
··· |
· |
· |
· |
Congo |
30 |
· |
· |
1971 |
Zaïre |
12 |
· |
· |
1974 |
Sources:En théorie, le Département ou Service devrait être la seule institution gouvernementale chargée de la formulation, de la planification et de la mise en oeuvre des grandes orientations en matière de pêche; en pratique, on se trouve confronté à un problème commua: les Ministères des finances ou du commerce et de lindustrie ou une autre institution sarrogent souvent cette tâche, du moins en partie. Ce transfert de responsabilités, partiel ou parfois total, du secteur halieutique à une institution plus amorphe, fait souvent que les politiciens et les fonctionnaires se désintéressent totalement du rôle potentiel du secteur des pêches dans la vie du pays. Cet état de choses déplorable est parfois aggravé lorsque la médiocrité du personnel employé par le Département ou Service ou de ses méthodes ne lui permettent pas déquilibrer cette tendance. En fait, laptitude des cadres supérieurs à formuler et à mettre en oeuvre des stratégies de développement, avec ou sans laide dautres institutions, est cruciale de même que les possibilités quils ont dengendrer chez leurs collaborateurs une grande satisfaction professionnelle; de cela dépendent la force dune institution halieutique ainsi que le succès dun plan de développement.FAO (1975a)
Informations fournies par le Projet COPACE
Dans presque tous les pays de la Région, le secteur des pêches a bénéficié dune aide extérieure. Dans certains cas, elle a pris la forme dune assistance technique, impartie par un ou deux conseillers ou spécialistes, pendant une durée limitée, dans le cadre dun projet faisant appel à plusieurs conseillers et fournissant, pendant un temps assez long, du matériel. Dans dautres cas, laide a été financière et a revêtu laspect de constructions douvrages dinfrastructure (un port, etc.), du don de navires de pêches ou despèces destinées à constituer un fonds de roulement pour lattribution de prêts.
La FAO, en exécutant des projets financés par le PNUD, a joué un rôle essentiel dans la prospection des ressources (Section 2.2). Elle a également eu une très grande part dans le renforcement des institutions gouvernementales sintéressant à la pêche dans lensemble de la région.
Dautres projets consultatifs et dassistance technique importants ont été financés par la Norvège (notamment au Maroc), par lItalie (en Sierra Leone), par le Royaume-Uni, qui a mis au point en Nigeria, un plan de pirogue et enfin par la France, dans plusieurs pays francophones.
Le Fonds européen de développement (au Togo, au Bénin et en Côte-dIvoire) et la Banque mondiale (prêt pour lextension du port de pêche de Nouadhibou) ont accordé une assistance financière destinée à la construction de ports desservant lindustrie des pêches.
Une aide financière destinée à la motorisation des pirogues, a été attribuée à des petits pêcheurs par un certain nombre dorganisations non gouvernementales et charitables, par lintermédiaire de la Campagne mondiale contre la faim (notamment au Bénin et au Togo). Le Canada, de son côté, aide un projet analogue de motorisation au Sénégal et au Congo et se propose dapporter son assistance dans le même secteur à la Guinée.
Les institutions étrangères peuvent continuer à jouer un rôle important dans laide apportée au développement halieutique dans toute la région. Cependant, en pratique, on demande à cette aide de se plier aux desiderata des différents pays. Dans certains dentre eux priorité est donnée aux programmes de financement du développement de linfrastructure, des flottilles et/ou de systèmes de prêts aux artisans. Dans dautres pays, on considère plus urgente lassistance technique destinée au perfectionnement des plans de navires ou dengins ou à lamélioration des conditions de rassemblement et danalyse des données. Il est sans doute juste daffirmer que laide extérieure peut dans tous les cas être utilisée au mieux lorsquelle vise à améliorer laménagement des ressources et des circuits de distribution du poisson. Certains de ces objectifs prioritaires du développement sont énumérés à la section 7.3